Seuls les cailloux ignorent la peur [FB Phobos - Ray]

「 Seuls les cailloux ignorent la peur 」

La Gaule, 54 av. J.-C.

Bien avant de devenir le Cardinal du Feu, avant même de se faire nommer Ray, il était un simple soldat au service de Arès, connu sous l'identité de Gryphem. Un Berzerker. Le Cardinal en place l'avait prit comme disciple, lui ainsi que d'autres candidats, dans l'espoir de former une nouvelle génération d'élite. L'expérience du combat ne suffisait pas pour être digne de diriger une armée, il fallait aussi savoir commander et posséder la capacité à former des unités implacables. Le spartiate fut donc envoyé à Rome pour devenir l'un des leurs. Rapidement, il sut s'attirer les faveurs de Jules César qui en fit un soldat émérite. Avec le temps on l'éleva au rang de « Primus Pilus », ce qui impliquait de commander la première cohorte composée d'environ 800 combattants. Pourtant, la loyauté du guerrier va à son véritable maître, Arès. Si l'ordre était donné de massacrer ses propres hommes, alors il le ferait sans hésitation.

La première mission du jeune Primus survint juste après les révoltes de la 54ème année av. J.-C., "instiller la peur aux sauvages afin de les domestiquer". Cette mentalité de peuple supérieur était exaspérant, seul le combat permettait de s'élever. Les gaulois ne se laisseraient pas massacrer aussi facilement, il s'agissait d'un peuple guerrier honorable. Du moins, c'est ce qu'espérait Gryphem. La peur... la peur véritable! Une seule entité possédait cette capacité. Les humains n'avaient pas conscience de l'essence même de l'effroi tant qu'il ne l'avait pas constaté d'eux-mêmes. Et malheureusement, les rares témoins qui survivaient à cette rencontre perdaient la boule de manière irrémédiable. Le seigneur Phobos, fils de la Guerre. L'humain servait depuis près de trois siècles les armées d'Arès et il avait déjà pu constater la terrible efficacité de l'engeance de son maître.

Le guerrier porta son regard sur la carte qui lui était présenté, préférant chasser de son esprit les visions de Phobos. Même un guerrier de sa trempe en tremblait, il était donc un modèle à suivre, surtout pour cette mission. Le fallait-il vraiment? La réunion stratégique précisait qu'un camp fortifié abritait des réfugiés désespérés et une petite armée. La 1ère légion ne devrait pas connaître de difficulté au combat, la partie la plus fine résidait dans le sentiment de terreur qui devait régner. Les idées fusaient, parlant d'abus charnel, de décapitation, de massacre d'enfant, de ...

"ASSEZ!"

Le Primus s'était promptement levé et en cognant du poing sur la table. Les humains étaient capables du pire pour infliger des horreurs à autrui. Et pourtant ils étaient tellement loin de la peur. Tuer les guerriers étaient inévitable. Tuer les faibles et les lâches étaient une évidence. Pourtant, il était important d'épargner une poignée de personnes. Des gens capables de transmettre le message. Les officiers regardaient le spartiate, n'osant plus prendre la parole.

"Ecoutez, nous attaquerons de nuit. Je veux que vous récupériez de la paille et beaucoup de combustibles. Nous allons faire un feu au loin et surgir dans la fumée de celui-ci. Nous nous battrons en silence, si le bruit est capable d'effrayer l'ennemi, l'absence de son est encore plus pesante. Ils doivent nous percevoir comme une menace intangible et implacable. De ce fait, les hommes qui tomberont devront immédiatement être retiré du champ de bataille. Quand les guerriers gaulois commenceront à abandonner, à perdre tout espoir, nous nous retirons. Il est important qu'ils pensent posséder un moment de calme, que l'espoir regagne leur coeur. C'est à ce moment précis qu'on les achèvera. Quand les hommes enlaceront leur femme, soulagés d'avoir survécus. Quand les enfants s'endormiront, épuisés par le stress. Et après vous pourrez mettre vos idées sordides en place. En revanche, épargnez des gens qu'ils puissent transmettre ce qu'ils auront vu. Après ça, ils n'oseront plus la révolte. Désormais, regagner vos hommes et entamer les préparatifs."

Gryphem attendit que sa tente soit vide pour se retourner vers une effigie de Arès. Il s'agenouilla devant elle et lui adressa une prière. Malgré son éloignement de Spartes, il n'oubliait pas. Malgré le temps qui fuyait, sa ferveur ne s'estompait pas. Ses batailles, il les dédiait à Arès et personne d'autre. Et s'il avait l'occasion d'occire un de ces faux Dieux Celtiques, il ne s'en priverait pas. La nuit prochaine sera sombre.

Le pan de la tente se soulève, mais personne à l’entrée, surement le vent. L’homme retourna à sa prière, est-ce une présence qu’il sent dans son dos ? Assis sur une chaise, se servant dans le reste du repas des officiers, faisant comme si j’étais chez moi, je prends la parole lorsqu'il se retourne vers moi.

« C’est une excellente idée, je vais t’aider, créer une brume pour l’effet dramatique, et maquille tes hommes comme les celtes, des fantômes, nous devons être. Peux-tu attendre encore demain ? C’est la nouvelle lune, une nuit noire pour une aube rouge»

Je mords dans la chair mort cuite, le jus de la viande coule sur mon menton, cela ne semble pas me déranger, rajoutant à mon sourire, un coté carnassier.

« Tu fais honneur à Arès. Ce soir, c’est l’ultime épreuve, raconte-moi à nouveau ton histoire »

Je prête attention à ceux qui le mérite et mémoire leur visage et leur nom, avant ils sont tous semblables et invisibles à mes yeux. Mon aura divine est perceptive, rien d’imposant ou d’écrasant. Ma présence ici, n’est pas là pour admirer les exploits de nos troupes, il y règne un danger plus mortel pour les hommes, les dieux gaulois sont rentrée en résistances, se mêlant au humain pour aider à ce que leur culte se perpétue. Ils sont plus vieux que moi, plus puissant, j’ai la vigueur, la jeunesse et une nouvelle force de mon côté, rien ne sera simple, qu’importe, la victoire n’en sera que meilleur.

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