Où suis-je ?...
J’ouvre les yeux mais seules les ténèbres répondent à mon appel muet ? J’ai dormi… Longtemps. Plus que nécessaire. Les souvenirs de mon précédent éveil reviennent peu à peu, comme les grains d’un sablier paresseux.
Des guerres divines vaines et dénuées de saveur… Un pégase noir arrogant renvoyé au néant… Une humanité toujours plus pathétique et veule… Je n’avais pas trouvé d’intérêt à me retrouver une fois encore pris dans la nasse de confits stériles entre ces damnés Olympiens. J’avais alors gagné une église abandonnée, pour m’y assoupir en attendant que ce monde ait de nouveau besoin de ma divine lumière.
Le moment est donc venu…
D’une pensée, je repousse la dalle du sarcophage où mon corps repose. Son heurt avec le mur épais de pierre résonne dans l’église vide et soulève un épais nuage de poussière dont je n’ai que faire. Je me relève lentement… M’étire… et sourit à la vie. Tant d’opportunités, de choix se présentent de nouveau à moi. Le chaos m’anime, me revigore ! J’entends les prières lointaines des mortels et ma gausse de ces vaines tentatives pour interpeller des dieux autistes. J’étends alors mes perceptions et m’étonne de ne saisir que si peu de cosmos digne de mon attention. Tous les olympiens auraient-ils succomber à la guerre précédente ? Intéressant…
Un monde quasiment sans défense me tend les bras ! Une perspective délicieuse et pleine de promesses.
Je sors de la structure consacrée et sourit au soleil mourant. Que ses éclats me réchauffent d’une vie nouvelle… Quel délice, quel doux nectar pour mes sens encore somnolents… Par réflexe, j’étire mes ailes parfaites l’une après l’autre avant de les faire disparaître d’une pensée.
Que faire ? Les sanctuaires me sont connus, et tous peuvent être source d’informations nécessaires. Mais bien peu me feraient bon accueil. Par préjugé. L’un des rares souvenirs notables de ma précédente incarnation me revient et je cède aux possibilités qu’il me propose sans opposer de résistance.
Il est temps pour ce monde en paix de retrouver la terreur du lendemain, pour mieux s’y confronter. Car sans le mal, le bien ne peut perdurer.
Les Enfers