Ainsi sonne le glas du Royaume d'Arès

Ça y est.
Le Dieu de la Peur est mort.
Avec lui - ou avec elle, selon comme on souhaite le voir - s'éteignent les dernières étincelles du pouvoir de la Guerre. Et en son domaine, au cœur de son pouvoir, le monde se met à trembler.
Le Domaine d'un Dieu est intimement lié à lui. Il n'est nulle part plus grand qu'en sa demeure, et elle n'est jamais plus prospère que quand elle l'héberge.
D'aucuns les disent faits de leur propre chair ; bâti sur les os qui furent autrefois les leurs, irrigués par l'ichôr versé naguère. C'est là une rumeur que nul n'a jamais osé vérifier, car il est des vérités qu'il vaut mieux ne pas découvrir. Mais ce dont chacun se doit d'avoir conscience, c'est que l'un ne va pas plus sans l'autre que l'autre ne va sans l'un.

Le Territoire d'un Dieu est la première chose qui revient lorsqu'il remet le pied en ce monde. Ce n'est que bien normal qu'il soit aussi la première à le suivre lorsqu'il le quitte. Il peut lui survivre un temps - cela n'a-t-il pas été ici le cas ? -, mais cela ne saurait durer ; n'a déjà été permis que par la présence de ceux qui partagent sa chair et son sang, piètre substitut à sa grandeur absente.

Arès n'est pas là, et nul ne saurait le remplacer. Pas même ses propres enfants. Ils s'y sont essayés, et cette tentative s'arrête avec eux - avec l'existence provisoire que leur impose leurs corps qui le sont tout autant.

Mais ça ne s'arrête pas là.
Le métal changeant des Cuirasses traîtresses s'anime d'une puissance neuve ; ensemble, elles vibrent et carillonnent comme les cloches de l'Apocalypse.
À chacune d'entre elles qu'elle traverse, dont elle s'empare, cette force extérieure - cet étrange amalgame, venu de partout et de nulle part - n'éclate qu'avec plus de violence, en faisant autant de charges, autant de munitions pour renforcer sa déflagration.

Autour de chacune d'entre elles, l'onde de choc se propage ; tue, détruit et ravage. Il n'y a pas d'échappatoire.
En tout état de cause, elles portent l'estocade ; apportent la touche finale - la dernière poussée - à cette fin programmée.
Rien ne peut l'arrêter. La chute est inéluctable.

Avec elle s'effrite la promesse du carnage, la certitude d'un glorieux trépas. Plus une goutte de sang ne sera versée sur ses pierres ; plus une arme n'y sera levée. Car où que l'on se tienne en ce défunt royaume, il n'y a plus une dalle intacte sur laquelle se dresser.

Et alors que tout s'achève, que le ciel s'embrase et que la terre s'éventre, ceux qui portaient encore les couleurs de leur seigneur les verront se ternir, comme soudain noyées par la cendre issue du cadavre d'un dieu.
Des Cuirasses offertes par le fils de Zeus ne restera que la froideur d'un métal froid et inerte, trop lourd pour leurs épaules, aussi robustes qu'elles soient. Voilà qui n'aidera pas la fuite de ceux qui aimeraient quitter ces lieux tant qu'ils en sont encore ; quel serviteur oserait survivre à son maître ?

Tout ne sera que ruines.
Tout le restera - jusqu'à ce que l'appel de la Guerre résonne une fois encore. Qu'Arès revienne souffler dans son corps de chasse et déclarer ouverte la saison de la mort.
Cela n'arrivera pas avant longtemps. Des siècles, peut-être ; possiblement davantage.
Pour l'heure ne reste que l'inertie.
Pour l'heure ne reste que le silence.
La Guerre est terminée ; tout le monde a perdu.



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