La fin du voyage

7ème prison


Enfin. Enfin Orion venait d'atteindre la destination des cavaliers de l'Apocalypse. Sur des kilomètres, un désert de glace et de ténèbres s'étalait devant ses yeux mortels. Le chevalier d'or retint un profond soupir devant ce paysage de désolation, symbole de la cruauté d'Hadès et de ses âmes damnées. Nul besoin de se concentrer pour ressentir les cosmos de ses compagnons d'infortune. Les combats qu'ils menaient n'avaient pour but que de permettre à Orion d 'accomplir la tâche pour laquelle ils avaient été désigner. Le chevalier d'or s'étonna de la lassitude qui emprisonnait son coeur dans un étau opaque. Auparavant, jamais il n'aurait accepter d'avancer en laissant derrière lui des compagnons voués à une mort certaine. Pourquoi le destin se jouait-il ainsi de son honneur et de ses principes ? Par réflexe, le jeune Saint baissa le regard sur ses mains. Il y vit un ruisseau de sang. La vie des innocents qu'il avait éliminer au fur et à mesure de son avancée. Comment pouvait-on s'habituer à une telle horreur ? Orion savait qu'il en était incapable. Il n'avait pas un instant à perdre. Cet endroit devait voler en éclat. Le bélier d'or avait eu tout loisir de réfléchir à une stratégie pour briser la glace infernale de cet enfer à nul autre semblable. Le chevalier ferma les yeux et se concentra avec intensité. A perte de vue, les corps gelés des malheureux qui avaient oser défier l'empereur des morts semblaient voués à une damnation et une souffrance éternelle. Leur détresse, leur peine, leur effroi répandaient un miasme invisible sur toute la zone et plus que nul autre Orion en percevait les échos. Une unique larme coula le long de sa joue glabre. Malgré les ténèbres de la déchéance dans lequel il s'enfonçait, il allait tâcher d'apporter un peu de lumière et de compassion dans son sillage. Le cosmos pur du premier gardien du Sanctuaire s'enflamma peu à peu. L'aura dorée qui illumina son corps de chair se mua en une brume étoilée magnifique. Cette dernière se répandit peu à peu sur la glace. Les corps froids des braves tombés sous le joug d'Hadès se mirent à briller légèrement au passage de la brume cosmique. Orion laissa son énergie atteindre son paroxysme, tel un phare d'espoir au milieu d'un océan de mort. Pour la première fois depuis son pacte forcé avec Arès, Orion se sentit de nouveau lui même. l'espace d'un instant, le jeune homme retrouva son identité, son honneur, sa fierté de servir le bien et la justice. Une fois que son cosmos eut saturer le désert de glace, il tendit les bras vers le centre de la zone maudite et lança d'une voix claire et tremblante.


Un magnifique et impressionnant rayon émeraude constellée d'étoiles jaillit de ses mains pour venir frapper le sol. Des veines de jade se répandirent dans la glace à une vitesse folle, passant de corps en corps en un instant. Les cadavres se volatilisèrent pour ne laisser que poussière dorée sur le sol qui se fendit dans des craquements effroyables. Plantes resplendissantes de vie, fleurs aux teintes multiples, arbres fruitiers, lianes vivaces sortirent de la glace qui se fissura et s'écroula sur elle même. L'enfer le plus redouté de l'empereur Hadès n'était plus qu'un jardin florissant. Une telle débauche de vie à l'état brut et de renaissance semblait une véritable insulte envers Hadès. Orion s'en réjouit malgré la situation. L'explosion de vie avait dû être ressentie dans tous les enfers. Aussi improbable qu'un éclat du soleil en un tel lieu, cette renaissance, cette délivrance ne pouvait être ignorée par les résidents du royaume de l'empereur des ténèbres. Au moment de disparaitre, les corps des anciens braves semblaient avoir lancer un dernier appel. Un ultime remerciement pour leur sauveur qui avait su faire d'un but égoïste, une oeuvre de bonté. Ce dernier voulut y croire. Il n'avait rien de plus à quoi se raccrocher pour justifier ses actes. Sa foi. Qu'allait-il se passer maintenant ? Orion ne pouvait qu'attendre en priant.



- Athéna... Athéna, pardonne moi...

Cocyte détruit !

Orion était désormais habitué à cette scène. Seule l'apparition du sarcophage le fit trembler. les poings serrés jusqu'à s'en faire blanchir les phalanges, le jeune chevalier d'or pria pour que ce cercueil soit celui tant espérer. Il n'avait strictement aucun moyen d'en avoir connaissance mais ses prières n'en furent en rien atténuées. L'espace d'un instant, Orion eut la sensation de sentir les âmes des malheureux qu'il avait délivrer à l'instant de l'enfer du Cocyte tournaient autour de lui. Un ultime témoignage de reconnaissance peut être. Ce souvenir, cette sensation qui n'était surement qu'un rêve fut un baume apaisant sur la conscience du jeune homme las. Peut être que cet instant magique, de paix, serait son dernier refuge avant de sombrer définitivement dans le néant de la damnation et de la déchéance. Orion ne se faisait aucune illusion sur la prochaine destination des cavaliers de l'Apocalypse. Le Sanctuaire d'Athéna lui aussi aurait à payer le tribut de la destruction à Arès. Tous les Saints réunis ne suffirait pas à stopper de tels guerriers. Bien entendu, les chevaliers d'Athéna étaient courageux et ne se rendraient jamais mais ils n'étaient pas assez nombreux pour empêcher que l'un des sbires d'Arès ne parvienne à sa destination. Orion savait que malgré l'affection, malgré les liens d'amitié, Shiyo et lui auraient à affronter les leurs. L'image de Milan à l'agonie, de Tenshu mort ou d'Irène blessée percuta l'esprit du chevalier d'or du Bélier qui porta une main tremblante à sa bouche pour retenir une nausée soudaine. Mais il n'avait pas le choix. Il n'avait plus le choix. Il devrait accomplir sa mission jusqu'au bout.

- Athéna... Que puis je faire d'autre ? Déesse d'amour et de compassion, sauras tu pardonner à tes protecteurs traitres malgré eux ? Trouverons nous le pardon au bout de notre route ou le châtiment ? Athéna... Quel que soit ta décision, je ne reculerais pas. Ainsi est mon devoir. Pardonne moi, ma déesse...

Non loin, le combat entre Thanatos et Gastone se poursuivaient. Vaflan ne mettrait pas longtemps à en finir avec son adversaire. Quand à Shiyo... Le malheureux prêtre devait déjà remercier Hadès pour être encore en vie à cette heure. Le premier réflexe d'Orion fut de penser à aller prêter main forte à ses compagnons mais... Il se devait de se préparer pour la prochaine mission. De toute façon, aucune d'eux ne mourrait. Arès veillait sur ses pions. Pour leur plus grand malheur. Que penserait Biscione de toute ceci ? Nul doute qu'il n'hésiterait pas à faire payer sa "trahison" à son disciple. Et Milan ? Non. Orion devait cesser de penser à ses proches pour se concentrer sur sa prochaine mission. Arès le convoquerait bien assez tôt et le chevalier d'or avait besoin de repos. Un repos physique qui ne vaudrait pas une paix de l'esprit désormais introuvable.

Destination inconnue.