Ainsi sonne le glas [PV]

L’appel de la Plume résonne à travers l’immensité des dimensions, appelant les entités au conseil. Une présence colossale apparaît dans le refuge qu’ils se sont créés, comme surgie du néant. Le Primordial s’avance dans un cliquetis d’armure, ébranlant le sol à chacun de ses pas. Il accepte la boisson offerte. Aujourd'hui est un jour de réjouissance certes, même s’il juge qu’ils ont perdu du temps.

Encore heureux. Déjà que nous avons perdu du temps à les faire se détruire entre eux, il n’aurait pas fallu qu’en plus nous manquions notre coup.

La voix est profonde, caverneuse même, et exprime clairement l’irritation. Lui ne soutenait pas ce plan qu’il jugeait excessivement complexe, quoi qu’en disent les autres.

Franchement, nous aurions mieux fait de nous en occuper personnellement. Le travail aurait été tout aussi bien fait, et plus rapidement.

Le Primordial accepte néanmoins de trinquer à leur triomphe. La boisson est rafraîchissante, bien qu’à ses yeux rien ne vaudra jamais le lait de vache.

Il était en train de regarder au delà des dimensions quand l'appel fut lancé. Le temps était-il déjà venu de se rendre à leur réunion? Bien, si cela devait être fait... Après tout, il ne pouvait pas laisser ses nouveaux camarades attendre.

- Allons, mes petites, venez avec papa ou vous savez ce qui va vous arrivez ! Sa voix portait des traces de sévérité mais le visage qu'il avait était souriant et plein de douceur. N'ayez pas peur, ils ne vous feront rien. A moins que ça ne soit cela qui doit arriver.

Il réajusta son collier en os, bois et baies séchées, coiffa ses cheveux en bataille autant qu'il le pouvait et remit correctement ses vêtements. Puis s'avança.

En quelques pas, il arriva là où il devait être. Et il aimait l’accueil qu'il reçu. Une coupe avec de quoi boire. Un délicieux nectar qui enivrait ses sens au point de le faire sourire, comme peu pouvait le faire. Celle qui lui avait donné ce breuvage fort agréable pour le nez, les yeux et surtout pour la bouche, leva sa coupe et proclama un discours qu'il écouta tout en ayant l'impatience de boire. Mais soit, il savait se tenir... quand il le voulait. Celle qui les avait appelé aujourd'hui déclara que leur plan se passait comme il le voulait et que deux Royaumes étaient tombés. Une première victoire pour eux, qui avait déjà tant attendu.

- Ma chère, je vous remercie pour cette boisson fort agréable et en effet, je lève mon verre à notre première étape réussi. Sans attendre, je bu une gorgée avant de faire signe à mes petites accompagnatrices de venir gouter à leur tour ce breuvage. Venez gouter ce que ma chère amie à eu la gentillesse de nous offrir.


Pendant ce temps, celui qui faisait plusieurs fois ma taille commençait lui aussi à s'impatienter, tout comme l'un des deux autres près de moi. Je levais les yeux vers l'immensité du néant.

- Allons, allons ! Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation mes chers camarades. D'un mouvement, il sortie un miroir, dont le cadre était en bois et en os, de son sac de peau. Si nous agissons trop vite, nous ne vaudront pas mieux que ces... misérable... cafard... déforestant... tuant... maudits mortels ! La colère déformait son visage et ses dents devenaient pointus alors qu'il donnait un violent coup de sabot sur le sol. Regardez les, entrain d'assécher une rivière et forcer la nature à leur envie...

L'image dans le miroir montrait des gens en train de détourner le cour d'une rivière avec des arbres qui semblaient fraichement abattu. D'un geste de la main, les champs autours d'eux commençaient à pourrir, infestés par la vermine, sous les rires amusez de leur observateur sadique, qui détourna le visage après quelques secondes.

- Sinon, nous disions quoi déjà? Ah oui ! Notre victoire pour l'heure ! Il releva son verre. Je suis du même avis que vous, mon cher et tempétueux camarade. Agissons avec prudence et la victoire finale sera à nous. Et si je peux me permettre... D'un geste, le cerf cornu qu'il était fit apparaitre plusieurs pièces de viandes pour tout les convives. Ceci est ma contribution à notre réception. Et pour vous, dame qui nous avez donné une aussi bonne boisson, je vous offre le meilleur morceau et aussi ces plantes rares.

Il fallait attendre la suite à présent mais au moins, il était en bonne compagnie et avec de quoi boire et manger.

Le Primordial écoute avec une irritation croissante ses partenaires rejeter son point de vue. Seule une des deux tempêtes partage son opinion. Tout ces appels à la prudence, à ne pas faire preuve de précipitation... Pour lui toutes ces subtilités ne sont qu'une perte de temps. Son humeur n'est pas arrangée par les accompagnatrices du Cerf. C'était censé être une réunion de divinités ici! Mais ce sont les mots de l'Eléphant qui le font craquer. Patience, le mot interdit.

Patience! Tu oses me parler de patience?

La colère de l'entité fait trembler la dimension dans laquelle ils se sont réfugiés.

Je connais la signification de ce mot, bien plus que n'importe lequel d'entre vous. J'ai suffisamment attendu.

Une grande masse d'arme apparait entre les mains du Primordial, avec laquelle il frappa le sol, le fissurant.

Quel intérêt à regarder le spectacle à distance pendant qu'ils s'entretuent? Je dis, le moment est venu de faire connaitre notre colère à nos ennemis. Je veux réduire en cendres leur demeure, démembrer leurs corps et me baigner dans leur ichor.

Il avait attendu cela pendant d'innombrables millénaires. Maintenant la victoire lui tendait enfin les bras. Mais les autres ne voulaient pas encore attirer l'attention. Ils ne voulaient pas courir le risque de gâcher leur plan par trop de hâte. Soit. Par gratitude envers ses partenaires il accepterait d'attendre encore un peu.

Très bien. Mais nous avons intérêt à nous bouger sérieusement à ce moment là.

Ils se reverraient à nouveau dans trois lunes donc pour passer à la suite de leur plan. D'ici là il ne servait à rien de relancer à dispute. Le Primordial se contenta donc d'emporter avec lui une partie de la viande offerte par le Cerf, puis de quitter la dimension.

Que de beau monde autour de cette table. Des personnalités telles qu'il n'y avait jamais eu autour d'une table, dans une dimension cachée. Il y avait de la bonne boissons, de la bonne viande qu'il venait de donner à ses camarades et en plus, plusieurs de ses petits êtres étaient en train de s'amuser et de danser dans les airs, tels de petites sylphides qu'elles étaient.

Et c'était tellement agréable pour lui d'être entouré de personne comme lui, qui voyait le monde de la même façon, du moins en parti. Dans les détails, ils avaient sûrement des divergences d'opinions mais pour l'heure, ils étaient tous du même côté et tant mieux, ça lui faisait de la compagnie. Bruyante et violente mais de la compagnie quand même.

Quand le dernier convive arriva, la fête pouvait commencer. Du moins c'est ce qu'il cru au début. Même celle qui avait organisée la réunion semblait heureuse de la façon dont tout s'était mis en place. Une vraie réussite, il fallait l'avouer.

- Buvons, profitons de la joie beauté de ce lieu et de l'opulence qui recouvre cette table ! Il prit son verre. Et mes petites camarades sont tellement heureuse qu'elles n'ont même plus peur de vous. A cette remarque il prit l'une des ses suivantes par les ailes et la mit devant lui. N'oubliez pas qui est votre maître et surtout n'allez pas ennuyer les personnes présentes ici, ou vous aurez des problèmes !

Mais alors qu'il pensait profiter d'un moment de calme, le primordial a côté de lui semblait s'énerver. L'impatience était pourtant quelque chose d'assez idiot quand on y pensait, ils avaient tous le temps qu'ils leur fallait. A deux ou trois cent mille ans près. Mais son camarade impatient ne semblait pas réellement vouloir attendre. Et pour couronner le tout, la tempête semblait elle aussi s'énerver. Au point que les sylphides prirent peur, assez pour venir derrière lui.

L'être entouré de petites sylphides continua de manger, boire et sourire en écoutant le tonnerre parler. Il acquiesça simplement de la tête pour montrer qu'il était d'accord avec eux.

- La patience est une chose que nous pouvons nous permettre. Il sourit. Et puis, voir les fourmis que son nos adversaires s'entretuer, voilà qui était amusant ! Et avec le feu d'artifice que cela a été après, la nature toute puissante va pouvoir reprendre ses droits. Il se mit à rire et sourire à pleins crocs. Se disputer en mangeant donne un mauvais goût à la viande et surtout au vin de notre chère et douce plume. Il planta alors sa fourchette dans la viande en fixant son voisin. Et cela rend la nature amer et de très mauvaise humeur. Il le regarda avant d'exploser de rire. Mais vu que nous sommes alliés, reste donc et boit un coup avec nous !

Mais rien n'y fait. Le primordial parti, non sans écouter la plus belle des plumes, qui leur donnait rendez-vous dans trois lunes. C'était triste de ne pas finir un tel banquet sur une note plus joyeuse que de la colère et de l'impatience mais soit. C'était ainsi.

Puis, la tempête parti à son tour, parlant du mont Fuji.

Ainsi, autour de cette table, encore remplis de nourriture et de boisson, il n'y avait que trois convives.

- Bon et bien s'il faut partir, je vais partir aussi alors ! Il se leva en s'inclinant un peu. Mes chers camarades, je vous remercie pour ce repas et cette assemblée. Le cerf arriva près de l’Éléphant en souriant. Nos rencontres ne sont que trop rare, venez quand cela vous chante près de chez moi, nous pourront papoter autour d'un verre. Ensuite, il se dirigea vers la plume. Ma chère plume, vous aussi pouvez venir me rendre visite ou m'inviter dans votre domaine quand bon vous semble. Voir votre beauté à embellit ma journée et je serais heureux de vous revoir dans trois lunes.

Il s'inclina et puis, parti à son tour en souriant.