Le soleil s’obscurcira... [FB Odahviing-Arbhaal / L'île des géants]

Les premières lumières annonçaient l'aurore comme des coups de trompettes silencieuses et le vent lui caressait agréablement le visage marqué par les épreuves. Le jeune Ase avait passé la nuit pourchassé par une meute de grands Jager et sa technique de chasse à l'appat avait eu raison du groupe de reptiles. Il avait réussit à faire sortir le mâle alpha de sa cachette et cette traque inversée avait terminé sur la plage. C'est assis sur le cadavre du monstre qu'Oda dégustait sa chair en noyant son regard dans l'horizon que lui offrait l'Océan. L'île Des géants était une véritable énigme pour lui, et pourtant cela faisant déjà une saison de passée sur ces Terres.

Perdue dans l'Atlantique Nord, elle offrait des changements climatiques totalement impromptus et paradoxaux à sa situation géographique. A son arrivé, c'était une île hivernale près de ce que les marins danois appelaient l'Islande. Et maintenant la chaleur et l'humidité était tellement intense qu'on aurait très bien pu la placer près de l'Equateur... L'asgardien avait connu les températures les plus rudes et il ne s'attendait pas à subir son entrainement dans un lieu aussi étonnant. Presque aussi fou que son mentor le géant Svaartr... d'ailleurs mentor disparu depuis quelques semaines déjà. C'est abandonné à lui-même qu'Oda avait survécu sur ces terres où chaque animal est un adversaire potentiel. Mais ce qui était dur au début, commençait à devenir plaisant... le jeune guerrier se sentait de plus en plus animal et de plus en plus prédateur...

On l’observait. Il finit par s’en rendre compte. Une présence insidieuse, discrète, aussi intangible que l’ombre des arbres le suivait à la trace. Chaque fois que le jeune homme tournait le regard pour déceler la silhouette de celui qui le pistait, il ne tombait que sur un courant d’air. Etais ce le fruit de son imagination ? Non. Il le sentait. Plus encore, la créature qui collait ses pas aux siens laissait se diffuser une aura qui laissait peu de doutes sur sa nature : celle d’un prédateur. Un loup ? Un tigre des glaces ? Une créature mythique de l’hiver peut être ? Difficile à définir.
Soudain, une autre présence attira son attention. Profitant de sa nervosité tangible, un loup géant se dressa face à Oda, les crocs dénudés. La bête était véritablement impressionnante.  Deux mètres au garrot, au moins cinq mètres de long et des yeux d’un rouge sanguin intimidant.  Ses cotes visibles témoignaient de la rigueur de l’hiver éternel et de la rareté des éventuelles proies dans ces bois. Un âpre combat à mort se présentait au jeune homme, toujours conscient qu’un autre prédateur l’observait depuis les ombres. Alors que le loup géant bondissait déjà sur sa proie, il fut intercepté par un éclair émeraude qui le percuta de plein fouet avant qu’il n’ait atteint Oda. Le loup fut propulsé à plusieurs mètres avec fracas, le ventre et le flanc ruisselant de sang. La créature finit par se relever en gémissant et croisa le regard de celui qui venait de le priver de son repas. Deux yeux intimidants lui firent baisser le museau et se détourner pour regagner la sécurité des bois profonds. Oda venait de voir apparaitre devant lui une ample cape blanche battant au vent. Avant qu’il n’ait eu le temps de s’étonner à haute voix, l’inconnu se retourna pour le fixer d’un air pénétrant. Vêtu d’une splendide armure sombre et émeraude, l’homme n’avait pas grand-chose d’avenant. Le visage à demi masqué par un casque en forme de tigre à dents de sabre, il fit disparaitre en un éclair les griffes qui prolongeaient ses doigts fins avant de lancer d’une voix aussi glaciale que le blizzard des plaines.

C'est rassasié de cette viande peu goûtue que le jeune apprenti se leva pour s'éloigner de la plage. A cette heure et en pleine lumière c'était une proie facile pour on ne sait quel requin des sables et il ne comptait pas faire leur petit déjeuner. Même si il espérait faire un repas de plus, cela ne servait à rien de ramener le reste du Jager. Il n'en serai que trop ralenti à la course et le handicap n'était pas envisageable sur cette île de chasseur chassé.

Les quelques pas fait à l'intérieur des terres ne furent pas tranquilles pendant longtemps. Il sentait un cosmos étrange le suivre comme son ombre et cette odeur était très différente des animaux de l'île. C'était une odeur qui lui rappelait Asgard, mais ce n'était pas humain... Oda continua de marcher tout en mâchouillant un os qu'il avait finalement gardé... il ne fallait pas que le prédateur se rende compte que sa proie était sur ses gardes... alors autant jouer l'imbécile et se préparer à dégainer une de ces attaques de cosmos qu'il avait élaboré ces dernières semaines.

Tout à coup un de ces loups géant qu'il avait déjà vu auparavant bondit de nulle part et se mit en position offensive. C'est avec un certain airdubitatif que l'Ase accueillit la bête. Ce n'est pas la peur qui l'envahissait, mais un doute certain et une incompréhension.

*Ce n'est pas l'odeur que j'ai senti, je me serai trompé... Mais c'est quoi ce délire ?*

Oda venait de se faire trahir par son manque de concentration. En analysant le cosmos ressenti plus tôt, il avait baissé sa garde et le loup avait pu s'approcher suffisamment près pour le mettre en danger. La bête avait apparemment faim... très faim et l'Ase était ce qu'il y avait de plus appétissant à des lieux à la ronde, mais il n'allait pas se laisser dévorer par un loup après avoir chassé un grand Jager. Lentement, il prit une posture de combat avec garde ouverte, prêt à fracasser la bête et courir ensuite. Toujours l'os à la bouche, il répondit à ses grognements.

"Houlaaa beauté... tu viens de me prendre pas surprise, ce n'est pas cool du tout mon grand. J'ai le ventre plein, si j'avais su on aurait partagé..."

Le loup ne l'entendit pas de cette oreille et bondit sur sa proie... mais le temps se figea un moment, il eu un éclair d'émeraude et le pauvre carnassier fut propulsé violemment à des mètres de là. Odahviing resta bouche bais... Il n'était pas sur d'avoir vu la totalité de l'attaque, mais avait pu entrevoir un coup majestueux donné par une ombre qui se révéla de noir et d'émeraude. Une cape... un homme... mince... cela faisait presque un an qu'il n'avait pas vu un autre homme comme lui. Son mentor était un géant et ses seuls autres compagnons... qui tentaient désepérement de le manger étaient les animaux fantastiques de cette île. Et là... il venait de se faire aider par un guerrier sorti de nulle part et totalement propre sur lui. L'Ase revint à lui quand le guerrier lui demanda d'une voix de blizzard :

"Es-tu le disciple du géant Svaartr ? "

Odahviing se redressa de sa posture guerrière et salua le god warrior avec respect. Il venait de reconnaitre cette armure du tigre viking, il l'avait déjà vu plus jeune encore sur les parchemins du palais d'Asgard. Le guerrier divin de Zeta, protecteur d'Odin... un monument de la puissance des Ases, l'élite de la chevalerie à laquelle il aspirait. Le Tigre Viking pouvait voir face à lui un jeune garçon en guenille de très grande taille... presque un colosse s'il n'avait pas été aussi asséché par la dureté de l'île. La chevelure sale et ébourrifé d'un sauvage, une peau bronzée et tanée par soleil, chose étrange pour un asgardien et quelques cicatrices sur le corps.

"Oui je suis le disciple de Svaartr... Merci de votre aide et pardonner ma tenu Protecteur."

Dès qu’il eu entendu la réponse positive à sa question, Arbhaal s’apaisa et un semblant de sourire vint même s’épanouir sur son visage austère. Le tigre d’Asgard inclina la tête pour saluer plus cordialement le jeune homme qui lui faisait face et lança d’un ton où perçait une note de chaleur.

- Cela fait des jours que je suis à ta recherche. Ces bois sont immenses et ma mission ne souffre d’aucun délai. J’espère que tu pourras m’apporter assistance. Je suis porteur d’un pli adressé à ton mentor par la grande Prêtresse d’Odin, dame Séléné d’Asgard. Or, malgré mes incessantes recherches, je n’ai pas trouvé la moindre trace de Svaartr. La rumeur court qu’il se serait pris d’affection pour un humain et qu’il en aurait fait son élève. Un fait assez rare pour être vérifié. Je me suis donc ruer à tes trousses en espérant que tu pourrais m’indiquer où se trouve ton maitre.

Sans prévenir, le blizzard se leva pour balayer la clairière. Les sens aussitôt aux aguets, le guerrier divin promena un regard méfiant sur les bois alentours. Le claquement de sa cape malmenée par le vent mordant résonna comme un son inquiétant, mais plus encore une atmosphère dérangeante submergea peu à peu le lieu.

- Quelque chose rôde dans les parages… En restant dans cette zone à découvert, nous devenons des proies faciles. Qu’en dis-tu ? Préfères tu attendre à mes cotés la créature qui semble se diriger vers vous ou gagnons nous les bois obscurs par sécurité ?

Dénotant avec l’imminence d’un danger quelconque, Arbhaal dévoila ses terribles griffes et laissa son cosmos polaire et meurtrier s’épanouir autour de lui. La mission semblait plus compromise que prévue. Prenant conscience d’un oublie manifeste, le tigre d’Asgard se retourna vers le jeune guerrier.

- Je suis Arbhaal, guerrier divin de Zeta. Enchanté de faire ta connaissance. D’autant plus en de pareilles circonstances.