Pris à son propre piège [Phobos]

Le Tartare est un endroit bien étrange. Les mortels ne peuvent qu'imaginer ce qu'il représente pour un être divin. Car si les humains ont coutume d'imaginer que les enfers et le Tartare sont identiques, comme ils se trompent lourdement...

Les paupières du dieu de la peur se froissent doucement alors qu'il lui semble retrouver la conscience perdue jadis. La première chose qu'il ressentira à son éveil, est la violente et cuisante chaleur qui l'entoure. Comme s'il avait été précipité au coeur d'un brasier ardent, à l'épicentre même d'un volcan en éruption. La température est intolérable, même pour un être divin tel qu'il l'est.
Car si en terre mortelle, Phobos n'aurait à souffrir de la chaleur, les cartes sont battues à nouveau en ces lieux. Il ne maîtrise plus rien, ne maîtrisera bientôt plus rien du tout.

Ce qui l'entoure contraste violemment avec le ressenti qu'il éprouve. Car une fois que ses prunelles claires ont retrouvé toute leur vision, c'est une vaste plaine verdoyante qui s'étend autour de lui. Au centre de cette plaine il reconnaîtra sans peine son propre trône, celui là même sur lequel il siège dans son temple, au plus profond des terres d'Arès.

Les jambes battant une mesure qui n'existe que dans son esprit, une jeune fille à la longue chevelure carmin foncé est avachie en travers du large trône. Sa nuque repose contre un accoudoir tandis que les creux de ses genoux sur l'autre.
De minces filets de sang s'écoulent le long de ses jambes, achevant leur course en de grosses gouttes qui tombent dans l'herbe verte.

"Petite Théosia... petite, petite Théosia qui nage..."

Elle chantonne d'une voix à peine audible, ses longs cheveux raides couvrant son visage en pans poisseux couverts de sang à moitié séché. Un minuscule ours en peluche trône sur son ventre alors qu'elle poursuit sa chansonnette d'une voix sombre.

"...dans les eaux profondes... bientôt va couler..."

Sans surprise, une douleur atroce éveilla la Peur. Phobos se releva avec une froide lenteur qui témoignait de sa souffrance et de son état de faiblesse. Malgré tout, il conservait une allure digne et noble, quand bien même son corps et son âme tombait en morceaux et se consumait en ce lieu ... si étrange? Le fils d'Arès s'attendait à trouver un lieu de cauchemar, mais ici nulles flammes infernales malgré ses évidentes brûlures, nulles ténèbres oppressantes, mais un paysage étonnement paisible et même "beau". Si ces critères de la beauté était fort particuliers, il savait distinguer un environnement pratiquement idyllique à celui d'une prison sensée être l'Enfer des Dieux. Il s'interrogeait sur la nature de ce maléfice, sur l'aberration d'un tel panorama alors qu'il était sensé se trouver au fin fond du Tartare, au fin fond des Enfers, dans la fosse la plus abominable et la plus profonde qui soit. Peut être que le gardien des lieux, si tant est qu'il y en est un, trouvait cela amusant de le confronter à une telle surprise et pensait que cela serait une torture pour lui qui se complaisait dans les Ténèbres et les pires cauchemars qui puissent être. C'est alors qu'il aperçu quelque chose qui lui déplaisait fortement, le provoquant à pousser un grognement rauque et sinistre.

Il semblait qu'au milieu de cette plaine se trouvait son trône, et plus dérangeant encore, la petite Théosia qui chantonnait. Phobos se demandait encore quelle était ce cette diablerie, les mortels ne pouvait se trouver ici... et Théosia avait beau avoir été sa "chose", elle n'en restait pas moins une humaine. Ou alors était ce le fait d'avoir lié son âme à la sienne qui l'avait entraînée ici. Quoiqu'il en soit, le fils d'Arès resta à distance un moment, observant la scène irréelle avec dégoût, avant de prendre sa décision. Il tourna alors les talons et commençait à s'éloigner. Non, il n'allait pas jouer au jeu qu'on lui tendait, non, il allait explorer les limites de cette plaine, si tant est qu'elle en avait. Et peut être trouverait il son frère et son père qui l'avaient précédés.

Chaque âme ici est un monstre. Et il ne s'agit pas de savoir d'où ils viennent ni de savoir à qui ils s'attaquent. Puisque guider par des instincts primaires, ils s'attaquent aux uns aux autres pour toute l'éternité. Mais, la question est de savoir à qui, les prisonniers du tartare ont à faire. C'est comme l'arrière des pires cauchemars. C'est tous les sangs, les os et les ténèbres. Rempli avec le corps et les âmes de toutes choses, faim, forte et méchantes. Et cette petite Théosia n'est pas différente de toutes ces choses, tapies dans l'obscurité la plus profonde. Puisque d'humaine, elle ne l'est plus, si ce n’est qu'elle ne la jamais était. Comme-ci l'endroit percevait dans les pensées de ces occupants, les peurs, amitié, amours et tout autres sentiments aussi écœurant, pur ensuite les personnifier à sa guise, et selon sa volonté. Mais, la peur personnifiée est une entité différente de toutes ces choses, qui jadis, ont foulé le Tartare. Maitre de ses instincts, le fils d'Arès ne c'est pas laisser duper par la supercherie naissante. Et arpentant la vaste étendue du Tartare, l'enfant du dieu de la guerre et des carnages s’immisce vers d'autres contrées, plus obscure et ténébreuse que sa première vision.

Le Tartare apparaît dorénavant comme une forêt sans fin, dans une obscurité presque perpétuelle ou couvert d'un épais brouillard, inégal. Tantôt, le brouillard camoufle à hauteur d'homme, tout champ de vison, et a d'autres endroits. Cet obstacle est disparate, comme pour orienter le perdu dans une direction malvenue. Mais, malgré sa taille apparemment infinie, il y a certains endroits et plans d'eau qui sont fixes et sont utilisés par des monstres comme points de référence en essayant de trouver quelque chose ou quelqu'un. Et contrairement à d'autres royaumes tels que la Terre et l'enfer, le Tartare semble être constant et corporel, car tout ce qui existe, existe réellement, et non pas de simples imitations. Et l'enfant d'Arès s'apprête à l'instant, à connaitre d'autres dangers de ce monde. Puisque longeant un chemin fait uniquement de terre et de boue. Plusieurs créatures dont seul le rouge vif de leurs yeux, se distinguent dans l'obscurité la plus totale. Quelques grondements s'extirpent de leurs gorges, mais impossible pour le fils du dieu de la guerre et des carnages, de savoir à qui il a à faire, jusqu'à ce que très vite, les créatures se décident à avancer, pas à pas vers leur proie.

Ces créatures, aussi grande que les héros Grecs, n'ont rien à envier de leurs musculatures. Car, bien que quadrupèdes, ces créatures sont aussi hautes que Phobos et elles possèdent sans doute les qualités d'un gorille et un loup. Mais, épris par leurs instincts basiques, leurs pas se meurent aussitôt nés, lorsqu'il semble émaner de Phobos. Un sentiment de crainte, qu'aucun autre prisonnier à jadis, dégager. Rien d'étonnant provenant du fils d'Arès, mais destituer de ses pouvoirs divins, il s'agit là, d'un heureux concours de circonstances lorsque ces créatures finissent par reculer de là où elles proviennent. Non sans regarder durement le fils d'Arès, et grognant comme jamais, la meute de monstre laisse libre cours à Phobos, de continuer son périple. Mais, quels autres dangers s’immisceront sur la route du fils d'Arès ? Sa quête de retrouver son paternel et son jumeau semble et semblera être une tâche bien ardue.

Phobos marchait, inlassablement, cherchant à s'éloigner avant toute chose de cette scène aussi irréaliste que troublante. Son âme avait ressentit une chaleur infernale, la chaleur unique et cauchemardesque du Tartare, et pourtant, pourtant, il s'était trouvé dans un paysage merveilleux, si merveilleux que cela en était fantaisiste et irréel. Cette marche semblait éternelle, et après une ou deux éternités, la chanson de la fillette disparue tandis que le paysage jusque là presque féerique laissa la place à une forêt sombre comme les Ténèbres d'Erèbe. Dans ce lieu aussi isolé que sauvage se terraient des êtres indicibles et monstrueux dont la présence n'était perceptible que par l'éclat maléfique et rougeoyant de leur yeux, éclat qui perçaient les ombres et le brouillard qui régnait en maître dans ces bois malsains et sinistres. Mais il en fallait davantage pour faire frémir le dieu de la Peur. Avec un calme effrayant, il avançait à pas tranquille, mais cette quiétude apparente dissimulait une tension féroce, une aura glaciale qui fit reculer même les monstres de ce territoire. Il était après un Prince des Ténèbres et les créatures des ombres se prosternaient et lui obéissaient inlassablement. Après tout, il était leur créateur, leur Père. Et aussi menaçantes, aussi effrayantes et aussi redoutables que ces monstres semblaient l'être, il semblait que le calme de la Peur personnifiée tenaillait davantage leurs esprits au point de les faire reculer, quand bien même ces créatures grognaient de colère face à lui. Un semblant de sourire passa sur son visage, un sourire effrayant et inquiétant car si il était dénué de pouvoirs ici bas, pareil à un mortel, son âme restait celle d'un monstre, Du Monstre qui régnait dans les coeurs de tout êtres vivants.

Son regard acier scrutait les environs, semblable à un oiseau de proie guettant une future victime. De toutes évidences, il ne risquait guère de se faire agresser en ce lieu. Etait il condamné à errer sans fin? Sans avoir retrouvé la trace de son Frère ni celle de son Père? A cela, Phobos n'avait pas la moindre réponse, alors il continua son chemin.

D'une horreur à l'autre, chaque nouvelle divinité, errant dans les limbes du Tartare sentirait son cœur se soulever à chaque pas. Mais, le fils d'Arès ne semble pas apeurer par le décor sinistre qui se tient tout autour de lui. Semblant familier des créatures de toutes sortes, végétant dans cette sinistre forêt. Celles-ci par contre, ressentent, horreur, terreur, et désolation. Face à la prestance de la peur incarnée. Une bien étrange situation, qui est heureusement, ou malheureusement pour l'enfant d'Arès, n'est qu'un prélude ! Car, le Tartare ne renferme pas que des monstres, et il existe à travers eux, autres choses de plus anciens que les Titans et ou les Olympiens. Des entités si anciennes, qu'elles ont jusqu'à oubliaient leurs âges ! Plus vieilles que la création de la vie sur Terre, ces êtres sont tapis, dans des recoins obscurs de la prison des dieux.

Mais, l'errance du fils d'Arès, aussi calme en apparence qu'elle puisse paraître. Laisse peu à peu, place à un sentiment indéfinissable, même pour Phobos, coutumier de la peur et de ses multiples facettes. L'imposante forêt, d'abord dense, malgré quelques ilots dépourvut de végétation. Se désertifie peu à peu, non sans conserver cette note, ou la nature à encore, une certaine maitrise des lieux. Jusqu'à ce que l'atmosphère, aussi clair n'est lumineuse que la surface de la Terre. Bascule, vers une force horriblement destructive et amorale surgissant à même du sol. Un vapeur aussi noir que dense, surit à plusieurs kilomètres de Phobos. Le paysage devant lui est suffisamment dégagé pour apercevoir ce gigantesque amas, qui apparaît depuis le sol par de nombreuses colonnes de fumée. Se regroupant aussitôt pour former un colossal nuage, celui-ci affirme très vite une volonté de se condenser en un clin d’œil, tout en approchant à une vitesse inquantifiable vers l'enfant d'Arès.

Et à quelques pas de la peur personnifiée. Une frêle jeune femme, immaculée d'une peau aussi grise que la neige du grand nord. S'avance vers Phobos, tout en laissant derrière elle, quelques vapeurs grisâtres, s'envolant définitivement vers les cieux. Son regard transperce son nouvel invité, à travers ses yeux, brillant d'un feu jaune-orange. Arborant les traits, d'une jeune fille brune vêtue d'une robe blanche. Ce qui se dégage d'elle dénote autre chose que l'horreur. Et ne semblant aucunement intimidée par la présence de Phobos, la jeune femme sourit dans un premier temps. Puis, tourne à pas lent tout autour du fils d'Arès, avant de revenir sur ses pas, tout en apostrophant Phobos d'un visage presque chaleureux et accueillant. Presque comme une mère vis-à-vis de son enfant.

Comme toujours, les pères font des enfants, et les abandonnent aussitôt née. Mais, une mère n'abandonne jamais ses progénitures.

Tournant le dos à Phobos. La jeune femme d'apparence tout du moins, effectue quelques pas, pour se distancer du fis d'Arès, avant de se retourner. Faisant une nouvelle fois, face au nouveau prisonnier du Tartare, et se contente de répondre placidement.

Je suis Échidna et mère de tous les monstres. Je lui psychiquement liée, à mes progénitures, ou qu'elles soient. Même ici, au Tartare. Ce qui m'a aidé à être mise au courant de ton arrivée au Tartare, par les différentes meutes que tu as croisées en chemin.

Baissant un bref instant le regard, son visage se relève, laissant transparaitre une coloration jaune-orangé plus vive que précédemment de son regard. Levant ses bras pour joindre ses mains l'une à l'autre, Échidna s'amuse quelques secondes à entrelacer ses doigts et à sourire à Phobos. Comme-ci elle se retient de lui soutirer des informations qu'elle semble posséder. Et d'un nouveau sourire amical, à l'égard de Phobos. Sa voix, tout aussi placide, est entremêlée d'une certaine mélancolie.

Après tout, une mère défend ses enfants. Et me voici, devant toi, ô bel enfant d'Arès et Aphrodite ...

Une fois de plus, la mère de tous les monstres baisse son regard, mais le conserve plus longtemps abaissée. Décroisant ses mains elle s'avance vers le fils d'Arès, pour lui glisser une tendre caresse sur sa joue gauche, tout en tournant autour de lui. Elle revient, face à lui pour plonger son regard, cette fois-ci, dépourvue de cette coloration surnaturelle. Ses iris, nimbé d'une couleur marron, transperce le regard de Phobos. Beaucoup perdraient à cet instant, toutes notions du temps. Mais, l'âme de Phobos est d'une nature unique, même aux yeux d'Échidna.

Arpentant les Ténèbres du Tartare, Phobos errait dans des limbes infernales défiant toute imagination. Mais que pouvaient représenter ces horreurs pour celui qui incarnait les Peurs les plus profondes, les plus cruelles et viscérales des Hommes, et qui avait réussi à faire connaître la froideur douloureuse et terrible de la Peur à la Mort elle même. Ici, le fils d'Arès restait méfiant, aux aguets, car ce qui lui semblait être une promenade pour lui pouvait dissimuler un piège. Il était au fin fond du Tartare après tout, et il était étrange que son séjour se déroule ainsi, aussi "tranquillement". Certes, il était tendu, méfiant, et se montrait aussi féroce et effrayant que son état lui permettait, conservant une certaine noblesse malgré sa faiblesse, âme en errance qu'il était, mais il s'attendait à subir des souffrances bien pires. Pour le moment, le cauchemar qu'il s'attendait à vivre ne semblait pas décider à se montrer. Soit, il n'allait pas s'en plaindre, mais le dieu de la Peur restait circonspect face à une telle quiétude. Au bout d'une éternité, le paysage changea, délaissant la forêt sombre truffée de créatures inquiétantes et malsaines pour basculer dans un univers sinistre et dévasté. Le sol semblait inerte, asséché, et une fumée obscure et maléfique en émanait, présageant un événement terrible à venir. Tandis que ce voile sinistre s'avançait avec vive allure vers le dieu de la Peur, ce dernier restait stoïque. Levant un sourcil, il n'était pas mécontent de voir enfin quelque chose digne d'intérêt se produire, quand bien même cela pouvait être dangereux pour lui.

Quelques instants après, tandis que le souffle lugubre de cette fumée passait sur Phobos, le voile occulte des ténèbres du Tartare laissait apparaître une femme sinistre à la peau grisâtre et terne, mais néanmoins doté d'une beauté singulière. Contrastant avec le reste du paysage, elle était revêtue d'une robe blanche immaculée et commençait à détailler le fils d'Arès des pieds à la tête. Tandis qu'elle commençait à tourner autour de lui, Phobos se mit à se déplacer aussi, lentement, les mains dans le dos et le regard scrutateur, dans un cercle à l'instar de cette inconnue à l'aura aussi intrigante que mystérieuse. Ils étaient semblables à deux fauves qui se jaugeaient, deux prédateurs qui s'observaient, cherchant une faille dans l'attitude à la fois sereine et étrange de l'un et de l'autre. Cette dernière s'adressa à Phobos, prononçant une opinion qu'il était loin de partager. Son Père était loin d'être parfait, et accumulait bon nombre de défauts, il est vrai, mais l'abandon de ses fils n'en faisaient pas partit. Il resta néanmoins silencieux, attendant la suite de ce que cette inconnue avait à dire. Son sang froid était remarquable, ne laissant présager en rien son agacement concernant ses premiers mots, et l'écouta avec une attention inquiétante, décortiquant le moindre de ses mots. Ainsi,, il s'agissait de Echidna, la mère de "tout" les monstres. Du moins à ce qui lui semblait car Phobos était le maître des créatures des Ténèbres et avait la paternité sur certaines d'entre elles. Un sourire sinistre passa alors sur le visage de la Peur.

"Vos enfants? Et bien, en voilà une surprise... permettez moi donc de vous félicitez, votre progéniture est véritablement horrible à souhait. Les croiser en chemin a été un plaisir pour moi, soyez en sûre."

Son sourire se dissipa dans les limbes du Tartare tandis que son regard se fit plus dur et plus acéré, épiant la mère des monstres comme si elle était une proie. Ses paroles dissimulaient bien des choses, cela il pouvait en être sûr.

"Hum.... la flatterie ne me touche guère, Mère des Monstres. Je dois avouer que, malgré le plaisir de découvrir des engeances aussi malsaines que les vôtres en chemin, j'ai été quelque peu déçu par leur couardise. Au moins, à défaut d'être dotés d'une sauvagerie digne de ce nom, ils possèdent un sens certain de la survie. Vous semblez savoir ce que je recherche et en vous enhardissant de tenir une telle prétention vous avez piqué ma curiosité. Que pensez vous donc que je recherche? Je vous en prie, éclairez moi..."

Si au début ses paroles semblaient légères et polies, elles devinrent plus froides, plus glaciales, et même orageuses au fur et à mesure qu'il les prononçait. Cette entité osait prétendre connaître ses intentions, alors il ne lui restait plus qu'à savoir si elle disait la vérité, si elle se fourvoyait à moins qu'elle tentait de le bluffer.

Comme n'importe quelle entité suffisamment éveillée, Échidna a vu comment la Terre s'est transformée depuis la création de la vie. Comme n'importe quels immortels, elle a vu la souffrance distillée par la soif de conquête des hommes et des divins. Mais, c'est bien ses progénitures qui depuis l'aube des temps, ont marqué le cœur et l'esprit des hommes. Cependant, la mère des monstres ne s'est jamais satisfaite de cela, bien au contraire. Comme une mère, elle a toujours veillée à ce que ses enfants soient écartés de nombreuses vicissitudes de cet autre monde. Que les Olympiens se sont partagés, en dehors du tartare. Alors, lorsque l'enfant d'Arès la toise d'un regard dépourvu de tout sentiment, Échidna y plante le sien, lui renvoyant une lueur sombre dépourvue de toute émotion. Du moins en apparence il semblerait.

Nous pourrions en philosopher longuement, mais je doute que tu ne sois guère patient mon enfant. Ni moi, ni toi ne saurons perdre un temps incommensurable à évoquer ce que tu recherches. Les seules vérités que je puisse expliquer et que ton jumeau s'est échappé, il y à quelques heures de cette prison infernale.

Levant son visage par réflexe, son regard d'un noir profond se perd plus profondément dans celui de Phobos. Il n'y a rien à comprendre dans ce détail, mais la mère des monstres se laisse quelques instants de réflexion avant de se détourner de l'enfant d'Arès. Soupirant pendant quelques secondes pendant qu'elle s'éloigne de la peur incarnée. Elle finit par ralentir ses pas, prèt d'un lac naturel qu'elle fixe intéressement. Reflétant les lueurs froides du tartare, il se peut que le jumeau de Deimos perçoivent à ce moment précis, le visage hideux de la mère des monstres, à travers l'eau du lac. Révélant un visage gris et flétri, le véritable visage de la mère des monstres s'apparente presque aux célèbres harpies, qu'au voluptueux visage qu'elle semble soigneusement éloigner de toutes blessures éventuelles. Mais les petites vagues du lac ont aussitôt fait de briser en milles éclats le reflet d'Échidna ! Et à travers un chant, la mère des monstres murmure en fredonnant un vieux poème, tout en dévisageant d'un tendre regard, l'intérieur du lac. Puis, se retournant sur ses pas, le visage baisser vers le sol, elle le relève avec délicatesse pour pouvoir rétribuer l'enfant d'Arès, d'un regard amusé, presque moqueur.

Le tartare est bien plus vaste que le royaume d'Hadès, mais il est aussi bien plus infernal que le territoire du sombre monarque. Même toi et ta propre famille, qui jadis, était enfermée ici-même. Il y a d'obscurs endroits que même pour toi, mon enfant, il est peu enviable de connaitre. Et c'est dans l'un de ses endroits que ton jumeau et ton père ont atterit, quelques heures avant toi.

Un rire cristallin s'extirpe des lèvres de la mère des monstres, tandis qu'une myriade de chauves-souris s'envole des rares arbres, entourant les deux immortels. Comme si le simple timbre de voix, haussé par le rire d'Échidna a suffi à faire fuir les rares créatures, encore présente aux alentours. Enlaçant ses doigts les uns sur les autres, Échidna semble s'amuser de cette situation, même s'il semble ce nicher-là, un plan plus sournois que cette passagère situation. Et le regard perdu ici et là, la mère des monstres s'avance, à tâtons vers le fils d'Arès en distillant d'une voix aussi calme que monotone.

Ils ont affronté une puissante entité dont je terrais le nom. Comme tôt ou tard, tu apprendras par la bouche de ceux qui te sont liés par le sang, la description de cet adversaire incommensurable. Je te propose un pacte mon cher enfant ....

L’ombre d’un sourire se dessine sur le visage d'Échidna, et ces pensées sont accompagnées d’une bouffée d’affection mentale. Et à quel genre de pacte peu s'attendre l'enfant d'Arès ? Se présage-t-il pour la peur incarnée un sombre complot ou un plan beaucoup plus manichéen ?

"Hum Ne soyez pas si sûre de vous... Personnellement, je suis préparé à rester ici un long moment, ne me confondez pas avec mon Père ou mon Frère. J'ai .... Tout mon temps. C'est donc plutôt vous qui en manquez... à moins que vous ne tentiez de me bluffer et d'éviter de répondre à ma question? Mais merci de l'information concernant Deimos...."

Phobos restait vigilant. Pour le moment, cette Echidna cherchait à noyer le poisson en ce qui concernait ce qu'il "recherchait". Elle refusait de répondre, et contrairement à ce qu'elle disait, elle ne semblait pas manquer de temps. La méfiance était donc de mise. Son frère avait réussi à s'échapper du Tartare et cela l'étonnait. Non pas qu'il ne connaissait pas la valeur de Deimos, non, mais qu'il savait que le caractère foncièrement fonceur de la Terreur ne l'aidait pas à se sortir aisément des pièges et autres traquenards divins. Hors Phobos trouvait le séjour de son frère sans doute un peu court pour estimer cette évasion naturelle. Surtout si son Père lui y était encore. Quelque chose s'était donc passé pour que les événements prennent cette tournure. Il resta là, à observer la mère des monstres, dont le véritable visage qui se reflétait dans un lac tout proche était véritablement horrible, continuer à parler. Malheureusement pour lui, son babillage commençait à l'ennuyer, étant donné qu'elle ne lui apprenait rien de nouveau. Il commençait à se demander si elle savait qui elle avait en face d'elle. Le prenait elle pour un idiot au point de lui énoncer des vérités universelles qu'il connaissait déjà. Le regard de Phobos ne montrait plus le moindre plaisir et les creux de son aspect jusque là noble s'accentuait, conférant un aspect davantage monstrueux au fils d'Arès. C'est alors qu'elle prononça enfin des informations dignes d'intérêts. Comme il s'y attendait, une chose rôdait dans les environs, et qui se jouaient des dieux. Il observait le petit manège d'Echidna, et une chose dans son attitude commençait à le faire bouillonner.

"Rien de bien surprenant dans vos paroles, ma foi. Toutefois, je vous serais gré de cessez de m'appeler ainsi. Je suis l'enfant d'Arès et d'Aphrodite, et descendant du grand Zeus. Si vous souhaitez me proposer un pacte, c'est que, d'une façon ou d'une autre, vous avez besoin de moi. Alors veillez à me respecter davantage. Pour le moment, vous ne cessez de parler pour ne rien dire finalement, comme l'atteste le fait que vous éludiez ma propre question. Pour le moment, rien en ce que vous m'avez révélé ne fait que je puisse avoir une minuscule once de confiance en vous, et vous me proposez un pacte dans ces conditions? Je m'attendais à ce que vous soyez plus avisée que cela, Echidna!"

Oh ! Je constate que le petit Lion montre les crocs. Mais à défaut d'agir en prédateur, tu erres ici comme une proie. Ô enfant d'Arès et descendant de Zeus.

La colère n'est pas la réaction d'Échidna aux mots de Phobos. Mais plutôt une parfaite mise en garde sur les événements dont l'enfant d'Arès pourrait subir. Bien qu'il ait erré des siècles durant, dans cette prison infernale. Le Tartare est immensément vaste. Et pourtant, ce royaume qui est peuplé d'âmes de diverses créatures de la nuit ne connaît nulle autre que la loi du plus fort. Un monde ou même les divins, sont aussi fragiles que les mortels hors du tartare. En conséquence, toutes créatures pullulant sur le domaine du tartare, errent à l'affut d'une éventuelle proie, ou d'un prédateur. Un schéma qui semble s'orchestrer entre Phobos et Échidna. Ou tout du moins, semblait. Puisqu'à la dernière réaction de Phobos. La mère des monstres abords dans un premier temps, un visage d'une parfaite neutralité. Mais son visage se mue en une extrême froideur, rendant sa peau aussi pâle et rayonnante que l'astre Lunaire. L'ombre et l'obscurité semblent dès lors danser autour d'Échidna, tandis que ses prunelles arborent une couleur jaune dorée. Toisant Phobos avec dégout et mépris.

La mère des monstres ne répond pas immédiatement à l'interrogation de Phobos. Que doit-elle lui répondre ? Doit-elle lui livrer les informations qu'elle possède ? Certaines ou toutes ? Ou à l'inverse ne rien leur dire pour se nourrir de l'éventuelle impatience et colère de l'enfant d'Arès ? Un soupir sourd s'extirpe finalement des lèvres d'Échidna tandis qu'elle garde toujours le silence pendant de longues minutes. Avant de finalement se mettre à parler.

Je suis ici depuis une époque que j'ai moi-même oublier. Mais en dehors de cette prison. L'ordre naturel me semble rompu, car toutes ces âmes qui surgissent ici me murmurent depuis quelques temps, que mes enfants se font torturer et tuer sans retenue aucune dans l'autre monde. Et j'ai besoin de sortir du Tartare pour transformer les humains en monstre et soutenir mes autres progénitures.

Le ton d'Échidna s'assombrit alors que son regard continu d’être braqué en direction de Phobos, à qui elle raconte cette histoire.

Mais je ne peux pas sortir, sans la volonté de ...

Échidna souffla légèrement par les narines, expirant, avant de reprendre sa respiration. Mais son regard se perd quelques instants, perdant ainsi de sa couleur vive. Mais rapidement, ses iris se limbe d'une infime teinte de rouge, comme si la colère qu'elle ressent. Venait là se traduire via ses iris. De longues secondes se succèdent sans que la mère des monstres prononce ne serait-ce qu'une syllabe, puis elle se redresse, toujours face à Phobos.

Je suis une âme dont le cœur a été arracher. Et j'ai besoin de sortir d'ici, par n'importe quels moyens. Alors que toi, je pense suspecter que tu es aussi à la recherche de quelque chose qui t'a été arracher ? Cela n'est ni Arès et Deimos. Mais plutôt autre chose ... Mmmmh, un enfant peut-être ?

"Eh! Je vous trouve bien présomptueuse pour me juger de la sorte! Je suis bien conscient de l'endroit où je suis, et pour le moment, je dois admettre que je suis pour le moins ....déçu..."

Si il était vrai que Phobos était dans une situation délicate, il n'en restait pas moins dangereux. Mais surtout, il n'avait clairement pas vécu l'enfer qui était promis à tout dieu qui tomberait au Tartare. Non. Pour le moment, il était faible, certes, mais il n'avait fait que errer. Peut être était ce là son supplice? Errer pour l'éternité. Cela aurait surtout le goût d'une mauvaise plaisanterie, mais il ne pouvait rejeter cette possibilité. Au fond de lui, il haussa les épaules. Après tout, son oeuvre pourrait continuer d'elle même à se construire, mais ne pouvoir y assister serait pour le moins frustrant. Quoiqu'il en soit, il s'attendait à souffrir milles morts, connaître une douleur sans pareille, mais pour le moment il en était loin. Phobos observait Echidna évoluer, entourée par des ombres ténébreuses qui contrastaient fortement avec sa pâleur, tout comme lui. Sa compagnie commençait doucement mais sûrement à l'agacer. Sa voix devenait de plus en plus sinistre et froide, conservant malgré tout une certaine cordialité respectueuse.

"Vous devez avoir une vision de la Nature des plus obsolètes alors. Tout a un début, et tout a une fin. Il est vrai que le règne des Monstres est terminé, ceux ci étant condamnés à disparaître ou survivre en minorité en se terrant dans les ombres, tout comme il est vrai aussi que le règne des dieux se terminera un jour. Les titans en sont un bon exemple. Autrefois maîtres et souverains du monde, il me semble que ces derniers ne sont plus que l'ombre de ce qu'ils étaient autrefois, négociant au lieu de conquérir, et se mettant du côté du plus fort sans même réfléchir. Dire qu'avant, durant leur âge d'or, ils étaient les maîtres incontestés et gouvernaient sans avoir à faire de concessions ou à chercher l'appui de quiconque... "

Son regard acier se posa sur la mère des monstres.

"Cela ne vous fait il pas réfléchir? Vous me paraissez bloquer dans l'ancien temps, cherchant tout comme eux à rétablir quelque chose qui ne peut l'être. Je vous le dis, Echidna. Le Temps des Monstres est révolu tandis que le Temps des Hommes doit encore venir. En aucun cas je ne saurais donc cautionner votre projet, triste créature prisonnière du passé que vous êtes!"

Phobos tourna alors froidement le dos à Echidna, et reprit sa route, doucement, mais d'un pas sûr et décidé.

"Comme je l'ai dit, vous ne savez rien sur moi. Je ne recherche nul enfant, ni mon Père. Quant à mon frère, vous l'avez dit vous même, il n'est plus dans cet "Enfer"!"

La Peur était déçue. Cette rencontre si singulière et qui couvait tant de potentiel ne s'était avéré être que celle d'une antique créature qui ne pouvait pas avancer, ni évoluer, condamner à vivre dans un passé désormais révolu et qui ne saurait jamais être restitué.

Les explications détaillées du fils d'Arès tirent un sourire amusé à Échidna. Certes, sa méthode est efficace et de bonne qualité, elle n’en doute pas. Mais ce dont elle est sûre c’est que tirade mérite le petit plus qui en ferait une œuvre d’art car tout était dans les proportions.

Mmmh, tu as la verve facile enfant d'Arès. Mais je ne laisserais pas le monde de la surface sous votre domination, à vous, les Olympiens. Une minorité de tes pairs favorise leur domination en levant des armées, composés d’humains, et lutte pour gouverner sur des royaumes tout entiers. Vous êtes le virus de ce monde car vous gangrener le monde des humains par vos luttes acharnées. Et tôt ou tard, je me dresserais contre vous par l’intermédiaire de mes enfants.

Pour avoir passé des siècles, tapis dans le tartare. La mère des monstres a eût vent des confits entre les Olympiens, incapable de gouverner sur le monde d'une même voix. Leur lute fraticite causera leurs pertes à tous, et pas même Zeus pourra freiner cette chute prochaine. La cupidité et l'envie ne sont pas que l'apanage des hommes, car même les dieux jouissent de plusieurs pêchers capitaux. Ils sont affamés de puissances, conquêtes, paix, guerres et d'une multitude de désirs aussi ardents que peuvent jouir les humains.

Oh ! Il est de toute façon inutile que je t'explique mes raisons si tu es dans l'incapacité de les comprendre.

Un rire cristallin s'extirpe des lèvres de la mère des monstres, tandis qu'elle se retourne complètement. Faisant donc dos à l'enfant d'Arès, la mère des monstres s'avance à un rythme lent, mais constant. Faisant fi des éventuelles remarques que pourrait bien lui orchestrer Phobos, Échidna murmure des incantations lorsqu'elle en vient à arrêter ses pas. Et si aucune vie n'existe à proprement parler au Tartare, l'agitation semble soudainement palpable. Les arbres dépourvus de la moindre feuille sont un contraste saisissant avec le ciel grisâtre surplombant la mère des monstres et Phobos. Car le noir profond de la forêt de fers s'agite de plus en plus, et survient au gré des incantations d'Échidna. Une atmosphère lourde, et palpable. Jusqu'à ce que les arbres semblent pourvus d'une volonté propre, et s'agitent tout autour du duo improbable. Mais ce n'est pas de cela qu'il faille s’inquiéter. Car des créatures de l'ombre s'agitent aux clairières de la forêt, ayant répondu à l'appel d'Échidna. Les Daevas finissent par se mouvoir et venir tout autour de l'enfant d'Arès, l'encerclant totalement. La mère des monstres se retourne, non sans une certaine véhémence se lisant sur son regard.

Tu es ici par la faute de tes pairs, mais ne croie pas repartir ô enfant d'Arès.

Ces démons d'une autre époque agissent ainsi dans l'ombre et de ce fait rien ne peut en venir à bout. Ni le sel, ni les exorcismes, ni les formules ne peuvent avoir une influence sur elles. On ne peut tuer les Daevas car ce sont des ombres. C'est alors qu'à travers un rire glacial, la voix d'Échidna s'élève sur toute chose alentour.

"Ha ha ha ha ha! Décidément, vous êtes bien loin de la réalité, ma chère!"

Le rire de Phobos était sinistre, et témoignait qu'il ne craignait nullement la Mère des Monstres. Peut être était ce un masque? Peut être pas? Allez savoir, le dieu de la Peur était un être difficilement déchiffrable, et contrairement à sa famille, il se plaisait davantage dans les joutes verbales que dans les batailles sanglantes et brutales. Il se retournait pour regarder son interlocutrice dans les yeux. Il voyait très bien le petit jeu auquel elle jouait, mais il ne semblait nullement inquiet par l'environnement qui se voulait menaçant envers lui. Voila enfin quelque chose qui se rapprochait de l'Enfer des Dieux. Quelque chose qui était davantage à son goût. Ce qui se tramait face à lui semblait le revigorer, lui rendre ses forces, tandis que son faciès se voulait naturellement féroce.

"Votre ambition ne semble avoir d'égale que votre manque de clairvoyance. Laissez moi donc vous éclairer, ma chère! Ceci sera votre récompense pour m'avoir divertit de la sorte... "

Les yeux de Phobos ne mentait pas. Une joie insoupçonnée brillait dans ses prunelles froides et acérées tandis qu'il dévorait à la fois l'attitude menaçante de Echidna, ainsi que du ballet macabre des Daevas. Il était menacé, certes, mais il appréciait l'horreur de la situation, s'en délectait même. Avait elle prévue cette étrange réaction?

"Sachez, Echidna, que tout comme vous avez été façonnée par d'antiques divinités, le monde est façonné désormais par les Olympiens. Vous n'êtes qu'une oeuvre dépassée par les êtres qui manipule le monde, ma chère! Vous nous considérez comme des virus, mais dans le cas présent, c'est plutôt votre engeance qui l'est. Un virus dont le temps est révolu, ou du moins est sur le point de l'être. Et quoique vous puissiez faire, cela est inéluctable... A moins que vous ne puissiez détruire tout les Olympiens, mais étant donné votre situation actuelle, cette perspective me paraît bien fantaisiste. N'y voyez pas une insulte de ma part, non, je vous respecte pour ce que vous êtes, mais le fait est là!"

Un sourire froid se dessina sur son visage.

"Et ne croyez pas que leurs lutte intestine est une faiblesse ou un tort. Les olympiens font ce qu'ils sont sensés faire, ni plus, ni moins. Et dans le cas où une menace pèserait sur le monde, ils savent faire front unis pour y faire face. Ils l'ont déjà montré dans le passé et le montreront dans le futur. Et ne soyez pas si hautaine envers nous, les différentes espèces de monstres ont bien dû s'entretuer à l'occasion pour un territoire de chasse ou autres intérêts... Cela est dans l'ordre des choses. Vous parlez d'armées levées par les Olympiens, armées qui gangrènent le monde des hommes... rien que cela montre à quel point vous vous fourvoyez! Les dites armées que vous mentionnez représentent désormais une bien faible partie de la population humaine... Vous ne savez pas de quoi vous parlez! Votre emprisonnement à dû durer depuis bien trop longtemps ma chère.... "

Le regard de Phobos devint alors plus dur.

"Et votre menace montre à quel point vous êtes folle et désespérée! Vous comptez me ..."sacrifier"? Afin de vous libérer et défendre vos enfants déjà condamnés? Quelle erreur cela serait.... Vos monstres sont craints à juste titre des humains. Mais réfléchissez un instant... qui a instillé la Peur de vos enfants au sein de l'âme des mortels? Qui a fait en sorte que ces derniers soient pétrifiés par la Peur quand ils sont en proie aux créatures de l'ombre, en proie à votre engeance indicible et innommable?! Qui a fait en sorte que les hommes perdent leurs moyens face à l'horreur de votre progéniture?! Débarrassez vous de moi, et les hommes perdront naturellement leur peur des monstres, et sauront faire face à eux! Les Olympiens sous estiment bien trop souvent la force de l'âme des mortels.... ferez vous donc la même erreur, vous qui semblez vous croire supérieur à eux?"

Son regard passa alors sur les Daevas menaçants. Il était, il devait le reconnaître, dans une fâcheuse posture. Mais si Echidna décidait de s'en prendre à lui, si il venait à disparaitre, son oeuvre le suivrait dans le néant et son but serait bien plus difficile à atteindre. Ses yeux se plissèrent alors tandis qu'ils se tournaient vers l'antique créature.

"Mais dîtes moi... vous tentez d'échapper de ce lieu par tout les moyens... Je me demande du coup si le maître des lieux, car je suis certain que ce domaine est gardé par quelqu'un d'une toute autre envergure que vous, apprécierait la chose! A vous de voir si vous voulez prendre le risque de vous en prendre à moi, avec déjà les risques que je vous ai signalé mais également celui d'attirer trop l'attention sur vous !"

La longue tirade de Phobos procure tantôt un rire hautain de la mère des monstres, et à d'autres occasions, un détachement absolu de chaque énoncés, évoquer par le fils d'Arès. Au moins, il a l'intelligence de ne pas tenter de remuer. C'est moins drôle, certes, mais quelque part cela joue en la faveur d'Échidna. En effet, il faut des jouets de qualités à la prisonnière. Elle n'est pas créature à se divertir comme les autres, il faut de quoi satisfaire un esprit aussi aiguisé que le sien. Mais il y a chez ce divin, une présomption absolu. Phobos est à l'image de sa famille, imbu de son pouvoir, et rien de ce que peu et pourrait évoquer la mère des monstres ébranlerait l'enfant d'Arès. Et observant un long moment, en un long silence, l'enfant d'Arès en face d'elle, hésitant sur la suite à donner. Un lent battement de ses lourdes paupières précède ses propos lourd de sous-entendu.

Tu surestimes ta petite personne. Et en ce sens, tu es finalement peu différent de ton paternel et de Deimos. Tu es arrogant de ton pouvoir, que tu perçois comme absolu et infaillible. La vanité dont tu fais preuve est décidément affligeant ! La mort définitive de ton âme ne fera pas disparaitre la peur que peuvent ressentir les mortels, et tout autre créature nimbée d'un minimum de conscience.

Un sujet de taille qui a toute son importance pour eux, cependant. L'éviter en tout temps serait délicat. Mais toutes à ces pensées, la mère des monstres relève la tête, fixant son regard mort sur le divin, elle révèle à haute voix.

Les Olympiens, faire front commun lorsqu'un danger plane sur le monde ? Mmmh, qui cherches-tu à convaincre Phobos ? Serait-ce plutôt toi ?

Un infime rire cristallin s'extirpe de ses lèvres tandis qu'une pointe de moquerie se naît sur son regard. Puis, reprenant à haute voix, la mère des monstres se veut plutôt taquine, et fière.

Vous avais défait les Titans pour asseoir votre suprématie, mais quels autres dangers à réunit les Olympiens sous un même étendard ? Et je ne parle pas d'une alliance entre une minorité d'entre vous, mais en reprenant tes termes, une coalition de tous les Olympiens contre une menace sur le monde.

L’ombre d’un sourire se dessine sur le visage d'Échidna, et ces pensées sont accompagnées d’un nouveau rire, aussitôt éteint par ces nouveaux propos.

"Ha ha ha ha ha ha .... je vois que la discussion est close. Aurais donc touché un point sensible pour vous voir vous jeter à corps perdus dans un assaut insensé et aussi irréfléchi que vos paroles?"

Le rire sinistre de Phobos marquait bel et bien la fin de la discussion, quoique Echidna avait décidée elle même de mettre fin à leur échange verbal. Aux yeux de Phobos, elle était prisonnière de son point de vue, et son raisonnement en était donc altéré et limité. Il était donc inutile de perdre du temps à la raisonner ou de prolonger leur entretien. Il passa sa main dans ses cheveux tandis que les ombres menaçantes se rapprochaient de lui.

"En tout cas... je vous remercie de me confirmer l'existence d'un maître des lieux! Voyons voir si vous arriverez à m'abattre avant que celui ci réalise vos projets..."

La voix de la Peur était macabre et sinistre. Pourtant, une teinte d'amusement et de défi éclairait son ton glacial. D'un mouvement brusque de sa main qui se promenait jusque là dans ses cheveux blancs avec un soin particulièrement calculé, un éclat de lumière ébloui alors la scène, surréaliste. Des éclairs malsains jaillissaient de toutes parts pour frapper les daevas.

Pris à son propre piège [Phobos] 150710045136558167

L'aspect de Phobos avait changé. Un masque, à moins que cela ne soit désormais son visage, était métallique et intriguant. Froid, un éclat hostile brillait dans ses yeux. Des griffes acérées avaient pris place de ses doigt fins et ses vêtements semblaient être constitués d'écailles. Il s'agissait d'une des formes de Phobos, une qu'il appréciait particulièrement lorsqu'il devait combattre. Les Daevas devaient être encore sous le choc des éclairs de la Peur. S'attendaient ils à être frappé par la foudre en un lieu si sombre et reculé que le Tartare? Probablement que non, le contraire en serait étonnant en tout cas. Le disciple de Zeus se tourna vers Echidna. Sans surprise, elle s'était mêlée à l'assaut, tout comme les Daevas qui revenaient à la charge. Mais malheureusement pour elle, ses sens étaient malmenés par le fils d'Arès et l'attaque passa alors, contrairement à ce qu'elle avait estimée, loin de sa cible.

"Hu hu hu... Avez vous donc un problème avec vos yeux, ma chère? Oh .... laissez moi me corriger... vous avez bon nombre de problèmes en réalités..."

Plusieurs épées à la teinte glacée firent leurs apparitions et dansèrent autour de Phobos. Des gouttes de sang bleue tombaient sur le sol du Tartare.

"Ne vous bercez pas d'illusions, ma chère. Cette blessure est là uniquement par ce que je l'ai voulue. Voyez comment elle est superficielle... Nous allons donc voir si le maître des lieux peut ressentir l'îchor d'un dieu tomber sur son domaine... Ne trouvez vous donc pas cette expérience passionnante?"

Les gestes de Phobos étaient comme saccadés. Il se mouvait à un rythme étrange, et semblait comme danser au ralenti tandis que ses yeux se penchèrent sur les étranges lames qui virevoltaient autour de lui, semblables à des feux follets.

"Vous devez vous interroger sur la nature de ces épées, n'est ce pas? Voyez vous, celles ci ont été forgées à partir des peurs de vos créatures... ainsi que des vôtres. Voyons voir celle ci...."

Il saisit le manche d'une de ses armes et l'a tourna vers les daevas.

"La lumière... que voilà une crainte banale mais logique pour des monstres des ombres, ne trouvez vous pas? Je ne maîtrise aucunement la Lumière, mais je peux, si tel est mon désir, en faire subir la douleur à vos serviteurs... mais je trouve celle ci plus passionnante encore!"

Son autre main se posa tel la serre d'un rapace sur une autre lame.

"Celle ci, ma chère, représente la Peur de voir vos enfants, tous autant qu'ils sont, être décimés par les humains... Je me demande quelle douleur peut être infliger? Pas vous?"

Les derniers mots de Phobos résonnaient derrière Echidna au moment où il plongea la fameuse lame dans le corps de la Mère des Monstres. Attirer l'attention d'un côté pour frapper de l'autre. Voila la manière de faire de Phobos, contrairement à Arès et Deimos qui se seraient contenter de foncer dans le tas.

------------

Coups reçus: 20 + 40

Coups parés: 40 + 15

Coups données: 30 (echidna) + 5 (daevas)

Hp: 250 - 5 = 254

Cs: 329 - 30 - 40 - 15 + 10 = 254

Un rire platonique fit écho aux propos de l'enfant d'Arès. Bien que lui et sa famille aient autrefois, séjourner durant des siècles dans le Tartare, la mère des monstres est prisonnière de cet enfer, depuis une époque qu'elle a elle-même oublier. La liberté n'a donc que trop peu de prix, si ce n'est celui du sang dans ce monde infernal. Chaque entité, immortels, divins, monstres et autres créatures souffrent de martyr pour tenter de préserver un semblant de statut dans cette immondice et putride monde. Mais là où règne le chaos, il y a dans l'ombre, autre chose de bien plus terrifiant. Que de simplement en évoquer le terme est de l'ordre de la crainte. Une peur qui a sans nul doute conduit Échidna à se lancer corps et âme dans la bataille contre Phobos. Car il y a ici-bas, une entité à la puissance sans commune mesure, pouvant s'affranchir des lois régissant l'univers. La mère des monstres le sait, comme le savent la plupart des esprits errant dans cet enfer infernal. Mais ce qu'elle souhaite par-dessus, c'est de retrouver une liberté, une délivrance qui lui apportera son lot d'espoir. Et à cela, il y aura presque un relatif humanisme, mais le fils d'Arès ne semble pas se méprendre quant aux véritables ambitions d'Échidna. Et à cela, Phobos amorce ses assauts d'un rythme parfois décousu, mais ô combien maitrisé. Et d'un regard froid sur l'enfant d'Arès, le rire platonique s'est éteint pour laisser place à un visage glacial, nimbé d'un mouvement de recul de la part de la mère des Daevas.

Tss, les Daevas sont des ombres immuables. Aucun exorcisme, ni les formules ne pourront en venir à bout.

Phobos a tant bien que mal à cacher sa jubilation. Une contre-attaque digne d’entrer dans les annales. Enfin, non, pas vraiment, mais le bougre a bien besoin d’une victoire. Mais c'est la surprise et l'indignation, des sentiments bien humains qu’il vaut la peine de lire sur le visage d'Échidna. Néanmoins, cet avantage stratégique ne dure qu’un temps. C’est malheureusement souvent le cas avec les femmes. Mauvaises joueuses par nature, elles ne supportent pas de perdre et n’hésitent pas à utiliser des méthodes déloyales pour gagner la partie. Ce qui ne manqua pas. Car usant d'une incantation, la mère des monstres reste figer et face à Phobos tout le long de ce long et interminable processus. Faisait-elle appel à d'autres de ces enfants ? Ou bien userait-elle d'une magie noire ? Non. Car dans le lointain paysage du Tartare, par-delà ce que perçoivent les regards des deux immortels. Une secousse sismique interrompt l’incantation d'Échidna. La première surprise, les Daevas finissent par fuir, laissant leur mère derrière eux. Mais alors qu'une simple secousse aussi improbable que puissante survient. Il se trame subitement au lointain, un incommensurable nuage noir se dirigeant sur les deux immortels. Quelques éclairs pourfendent ici et là l'imposante fumée fonçant à vive allure sur ses proies. Jusqu'à ce que cette matière à la nature indéfinissable se condense, lentement, mais suffisamment à mesure de son avancée. Pour que la silhouette devienne plus reconnaissable pour la mère des monstres.

Tss, le voilà ...

Sans émettre un autre son et sans autre forme de procès. L'immortel recule d'un pas avant que son visage se crispe de sentiments partagés et contradictoires. Phobos pourrait se délecter de cette situation, mais pas avant qu'Échidna énonce un ultime avertissement.

Avant la création de l'univers, il y avait une chose. Une force amorale et horriblement destructrice dont vous autres ne connaissait rien, pas même son nom. Vos ainés l'ont combattus et l'ont scellés là où il ne pouvait faire aucun mal, et ils ont créé une marque qui pourrait servir de serrure et de clef, dont ils confièrent la garde à ...

L'immortel ne pût finir son énoncé qu'un cri strident jaillit de sa gorge, estompant toute possibilité pour elle de poursuivre son monologue. Car face à autant d’effroi et de douleur, la masse de nuages finit par s'agglutiner et devenir une sombre silhouette humanoïde, qui termine d'avaler la distance en "elle", et les deux immortels. L'imposante force émanant de cette chose n'a rien perdu depuis l'apparition de cette imposante fumée noire. Pour autant, il n'émane de cette chose, nul autre que le mystère. Même pour un divin tel que Phobos, il lui sera impossible de jauger la nature de cette entité qui s'est invitée avec lui et Échidna. D'autant plus lorsque les dernières voluptés de fumée s'extirpent de l'épiderme de l'individu au charisme plus qu'évident. Mains croisées sur son dos, l'entité jauge d'un regard placide la mère des monstres. Rien d'autre émane de lui que ce regard mystérieux, mais que la mère des monstres semble interpréter tout autrement. Pétris d'une peur sans nom, Échidna à aussitôt oublier la présence de Phobos, jusqu'à ce que la voix de l'individu s'élève par-delà la raison.

Une secousse inouïe perturba les lieux, les daevas ainsi que la Mère des monstres et le fils d'Arès. Une force irrésistible approchait d'eux, et l'attitude de Echidna indiquait clairement à Phobos l'identité de cette puissance. Un sourire narquois passa sur son visage tandis que ses yeux plein de défis se posaient dans ceux paniquant de son interlocutrice. Phobos se demandait si son stratagème avait fonctionné ou si la venue de cet être était le pur hasard. Mais cela n'avait que peu d'importance, le fait était là.

"Et bien, il semblerait que je sois, comment vous avez dit déjà... suffisamment unique pour attirer son attention, ma chère Echidna."

Son sourire disparu tandis qu'elle se tournait vers lui pour lui narrer une histoire sur un passé lointain, même pour le dieu qu'il était. Elle parlait de ses aînés... étant donné qu'il était un jeune olympien, elle devait alors faire mention soit des titans, soit des primordiaux. Voilà qui piquait au vif la curiosité de Phobos. Il ne savait pas ce qu'avaient fait ses aînés, et il ne le saura pas dans l'immédiat, étant donné que l'être approcha, se présentant comme une forme humaine mais nimbée de mystère. La silhouette obscure possédait une aura si étrange que Phobos recula sans même s'en rendre compte. Echidna, quant à elle, se mit à hurler. Phobos pouvait ressentir la peur qui envahissait la Mère des Monstres, et même lui eût un frisson qui lui parcouru l'échine car il n'avait que rarement perçu une telle frayeur. L'être s'avança alors tranquillement, et d'une parole tout aussi tranquille, il réprima Echidna comme si elle n'était qu'une vulgaire domestique à son service. Et avec une facilité déconcertante, il fit tomber au sol la créature de sorte à ce qu'elle ne se relève pas. Le fils d'Arès n'arrivait pas à deviner si elle était juste inconsciente ou morte. Son regard acier se tourna alors vers le maître des lieux qui souhaitait apparemment s'entretenir avec lui en silence.

Phobos reprit alors son apparence habituelle, sa pâleur inquiétante et ses cheveux blancs contrastant fortement avec les lieux et l'être obscure qui se tenait devant lui. Il posa alors un genou au sol. Cet être était bien plus puissant que lui, sans doute plus encore qu'Arès et même Zeus. Et l'être pour le moment se voulait ouvert à la discussion, alors autant se montrer respectueux envers lui.

"Je vous remercie de l'attention que vous semblez me porter. Je suis Phobos, dieu de la Peur et de l'Effroi, et fils d'Arès. D'après les dires de Echidna, mon Père et mon Frère vous ont affrontés et à vous voir, j'imagine que leurs défaites ont été cinglantes. Sachez que contrairement à eux, je n'ai pas un goût prononcé pour les affrontements et que si vous espériez de moi un combat digne d'eux, vous serez sans doute déçu. Mais peut être que vous attendez autre chose de ma part?"

Le millénaire n'a que d'yeux pour Phobos, dès que les premiers gestes et paroles de l'enfant d'Arès s'entament dans un ordre précis. Comme s'il a toujours su comment procéder, Phobos s'acquitte dans un profond sérieux à remercier l'ancestrale qui se tient face à lui. Mais bien que la partie la plus massive de son corps se trouve camoufler derrière une vaste tunique, sa tête est placée pour avoir une vision complète de toute chose face à lui, et dans un froid d'origine magique. Il encercle de sa présence les environs d'une aura insipide et particulière. Puis doucement, le millénaire entonne ses premiers mots. Chaque syllabe, chaque mot, chaque phrase dont il psalmodie, roule étrangement dans l'air et finissent par résonner plus profondément encore dans les oreilles de Phobos. Le temps donne dès lors cette vague impression de ralentir, mue d'un silence fatalement religieux.

Vous combattre serait effectivement moins ... Distrayant que le combat contre votre père et votre frère. Mais pour une chose comme moi, avoir combattu Arès et Deimos ne ce n'est pas résumé à un simple rapport de forces ....

Faisant fi d'une éventuelle réponse de Phobos, l'immortel penche imperceptiblement sa tête sur le côté tout en faisant apparaitre une canne de bois mince avec une fine pellicule d'or recouvrant son sommet. Joignant ses deux mains, le millénaire prend très légèrement appuie sur cette canne, alors que sommeil dans sa gorge, un soupir de fatigue et une expression de découragement face à l'attitude de Phobos. Il n’a pas tenu de vrai discutions depuis un long moment, et sa rencontre avec Arès et Deimos était bien décevante pour l'immortel. Ses rencontres antécédentes quant à elles n’avaient pas été suffisantes non plus, il n’a pas souvent à jouer sur son opinion, ou à se montrer convaincant. Habituellement, les rares prisonniers se heurtent eux-mêmes dans leurs propres faiblesses d'opinion. Un point de vue trop souvent limité à leurs petites personnes et leurs désirs futiles et illusoires. Alors, le millénaire souhaite réellement éviter un affrontement entre elle et Phobos, et non pas seulement par considération de la position désavantageuse du fils d'Arès. Mais l'ancestrale souhaite autre chose de plus significatif.

Relevez-vous.

Le millénaire tient ses yeux sur son interlocuteur et ne le lâche plus à présent. Mais derrière ce regard sans réelle émotion, l'ancestrale a parlé sans grande intonation, comme s’il glisse un conseil. Bien qu'il ne considère pas l'enfant d'Arès comme son égal, il se doit de se tenir debout. Alors, ne l’interrogeant pas sur un sujet précis autre que son intention, l’ancestrale attend, sans arrêter de faire varier la tension de son corps sur sa canne. Et cette tension se mue en vent glacial, faisant fi de toutes lois régnant ici-bas. Une tension alourdit l'air jusqu'à ce que la voix de l'immortelle tonne, en direction de Phobos.

Beaucoup se sont tenus à l’affût afin de trouver des proies ici-bas. Mais beaucoup m'ont perçu comme un prédateur. Car ils ne se sont pas attaqué à un lièvre lors de mes quelques apparitions, y compris dans votre monde. Je ne vous apprendrais rien sur le Tartare, mais s'agissant de ce que je suis, là n'est et ne sera pas la question.

Juste un petit rappel afin que Phobos ne perde pas de vue à ne pas trop se perdre en questions rédhibitoire, où a trop sous-estimé le millénaire.

Il me serait si facile d'obtenir quelque chose venant de vous, jeune millénaire. Mais vous devais ma présence qu'à vouloir inter-changer certaines visées et à vous épargner outre mesure, les méthodes peu orthodoxes de cette chère Échidna.

Bien malgré lui, une pointe d’amertume perle dans son discours, rapidement étouffée par son aura sinistre et inquiétante. Il n’aimait pas combattre les femmes, quel qu’en soit la créature.

Phobos écouta avec attention les paroles de cet être si impressionnant qu'il en frissonnait. Ses sens avaient beau être aux aguets, si l'envie lui prenait de malmener le fils d'Arès, ce dernier savait pertinemment qu'il n'aurait aucune chance de s'en sortir. Le plus terrifiant là dedans, c'était qu'il acceptait ce fait avec une froideur étrange. Comme si cela faisait partie de l'ordre des choses. A bien y réfléchir, cela en faisait partie en fait. Il regardait cet être supérieur le jauger après avoir fait apparaître une canne, comme si il observait un Roi en tant que vassal. Il avait la sensation palpable d'être faible, d'être pour une fois la proie, et ce sentiment lui déplaisait au possible. Mais il n'avait pas le choix. A sa place, Deimos et Arès seraient déjà en train de provoquer l'être, si ce n'est de s'être jeté dessus l'épée à la main. Faisant preuve d'une lucidité terrifiante, Phobos avait balayé d'une main la possibilité d'agir de la sorte. Il n'avait pas une misérable créature prisonnière de ce lieu telle Echidna. Non ici, c'était tout autre chose et il se devait de saisir cette chance unique de s'entretenir avec.

"Alors ils n'ont pas su voir que vous êtes plus qu'un prédateur, que vous étiez en réalité la Nature même de ce lieu, je me trompe?"

Phobos restait prudent dans ses paroles. Il cherchait à la fois à en savoir plus et à éviter de froisser son interlocuteur si étonnant. Il s'était relevé à la demande de son hôte, et marchait lentement, comme si il cherchait à observer davantage celui ci. De toutes évidences, il ne voulait pas parler de lui. Les paroles concernant Echidna l'intriguait.

"Hum... Echidna cherchait, à mon sens, quelque chose qu'elle ne pourra jamais obtenir... et son évasion par mon biais était une bien mauvaise idée, la malheureuse ayant choisie une proie bien peu adaptée pour ses desseins. Je considère que le monde évolue, passant d'Âge en Âge et ne saura jamais retourner en arrière. Le seul retour possible, il me semble, serait la destruction de toutes choses qui aboutira au néant dont semble issu l'univers, ce que ne semble pas comprendre les titans dépassés dans cette ère qui n'est plus la leur."

Phobos l'avait écouté parler de ses observations du monde, et ses opinions semblaient avoir été confortées par Arès et Deimos. Cela suffisait à la Peur pour savoir comment sa famille avait réagi face à lui, et cela n'était pas pour lui plaire. Si pour une fois dans leur existence ils avaient dû faire preuve de prudence et de réflexion, c'était bien à ce moment précis. Une moue désapprobatrice passa alors fugacement sur son visage sinistre, pour revenir rapidement à un air plus réfléchi.

"Il n'y a aucune surprise dans ce que vous me dites. Les olympiens sont souvent dominés par leur égo démesuré et en perdent alors tout sens de réflexion et de prudence. Toutefois, en certaines circonstances, ils peuvent laisser de côté leur différend et faire front uni, quitte à outrepasser leur propre règle. Il suffit de voir que Zeus a permis à Arès de revêtir sa Kamui sur Terre pour affronter la menace, et ce alors qu'il la combattait avec Athéna. Mais je dois reconnaître une chose, ce genre de réaction est très rare, exceptionnelle même. Il suffit de voir comment ce stupide et borné Dieu des Océans a répondu à la proposition d'alliance temporaire de mon Frère. Sur le fait que prendre possession du monde serait aisé pour vous, je ne vous contredirais donc pas."

Phobos croisa alors ses mains dans son dos, faisant quelques pas avant de se retourner vers l'être.

"Je vais vous exprimer le fond de ma pensée. Cela serait sans nul doute considéré comme étant hérésie et blasphématoire pour mes semblables, mais vous me paraissez plus évolués et conscients qu'eux, tout en étant plus ancien. En réalité, je pense que, à l'instar des titans déchus, l'Âge des Dieux finira par prendre fin pour laisser la place à l'Âge des Hommes. Pour le moment il est difficile de dire si un autre Âge succédera à ce dernier, peut être même qu'il sera le dernier et qu'il provoquera la fin du monde, mais telle est ma conviction à l'heure actuelle. Les dieux paraissent éternels, mais un jour, il ne restera plus que leur oeuvre tandis que leurs esprits disparaîtront au profit des Hommes."

Phobos se plaça devant l'être, le regardant avec curiosité et méfiance.

"Et si vous me permettez, je suppose que vous n'êtes pas venu à moi uniquement pour discuter de cela. Qu'attendez vous de moi?"

Les sens aiguisés de l'ancestrale percent l'enfant d'Arès à travers un maelström de froideur et d'impartialité. À l'entendre, le millénaire parvient à savoir dans quelle direction Phobos aiguille les échanges. Par contre, les mots détournés pour savoir si l'ancestral attend quelque chose de Phobos ne portent pas ses fruits. Cette divinité ne sait rien de lui ! Rien de ce qu'il peut et pourrait ressentir face à ne lui l'amènera à une compréhension du millénaire. Et doucement, l'ancestrale ce fond dans une obscurité naissante. Lentement, la lumière se meurt, assaillie par une noirceur jaillissant de l'ancestrale, dont l'intention ne dévie pas de Phobos. L'intérieur de la forêt devient fatalement bien silencieux, comme si les créatures elles-mêmes retiennent leurs cris pour guetter l'instant d'un probable affrontement.

Mais il n'en est rien, car chaque chose du tartare ce fond dans cette obscurité terrifiante. Seul subsiste dans cet environnement, l'ancestrale et l'enfant d'Arès. Immobile et silencieux, le millénaire frappe de sa canne, le sol sans qu'un bruit s'étende par-delà l'épicentre du choc. Et pourtant, des ondes se propagent de l'impact et s'étendent dans des distances astronomiques. Et survient un nouveau décor, chaotique et sombre. Phobos et l'ancestraux sont à présent dans un univers parallèle, ou plutôt. Le futur de cet univers, dont l'enfant d'Arès et le millénaire subsistent depuis une époque révolue. Une myriade d'astres sombres et dépourvus de vie, jonche cet univers. Et il faut qu'un simple regard pour comprendre que rare et les galaxies habitant encore des étoiles capables de produire des atomes. Et parmi ce brouhaha de matière et énergie noire. La voix du millénaire frappe avec fracas l'esprit de Phobos.

Vous montrez, ou tout autre immortels hors des primordiaux, la création de l'univers serait impossible. Les règles qui régissent la naissance de notre univers échapperait à votre subconscience. Mais je peux vous montrez sa mort inéluctable. Celle d'un univers froid, ou la vie et la lumière ont finit par céder la place à la mort de toutes choses. Regarder donc autour de vos, et contempler cette matière sombre. Elle aura finit par subtiliser toutes choses existantes, y compris vos âmes dites, immortels.

Doucement, l'ancestrale resserre la prise qu'il a sur le sommet de sa canne, qu'il veille à garder face à lui pour qu'un tout petit fil de lueur ne la fasse pas luire. Même s'il y a très peu de lumière, malgré le peu que les étoiles offrent, un rien ne suffit à dévoiler sa position. Et bien que son annonce n'ait rien de réjouissant, l'ancestrale transperce Phobos de sa voix froide, meurtrière.

Il y a néanmoins des forces susceptibles de renverser ce sombre futur pour les âmes impuissantes, tels que les vôtres, les Olympiens. Et comme je vous l'ai dit, mes échanges avec votre père et Deimos n'ont rien changé à mes convictions concernant votre génération d'immortels. Car oui, votre ère succombera.

Le millénaire tient ses yeux sur son interlocuteur et ce regard sans réelle émotion, trahis une lueur murissant. Fronçant le regard, touts choses autour de lui et de Phobos s'éclaire légèrement, faisant croitre le nombre d'astres pullulant cet univers lointain. Panique et effervescence seraient les mots d'ordre de tout prisonniers de ce monde, mais pas pour Phobos. L'ancestrale le sait.

Je suis l'un de ces primordiaux, dont le pouvoir suffit à lui seul à interagir sur toutes choses. Et je n'attends rien de vous Phobos.

Sa voix forte rugit sur un ton péremptoire. Et, soudain, cette pensée le transcende. Tout se fait plus clair, il sait ce qu'il doit faire. Et sans même attendre, déjà l'ordre fuse à l'encontre de Phobos.

Que ce voile tombe et que les flammes rugissent donc votre monde. Votre père, aussi orgueilleux que colérique ne se laissera pas défaire si facilement après notre combat. D'autres guerres, d'autres conflits sont déjà à venir, et dans l'ombre de ceci. Des êtres célestes qui vivent dans une dimension faite d’ombres, se nourrissent de vos pertes. Un jour viendra où ces êtres se révèleront. Alors, permettez-moi une vive recommandation.

Faisant appel à sa magie, l'ancestrale ramène lui et Phobos au cœur du Tartare, en abord de cette sinistre forêt.

Décidément, Phobos n'était pas au bout de ses surprises. Les révélations que lui faisaient cet être étaient réellement troublantes et précieuses. Au point d'estimer qu'être tombé au Tartare était une chance pour lui Les paroles qu'il entendait remettaient ainsi en cause ses croyances. Ainsi la fin des Temps pouvait être évitée. Mais à quel prix? Ce qui était sous entendus n'étaient pas des plus rassurants. Il scrutait les ténèbres qui lui étaient montrées. La Fin. Voilà ce qu'il pouvait voir. Même pour lui, la scène était sinistre. Dénuée de toute vie, dénuée de ... Tout. Le fait que l'être se présentait comme étant un primordial ne le surprenait pas. Loin de là, il aurait été étonnant qu'il n'en soit pas un.

"Hum... Tout cela ne me surprend guère. Comme je l'ai dit, je suis convaincu que l'ère des dieux touchera à leur fin. Tout comme les titans ont vu la leur disparaître.... bien que je m'interroge sur leur présence finalement. Mais passons là dessus..."

Phobos fit quelques pas dans les profondeurs des Ténèbres. Il faisait face à l'inéluctable, ne voyant comment une telle fin pourrait être évitée.

"Vous parlez de l'alliance de primordiaux... mais auront ils seulement une raison de le faire? Je ne suis pas dupe. Un seul de vos semblables, en pleine mesure de ses moyens, est capable de tous nous détruire. Il n'est pas sans raison que vous soyez ici, à ..."recevoir" les divinités déchues, il n'est pas sans raison que sans Ouranos le ciel n'existerait pas, tout comme la terre ne serait pas sans Gaïa. Quant à ses choses qui complotent dans l'Ombre, les dieux feront faces, et déploieront leurs véritables puissances, comme Arès face à l'être qui a semé ce Grand et Sombre Hiver. Dites moi si je me trompe mais... il en faisait partit, n'est ce pas?"

Le ton de Phobos était sombre. Il se retourna vers le primordial.

"Concernant Arès, vous n'avez pas d'inquiétudes à vous faire. Contrairement à d'autres divinités, il n'est pas du genre à s'égarer. Colérique, orgueilleux, et fier, certes, mais l'univers l'a fait ainsi. Il est la Guerre, et partout où il ira, la Guerre il sèmera. Arès fait ce pourquoi il existe, tout comme moi. Je pourrais l'abandonner, suivre mon propre chemin et accomplir les desseins qui sont les miens, mais je reste à ses côtés car telle est ma place. Tel est mon rôle. J'ignore quel a été votre échange avec lui, et je lui rappellerais. Mais sachez qu'Arès suivra la voie qu'il estime être la sienne, il en a toujours été et il en sera toujours ainsi. Si les dieux doivent disparaître, et bien ce sera en étant ce qu'ils sont sensés être!"

Phobos ferma les yeux et calmement, d'une voix calme, il s'exprima de nouveau.

"Aux yeux des mortels, et même à ceux des immortels, les dieux se sentent éternels. Mais ils ne peuvent en réalité décider de leur destin, enchaîné par ce qu'ils sont représenter. Athéna ne pourra jamais renier les Humains, tout comme Arès ne pourra jamais cesser de provoquer des guerres."

En ouvrant les yeux, il interrogea alors l'être.

"Dites moi... Que pensez vous des titans? Eux qui semblent s'évertuer à résister face à un déclin inéluctable? Leur place est elle encore dans le monde?"

[justify]

Il avait bien observé et écouté les détails, et l'ancestrale devra lui accorder pareille mention. Mais Phobos reste encore une jeune divinité, ignorante de beaucoup de choses. Mais l'épilogue de l'enfant d'Arès fait écho dans l'esprit du millénaire. Pour la première fois, Phobos n'énonce aucune demande directe, mais une question qui recherche l'aval du millénaire.

Vous connaissez la réponse, alors pourquoi posez la question.

Le millénaire verte tourne la tête pour observer son propre corps un bref instant avant de tourner son regard à nouveau vers Phobos.

Concernant les primordiaux et la naissance de l'univers, il y a des détails dont vous ignorez tout. Et il n'est pas dans mes intérêts de narrer ces faits, à qui que soit, à commencer par vous, surtout vous. Quant aux Titans, leurs dominations sur votre monde et révolu, mais ils restent des immortels, capables d'exercer une influence sur vos royaumes respectifs. Dérisoire, je vous l'accorde. Mais ....

Un ultime instant, une ultime résistance. Un effort qu'il peine à maintenir. Et cet effort se brise, se muant comme un hurlement dans les esprits de ceux qui l'entourent.

Vos desiderata en ce qui concerne les Titans ne trouvent pas écho avec moi. Vous l'avais vous même évoquer à l'instant, en pleine possession de nos moyens, nous pouvons vous détruire, y compris les Titans. Alors pourquoi, pourquoi ai-je délibérément laissé les Titans sortir du Tartare, pourquoi n'intervenais-je pas contre vos titanesques ancêtres ? Voilà des questions que je laisserais sans réponses dans l'immédiat, mais si vous souhaiter tant les faire disparaitre de votre monde, vous savais vous-même ce qu'il vous reste à faire, à vous, et votre armée.

Sa voix s'est voulue dure, et ferme. Mais l’ancestrale eut tout juste le temps d'achever ces indications. Que l'ordre prit le dessus, écrasant toutes éventuelles réponses de Phobos.

Sujet: Re: Pris à son propre piège [Phobos]

» Tel est pris qui croyait prendre. [ Alistair - Naruto - ??? ]
» Comme le Sang pris dans la Glace...
» Flashback - La fin d'une ère [ P.V Phobos]
» The Call of Phobos
» FB Phobos: Auprès de son maître...