[F.B]Menu : bouillon de Tengu et omelette norvégienne assaisonée feu et glace

La derniere chose dont elle se rappelait était le Bénou lui ordonnant de se rendre - elle ne savait plus où - en prenant un de ses foutus portails dont il était si friand.

Si son corps ne présentait pas de blessures à proprement parler et si les combats l'avaient épargnés, son cosmos était à sec et ce dernier effort acheva de la vider de toute substance. Elle s'écroula aussitôt parvenue de l'autre côté, à la première prison, et tout devint une suite lisse et sans fin d'une obscurité silencieuse.

* * *

Un rêve vaporeux et chaud l'enveloppait sans qu'elle n'en réalise ni la survenue ni le message. Elle était comme, moins engourdie... invitée à reprendre une conscience qui l'avait quitté depuis trop longtemps. Certes, la chaleur retrouvée était une sensation agréable mais il lui semblait avoir fusionné avec ces poules grasses et pâles qu'on jettait à la marmitte dans un bouillon fait d'eau, de gingembre, de baies de poivre entier et d'autre feuillages dont les noms lui échappaient.

Son corps n'étant pas en accord avec l'idée de cuisson, un premier mouvement puis un deuxième eurent tôt fait de la faire glisser le long du onsen, son crâne bientôt submergé par l'eauc chaude. Il n'en fallait pas plus pour passer de poule au pot à boire la tasse. Au moins l'expérience la réveilla tout à fait, la faisant quasi bondir hors de l'eau se couvrant en surface d'une lourde chape de glace bleutée.

« Le onsen du Bénou... »

Au moins elle savait qu'elle était à la sixième prison. Restait à savoir pourquoi et comment.

Il était quand même sacrément doué pour réussir à la faire culpabiliser avec ses remontrances – justifiées – tout en baladant son regard plus que curieux sur ce qu'elle avait fini par accepter comme un atout. Tant d'homme, et pas mal de femme, avaient saisi l'option « poitrine » plutôt que « regard », certains pour éviter ses yeux maudits d'autres parce que visiblement cela devait avoir un attrait particulier qui lui échappait.

« C'est assez … injuste. J'arrive à m'en servir en dehors de la peur, c'est seulement que je n'arrive pas encore à ne pas y avoir recours en cas de surprise. »

Elle bougonnait, boudeuse.

« et je ne me ch*e pas dessus. »

Encore cette œillade... mais à peine appuyée, à peine visible. Elle devrait peut être songer à garder son surplis quand il serait dans les parages ? Son estomac se contracta, comme quoi certains spectres devaient tellement aimer manger qu'ils en gardaient l'habitude, à l'évocation du kimchi. Elle aurait d'ailleurs dû le remercier pour sa sollicitude et ses attentions délicates mais quelque chose lui faisait penser que si elle se ramollissait dans leurs échanges, il se passerait peut être quelque chose qu'elle n'était pas prête à assumer.

« Merci pour le kimchi mais j'espère que ce n'est pas une de ces copies nippones à peine relevées et insipides. Comment se fait il que vous soyez si attirés par des plats sans saveur ? »

En le titillant sur ses origines forcées, elle éloignerait cet élan chaleureux qui lui donnait envie de se lover dans ses bras. Ils avaient l'air si … confortables... si protecteurs.

Elle secoua la tête en soupirant, agacée par elle même. Il était tant de se changer.

« mais merci pour le hanbok »

Elle le dépassa et s'en alla plus vite que nécessaire dans la pièce comportant la tenue choisie avec soin. À une autre époque elle n'aurait même pas rêvé se vêtir d'un pièce faite d'autre chose que de tissus grossier et épais, mais celui là était léger et brodé. Il y avait sur le bas de la jupe un tengu gardant calmement un temple dédié à Hadès et en second plan, un squelette s’extirpant difficilement du sol, mu par une main semblant tenir des fils de pantin. Elle enfila le gilet court assorti, les tabi et acheva de se préparer en tressant ses cheveux encore humides.

Quand elle se rendit enfin à table, il l'attendait assis en face de la place où était déposé un bol de riz blanc, le fameux kimchi, du poisson grillé et du radis jaune odorant. Son estomac protesta encore alors qu'elle s'installait, tendue.

« Vous sauriez m'aider à y remédier ? »

Elle se saisit des baguettes avant d'ajouter :

« à mes lacunes. »

Il y avait des choses chez lui qui la faisait l'apprécier chaque fois un peu plus et ce constat était dérangeant. Pas parce qu'ils étaient si différents qu'on aurait pu dire opposés mais parce qu'il était l'archétype de l'homme dont elle n'avait mais alors, vraiment pas envie de tomber amoureuse.

Grande gueule, belliqueux, irréfléchi, immature, bagarreur, soupe au lait, brusque, grossier... Il avait cette facilité à sortir de sa bouche tout ce qui lui passait par la tête sans jamais mettre le filtre nécessaire, ne serait-ce que par une précaution salvatrice face à des divinités et des guerriers de haut rang. Il était insupportable d'être imprévisible jusque dans ses attentions. Insaisissable, incompréhensible, têtu, borné, mal dégrossi...

Un reproche d'une main... une aide de l'autre... une menace d'un côté … un repas typique de chez elle et une tenue qu'il lui aurait fallu des années à obtenir … pourquoi ? Pourquoi ce type était il si difficile à cerner et surtout plus que tout, pourquoi lui accordait elle autant d'attention, d'importance et d'inquiétude.

« Le vrai kimchi blanc de mapo ne contient pas de piment. Il est rendu piquant par l'oignon et l'ail cru pilé... » elle en déposa une portion sur un monticule de riz, le déposant avec délectation sur sa langue « mais... je dois avouer qu'il est juste … parfait comme ça. C'est un vrai plaisir de trouver une table si bien mise... des denrées d'un autre temps de ma … vie si on peut dire. Le hanbok... ça... le makeolli... même vos efforts pour parler Coréen me font chaud au cœur mais je ne peux pas m'empêcher de me demander … pourquoi ? Ne vous méprenez pas. Ce n'est pas de l'ingratitude, mais je ne veux pas vous être redevable sans même le savoir. Qu'est ce que vous attendez de moi ? »

Elle n'attendit pas de réponse, sautant volontairement du coq à l'âne.

« Je n'ai pas oublié votre indice, ni chômé entre temps. Je sais retenir quelqu'un dans un kekkai, vous l'avez vu mais je sais aussi user de la glace. Pas autant que vous avec le feu mais j'ai quelques réussites au milieu d'échecs je l'avoue. »

Parler tout en glaçant l'alcool... répandre une couche de givre sur chaque surface dans un périmètre dont elle était l'épicentre... tout ça ne lui demandait plus de concentration pas plus que de créer une miniature du surplis du Bénou mais ce n'était que numéro de cirque.

« De mon vivant je n'excellais que dans une seule discipline martiale et vous vous doutez bien que ce n'était pas le corps à corps. » Devant la mine préoccupée du Cruel, elle reprit sans attendre. « Je maniais l'arc avec brio mais impossible de façonner une arme dont la corde de glace soit souple... cependant je parviens à générer des flèches et des lances … mais j'ai besoin d'aide pour les renforcer, les améliorer, les tester aussi. »

Elle leur servi un verre à tous les deux, dévora quelques bouchées de poisson et de riz mélangé au kimchi avant de poursuivre sur le ton de la connivence.

« Il y a quelque chose dont j'aimerai vous parler au sujet du cosmos et de ce qu'il peut impliquer mais promettez moi de ne pas me l'enlever. »

Pouilleuse.

Il n'avait même surement pas relevé le léger mouvement de sa mâchoire crispée puisqu'il semblait être sensible aux effets de l'alcool doucereux.

Pouilleuse.

S'il n'avait pas été et plus fort et d'un rang plus élevé elle l'aurait giflé. Personne n'aurait du avoir le droit de lui jeter à la face combien sa vie avait commencé dans la misère, et combien le fait qu'elle ai trimé chaque jour n'avait pas suffit à l’élever dans l'échelle sociale.

Elle inspira... desserrant les dents en soupirant très lentement, imperceptiblement, décidant de passer outre et de se concentrer sur l'expérience faite homme.

« User des flèches mais sans arc ? »

L'idée ne l'avait pas effleuré. Elle était pourtant logique mais la mise en pratique la laissait perplexe. Sans corde … comment donner la rapidité et donc la force à la flèche ? Pourtant le Bénou avait raison. Il était féroce et ses fameuses attaques infernales ne faisaient appel à aucune sorte de levier ni d'arme. Le conseil était donc à creuser.

Elle le vit se détendre, tête dans les mains, le regard légèrement vitreux et les lèvres étirées dans un sourire léger mais goguenard. À cet instant, une vague de doute et de crainte lui enserra la poitrine. Jusque là elle le voyait comme quelqu'un de confiance mais au moment de lui dévoiler ce qui lui apportait une touche de bonheur qui lui était précieux, elle hésita.

« C'est arrivé sans y penser … sans le vouloir. »

Elle recula un peu, basculant son assise sur ses talons, paumes sur le milieu de ses cuisses.

« Je travaillais ma maitrise de la glace... cherchant à détruire des cibles … et... »

Elle soupira, mal à l'aise d'avouer une énième fois ses difficultés.

« Je n'y arrivais qu'une fois sur deux, m'épuisant pour rien. Frustrée, j'ai … je me suis énervée et ... »

Elle ne bougea que la main droite, dessinant comme une rune dans l'air et siffla un petit air vif et court entre ses lèvres rondes.

A cet instant, apparut venu de nulle part, un canidé de belle taille, parfaitement blanc, comme composé de poudreuse aérienne et c'était bien là sa nature. Haut sur pattes, l'encolure large et dotée d'un poitrail de poils ressemblant à une crinière, l'animal présentait aussi une queue fournie semblable à celle d'un écureuil des neiges alors que son museau était long et ses oreilles hautes et pointues.

« Il s'appelle Himnae (courage) et apparaît autant sur demande que de lui même mais il suffit de claquer des doigts pour qu'il disparaisse en paillettes de givre. »

L'animal s'assit à ses côtés, posant son regard gelé sur le lieutenant avant de poser sa tête sur le genou de la coréenne caressant machinalement la zone située entre ses oreilles au grand plaisir de l'animal semblable à un chien réel et vivant. Même la texture de son pelage semblait être réelle.

« Je ne sais même pas si tout ça est normal. »

Himnae émis un léger grognement, réclamant de la patte d'avantage de grattouilles à l'arrière de ses oreilles, très loin de l'inquiétude que Hyujae ressentait face à sa possible perte.

Himnae s'était levé avant elle, parti renifler joyeusement le surplis rutilant sous les soins du Bénou. Elle lui flatta le haut du crâne, son autre main se posant sur le centre du plastron ce qui attira immédiatement l'armure à épouser son corps.

« Je crois qu'on va devoir faire nos preuves Him... Kaja ! » (allons y)

Rendue sur le seuil de la porte, elle déglutit difficilement. L'appréhension était grande de décevoir le japonais qui avait l'air d'avoir accepté de lui transmettre de quoi devenir un Spectre digne de ce nom. Être jugée par un pair était déjà une situation délicate, mais se soumettre au regard de Ryûichi...

…

Seul point positif : elle ne serait plus jamais impressionnée par quiconque.

Restée en arrière, c'est l'aboiement du canidé qui l'alerta sur son retard. Le Bénou était déjà à l'orée de la forêt qu'elle rejoint en trottinant. Son maitre lui parla d'abord du chevalier du Verseau et du fait qu'elle serait un jour à sa hauteur et elle n'eut pas le temps de se rebeller ni de nier, qu'il lui demanda... ordonna de geler le tronc devant eux.

Geler un tronc recouvert d'une floraison tendre, donc en vie, pas une bête souche asséchée. Lui pensait peut être qu'elle valait quelque chose mais il ne l'avait encore jamais vu enchainer les échecs et abandonner de rage.

Son compagnon à quatre pattes lui cogna doucement la cuisse du plat de son museau, attirant son regard sur les effets évidents de la chaleur. Il ne fondait pas bien sur mais son entité devenait plus floue... moins éclatante que dans la cahute. La Coréenne lui gratta les moustaches et claqua discrètement des doigts, le faisant disparaître dans une gerbe de givre ne laissant aucune humidité sur le sol déjà recouvert d'humus.

« Geler le tronc ... »

Elle avait appris à se servir de l'humidité ambiante et à la combiner à sa capacité réfrigérante pour former kekkai et autre bouclier physique mais il lui manquait une étape dans sa compréhension de la chose. Elle comprenait désormais que faire avant et après l'action de son cosmos mais le pourquoi du comment de son pouvoir... tout cela lui échappait, demeurant au stade de magie.

Cependant la logique voulait que quelque part au cœur de l'arbre s'écoulait une sève nourricière. Si elle parvenait à y insuffler sa « magie » elle toucherait le nerf stratégique qui répandrait à son insu jusqu'à pétrifier de givre la cible donnée par le lieutenant au regard aussi sévère que sérieux.

Elle avança vers le tronc, déterminée, ses paumes se posant de part et d'autre du bois étonnamment chaud et, les yeux clos, elle visualisait son froid s'infiltrer dans chaque petite veinule du bois, jusqu'au cœur de la plante. Si elle était sur le bon chemin les floraisons ne tarderaient pas à perdre de leur vivacité.  

Atomes … ?

Elle fronça les sourcils, la question au bord des lèvres mais il y répondit sans qu'elle n'ai eu à intervenir. Bien. Des grains donc. Des grains composant ce qu'elle voyait... et sur lesquels elle pouvait agir.

Disons... comme les silhouettes de sable sur la plage de Mapo durant les festivités de la mer. Imaginer que le tronc serait une de ses œuvres éphémères … se le figurer sans couleur ni reliefs naturels... presque comme non abouti. Basique. Le dépouiller du superflus.

La Coréenne retourna à sa place précédente, les paumes aux mêmes endroits et les pieds fermement ancrés dans ses premières empreintes. Inspirer et garder en tête qu'il n'était fait que de grains de sable mobiles et mobilisables.

Il lui suffisait de les... engourdir... de les immobiliser si possible.

Elle fronça les sourcils, trouvant l'exercice hasardeux et bizarrement inefficace. Il était pourtant exclu de s'avouer vaincue devant Ryuichi. Non seulement parce qu'il serait un professeur redoutable et acharné, elle le pressentait, mais aussi et surtout parce que son égo lui interdisait de montrer des faiblesses à celui qui ne jurait que par la force pour accorder de la valeur aux gens.

Hyujae soupira, agacée, ressentant la frustration picoter ses doigts. Elle gardait les yeux fermés et la posture figée mais elle sentait en elle bouillir l'agacement de l'échec à venir. Plus elle s'ennervait plus ses doigts étaient sensibles... jusqu'à lui sembler gourds et insensibles.

Elle se hasarda à ouvrir un œil, retenant sa réaction de surprise.

Le tronc n'était pas de sable mais de givre bleuté, sa structure graineuse ni ralentie, ni modifiée mais sa chaleur extraite... vidée... drainée depuis son cœur jusqu'à se perdre dans l'atmosphère et ce par le seul biais du Tengu.

C'était surement cela sa vraie nature. Drainer... voler... extirper la chaleur et la vie. Il lui faudrait se pencher la dessus mais pour l'heure sa concentration reprit de plus belle, sa volonté cherchant non pas à ralentir le sable mais à le muter un flocon de poudreuse.

Elle le voulait geler à cœur … fragile comme le cristal... réductible en paillettes de givre comme lorsque Himnae prenait congés.

Être mise à l'épreuve était quelque chose qui ne lui était pas arrivé depuis si longtemps qu'elle ressenti, l'espace d'un instant, une piqure à vif dans son estime.

Geler la sphère ?

Pourquoi pas mais sa rotation lente et répétitive ne lui semblait pas pousser l'exercice bien loin. Il lui suffisait, en somme, de tendre la main pour se saisir de l'artefact et de le geler en sa paume... mais le Bénou était aussi filou qu'il pouvait se montrer cruel. Sitôt qu'elle approchait de la sphère, celle ci s'enfuyait plus loin, plus vite, semblant se moquer de ses tentatives.

Un lourd soupir souleva sa poitrine alors qu'elle assassinait du regard l'amas de cosmos se balançant lentement à hauteur de ses épaules.

« Je pensais que nous allions me rendre meilleure... »

Sa voix était crispée, amère et vexée.

« Pas qu'on allait s'amuser de mes lacunes. »

Un léger claquement de langue contre ses dents ponctua ses dires tandis qu'elle décidait de changer de tactique.

Comme elle l'avait révélé plus tôt lors du repas, son vivant lui avait prodigué de petites joies et de jolis talents. L'arc en faisait partie, notamment la chasse au petit gibier. Il faut dire qu'une femme seule sur les routes se devaient de savoir se nourrir – et se défendre accessoirement – et le maniement des flèches lui avait parut tout utile dans les deux cas.

Si l'on voyait la sphère mouvante comme un diner savoureux, il lui suffisait de la transpercer d'une flèche. Oui mais...

La flèche n'était pas le problème, l'arc oui, surtout cette satanée corde.

« lances les flêches sans arc.... sers toi de ton cosmos comme d'un arc » lui avait il dit alors... Pourquoi pas ?

Les mains lui venaient comme étant un point de départ satisfaisant aussi ce sont de ses paumes que jaillit la première flèche de glace, comme lancée timidement, sans y croire. Bien sur elle manqua sa cible.

Trop contente d'elle, (pour si peu), elle se lança à la recherche de la perfection pour son arsenal, finissant par éjecter de sa main droite une flèche vivace et ourlée d'un bel empennage duveteux entre le blanc immaculé et le bleu glacier. Elle fila tout droit sur la sphère, ne lui laissant une chance de l'éviter.

Traversée de part en part, la sombre proie vacilla...

Son laïus avait peut être un fond véritable … surement d'ailleurs... l'effet n'en était pas moins stressant. Et agaçant.

Elle lui jeta un regard noir dont elle réprima la colère autant qu'elle le put, se concentrant sur son objectif et obtenant le résultat qu'on savait.

Devant sa réussite, si la joie était bien présente, elle n'en demeurait pas moins sur ses gardes. L'homme lui avait promis la sévérité et en matière de promesse, il avait l'air de quelqu'un capable de les tenir.

Restait néanmoins que l'exercice portait ses fruits. Elle comprenait davantage par quel biais et chemin faire appel à son cosmos même si le résultat n'était pas aussi rapide ni aussi gelé qu'elle l'espérait mais elle aurait d'autres occasions de se mettre l'épreuve.

Trois pour être exacte.

Trois boules de feu Bénouique que leur maître contrôlait d'un geste de la main assuré à faire pâlir d'envie son élève.

Peut être s'attendait il à ce qu'elle se brûle ou se défasse de la menace de trois flèches successives mais son réflexe premier fut de dresser entre elle et les agaçantes voltigeuses un bouclier de givre qui devenait peu à peu une sorte de cloche l'entourant de toute part. De temps à autre sa défense se trouvait percée par les impacts du trio mais elle savait très bien colmater les cassures.

Il lui fallait frapper les trois sphères d'un seul coup, sans quoi il serait capable d'en refaire venir à loisir et l'exercice se révelerait long et répétitif. Elle le voulait désormais ce zéro absolu et pour ça elle devait relever les défis.

Viser juste serait hors de sa portée et dans ce cas là, à défaut de justesse, il lui faudrait compenser par esprit focalisé sur l'anéantissement de ce qui lui était proposé comme ennemi.

Elle leva sa paume vers le ciel et de petits scintillements luirent à quelque mètre du sol.

Elle y concentrait toute sa conviction, souriant quand elle s'aperçut que les diamants grossissaient.

Sa main s'abaissa avec force, déversant sur le lieu une pluie de lances disparates et parfois fragiles qui peinèrent mais trouèrent de leur carreau les cibles, les fixant au sol alors qu'elle tachait d'en extraire leur force vitale en les arrosant de son cosmos bleuté et givré.

C'est durant cette mise à mort symbolique qu'elle commis une erreur de destinataire, retournant l'une de ses attaques glaciaire vers le Bénou. Le trait de cosmos gelé avait atteint une cible inattendue et désarmante. Il semblerait que la jeune Tengu ai commis l'erreur de trop s'attacher à la suppression des boules du Bénou, jusqu'à atteindre rudement les attributs virils de ce dernier.

« han … shibal ! » (et merde)

Au début elle avait sourit, satisfaite de recevoir de bons points de la part de son mentor et d'ailleurs, lorsqu'il avait commencé à changer d'expression, elle n'avait pas vraiment compris pourquoi cette agitation soudaine et aussi violente.

Sourcils froncés... inquiète malgrè toute la réussite qu'elle pensait avoir atteinte, elle le regardait se rouler et se débattre sans bien saisir le pourquoi du comment. Certes … certes une de ses lances avait dévié de sa trajectoire et atterrit plantée quelque part dans une zone visiblement douloureuse mais de là à le voir se tordre comme un ver...

Pourtant, peu à peu, à mesure qu'il arrivait à se défaire de l'arme et se sécher, un sentiment connu bien qu'incongru dans cette situation la fit reculer d'un pas.

Il était furieux. En transe.

Parfaitement inquiétant.

« Ryuichi'nim ? »

Il hurlait, hors de lui, le regard empli d'une haine incompréhensible.

« Ryuichi'nim … Je... Je suis désolée... »

Ses iris céruléens trahissaient sa peur, tant par ses yeux écarquillés que par sa posture sur la défensive.

« Je suis désolée... c'était une erreur … »

Il était en train de réunir ses mains devant son torse... son armure l'ayant recouvert lui donnant cet aspect prédateur qu'elle lui avait connu lors de combats dont elle n'avait que trop vu la finalité sur ses ennemis. Et cette fois, elle était la cible.

« Ryu... »

Sa voix manqua de se briser sous l'étreinte de l'angoisse.

« S'il te plait... »

La supplique mourut dans un murmure alors que le brasier fondait sur elle.

Aucun autre choix ne s'offrait à elle que de se battre pour sa survie sans quoi elle serait soufflée par l'attaque rageuse du Bénou.

Il n'était plus question de tergiverser entre la possible réussite ou la fin pure et simple de son être. Si elle ne croyait pas en elle à cette seconde même, autant se laisser tomber à genoux et disparaître.

Déterminée à se défendre, son cosmos s'embrasa immédiatement, comme une combustion bleutée l'entourant de toute part. Absorber l'attaque aurait été une folie... espérer l'arrêter par un simple bouclier aurait été tout aussi dramatique. Il lui fallait repousser ou dévier cette fournaise coûte que coûte.

« RYUUUU ! »

Au diable les convenances et autres formules de politesse. Il l'avait attaqué comme un ennemi à vaporiser alors qu'elle se pensait être proche de lui... au moins une amie... elle se devait d'essayer de le sortir de sa rage. La rancœur viendrait si elle survivait.

Un lourd grognement aussi profond que les ténèbres du feu noir du Bénou se fit entendre à ses côtés. Himnae était apparu juste devant elle, immense et le pelage gonflé de courage. Il montrait fièrement les crocs face à l'attaque fondant sur eux mais ce n'était pas ce qui retenait son attention, les yeux ronds de stupeur.

Une forme humanoïde se dressait devant elle, à peine à quelques millimètres. Sombre et rutilante, la forme vibra avant de happer la Coréenne déployant tout ce qu'elle avait de ressource disponible pour sauver sa peau.

La poignée de secondes qui suivit lui parut irréelle. Une forme de puissance nouvelle fusionnait avec ses cellules... son âme... sa constitution et sa foi, érigeant entre elle et le Bénou une structure digne d'assurer sa survie. Himnae se vaporisa dans cette œuvre, englobant le tout d'un froid au niveau encore jamais atteint pour la Spectre. À travers ses paupières plissées par la fournaise et l'ardeur du combat, elle voyait de nombreux cadavres s'extirper des profondeurs du sol alors que ses paumes gainées d'un surplis inconnu les arrachaient à la terre. Le son de son propre cri de fureur bourdonnait à ses oreilles alors que la confrontation faisait rage, sa peau brulant par endroit lorsque le souffle perçait sa défense.

Il était hors de question de s'avouer vaincue alors que l'espoir grandissait en elle. Finalement elle n'allait pas être vaporisée, non, elle exploserait jusqu'à la dernière de ses cellules s'il le fallait pour lui prouver qu'il avait eu tort de se laisser aller à la colère.

Une dernière impulsion d'énergie cristallisa l'édifice macabre, le faisant si lisse et glacial que le feu du Bénou était repoussé de chaque côté, déviant l'attaque funeste. Il fallait que ça suffise... il le fallait absolument, la Spectre sentant sa vitalité lui faire défaut. Il lui semblait que la terre elle-même... que tout le sol des Enfers avait surgit devant elle, dressant une montagne, mais lorsqu'elle reprit ses esprits, lorsque le flou de l'instant se dissipa, rien de tel n'existait.

Elle était encore debout... l'armure du Tengu calcinée et détruite par endroits dévoilant sa peau meurtrie. Devant elle un amas de cadavres entrelacés et figés dans une gangue de glace avait en partie contenu et redirigé sur les côtés l'attaque du nippon.

La forme humanoïde était encore présente, tendant un bras accusateur vers le Spectre Noir tandis qu'elle le dévisageait d'un néant absolu en lieu et place d'un visage attendu.

Il n'y avait pas un bruit... simplement un laps de temps suspendu qui s'effaça à l'instant même où la forme vibra et disparut comme elle était apparut laissant dans son sillage un feulement compréhensible pour le lieutenant du Garuda uniquement.

« Son destin... Ta responsabilité. »

Hyujae cligna des paupières, son souffle dessinant une volute de vapeur devant son visage et n'eut pas d'autre alternative que de s'éffondrer à genoux, stable mais évanouie.

Encore ce confort ouaté.

Encore cette sensation d'éveil après un long moment perdu entre sommeil et inconscience.

Elle était partagée entre bien-être et agacement. Elle ne devrait pas être là. Ce n'était pas sa place d'être ici, allongée sur un futon inconnu, meurtrie au point de ressentir ses chairs calcinées bandées mais douloureuses.

« Sombre connard... »

Elle n'avait pas encore ouvert les yeux que sa bouche réussissait très bien à articuler le fond de sa pensée. Elle était en colère. Elle était humiliée.

Elle chercha à se retourner pour se lever et aller dire à ce taré de Japonais de remballer ses cadeaux et ses attitudes protectrices. Il lui avait craché un feu de dragon... un feu noir et lourd... sa peau s'en souviendrait toujours toute morte qu'elle était.

« ah... appo'aish... » (ah... ça fait mal pu*ain)

Elle renonça à bouger, sentant lamentablement que sa conscience retombait dans une paralysie onirique alors qu'elle continuait de pester face au visage coléreux de son supérieur dansant sur ses paupières closes.


Mapo-gu et son parfum iodé. La rudesse de sa vie côtière. La beauté des falaises découpées comme autant de dents acérées bordant un océan tumultueux.

Mapo-gu et légumes pour le kimchi poussant là où le sable se mêlait à la terre rendant la culture moins vulnérable et plus fournie.

Son village dont elle connaissait chaque habitant... chaque coffre à riz... ce village dans lequel elle déambulait pieds nus, n'avait ni parfum ni saveur, à peine quelques sons crépitant d'un brasier dont elle n'avait gardé aucun souvenir.

La lumière rougeoyante de l'incendie provenait de la côte, là bas, là où l'herbe grasse et salée faisait un tapis moelleux sous ses pieds l'emportant à l'écart du brasier.

Quelque chose n'allait pas dans ce récit décousu. Le son manquait... les couleurs semblaient ternes et voilées... les parfums absents... Il manquait jusqu'au bercement des herbes hautes par le vent toujours rageux par ici. Tout manquait et pourtant elle était bien là, seule bribe de vivant dans ce tableau inachevé.

« Temee, ittai nani wo ? » (Qu'est ce que tu fous abruti ?)

Elle se figea aussi sec, ayant comme reçu un coup à l'estomac lui coupant le souffle.

Cette voix...

Tout était flou... elle n'y voyait pas à deux pas devant elle. N'écoutant que sa curiosité, elle retint son souffle alors que son pouls saturait ses oreilles.

Elle s'avança d'un pas, de deux. Le flou ne se décidant pas à quitter son champ visuel, elle ne distinguait que deux formes sensiblement de la même taille. Les silhouettes se faisaient face et puis...

L'enfer. Les cendres. Le néant.

Elle s'éveilla en silence comme on s'extirpe sans heurt d'un songe lointain. Son regard détaillait le plafond sans qu'elle ne s'aperçoive qu'elle ne respirait toujours pas. Ses idées brumeuses se délestèrent du cauchemar, optant pour ne garder que l'essentiel. Le présent, ici et à cet instant, rien ne comptait plus que ça.

Elle se leva en grimaçant, faisant fi de la douleur. Quelque part un son régulier et puissant de métal contre métal guidait ses pas à la rencontre du sujet de sa colère. Elle avançait comme dans son rêve, pieds nus, avec pour seul compagnon le son de sa respiration.

En laissant derrière elle la masure et son onsen, l'herbe sous ses pieds lui rappelait davantage ce rêve cotonneux mais elle ne rebroussa pas chemin, arpentant la route jusqu'à la forge du Bénou.

Il était là, son pantalon de toile bleue parfaitement visible puisque le haut de sa tenue habituelle sensé le cacher était absente. Son buste était aussi noir que son visage ou ses mains. Ce n'était peut être pas la première fois qu'elle le voyait à demi nu mais avant cet instant suspendu, elle n'avait jamais eu le loisir de le regarder sans qu'il n'en fasse autant.

Leur première rencontre lui revint en tête. Elle avait eu peur de lui, le prenant pour un démon de feu ou pour un être calciné revenu à la vie pour hanter les vivants. Aujourd'hui sa couleur n'était plus qu'un détail les différenciant tout au plus. Pourtant elle eu du mal à détourner le regard de la danse de ses muscles travaillant la forge. Sa peau luisait de sueur, et comment y échapper au cœur de cette fournaise, faisant miroiter les flammes du brasier sur la surface humide de son épiderme.

Elle hésita mais le souvenir de son visage déformé par la haine lui propulsant cette gerbe de flammes qu'elle avait tant peiné à repousser attisa sa colère, lui donnant l'énergie nécessaire à ce qui allait suivre.

« C'était toi … l'incendie de mon village... n'est ce pas ? »

Ses mâchoires serrées... ses poings tremblant... sa voix crispée et que plus que tout son regard gris de fureur le détaillait avec une haine rarement ressentie par la Coréenne.

« Un Yakuza … ?»

Loin d'apaiser sa colère la révélation ne faisait qu'attiser le feu de son emportement. Elle écoutait, incrédule, le récit dédouanant du nippon et certains de ses dires la rendaient furieuse.

« Des ordres ? Tu avais des ordres ? Ah ! »

Un petit rire nerveux secoua ses épaules en amplifiant son air mauvais. Loin d'être impressionnée elle avança d'un pas, son buste penché vers le Bénou bien qu'elle soit tenue de se dresser sur la pointe des pieds pour ne pas être risible.

« Moi j'y avais ma vie ! Ma vie tu saisis ?! »

Elle aurait bien voulu le gifler mais aucun geste n'aurait été à la hauteur de sa rage... de sa déception.

« Assassiner des pêcheurs ? C'était ça votre splendeur !? J'ai dû cacher ma sœur effrayée d'à peine sept ans dans un coffre à riz !  Et … et … Est ce que tu as la moindre idée de la puanteur que les cadavres calcinés ont laissé dans le village pendant des jours ? »

Sa dernière question lui fit réaliser l'absurdité de ces mots. Bien-sûr qu'il le savait. Il ne savait surement même que ça. La violence, les flammes, les crimes de tout genre. Des types de son espèce le village en avait vu passer mais sous l'étiquette des pirates japonais. Ils avaient saigné à blanc les pêcheurs bien moins âpres au combat, payant pour la survie de leurs familles. Et ce type devant elle... ce type qu'elle avait fini par apprécier plus que de mesure, était un de ces sacs à m*rde.

« Nappeuneoma ! Issaeki'aish! » (sale ordure ! Bat*rd p*tain)

Une longue tige de glace bleutée naquit de sa paume. Ce n'était ni une lame, ni une flèche. Elle avait l'apparence d'un de ses outils pour pêcher depuis la barque. Une sorte de harpon à la poignée plus haute que son utilisateur. Elle avait appris lors de ses voyages professionnels que des gardes s'en servaient et appelaient ça, une naginata. Ça aurait été si jouissif de l'embrocher … de voir se répandre la glace depuis la blessure... l'immobiliser … le rendre friable … et le réduire en miettes.

Oui mais voilà, le démon de la décade passée avait laissé place à Ryuichi et c'était là une grande différence. Anéantir la peste qui l'avait à ce point changé et détruire le Bénou n'avait rien à voir.

« AOU'AISH ! » (FAIT CH*ER !)

Ses brûlures craquèrent sous ses mouvements brusques lorsqu'elle envoya l'arme se fracasser contre les parois de la grotte, la faisant reculer d'un pas sans pour autant la faire sortir de sa rage. La chaleur insoutenable ravivait la douleur de ses chairs à vif, et puisqu'il était hors de question qu'elle abdique, son cosmos la protégea d'une pellicule de glace rendant supportable la fournaise. Rien de ce qui se déroulait ne pouvait endiguer le flot de souvenirs revenant à la charge dans une suite d'images qu'il ne pouvait voir.

« Tu as éclaté la tête d'un de tes hommes comme un fruit mûr avant de réduire en cendres celui qui m'avait tiré dessus... C'est ta main sale des reliefs de sa cervelle qui tentait de m'attraper le dernier souvenir avant le réveil miraculeux sur la berge. »

S'il avait était moins enclin à remarquer sa poitrine, il aurait perçut les cicatrices laissées par les rochers acérés alors que les vagues la battait contre les récifs où elle avait été retrouvée. Le sage du village lui avait sauvé la vie, mais il avait fait comme il avait pu en matière d'esthétique. Après tout, elle avait déjà une anormalité alors un corps zébré de cicatrices...

« J'avais raison depuis le début dans le labyrinthe. Tu es un démon... »

Son faciès marquait le mépris et la colère mais son regard regagnait peu à peu de légères teintes de bleu. Elle inspira, cherchant à repousser l'hystérie. Ses épaules s'affaissèrent alors que sa voix devenait plus grave.

« Sans toi... sans ton incomparable cruauté … je n'aurais jamais été choisi pour servir Hadès. »

Encore ce rire pincé et empli de désillusion.

« Je n'aurais jamais vu l'impensable... Je ne serais jamais tombée depuis cette falaise... jetée sur les récifs... J'aurais dû mourir mais il faut croire que notre monarque n'avait pas encore besoin de moi. »

Sa voix s'éteint dans un souffle, le regard vague posé quelque part sur le sol de la grotte. Le silence stagna une poignées de secondes, assez pour être dérangeant. Elle cligna des yeux, semblant reprendre le fil de cette confrontation.

«Et maintenant ? Tu as déjà essayé deux fois de me réduire en cendres. Je dois m'inquiéter d'une troisième ? » 

Ça, elle ne l'avait pas venu venir. Elle s'attendait à tout, surtout dans le répertoire d'expression du nippon, autrement dit la colère, la fureur, la violence évidemment.

Mais non. Son attitude, et son discours, avaient tout d'une tentative d'expier ses fautes. Le simple fait de s'auto-mutiler avec une arme surgit de sa colère à elle la laissait dans un imbroglio de sentiments confondus. Est ce qu'il jouait le repentir ? Est ce qu'il tentait l’apitoiement ou au contraire, est ce qu'il était aussi meurtri qu'elle de cette croisée des destins ?

Quoi qu'il en soit il n'en demeurait pas moins que s'il avait raison sur son étoile protectrice, pardonner dix ans de passif ne se ferait jamais aussi rapidement et aussi catégoriquement.

« C'est pas parce que je souris que j'oublie. » son regard se fixa sur la plaie qu'il avait choisi de s'infliger, la faisant tiquer un instant « ni que je pardonne. » ce n'était en soi, pas grand chose bien qu'assez profond. A cette vue, elle n'aurait peut être pas dû ressentir cette satisfaction mais constater que sa glace avait atteint ce niveau renforçait sa confiance d'être un jour une Spectre à la hauteur.

Elle planta ses iris dans ceux cola du Bénou tandis que sa paume se plaquait sur sa plaie.

« ça se serait trop simple... »

Le froid mordant cautérisa les tissus à la seconde où elle y insufflait son cosmos, la satisfaisant davantage. Malgré tout , et bien que l'orage soit encore proche d'eux, Ryuichi se permit une petite boutade sur sa tenue légère et la spéculation qu'en cas d'affrontement elle y perdrait sa tenue complète cette fois. Pourtant, à bien y regarder, elle n'était pas la seule à ne porter qu'un bas. D'ailleurs elle le lui fit remarquer en ajoutant une plaisanterie se voulant torve afin de dissimuler sa pudeur mise à mal. Il faut bien admettre qu'elle ne s'était jamais montrée si peu vêtue à quiconque puisque l'éducation des femmes de son pays, en tout cas de son village voulait que son corps devait être dissimulé sous une tenue allant de la nuque aux chevilles.

« A force de m'entrainer, rien ne dit lequel de nous deux finirait par attraper froid. »

S'il décidait de l'attaquer maintenant ? Certainement qu'elle finirait en bandages mais l'idée de pouvoir un jour déculotter le Bénou … voilà un rêve qui motiverait sa progression.

« Cela dit, si on veut en arriver là, je vais avoir besoin de mon surplis, et à le voir gris comme ça... c'est un crève cœur. »

Elle le dépassa en s'approchant du totem du Tengu, y posant sa main, attristée de ne pas ressentir son alliée vibrer à son contact.

« Je t'ai vu réparer la tienne. J'imagine que c'est le même déroulé pour tout le monde. »

Tout en parlant elle habilla le bout de son doigt d'une lame fine mais acérée, tranchant sans hésiter la chair de ses deux poignets qu'elle exposa au-dessus du Surplis.

« Je me demandais … » Peut être aurait elle dû choisir la jugulaire pour aller plus vite « c'est qui Nathan ? »