Sujet: [Aedan, Childéric et Nimuë] Réunir les fragments d'humanité [TERMINÉ] Mar 31 Mar 2020 - 19:10
Un nom
=> Irlande
J’ai rejoint l’océan, mais ses bras ne m’ont pas réconforté. Malmenée par ses heurts, je me débats dans un combat au combien salutaire. Je fais naître une tempête aux abords de Salamine. J’ai reconnu ses côtes et le désespoir m’a pris. Étreinte par ma Bête, je fonds en elle et elle me dévore sans attendre. Les vagues mugissent et se cognent contre les récifs, le vent se lève, mais ce n’est pas pour porter avec lui, un message aux douces promesses. J’incarne cet aspect divin qu’Endymion m’a confié, le détourne comme une arme que j’utilise, aveugle et blessée, contre des ennemis imaginaires. Je suffoque, j’agonise, incapable de me maîtriser. L’eau m’enveloppe plus étroitement et je me laisse aller, gangrenant les eaux d’un noir d’encre. Les ombres des monstres marins entrevues dans mes voyages avec le Messager semblent bien réelles, cette fois. Plus tangibles, que mes mains les frôlent pour en dompter la fureur. Une erreur, car elle alimente la mienne, déjà assoiffée. La Bête attaque et ses morsures ouvrent des plaies béantes dans mon âme.
Les souvenirs se succèdent, les rêves s’effacent, j’ouvre les yeux.
« Tu es un poison. »
Lucius me contemple dans le noir, il m’invite, d’un sourire à le rejoindre. Je le chasse, le tue à coups de crocs et de griffes. Je redeviens la Sirène Maléfique après la Sainte empoisonnée. Je récolte les bris de mes cauchemars. « Apprends-moi à rêver. » Il n’est pas là. Trois jours. Je ne sais pas si je pourrais attendre, prétendre à respecter mes promesses. Je sens un nouveau poids contre ma paume. Un triskèle ? Celui donné aux Enfers, pour Elle.
« Athéna ? »
Je m’immobilise parmi l’écume. Je serre ce fragment imaginaire contre moi. M’abandonne. Je ferme les yeux. Mon corps est rejeté sur la plage.
« Aedan ? »
Je souffle ce nom qui revient dans mon esprit, comme un chant ancien. Je l’appelle, lui, car nous avons tutoyé les mêmes abysses ténébreux.
Dernière édition par Nimuë le Mar 14 Avr 2020 - 17:28, édité 3 fois
Sujet: Re: [Aedan, Childéric et Nimuë] Réunir les fragments d'humanité [TERMINÉ] Sam 4 Avr 2020 - 14:11
~ Atlantis
Une plage. Une mer agitée. Véhémente. Furieuse, elle déverse sa rage au rythme d’une mélodie oubliée. Divine. La tempête fait rage et un corps demeure balloté dans sa colère. Mon regard accroche cette silhouette qui m’a appelé, allongée sur le sable, rejetée par les embruns. Elle demeure là, silencieuse et prostrée, tel un enfant venant d’être enfanté. Elle respire. Lentement, je m’approche, m’approche de cette enfant échouée qui semble si blessée. Je la laisse percevoir ma présence avant de m’agenouiller à son côté, glissant une main apaisante dans une chevelure d’oriflamme afin de dévoiler un visage affligé. « Et bien, te voilà en bien triste état, Partenaire. » Ma voix est douce, se fait souffle alors que je constate de son état.
La femme fière et forte entrevue aux enfers a laissé place à son pendant plus frêle. Une sirène aux bien sombres rémiges rejetée par les eaux glacées. Glacé comme peut l’être son corps à cet instant et comme finira par être le mien si nous demeurons trop longtemps là.
« Viens. Mettons nous à l’abri. » Doucement, en des gestes précautionneux, je l’aide à se redresser et échapper à la morsure d’une mer trop agitée. Elevée en hérault de sa propre fureur. Je la guide jusqu’à une grotte qui fera un abri suffisant contre les éléments déchaînés. Elle est à peine assez grande pour que je me tienne debout en son sein, néanmoins, cela importe peu pour l’heure. Peu profonde, je nous y enfonce au maximum de mes possibilités avant de m’y installer, invitant ma partenaire à faire de même. Trempée, la robe dans laquelle elle s’est parée ne l’aidera nullement à se réchauffer aussi, d’une incantation muette, un vent tiède s’élève, s’enroulant autour de nous. Il se fait caresse apaisante et si nos vêtements n’en seront pas totalement secs - les miens davantage que les siens -, cela aura l’avantage de nous réchauffer et de libérer davantage l’humidité des tissus. « Ce sera un peu mieux ainsi. » Un sourire accompagne mes mots alors que je fais naître au sein de notre humble abri, un feu alimenté de ma propre énergie.
Posée à son côté, je viens passer ma main sur son épaule rougie pour apaiser la morsure d’une blessure. Une douce chaleur vient s’épanouir dans son corps. Une épaule démise et replacée, je dirai. Ma voix est douce lorsque je reprends à son adresse. « Alors que t’es t-il arrivé mon amie pour te retrouver ici dans cet état ? »
Sujet: Re: [Aedan, Childéric et Nimuë] Réunir les fragments d'humanité [TERMINÉ] Sam 4 Avr 2020 - 15:55
Elle gronde
Il bat. Furieusement, au rythme de la danse que j’ai imposée à la mer. Il bat. Douloureusement, j’en viens à souhaiter ne plus l’entendre. Il bat. Et je ne peux rien y faire, j’ai promis. Mais les promesses ont-elles encore un sens ? L’honneur revêt-il encore un quelconque intérêt à mes yeux ? Plus rien n’a d’importance, je ne sais plus faire la différence, démêler le vrai du faux, de l’outrage, de la colère, de la déraison et puis le reste. Mon cœur, il bat. Furieusement, douloureusement et pourtant, je veux partir. M’abandonner, échouer, ne plus jamais rien ressentir.
Elle m’assassine. M’impose sa mélodie, gronde. Cette Bête immonde qui me porte sur le seuil de la folie. Mon esprit ne parvient plus à s’accaparer un bout de territoire. Penser le contraire serait bien illusoire. Mes mains s’enfoncent dans le sable, cherchent à quitter l’écume, à arracher la douleur. Mes forces s’épuisent bien vite, ma fureur, pourtant, elle, reste intacte. Je me laisse chuter et je me recroqueville. Il bat. Je ne le veux pas.
Accaparée toute à ma douleur, je ne sens sa présence qu’une fois qu’il découvre mon visage de son rideau de cheveux roux. Mes prunelles s’entrouvrent : en elles résident cette promesse dangereuse d’une rage qui couve. Dans le lointain, le grondement du tonnerre.
La pluie tombe sur nous, témoin des larmes que je ne parviens pas à relâcher. Emprisonnées, elles vont peut-être éteindre ce feu rageur ?
« Aedan ? »
Je semble surprise de le trouver ici. Je n’ai plus conscience que je l’ai appelé. Je le laisse me guider, ferme les yeux, harassée. Il bat. Elle mord. Mon cœur, ma Bête. Faites que cela s’arrête !
« Aedan… » soufflé-je en papillonnant des yeux, en avisant à peine de l’endroit où nous nous trouvons. Cette chaleur douce… si familière… me réchauffe et me rassure. Ma tête se tourne vers le druide, sa main qui effleure mon épaule. C’est doux… la douleur s’apaise. « Aedan… »
Ma gorge se serre et, telle une enfant, je vais quérir une étreinte, enfouis ma tête contre son torse. Il bat. J’entends son cœur et sa danse m’apaise. Je pleure ainsi, en silence de longues minutes sans m’arrêter. Mes épaules finissent par cesser de tressauter.
« Je me souviens… je me souviens de toi, je crois. »
Parce que je ne suis sûre de rien. Parce qu’il bat et que ma Bête gronde. Parce que les rêves ne durent qu’une nuit et que je ne suis sûre de rien.
« Je ne suis plus celle que j’ai été. Je ne sais plus ce que je suis et je ne sais pas si je veux continuer à faire semblant. »
Les mots se bousculent, s’échappent de mes lèvres, je ne contrôle plus rien, je crois qu’il n’y a aucun sens dans mes paroles. Mais tant pis, je continue quand même.
« Je ne sais plus rêver, le Lion doit m’apprendre. Je me fiche pas mal des bijoux. Je ne veux pas être ce qu’Endymion attend de moi. Je crois en la liberté pourtant elle m’est inaccessible, toujours. J’ai mal… de cela j’en suis sûre. La Bête en moi… elle me le dit… J’ai mal et je suis en colère et je n’arrive plus à la contrôler. Pourquoi ? Pourquoi suis-je revenue ici ? Je pensais que Kalen m’aiderait… mais il est parti. »
Roule dans ma gorge un grondement qui n’a rien d’humain. Celui d’un animal blessé prêt à mordre. Il bat. Elle gronde. J’ai mal.
Sujet: Re: [Aedan, Childéric et Nimuë] Réunir les fragments d'humanité [TERMINÉ] Sam 4 Avr 2020 - 17:15
Une enfant. Oui. Elle ressemble à une enfant perdue, égarée dans un monde devenue trop grand. Hagare, elle observe sans voir, murmure mon nom telle un mantra. Un appel. Répété. Désespéré. Les larmes trop longtemps contenues viennent finalement rouler sur ses joues alors qu’elle enfouit son visage contre mon torse, requérant une étreinte que je lui offre volontier. Une enfant. Je viens tendrement caresser la chevelure d’oriflamme, calmer d’un fredonnement un coeur sauvage qui s’éteint. Père, je connais bien ces gestes. Usuel pour apaiser une terreur d’enfant.
Un sourire accueille ses premiers mots. « C’était il y a longtemps à présent et j’ai beaucoup changé. » Une façon de lui signifier que cet oubli n’était nullement malvenu. Moi même ai-je mis du temps avant de la reconnaître finalement. Les mots se bousculent à ses lèvres, s’échappent comme autant de preuve de son trouble, de cette rage tapie que j’ai pu ressentir. La Bête. Je laisse ses paroles s’échouer telle une mer tempêtueuse. Certaines me sont obscurs, trop vagues ou trop incomplètes, mais d’autres par contre se font criantes d’une vérité trop longtemps tûe. Endymion. L’hôte de Poséidon. Son rôle. Voilà une prêtresse bien troublée…
Qu’avez vous donc fait pour ainsi la briser...
Je suis un guérisseur. Il est dans ma nature de soigner le mal qui afflige, quand bien même ce dernier est-il si différent de celui plus coutumier du commun. « Si tu es venue ici, c’est que cet endroit signifie quelque chose pour toi. Qu’ici se trouve quelque chose que tu recherches. » Une évidence. Ma voix demeure égale, douce à l’image d’un père parlant à son enfant. Patient. Je peux l’apaiser. Apaiser la morsure de son mal, néanmoins, je ne pourrais le faire disparaitre totalement. « Je peux t’apaiser, calmer cette souffrance qui te ronge. Un temps. La rendre moins violente, néanmoins, je ne peux la faire disparaitre Nimuë, tu es la seule à le pouvoir. » Je lui offre un sourire qu’elle ne pourra probablement pas voir au vu de sa position. « Mais je pourrai t’y aider pour cela aussi. Je suis toujours un guide après tout. » Le Merle. Quand bien même sa nature a t-elle évoluée avec les années.
Mes doigts viennent glisser dans les siens, attrapant ses mains. « Redresses toi mon amie et fermes les yeux. Concentres toi sur ma voix et laisse la enfler en toi. » Un chant ancien s’échappe de mes lèvres, une incantation oubliée alors que le merle vient se glisser en son sein, s’installer dans son être. Son babillement chuchoté se meurt au creux de son coeur, enveloppant de sa présence le mal qui l’habite. Une bien fragile barrière face à un regard si éreinté. Elle ressentira sa présence si elle se concentre sur la Bête. Il ne combat pas non, seul ses ailes le recouvre, affaiblissant son étreinte.
Une part de moi.
Ma voix se meurt, un sourire contrit couvre mes lèvres. « Pour l’heure, je ne peux faire mieux. Le Merle restera à tes côtés et sa présence t’aidera à mieux supporter. Néanmoins, il ne combattra pas. Ce n’est pas son rôle. » Ce n’est pas le mien.
Sujet: Re: [Aedan, Childéric et Nimuë] Réunir les fragments d'humanité [TERMINÉ] Dim 5 Avr 2020 - 15:17
Rêve
Tandis que ses doigts se glissent dans ma chevelure, je me souviens. Je me souviens de la Lune et du Soleil, du babillement du Merle, éploré de perdre sa tendre moitié. Et moi, incapable d’arrêter les Fomoires. Échouer, encore, impuissante, toujours, à sauver ce qui doit l’être. Je me crispe, me fustigeant intérieurement. La douleur m’accable mais j’essaye de redresser la tête. Oui, tout ceci date d’un lointain passé. Aujourd’hui Aedan, comme moi, arpentions un chemin bien différent. Moi en tant que Prêtresse et lui en tant qu’Arcane. Rappelés, tous deux, au service de Poséidon. Je me rappelle de la propre souffrance d’Endymion qu’il a manifesté et qui résonne, fait écho à la mienne. Il compte sur moi, lui aussi. Je dois revenir à la raison. Enfin, j’écoute et laisse les ailes du Merle m’effleurer l’âme. J’écoute et je ressens la Bête se retirer. Elle semble comprendre qu’il n’est pas une menace et tolère sa présence. Je me redresse.
Ma gorge se serre. Salamine. Je fais quelques pas pour regarder au-dehors. La pluie continue de tomber. Je m’assois sur le sol pour écouter son chant, l’eau frapper la pierre. Ajoutée au crépitement des flammes, la mélodie du Merle me rassure. La douleur et la colère s’apaisent. Je respire. Après un temps, je tourne la tête vers l’homme aux cheveux blancs.
« C’est ici que je suis morte. Tu vois les ruines là-bas ? C’était une ancienne église… je m’étonne d’ailleurs qu’ils n’aient rien construit à la place… depuis tout ce temps… »
C’était comme si cet endroit avait été sanctifié, qu’une force avait poussé les hommes et les femmes à respecter ce drôle de théâtre où avait vu naître un lien entre deux personnes. Une clef. Mais ce n’est pas réellement là-bas que je suis partie.
« Enfin… disons que c’est ici que je me sens le mieux. Qu’une partie de moi réclame. »
Ma main se porte à mon front.
« Depuis mon retour, j’ai l’impression que mon esprit ne m’appartient plus. Tout se mélange, je ne sais plus ce qui est vrai ou faux. Comme si… quelqu’un s’amusait avec mes souvenirs. Et cette colère, cette Bête, elle a surgi de nulle part. Je ne comprends pas. »
Je ramène mes genoux contre moi, y dépose mon menton. Mon regard se perd dans l’immensité de l’océan, toujours sombre, à l’image de mon humeur. « Je suis si fatiguée, Aedan. » Mes yeux se ferment. Pas ma voix, ni mon cœur. Il bat. « J’essaye de trouver des réponses mais plus j’avance, plus le noir se fait. J’ai oublié tellement de personnes, je ne sais plus qui croire. Et j’en viens à penser qu’il aurait été plus simple que je reste là où on m’a plongé. Je ne voulais pas revenir. Et j’en veux à Endymion. »
Et je ne devrais pas.
« Pourtant… il compte sur moi. Mais j’ai peur d’être plus un poids qu’une aide dans son combat. »
Il a pourtant un si beau rêve… où est passé le mien ?
« Et toi Aedan ? Quelle force t’a poussé à servir le Seigneur des Flots ? »
Sujet: Re: [Aedan, Childéric et Nimuë] Réunir les fragments d'humanité [TERMINÉ] Lun 6 Avr 2020 - 16:16
Silencieux, je l’écoute reprendre le fil de notre conversation. Répondre à mes questions. Son regard c’est perdu dans les embruns, contemplant la fureur de ses prunelles éteintes. Je l’imite, attentif cependant aux mots utilisés, à l’attitude de ma comparse éreintée. Morte. Mes prunelles mordorées la contemple, se posent sur elle avec la force des âges. Cette marque…Cette même marque. C’est donc elle que j’ai ressenti marquer son âme. Si semblable à celle que je porte… Je la laisse continuer sans mot dire, toute à sa confession, je n’ai nul besoin de poser davantage de question pour l’heure. Juste écouter. Seulement observer.
Observer l’enfant brisée qui s’éteint faiblement. Cette tempête qui couve en elle ne fait que davantage l’affaiblir. En voilà une triste image qu’il ne me plait guère de contempler. Qui me rappelle aussi, un chemin que j’ai pu arpenter. Ô, c’était il y a bien des années… Voilà ce qu’il advient lorsque l’on revient sans rien.
« Cela aurait été plus simple, sans nul doute. Pourtant, tu es là aujourd’hui, à mes côtés. Et j’en suis heureux car je peux enfin te remercier, après toutes ces années, d’avoir combattu à nos côtés. » Mon sourire est sincère, doux sur mes lippes, car c’est là un aveu réel que je lui fais. « La vie trouve toujours un chemin Nimuë. Elle trouvera un chemin jusqu’à toi. J’en suis un bon exemple. » Mon sourire se fait plus amusé à ces mots. Après tout, lorsque nous nous sommes séparés, il y a si longtemps que cela me semble être une autre vie, n’étais je pas moi aussi ainsi brisé ? Désespéré.
Cela ressemble à un rêve. A moins que cela ne soit ma vie actuelle qui n’en soit un.
« L’amour, quoi d’autre aurait pu me pousser dans cette voie ? » Je m’en amuse, là où mon épouse m’aurait probablement fustiger, une fois de plus. Mon regard vient se perdre à l’extérieur, contemplant la tempête. Elle aurait pu être à son image également. C'est néanmoins de la tendresse qui vient se glisser sur mon visage. « J’ai erré longtemps au gré des vents, parcourant les ères et les royaumes, jusqu’à ce que mon chemin ne croise celui de celle qui est devenue mon épouse. Elle est une héritière Atlante et même si elle rechignait à écouter l’appel de son sang, disons que son choix était assez limité. » Nul besoin d’entrer dans les détails de cette fuite qu’elle avait depuis des années élevé au rang d’art. « Et je l’ai suivi en passant un marché avec celui que tu appelles Endymion. Elle m’a beaucoup crié dessus après cela. » Ma voix est clairement amusée à la fin de mes paroles, néanmoins, je me détourne sur ma comparse, la contemplant avec plus de douceur.
« Je te l’ai dit, la vie trouve toujours son chemin. Néanmoins… » Ma main vient se poser sur sa tempe, dégageant une mèche flamboyante de son visage. Un éclat de cosmos. Brisée. Une âme morcelée. La peine se glisse sur mon faciès. « Il a été bien rude avec toi. Beaucoup trop rude. Tu as besoin de temps et de repos pour rassembler les fragments éparses de ton âme. Du temps qu’il ne t’a pas accordé au vu de ton état…» Au vu du rôle qu’il lui avait alloué. Il y a des règles avec lesquelles il ne vaut mieux pas jouer. Même pour un Dieu.
« Je peux te le donner, ce temps, ce repos dont tu as besoin. Es tu prêtes à t’en saisir ? » Ma main se tend vers elle. C’est à elle de choisir.
Sujet: Re: [Aedan, Childéric et Nimuë] Réunir les fragments d'humanité [TERMINÉ] Lun 6 Avr 2020 - 17:04
Du Temps
Je ne peux pas voir le sourire qu’il m’adresse mais je l’entends dans la musicalité de ses mots. Reconnaissance. Mes mâchoires se crispent. Pourtant, ce combat-ci, j’ai la conviction que nous l’avons perdu. Un amour sacrifié, un rêve brisé, seulement, Aedan a trouvé la réponse. La vie trouve toujours un chemin. Je veux tant y croire, m’accrocher à cela mais tout est si sombre, sans espoir. Je l’écoute, sans savoir quoi lui rétorquer en retour. Ne dit-on pas que le silence peut être aussi éloquent ? Je suis surprise et heureuse de constater que le druide a su redresser la tête, trouver une raison de vivre. Un nouvel amour. Mon cœur se serre, mes paupières se froissent, mon regard se plonge dans le sien.
« Je peux la comprendre, il est dangereux de traiter avec un homme tel qu’Endymion. »
Nul reproche dans mes paroles, un simple constat. L’hôte de Poséidon pouvait se montrer d’une redoutable persuasion. Je le connais si bien, mon ancien Second. Prise dans mes rêveries je tressaille légèrement lorsque sa main vient toucher mon front pour en chasser une mèche carmine. Mes yeux se troublent, c’est un choix qu’il m’offre.
« Du temps… »
N’ai-je pas déjà dormi des siècles en ce but ? Non, ce repos-ci serait bien différent. Une échappée, un moyen de reconstituer mon Rêve et dompter cette Bête tapie, personnification de ma colère. Un nouveau combat. Suis-je seulement prête ? Alors que le doute m’accable, une infime partie de moi me murmure d’accepter. Le babillement du Merle m’apaise. Je souris.
« J’ai confiance en toi, partenaire. Je te confie mon corps et mon esprit. Tu… tu m’excuseras auprès d’Endymion. »
Il n’y a pas que ce nom qui vient à mon esprit. Je me relève, glissant mes doigts dans ceux du druide.
« Je suis prête. »
Une lueur résolue s’oppose à celle, plus triste, d’Aedan. Je dois réapprendre à rêver. Ma poigne se resserre quelque peu.
« Quelqu’un… quelqu’un doit me rejoindre ici. Il se nomme Childéric. » Ma Bête s’agite de nouveau. « Tu pourras le laisser me voir. »
J’ai promis au Rêveur de le laisser être à mes côtés. Et puis il y avait le Passeur d’Âme. Mes épaules s’affaissent. Et d’autres… Les larmes se bousculent et chutent sur mes joues. Ce voyage ne serait pas sans retour.
« Merci, Aedan. »
Je trouverai le chemin. Quoiqu’il m’en coûte. Libre. Je le serai, à la fin.
Sujet: Re: [Aedan, Childéric et Nimuë] Réunir les fragments d'humanité [TERMINÉ] Lun 6 Avr 2020 - 21:13
« Un danger que je suis prêt à risquer pour demeurer auprès des miens. » Le prix à payer. Je ne suis pas sans l’ignorer. Ma voix n’en demeure pas moins douce, simplement sincère. Un sourire amusé vient ourler mes lèvres lorsque je reprends, un rien facétieux malgré la situation peu amène. « J’ai la mauvaise habitude de n’en faire qu’à ma tête. C’est un trait de mon caractère qui a tendance à la rendre folle. Je pense que tu pourrais bien t’entendre avec elle. » Réellement.
C’est à présent à elle de choisir. A elle de composer avec l’offre que je lui soumets. Une offre qu’elle finit par accepter après une introspection nécessaire. Un choix. Sa confiance me touche, je dois bien l’avouer. Finalement, nous nous connaissons bien peu pourtant… c’est un sentiment tout autre qui demeure en moi alors que je lui souris, acquiesçant à ses mots. A cette confiance qu’elle m’offre, saisissant la main que je lui tends. « Je prendrai soin de toi, sois sans crainte. Tu ne seras pas seule cette fois. »
Le Merle demeurera à ses côtés.
La lueur résolue dans son regard me rassure. Brisée, elle l’est sans aucun doute, mais elle n’est pas encore vaincu. Finalement, il reste un espoir en elle. Un espoir encore aveugle à ses prunelles mais qui demeure. S’accroche. Au coeur de la tempête, la lumière s’entête malgré les larmes qui dévalent la courbe de ses joues. « Je l’attendrais alors. » Childéric. Un être qui lui importe, qui pourra l’accrocher à cette vie.
Mes bras viennent l’éteindre, essayant d’apaiser ses larmes qui ne cessent de couler malgré son remerciement. « Une part de moi restera à tes côtés, saura te guider. Ce temps t’appartient à présent. » A elle de le saisir pleinement. Cela sera différent. Différent de ce que j’ai moi même vécu et pourtant… Si semblable d’une certaine façon. Ma main vient glisser dans ses cheveux, apaiser un mal, endormir un être. Le geste d’un parent pour son enfant. Si semblable. « Codladh mo chara. Go mbeadh d’oíche milis. *» Un dernier murmure avant que mon sort ne lui offre la délivrance des ténèbres.
Elle demeure entre mes bras un instant de plus avant que je ne vienne l’allonger dans notre abri de fortune, ôtant mon manteau pour le glisser derrière sa tête. Sa respiration apaisée vient ourler mes lèvres d’un sourire bienveillant. Ce temps sera le sien à présent. Uniquement à elle. Et à moi d’attendre. *Dors mon amie. Que ta nuit soit douce.
Sujet: Re: [Aedan, Childéric et Nimuë] Réunir les fragments d'humanité [TERMINÉ] Mar 7 Avr 2020 - 17:22
Trois jours… Ils s’étaient tous les deux donné rendez-vous dans trois jours. Sur l’île. Mais de quoi se souvenait-elle exactement ? Pourquoi avait-elle choisit cet endroit parmi tant d’autres ? Elle devait savoir ou du moins elle devait commencer à se souvenir, mais il ne savait pas vraiment quoi elle pourrait se souvenir. A vrai dire, il était difficile pour lui de se rappeler aussi. Mais au moins, il pouvait sentir l’ordre se refaire dans son esprit. Elle lui avait rendu sans le vouloir ce dont il avait besoin et il pouvait maintenant jeter un regard différent sur le monde qui se présentait à lui. Il avait donc passé ces trois jours à redécouvrir une nouvelle fois la cité hors des flots et le monde sous-marin. Plus de trouble il était sorti du brouillard.
Il n’eut pas trop de mal à trouver une embarcation pour l’amener sur l’île de Salamine. Près d’Athènes et sur les côtes grecs cet endroit n’était pas trop compliqué à accéder. La tempête par contre, avait compliqué son arrivé et il avait dû batailler contre les éléments déchaînés. Au moins, il savait qu’elle l’attendait sur l’île mais dans quel état ? Il y était déjà retourné une fois par le passé, sur cette île. C’est vers là que ses pas l’avaient traîné après la défaite des forces du maître des mers. Il y avait pu revoir là les moments du passé et trouver le premier des fragments qu’il lui faudrait retrouver pour être de nouveau complet. Le premier élément du mystère de ses souvenirs et de celui qu’il avait été. Maintenant il était au moins fixé sur ça, il avait l’impression d’avoir perdu le côté de lui qui sombrait dans le vide. Oui, il avait l’impression maintenant d’être lui a défaut d’être entier.
Il accueillit les rivages de l’île avec nostalgie. Beaucoup de choses avaient changé par rapport à ses souvenirs mais il savait parfaitement où irait la retrouver. Il n’avait qu’à laisser ses pas le guider vers l’église en ruine. Un vestige écho à leur vie à tous les deux. Jadis fier et debout, cette église n’était plus que l’ombre de ce qu’elle avait été, prêtre à être reconstruit, d’une façon ou d’une autre. La pluie et la tempête battent toujours leur plein. Il ne la trouve pas et soudainement, il entendit un écho semblant l’appeler. Une musique qu’il reconnaît mais qu’il n’a pas entendue depuis longtemps, une musique différente de la sienne mais qu’il savait jadis compléter. Cette mélodie guida ses pas sur la grève et il finit par trouver le petit renfoncement rocheux qui lui avait échappé.
Il y vit deux formes, un homme qu’il ne connaissait pas et une forme qu’il aurait reconnue entre mille. Elle était cependant allongée, comme endormi. Jadis, son sang n’aurait fait qu’un tour et sa bête aurait demandé son tribut de sang savoir ce qu’il avait devant lui. Mais il avait marché bien des chemins maintenant et arpenté bien des rêves. Il n’était plus celui qu’il était jadis. Il s’avança doucement, faisant un peu de bruit pour s’annoncer.
« - Tu l’as endormie non ? Elle en avait besoin... »
Que pouvait-il d’autres ? Il savait le poids et le prix du temps. Il savait la danse qu’elle livrait contre les ombres et elle-même. Il savait, en tant que rêveur et en tant que soldat, que chaque moment de repos qui nous était offert, il fallait le prendre. Il savait aussi ce qu’elle avait à l’intérieur d’elle. Il pouvait sentir cette bête dans son coeur presque aussi certainement qu’il pouvait sentir la sienne ou du moins les restes de cette dernière. Le géant dégoulinait d’eau et avait l’air plutôt ridicule dans ses vêtements complètement trempé.
« - Je suis Childeric, nous étions censés nous retrouver sur cette île. La tempête m’a un peu retardé… Je suppose que tu es un de ses amis ? »
Sujet: Re: [Aedan, Childéric et Nimuë] Réunir les fragments d'humanité [TERMINÉ] Mar 7 Avr 2020 - 18:05
Ailleurs
Il bat, plus doucement. Elle gronde, plus faiblement. Ne reste plus que la musique de la pluie, le doux sourire d’Aedan que je capture avant de me laisser submerger par des ténèbres rassurantes. Je n’entends pas la voix de Childéric. Les sensations se confondent, je suis emportée ailleurs.
***
Un épervier surgit, froissant le silence de ses ailes. Il se pose sur le corps de la Prêtresse, l’observe un moment avant de poser son regard sur Aedan. L’oiseau de proie s’ébroue, saute au sol et entame sa métamorphose. Un homme drapé d’un manteau de plumes noires s’appuie sur un bâton, darde encore ses prunelles ambrées et inquisitrices dans celles du druide aux cheveux blancs.
« Te penses-tu capable d’endosser pareil rôle, mon neveu ? » Sa mine n’exprime qu’un sombre avertissement. « L’Enfant approche, sans compter celui-là dont l’essence est trouble. Voyageur perdu… »
L’extrémité de son appui se pare d’un halo flamboyant. Il révèle les traits fatigués du rêveur. L’homme-oiseau frappe par trois fois le sol, ravive le feu qui fait danser des ombres inquiétantes sur les murs de pierre.
« … tu es lié au Chasseur Aoden. » Une affirmation et non pas une question. « Calmer les tourments d’un cœur enraciné entre les serments du Soleil Noir c’est attirer le regard de Lilith. C’est un risque inconsidéré dont je ne saurais vous préserver. »
Qu’ils aient conscience ou non des dangers auxquels ils s’exposent, le Bran Ruz a délivré son message. Ce dernier regarde au-dehors, la tempête qui se calme. Les nuages s’écartent, délivrent des rayons de lumière disparates qui illuminent les environs de trouées d’or et d’argent.
« Réfléchissez bien, à présent. N’oubliez pas, pourtant, que c’est à elle d’entamer cette Odyssée. »
Un air mélancolique se dégage de lui.
« Des heures sombres approchent. »
***
J’ouvre les yeux. Il fait chaud et une odeur familière flotte, achevant mon réveil. Je m’extirpe des couvertures, souris en voyant une silhouette familière se retourner vers moi.
Sujet: Re: [Aedan, Childéric et Nimuë] Réunir les fragments d'humanité [TERMINÉ] Mer 8 Avr 2020 - 13:17
Il arrive, cet homme qu’elle attendait. Que j’attends pour elle. Il s’avance vers nous alors que la tempête doucement se calme, perd en intensité, s’endormant à la manière de la prêtresse des flots. Mon regard se pose sur lui au même instant que mon sourire, le laissant découvrir l’endormie. Ses paroles sont compréhensives. Il comprend mon geste. Bien. C’est une bonne chose. Un acquiescement lui répond avant que mes prunelles mordorées viennent glisser sur la silhouette allongée à mes côtés. L’éclat se perd un instant. « Elle a besoin de temps. Un temps qu’on ne lui a pas laissé. C’est le meilleur moyen de le lui offrir et de lui permettre de reconstituer ce qui a été brisé. » Si elle en a la force. Si elle en garde l’espoir.
Un vent invisible mais salutaire vient s’élever, auréoler la silhouette du guerrier trempée afin de lui offrir un rien de chaleur. Mon sourire demeure sur mes lèvres alors que je l’invite à s’asseoir au plus près du feu. « En effet. Un vieil ami d’une certaine façon. Elle m’a prévenue de ta venue. » Néanmoins, je ne m’attendais guère à l’arrivée d’un autre oiseau. Mon oncle. Différent. Sa métamorphose ne m’étonne que peu, néanmoins, son apparence m’interpelle davantage. Cependant, ses premières paroles me font lever les yeux au ciel . Comme de coutume, de sombres avertissements et un manque de confiance qui aurait pu être agaçant si il n’était guère coutumier.
« Bonjour Mon oncle. Je suis moi même ravi de te revoir, cela fait longtemps. Comment va tu depuis la dernière fois ? Tu sembles quelque peu… différent. Mais Maëlys sera particulièrement heureuse de revoir son oncle préféré… bien que tu sois le seul en vérité. » Ma voix est badine. Un monologue si il en est, d’un dialogue qui n’existera cependant jamais, mais aurait pu si le monde avait tourné différemment. Cela ne m’empêche nullement d’être attentif à ses propos, décelant des mots troublants, des avertissements comme il en est coutumier. Le Soleil noir.
Je reprends à son adresse oubliant la facétie pour un ton plus sérieux. « C’est nécessaire pour elle. Un risque à prendre et à saisir car sa vie aujourd’hui ne pourra l’être si elle demeure ainsi… Son âme est morcelée. Elle besoin d’apprendre à rêver de nouveau. » L’espoir s’est perdu, ne laissant qu’une bête assoiffée. Finalement, elles cherchent toutes deux ce qu’elles ont perdues… Mon regard vient se poser sur Childeric, lui offrant un sourire sincère. « Je me nomme Aedan, et voici mon oncle, Bran. Il n’est pas méchant bien que socialement... inadapté. » La description lui convient tout à fait. « C’est un habitué des sombres avertissements. Ils sont généralement fiables par ailleurs, mais lui aussi a tendance à oublier que l’espoir subsiste dans toute chose. » Mes paupières s’éteignent un instant. Il y a des malédictions trop difficiles à lever quand bien même aurai-je voulu lui offrir plus de clarté dans son monde enténébré.
« Et concernant Nimuë… elle n’est pas seule. Le Merle demeurera à ses côtés. C’est un guide coutumier des ombres, oscillant entre les mondes. » Un familier tout indiqué. « Néanmoins… C’est elle qui possède la clé de sa résurrection. C’est elle qui au final, choisira le chemin qu’elle voudra suivre. Si chemin il y a. » Une bien sombre transition. Au final, je ressemble à mon oncle à cet instant mais je ne peux taire l’un des possibles chemins.
« Tu tiens beaucoup à elle. » Le regard est le miroir de l'âme.
Sujet: Re: [Aedan, Childéric et Nimuë] Réunir les fragments d'humanité [TERMINÉ] Mer 8 Avr 2020 - 23:57
Il posa un regard lourd de son attachement à la Nimue sur cette dernière. Elle dormait et elle avait l’air paisible. Il ignorait si cette impression ressortait pour les autres, s’il pouvait la ressentir mais lui il le sentait. Il sentait la bête qui se jetait contre les barreaux de sa cage. Ses sentiments étaient bruts, comme des pierres qu’on n'avait pas pris soin de polir. Il pouvait sentir tout ça malgré le sommeil et la quiétude que son visage affichait. Le travail serait long mais peut-être qu’il pourrait l’aider à maîtriser cette chose. Il entendit ensuite quelque chose dans son dos, un oiseau qui battait des ailes ? L’oiseau se posa sur la jeune femme et il était visiblement là où il devait être. Ce n’était pas un oiseau comme les autres un étrange sentiment habitait alors l’arcane de la force.
L’animal prend alors forme. La forme d’un homme étrange, de celui qui est l’objet des contes et des légendes qu’on raconte aux enfants pour les forcer à dormir la nuit ou de la Baba Yaga de ses souvenirs de cette vie. Mais il ne pouvait pas détourner les yeux de ce nouvel arrivant. Oui, il le connaissait… Il l’avait déjà vu et il pouvait être sûr que cet homme avait partagé un souvenir avec lui. Peut-être le temps d’un rêve ou d’autre chose. Mais il n’aurait pas pu en dire plus sur lui. Il jeta un coup d’oeil à l’ami de Nimue qui semblait lui aussi ne pas réagir à la venue de cet étrange individu et le regard de l’arcane passa d’un homme à l’autre. C’est l’homme-oiseau qui le premier rompit le silence.
« - La sorcière mourra. »
L’épervier n’était pas le seul oiseau de mauvais augure. La force lui, était annonciatrice de guerre. Il était soldat après tout. Il l’avait longtemps été avant tout... C’était ça les heures sombres à venir. Le temps du sang et de la guerre, celui du combat contre cette créature d’un autre temps. Le moment venu de la renvoyer d’où elle vient, de libérer la jeune femme allongée. Il savait qu’il avait préparé quelque chose, qu’il avait mis en branle un chemin compliqué. Un soldat ne part pas à la guerre sans arme et sans armée. Il n’avait qu’à trouver les siennes et il pourrait alors partir au combat et il aurait alors rendu à celle qu’il aimait ce qu’elle avait fait pour lui.
Aoden… ce nom l’emplissait à chaque fois de la même tristesse et de la même nostalgie. Mais les mots de l’arpenteur n’étaient que la simple énonciation du futur, du chemin du rêve. Il fronça les sourcils par contre quand les deux hommes commencèrent à échanger. Ces noms… oui, ces noms lui disent quelque chose. Le même écho lointain que ceux de Nereus ou Endymion. Des hommes de son autre envie ? Encore ? Le temps était vraiment un être capricieux et nombreux étaient ceux qui avaient appris à jouer avec lui. Il dévisagea l’épervier alors.
« - Je vous connais tous les deux, surtout toi, Baba Yaga, nous nous sommes déjà vu. Enfin… je crois. »
Il tourna alors son regard vers l’autre homme. De ce dernier, il émanait quelque chose, c’était lui la source de cet écho. Il aurait aimé pouvoir disposer de ses anciennes connaissances et de ses souvenirs, de nombreuses réponses s’y trouvaient sûrement, mais il devait faire avec ce qu’il était et ce qu’il pouvait devenir. Un nouveau chemin, une nouvelle route, un nouveau rêve. Mais dans ce rêve, il restait en effet l’espoir.
« - Tu n’as pas idée à quel point je tiens à elle… Mais tu as raison, petit merle, tu as raison. L’espoir c’est ce à quoi il faut qu’elle se raccroche. Elle aura bientôt un autre combat à mener. Je ne sais pas si vous sentez cette bête dans son coeur mais je ne l’entends et la comprends que trop bien. »
Il se souvenait de la bête et comme si elle se souvenait de lui aussi, il pouvait le sentir se détendre à l’intérieur de lui. Oui, il avait été comme ça jadis. Il avait chassé ensuite, puis il avait appris l’humanité et enfin, il avait trouvé le chemin du rêve. Mais il n’était pas rêveur comme les autres, il était l’arpenteur.
Sujet: Re: [Aedan, Childéric et Nimuë] Réunir les fragments d'humanité [TERMINÉ] Jeu 9 Avr 2020 - 0:34
Danger
La Réponse dodeline de la tête. Il est bien différent du souvenir que le rêveur en a. Même son neveu, qui le connaît bien, peut noter des changements plus infimes. Le poids des âges fait son office, voûtant le dos de l’homme-oiseau. Maigre, les os saillants, ils flottent dans ses habits de plumes de de lin. Son regard, aussi, est bien plus terne qu’autrefois. Seule la mention de Maëlys le pare d’un peu d’humanité. Il ne dit rien, se contente d’observer aux alentours, de sonder les deux hommes qu’il a face à lui.
« Tu n’es plus un enfant. »
Sa voix est croassante, presque grinçante. Pourtant, il dit cela avec le plus terrible des sérieux. Comme une sentence, clamée avec une rare intensité qui trouvera un écho chez Aedan.
« L’espoir est bien illusoire pour ceux qui restent les bras ballants. Pour ceux qui ne savent pas écouter. Pour ceux qui se contentent de rêver. Il faut agir, à présent. »
Ou il sera trop tard.
« Oui, je me souviens de toi. Tu suis un chemin similaire au mien. Ne t’y perds pas. Fais en sorte que le Cycle ne se brise pas pour elle comme pour toi. »
Une profonde mélancolie transparaît. L’épervier soupire, serre son bâton contre son cœur.
« Dahud me fait savoir qu’elle intercédera bientôt auprès de la Sorcière. Après tout, elles sont du même sang, et cela devient inévitable aussi… »
Il se tournera vers son neveu et va rompre la distance qui les sépare. Il écarte son manteau, comme des ailes prêtes à se refermer autour d’une proie. Mais c’est avec douceur qu’il en referme les pans, glissant une étreinte qu’il n’a jamais eue pour le druide aux cheveux blancs.
« Aussi nous sommes venus te dire adieux, petit Merle. » Déjà Bran se recule. Dans la main de son neveu, son bâton. « Garde-le, tu l’offriras de notre part à notre Princesse quand le moment sera venu. »
Un léger sourire effleure ses lèvres.
« Tu n’es plus un enfant. Mais n’oublie pas mes enseignements. N’oublie pas que la Mort n’est pas une fin. Nous nous retrouverons. Là-bas. »
À ces mots, le Bran Ruz écarte les bras, reprend l’apparence d’un oiseau. Non pas d’un épervier, mais d’un corbeau rouge qui, fendant le ciel, disparaît subitement dans un passage brumeux. La Réponse avait délivré la sienne.
***
« Tu es réveillée ? »
Je m’installe à une table où m’attend un copieux petit-déjeuner. L’odeur des herbes me réconforte. Ainsi que le sourire que m’offre la femme.
« Où suis-je Scáthach ? Est-ce que je rêve ? »
Un air énigmatique froisse l’expression de ma mentore. Un frisson parcourt mon échine, je sens planer un danger imminent.
Sujet: Re: [Aedan, Childéric et Nimuë] Réunir les fragments d'humanité [TERMINÉ] Sam 11 Avr 2020 - 19:25
Nombreux sont les visages et les êtres qui ont croisé ma route depuis le début de mon voyage. Si nombreux, qu’il m’est difficile aujourd’hui de garder la trace de chacun d’entre eux. Les souvenirs reviennent parfois, s’invitent dans mes songes, néanmoins, tous ne peuvent demeurer prisonnier de ma mémoire. Ils sont trop nombreux pour cela. Parfois pourtant, des échos demeurent. Peut être est-ce cela que je ressens moi aussi. Un écho. Quelque chose dans cet âme qui m’en rappel une autre similaire. Peut être. Le terme qu’il utilise pour désigner mon parent me fait sourire. « Ma mémoire n’est plus aussi fiable qu’il y a des années. As tu une idée d’où cela se serait passé ? » Cela me faciliterait grandement les choses. Mes prunelles viennent se poser sur l’endormie lorsqu’il en revient à elle. « Oui, je la sens également. Elle n’est pas une ennemie, mais elle doit trouver de quoi l’apaiser à présent qu’elle s’est réveillée. » Elle est une partie d’elle à présent. Elle devra dès lors apprendre à vivre avec.
Cette fois, mon regard se tourne sur mon oncle. Un enfant. Mon sourire se fait mélancolique à ses mots. A son ton. J’aurai pu me faire facétieux, comme j’aurai pu l’être de coutume, néanmoins, sa mine m’en empêche. Son sérieux. Il n’est plus l’heure des facéties. « Cela fait bien des années à présent que je ne peux plus être ainsi qualifié, mon oncle. » Mes prunelles s’éteignent un instant, un souvenir venant s’insinuer devant ces dernières, pâle, comme la lune. L’enfant que j’étais est mort avec elle.
Mon regard se pose de nouveau sur elle. La source de tout cela. « C’est pour cette raison que nous sommes là. Qu’elle a fait ce choix. » Car l’espoir seul ne suffit pas. La mélancolie de mon parent me touche. Je ne connais que trop bien son histoire aujourd’hui, quand bien même beaucoup des pans de cette dernière demeurent inconnues à mes yeux. Néanmoins, c’est de la surprise qui vient se perdre sur mon faciès lorsqu’il vient m’étreindre. De coutume, Dahud est plus encline à ce genre de geste aussi, je reste pantois face à cette attitude si peu commune de mon oncle. Adieux.
Alors c’était donc ça… Mes bras viennent l’étreindre également. Faiblement. C’est donc ça, la raison de sa présence ici. L’émotion vient serrer ma gorge, contraindre ma poitrine. Ça. Juste ça. Je ne suis plus un enfant, alors… Je ne verserai pas de larme. Mes doigts se referment sur son bâton qu’il me confie. Pour elle. Dans mes prunelles se perd cette vieille amie. « Quand elle sera prête. Je le garderai précieusement d’ici là. » Un héritage. Mon sourire revient ourler mes lèvres. Doux. « Je n’oublie pas ceux que j’aime, Bran. Je… » Mes mots se perdent au bord de mes lèvres, mon regard retombant vers le sol. Moi qui fait preuve de plus d’éloquence de coutume… Je ne peux oublier. Ma mémoire ne peut les oublier. Une inspiration, mes prunelles se posent de nouveau sur lui qui déjà reprend sa forme de corbeau. Mon sourire revient ourler mes lèvres. « Nous nous retrouverons oui. Lorsque le temps sera venu. »
Prenez soin de vous…
Le silence reprend ses droits alors que mes prunelles scrutent les cieux dans lesquels a disparu mon parent. Le temps suspend son vol avant que je ne me redresse finalement. « Je vais retourner sur Atlantis avec Nimuë. Il va falloir que j’informe le Seigneur des flots de la situation de sa prêtresse. » Ce qui risque de m’attirer quelques inimitiés de sa part. Mais qu’importe. Je viens récupérer le corps endormi de notre amie commune. Au moins, la tempête a cessé.
« Souhaites tu venir avec moi ? »
-> SSM
Dernière édition par Aedan le Mer 15 Avr 2020 - 13:05, édité 1 fois
Sujet: Re: [Aedan, Childéric et Nimuë] Réunir les fragments d'humanité [TERMINÉ] Mar 14 Avr 2020 - 17:19
Cet étrange oiseau devenu homme évoquait des souvenirs à l’arcane de la force, il avait beau avoir réussi à mettre de l’ordre dans son esprit, il lui manquait toujours les fondements de son être. Il lui manquait une grande partie de ses souvenirs et il n’avait que des impressions et des sentiments qu’il pouvait maintenant ordonner. Il se concentra sur le vieil homme pendant qu’il parlait à son neveu. Il écouta avec sérieux le conseil de l’étrange vieillard. Il avait raison. L’espoir était une chose vaine si on lui donne pas les moyens de se réaliser. Il faudrait bientôt partir en guerre et reprendre les armes. Le devoir du soldat. Un devoir que cette fois, il avait choisi et qu’il faisait non pas pour attendre sa mort et sa gloire, mais justement pour la repousser.
« - Je crois que nous nous sommes vu à la guerre. Ou quelque chose comme ça. Je me souviens du chaos et de la rage. Pas de beaucoup plus. »
La guerre… son regard sur elle avait changé depuis longtemps et il ne faisait plus avec passion. Mais elle faisait néanmoins tellement partie de lui qu’il ne pouvait s’empêcher de s’y projeter. Il ne prenait plus plaisir au combat, mais il était un guerrier. Un bon guerrier et on aurait toujours besoin de ses talents. Ses poings serviraient de nouveau à secouer les âmes. Son esprit divagua donc pendant que les deux hommes se parlaient, il se sentait un peu étranger à ce moment. Il n’était pas vraiment à sa place, c’était une réunion de famille après tout. Qu’est-ce qu’il y connaissait lui en famille ?
« - Je ne me souviens pas de toi oiseau rouge, mais je sais que tu ne m’inspires rien de mauvais. Tu es étrange mais… je crois que je t’aimais bien. »
Il n’était maintenant plus que trois dans cette cave humide. Et le monde reprit alors brutalement ses droits. Il fallait rejoindre la cité des flots. L’arcane de la force poussa un long soupir. Il aurait pu prendre le temps de se redresser et surtout de l’aider à ne pas sombrer mais le temps c’était la ressource la plus précieuse des hommes, celle avec laquelle les dieux jouaient. Les trois personnes présentent ici avait déjà pendant longtemps dépasser leur capitale de temps et devraient payer ce prix un jour ou l’autre. Car tout se paie en ce monde, par le sang et la mort.
« - Oui, je ne peux pas la laisser là comme ça. Elle est… trop importante. »
Il resta ensuite silencieux quelques instants, avant de reprendre.
« - Nous avons quelque chose en commun toi et moi non . Je sens en toi quelque chose que je comprends, comme une chanson qui raisonne et à laquelle j’ai jadis connu la réponse. »
Il se redressa alors, il était encore mouillé d’avoir bravé la tempête mais il put constater que le vent et les eaux s’étaient calmés. À l'image de la jeune femme endormie qui avait besoin de ce repos que personne ne pouvait lui offrir. Mais il pouvait sentir gronder la bête dans le coeur de Nimue comme il pouvait sentir la sienne lovée contre son propre coeur à attendre son heure. Il avait passé depuis longtemps le stade de l’opposition et il vivait en harmonie avec cette malédiction mais il savait vers quoi elle se dirigeait. Un chemin sinistre et violent, qui serait sûrement couvert de sang et de souffrance. Un chemin où elle n’aurait que lui pour seul guide. Pourrait-il la guider elle alors qu’il ne savait pas se guider lui-même ? Mais il ne pouvait pas se permettre de douter…
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Sujet: Re: [Aedan, Childéric et Nimuë] Réunir les fragments d'humanité [TERMINÉ]
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