[FB] La rencontre du néant et de la nuit

Depuis la porte des Enfers, sur le chemin du palais de sa majesté Hadès, le Spectre admire le somptueux paysage qui se profile devant lui. On y trouve que mort et souffrance, le cadre de vie idéal pour le ténébreux Basilic.

Une végétation inexistante et un sol mort craquelé par la sécheresse, un véritable désert tel un "No man’s land". Un néant de lumière dans le ciel, on peut seulement apercevoir quelques nuages aussi pourpres que le cœur du prince. La lourde atmosphère de soufre brûle les poumons à chaque inspiration. Aucun être vivant ne pourrait survire en ces lieux. Quoi demander de mieux pour l’ermite noir ?

Puis vint l’Achéron, le mythique fleuve des Enfers. Hyunkel eut toujours voulu le voir de ses propres yeux. Il a entendu tellement de comptes et de légendes à son sujet. Il paraitrait que des âmes torturées attirent les égarés dans les profondeurs. On dit aussi que son protecteur est un spectre. Qu’il est le premier gardien des Enfers.

Testons son efficacité alors ! - Se dit le Basilic en souriant.

Arrivant sur les berges de cette gigantesque étendue d’eau, Hyunkel remarque qu’une petite colline surplombe le fleuve. Il décide de s’y rendre afin de se poser quelques instants. Il s’accroupit puis se place en tailleur au bord de la falaise. Le jeune prince ferme les yeux et s’abandonne quelques instants à ses rêves.

FlashBack

Ou sommes-nous maître Magnus ?

Tu te trouves devant le légendaire Styx. C’est ici que tu poursuivras ta formation Hyunkel. Je dois t’apprendre à garder ton sang, sans ça, tu ne seras jamais digne d’être une Etoile Céleste. Tu dois aller au-delà du désespoir, apprendre à souffrir et à abandonner ta peur. Es-tu prêt à affronter la mort ?

Comment ?...

Magnus saisit son jeune disciple et le plonge dans le fleuve des Enfers. Entre désespoir et souffrance, le jeune prince se noie au milieu des âmes des damnés. Il a beau essayer de se débattre, la puissance de son maître est trop forte, il ne peut se défaire de l’étreinte de Magnus. Il sent ses poumons se comprimer à l’intérieur de sa cache thoracique. Le souffle de sa vie l’abandonne, paradoxale pour un futur spectre. La peur prend possession de ton son corps, la mort ne peut-être que l’issue de cette épreuve. Vint alors le néant…

Fin du FlashBack

Ce doux parfum de mort, c’est somptueux. - Dit le Spectre du Basilic tout en prenant une profonde inspiration.
Hyunkel regarde le ciel en espérant y "croiser" le regard de son ancien mentor.

J’espère que tu me regardes. Tu vois Magnus, j’ai surpassé ma peur, abandonner tout espoir. Et toi ? Peux-tu en dire autant ? - Dit-il avec un sourire moqueur.

[Premier post d'Althéa, elle en voie d'éveil ^^]

Ô ma tendre, ma merveille, ne m'oublie pas...
Viendra le temps où de ce tendron,
Jaillira la plus splendide de toutes les Fleurs,
Splendide et unique...

De ton parfum, de tes sens, tu enivreras les êtres,
A la mélodie de ta voix, la brume se lèvera,
Aussi délicate que l'aile d'un papillon,
Aussi mortelle que l'éclat de la Vérité la plus pure...

~ ° ~ ° ~ ° ~ ° ~ ° ~ ° ~ ° ~ ° ~

Entre noirceur et beauté, la jeune femme errait. Couronnée encore de cet orgueil qui lui avait fait commettre l'irréparable, elle avançait, hagarde, perdue. Seule, elle pensait être seule. Personne ne l'avait suivie et pour cause. Epuisée, elle n'avait eu de cesse de fuir, fuir ses mains ruisselant encore de la morsure du vitriol. C'était si fou, si horrible. Elle n'avait pas hésité pourtant et que je ne fus sa joie et sa terreur face au spectacle de cette si belle Laetitia brûlée à jamais. Jamais, elle ne s'était autant délectée d'un cri de douleur lancé du fond de l'âme. La plaie immense s'était étendue sur le visage de madone de la jolie suivante avant que le professeur ne jaillisse dans la pièce suivi de la dame des lieux.

- Dame ? Non, comment appeler ainsi cette...

Une autre fureur devant celle qui plus encore que Laetitia symbolisait sa misère, son amertume et la petitesse de son existence gâchée de la pire façon qu'il soit. Elle était là, elle aussi au logis.

- Cette sale...

Soudain, elle trébucha, ne comprenant pas ce qu'il lui arrivait ce qui l'entourait. Tout venait de changer, de sombrer dans les Enfers et alors qu'elle avançait sans le savoir vers un spectre en pleine contemplation, la brume, la brume la rattrapait.

Sensuel était son contact, envoûtant se teintant aux mille dégradés de pourpre et d'or. L'argent et l'azur n'y manquait pas non plus mais plus que tout, c'était le parfum qui en exhalait qui l'alerte. Son sang se figea soudain. Des mouvements émergeait une silhouette connue...

- Où penses-tu aller ?

D'une main, l'apparition lui désigna un sentier...

- Pour ton passage, pour ton passage. Suis-le pour atteindre le lieu de ton passage.
- Non...
- Ouvre donc les yeux, j'ai des nouvelles pour toi une bonne et une mauvaise.

Le son de cette voix au timbre unique...

- Des...

Elle commençait à comprendre...

- Tu es passée cette nuit, sans souffrir, sans même t'en rendre compte.

Les mots s'envolaient sans la plus infime trace d'agressivité. Si plongées dans leurs discussions, les deux femmes se trouvaient à quelques dizaines de pas d'un autre spectre mais dans les bancs de brumes que pouvait-il voir en cet instant où le tragique le disputait au plus passionné.

- Et la bonne nouvelle ? Quelle est la bonne nouvelle ? Son ton traduisait l'effroi et le déni qu'elle tentait de chasser alors que main sur sa poitrine, elle ne sentait plus chaleur, plus battement, pas même le soulèvement de sa poitrine.

- La bonne ! Dis-moi, la bonne, démone !!!

A ces mots, elle se jeta presque sur la silhouette dans la brume, ne saisissant que vide, manquant de choir sur le sol si noir. Un sourire se dessina soudain sur le visage paraissant fugitivement alors que la brume se faisait moins dense, presque diaphane révélant une splendeur n'ayant plus rien d'humain.

- Dis-moi, Maria-Candice !!!

Un instant s'écoula encore avant qu'elle ne réponde se délectant sans le montrer de la terreur quasi démente de la femme.

- C'est celle-ci la bonne. Mourir de ma main est un privilège immense. Par mon intervention, tu as reçu une fin rapide. Sans que tu ne puisses t'en rendre compte, je t'ai fait franchir les portes de la Mort et maintenant, reçois ceci en ultime cadeau de tes anciens maîtres.

D'une main, elle embrasa son cosmos encore balbutiant avant de faire s'élever une pluie de Louis D'or...

- Charon, toi, le passeur, pour le passage de cette engeance indigne de servir de souper aux vers et autres ténias, je t'offre cette brassée de louis d'or. Pour ce prix, je te demande juste de veiller à ce qu'elle comparaisse au plus vite devant le pire de tous les juges...

Et le temps que la précieuse monnaie sonnante et trébuchante ne trouve la paume avide du Nocher, Maria-Candice faisait ses adieux à la traîtresse doublée d'une criminelle.

- Adieu Aurore, tu ne méritais pas un tel nom. L'Aurore est la splendide Éos, toi, tu n'es plus rien... Pas même une charogne...

La défunte comprenait enfin le châtiment pour sa cruauté en la demeure de la famille Brumel. Le père Matthias l'avait rejetée quand elle lui avait maladroitement offert ses charmes avant de se tourner vers Laetitia. Si elle avait su, si elle avait su que jamais, il ne s'était intéressé à cette pauvre jouvencelle...

La jalousie, la Haine, l'Envie, l'Orgueil, elle en accumulait déjà tant des péchés capitaux. Y ajouter la colère n'allait sans doute pas trop changer la donne. Aussi hurla-t-elle à l'endroit de dame Maria-Candice.

- Démone !!! Je te...

Sans se départir de son calme aussi tranchant que le fil d'une épée, la splendeur suspendit avant d'offrir à la damnée ces derniers mots.

- Hum, je préfère, dame de la Nuit... Et maintenant, adieu ou à très bientôt... Charon te prendra en charge, pour un tel prix, il ne pourra s'empêcher de m'accorder cette petite faveur.

Ainsi, Aurore allait goûter aux joies des Enfers. Maintenant que les brumes se dissipaient, laissant paraître dans toute son horreur morbide l'Entrée des Enfers, elle se surprit à supplier la future Etoile des Ténèbres de demeurer céans...

- Non !!! Ne pars pas ! Non, ne me laisse pas, demoiselle ! Pitié !!! Sauve-moi !!!

Le reste se perdit avant l'évaporation de la brume. Il en était ainsi. L'instinct protecteur et la soif de justice extrême avaient parlé. Personne, que ce soit Jonathan, Isabella ou même le père Matthias n'avait été assez rapide. Face à cette débauche de cruauté infâme en son propre toit, l'héritière avait frappé. Sa Soif de Justice extrême doublée de son indignation avait pris le pas sur tout le reste...

Et maintenant, tout est consommé. Ma pauvre Laetitia, laisse-nous prendre ton âme en main et je t'offrirais une nouvelle existence au sein de la Maison Brumel.

Cette pensée envolée, Maria-Candice s'intéressa soudain au spectre resté devant le fleuve. Avait-il perçu sa présence, ses actes envers une suivante indigne de l'honneur de servir des Vampires ?

Intriguée, elle s'avança vers lui de la plus délicate des façons. Cette fois, ce fut son voile de terre et de cendres qui s'éleva, l'entourant avec une étroitesse, presque une indécence, que bien des hommes devait sans doute lui envier. Sans un bruit, sans un son pour la trahir, elle se plaça juste auprès de lui, passant lentement une de ses fleurs sur les lèvres du spectre. Un geste qui l'amusa avant qu'elle ne se recule aussi furtivement qu'elle s'était approchée. Pas même une seconde ne s'était passée qu'elle avait laissé choir la fleur aux pétales mauves sur le sol...

- Quelle nouvelle des Enfers et de ce fleuve qui t'attire tant ? Nages-tu encore en plus rêve, spectre ou es-tu désireux de rencontrer une de tes semblables...

Puis s'éloignant encore davantage...

- Navrée d'avoir interrompu ta contemplation mais c'est si surprenant de voir un spectre rêveur.

Nulle animosité en sa voix, juste de la curiosité. Elle n'avait fait que croiser quelques autres infants de la nuit mais jamais d'autres spectres. En était-elle seulement déjà une ?

Face à l'Achéron, berçait par le doux sifflement du souffle du vent, le Spectre du Basilic se laisse emporter par ses rêves. Toutes ses questions, toutes ses interrogations sur son destin demeurent sans réponses. Le seul être capable de le guider dans les ténèbres n'est plus. Le Spectre de Janus, Elvis, l'avait informé un peut plus tôt que le Dieu jumeau Hypnos s'était retourné en Elysion. Il se doit cependant de trouver les réponses qu'il cherche tant depuis son arrivée aux Enfers. Mais comment y parvenir sans le Dieu du Sommeil ? Qui est capable de répondre à toutes ces énigmes sur son devenir de Spectre ? Lui expliquer pourquoi lui et pas un autre... C'est pour ces raisons que le jeune prince décida de se poser quelques instants et de faire le vide dans sa tête et dans son cœur.

En pleine méditation, Hyunkel sentit alors comme une présence, comme-s'il était épié. En se retournant il ne vit personne. Peut-être est-ce son esprit rêveur qui lui joue des tours...
Puis il entendit une douce voix dans l'air. Son sens aiguë ne l'avait pas trahit, il n'est pas seul en ces lieux. Tout en se dressant face au vide, il intensifia son cosmos pour faire disparaître l'illusion qui le rend aveugle.
Une jeune femme fit alors son apparition. Mystérieuse au premier regard, froide et sombre, son cosmos est étrange. Un être intéressant pour le Basilic, lui qui aime tant la complexité des âmes. Elle n'est pas comme les autres Spectres qu'il a pu croiser jusqu'à maintenant. Non... elle est beaucoup plus sombre. Son énergie est comparable à celle de la nuit. Capable de glacer le sang rien que par sa simple présence Qui est-elle ?...
Elle éveilla la curiosité de Hyunkel. Lui qui d'habitude ne supporte pas les interactions sociales, il voulut en savoir plus sur elle.

Contre toute attente, elle prit la parole en première. Sa voix est si douce, elle est pleine d'espoir à son écoute. L'opposé parfait de son aura si noire. Elle semble avoir des similitudes troublantes avec le Basilic. Elle attise de plus en plus sa curiosité.
Il ne put s'empêcher cependant de sourire à l'écoute des paroles de sa sombre acolyte.
Rencontrer une des ses semblables... Quelle idée ridicule, mais pour le coup... Cela peut-être intéressant.
Le jeune prince reprit sa position initiale au bord du fleuve, se tournant à nouveau vers l'horizon. La noirceur de son cosmos s'estompe petit à petit, plus aucune agressivité n'émane de lui. Son cœur, habituellement envahie par le néant, retrouve quelques couleurs. Là est bien la première fois depuis son arrivé dans le monde souterrain.

Non je ne nage plus dans mes rêves étrangère, je suis bien ici avec toi. Pour mon plus grand malheur d'ailleurs... - Répondit le spectre tout en tournant la tête avec un sourire de coin vers son interlocutrice.
Rencontrer des semblables.... Pourquoi voudrais-je cela ? Quel intérêt à part perdre mon temps. Peux-tu me l'expliquer ? - Dit-il un ton taquin.
Excuse moi, j'en oublie les bonnes manières. Je me nomme Hyunkel, Spectre du Basilic de l'étoile céleste de la Victoire. Et toi tu es ?…

Il laissa quelques secondes à la Spectre pour se présenter puis il reprit la parole sans lui laisser le temps de finir.

Bref je te demande cela par simple politesse cela ne m'intéresse pas. Je suis désolé de te décevoir, mais je ne suis pas quelqu'un qui aime communiquer. Les relation sociales, se faire des amis, rencontre du monde, Blablabla... tout ça c'est pas mon truc désolé. Tu n'es pas tomber sur la bonne personne, tu m'en vois navré. - Poursuivit le Basilic avant de se relever pour faire face à sa sœur d'arme.
Cependant, je dois avouer que tu es différente... Tu n'es pas comme tous les minables que l'on peut croiser en ce bas monde. Tu es...comment dire ?... Plus comme-moi ? Tu sembles perdu, en quête de réponses, je me trompe ? - Finit Hyunkel.

Perdre son temps ? Elle lui faisait perdre son temps ?

Ce genre de réflexion n'était pas pour le moins agréable. Pourtant, drapée sous son voile de terre sacrée, la jeune Vampire n'eut aucun mal à garder son calme. Après tout, la vie à Brumel était une épreuve en soi. Pour qui connaissait les affres de la Soif de Sang et toutes les autres particularités de sa lignée, elle avait bien plus lourd à affronter que le simple mépris d'un être hautain envers les autres. Il lui en faudrait bien plus pour l'agacer que ce spectre en pleine dérive. Etat qui contrastait terriblement avec l'apparente indifférence voire nonchalance qu'il affichait au regard de tous.

Un tableau qui avait de quoi attiser la curiosité de la rousse Etoile. Sans doute la seule chose qui en cet instant la retenait en ces mornes lieux. La nuit éternelle des Enfers n'étaient pas pour lui plaire. Pas autant qu'on pourrait le croire. Sans doute qu'elle lui ressemblait trop par instant. La Nuit des Enfers, son froid, l'odeur de la peur, de la souffrance, de la déchéance, tout cela frappait ses sens si développés. Les condamnés des Enfers, elle ne pouvait apprécier leurs compagnies, sa nature s'associait à la Vie, elle qui était une des plus surprenantes porteuses de Non-Vie. Elle était l'Etoile des Ténèbres, l'Etoile dévoreuse, sa place était davantage en surface à traquer les êtres qu'elle enverrait ensuite au Sombre Séjour pour la plus grande gloire de ses sombres monarques. Pour le reste, elle serait présente aux Enfers que lorsqu'on l'y appellerait. Demande qui n'était jamais encore parvenue à ses sens, à son pouvoir obscur. La parure sacrée de la spectre n'était même pas encore revenue d'entre les cendres qui étaient les siennes. La Vampire Couronnée somnolait tranquillement dans l'enveloppe charnelle de Maria-Candice.

Le temps du réveil était proche mais il se ferait dans l'avenir. Que la jeune femme ait accès à l'autre monde aussi facilement en usant des dons de la Vampire en était une preuve. Elle somnolait tout simplement, dans l'attente de sa Nuit. Un instant s'écoula avant qu'elle ne réponde...

- Brumel... Tant que je ne serais pas totalement éveillée, je ne porterais que le nom de ma famille...

Sinon, enchantée de te rencontrer Hyunkel du Basilic.

Une façon comme une autre de garder son prénom secret. Maria-Candice, doux, si doux, une façon de rappeler la tendresse enfouie sous le voile de sang. Le temps du réveil était proche maintenant. Elle le sentait et alors que le spectre reprenait la parole, elle ne pouvait s'empêcher de tendre ses sens vers la porte des Enfers.

- Minables ? Tu le penses vraiment...

Elle laissa tomber ces mots sans se détourner de lui. Son regard plongeant dans celui de ce spectre si fier.

- Et j'ai l'honneur d'être différente ?

Un sourire indéfinissable apparut soudain sur ses lèvres roses. Le fleuve derrière s'étirait sur toute sa largeur, sa majesté. Le temps était au calme. Tout en cet endroit devait paraître morne, avili au fond. Les êtres tout comme le décor. Les spectres étaient les seuls êtres ayant ce rayonnement qui les distinguaient de l'ensemble puis venaient les gardes. Maintenant, Maria-Candice n'avait pas une vision aussi tranchée que celle de Hyunkel. Elle n'avait pas cet orgueil démesuré même si elle avait sa propre fierté. Le temps qu'il explique son point de vue et elle reprit.

- Je vois...

Un autre sourire alors que son timbre se faisait plus qu'enchanteur, envoûtant. Tout comme ses semblables, elle excellait dans les arts et le jeu de sa voix en était un. Les Vampires avaient cette part de rêve, de fantasme associé à leur seul nom. Leur séduction était loin d'être un mirage, le magnétisme que dégageait déjà Maria-Candice en était une des plus légère manifestation et replongeant dans les yeux du Basilic sans la moindre crainte, elle reprit.

- Des questions ? Nous en avons tous, je pense. Le tout est de voir leur pertinence. Je cherche bien quelque chose, quelque chose qui me mènera à mon éveil final tout comme toi, tu cherches des réponses au sujet de ton propre éveil et ton propre devenir. L'avenir quand on s'éveille spectres n'est pas des plus plaisants si on ne s'y prépare pas...

Des paroles dénuées de menaces avant qu'elle ne change abruptement de sujet.

- Hum... Dis-moi ? As-tu du temps à perdre en ma compagnie ? Ou estimes-tu plus passionnant de contempler la lenteur de ce fleuve et les centaines d'âmes patientant sur ses rives ? Je pense qu'un peu d'action ne serait pas pour te déplaire ?

Un rire léger, doux sans qu'elle n'en dise plus. Le tout était de voir comment son frère d'armes interpréterait ses dires.

Dos tourné à la belle et sombre Brumel, le Basilic comme à son habitude n’est pas particulièrement attentif à ses paroles et à ses gestes. Elle n’est pas comme les autres Spectres qu’il a déjà pu rencontrer depuis son arrivé dans le monde souterrain. Ce détail lui vaut cependant un petit peu plus d’attention qu’à l’accoutumé. Elle semble cacher en elle une force mystérieuse, aussi noire que la nuit elle-même. Est-elle vraiment celle qu’elle prétend être ? Hyunkel se doit de répondre à cette question. Il n’est pas du genre à aimer les secrets et les énigmes.

Au cours de leurs discussions, la Spectre évoque un « éveil final ». De quoi s’agit-il ? Est-elle dans une espèce de phase de transition dans son processus de soldat des Enfers ? En y repensant, il a déjà entendu parler d’un tel phénomène avec le Spectre du Papillon. Cependant, la nature d’insecte de son étoile justifie une telle métamorphose. Alors pourquoi elle ? Ce détail aiguise de plus en plus la curiosité du prince Halfdan. Il se lève alors et fait face à Brumel. Captivé par son interlocutrice, il se plonge aux fonds du regard de la Spectre. On dit que les yeux sont le miroir de l’âme. Il est impossible de cacher un quelconque secret si on sait traduire le langage visuel.
Une fois que Brumel eut fini de parler, Hyunkel posa une main sur l’épaule droite et fit le tour de la Spectre avant de la lâcher.

Brumel…Brumel… Qui es-tu vraiment ? Tu sembles me cacher un petit détail ? Tu te dis à la recherche de réponses. Mais lesquelles ? Je dois dire que tu es… intéressante… - Dit le Spectre du Basilic avant de retourner au bord de la falaise bordant l’Achéron.

Il regarde l’horizon et prit une profonde inspiration tout en écartant les bras.

Sens-tu cette odeur Brumel ? - Poursuivit Hyunkel avant de se retourner à nouveau vers la sombre Spectre.
L’odeur de la mort… Que c’est agréable. Il y a longtemps que je n’avais pas ressenti ce doux parfum. Pas toi ?...Bien sûr que non voyons. Tu sembles être très proche du domaine du Seigneur Thanatos. Est-ce que je me trompe ? Je ne pense pas… - Finit le jeune prince avec un doux sourire de coin.

Sa sœur d’arme est sans doute la personne la plus intéressante des Enfers. Surtout lorsque cette dernière lui propose un peu d’action. De quoi attiser de plus belle la curiosité du Spectre.

Perdre du temps avec toi… Tu as très bien choisis tes mots Brumel. - Répondit Hyunkel tout en riant aux paroles de la Spectre.
Je dois dire que ça me plait tout ça. A quoi penses-tu exactement ? Répandre le sang et les ténèbres ? Si oui, je suis ton homme. Ou veux-tu aller ?

Un sourire indéfinissable sur ses lèvres lorsqu'il posa sa main sur son épaule. Elle aurait pu mais n'avait point esquivé. Son frère d'armes était intrigué à son égard et non belliqueux, tout en lui le montrait. Et puis, ils étaient deux spectres si proches en cet instant que la rousse Etoile pouvait sentir le souffle d'Hyunkel s'élever en sa direction. Quelques secondes, un mouvement à peine perceptible et son regard plongea dans le sien et une nouvelle fois, elle ne fit rien pour se dégager. Les yeux des Vampires étaient insondables, d'une beauté indescriptible tant elle pouvait être changeante. Belle et emplie d'un charme qui la rendait aussi envoûtante qu'un rêve merveilleux. Elle était aussi cela, la nuit qui tombe sans que nul ne tente de lui échapper. C'était souvent même tout le contraire. Le silence lui-même semblait se faire complice de la magie naissante avant que le spectre du Basilic n'y mette un terme.

Ses mots étaient toujours autant empreints de curiosité. Il voulait en savoir plus sur elle, tellement plus. Peut-être au fond que leurs questions se rejoignaient sur un certain point. Ne lui laissant pourtant pas le temps de répondre, Hyunkel se tourna de nouveau vers le fleuve avant d'ouvrir les bras et de respirer à plein poumons l'air ambiant.

- La Mort, la Mort est notre compagne de tout instant. Elle vibre au travers de ce monde. Tout spectre le parcourant la côtoie et ma connaît. Qu'elle me soit familière n'est que la simple évidence. Le tout est de savoir qui de nous est le plus ancien, le plus accoutumé car...

Elle se replaça à quelques pas...

- Car ma terre de prédilection est la surface. C'est en surface que j'oeuvre pour nos seigneurs...

Un sourire magnifique illumina ses traits quand elle entendit sa réponse. De qui la plongeait dans une allégresse qui chassait sa tristesse lors de son arrivée en ces lieux. Maria-Candice était une sentimentale sous sa cuirasse d'être insensible et froid. Son sens de la Justice était parmi les plus ardents, voir les criminels se pavaner devant elle la poussait à des crises sanguinaires. Son appétit pouvait être parmi les plus terrifiants. La simple façon dont elle avait expédié Aurore au sombre séjour avant de lui payer le passage vers le lieu de ses supplices n'en était qu'un exemple. Sous sa carapace, dormait une âme pure et sentimentale tellement enfouie que seule l'épée nue qu'elle pouvait devenir apparaissait le plus souvent. La dualité entre l'ombre et la lumière était bien réelle pour qui pouvait percer le manteau de Ténèbres. Ce qui était quasi impossible maintenant que l'Etoile gagnait en force. Somnolente mais plus autant qu'auparavant, elle réclamait le nectar la menant vers la surface.

- Répandre le sang et les Ténèbres... Faucher les vies comme fétus après s'en être gorgés et repeupler les Enfers. Tout cela est notre mission même si le sang...

Le sang est trop précieux pour se perdre.

Puis, s'étirant à son tour avec une grâce unique, faisant voltiger ses longs cheveux roux, elle reprit.

- Un village ? Cela te convient. Pour le lieu ? Laissons ton Etoile décider...

Une invitation de la part de la future spectre. Le lieu importait peu au fond, seule la complicité des deux Etoiles serait précieuse en cet instant qui verrait peut-être l'éveil final de la spectre de la Vampire...

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Sujet: Re: [FB] La rencontre du néant et de la nuit

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