Le mauvais pressentiment qui avait assailli la voyageuse au temple précédent s'était dissipé. Le seul sentiment qui l'habitait était donc la perplexité.
Mais plus pour longtemps.
Lorsqu'elle passa, sans cérémonie, sûre qu'elle était que nul ne viendrait l'accueillir, le seuil du temple de Coeos et de Phoebe, une odeur putride la frappa de plein fouet. La sainte s'arrêta, le coeur battant, sachant déjà l'horreur qu'elle allait découvrir.
L'oiseau se remit en route, prête à contempler une scène macabre à l'opposée des jeux de lumière auxquels elle se serait attendue.
Les premiers cadavres, assemblés pêle mêle, appartenaient à des gardes dont la surprise et la douleur étaient fixés pour l'éternité. En réalité, parler de cadavres était sans doute un peu rapide. Ils avaient été déchiquetés et vu leur état de décomposition avancée ils ressemblaient surtout à un amas de bouillie et d'os qui avait perdu tout caractère humanoïde.
Mais il s'agissait de soldats. Peut être avaient ils mérité cette fin dans leur combat. Peut être même avaient ils mérité un sort aussi cruel. Ce n'était pas à la sainte de décider.
Après quelques pas, elle s'arrêta de nouveau, une main plaquée contre le visage. Des colonnes avaient été brisées et disposées en un ring sinistre. Entre elles, une multitude de cadavres de civile armés et terrorisés gisait, comme s'ils avaient été contraints de s'entre tuer.
La silver fera état de cette atrocité. Même si les Titans avaient mérité le destin le plus ignoble, il était hors de question que des civils en souffrent pour s'être placés sous la protection de la mauvaise divinité.
L'aigle voulut au moins leur rendre honneur. Choisissant de sacrifier de son temps, elle partit à la recherche de tous les rideaux, draps et tentures qu'elle pourrait trouver.
La gamine eut assez de tissus pour recouvrir tous leurs restes pourrissant, à défaut de ne pouvoir les enterrer. Et elle priait pour pouvoir un jour demander des comptes à l'auteur de ce massacre.
Dans le silence religieux qui régnait, la sainte finit par distinguer une faible respiration. Elle promena son regard sur les gisants, et finit par remarquer un enfant blessé, caché sous plusieurs cadavres d'adultes. C'est sans doute ce qui l'avait soustrait à la mort.
La silver se précipita pour le dégager des décombres et le berça lorsqu'il commença à pleurer.
Puis elle réalisa que ses blessures infectées devaient le faire atrocement souffrir et ne lui laisseraient sans doute que peu de temps à vivre.
Tandis qu'elle hésitait, sa haine envers leur meurtrier atteint son paroxysme. Que devait elle faire de cet enfant? Abréger ses souffrances et l'achever? Il n'avait pourtant pas mérité de mourir. Pourrait elle le soigner, alors? Et si elle y parvenait, aurait elle le coeur de l'abandonner dans ce champ de ruines? Quel avenir malheureux resterait il à l'enfant s'il vivait?
Des milliers de pensées se bousculaient dans la tête de la vagabonde tandis que, son poignard levé au dessus du frêle enfant, elle ne parvenait às'arrêter sur une décision. Toute cette souffrance aurait pu être bien amusante, quel dommage qu'elle ait été gaspillée sur des innocents...
La silver secoua la tête, elle ne devait pas penser ainsi. Elle se força à se rappeler qu'elle protégeait l'espoir. L'espoir que cet enfant pourrait se reconstruire une vie saine sur ces décombres et ces cadavres.
L'aigle rangea son poignard sous son omoplate et se concentra. Comme elle l'avait fait lorsque son maître lui avait appris l'élément Vie, elle transfera au mourant la vitalité nécessaire pour refermer ses plaies.
Lorsqu'elle fut sûre qu'il était sauf, elle repartit.
prochain domaine le 31 octobre .sauf si interruption