Ah la famille...

Une brise légèrement tiède, un froissement de tissus, la poussière qui se soulève et tournoie délicatement, hors de portée du sol qui la soutenait jusqu'à lors.
Ainsi furent les premiers signes de la présence de la Reine des Enfers, sans que pour autant aucune once d'énergie ne se distingue à travers ces quelques brèves manifestations de son arrivée.

Une sphère violine se dessine doucement au coeur de l'espace et, sous cette phrase hautement symbolique conseillant d'abandonner ici tout espoir, vain et futile, une dame à la silhouette élancée et à l'ample chevelure de jais se distingua à travers les faibles volutes de fumée dégagées par le portail.
Une cheville diaphane, puis l'autre, une longue robe aussi pâle que la lune, une lourde cape de velours pourpre se mariant à merveille avec les deux grands iris violins qui dévisagèrent instantanément leur visiteur.

En un mouvement aérien, les mains du Printemps se rejoignirent, entrelaçant ses doigts qui se posèrent avec délicatesse sur son ventre.
Ses prunelles brillantes dévisageaient ce nouveau venu sans la moindre pudeur et avec une certaine insistance. Elle ne souffla mot, ne lui adressera aucun signe de la tête, aucun salut. Quelque chose était bien étrange en cette personne. Elle était vivante, mais cela n'était pas quelque chose de réellement fantastique. Les Saints étaient les premiers à être friands de débarquer en Enfer sans y avoir été conviés par un décès opportun.
Son énergie déployée dans un excès de... prétention, ressemblait à s'y méprendre à celle de Poséidon. C'était d'ailleurs assez son genre de procéder ainsi.

Cependant...

Quelque chose la dérangeait. Comme une épine dans le pied, un caillou dans une chaussure, un... Alessio en Enfer. Il y avait une petite partie qui ne lui appartenait pas, qui possédait un je ne sais quoi de dérangeant, comme une sensation connue, peu appréciée, mais sur laquelle elle ne mettait ni nom ni attribut.

(c) Codage par Asmareth pour Never Utopia

L'échange de regards sévères et glacials aurait pu durer encore bien des minutes si le nouveau venu n'avait décidé de s'adoucir le premier et de briser l'opaque silence qu'ils avaient tous deux instauré.
Perséphone poursuivit son attentive inspection sans ciller, alors qu'il s'exprimait pour la première fois. Au moins,  la façon qu'il avait de s'adresser à elle la confortait-elle sur un point. Il sait parfaitement à qui il s'adresse. Cependant... Si Poséidon imagine qu'elle va perdre son temps à communiquer avec une simple enveloppe charnelle humaine, il ferait mieux de retourner palper le flanc de ses dauphins.
Car bien que Perséphone fut autrefois une ardente protectrice des hommes, ce qui en étonnera sans doute certains, cela faisait bien longtemps que cette époque était révolue.

Elle avait beaucoup de mal à comprendre que les Dieux choisissent des réceptacles humains. C'était une idée parfaitement ridicule et totalement saugrenue à son regard. La seule chose avec laquelle elle était totalement en phase avec son frère aîné, Arès.
Leur enveloppe charnelle originelle était bien plus forte, bien plus à même de recevoir leurs pouvoirs et essence divins, et bien plus belle qui plus est.
Les humains, n'en était-elle pas particulièrement consciente avec "l'incident Belhys", son dernier réceptacle humain, n'apportent définitivement que des problèmes et sont parfaitement dénués d'intérêt.

Pour son retour en ce monde, Poséidon n'allait tout de même pas imaginer qu'elle allait se contenter de la gentille marionnette qu'il avait choisie de posséder. S'il voulait un échange digne de ce nom, il faudrait faire bien mieux que cela. Et leur éventuelle adversité passée n'était en rien mêlée à son manque absolue de réaction et au regard placide qui dévisageait le jeune homme comme si elle allait l'offrir en pâture à Cerbère.

Peu pressée de répondre à cette question pour le moins agaçante, la voix de Perséphone contrasta pour le moins violemment avec le reste de son attitude corporelle. Raide, froide, le regard perçant et la mine sévère, c'est pourtant un timbre cristallin d'une très grande douceur qui s'échappa de sa poitrine lorsqu'elle salua Poséidon.

Si elle continua comme si de rien était, il allait bien falloir répondre à sa question... Etant donné qu'Asgard était visiblement très en colère et en demande de vengeance contre les Enfers, ne sachant pas si Athéna se réjouirait d'être de la partie, l'allégeance des Titans étant lamentablement tombée à l'eau à cause de son père -qu'elle irait voir tôt ou tard, il pouvait en être certain- se mettre Poséidon à dos à peine réincarné n'était pas forcément la plus glorieuse idée qu'elle pourrait avoir aujourd'hui.

Le ton piquant qu'elle employa donna nettement la tendance sur ce qu'elle pensait de la décision d'Hadès de retourner piquer un petit roupillon divin. Il avait vraiment le chic pour choisir les pires moments...
Esquissant un soupir à travers un léger sourire, Perséphone agita la main avec légèreté tout en faisant apparaître un nouveau portail juste derrière elle.

(c) Codage par Asmareth pour Never Utopia