A huit-clos [pv Abel]

-> Jamir

 

Encore une fois la divinité des enfers quittait les lieux sans un mot. Il s'agissait d'une attitude fort déplaisante pour le Spectre de Mephistopheles bien qu'il commençait à s'y habituer. Perséphone était comme cela et ce n'était pas un simple mortel comme lui qui allait la faire changer. Suite au signe de la part de sa Reine, Abel tapota l'épaule de "l'écartelé" avant de se mettre à la suivre et de regagner le carrosse. Cette petite escapade commençait d'avantage à ressembler à un tour du monde grandeur nature et honnêtement cela allait parfaitement au borgne. Pendant ce temps il pouvait penser à autre chose, en apprendre plus et forcément évoluer dans le bon sens.

Cette fois ce fut la déesse infernale qui brisa le silence du luxueux carrosse répondant enfin aux interrogations de son subordonné. Le peuple de Mü ? Ainsi ce Orion et l'autre malheureux de la Tour descendaient de ce peuple presque mythique ? Tout comme Perséphone eux aussi n'étaient pas n'importe qui finalement. Mais aussi grâce aux réponses de sa déesse Abel comprenait pourquoi abattre cette tour n'aurait servi à rien. Perséphone était intelligente et avait une sacrée expérience, rester à ses cotés comme il le faisait pourrait lui faire bénéficier de cette expérience.

"Je comprends mieux pourquoi maintenant. Merci de prendre le temps de me répondre, j'apprécie vraiment." Pas de blague ou d'ironie, il avait avec sa divinité une conversation des plus sérieuses et encore une fois il allait mettre cela à profit. "Vous avez agi de la meilleure des manières en bloquant l'accès à la tour, je suis certain que votre époux sera ravi d'apprendre une telle chose."

Lorsque Perséphone regarda en direction de l'extérieur Mephistopheles remarqua que la nuit était là, déjà. Quel spectacle magnifique, même si certaine nuit l'immense tapisserie qu'est le ciel n'était pas parsemée d'étoiles pour la faire briller c'était toujours un plus beau spectacle que celle du soleil. Dans la nuit l'obscurité était pure, le silence était souvent de mise et la plupart des humains n'étaient pas là. C'était surtout la nuit qu'Abel faisait le mur durant son enfance, la nuit qu'il partait explorer les villages aux alentours, la nuit qu'il avait partagé sa couche avec Elyn, la nuit qu'il était devenu Spectre....

Son regard changea brusquement, l'éclat ambré de son unique œil se ternissait. Perséphone venait de lui poser une question à laquelle il ne s'attendait pas et pourtant, emporté dans son élan il en avait fait mention en privant le descendant de Jamir d'un œil. Il poussa un soupir résigné, souriant légèrement.

"Non, il est temps que je commence à assumer mes actes. Vous aurez peut-être du mal à le croire mais petit je n'étais pas aussi charmant que maintenant. Sûr de moi j'étais prétentieux, arrogant et sans limite. Dès que j'eus l'âge de marcher, mon père m'offrit une servante qui devait répondre aux moindres de mes désirs, assurer ma protection et ce même si elle avait le même âge que moi. Cette servante... vous la connaissez aujourd'hui en qualité de Spectre de la Chimère." Il se stoppa cherchant ses mots n'étant pas fier de ce qu'il allait dire. "J'ai sans doute beaucoup plus de défauts qu'un humain normal votre majesté mais le jour où j'ai perdu mon oeil j'ai violenté Elyn, je l'ai frappée tout simplement parce qu'elle m'avait suivi lors d'une de mes escapades dans le seul but de me protéger. Dans ma violence, nous sommes tombés dans un ravin et à mon réveil je n'avais plus mon oeil et Elyn gisait dans la cave du manoir. Elle avait menti à mon cher père et endossé toute la responsabilité. Depuis ce jour je me suis juré de toujours la garder près de moi même si j'ai toujours pris soin de ne jamais rien montrer."

Elyn avait tellement fait pour lui pendant toutes ces années. Elle l'avait même suivi jusqu'aux enfers rien que pour lui, il en était certain. Il avait déjà mené quelques missions avec la Chimère, affronté des zombies, des cannibales celtes et pourtant le plus dur serait à venir. En rentrant des enfers il avait reçu l'ordre de sa déesse d'aller la retrouver et de s'expliquer avec elle.

Maintenant il allait profiter de cet instant privilégié pour poser LA question qui lui brûlait les lèvres depuis le départ du Sanctuaire. Sans filtre jusqu'au bout.

"Pourquoi le Cancer ? Au Sanctuaire vous vouliez voir le gardien du signe du Cancer, pourquoi ? Comme pour moi, vous n'êtes pas obligée de répondre j'ai conscience que le chemin sera long pour gagner votre confiance."

 

 

Comme il lui avait dit, tout est question de confiance. Et malgré ce qu’elle avait pu dire ou faire depuis le début de leur escapade Abel lui faisait confiance. Bien sûr il était inutile de préciser que cette « folie » si c’en était bien une ne plairait pas à la déesse des Enfers. Cependant Méphistophélès est et restera toujours le même dans le fond : imprévisible. Même si ses futures excuses étaient sincères il devait bien avouer qu’il avait hâte de retrouver Elyn pour voir sa tête le moment venu. Jamais la Chimère ne s’attendrait à le voir s’excuser et encore moins de le voir jouer les petits chiens auprès de Perséphone. Et pourtant c’était ce nouveau rôle auquel il aspirait peut-être qui l’avait poussé dans le vide. La déesse devait comprendre qu’elle n’était plus seule, qu’il y avait au moins une personne qui serait là pour l’aider.

Alors souriant, Abel descendait en direction du sol à une vitesse vertigineuse sûr de lui, sûr d’elle. Croisant les bras il attendait qu’elle vienne le secourir de manière plutôt nonchalante avant… enfin voir un filament l’intercepter pas très loin du sol. Perséphone avait peut-être voulu jouer mais au final le spectre voyait cette intervention divine comme une petite victoire bien qu’il allait encore se faire sermonner. Pendant dans le vide, il mima un nageur au fur et à mesure qu’il remontait avant de se stopper face au carrosse et face à la divinité.

« Bien sûr que non, même si dernièrement mes actes passés me poussent à réfléchir j’assume entièrement ce que j’ai été, ce que je suis et ce que je serais ma Reine. Je voulais simplement vous montrer que j’ai confiance en vous comme vous devriez avoir confiance en moi. »

Méphistophélès lui adressa un sourire sincère, levant la main avant d’essayer, sans succès de regagner le carrosse en feintant la nage. Pas qu’il n’était pas bien suspendu au vide mais quand même il commençait à faire frisquet, pire qu’en Norvège.

« Bon pour revenir à la bête avec des pinces plutôt que de piquer des colères en mode adolescente frustrée vous ne pouvez pas la jouer façon Perséphone de Jamir ? On avait plutôt bien rigolé non ? »

Il se tut quelques instants conscient que ses paroles allaient lui valoir un nouveau plongeon et définitif cette fois. Croisant les bras il ajouta néanmoins de façon beaucoup plus sérieuse :

« Vous êtes une déesse non ? Agissez comme tel ! Donnez-moi l’ordre de tuer le chevalier d’or du Cancer et je pars immédiatement pour le Sanctuaire. Avec ce que nous avons fait à Jamir la guerre sainte ne peut être évitée de toute façon. »

Pas de filtre, encore.

 

Le regard noir de la déesse valait bien plus que des mots et même si Méphistophélès était de nouveau dans la carrosse il n’en était pas moins en sécurité pour autant. Mais enfin il eut une réponse claire et précise et pour cela il ne regrettait en rien ses propos. Si Perséphone estimait que toute cette histoire ne le regardait pas alors très bien il n’en demanderait pas plus. Le Spectre se redressa et ferma la porte du carrosse pour ensuite s’installer de nouveau dans son siège. Souriant comme si rien ne s’était passé il répondit à sa divinité.

« Je voulais vous l’entendre dire clairement. Si vous estimez que cela ne me regarde pas alors je ne poserai plus de question sur le sujet. »

Il faisait craquer ensuite sa nuque tout en redevenant très sérieux.

« Cet Orion du bélier… il est très puissant n’est-ce pas ? Je dois vous avouer que l’idée de le combattre est assez stimulante même si je n’ai que peu de chances d’en réchapper. »

Il se stoppa repensant à cette courte entrevue sur le palier de la première demeure. Perséphone et lui se connaissaient cela ne faisait aucun doute, de plus il était l’un des descendants du Peuple de Jamir et de ce fait il avait certainement accès à une multitude d’informations. Oui, intérieurement le borgne brulait d’envie de se mesurer à lui, bien plus qu’à la divinité Asgardienne qu’il n’avait pas oublié en tout cas.

Lui qui était joueur, qui adorait toutes ces machinations politiques se prenait à vouloir qu’une guerre éclate sous peu. Que de changements en si peu de temps pour le jeune homme. Et Elyn dans tout cela ? Comment verrait-elle ces changements ?

« Physiquement... psychologiquement... sentimentalement... Pourquoi faut-il toujours que vous vous acharniez à briser celles qui vous sont les plus proches et les plus fidèles...? hum… » Abel répéta les propos de Perséphone et croisa les bras pour finalement répondre une nouvelle fois : « Je ne sais pas, honnêtement jusqu’à notre entretien je ne m’étais jamais posé de question et maintenant j’ai l’esprit encore plus retourné que Dionysos après cent jours de fête. Au final même avec vous je suis comme ça, je vous pousse à bout, je vous questionne sur un sujet sensible encore et encore, toujours cette même boucle. Même si je vous l’ai promis je ne devrais peut-être pas revoir Elyn. »

 

Plus les heures passaient aux cotés de la déesse et plus Abel avait l’impression que leur petite escapade prenait des allures de formation. Et pourtant il ne trouvait pas cela déplaisant, Perséphone bien qu’ayant des sautes d’humeur caractéristique typiquement féminine se trouvait être quelqu’un de fort intéressant selon le borgne. Sa compagnie était même agréable et par ses paroles le jeune homme apprenait énormément. Néanmoins il ne pouvait s’empêcher de penser à Elyn, à ses actes et surtout à ce qu’il devait faire par la suite. Les doutes qu’il éprouvait, Abel ne pouvait s’empêcher de les mentionner à sa déesse, espérant secrètement qu’elle soit de bons conseils. Perséphone avait sa confiance bien que l’inverse n’était pas valable.

« Encore une fois vous avez raison. J’irai la trouver. »

Le spectre s’était étonnement calmé depuis son petit cinéma à l’intérieur du carrosse comprenant qu’il avait assez joué avec l’humeur de sa déesse. Il avait donc appris que son supérieur serait certainement de bons conseils ce dont il ne doutait pas. La réputation du juge n’était plus à faire au sein des enfers surtout après l’attaque sur Asgard…. Dès qu’il le pourrait, il irait donc voir Elyn puis son supérieur hiérarchique afin de parfaire ses informations sur les ennemis et la meilleure façon d’appuyer là où ça faisait mal.

« Ne vous en faites pas, je ne comptais pas continuer à vous… « tourmenter » de la sorte. Je souhaiterais simplement ajouter que j’aimerai continuer à assurer votre protection aussi longtemps que possible. » Il augmentait légèrement sa cosmo-énergie jusqu’à matérialiser une petite sphère ténébreuse qui tournoyait dans la paume de sa main. Il ne maitrisait que les ombres, peut-être serait-il judicieux de… « Ce que vous faîtes là, ce que vous avez fait à Jamir… est-il possible que vous me l’appreniez ? Enfin pas ce que vous avez fait à l’autre homme mais…. Vous êtes capable de donner la vie n’est-ce pas ? Je ne sais jouer qu’avec les ténèbres. »

Apprendre à maitriser un nouvel élément, une nouvelle facette de son cosmos pourrait lui être si utile à l’avenir. De plus la déesse des enfers semblait si à l’aise avec celui-ci qu’il s’agissait là d’une opportunité. Mais il y avait aussi toute cette dimension créative qui rentrait en compte, ses ombres n’avaient jamais fait que détruire. Une telle force pourrait l'aider lors des affrontements à venir. Et puis honnêtement qui n’a jamais rêvé de planter des palmiers au pôle Nord ?

Pourquoi ? Il s’agissait là d’une très bonne question, très pertinente, logique et légitime de la part de la déesse infernale. Toutefois… Méphistophélès n’avait lui-même pas la réponse à cette simple question. Il s’agissait là de quelque chose qu’il ressentait voilà tout. Peut-être parce qu’il avait toujours en tête l’image de la jeune femme perturbée qui laissait éclater sa colère en Norvège ou encore parce qu’il estimait lui être redevable. Perséphone lui avait ouvert les yeux sur son attitude (enfin l’œil) et il s’en trouvait être libéré. Fidèle à son habitude, le joueur qu’il était lui répondit simplement avec un sourire et quelques mots.

« C’est un secret. »

Le borgne en avait déjà beaucoup dit de manière générale que ce soit sur lui, son passé ou sa relation avec Elyn. Autant donc garder un peu de piment pour sa relation avec la Reine des enfers. En parlant de relation si Perséphone venait accepter sa requête qui était de lui enseigner son élément les deux se rapprocheraient peut-être. Apprendre d’une déesse, c’était quand même beaucoup plus classe que d’apprendre en lisant un vieux grimoire tout moisi ou par le premier péquenaud du coin. Puis comme déjà mentionné il avait confiance en Perséphone et de plus il avait pu voir, notamment à Jamir, qu’elle maitrisait parfaitement son sujet.

Abel écouta silencieusement, chose rare pour être signifié. Perséphone apprendrait, si d’aventure elle accédait à sa requête, que son spectre pouvait se montrer studieux et obéissant en de telles circonstances. C’était une des facettes du jeune homme que peu de personne avait vu. Cette soif de connaissance et cette volonté d’apprendre tout ce qui était à sa portée. Le pouvoir de Perséphone était intéressant, malléable et incroyablement puissant. Il n’avait pas bronché lorsque l’arbre avait éclaté, les écorces venant « taillader » très superficiellement une de ses joues. Totalement subjugué, l’air ailleurs il entreprit de répondre :

« Me prendriez-vous pour plus fou que je ne suis si je vous avouais que je prends notre entrevue comme une renaissance ? Depuis la Norvège vous m’intriguez Dame Perséphone. Vous êtes une femme forte appréciée de vos troupes, redoutées par vos ennemis. Rester à vos côtés aussi longtemps que vous me le permettrez me permettra d’apprendre et de grandir, exactement comme vos végétaux. »

Quant à ce qu’il voulait exactement apprendre il aurait été présomptueux de répondre « tout » bien que c’était ce qu’il avait à l’esprit à cet instant. Maitriser le même pouvoir qu’une déesse était de la folie pure et simple mais n’était-il pas un peu fou ? Conscient que la déesse le testait peut-être il devait choisir ses mots avec soin. Après quelques secondes de réflexion, il brisa le silence qui s’était instauré.

« Je souhaite apprendre ce que vous jugerez utile de m’enseigner. »

Une stratégie militaire ? Ce n'était pas réellement à cela qu'il pensait. Il voulait lui être utile, tout simplement, dans tous les domaines. Peut-être même l'aider à faire renaître le printemps ? Il pensait pouvoir apprendre d'une déesse, découvrir une nouvelle capacité qui lui permettrait de changer sauf que Perséphone ne semblait pas encline à l'aider. Ce fut alors un sentiment de frustration qui s'empara du jeune spectre. Pourquoi ? Toujours ce même mot : Pourquoi. Il n'arriverait jamais à rien en stagnant ainsi. Se sonder ? Voir avec son supérieur ? Très bien si Perséphone estimait que c'était nécessaire qu'il en soit ainsi.

"Très bien, j'irai quérir l'avis du Juge du Griffon dès notre retour dans ce cas."

Abel ne le connaissait que de réputation, comme Perséphone auparavant en réalité. Donc encore une fois, s'il devait se fier à la déesse il allait devoir attendre pour se faire une idée du juge. Mais honnêtement, il trouvait à titre personnel que les événements passés en Asgard étaient très impressionnants. Le premier domaine avait presque été rasé à ce qu'il parait.

"Que pouvez-vous m'apprendre sur lui ? Si je ne dois pas me fier aux rumeurs, peut-être pourriez vous m'éclairer ?"

Et cette question avait été posée sans arrière pensée. Peu importe qu'elle ait mentionné le prénom du juge lors de cette curieuse entrevue en Norvege. Il avait promis de ne plus se montrer intrusif avec la divinité et comptait bien respecter sa promesse. Quoi qu'il en soit il espérait en apprendre plus sur son supérieur hiérarchique surtout après l'entrevue du palais avec Thor. Puisque la déesse avait clairement fait savoir que les enfers étaient en guerre contre l'humanité, il serait sans doute amené à se battre très rapidement. Il se demandait si le Dieu du tonnerre ne serait pas déjà entrain de rassembler des troupes ? Qui sait, après tout ?

"Ma Reine, pensez-vous que ... la Guerre est proche, au vu de votre entretien avec cet Asgardien ?"

Ce juge des enfers semblait tout aussi intéressant que l'était Perséphone. Sur le papier Alessio semblait ressemblait à Abel. Bien que le jeune spectre avait appris récemment qu'il n'était pas aussi maître en l'art de la manipulation et des fourberies qu'il ne le pensait. Tout n'était que remise en question depuis l'arrivée de cet Asgardien. Le borgne n'avait pas eu beaucoup d'information comprenant que la déesse des enfers n'avait sans doute pas envie de s'étaler sur le sujet. Elle en savait plus.... Bon tant pis ce n'était pas ses affaires après tout !

La conversation s'orienta ensuite sur les Asgardiens mais là encore il n'apprit pas grand chose que ce qu'il savait déjà. Les Asgardiens ne bougeraient sans doute pas ayant récupéré leurs précieux cailloux mais les enfers ? Mephistopheles avait bien noté le petit rictus de son interlocutrice laissant ainsi le champ libre à toutes les suppositions possibles. Une guerre perpétuelle n'est-ce pas ? Très bien.

Dès que l'occasion se présenterait il se rendrait à la rencontre de Thor pour faire exactement ce qu'il aurait du faire lors de leur première rencontre. Le défier pour un combat sans stratégie, sans coups bas. Il assumerait bien évidemment les conséquences d'un tel acte mais il avait le pressentiment qu'il avait besoin de ça pour changer définitivement. Il avait très peu de chance de s'en sortir c'était une évidence toutefois une éventuelle mort lui permettrait de s'éveiller pleinement en tant que Mephistopheles.

"Je sais ce que je veux."

Un sourire sur le visage, il suivit Perséphone. La déesse avait visiblement terminé son office en ces lieux. Pas après pas ils regagnèrent le carosse.