Mise au point !

Se farcir une divinité était un plan tout à fait excitant. Et, si par le plus grand des bonheurs, je parvenais à en tuer un ou une, je pourrais m’en enorgueillir d’avoir mis un terme à l’existence d’un dieu ou d’une déesse. Mais, pour l’heure, je devais d’abord penser à réparer mon armure. Après, la chasse pourrait commencer. Qu’ils s’amusent à parler lentement ne me faisait ni chaud ni froid. Mais, rien qu’à l’idée de former un duo avec Nagash, cela me hérissait le poil. Et l’avenir n’allait pas tarder à confirmer le fait que je ne serais jamais son meilleur ami et qu’il ne méritait même pas une seule once de respect.

Ne t’inquiètes pas Lady. Combattre Amphitrite est une source d’excitation qui me rend joyeux. Mais, réparer mon armure est tout de même ma priorité. Au lieu d’être accompagné par ce prétendu combattant, pourquoi ne joindrais-tu pas tes forces avec moi ?

Mes yeux se posèrent sur Nagash alors que je me moquais ouvertement de lui et sans aucune gêne.  L’idée d’aller chercher Flagello  devenait, soudainement, moins intéressante pour le coup : entre faire la moral à un banni et affronter une déesse, le choix était vite fait pour moi.  

Pour le reste, et par expérience, je peux vous mettre en contact avec ceux et celles que j’ai déjà rencontré par le passé. Vous en ferez ce que vous en voudrez. Et si je proposais autre chose au cas où la Lady serait indisponible ? Je vais à la recherche de Flagello et nous allons tous les deux traquer et tuer Amphitrite. Le Maître d’Arme voudra certainement faire oublier son erreur et prouver au camp qu’il est un valeureux soldat et un fier guerrier. Quant à moi, tuer Amphitrite et la mettre plus bas que terre  est un programme qui est véritablement alléchant. Qu’en pensez-vous ?

Je regardais un peu plus longuement la Cardinale pour avoir son autorisation et son soutien. Conscient que je lui piquais sa mission d’origine, elle serait en droit de refuser. Pourtant, j’espérais qu’elle accepterait car c’était une occasion en or de récupérer son Maître d’Arme et une formidable opportunité pour le mettre sur de meilleur rame. Une telle aubaine était un présent des circonstances. Concernant Nagash, le voir se réprimander de telle manière par Deimos était un petit plaisir personnel. Bon soldat, combattant pitoyable. Quant à moi, minable soldat mais guerrier parfait.  Ainsi, notre objectif était de s’attaquer au Royaume de Poséidon. Et, si en plus, on avait le droit de se déchaîner sur eux, c’était cadeau. Une réunion était prévue pour que les Trois puissent nous sermonner ou quelque chose comme ça. Bah ! Je sentais que j’allais m’en prendre pour mon grade comme d’habitude. D’ailleurs, quand Deimos s’étonna de la présence des deux animaux ici présents, j’allais répondre… Quand moi aussi, j’eus le droit à ma petite stupéfaction. La Panthère se redressa  et se dirigea vers Deimos. Elle leva la tête pour plonger son regard dans celui du Dieu.  

Je te salue humblement Dieu Grec. Ton Guerrier Noir me nomme Itzmana. En vérité, je me nomme Paktou, Protectrice de la Déesse Ixchel. Ton Guerrier, ainsi que Prométhée, libéra ma Déesse en m’affrontant il y a fort longtemps de cela. Il était alors un jeune enfant sans éducation mais au cœur pur. Aujourd’hui, je suis son amie et le témoin de son évolution. Dieu Grec, tu n’as rien à craindre de ma présence en ces lieux car nous ne projetons point de nous faire connaître en ce moment et je ne suis point votre ennemie. Je reste ici, de mon propre chef pour accompagner mon ami humain. Et, je confirme que l’Homme qui se tient en face de toi, recèle en son cœur et son âme, bien plus que tu ne pourrais imaginer…

Bah tiens ! Voilà autre chose ! Je soupirais en grognant, manifestant mon mécontentement et ma surprise quand je vis ma Vieille Amie reculer pour s’allonger sagement vers sa position initiale. Elle ne dit plus aucun mot, se contentant de fermer les yeux et de devenir aussi silencieuse qu’une ombre, comme si elle n’existait pas. On pouvait toujours sentir son empreinte divine mais, clairement, elle ne représentait plus aucun danger. Bah ! Je n’étais pas à une surprise de plus, et vu ce que j’avais vécu auparavant, plus rien ne devait m’étonner. Mais, j’aurais une discussion avec elle quand même.  Quand je vis la nouvelle armure ici présente, je l’observais un long moment, me disant qu’elle m’irait bien. Même très bien. Je ne cachais pas mon regard envieux quand le Dieu de la terreur annonça que cette offrande reviendrait à la Milady. Qu’y puis-je après tout ? Rien à part me dire que l’attitude de Nagash est de plus en plus pitoyable.  Si j’étais parvenu à me calmer, grâce à l’aide de Calamity et d’Itzmana (ou Paktou, j’en sais plus trop rien et je n’en ai rien à faire de toute façon), je ne pouvais m’empêcher de jeter un regard méprisant en direction de ce qui était censé être mon supérieur si je devais me référer à cette fameuse hiérarchie. Rien que sa  stupide lamentation et le fait qu’il dépose les restes de son armure en abandonnant, fuyant comme un lâche, une poule mouillée… Ah !!! J’avais une furieuse envie de meurtre.  

Je ne te dois plus rien Nagash. Je considère n’avoir plus aucune dette te concernant. Jamais, je ne te considérerais comme ayant du pouvoir sur moi. Tu as de la chance de faire partie du même camp que moi car sinon, sois assuré que je  me serais fait un plaisir de te traquer  et de mettre un terme à ta misérable vie…

Dernier acte qui scellait définitivement mon impression sur ce pleutre.  Combien même, il gravirait les échelons, il pourrait toujours espérer un miracle pour que je lui accorde mes faveurs. Instinctivement, je me rapprochais de Calamity et me mettais derrière elle pour souligner qu’elle était maintenant sous ma protection et quelle méritait mon respect contrairement à l’autre navet. C’est alors qu’un autre Chevalier Noir fit son apparition. Je posais mon regard neutre sur lui et le laissais faire son cinéma. Il devait lutter pour être sûr de son coup ou quoi ? Tout cela ne me concernait pas dans le fond. En tout cas, qu’il montre sa bague autant de fois qu’il le veut, je m’en fichais éperdument.  Il nous annonça simplement que Phobos voulait nous réunir pour une mise au point. Je jetais un coup d’œil à Itzmana (je l’ai toujours appelé comme ça, je continuerais à l’appeler comme ça et toc !). Elle ouvrit un œil, émit un grognement sourd et entendu. Je secouais la tête en soupirant puis regardais le nouveau venu, Calamity et Deimos tout en ignorant ouvertement le Méprisable. 

Bon alors, je fais quoi finalement ? Je reste ou je pars ?

J’aime quand les choses sont claires et nettes. Maintenant que j’étais disposé à m’occuper personnellement de ce camp, il était bien temps de passer aux choses sérieuses.  D’ailleurs, il n’était pas question de m’éterniser ici plus que nécessaire puisque j‘avais autre chose à faire. Notamment, il me fallait maîtriser ce nouvel élément çà la perfection et je devais affûter mes techniques. Il y avait encore de nombreuses interrogations qui devaient être soulevé. Finalement, les choses prenaient un peu moins d’importances. Toujours près de Calamity, je posais mon regard distant sur elle. Étonnamment, je prenais la même pose protectrice avec elle qu’à l’époque où je veillais sur les Titans. D’ailleurs, j’avais retrouvé cette même posture en face de Deimos et de Calamity lorsque j’avais affronté le Dragon. Comme quoi, si certaines choses disparaissaient, d’autres revenaient. Alors que la Milady m’entourait de sa franche camaraderie, je restais de marbre mais très proche d’elle. Maintenant que j’étais sous ses ordres, elle était devenue, en quelques sortes, ma propriété exclusive. Si quelqu’un osait lui faire du mal, je le châtierais mille fois. Encore une fois, cette attitude me faisait penser à l’époque où je protégeais les Titans. Que se passait-il donc ? Mais, pas la peine de réfléchir  puisqu’il était temps de donner mon armure à la Forgeronne pour qu’elle le répare. Je connaissais la méthode, il fallait que je donne de mon sang pour réparer ma bonne vieille protection. J’intensifiais ma cosmo énergie quand ma bonne vieille armure noire, du moins ce qu’il en restait, se déposa non loin de la Cardinale.

Bien Lady… J’ai donc tout mon temps. Voilà ma bonne vieille armure. Pour l’instant, elle fera parfaitement l’affaire. Un jour, nous prendrons des chemins différents mais, pour le moment, je te la confie. C’est peut être un déchet mais elle et moi, nous en avons vus de bonnes et des pas mûres.

Entre Deimos et Itzmana, ça semblait chauffer. Mais, devant la colère du Dieu de la Terreur, ma Vieille Amie semblait bien de marbre. Elle avait toujours les yeux fermés et restait sage comme une image devant ce qui paraissait être une menace de la part de Deimos. Je posais mon regard sur elle lorsque la Panthère Divine ouvrit les yeux pour regarder le Fils d’Arès, ses yeux dorés croisant ceux du Maître de l’Effroi.

Tu ne m’apprends rien Dieu Grec. Je ne suis point de ton univers. Concernant mon ami, lorsque tu voyageras en sa compagnie, tu comprendras et saisiras son véritable potentiel…

Merci pour le coup de publicité ! D’ailleurs, le ton de la voix de Deimos ne me paraissait plus autant colérique qu’auparavant. Oh ! De toute façon, je ne me faisais aucune surprise : lors de cette fameuse réunion, je m’en prendrais pour mon grade. Mais, il avait raison sur un point : je ne pouvais pas encadrer Nagash.  Il voulait que je lui prouve que je pouvais être autre chose qu’un Guerrier englué dans son passé ? Autrefois, j’aurais hésité, je l’avoue. Mais, plus maintenant car j’en avais terminé avec ce qui me chiffonnait. Du moins, pour être honnête, j’étais prêt à accepter certains éléments.  L’orgueil pour Nagash et la rébellion pour moi… Au moins, j’avais un peu tempéré mes ardeurs libertaires. De toute façon, je devais me conduire en bon soldat même si cela s’avérerait une entreprise vraiment difficile. Mais, au moins, j’avais fait un tout petit pas en avant en me mettant au service de la Cardinale. Un tout petit pas pour Ryuken mais un grand pas pour le camp des Berserkers… Ou bien est-ce le contraire ?! En tout cas, il confirma l’ordre de Phobos. Donc, je devais rester ici. Ça entrait dans mes plans. D’une voix tout à fait normale, je répondis à Deimos.  

C’est peut-être un bon petit soldat mais c’est un guerrier faible et inutile. Même moi, j’ai plus de jugeote que ce crétin car il ne m’arriverait jamais à l’idée de refuser d’accompagner un compagnon dans une mission que tu m’as ordonné d’accomplir. Je ne déposerais jamais mon armure dans le but de manifester mon mécontentement quant à un ordre que ton frère, ton père ou toi-même ordonne. Je ne te cache pas qu’il me dégoûte et que j’ai une profonde envie de meurtre en ce moment précis. Quant au reste, rien n’a changé : je suis au service de Calamity, de ton frère, de ton père et de toi. Pour vous, je franchirais autant de fois les enfers qu’il le faudra du moment que vous parvenez à atteindre vos objectifs. Enfin, je mériterais ce que je souhaite par la seule force de ma hargne et de ma puissance !

Voilà qui était dit ! Et, croyez-moi, je faisais des efforts surnaturels, digne des plus grands dieux, pour ne pas lui arracher la tête. La seule chose qui me retenait, c’était seulement le fait qu’il appartenait au même clan que moi et que, si on devait attaquer Poséidon, son aide, si infime soit-elle, serait précieux. Mais, qu’on ne s’y trompe pas : je me ferais un véritable plaisir de mettre un terme à sa vie à a moindre occasion qu’il me sera donné… Si un jour, cela se produit. Le reste ne me concernait pas. Bien que j’aie été heureux par le fait que Nagash allait s’en prendre pour son grade, j’appréciais moyennement qu’il ose se rapprocher de la Milady. J’enserrais la Lady par la taille et la rapprochais de moi.  Comme elle, avec à la fois de la douceur et de la fermeté, je faisais bien comprendre au Mécréant qu’il était hors de question qu’il s’approche de la Lady tant que j’étais dans les parages. Il était hors de question qu’elle soit contaminée par la bêtise de cet homme indigne. Qu’elle apprécie ou pas m’importait guère car elle était sous ma protection exclusive. Quand, je ne serais pas là, elle fera ce qu’elle voudra. Mais là, hors de question de la laisser avec n’importe qui tant que j’étais dans le coin.  En tout cas, ce petit manège dura assez longtemps et c’était complètement assumé.


Le pauvre Eridan ne me connaissait vraiment pas. En d’autre temps, je l’aurais envoyé baladé comme un chien. Mais là, ô grande surprise, je demeurais calme et détaché. J’écoutais son petit speech avec un air concentré et faussement intéressé alors que je n’en avais strictement rien à faire. Il parlait trop bien et faisait son gentil subordonné. Avant, cela m’aurait énervé d’un seul coup. Maintenant, véritablement, je m’en moquais complètement. Du moment qu’il ne marche pas sur mes plate bandes, il agissait comme bon lui semblait. Sortez les confettis ! Mine de rien, je m’épate !

Ne t’inquiètes donc pas, Frère Noir ! Inutile d’être si solennelle que ça, j’ai compris. Je reste dans les parages en attendant cette fameuse réunion.

Maintenant que les choses étaient dites, j’avais quand même autre chose à faire. Et il y avait un petit coin, ici, où je savais que je serais comme un poisson dans l’eau, relâchant la taille de la Lady, je tapotais affectueusement ma main sur son épaule et m’écartais d’elle doucement. Comme dit précédemment, j’avais des envies de tuerie et cela ne serait pas trop à mon avantage de rester dans la Fosse si l’autre était là. Alors, il serait bien plus sage pour moi que je quitte la place avant que je ne commette un geste que je regretterai.

Si je reste plus longtemps ici, mon désir d’anéantir la carcasse de l’autre dégénéré deviendra une réalité. Je vais me diriger vers l’Arène de la Terreur car je dois encore perfectionner la connaissance de mon élément de la lumière et je dois  améliorer ma science du combat. Si vous avez besoin de moi, je suis à votre disposition. Itzmana ! On y va !

Et faites la Ola pour moi ! Pour une fois, j’ai réussis à faire taire mon impulsivité naturelle et à prendre une décision intelligente… Et qui m’arrange… Mais avant tout, je me dirigeais vers les restes de mon armure et me tranchais les veines de mes deux mains sans aucune hésitation. Je verrais une très grande partie de mon sang pour faire réparer mon armure. Un flot sanguin, ininterrompu, coula sur les débris de ma vieille amie. Avant que je ne sente la faiblesse gagner du terrain, je pris le temps d’appuyer avec un de mes doigts sur des points précis allant de chacune de mes épaules, passant par mon sternum et s’achevant par mon nombril. Le sang cessa de couler progressivement et rapidement. Maintenant, je ne fonctionnais plus que par la volonté tandis que je récupérais très lentement. Et j’étais assez fou pour m’entraîner dans ces conditions-là. Qu’importe après tout !  Je m’en fichais complètement. Il était temps de faire ce que je savais mieux le faire : m’entraîner tout en souffrant un maximum. Accompagné de mon animal de compagnie qui s’était relevé et qui avait observé mon sacrifice de sang, je quittais le domaine de la Fosse silencieusement en saluant tout le monde d’un léger signe de la tête.