[FB] Marauder sous un vers de Shakespeare [PV Akane]

Cet hiver, les rayons de la lune avaient eu raison des ombres de la nuit. La beauté de Londres était alors sans égal, ses mystères résonnant au gré de ceux qui savaient chasser. Ainsi d'ombre, l'Inconnu promettait autant de délices que d'horreurs et ce, en une multitude de certitudes toutes plus évidentes au petit matin. Généralement, on préférait ici les éviter au détour d'un bon repas passé entre amis, "copains"  de diverses corporations, et voisins. Mais, non loin de la ville, un énorme manoir se dressait aussi fièrement que sinistrement dans la rue. Depuis un jardin superbement entretenu, la résidence pétillait de vie. Les lumières des bougies qui scintillaient au-delà des fenêtres confirmaient le passage d'une ou plusieurs âmes qui soufflaient en ces lieux. Sur deux étages partagées en une véritable triptyque, les lieux ne manquaient alors pas de surveillance. On devinait tout simplement la présence d'un Lord quelque peu soigneux. Peut-être bien également collectionneur dans l'âme. Les statues, d'origine bien différentes et toutes plus exotiques les unes que les autres, ne manquaient pas non plus. Ce fut ainsi qu'au-delà d'une porte bien soudée, des voix résonnèrent. Celle d'une femme et d'un homme qui, en dépit d'une mésentente, tentait de trouver un compromis...

" - Et, mon cher Lord Evans, puis-je savoir où vous percevez le moindre souci ? Que je sache, votre famille a été grassement financée pour garder ces reliques venues d'Egypte et d'Occident. Et ce, jusqu'à mon retour, selon ce qui a été prévu dans la lettre de mon frère. Et, je ne pense pas en demander tant, aujourd'hui...
- Qu'importe, la famille Saronno a perdu la main sur un bon nombre de ces objets. Et je n'aurais probablement plus la liberté de vous céder tous ces biens d'ici quelques temps."

Les bras croisés, l'Anglais ne désirait pas se mouiller dans des affaires qu'il pressentait devenir particulièrement...brûlantes. Sa vis-à-vis ne sembla pourtant pas démordre, ne cillant pas un instant devant lui. Quelle femme de caractère ! L'Egypte lui conférait une chaleur indéniable et pourtant, une froideur toute particulière émanait d'elle, tant et si bien qu'il ne la chassa pas de suite.

"Je vais vous conter une histoire. Rapidement, car le temps presse. Une histoire d'antan, une histoire qui a déjà plusieurs siècles. Seigneur Rê, que le temps passe vite ! Cela fait frissonner mon corps tout entier..."

Tout comme Nephtys fit frissonner l'homme en face d'elle. Une sensation provoquée chez autrui que la jeune femme ne manqua pas de relever, tel un chat jouant avec sa souris...

"Quelle dommage que je n’ai aucun instrument en main pour la transformer en chanson. Mais soit."

"Nous ferons avec", intima silencieusement la jeune femme en un mouvement de main las. Le garde du corps de cette femme antique ne cilla pas. Par dessus son épaule, son regard croisa cette fois-ci sans ciller celui de l'Homme et, dans un sourire malicieux, elle entreprit son conte.

"Il était une fois, une ancienne salamandre cramoisie. Ce n'était pas une salamandre comme les autres. C'était un animal que j'ai rencontré à demi-mort. Pas très sympathique au demeurant, elle mordait et elle piquait comme un beau diable. Un jour, au bord d’un lac, elle me confia qu’elle n'aimait plus l'eau, ne pouvait plus changer de forme, et se contentait de retrouver son habilité à influencer les bêtes. Alors elle a longuement cherché à trouver une alternative pour accomplir son objectif premier. »

Tout en quémandant un peu de thé, la jeune femme s'installa confortablement dans le sofa dans lequel elle profitait d'un peu de répit.

« Ce que je recherche est son vestige. « De la mémoire naît l'Âme », pour une traduction plus compréhensible. Un livre aux annotations un peu vieillottes, désormais. J’en conviens. De toute évidence, vous n’écouterez là rien d’autre que la voix d’un vieille alchimiste convertie sur le tard, dont l'un des éléments domine pour rencontrer l’éternité. C'est une petite pièce d'un grand puzzle... Quoiqu’il en soit, ses élèves devinrent ses descendants et...Je crois bien que vous et moi, nous connaissons l’histoire. Les malédictions ne sont jamais bien agréables quand on ne sait pas les manipuler. M'enfin! On s'ennuie tous à notre façon... »

Dans le coin de la pièce, son œil s’attarda sur deux objets bien précis. D’une part, il y avait sa lyre antique, qui ne cessait de l’appeler. Sa destinée étant ce qu'elle était, la reprendre signifiait regagner son Surplis immédiatement. Et puis, de l'autre côté du salon, présenté comme un vulgaire objet de collection, la lumière de son fidèle sceptre Ouas triomphait de tout son orgueil, prouvant la venue imminente de celle qui avait décidé de sacrifier sa vie tout entière pour plus d'un millénaire d'attente…

"Ce livre appartient désormais à l’un de mes ancêtres et vous le savez. C'est l'une des biens nombreuses possessions auxquels mon frère tient. J'ai fait un voyage très long, pour un compromis que vos parents ont signé ici-même. Et celui-ci n'est pas encore nul. On vous a aidé par le passé, et votre gloire a été faite. Ne lui tournez pas le dos ainsi... »

Et Nephtys comptait bien récupérer son trophée sur toutes ces rencontres, ces amis, et ces victimes du passé. "Donnez-les moi.", ordonnait-elle dans sa tête. Ici, les richesses ne manquaient pas. Il y avait autant d'éléments que ces rubis, ces poignards antiques, ces parchemins de grands auteurs que de babioles insignifiantes.

HRP: