La Caïna, ou le domaine du juge des enfers du Wyvern

Vael avait merveilleusement retourné la situation à son avantage. Bien qu'il soit tout aussi gêné, c'était au tour d'Ahina de se sentir mal à l'aise.

Des sentiments ... Moi ??? tu penses donc maintenant que je puisse faire preuve de sentiments, alors qu'il y a peu tu ne me prenais pour un simple spectre ne souhaitant que le malheur et la mort. En effet mes sentiments me tirallent, me font me posé des questions, comme tout humain. Ton attitude aussi change a mon egard.

Elle baissa légèrement la tête, rougissant.

"Oui effectivement... J'évite de trop juger les gens que je rencontre sans les connaître mais j'avoue mettre un peu tous les spectres d'Hadès dans le même sac" Reconnut elle, gênée.

"Je n'ai jamais pensé que vous n'aviez pas de sentiments quels qu'ils soient. Mais je partais simplement du principe qu'étant du côté de ce que je considère comme les forces du mal, vous ne pouviez faire preuve d'humanité."

Elle garda le silence quelques minutes.

"Mais je me suis trompée." Dit elle d'un souffle.

"J'imagine..." Elle déglutit, mal à l'aise. Peut être parlait elle trop et s'avançait elle sur un sujet houleux. "J'imagine que vous avez dû beaucoup souffrir pour en être arrivé au point où vous en êtes aujourd'hui et au vu de la manière dont vous voyez les choses..."

"Vous êtes si différent de votre maître qui n'a que haine envers tout ce qui l'entoure..."

Machinalement, elle porta la main sur sa gorge où la marque de la violence d'Hadès était encore présente.

"J'ai vraiment beaucoup de mal à vous imaginer si dévoué et si fidèle à ce Dieu qui ne souhaite que mort et destruction."

Elle releva les yeux et le fixa.

"Mais pourtant c'est le cas n'est ce pas...?"

Kyô et Toboe vienrent se placer de chaque côté de leur prêtresse. Posant une main sur chacune de leurs imposantes têtes, elle poursuivit d'une voix triste.

"Est ce réellement votre souhait de voir cette terre se disloquer, les êtres qui la peuplent mourir, les fleurs se faner, les arbres dépérir...?"

Son regard se fit presque suppliant.

"Est ce reelement ce que vous désirez, est ce comme cela que vous voyez l'avenir de la terre sur laquelle nous vivons tous... Vaelastrasz ?"

C'était la première fois qu'elle l'appelait par son nom.

Et bien, je crois sincerement que tu sais, ce n'est pas par hazard qu'a notre premiere rencontre je n'ai pu rien faire, tu as quelquechose en toi qui nous relis, et qui t'a rendu si nerveuse et distante lors de tes premiers instant ici.

Ahina fut assez suprise. Soit ce titan en savait bien plus qu'il ne le faisait croire et, dans ce cas, essayait de le lui faire dire. Soit il ne savait vraiment rien mais possédait une forte intuition et il attendait que la prêtresse lui explique la raison de tout ceci.
Dans tous les cas, il était hors de question qu'elle se mette à lui raconter sa vie, lui parle du pacte et du lien qui l'unissait malgré elle au Seigneur des ténèbres.

"Eh bien, il n'y a pas de raison particulière à tout ceci." Dit elle calmement.

"Je suis une prêtresse, j'ai donc un potentiel de ressenti plus important que n'importe qui. J'imagine que vous connaissez le rôle des femmes comme moi. Et qui plus est, je suis toute dévouée à la Déesse Athéna. Forcément, je ne puis être que mal a l'aise en enfer et ressentir un certain mal au contact des chevaliers qui sont à la solde du sombre Monarque."

Vael rentra chez lui, il ota son armure et sombra dans un sommeil sans fin.

Thanatos et Ahina furent instantanément téléportés au centre même de la Caïna au beau milieu du royaume des enfers.
Ils arrivèrent directement devant les immenses portes de la demeure du juge du Wyvern, Vael. La personne même pour laquelle Ahina s'était rendue en enfer.
Cassiopée les accueillit avec sa bonne humeur habituelle et se prosterna devant le dieu de la mort, inclinant bien bas la tête en signe de profond respect.

Lorsqu'elle reconnut Ahina, elle lui saisit doucement les mains, visiblement heureuse de la revoir.

"Merci Cassiopée, je n'ai besoin de rien." Dit elle en souriant tristement.

C'était peut être la première fois qu'elle n'eprouvait pas d'amertume vis à vis de cette femme qu'elle avait trouvé jusqu'à lors frivole et dénuée d'intérêt.
Mais alors que Thanatos tournait les talons et s'éloignait sans mots dire, Ahina le rattrapa par le bras. Attitude plutôt familière lorsqu'on savait qu'il s'agissait d'un dieu et qui plus est d'un ennemi d'Athéna.

"Est ce que... Est ce que vous pourriez rester jusqu'à ce que Vael revienne... Je vous prie..."

Etrange comportement, elle ne savait même pas pourquoi elle le retenait.

"Cassiopée serait certainement ravie de vous offrir un rafraîchissement pendant ce temps... enfin... si vous avez autre chose à faire, je ne m'en offusquerais pas..." Dit elle en baissant les yeux et lachant son bras.

Soit elle était en train de changer soit la tristesse voilait vraiment trop son coeur car il était d'hors et dejà certain que la prêtresse était loin d'être dans son état normal.

Pourquoi tenez-vous à ce que je reste....

Ahina baissa la tête, ressentant de la gêne par rapport a cette question. Elle n'en n'avait pas la réponse elle même... A ce moment, à ses paroles, elle se rendit compte de l'enorme erreur qu'elle avait commise. Ni Thanatos ni Hadès ni personne ne devait être au courant de son précédent séjour en enfer et dans la Caïna en particulier...
Enfin du moins, elle ne pensait pas que Vael l'aurait confié à qui que ce soit. Mais maintenant il était trop tard. Même si Vael s'était gardé de mettre au courant les Doeix et les autres spectres, ne serait ce que par l'attitude de Cassiopée, Thanatos était maintenant au fait. Du moins, devait s'en douter fortement.

"Je ne sais pas... C'était une requête stupide de ma part... Si vous préférez partir, allez y..." Dit elle à voix basse.

Je vous sens différente maintenant que nous sommes ici...un regret?

Elle releva le visage et le fixa droit dans les yeux.

"Non absolument pas. Mais je voudrais simplement savoir quelque chose. A quoi sert la pilule que vous m'avez fait avaler dans le parc d'Utopia ?"

Ahina ne s'inquiétait pas de l'effet que pourrait bien avoir cette pilule. Les sentiments de tristesse, faisaient qu'elle se fichait pas mal de ce qui pourrait lui arriver maintenant. C'était juste de la curiosité.

Thanatos envoya alors Cassiopée quérir son maître, le juge des enfers. Celle-ci disparut bien vite, non sans lancer un sourire amical envers la prêtresse.
Etrange... Elle était en train de se faire réconforter par une personne qui l'avait toujours rebuté jusqu'a present.

Maintenant, tout ce qu'elle attendait, c'était que Vael revienne. Qu'il apparaisse devant elle, qu'elle revois son visage et sache enfin ce qu'elle pouvait bien ressentir pour cette homme maintenant qu'Horacius l'avait abandonné.

Elle releva le visage et le fixa droit dans les yeux.

"Non absolument pas. Mais je voudrais simplement savoir quelque chose. A quoi sert la pilule que vous m'avez fait avaler dans le parc d'Utopia ?"

Ahina ne s'inquiétait pas de l'effet que pourrait bien avoir cette pilule. Les sentiments de tristesse, faisaient qu'elle se fichait pas mal de ce qui pourrait lui arriver maintenant. C'était juste de la curiosité.

Thanatos esquissa un sourire et s'approcha de la pretresse d'encore plus près jusqu'a s'en retrouver nez à nez...

De la curiosité vous dites...mmmmmh?!?

Thanatos reprit son serieux, se redressa et lui annonca quels effets cette pillule pouvait eventuellement provoquer.

Le contenu de cette pillule se repend dans le sang à travers tout votre corps. Et deux effets peuvent en ressortir. Tout d'abord elle me sert de traceur, me permettant de vous localiser ou que vous soyez en enfer, je precise bien "en enfer" et le deuxième effet me permet de mettre fin a vos jours si le besoin s'en fait ressentir...

Un blanc survint pendant un petit moment...Mais Le Dieu de la Mort repris...

Ce n'etait pas prevu que je procède ainsi mais votre position auprès d'Athéna conjugué à votre envie de venir ici....Bref je me devais de prendre cette précaution vu que je ne connaissais pas la raison de votre venue...

Thanatos attendit la reaction d'Ahina, qu'il hésitait a laissé seul ici...

Ahina écouta les explications que Thanatos lui donna sur les différents effets de cette fameuse pilule et ne broncha pas lorsque celui-ci se rapprocha d'elle dangereusement.
Elle leva ses grands yeux clairs vers lui et esquissa un pâle sourire.

"Je me doutais bien que ça serait quelque chose dans ce goût là." Dit elle à voix basse.

"Sauf votre respect, Dieu de la mort, ne me prenez pas trop pour une imbécile tout de même" Dit elle, un éclair d'un sombre pourpre passant dans son regard devenu froid l'espace d'une seconde.

Elle se détourna de lui et fit quelques pas dans le grand hall d'entrée de la demeure de Vael, lorsque les grandes portes s'ouvrirent à la volée, laissant apparaitre le juge des enfers suivi de Cassiopée qui s'empressa de disparaître au plus vite.

Elle se retourna et fixa Vael qui se dirigea directement vers Thanatos sans lui prêter la moindre attention. Ce qui n'était pas étonnant, il aurait été complètement absurde de lui faire de grands sourires et de montrer qu'il était heureux de la revoir. A moins bien sur qu'il ne tint à être exécuté sur le champ...

Vale se mit à raconter ce qu'il savait du pacte que le clan des Takumi avait fait avec le Dieu Hadès. Ahina le foudroya du regard. Il ne savait certe pas grand chose mais il était en train de remettre sérieusement sa tête en jeu.
Son visage prit une expression terrible, de haine, de froideur et ses yeux oscillaient dangereusement entre leurs turquoise habituel et un violet aussi sombre que l'abîme béant du puits des morts.
Comment osait il lui faire ça... Elle ne savait si Vael ne disait tout ça que pour endormir le Dieu de la mort et ainsi occasioner son départ. Mais en tous cas, même si c'était pour cette raison, il allait trop loin.

Elle fixait les deux protagonistes d'un regard sec en suivant le monologue du juge déballant sa vie. Puis celui-ci se rapprocha de Thanatos et lui parla à voix basse. Trop doucement pour qu'Ahina ne puisse saisir le quart de ce qu'il disait.
Les seules bribes qu'elle réussit à saisir au vol furent qu'un chevalier d'or se trouvait apparement dans le royaume d'Hadès.

L'aura bienfaisant d'Ahina ressurgit immédiatement, laissant son côté obscur se rendormir au plus profond de son coeur.
Et si ce chevalier était... non, impossible, il était parti....

Ahina avait suivi de loin l'echange entre le Juge et le Dieu. Elle n'avait dit mot mais son coeur s'assombrissait de plus en plus.Elle gardait la tête basse ses cheveux tombant lourdement de chaque côté de son visage, serrant les poings de rage.

*Pourquoi fait il ça... Pourquoi... Horacius ensuite Vael... Mais qu'ils soient du côté du bien ou du mal, les humains sont vraiment tous pourris jusqu'à la moëlle*

Thanatos et Vael semblait avoir terminé leur discussion et le dieu de la mort s'éloigna lentemenet non sans jetter un regard de suspicion à l'adresse du Juge des enfers. Son attitude montrait clairement qu'il n'avait pas confiance et se méfiait de son juge.

Cassiopée qui avait assisté à toute la scène cachée derrière une porte. Fait qu'elle seule devait penser discret. Semblait s'inquieter pour son maître. Elle lui jettait des regards anxieux comme si elle craignait que Vael ne se trahisse. et ne court ainsi un grand danger. S'attirer les foudres du dieu de la mort n'était certe pas une bonne chose.

Une fois que Thanathos eut complètement disparut par les grandes portes, Ahina sans relever le visage, s'adressa d'une voix sombre à Vael.

"Alors... Tu es content ?? Qu'est ce que tu cherches hein ?! Pourquoi lui as tu dit tout ça...?!"
Lui dit elle d'une voix sombre.

Elle le tutoyait... Un signe loin d'être encourageant...
Un lourd silence s'installa. Aucun des deux ne le brisa durant de longues minutes.
Puis Ahina releva lentement la tête et fixa Vael. Ses yeux étaitent d'un violet sombre, sans aucune once de gentillesse.

"Heureusement pour moi que tu ne sais pas grand chose" Siffla t'elle entre ses dents.

"Mais maintenant, je suis en très mauvaise posture" Continua t'elle en le dévisageant froidement.

"Tu en as trop dit. Ce Dieu de pacotille va s'empresser de tout raconter à ses subalternes et ils voudront que je leur dise tout. Mais je te préviens Juge, vous perdrez votre temps.
Je me demande vraiment ce qui m'a pris de te penser te faire confiance une seule seconde..."

Elle se détourna de lui et traversa le couloir qui menait jusqu'à la grande salle à manger. Elle poussa violemment les portes qui s'ouvrirent à la volée et s'assit sur un gros coussin de velour qui se trouvait sur le sol.

Ahina assise sur l’énorme coussin 2 fois plus grand qu’elle, regarda Vael pénétrer en trombe dans la salle et s’approcher d’elle d’un pas décidé. Redoutant un mauvais geste de sa part, elle se releva avec vivacité. Mais elle n’eut pas le temps de faire ou dire quoi que ce soit qu’il la saisit par le bras la traînant avec force à travers sa demeure.

« Mais qu’est ce que tu fais ?! Lâches moi immédiatement ! » Vociféra t’elle avec méchanceté.

Inutile de dire quoi que ce soit ou de se débattre. Vael avait bien plus de force qu’elle et quoi qu’elle fasse il ne relâchait pas son emprise, l’emmenant dans les profondeurs de la Caïna.
Le décor ne lui était pas inconnu et au moment où il saisit la poignet d’une porte, elle reconnu la chambre à coucher de Vael. Celle la même où elle s’était réveillée il y a de cela quelques semaines, vêtue d’une robe des plus légère.
Il l’a précipita sur le lit avec violence. Lançant ses bras vers le plafond de rage, son armure se disloqua sur le champ et regagna la box qui reposait sur un des gros meubles de la chambre.

Un court silence s’instaura dans la chambre. Ahina à genoux sur le lit, la tête basse. Vael debout lui tournant le dos.

" J’en ai absolument rien à faire de ton histoire, de ton lien avec Hadès ou de tout ce que j’ai raconter avant. Tu te trouves en mauvaise posture, tiens donc ??? A bon ???? Et commence pense tu que cela soit arrivé ???? Quand je suis arrivé ???? Quand j’ai raconté le peu de ton histoire que je connais ou ??? A non je sais, ça serais pas quand la prêtresse dévoué a Athéna que tu es a décidé de demander au seigneur Thanatos, dieu de la mort et pour l’instant celui qui dirige les enfers de venir faire un petit séjour touristique dans la Caïna, et cela juste après qu’on vous ai subtilisé le casque de ta déesse, d’autant plus qu’il ignorait totalement ta venue ici. Je t’ai kidnappé, et je t’ai relâché en faisant bien en sorte que personne ne sache que tu sois venu ici, est alors que tu étais tiré d’affaire, tu te rejette dans la gueule du loup, et cela avec la personne la plus importante en enfer, Thanatos. Je te croyais bien plus maligne que ça, mais je devais me tromper. Ca pour être en mauvaise posture tu es en mauvaise posture. "

Elle serra l’épaisse couverture entre ses doigts recroquevillés, se mordant les lèvres assez fort pour qu’un mince filet de sang dégouline le long de son menton. Une à une, les fines gouttes de sang foncé tombaient sur le lit, le tâchant irrémédiablement comme pour laisser l’empreinte de son passage à jamais. Elle ne dit mot quelques minutes. Toute sa rage, toute la rancœur qu’elle avait éprouvé c’étaient volatilisées comme si elles n’avaient jamais existées.
Sa tristesse avait refait surface et maintenant, face à la réaction qu’avait cet homme, celui la même pour qui elle avait pris tous ces risques, elle se sentait désemparée. Obligée de mettre fin aux jours de sa mère, abandonnée par Horacius et maintenant rejetée par Vael.

Sans lever les yeux vers lui, serrant plus que jamais le dessus de lit du Juge des enfers, ses longs cheveux clairs tombant devant ses yeux fermés, elle ressemblait à un être si fragile si malheureux. Les larmes se mêlaient à présent avec les quelques gouttes de sang s'échappant de sa lèvre. Elle aurait voulu que ses larmes cessent, elle aurait voulu redresser fièrement la tête et sourire. Mais tous ces sentiments lui paraissaient inaccessibles à présent.

« Que… Que vouliez vous que je fasse… Je n’ai pris tous ces risques que pour vous voir. Uniquement pour ça sans aucune autre intention qui pourrait concerner mon rang de prêtresse d’Athéna. »

Les mots sortaient difficilement. Elle peinait à réellement exprimer ce qu’elle ressentait car peut être n’en était elle pas tout à fait sûre elle-même.

« Bien sûr que je sais tout ça. Je sais parfaitement qui est Thanatos. Mais il était le seul moyen de parvenir sans encombre jusqu'à vous. Si j’avais tenté de traverser les enfers par moi-même, je ne serais pas arrivée jusqu’ici vivante. Vous le savez aussi bien que moi. »

" Et je suis sur que ce voyage n’a pas été gratuit, il a du te faire payer quelque chose, je ne parle pas d’argent, mais tu l’as bien vu, il est du genre méfiant, et il n’a pas du te laisser entrée comme ça. "

Sa voix était dure… si dure, si froide. Ce n’était pas une bonne idée d’être venue en enfer. Elle le savait, elle l’avait toujours su. Mais pourtant… pourtant la peine que peuvent ressentir les êtres humains fait parfois faire d’étranges choses qui ne sont que rarement dans le domaine du raisonnable.

« Il m’a fait prendre une pilule, une pilule rouge » Dit elle dans un souffle.

Il n’était sûrement pas besoin de nommer les effets de cette pilule à Vael. La mort au bon vouloir de Thanatos et la détection instantanée de tous ses faits et gestes tant qu’elle resterait en enfer. Oui.. . elle était dans de beaux draps, jusqu’au cou même. Mais tout cela n’avait plus la moindre importance… A quoi bon rester sur une terre lorsque personne ne pense à vous, ne vous attend ou ne vous soutient.

« Je ne veux pas que vous risquiez quoi que ce soit à cause de moi. J’ai bêtement imaginer que vous n’auriez pas de problème mais c’était une grosse erreur. Que ce soit à vous ou à quelqu’un d’autre et même si un spectre devait me torturer, je ne dirais rien. Vous le savez bien. Alors… »

Elle relâcha son étreinte et laissa ses mains paumes ouvertes vers le plafond, baissant un plus la tête, laissant découvrir sa nuque à la peau claire. Les larmes ne cessant de couler, ne réouvrant pas les yeux.

« Alors il vaut mieux que vous mettiez fin à mes jours. Ca sera mieux pour tout le monde. Vous pouvez le faire, j’en suis certaine. Faites le et vite je vous en prie. »

Ahina n’avait levé les yeux depuis qu’ils étaient entrés dans la vaste chambre. Elle n’avait même pas pris la peine de regarder de nouveau ces décorations bouddhiques qu’elle connaissait et qui, même si elle trouvait chargées, lui rappelaient tant de choses.
Mais non, tout ce qu’elle voyait à présent, tout ce qui lui importait était d’en finir et vite. La vie qu’elle menait, qu’elle avait toujours menée, n’était remplie que de souffrances plus douloureuses les unes que les autres.
Elle ne voulait plus, ne pouvait plus… Horacius avait tué tout ce qui la faisait vivre.

Vael s’approcha lentement d’elle, un objet tranchant qu’elle ne pu voir de par ses yeux fermés, en main. Lorsqu’elle le sentit tout proche, elle redressa pour la première fois son visage toujours baigné par les larmes et pencha sa tête vers l’arrière. Ses cheveux fins et raides tombaient, éparpillés sur le lit.

Elle attendait mais rien ne venait.

« Allez y » Dit elle la voix tremblante.

Scouich !!!

Les Ciseaux se refermèrent non pas sur sa gorge tendue, prête pour cette exécution improvisée, mais sur une mèche de ses cheveux. Elle sentit une goutte de sang s’écouler de nouveau de sa lèvre blessée mais celle-ci n’atteint pas le lit, Vael la rattrapant et faisant en sorte que la mèche de cheveux fraîchement prélevée ne l’absorbe. Il effectua le même manège avec un petit morceaux de tissus qu’il préleva de la tunique que portait Ahina et se rapprocha d’elle, essuyant doucement sa lèvre saignante.

" Ne soit pas si dure avec toi-même, tu mérite plus que tout autre de vivre, et ne t’abîme pas tes belles lèvres, elles sont si jolies, avec elle chaque mots sortant de ta bouche ressemble a un poème, et le papier sur lequel il est écrit, tu viens de l’abîmer. "

Ahina redressa la tête et le dévisagea, visiblement stupéfaite par son comportement.

« Pour.. Pourquoi avez-vous fait ça… ? Ca aurait été si simple si vous aviez été jusqu’au bout… »

Serait ce possible que Vael soit la seule personne à l’aimer vraiment… la seule personne à l’attendre… Serait il envisageable et concevable d’amplifier les liens qui l’unissaient avec cet homme alors qu’il s’avérait être un puissant ennemi de la cause qu’elle servait… Pourraient ils faire abstraction de leurs dévouements envers leur Dieu et Déesse respectifs sans pour autant mettre leur amour en jeu… Peut être oui. Mais jamais autant les compagnons d’Ahina que les spectres d’Hadès, ne permettraient une telle chose. Que faire…

Vael appela alors Cassiopée, interrompant la réflexion profonde d’Ahina. Il lui parla a voix basse et lui confia la mèche de cheveux qu’il avait précautionement enroulé dans le fin tissu prélevé sur la tunique de la prêtresse.
Avant de filer comme l’eclair, Cassiopée fit un large sourire amical à Ahina qui eut peine à le lui rendre bien que la gentillesse de la servante la toucha au plus profond d’elle-même. Comment se faisait il que des personnes servant le Dieu le plus terrible, soient aussi gentilles et chaleureuses. Cela bouleversait tout ce qu’Ahina s’était toujours fait comme idée des enfers et de ses habitants.

Cassiopée ayant disparu, Vael se tourna vers la prêtresse et lui saisit les bras. La levant délicatement du lit, elle se retrouvait si près de lui que leurs bustes se touchaient lors de leurs inspirations. Le juge des enfers passa sa main dans les cheveux d’Ahina, les observant comme s’il souhaitait en connaître tous les détails.
Puis il laissa doucement ces quelques mèches retomber le long de son dos et la regarda. Un regard doux et protecteur. Des yeux qui en disent plus longs que n’importe quelles belles paroles.

Ahina leva légèrement le menton, Vael était quand même bien plus grand qu’elle. Et tout comme lui, plongea ses yeux baignés de larmes au plus profond des siens. Elle avait tout fait, tout essayé. Elle ne l’avait plus revu, elle avait essayé de s’attacher à quelqu’un d’autre qui n’avait fait que l’abandonner, elle avait tout fait pour l’oublier mais si elle était honnête avec elle-même, en cette seconde, rien de ce qu’elle n’aurait fait n’aurait servi à quelque chose.

" Je… je suis désolé, je ne voulais pas te brusquer, ou te choquer, je ne pourrais jamais te faire de mal, même si Hadès lui-même m’en donnait l’ordre. Je … Je m’en veux d’avoir livré tant d’information a ton sujet, mais c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour que Thanatos nous laisse tranquille, tu semble si … "

Il stoppa sa phrase, regardant tristement la prêtresse.

" ...Si triste, et j’aimerais en connaître la raison, nous nous sommes quitter dans des conditions plus que désastreuses, et ce qui en a suivit n’a rien arrangé, et d’un coup, sans savoir pourquoi tu débarque ici, en colère, attristé, je ne pensais pas que tu puisse un jour être comme ça, toi. Je t’en pris, tu dois me dire, il faut que je sache, je ferais tout pour t’aider à sortir d’ici, tu dois rester en vie, tu m’es … trop précieuse. "

Ahina ne pu se retenir d’avantage. Malgré qu’elle ne su pas quelle serait la réaction de Vael suite à son comportement, elle céda quand même. Il était trop proche et elle avait trop besoin de lui. Elle le fixa quelques secondes, les larmes perlant au coin de ses yeux clairs et les lèvres tremblantes.
Puis elle se serra tout contre lui, posant ses mains sur son torse comme une jeune fille que l’on aurait malmené et qui viendrait chercher du réconfort auprès d’un ami, d’un amant, d’un amour… Ses larmes redoublèrent au point de l’empêcher d’émettre le moindre son pendant quelques minutes. Temps pendant lequel elle resta contre l’homme qu’elle avait désespérément tenté d’évacuer de son esprit sans jamais y parvenir.

« Je… »

Les sanglots empêchèrent encore les mots de sortir comme elle le voulait. Pourquoi certaines choses sont toujours aussi difficiles à dire…

« J’ai tout essayé pour ne plus penser à vous, pour vous oublier. Mais je n’y suis jamais parvenue. J’ai reporté tous mes sentiments sur un des chevaliers protecteurs d’Athéna mais au lieu de me libérer de l’emprise involontaire que vous avez sur moi, celle-ci c’est dévellopée et amplifiée lorsque le chevalier a déserté le Sanctuaire et m’a abandonné sans même un mot. »

Sa voix était basse, elle sanglotait tellement qu’elle semblait presque murmurer.

« Je ne peux pas, je n’y arrive pas. Je ne peux aimer quelqu’un d’autre que vous. C’est pour ça… pour cette raison que lorsque j’ai croisé le Dieu de la mort dans le parc d’Utopia, je l’ai prié de m’emmener en enfer avec lui. J’aurais payé n’importe quel prix pour vous revoir au moins une fois.
Mais vous auriez dû me tuer, c'est la seule solution... »

Vael autant qu’Ahina, ne semblaient plus avoir la moindre retenue. Ils se laissaient aller à la tendresse que procurait l’autre, ne pensant presque plus aux terribles conséquences que cela pourrait et même allait engendrer.
Comment allaient ils bien pouvoir s’y prendre, de quelle manière allaient ils se voir sans attirer l’attention… Toutes ces questions, Ahina ne voulait y songer pour le moment.
Vael se contenta de serrer la prêtresse dans ses bras tendrement, sans rien dire. Un long silence s’installa. Elle aurait tant aimé que ce moment ne termine jamais, que le temps s’arrête pour leur laisser savourer ce si grand bonheur. Mais tout aurait une fin, à un moment ou à un à un autre.

" Je suis la, je serais toujours la, je te protégerais, rien ne pourra plus t’arriver a partir de maintenant, je ne veux pas que tu meurt, je ferais tout pour que tu sois heureuse et pour que tu vive, je t’en fais le serment et la promesse, je n’ai jamais eut l’occasion d’en faire jusqu'à présent, et plus rien ne t’arrivera, je serais toujours la. "

A ces mots il l’étreignit encore plus fort, lui prouvant par toute cette affection que jamais il ne la trahirait. Elle enfouie son visage au creux du cou de son amour et murmura.

« Je ne vous demande pas une telle chose. Vous savez parfaitement qu’une relation même des plus sincères, entre un Juge des enfers et une prêtresse d’Athéna, n’est pas concevable.
Je ne supporterais pas que vous risquiez votre vie pour moi. Bien que… »

Elle reserra son étreinte, posant doucement sa main sur la joue de Vael.

« Bien que vous soyez déjà grandement en danger à cause de ma présence ici. Je suis vraiment stupide, mais qu’est ce qu’il m’a prit de faire une chose pareille… »

Question inutile, elle savait parfaitement pourquoi elle avait fait ce geste aussi inconsidéré. Le départ d’Horacius avait été une très lourde épreuve pour elle. Au moment où elle se disait qu’avec un peu de chance ce chevalier parviendrait à lui faire oublier le juge des enfers, il la laissait sans même un mot ni un aurevoir.

" Un homme qui est trop stupide pour se rendre compte ce qu’il perd loin de toi ne mérite pas ton attention, ni ton amour, et ne pourra connaître une vie heureuse. Tu m’as fait découvrir l’amour, chose dont j’ignorais l’existence, j’avais des préjugés, mon esprit était étroit, et maintenant je suis enfin devenu homme. "

Au moment où elle repensait à cette histoire, le fait même à cause duquel elle avait agit sans réfléchir, Vael prenait les devant comme s’il arrivait à lire dans son esprit aussi facilement que dans un livre ouvert.
Elle releva la tête et le fixa longuement. Elle ne pleurait plus à présent. Mais elle était dans un état étrange, entre une immense tristesse et une joie merveilleuse. Pourquoi le destin était il aussi tragique… Tomber amoureuse d’un spectre, mais quelle idée…

Elle ne trouvait rien à répondre et pour cause, quels mots exprimer, quelles paroles assez puissantes pouvait elle émettre pour qu’il comprenne tout ce qu’elle pouvait ressentir pour lui.
Les mots sont trop faibles pour se genre de sentiment.

Ahina sentit la douce main de Vael parcourir lentement sa nuque puis sa gorge, caresser doucement sa joue et effleurer longuement ses lèvres. Son regard était envoûtant. Si profond, il exprimait tant de choses, tant d’émotions jusqu'à présent refoulées.

Elle ne savait pas, n’osait pas faire un quelconque geste qui pourrait briser ce moment. Un instant dont elle avait toujours rêvé sans jamais oser se l’admettre.
La tentation de le sentir encore plus proche d’elle, de goûter au doux parfum de ses lèvres, à la sensation de n’être à lui et qu’a lui jusqu'à la fin. Elle saisit tendrement la main qui dansait langoureusement sur ses lèvres dans un ballet de sensations plus tendres les unes que les autres. Ahina serra précieusement cette main au creux de la sienne et d’un geste lent, semblant figer le temps, elle rapprocha son visage de celui de l’homme à qui, à présent, elle ne cacherait plus cet amour. Fermant ses grands yeux couleur de ciel, elle effleura la bouche de son ange d’Hadès et laissa fusionner amoureusement ses lèvres contre les siennes.