L'au revoir d'un Maître à son disciple [sujet libre]

Erreur de débutant. Il s’en voulait terriblement d’être venu au sanctuaire en ces temps troubles. Il devait le savoir. La part d’humanité qui s’invitait à l’intérieur de son esprit gagnait de plus en plus de terrain et l’empêchait de voir ce qu’il savait pertinemment. Il savait que le Sanctuaire d’Athéna était le lieu de rendez-vous de toutes les factions guerrières de ce monde. De plus, il savait que le premier temple était la porte d’entrée et que bon nombre de personnes, telle une boite de nuit, restaient devant les portes sans pouvoir danser à l’intérieur. Il savait très bien que s’il avait demandé à ce qu’un chevalier l’accompagne jusqu’au troisième temple, il aurait pu disperser les cendres de son cher ami, dont le corps a fini en poussière à sa demande. Oui, l’ancien chevalier d’Or des Gémeaux vivait une dépression depuis qu’il avait quitté son époque originelle. Même lorsqu’il revêtit l’armure d’argent de l’Autel puis celle des Gémeaux, son cœur était brisé. Il n’était pas fidèle à Athéna, ni à personne d’autre. Son armure le savait et accentuait davantage sa souffrance. L’armure des Gémeaux pouvait être cruelle et augmenter les troubles de son porteur. Certains disposaient d’une double personnalité et la mauvaise personnalité était beaucoup plus présente que la bonne, car la constellation des Gémeaux était maudite. Hevruka, comme il était dépressif et que son seul souhait était de mourir, l’armure le rendait de plus en plus inhumain, pour que, même s’il voulait se trancher la gorge, il ne put le faire. Il était devenu comme une machine. La haine le rongeait. Il avait failli mourir au XVIIe siècle, lors d’une bataille qui avait vu périr sa chère et tendre meilleure amie et seule amour de sa vie. Il s’était enfermé lui-même dans une dimension qui l’envoya directement plus de cent ans plus tard. Ce jeune Anglais n’avait plus aucune raison de vivre.

Milan Sethni, chevalier d’Or du Capricorne, de qui il était très proche, ne put changer quoi que ce soit à son esprit. Atlia Verana, chevalier d’Or de la Balance, son maître, connaissait les souffrances qu’il subissait à chaque seconde et même lui, porteur de lumière et de vie, il ne put rien faire. Milan lui avait appris un élément, celui de la Vie, mais Hevruka s’en était servi pour s’approcher de la mort, pour voler la vie. Il rencontra une seule fois Athéna. Mais même sa rencontre avec sa divine déesse ne changea rien. L’armure des Gémeaux le savait très bien : si la seule condition pour qu’il puisse retrouver l’amour de sa vie était de tuer Athéna, il l’aurait fait. Voilà pourquoi l’armure ne lui accordait pas toute sa confiance. Il n’arrivait même pas à utiliser toute l’étendue de son cosmos, lui pourtant qui était un puissant chevalier d’or. Il était parti, en voyage, dirons-nous et avait laissé son armure à son temple. Il avait disparu pendant quelques temps, sans que personne ne puisse savoir où il était. De toute façon, tout le monde se foutait de savoir où il était. Il n’avait pas eu le temps de créer des amitiés, si ce n’est celles avec ses deux maîtres, la Balance et le Capricorne. Il avait simplement disparu, il n’avait pas déserté, cela dit. S’il avait été considéré comme un traître à son rang, et bien… tant pis ? C’était le cadet de ses soucis. Il voulait simplement faire taire les voix qui étaient dans sa tête. Dont celle d’Eths. Ils s’étaient connus dans la dimension dans laquelle sombrait Hevruka. Ils s’étaient « liés » d’amitié. En fait, Eths était celui qui le torturait psychologiquement, mais il était aussi celui qui le fit sortir de cette dimension silencieuse, car avec le temps, il s’y était attaché. Hevruka n’avait absolument plus aucun souvenir d’Eths, création de Dieu.

Toutefois, lors du « pèlerinage » du chevalier d’or des Gémeaux, leurs routes s’étaient croisées. A la vue d’Eths, tous les souvenirs d’Hevruka étaient remontés à la surface. Une certaine haine l’avait envahi, du moins plus qu’à l’accoutumée et il avait cherché à détruire Eths grâce à son explosion galactique.  Cela ne fonctionna pas, car le cosmos des Gémeaux n’était plus en phase avec l’être des Gémeaux. Eths le savait, et c’est pour ça qu’il s’était mis à chercher le chevalier d’or. Il arrivait à le sentir car ils avaient une certaine connexion. Eths lui expliqua tout ce qui n’allait pas. Hevruka n’avait qu’à se taire. De toute façon, il ne parlait jamais et c’est bien la cause de ses soucis. Il ne s’était jamais ouvert, traumatisé par la mort de sa bien-aimée. Eths savait tout, il connaissait Hevruka sur le bout des doigts, car c’est à cause de lui que son amour était morte, car c’était à cause de lui qu’il avait erré dans une dimension, car c’est grâce à lui qu’il était devenu chevalier d’argent de l’Autel puis chevalier d’or des Gémeaux. Le chevalier d’Or des Gémeaux était celui qui dirigeait les dimensions, les choix et le destin : une vocation toute tracée pour Hevruka. Du moins, une vocation décidée à l’avance par Eths. Il avait pensé qu’en le poussant dans les bras de l’armure de Janus, Hevruka aurait explosé toute sa puissance et serait devenu enfin un homme libre, parce que, bizarrement, même s’il détestait toute l’humanité, Eths appréciait beaucoup Hev.

Lors de leur rencontre, Eths lui demanda s’il voulait en finir. Sa réponse allait être définitive, il fallait qu’il réfléchisse bien. Mais le chevalier d’or avait à peine mis son cerveau à réfléchir qu’il avait déjà pris sa décision. Il voulait en finir et rejoindre son amour, la plus belle femme qu’il ait pu rencontrer, Athéna étant le pire des laiderons. Eths accéda à sa requête. Il toucha du bout de l’index la poitrine du chevalier d’or. Il avait touché le dessus de son cœur, et l’avait arrêté. Le chevalier d’or ne s’était pas senti mourir, Eths ne voulait absolument pas qu’il souffre, il ne l’avait pas mérité, il avait toujours été exemplaire. Mais l’âme d’Hevruka n’était plus là. Son corps était inerte et avait rapidement refroidi. Afin de perpétrer la tradition des guerriers, il avait mis le feu à son corps afin d’en récupérer les cendres après, lui promettant de déverser celles-ci dans le temple des Gémeaux, le seul endroit où il pouvait apercevoir le visage de son aimée. En outre, le temple des Gémeaux était lié à l’ouverture dimensionnelle. Peut-être qu’en ouvrant une dimension parallèle, les cendres d’Hevruka allaient être conservées et pouvoir être réutilisées pour une probable résurrection ? Eths ne maîtrisait pas ce sujet, la résurrection, si ce n’est celle de notre Sauveur Jésus-Christ, il n’y croyait pas trop. Mais les miracles existent, après tout, non ?

Eths avait laissé son cheval noir, Rutsah le conduire où bon lui semblait. La famine pouvait atterrir dans n’importe quel lieu, à n’importe quel moment. Eths avait un contrôle total sur les quatre cavaliers de l’Apocalypse et leurs chevaux. Cela dit, le cavalier de la Mort n’était plus contrôlable car il était incarné par une femme qu’il avait rencontrée quelques temps plus tôt, Morgane. Il avait senti également que le Cavalier rouge, celui de la Guerre, n’était plus contrôlable. Il ne lui restait que le Blanc et le Noir : la Conquête et la Famine. C’était une bonne nouvelle, l’armée d’Arès grossissait et surtout, les quatre cavaliers étaient la garde rapprochée d’Arès, donc cela voudrait peut-être dire que le Seigneur de la Guerre avait décidé de se déplacer ou de commencer une guerre. Eths avait senti une certaine tension lorsqu’il était au sanctuaire d’Athéna. Autant d’étrangers, c’était trop suspect. Surtout un spectre aussi puissant. Il y avait de l’orage dans l’air, c’était sûr.

Il était arrivé dans les régions du nord, celles de Northrend… Ah non, c’est pas le bon script.

Il était arrivé dans les régions du Nord, Asgard, monde que dirigeait les Ases et dont le plus connu et le plus important était Odin. Il faisait froid par ici. Rutsah devrait bien s’y sentir. Dans les pays froids, il était difficile d’envisager une agriculture performante. La chasse était peut-être plus envisageable. Il suffisait que Rutsah foule le seul sol fertile pour que les maladies s’enfoncent dans celui-ci et que chaque être vivant ne soit plus qu’un zombie. Eths avait repéré plusieurs cosmos dans les régions du nord lorsqu’il laissa Rutsah vaquer à ses occupations. Il avait senti un cosmos plus proche de lui. Il était resté là à l’observer, en laissant sa cosmoénergie le plus bas possible. Il ne devait pas être repéré. Pour un Cardinal d’Arès, il était aisé de jouer avec son comos, de l’augmenter et de le baiser à sa guise. Il maîtrisait le septième sens, chose dont tout le monde ne pouvait se vanter. Il faisait partie des plus puissants guerriers d’Arès. Les seuls à lui être supérieurs étaient les Dieux de l’Effroi : Phobos et Deimos. Evidemment, ceux qui avaient éveillé leur âme de guerrier avant Eths étaient certainement plus puissants. Quoique, c’est pas forcément sûr. L’Annonciateur avait vu  un jeune homme jouer avec un corbeau, majestueuse créature, à laquelle, le Cardinal était assez attaché. Sur son sein droit était d’ailleurs tatoué un corbeau, sur une petite branche en bois. Le regard du tatouage était plus sombre que celui d’un réel corbeau, cela dit.

Eths laissa son imagination lui dicter ce qu’il allait faire. Tout d’abord, il faut savoir que le Cardinal était doué dans la manipulation mentale et dans la formation d’illusions. Il est logique qu’avec autant de puissance, on puisse se servir de celle-ci pour faire varier la vision d’un individu. Ceux qui ont le pouvoir d’un chevalier de bronze peuvent avoir cette faculté mais il était très compliqué pour eux de la maîtriser parfaitement. Un chevalier d’argent, lui, qui était davantage habitué à utiliser son cosmos, pouvait, par la force des choses, manipuler quelques illusions, qui pouvaient semer le trouble dans l’esprit d’un dieu pendant quelques secondes. Mais le Dieu, lui, en faisait presque son fonds de commerce. Il avait accès à tout. Parmi les humains, certains choisissaient d’orienter leurs pouvoirs dans la force brute, d’autres dans la force cosmique, d’autre dans la manipulation de celle-ci. Eths lui, de par son grand âge et son expérience, utilisait la force brute et la manipulation de la force cosmique. Non pas qu’il ne possédait pas d’attaque purement cosmique redoutable, hein, mais il avait sa spécialité. De toute façon, les Guerriers d’Arès ont un point commun : ils ont tendance à favoriser la force brute. Pas tous, évidemment, sinon c’est moins drôle, mais la majorité, à coup sûr. Dans tous les cas, Eths avait la faculté de métamorphose. Evidemment, comme il n’était pas un dieu, il ne pouvait utiliser cette faculté trop longtemps car elle drainait énormément son énergie. Lorsqu’on se change en animal, il est très compliqué de garder un esprit humain, car l’instinct animal prend très rapidement le dessus, et c’est ça qui mange l’énergie. Dans ce sens, il se changea en corbeau et fit de longs tours autour du jeune homme, qui lui semblait perdu.

Malgré son apparence, il arrivait tout de même à garder son esprit intact, le corbeau et l’araignée étant ses métamorphoses préférées et celles qu’il utilisait le plus. Il maîtrisait cette connaissance de l’énergie. Il descendit lentement, tout en gardant son cheminement, c’est-à-dire, des tours autour de l’humain ici présent. Une fois arrivé devant ses pieds, le corbeau regardait l’inconnu dans les yeux. Du moins, il essayait. L’instinct animal étant ce qu’il est, un oiseau bouge tout le temps la tête, comme un aveugle. Ou comme un bébé. Ou un trisomique, au choix.

« Que viens-tu faire ici, en ces terres désolés, jeune homme ? Il m’est d’avis que tu sembles loin de ta maison, me trompe-je ? »

Oui, c’était le corbeau qui venait de parler. Eths n’avait pas l’audace de se faire passer ni pour Hugin ni pour Munin. Il n’avait pas la prétention de tromper l’homme en prenant l’apparence d’un compagnon d’un dieu. Il avait malgré tout, beaucoup trop de respect pour les êtres divins. Eths, en corbeau, déploya ses ailes sans pour autant s’envoler. Dès cet instant, une aura verte entoura le corbeau, qui implosa presque pour laisser passer comme un corps humain. La métamorphose avait pris fin. Un homme était sorti du corbeau. L’homme était vêtu d’une armure extrêmement fournie, d’une couleur très sombre, tel un bleu nuit. Toutefois, la faible luminosité de cette région n’aidait pas à voir toutes les subtilités de son armure, elle qui pouvait briller de mille feux. Seul le casque manquait à l’appel, car le Cardinal d’Arès n’était absolument pas en position de combat, il était juste là… pour passer le temps, disons. Peut-être que ce jeune homme voulait en découdre avec le cardinal ? Eths ne pensait pas, mais ne sait-on jamais, ça fait passer le temps encore plus vite. Et puis, s’il y a moyen de manger de la cervelle d’humain, pourquoi se priver ?

« Enchanté, jeune homme. Je suis Eths, Cardinal des Calamités, Annonciateur de l’Apocalypse, maître du Régiment des Calamités du Seigneur Arès. A qui ai-je l’honneur ? Tu ne me parais pas être un allié… Ai-je tort ? »

Le regard du cardinal était froid. Ses yeux étaient bruns, et ses pupilles tout à fait normales. Il ne laissait pas sa bestialité l’envahir.

Eths appréciait faire des entrées remarquables. Il ne voulait pas passer aperçu parce qu’une création de Dieu ne doit pas être ignorée. Certains pouvaient considérer ce trait de caractère comme de la vantardise mais il en était tout autre. Il s’agissait de l’essence même de la divinité. Quoi que vous fassiez, Dieu est toujours là. Vous devez vous rendre compte que Dieu vous observe, que Dieu est en chacun de vos mouvements. Certes, il est vrai que ses entrées pouvaient paraître plus banales, par moment, mais c’était rare, il fallait l’admettre. Un coup, il cherchait à attirer l’attention en lançant des crânes, un autre coup il arrivait habillé en grandes pompes, et bien sûr en usant de ses talents d’illusion. Il pourrait aussi arriver à dos de chameau ailé que l’impact serait le même. Le but : qu’on n’oublie pas sa présence. Toutefois, le Cardinal d’Arès savait se faire discret quand il le fallait. Il n’appréciait pas les dialogues incessants. Parler c’est bien, taper c’est mieux. Après tout, c’est un guerrier du camp du Dieu de la Guerre. Donc se battre, c’est comme une seconde nature. Néanmoins, il avait une légère préférence à la torture psychologique, parce que d’après lui, elle pouvait amener à des dommages physiques. Un fou a tendance à se scarifier, non ?

Pourquoi alors ne pas s’amuser avec le chevalier d’Athéna ? Il lui paraissait suffisamment fort pour jouer un peu et suffisamment faible pour ne pas trop courir de risque. L’inconvénient, c’est que les deux protagonistes étaient en Asgard. Asgard était un territoire plus ou moins allié à Athéna. Donc s’il attaquait un chevalier de la majestueuse (LOL) déesse de la Guerre, il risquait de se faire élargir l’orifice qui lui servait à éjecter ses excréments. L’anus, oui. Parce que le temps qu’il se batte, même si ça dure peu de temps, parce que la différence de puissance était tout de même notable, des Yétis pouvaient faire leur arrivée et décider de lui claquer le beignet. Donc, autant rester neutre, ou peut-être un peu provocant, mais pas belliqueux. Bon, déjà, le petit bébé d’Athéna l’avait tutoyé. Un mauvais point. Quoique… Eths l’avait tutoyé aussi. Donc bon, il ne pouvait rien dire, il avait commencé.

A priori, le toutou à sa déesse était là pour faire ses adieux à quelqu’un. Malheureusement, le p’tiot n’avait pas du tout décliné l’identité de ce « quelqu’un ». Eths n’avait qu’une idée en tête, lui balancer une punchline digne des plus grands films hollywoodiens, du genre « OUAIS, TON REFLET » et il lancerait un combat dantesque. Il fallait absolument que la Calamité se contrôle et qu’il n’attaque personne. Il avait un petit sourire en coin en écoutant le bébé à sa maman. Il est à noter que le guerrier d’Arès éprouvait une certaine révulsion face aux Saints d’Athéna, à défaut de préférer ses autres seins. Pour lui, un mec qui vouait sa vie à protéger la veuve et l’orphelin, c’était une blague mythique. L’amour et la justice sur terre, pourquoi pas dire que t’es un fragile ? Le camp de la déesse guerrière était un nid de personnes plus dégoûtantes les unes que les autres. Y’avait des gentils, des méchants, des possédés, des aveugles, des agressifs, des passifs, des actifs. C’était plus un camp, c’était une salade complète supplément olive.

« Me raconte pas ta vie. »

Malgré tout, Eths n’en restait pas moins un connard. Même si un homme souffrait le martyr et qu’il souhaitait expier ses fautes avant de s’envoler aux cieux, il n’aurait même pas eu l’envie de l’écouter. La parole d’un humain était inintéressante. Ce n’était que des créatures présentes pour assister à la fin des temps. L’Humanité n’était là que pour être détruite. Et ce jeune… Nowan ? n’était que du bétail aux yeux du Cardinal. Toutefois, il aurait dommage de couper court à une discussion. Même s’ils étaient ennemis, cela n’empêchait pas de discuter. Pour preuve, la Calamité a souhaité s’entretenir plus tard avec le Chevalier d’Or de la Vierge, parce qu’il paraissait différent des autres, comme plus illuminé. Comme Eths était illuminé, la discussion pouvait être intéressante, n’est-ce pas ? En plus, Hogo Ewen était dans le camp de la Déesse de la Guerre ! Preuve que Eths savait être tolérant. M’enfin, il avait quand même du mal avec des êtres inférieurs à sa condition. Nous n’avons pas les mêmes valeurs. Chevaliers d’Argent et de Bronze, c’était du pipi de chat à ses yeux. Et même si le bébé n’avait pas décliné ni son rang ni sa constellation protectrice, il ne pouvait s’agir d’un chevalier d’or. C’était absolument impossible.

« Tu es un chevalier d’Athéna. Je suis un berserker d’Arès. Nous sommes forcément ennemis. Donc tu ne m’en voudras pas si je cherche à te tuer ? Après tout, c’est dans l’ordre naturel des choses. »

Il leva la main au ciel pour entamer un combat mais quelqu’un avait décidé de se joindre à la partie. Dommage, il devra remettre ça à plus tard. Cela faisait trop longtemps qu’Eths n’avait pas tué de gens. La dernière fois qu’il le fit, c’était en France à Montclair, avec l’aide de sa maîtresse d’arme, Morrigan, lorsqu’ils massacrèrent un village entier pour mettre fin à une trêve des violences dans l’enceinte de la cité. Arès ne pouvant tolérer autant de niaiseries, avait envoyé deux de ses meilleurs guerriers pour niquer tout le monde. C’était bête, d’un côté. Morrigan et Eths étaient extrêmement puissants, voire trop puissants pour une mission aussi futile. D’un autre côté, c’était logique. Il fallait que ce soit vite terminé et surtout Arès savait très bien que le régiment de la Calamité avait une certaine addiction pour la violence et le massacre. Certes, ils n’étaient que deux dans ce régiment, car toutes les calamités ne s’étaient pas encore réveillés, mais Morrigan, sorcière pratiquant la magie de sang, et Eths, esprit surnaturel pratiquant la destruction de masse. Bref. Un guerrier divin s’était présenté à eux. Puis un deuxième. C’était rapide. On était vite accueilli par ici. Plus lentement qu’au Sanctuaire de la meuf aux cheveux violets, mais c’était bien. Eths n’était pas sûr que dans le Domaine de la guerre, on puisse faire aussi bien. L’accueil n’était pas leur fort. Sauf si l’accueil se résumait à tuer, là, ils se posaient quand même dans le top 3. 4,7 étoiles sur Tripadvisor. Epsilon, donc un puissant guerrier divin accompagné d’un gentil petit loup. Sympa, Eths ne savait pas que c’était la mode d’avoir des animaux de compagnie. Un corbeau, un loup et un tamagotchi. Le deuxième guerrier divin, vu la gueule de son armure, ça ne pouvait être que l’Alpha. ALPHA MAAAAN. Vous croyez qu’une de ces attaques c’est « Par le pouvoir du crâne ancestrale ? ». Eths n’eut qu’une envie, se présenter comme étant le grand Skeletor, Seigneur de la destruction, mais il avait peur que les deux nouveaux protagonistes ne comprennent pas la référence. Oui, les Asgardiens sont bêtes. Vouloir rester dans le nord, c’était stupide. D’où Dunkerque fait rêver ?

« Enchanté. Eths, Cardinal de la Calamité d’Arès. Ca commence un peu à devenir redondant de se présenter. Je vais finir par tatouer mon nom sur mon front. »

Un peu d’humour ne fait pas de mal. Il ne voulait pas froisser ses hôtes, car ils étaient en surnombre (deux, wouhou), et ne voulait pas risquer de se faire allumer. Ca serait con, à peine il récupère la cuirasse de la Calamité qu’il va devoir dire bonjour aux enfers. Autant éviter, n’est-ce pas. Eths adorait les loups. Ils faisaient partie de ses animaux préférés avec les corbeaux et les tigres. Va savoir pourquoi. Faudrait peut-être essayer de mélanger les trois, ça pourrait donner une créature super classe. Ou devenir un immonde Pokémon. Il matérialisa une côte de bœuf bien saignante, bien rouge, que tous les carnivores envieront. Et bien sûr tous les vegans lui casseraient les bourses parce que ça fait du mal aux pauvres nanimaux. Il recula de deux pas et lança la côte de bœuf derrière le guerrier divin d’Epsilon. En espérant que l’animal veuille bien manger et qu’il soit pas trop con pour repérer de la viande fraîche.

« Vous m’excuserez, Guerrier Divin, mais je voue une adoration infinie envers les loups. J’en ai un dans mon domaine. Certes, il n’a plus de peau ni de muscle et n’est plus qu’un squelette, mais il rapporte toujours la balle. »

Eths changeait du tout au tout. Il pouvait être extrêmement méchant et manipulateur comme très amical et pas du tout agressif.

« Je viens ici en simple touriste, si je puis m’exprimer ainsi. Je n’ai aucune intention belliqueuse ni même rien du tout. Cela dit… Si vous voulez, on peut s’amuser en se battant. »

Il augmenta légèrement son cosmos de feu, parce que mine de rien, il faisait froid dans cette fausse imitation de Calais. Il fit un coucou bien gentil à l’autre guerrier divin qui ne s’était même pas présenté. Dis le si on te fait chier, mon pote.

« Y’a un problème, tu veux une pizza ? »

Ou une tarte dans ta gueule ?

Eths est pas content. Il va faire mal à l'un d'entre eux, c'était sûr. Il faisait énormément d'effort pour ne pas exploser. Comment pouvait-il oser manquer de respect à un Cardinal ? Comment pouvait-il oser ne serait-ce qu'hausser le ton face à l'un des plus hauts représentants de l'armée d'Arès ? Lui qui était né pour se battre, pour laisser exploser sa colère, être bafoué ainsi, c'était impardonnable. Je vous le dis, le louveteau cherchait royalement la merde. Comment pouvait-il oser parler ainsi à un cardinal d’Arès ? Un des êtres les plus agressifs de toute la création. Le camp d’Arès ne pensait qu’à se battre et se fichait pas mal de la force des autres. Mourir au combat, quoi de plus beau ? Remarquez, les Guerriers divins d'Asgard pensaient à peu près la même chose. Mourir au combat les emmenait au Valhalla. A part Allah, Eths s'en foutait complètement.

Dans tous les cas, il ne répondit absolument rien. Rien du tout. Si un de ses camarades avait été présent, il se serait probablement foutu de sa gueule. Mais ne vous inquiétez pas. Eths a la rancune tenace. Il laverait cet affront, par la force s'il le fallait. Par l'humiliation, c'était encore mieux. Le Gardien pas gentil pas beau s'en alla le premier en direction des hautes sphères du domaine d'Odin, suivi de près par Nowan, le jeune chevalier d'Argent. Le dernier qui avait l'air fort plus intéressant et surtout fort plus respectueux que son homologue d'Epsilon, l'avait invité à partir, avant de s'en aller lui aussi.

"Qu'ils sont cons !"


Oui, laisser un ennemi gambader librement sur leurs terres. Abrutis. Il les laissa prendre un peu distance avant de les suivre, toujours en masquant au maximum son cosmos. Pourquoi ? Une simple envie.