[GS] Salade de fleurs arrosée au miel (Akane vs Styx)

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"C'est bien mon chaton ! Je te paierai une tournée !" Lança-t-elle, enjouée, à l'adresse de son cousin Promethée qui avait eu la sagesse de suivre son "conseil".

Styx fixa son petit neveu d'un air circonspect. Et, étrangement, elle ne s'énerva pas plus qu'elle ne l'était déjà. Pourtant... avec ce que Deimos venait de lui dire, la logique aurait voulu qu'elle traverse la maigre distance qui les séparait, qu'elle joue à saute mouton par-dessus le dos de l'Olympien, pour aller éclater le pif de la crevette qui avait visiblement oublié le nombre gargantuesque de millénaires qui les séparait.
Mais non. Elle n'en fit rien. Pour une bonne raison. Rigolant sous cape, la progéniture d'Océanos attendait simplement la réaction de... son père. Qui promettait d'être aussi distrayante que la fessée cul nu qu'elle allait administrer à cette petite fleur qui se prenait pour un gros guerrier musclé.

"Tu sais ce que font les abeilles aux fleurs minette... elles les butinent..." Dit-elle dans un sourire cynique, alors qu'il était fort probable que les lecteurs pervers iraient immédiatement s'imaginer des choses salaces entre les deux combattantes.

Styx saisit la main d'Akane au vol, alors qu'elle venait de lui décocher une pichnette sur le front.
Les prunelles dorées de la Titanide brillaient tellement d'excitation, qu'on aurait dit que ses iris allaient se dissocier de ses pupilles pour devenir des électrons libres.

"C'est donc ça que tu veux ma jolie... une petite relation SM ? Si c'est le cas fallait le dire plus tôt. Je vais me faire un plaisir de te donner ce que tu veux, humaine." Lâcha-t-elle dans un sourire perfide avant de décoller une bouffe magistrale à la berserker.

Dans un bond digne d'un chamois, ou d'un cabri au-dessus d'Héphaïstos donc, Styx s'éloigna de son adversaire du jour, non sans essayer de lui percuter le menton de son talon au passage. Tant qu'à faire... autant rentabiliser le déplacement.
Un portail d'ombres, assez similaire à celui dans lequel elle avait disparu avant de réapparaître face à la jeune femme, se matérialisa derrière la Titanide. Presque instantanément, deux ombres s'en extirpèrent. Leurs formes restèrent indéfinissables quelques secondes, alors qu'elles s'avançaient au devant de la guerrière d'Arès dans un mouvement extrêmement lent.


Victimes, parents, amour... quels qu'ils soient, les esprits défunts qui se rapprochaient d'elle arboraient lentement mais sûrement les traits de personnes qu'elle avait connues par le passé.
Et lorsque leurs traits furent aussi définis que ceux d'un être fait de chair et de sang, la vitesse à laquelle ils se précipitèrent sur la jeune femme contrasta violemment avec l'infinie lenteur dont ils avaient fait preuve jusqu'à maintenant.

"Concernant ta fessée, tu préfères avec ou sans culotte ?" Rallia-t-elle en balayant les chevilles d'Akane d'un mouvement de jambes avant de lui coller deux trois baffes supplémentaires, profitant qu'elle serait sans doute trop accaparée par les spectres que pour tout esquiver en même temps.

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Quelle finesse, tu étais loin d’imaginer à quel point une fille de Titans pouvait être vulgaire. Sans doute à force de lui céder ses caprices. Les enfants de nos jours … Enfin cette enfant en l’occurrence a certainement des milliers d’années derrière elle. Et pourtant, ce n’est pas la politesse qui l’étouffe. Elle se saisit de ta main, tu ne cherches en rien à te dégager, lui répondant d’un simple rictus. A peine quelques mots, et tu l’as en horreur. Comme toujours, en réalité. Tu n’es pas un modèle de sociabilité non plus, à part si cela sert ton propre intérêt.

« Désolée mais … étant donné que tu ne dois pas être de la plus grande fraîcheur, je préfère passer mon tour. Mais il semblerait que Deimos se porte volontaire pour satisfaire tes désirs pervers. Pourvu qu’il te fasse taire. »

Tu esquives son talon d’un simple pas en arrière. Mademoiselle semble adepte des cabrioles à première vue. Tu ne la quittes pas des yeux alors qu’un portail d’ombre se matérialise de nouveau derrière elle. Deux esprits s’en extirpent, et lorsque ceux-ci prennent la forme de tes défunts parents, un sourire éclaire ton visage. Aucune surprise, aucune douleur.

« Intéressant … »

Les esprits fondent sur toi à l’instant même où tu lèves ton arme. Tu te prends quelques coups bien insignifiants avant de les trancher sans cérémonie. Tu lèves ton regard vers la Titanide, gardant ton sourire espiègle. Ses victimes doivent habituellement être horrifiées par ce spectacle, mais toi … Comment dire … Tu n’as jamais rien éprouvé pour personne.



« Hmm… Tu m’as apportée cette satisfaction de les avoir tués de mes propres mains. Je t'en remercie. » Tu marques une pause. « D’ailleurs, je me demande ce que cela te fera à toi, de voir ton père mourir sous tes yeux. »

Puisqu’il semble que la famille soit son point sensible, autant en profiter pour l’énerver un peu. Les émotions ont tendance à pousser leur porteur à la faute lorsqu’elles sont trop fortes. Il serait bête de ne pas en profiter durant cet affrontement. Mais les esprits sont toujours là, se reforment pour d’attaquer de nouveau. Trancher l’ombre n’est guère suffisant, il semblerait. Cet instant d’inattention offre une opportunité à ton adversaire qui te fait tomber au sol pour ensuite enchaîner quelques coups.

*Concentre-toi donc un peu.*
*Ca va, lâches-moi toi.*

Tu te redresses, arborant toujours ce sourire somme toute agaçant aux yeux d’autrui. Tu la sondes du regard avant que ton aura ne s’éveille un peu plus, les ténèbres tourbillonnant autour de toi. Tu prends soin de répondre à sa vanne, histoire d’alimenter un peu le jeu.

« Si je te dis que je n’en porte pas, cela règle la question, non ? » Tu ricanes quelque peu. « Et puis, je te l’ai dit, les vieilles défraîchies dans ton genre… Très peu pour moi. » Tu ajoutes dans un murmure. « Ma jolie Kumo, j’ai besoin de toi. »

Tu portes ta main libre à tes lèvres, tes dents croquant l’extrémité de ton index tandis que le tourbillon d’ombres s’échappe pour se placer entre toi et ton adversaire. Une femme araignée, majestueuse toise la Titanide du regard avant de s’évaporer, réapparaissant aux côtés de sa proie pour la frapper de ses pattes crochues.



« Je te présente Kumo. Elle aime jouer avec ses proies mais il lui arrive de sectionner quelques membres, j’espère que tu ne lui en voudras pas. »

C’est à toi d’entrer en scène, brandissant ton katana afin de profiter de la distraction. Elle s’abat sur l’épaule de la Titanide, enchainant deux-trois coups avant que tu ne termines par un uppercut. Tu bondis en arrière, restant à distance de celle-ci une fois tes coups portés.

« Il est tellement agréable de donner autant que recevoir, tu ne trouves pas ? »

Les paupières de Styx s'ouvrirent en rond (façon poisson rouge sorti de son bocal) lorsque la créature à fleurs arborant désormais une armure d'ébène, lui adressa quelques mots.

"Sans déconner... c'est ça les vannes de votre époque, les humains ? Eh beh ma vieille t'es pas sortie de l'auberge tiens." Lança-t-elle d'un air amusé à la berserker qui essayait visiblement de la faire sortir un peu plus de ses gongs.

Or il semblait assez évident qu'Akane n'avait pas encore trouvé le bouton rouge de Styx. AHEM.
Ah mais c'est tout un talent de savoir où et quand appuyer, n'est-ce pas ? Akane était encore bien trop jeune et inexpérimentée pour avoir la prétention de connaitre les faiblesses de Styx. Et ce n'était clairement pas en la raillant sur son âge ou en sous-entendant une relation incestueuse DEGUEULASSE avec l'autre pingouin, qu'elle allait la faire enrager.
Mais venant d'une humaine, qui allait se flétrir avant même que la Titanide ait eu le temps de dire ouf, alors que Styx resterait telle qu'elle l'était aujourd'hui pour l'éternité, sa remarque était pour le moins risible.

"Hum..." Laissa-t-elle échapper d'un air songeur, en levant le nez vers le ciel orangé qui s'étendait au-dessus d'elle.

Elle esquiva d'un pas, tel un automate, comme absente l'espace d'un instant, alors que la paume d'Akane se refermait sur le vide.
Styx semblait tout à coup d'un calme absolu que l'on aurait facilement pu qualifier d'olympien, comme le disait l'adage. Ses prunelles mordorées délaissaient toujours la berserker, comme si elle n'existait pas. Comme si elle n'était pas là, face à elle, à quelques mètres, prête à la détruire.  Comme si plus rien n'avait d'importance.
Son comportement était encore plus à redouter que précédemment. Mais ça... pour le savoir... autant aurait-il fallu s'appeler Océanos.

Un démon, ou quelle que soit cette chose mi-femme mi-araignée, apparut face à la fille des Courants. Et pendant ce temps la guerrière d'Arès parlait, parlait et parlait encore. A aucun moment son adversaire ne lui répondit. A aucun moment Styx n'en prit la peine, quand en temps normal elle aurait déjà lancé pas mal d'insanités bien senties et tout autant de grossièretés bien envoyées. Et pourtant non.

Comble de cette scène qui devenait de plus en plus surréaliste, la Titanide ne broncha pas un cil lorsque la créature invoquée par Akane l'attaqua. Le sang gicla de son bras, par les fins interstices répartis de parts et d'autres de son armure d'ébène.
Ce n'est que lorsque les  crocs venimeux de la bête menacèrent de se refermer sur sa nuque, qu'un mot passa les lèvres rosées de la fille d'Océanos. Le premier mot depuis de longues minutes.

"O-me-ga"

En une fraction de secondes, l'âme de Styx s'unifia à l'esprit collectif des Titans. Et par chance, ce n'était pas les Titans qui manquaient en ces lieux à l'instant présent. Son essence se lia-t-elle donc rapidement avec celle de son père, qui connaissait bien cette technique, mais également avec celle de Prométhée et de Typhon. D'épaisses volutes de fumée sombre firent instantanément barrage entre la Titanide et les crocs dégoulinants de poison de la femme-araignée.



Lorsque Akane s'approcha d'elle, visiblement très sûre d'elle, estimant sans doute que c'était l'occasion idéale pour affaiblir d'avantage son adversaire, mais la Titanide répondit enfin coup pour coup jusqu'à ce que la main de Styx s'élève dans les airs et saisisse sèchement la nuque de la jeune femme, précipitant son front contre le sien en un choc aussi rude pour l'une que pour l'autre.

"Qui que tu sois et quel que soit ton nom, je vais te dire une chose gamine..."

Les prunelles dorées de Styx se fichèrent profondément dans celles d'Akane. Et c'est là. A cet instant précis. Qu'elle la ressentit. Toute cette haine... le sentiment originel, celui dont découle tous les autres. Une haine sourde, froide, terrible. Une émotion qui étouffe, qui parasite, qui contamine. La Haine pure, la haine véritable.

"Tu crois vraiment que tu pourrais ne serait-ce que l'effleurer... hein..." Murmura-t-elle alors qu'elle tenait fermement la nuque d'Akane et que ses lèvres frôlaient presque les siennes.

Alors qu'elle parlait, de l'eau se mit à couler sous leurs pieds. Comme si une petite rivière était en train de naître à l'entrée du royaume des Titans. Bien que... son eau était loin d'être pure et claire. Aussi sombre qu'une nuit sans lune, sa texture ressemblait d'avantage à du goudron qu'à de l'eau. Les Olympiens aspiraient au Styx il y a peu... Hephaïstos allait être servi.

"Tu n'es... rien. Tu ne sers à rien... tu n'es qu'une humaine qui vivra aussi brièvement que les autres... Arès ne mettra pas plus d'une seconde à t'oublier une fois que tu auras péri... crois moi..."

La Haine envahissait tout ce qu'elle touchait. Styx avait radicalement changé. Il y a des choses que l'on peut faire, et d'autres non. La famille... c'est la seule chose qui empêchait Styx de sombrer dans un gouffre de noirceur sans fin. Quoi que l'on en dise, quoi que l'on en pense. Personne ne s'en prendrait à son père. Oh non... ça personne.
Et si Akane avait pensé la mettre hors d'elle, elle s'était lourdement trompée. Elle avait fait bien pire que cela.

Décollant son front de celui d'Akane, la fille d'Océanos leva sa lame d'ébène au-dessus de son visage, alors que de nombreux symboles rougeoyants se mirent à illuminer le métal sombre. Les eaux du Styx qu'elle avait convoquées, se réunirent en volutes de fumées pourpres et noires autour de son épée.

"Je vais te tuer... guerrière d'Arès."

Visiblement... on en avait fini de rire avec la dépositaire de la Haine en ce monde.



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Tu es plutôt bien servie avec cette demoiselle. Sons et lumière garantis. Kumo a largement rempli sa tâche, il est temps pour elle de prendre un peu de repos. C’est à ton tour de te lancer à l’assaut. Elle répond coup pour coup avant de te saisir par la nuque. Tu ne bronches pas, se débattre pourrait te mener à ta perte au vu de la fermeté de sa poigne. Et puis, un petit rien ne t’affolera pas. Tu ne sourcilles même pas lorsque ton front heurte durement le sien. Un filet carmin perle sur ta peau d’albâtre.

Contre toute attente, un sourire ourle tes lippes à ses mots. Tu ne te laisses guère impressionner. La peur ne fait partie de ton vocabulaire que si c’est toi-même qui l’inspire. Tu ne crains rien, ni personne, quel que soit son rang, sa puissance. La souffrance et la mort font partie de ton quotidien. Tu les infliges, tant pis si un jour, elles se décident de te prendre à leur tour. Un juste retour des choses. Et si c’est pour aujourd’hui, tu ne pourras que mourir dignement des mains de la Titanide. Malgré ta position de faiblesse, tu ricanes.

« Mais rien ne m’empêche d’essayer … C’est si excitant de braver les interdits, ne penses-tu pas ? »

Un ton nonchalant, agaçant, alors qu’elle poursuit son étreinte. Tu ne peux que te satisfaire de cette haine que tu ressens chez elle. Bien qu’elle ne semble guère la déstabiliser. Tant pis, tu auras essayé. Malgré la situation, alors que la peur en aurait emporté plus d’un, tu sens l’excitation monter en toi. Celle de la guerre, de l’affrontement. Ses mots, tu n’en as cure, aussi blessants peuvent-ils être. Tu te fiches bien d’être oubliée. Tu vis ta vie, comme tu l’entends. Servir Arès n’est qu’une parcelle de ton existence. Tu as juste été séduite par ton maître Phobos, par ses méthodes, par son aura.

Tu sens l’attaque se profiler, ces ombres visqueuses s’entrelacent à ta peau, aspirant ta vie, ton énergie. Tu te sens faiblir. Mais il est hors de question de lui apporter cette satisfaction de d’ôter la vie. Pas maintenant. Ton aura s’élève à son tour, formant un bouclier de toiles d’ombre entre ta peau et les siennes. Toile contre toile. Originale. Tu n’es pas Berserker de l’Arachné pour rien.


« Pas maintenant. »

Hissant tes genoux au niveau de ta poitrine, tu propulses tes jambes contre l’abdomen de la Titanide afin de lui faire lâcher prise. Tu reprends ton souffle, te redressant après ta chute. Ton sourire réapparaît bien vite sur tes lippes.

« L’affrontement devient intéressant. » Ton cosmos t’envahit, tels un ramassis d’araignées qui pianotent sur ta cuirasse de jais. « Sache une chose, Titanide. Je n’ai nulle crainte d’être oubliée, par qui que ce soit en ce monde. Je n’ai nulle peur de mourir, aujourd’hui ou un autre jour. Je ne suis pas l’un de ces bourreaux capables de ressentir ce qu’il inspire le plus. La peur, je la maîtrise. Tes mots ne m’atteindront pas, économise donc ta salive. »

Tu te détournes d’elle alors que des fils d’ombre l’entourent, l’emprisonne. Si elle ne fait rien, elle sera sous l’emprise de ton chaleureux cocon. Tu en profites pour ramasser ton arme, relâchée lorsqu’elle t’a prise à la gorge. Puis, sans même te remonte, tu claques des doigts, provoquant l’explosion de ta création.

Agile, tu t’élances de nouveau vers elle, aussi sérieux qu’elle a pu l’être, tentant de la trancher de ta lame à plusieurs reprises, à la manière de ta démone araignée. Une rafale semblable aux pattes de celle-ci.

Styx pouvait percevoir l'excitation de la Berserker transpirer par chaque pore que comptait son épiderme d'humaine. Elle prenait enfin ce combat au sérieux, visiblement. Ceci étant, on aurait pu en dire tout autant de la Titanide, dont le comportement n'avait pas été des plus adéquats face à la situation, voire même bien pire que celui d'Akane.

Quoi qu'il en soit, et bien que ce fut pour des raisons différentes, les deux se dévisageaient sans sourciller, visiblement prêtes à défendre ce en quoi elles croyaient. La famille pour Styx et... rien du tout pour Akane.
La Titanide planta sa lame d'ébène dans le sol, comme elle avait coutume de le faire et, sans crier gare, décocha un aller-retour à Akane comme l'aurait fait une grande soeur qui punit sa cadette.

"Sérieusement..." Lâcha-t-elle d'un air visiblement dépité, en arquant un sourcil alors qu'elle la dévisageait, incrédule.

"Putain même moi y a des choses auxquelles je me raccroche. Et toi rien, quedal ? Vraiment rien de rien ? J'incarne la Haine et je trouve des trucs à aimer et toi, petite humaine, t'es même pas foutue de trouver juste un truc ? Eh beh... je serais presque tentée de te plaindre."

A ces mots des fils s'élevèrent du sol et vinrent s'enrouler autour du corps de la fille des Courants. Mais Styx ne se débattit pas, une fois encore. Elle se laissa emprisonner sans rien dire, sans rien faire pour l'empêcher.
Vous connaissez tous cette sensation galvanisante, quelle qu'en soit l'origine, qui vous pousse à vous dépasser, qui vous permet d'ignorer la peur, le danger, voire la douleur... Et bien Styx était ainsi la majorité du temps. Et en ce moment plus que jamais.
Cependant... cela avait tout de même ses limites. Car à force d'encaisser toutes les attaques d'Akane, son corps finirait par atteindre ses limites, tôt ou tard. Mais il n'était pas encore temps.

Le cocon éclata en une gerbe de sang absolument répugnante, libérant la Titanide couverte d'un amas visqueux parfaitement écoeurant. Mélange de toiles d'araignée et d'hémoglobine, ce magma sanguinolent semblait fondre en grappes gluantes jusqu'à chuter sur le sol.
La joue gauche de Styx était traversée par une grande balafre et son oeil droit était totalement clos. Mais visiblement, elle ne semblait pas s'en préoccuper.

"...j'ai dit... presque."

Styx plaqua son épée dans son dos, libérant ses mains qu'elle éleva à la parallèle du sol. Sa voix se mua en un murmure psalmodiant une étrange mélopée. La langue qu'employait Styx semblait très ancienne, compréhensible seulement par les Titans. Des traits de lumière parcoururent le sol, sous les pieds de la fille des Courants, traçant d'obscurs symboles eux aussi difficilement compréhensibles pour le commun des mortels. Certains d'entre eux fusèrent vers Akane, la brûlant s'ils avaient le malheur de la frôler de trop près.

Une ombre s'extirpa de ces lignes d'argent, s'élevant doucement vers les hauteurs telle la fumée d'une cigarette. Elle prit corps peu à peu, lentement, comme si elle prenait son temps, comme si rien ne pressait.
Et lorsqu'elle fut complètement achevée, l'oeuvre de Styx arborait les traits d'Océanos. Il était presque identique à l'original, source de sa création. Cela faisait deux fois que Styx était obligée d'utiliser cette technique en l'espace de quelques jours. Avec Lenalee, et maintenant avec cette guerrière... ce qui ne lui plaisait absolument pas.

"Tu voulais te mesurer à Océanos, fils du Ciel et de la Terre, l'aîné des Titans, celui qui dicte aux océans et mers du monde, le maître de Poséidon... gamine ? Vas-y fais toi plaisir. T'as qu'à considérer ça comme un entraînement."

En encore... n'était-ce là qu'une pâle copie bien loin de l'original qui se trouvait à quelques pas de là. Quoi qu'il en soit, cette simple copie allait permettre à Akane de réaliser toute l'ampleur de son erreur, lorsqu'elle avait imaginé pouvoir s'opposer à son père. Et Styx resterait aux premières loges pour assister au spectacle.



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A quoi pourrais-tu te raccrocher ? A l'amour de tes géniteurs qui n'ont pourtant guère hésité à te séquestrer dans un trou à rat, enchaînée comme un vulgaire animal ? A ce maître, qui t'a tout appris, mais qui t'observait constamment de son regard ardent ? Tu n'as rien. Ta seule réelle compagnie fut cette petite araignée lorsque tu étais enfant. C'est tout, fin de l'histoire. Et pourtant, tu ne t'en es jamais plainte. Tu n'as jamais ressenti de manque. Tu es solitaire, indépendante. Servir le Dieu de la Guerre n'est en rien un fardeau pour toi, qui qu'il soit. Tu te bats. Tu massacres. Tu te délectes de la chair et du sang. Que demander de plus ? A quoi bon s'accrocher à émotions futiles, risibles, à risque de trahison.

"Si tu le dis ..." souffles-tu alors que ta prison ténébreuse explosait sur ton adversaire.

La Titanide encaissait tous tes coups, certainement pour te prouver sa détermination, son indifférence. Tu ne lui as rien demandé. Aucune peine, aucune pitié. Tu n'as rien à recevoir d'elle si ce n'est que ses coups, ou ... la mort. Tu l'observes alors qu'elle psalmodie ce qui semble être des incantations incompréhensible. Une sorcière, désormais. Tu auras tout vu avec elle. Tes iris mordorés se posèrent calmement sur ces symboles ancestraux. Tu ne bronches guère lorsque cette lumière vient brûler quelques parcelles de ton corps. Elle avait fait face, sans sourciller. Tu en ferais de même, jusqu'à ce que tu t'effondres, s'il le faut. Une immense ombre te domine désormais. Tu la reconnais. Celle de son père.

"Comme c'est touchant ..."

En réalité, c'est à vomir, mais soit. Une nouvelle fois, elle ne semble guère avoir compris que la souffrance, la mort sont deux choses qui t'indiffèrent au plus haut point. Que tu meurs de sa main ou de celle de son père t'est parfaitement égale. Sans doute aurais-tu trépassé bien plus tôt face à Océanos. Tout simplement.

Et l'ombre s'abat sur toi, sans sommation. Tu serres les dents tandis que ton armure se craquelle par endroit, que la douleur est insoutenable. Et pourtant, tu restes debout, te concentrant pour ne pas céder et pourtant, tu finis par courber l'échine, par ployer le genou sous la force de l'impact. Tête baissé, ta coiffe d'ébène partant en lambeaux, tu éclates de rire avant de relever ton regard d'or vers elle, un filet de sang s'échappant de tes lippes.

"Plutôt pas mal ... Mais ... Bien trop peu."

Tu te redresses, tant bien que mal. En réalité, elle a été l'une de tes adversaires les plus coriaces, quoique le petit Kristr s'était bien battu, à l'époque. Ton cosmos se déchaînent désormais autour de toi, les ombres tourbillonnant alors que la Titanide peut brièvement te voir joindre les mains, paupières closes, telle une prière.

"A vous ..."

Les ombres prennent forme. Des Onryo, des Ubume, des Funayurei, provenant tout droit de la mythologie de ta Terre Natale. Les fantômes la tourmentent, la blessent, la tranchent, elle ne peut guère leur échapper. Puis, lorsqu'ils s'évaporent, tu ouvres les yeux, attrapant ton katana pour fondre sur elle, redoublant d'effort afin que tes coups atteignent sa cible. Tes ongles viennent griffer la peau de son visage, pour lui insuffler ton venin.

L'affrontement arrive bientôt à son terme.

"Ouais, je trouve aussi." Répondit-elle dans un sourire en coin, lorsque la berserker lança une énième pique à la vue du clone d'Océanos.

Styx arqua un sourcil lorsque Akane, non contente d'avoir pris la doublure paternelle en pleine poire, se releva presque à moitié morte en balançant un tonitruant "Pas mal mais bien trop peu". Le visage de la Titanide se para d'une expression de grande perplexité, qu'elle n'essaya même pas de cacher. Rien à foutre, comme on dit.
Soit cette nana était complètement folle à lier, soit... bah elles avaient plus de points communs que de prime abord. Et rien qu'à cette idée, la colère fulmina un peu plus dans la poitrine de Styx. Non, clairement, elle n'avait rien à voir avec cette greluche.

Il fallait tout de même lui accorder un certain cran. Cette humaine avait du courage et elle était pleine de hargne. Deux qualités que Styx appréciait en temps normal, même lorsqu'il s'agissait de ses "ennemis". Mais là... elle avait voulu toucher à Papa, donc... elle ne méritait que de crever la gueule ouverte et dégoulinante de bave.

Quand des dizaines d'ombres se matérialisèrent tout autour d'elle, le regard mordoré de Styx balaya son environnement proche pour jauger la situation. Sur ce coup là, et vu comment ça s'embringuait, elle se serait bien défendue pour une fois. Mais elle ressentit très vite, au plus profond de son être, que cela serait impossible. Invoquer un clone des Courants coûtait cher, très... cher. Et Akane avait visiblement décidé de lancer toutes ses forces dans cette attaque. La combinaison des deux faisait que, sans le moindre doute...

"...ça va piquer." Lança-t-elle dans un sourire narquois.

C'était vraiment à croire que les deux s'étaient lancées dans une joute à mort, dont la seule condition était de tout encaisser sans jamais esquiver ni se défendre, jusqu'à ce que l'une d'elle morde la poussière pour ne plus jamais se relever. Deux masochistes, en gros.

Styx ancra ses pieds dans le sol autant qu'elle le put, fléchissant légèrement les genoux, prête à se prendre l'avalanche de bestioles qui s'étaient bien évidemment toutes coordonnées pour lui tomber sur le coin du beignet en même temps.
Et quand elle avait prévu que ça allait piquer, pour le coup elle ne fut pas déçue du voyage. Brûlures, entailles, morsures, c'était limite s'il y n'y en avait pas pour tous les goûts en termes de douleurs diverses et variées.
La Titanide serra les dents. Car on avait beau dire (elle en premier), que les Titans étaient des rocs indestructibles, de par leur essence et leur grand âge, cela n'en faisait pas moins des êtres de chaires et de sang qui souffraient comme n'importe quel humain. Et si le visage de Styx reflétait d'avantage une Haine tenace qu'une douleur assumée, elle en bavait sévère, comme on dit !

Styx essuya l'orage, bras en croix devant son visage, un peu comme elle pouvait à vrai dire. Elle en avait dans le bide la petite bipède, dommage qu'elle doive crever. Clou du spectacle, l'autre barge vint lui planter ses crocs dans sa petite peau toute douce.

"Fallait le dire si tu voulais un câlin" Lança-t-elle en lui balançant une tarte pour qu'elle recule, Styx ayant une sacro-sainte horreur qu'on la touche.

De larges entailles creusaient de profonds sillons le long de ses bras, de ses jambes, sur une partie de sa taille, et le poumon que lui avait crevé Lenalee s'était sans conteste rouvert, vu la terrible et lancinante douleur qui s'en échappait. Sans compter l'exaspérant sifflement de ce trou qui n'était pas censé se trouver là...

"Bon... c'était sympa mais ça commence vraiment à me casser les pieds là. En plus j'ai la dalle."

L'esprit de ses parents ne la perturbait pas semblait-il ? Fort bien. Si elle était aussi insensible qu'elle le disait, quelque dizaine d'esprits revanchards d'hommes, de femmes et d'enfants qu'elle avait impitoyablement massacrés, ne devraient pas lui poser d'avantage de problème.
Car Styx avait beau incarner la Haine à l'état brut, elle n'avait jamais tué pour le plaisir ou gratuitement. Pas une fois. Et si elle avait marché au bord du gouffre de trop nombreuses fois que pour être comptées, mais qu'elle n'avait jamais franchi la limite, elle le devait à nul autre qu'à son père.


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L'affrontement est intense, excitant, sanglant. Malgré la souffrance, tu ne peux qu'arborer ce sourire confiant, même si la balance ne penche guère en ta faveur. Cette Titanide bien qu'agaçante au premier abord se révèle être une adversaire redoutable. Et la Berserker que tu es ne peut qu'apprécier de telles joutes. Tu ne regrettes rien. Même si la faucheuse vient te cueillir en ce jour synonyme de guerre, tu ne regretteras jamais. Cette adrénaline perdure dans ton corps, circule en toi, à travers ton sang, ton coeur. Ce n'est que dans ce genre de situation que tu te sens complètement vivante. Toutes deux, vous semblez à bout de force, en proie à de nombreux maux et pourtant, vous êtes encore debout, prête à vous défendre avec hargne. Mais à force d'encaisser, l'une de vous tombera.

Elle te repousse suite à ta morsure. A quoi pouvait-elle s'attendre venant d'une Arachné ? Ta langue vient cueillir le liquide de vie sur ta propre lippe inférieure. Tu arbores toujours cet air satisfait, ce sourire espiègle. La Haine face à la Peur, une confrontation des plus intéressantes.

"Tu as bon goût ma jolie."

Oh le retour de bâton ne tardera pas à se faire sentir. Mais tu ne peux que ressentir tes propres faiblesses, pourtant bien dissimulées derrière cette folie. Ses derniers coups, ton élan d'énergie pour la blesser le plus possible, tout ceci pèse sur ton corps. Oui, ton corps entier n'est plus que souffrance. Mais tu restes debout, face à elle, prête à encaisser le prochain assaut.

Ombre contre ombre. Esprits contre esprits. Et voilà qu'une dizaine de fantômes fondent sur toi à l'unisson. Tu parviens à trancher l'air de son katana, en éloignant quelques uns, mais ceux-ci finissent par venir à bout de toi. Et lorsqu'ils disparaissent, tes membres flagellent. Tu tombes à genoux, portant ta paume à ton torse. Tu te laisses aller une dernière fois au rire.

"Tu as de la ressource, ma chère petite abeille."

Ton regard mordoré croise le sien, certainement pour la dernière fois avant que tes pupilles ne se détournent, trouvant non loin le Dieu de la Peur, ton maître. Ses mots te reviennent en tête.

*La mort me rendra plus forte, Maître Phobos.*

D'un bruit sourd, tu t'effondres au sol, sombrant dans l'inconscience. Mais à aucun moment, tu n'aurais perdu ta dignité de guerrière.

VICTOIRE STYX

Pour mémoire, les récompenses des combats en Guerre Sainte sont toutes annoncées à la fin de celle-ci.