[Libre] Perdue dans la forêt d'Ahies

L'aube aux doigts roses n'étirait pas encore ses bras dans le ciel sombre qu'une silhouette rouge continuait sa progression sur ce chemin sinueux la menant tout droit aux premières marches du Sanctuaire sacré d'Athéna. Celle-ci pourtant marqua une courte pause afin de lever sa tête masquée vers les nues toutes drapées de l'argent des étoiles : oui, la fraîcheur du soir était sur elle, manteau inconfortable dont la jeune inconnue ne se souciait guère en cet instant. Ses pensées étaient ailleurs, tournées vers des contrées plus lointaines. Sa Venise natale lui manquait et ce contre toutes attentes car rien ni personne ne l'attendait. Le seul qui aurait put lui ouvrir ses bras avait péri. Elle se souvenait encore du regard figé de son père adoptif contemplant par delà la Mort. Yeux qu'elle avait elle-même fermé au Monde, avant de le brûler, pourvu que ses cendres s'envolent plus loin encore.

L'étrangère n'avait pas voulut revenir aux Enfers, elle ne s'y sentait pas à sa place, pas après avoir commis un crime si odieux que ses mains seraient à jamais entachées du sang d'une innocente. Théosia, Théosia hurlait sa conscience, son cœur tout gonflé de chagrin.  

Humant l'air, la Sorcière laissa la brise froisser sa chevelure rouge, tranchant le noir de la nuit. Froide et piquetée d'étoiles, mais pas de promesses de bonheur et de sérénité. Pas pour elle. Alors, presque à contrecœur, celle qui se faisait appeler la Mandragora continua son chemin, s'engouffrant sous les frondaisons de grands  arbres peuplant une vaste forêt. Tantôt elle traversait la lumière pour mieux se fondre dans les ténèbres, une pensée lui vint, qui la fit sourire sous le couvert de son masque d’apparat. Les hommes oscillaient toujours entre les deux, fou était celui qui pensait le contraire. Blanc ou noir, il n'y avait que du gris.

« La forêt d'Ahies, hein ? » fit-elle en voyant quelques mots gravés sur le tronc d'un arbre dont les ramures semblaient vouloir percer le ciel d'encre. « Tertre des amants maudits ? »

Ses doigts frôlèrent l'écorce blessée du coutelas de l'amoureux gravant pour son aimée, la certitude d'un amour éternel. Des lettres entrelacées, mais creuses sous son index. Pourtant elle ne riait plus, se perdant encore dans ses songes.

« Pourquoi suis-je ici ? »

Ce n'était pas ici qu'elle obtiendrait l'absolution, aux portes de la Sagesse, celle qu'on disait être la mère de l'Humanité. « Je ne suis même plus humaine, ce qu'il me reste, c'est un cœur qui bat, rien de plus. »

Ce terrible constat lui fit encore plus mal qu'elle l'avait prononcé à voix haute, comme pour clamer sa sentence. Quelques gouttes de pluies trouvèrent un chemin entre les feuilles pour s'écraser contre son masque d'ivoire et glisser lentement telles des larmes sur ses joues figées. Alors, lentement, elle inspira et commença à chanter, laissant sa voix cristalline envahir les environs de notes mélancoliques.

Personne pour l'accompagner, elle danserait donc seule, débarrassée de ses chaussures et tournoyer pieds nus, dans l'herbe parée de rosée. Quel drôle de spectacle la Spectre offrait là, pour l'invisible, gonflant sa robe de satin carmine, offerte par un juge …

Que faisait-elle ici ?

Un inconnu s'autorisa à lui emboîter le pas, s'immiscer dans sa danse. Loin d'en être perturbée, la jeune femme tournoya une dernière fois en calquant les mouvements de celui qui s'improvisait comme partenaire. Un sourire naquit sous son masque, la voix de l'étranger était loin d'être désagréable avec ces notes inconnues, ce timbre légèrement moqueur sans pour autant être insultant. Elle s'arrêta pour regarder en silence deux autres silhouettes ombrageuses approcher. Une jeune femme au regard sauvage et farouche à la peau aux accents de soleil et un autre homme à la chevelure plus rousse encore que la sienne. Tant de flamboyance se dégageait d'eux que la Spectre se senti un bref moment mal à l'aise. Pour une raison qui lui échappait, Maeleene avait l'impression que leurs éclats à chacun, s'unissaient pour la chasser.

La dame aux rouges atours s'inclina poliment dans un bruissement de tissus.

Que devait-elle leur dire ? Sa « prestation » semblait avoir attirée ces personnes sans qu'elle n'en ait conscience. Chanter était devenu une habitude pour l'italienne souvent perdue dans sa solitude. C'était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour tenir éloigné le silence. Que l'on puisse la surprendre ne l'inquiétait pas outre mesure, pourvu que l'on ne lui accorde pas de l'attention. Ce n'était pas le cas maintenant. Joignant les mains devant elle, elle tourna son visage masqué vers l'homme le plus proche.

« D'habitude ce sont les ennuis qui viennent à moi, pas l'inverse. Il faut croire que j'ai un don pour ça. » fit-elle amusée. Puis, avisant des deux autres, la Mandragora leur répondit, amicale. « Je n'ai pas eu l'occasion de m'essayer aux chansons plus … joyeuses, mais, je vous remercie pour ces compliments. Je ne m'attendais pas à un public. »

La belle, enveloppée dans un voile de mystère s'attarda à les contempler tous. Son regard pers brillait de mille feux, à l'instar des étoiles au dessus de leurs têtes. Cachées sous les bras des arbres chargés de leurs feuilles. Pas d'animosité se dégageait d'eux, une première, après les derniers événements qu'elle avait dut subir. La Guerre et le Sang, l'ignorance et le mépris, ces blessures là seraient bien moins faciles à refermer que celles qui constellaient son corps et qui étaient dissimulées aux yeux des inconnus grâce à sa longue robe.

« Vous semblez exténués, voyageurs, et blessés. »

Constata t-elle plus sérieusement en faisant quelques pas dans la lumière de la lune afin de mieux les discerner. Leurs visages étaient marqués par la fatigue, la terre et quelques traces de sang, preuves de luttes récentes. Qui étaient-ils ? Elle se prit à rire de son propre aveuglement en voyant enfin le reflet doré de l'armure de l'inconnu le plus proche d'elle.

« Oh, vous êtes des chevaliers d'Athéna, peut-être êtes-vous capables de m'aider alors, je suis à la recherche d'Alistair, le connaissez … » sa phrase resta en suspend lorsque pour elle tout vacilla. « Je ... »

Le monde semblait s'échapper sous ses pieds : ses jambes se dérobèrent sous elle tandis que ses pensées s'envolaient bien au delà des cieux. Finalement, n'était-ce pas elle qui allait au devant du danger ? À vouloir danser au bord du gouffre on fini toujours par chuter … Inéluctablement.

Pauvre enfant perdue et blessée par la main de la Guerre et des Dieux. Inconsciemment, venait-elle rechercher paix et tranquillité qu'on lui avait trop souvent enlevé ? Le Sanctuaire était le seul endroit où désormais elle pouvait se rendre : l'idée même de revenir aux Enfers faisait naître en elle un sentiment d'effroi si saisissant, que son corps se prit à légèrement frissonner. Entre deux mondes, celui de la conscience et de l'inconscience, Maeleene tentait de garder les yeux ouverts, de s'accrocher aux voix qu'elle entendait, déformées. C'était comme écouter le Monde en évoluant sous les eaux : il y avait quelque chose de beau dans ce semi-silence, cette drôle de clarté vibrante. La Strega prit quelques instants pour se reprendre. Paraître si faible lui était insupportable. Jamais elle n'avait voulut être un petit animal sans défense, sa vie à Venise, loin d'être de tout repos, lui avait apprit à vivre d'une manière plus sauvage, à se débrouiller, toujours seule.

Elle ne l'était pas en cet instant. La prévenance de ces personnes surprenait la demoiselle et la faisait hésiter quant à sa manière de réagir. Méfiance ? Elle en aurait de toute façon.

Ils étaient curieux de savoir pourquoi une demoiselle, toute vêtue de soie rouge, perdue dans la forêt d'Ahiès, était à la recherche de l'un de leur confrère. Ainsi donc, ils seraient susceptibles de l'aider dans sa quête. Seulement, elle se devait de répondre à leurs interrogations. Les éviter ne ferait que naître des doutes, peut-être même changeraient-ils d'avis et s'en iraient sans autre forme de procès. Cette perspective la rendit davantage silencieuse et inquiète. Ce ne fut que lorsque le Saint qui l'avait attrapé entre ses bras la secoua légèrement que son visage masqué se tourna avec lenteur vers lui. Au travers des deux fentes de son masque, l'homme pouvait apercevoir la flamboyance de son regard pers.

« J'ai déjà rencontré Alistair par le passé. Je l'ai rencontré chez moi – elle hésita clairement sur ces deux mots – à Venise et … on peut dire qu'il m'a sauvé la vie. En gage de ma gratitude, je lui avais offert un ouvrage : « Utopia ». Ce livre représentait notre garantie de nous revoir un jour puisque je lui avais promis de revenir le chercher. Vous comprenez, c'est très important pour moi de le revoir. » Elle marqua une courte pause en voyant approcher la demoiselle à qui elle offrit un sourire contrit qu'elle ne sut voir. « Ne vous donnez pas cette peine … Vraiment. »

C'était très aimable de leur part de vouloir l'aider à ce point. Vraiment touchée, la jeune femme s'essaya à se redresser sur ses jambes flageolante : pas très assurée sur ses appuis, elle s'appuya sur le Saint doré, échangeant avec lui un regard désolé.

« Pardonnez-moi, il semblerait que je sois plus blessée que vous. » Prudemment, elle tatonna de sa main valide, ses côtes douloureuses, sa blessure à son flanc et, en rapportant sa main devant son visage, elle grimaça en voyant du sang frais sur ses doigts. « Une côte fêlée, deux cassées, une plaie mal refermée … » énuméra t-elle dans un soupir. « C'est dur de se recoudre soi-même. »

Un petit rire cristallin s'échappa de sa gorge. En une inspiration longue, la jeune femme aux longs cheveux rouges se remit tout à fait debout, quoiqu'un peu en vacillant.

« Je suis une coriace aussi, ça peut attendre ! » fit-elle en jetant un coup d’œil à la seule femme de ce groupe. « Au fait je m'appelle « Mandragora. »

Inquiétés de son état, d'autres questions ne tardèrent pas à pleuvoir sur la Mandragora. Cette rencontre, loin d'être anodine, avait de quoi en effet susciter l'intérêt des Gardiens de l'Humanité ! Rencontrer une jeune dame toute vêtue d'une robe somptueuse, dansant et chantant sous le clair de lune et blessée de surcroît, rien d'étonnant à ce qu'ils soient curieux. La jeune femme était prête à leur raconter son histoire – aussi rocambolesque fut elle – à leur narrer dans les moindres détails, quelle horrible personne elle était. Car sous ce masque, se cachait une meurtrière dont les mains étaient souillées par le sang d'une innocente. D'un autre côté, leur expliquer cette terrible chose, la Guerre qui avait opposé Spectres et Guerriers d'Arès, n'était semblerait-il pas très judicieux, surtout s'ils voulaient l'emmener voir Alistair au Sanctuaire ! Il lui faudrait donc mentir ? En arriver à cette conclusion lui fit mal, car eux c'étaient montrés honnêtes et gentils à son endroit.

Révéler toute la vérité était dans son intérêt. Prête à se confesser, la jeune femme ouvrit la bouche mais aucuns sons ne purent sortir outre la barrière de ses lèvres. Car, soudainement, un homme venait de faire son apparition. Les sourcils froncés, elle le détailla longuement tandis qu'il approchait, son visage se révélant à la faveur d'un trait de lumière argenté. Cette voix, la couleur de cette chevelure, l'intensité de ces yeux rieurs. Se pourrait-il ?

« Mais, bon sang, c'est vous ? » déclara t-elle sous le coup de la surprise. « Non, non rassurez-vous c'est … mon compagnon … d'armes. »

Hasarda t-elle n'ayant jamais trop sut comment s'y prendre pour mentir. Maintenant qu'il était tout proche d'elle, elle en était convaincue : c'était Aratos, Spectre comme elle, du … Balrog dans son souvenir. C'était l'un des deux hommes qui l'avaient entraîné aux Enfers, l'arrachant de Venise et précipitée dans cette spirale infernale de sang, de tuerie et de cendre entremêlés. Grâce à lui, ou à cause de lui, sa vie avait changé pour toujours … le revoir maintenant, ici, éveillait en elle des sentiments contradictoires qui se bousculèrent en elle. Se partageaient la colère, la peur, et une certaine note de soulagement qu'elle n'expliquait pas. Une présence familière ?

Afin de donner de la crédibilité à ses dires, la Mandragora tendit la main devant elle et fit apparaître une rapière de belle facture dont elle fit valser la lame dans les airs. Abaissant celle-ci, pointe vers le sol, elle se tourna à demi vers Altia qui, selon toute vraisemblance, paraissait reconnaître « son compagnon d'armes. »

« Êtes-vous sûr ? D'ordinaire il porte un masque afin de protéger son visage qu'il juge fort laid. On forme un sacré duo à Venise, pendant le Carnaval, c'est de là que nous venons d'ailleurs, mais nous avons été attaqué sur le chemin et séparés. Je le pensais reparti chez lui, peu enclin à me suivre pour retrouver Alistair … » Maeleene passa un bras autour de celui de l'Ibère lui lançant à la dérobée un regard lourd de reproches. « Mais il semblerait qu'il ne peut plus se passer de moi ! »

Elle ria légèrement, se surprenant à jouer si bien la comédie. Déjà, elle s'en voulait de leur mentir. « Mais je vais le laisser se présenter comme il se doit ! » Puis se tournant vers la jeune femme et Milan. « Comme vous l'aurez remarqué, je dispose de quelques dons, comme vous, mais je suis en plus … une sorte de guérisseuse. Certains « chez nous » vont même jusqu'à dire que je suis une Sorcière … C'est aussi l'une des raison pour laquelle je cache mon visage. J'en ai fais une sorte d'habitude. »

D'un coup, face à l'intense douleur qui irradia partout, sa mâchoire se crispa. Aratos dû sentir lui aussi sa main enserrer son bras avec force, son corps s'affaissant légèrement sur lui dans ce bref moment de faiblesse.

« Les Sorcières restent dangereuses cher Milan, ne l'oubliez jamais. » Le son de sa voix semblait quelque peu changé, plus grave aussi. Mais, après avoir déclaré cela sans préambule, la dame s'était tut.

Se draper du rôle d'illusionniste était brillant, son compagnon avait un certain talent dans cet art qu'en cette époque, on qualifiait fort volontiers de mondain. Les grands de ce monde n'avaient de cesse d'obéir – de son propre chef ou non – aux Lois du Être ou Paraître. Même si maintenant, cette scène s'approchait plus d'une Comedia del' Arte qu'autre chose. Ou bien une tragi-comédie ? La suite le dirait probablement.

Celle qui se faisait appeler Mandragora écoutait plus qu'elle ne répondait, hochant de temps en temps la tête. Son silence pourrait être aisément mit sur le compte de ses blessures rouvertes ou d'un malaise qu'elle feignait à la perfection. Ou qu'elle aurait voulu feindre. Cette sensation vacillante ne la quittait plus, preuve indéniable qu'elle manquait de sang, et de repos. Puis, contre toute attente, alors qu'ils devaient fournir des réponses, encore, une apparition salutaire et inespérée se profila, faisant se relever la jeune femme. Maeleene, sous le coup de la surprise, avait attraper la main de son « gardien » en serrant très légèrement de sorte à ce qu'elle lui fasse passer un message silencieux : ne rien tenter de stupide, la laisser parler, la laisser faire.

Il n'était pas l'heure de retourner à « Venise ».

Pas maintenant qu'elle avait sous les yeux, l'objet de ses recherches. Alistair était pareil à son souvenir, avenant, souriant, tout ce qui pouvait faire de lui un bon Chevalier comme on se les imaginaient jadis. Le blanc chevalier droit et fier s'enquit de la situation avant de se concentrer sur la jeune femme qui n'avait pas bougé d'un iota. Lui, plus que quiconque, pourrait comprendre le subterfuge. L'inquiétude qui flottait dans son regard ne lui échappa pas. Tout comme le fait qu'il la nomme par son prénom véritable. Maeleene, l'enfant de la Lune. Sans doute ne l'avait-il pas fait exprès, mais la voici comme mise à nue.

Elle attendit alors qu'Alistair ait finit de s'exprimer, s'adonnant à des pérégrinations, hypothèses à haute voix, pour porter sa main à son visage, frôler ses joues pour commencer à dénouer les lacets de soie qui retenaient son masque. Elle le laissa choir à ses pieds nus, dans la terre meuble et verte.

« Alistair, ça faisait longtemps. » Elle ne présenta pas son ami à ses côtés, s'ils l'oublient, sans doute était-ce mieux, moins dangereux pour lui. « Eodin est mort. Il a été assassiné. »

Sur cette annonce, et son visage découvert, il fut impossible pour les autres qui l'écoutaient – hormis au jeune rouquin qui s'en allait – de ne pas voir sa souffrance. La douleur que l'on pouvait lire dans son regard pers. Celui-ci glissa vers Aratos, lui intimant la prudence.

« Je suis effectivement venue te voir pour te demander conseil, le livre, tu t'en doute, n'est qu'un prétexte pour organiser cette rencontre. Et je me suis perdue, j'ai fais preuve de négligence avec mes blessures récentes. Mais il n'y a pas matière à t'inquiéter, vous avez dans votre caste, des personnes incroyablement dévouées. »

Elle offrit un petit sourire à la demoiselle masquée ainsi qu'au chevalier d'or restant. Prise d'un autre vertige, la Mandragora reprit place sur cette souche où son « compagnon d'armes » l'avait assise tout à l'heure. La dame écarlate avait récupéré son masque qui désormais, trônait entre ses mains. Elle regardait ce visage lisse et froid, dénaturé, inhumain et songea qu'à présent qu'elle offrait toute son humanité, qu'allaient penser les autres d'elle ?

Maeleene se sentait lasse, et cette lassitude pesait aussi bien sur son cœur que sur son âme. Quelque chose ou quelqu'un lui intimait de rentrer immédiatement aux Enfers. Si l'idée d'évoluer de nouveau dans les terres infernales lui était insupportable, une autre part d'elle-même y aspirait. Elle glissa un regard à Aratos qui, depuis l'arrivée du Taureau, s'était montré très silencieux. Bien qu'en temps normal la Sorcière Rouge aurait aimé continuer plus avant ces retrouvailles, une force invisible la poussait à se détourner de la lumière.

Les ombres l'appelaient, il était temps de les étreindre et d'accepter son destin. N'y avait-il plus aucunes échappatoires pour la Strega ?

Un vague sourire contrit se dessinait peu à peu sur se visage galbe et avenant, doux, à n'en point douter. Seulement, un voile de ténèbres le recouvrait à mesure que cette vérité faisait force dans son sein. La Voix des Morts la rappelait auprès de lui. Interdite, l’œil triste Maeleene fit ses adieux à l'ancien Taureau d'Or.

« Nous nous retrouverons Alistair, mais j'ai peur de devoir rentrer, mes blessures vont attendre. Au revoir mon ami. » S'approchant de lui, elle se mit sur la pointe des pieds pour effleurer sa joue de ses lèvres. « Adieu. »

Le cœur lourd, la jeune femme s'éloigna, intimant d'un geste l'autre Spectre à la suivre. Devait-elle en faire une habitude ? Devait-elle se séparer de tout ce qu'elle chérissait ? Devait-elle se séparer de son humanité ? S'abandonner tout à fait aux bras de la Nuit ? Avançant d'un pas hâté par la douleur, la jeune femme à la flamboyante chevelure ne chercha pas à cacher ses pleurs. Une après l'autre, les larmes se succédaient pour dévaler la colline de ses joues pâles, de ses yeux clairs, pareils à un ciel d'été, jusqu'au bord du vide où elles devaient valser.

Elle savait qu'à présent elle allait devoir mourir.

=> Les Enfers