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 The Madman's Rebirth - Sentence Dante

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Damian
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MessageSujet: The Madman's Rebirth - Sentence Dante   The Madman's Rebirth - Sentence Dante EmptyMer 25 Sep 2019 - 6:56


Ainsi soit-il. Voici la réponse que le Juge des Enfers aurait pu donner à cette froide sentence prononcée par l'ombre du Tribunal. Lorsque les quelques mots de Yade résonnent, lorsque le maillet frappe contre son pupitre, Dante est déjà certain qu'il n'y aucunes issues pour lui. Car, cette sentence est logique. Mais, plus que tout – et mieux que cela –, elle est... grandement appréciée. Cette décision, bien moins froide que le sera ce séjour dans les profondeurs du Royaume des Morts, fait naître un véritable frisson de plaisir qui vient chatouiller chacune des alcôves de son esprit, de son âme.
Mais, finalement, qu'importe la prison. Qu'importe le cercle. Qu'importe la sentence. Entendre l'Ombre du Tribunal donner sa décision, sans jury ni droit à la défense, est un plaisir. Il aurait pu être jeté dans les Tombes de Feu. Il aurait pu sentir son âme être broyé par les eaux noires et boueuses du Styx.

Le résultat aurait-il été le même ? Possiblement non. Mais il aurait apprécié. Car il a toujours apprécie ces prisons. Après tout, n'a t-il pas murmuré leurs existences à l'auteur de la Divine Comédie ? Lorsqu'il décrivait le Cocyte, que lui murmurait-il ? Les morsures glaciales qui transpercent la chair de Judas, Cassius et Brutus, dans les zones les plus lointaines.. Un froid éternel qui paralyserait Lucifer lui-même. Oh. Bien entendu, lorsque Alighieri a ensuite rédigé son œuvre, il s'est amusé à y ajouter ses propres touches. Les domaines des Juges devenant des véritables zones du Cocyte... et le Palais du Sombre Monarque devenant la prison de l'Ange Déchu et des traîtres à Dieu...

Mais jamais il n'a observé les ailes du Fils Impie se promener battre sans cesse, dans l'espoir de libérer un probable corps à trois têtes.
Et il ne prend pas la peine de rechercher dans ses souvenirs. Car la seule chose qui accapare son esprit, alors qu'il ressent le froid encercler sa silhouette animique, c'est d'imaginer. Cette morsure glaciale. Ce froid éternel. Et à nouveau, un frisson plaisant traverse son échine.

Il savourera.
Oui. Il savourera.

Son visage sans trait se lève. Il regarde en direction de l'Ombre du Tribunal. Il ne le voit guère. Mais, pourtant, il le fixe. Avant de s'effacer dans ce tourbillon hivernal.

Et c'est ainsi que le gel accueil cette âme. Ainsi qu'un silence de cathédrale. Il lève légèrement ses mains. Il regarde celles-ci. C'est la première fois qu'il tombe dans le neuvième cercle. Quel grand moment. Oh, bien entendu, une petite voix lui murmure qu'il aurait peut-être dû apporter quelque chose pour se vêtir. Mais bien vite il ignore celle-ci – elles sont, de toutes façons, bien trop nombreuses à se faire entendre –, considérant qu'il n'est qu'âme.
Son corps est une matière animique et nerveuse. Une peau sans écaille aussi fragile que l'est le crâne d'un nouveau né. Il recherche cette confrontation. Entre lui et le froid. Pourtant, il n'est pas encore dans la plaine. Pas encore. Mais il sait qu'elle n'est pas loin. Pratiquement emmuré dans une crevasse qui déchire des falaises. Le vent est fort, il siffle en passant dans cet espace réduit... et sa simple action crée par endroit une couche de givre, qui paralyse certains de ses doigts.

Il avance. Dans ce corridor. Ses pieds sont déchirés par la glace qui domine le lieu. Un instant il tourne sa tête sans visage vers certaines parois. Il y ressent leurs présences. La présence de ces prisonniers emmurés. Il finira comme eux ? Possible.

L'idée, ainsi que cette glace qui remonte parfois le long de son corps et ces entailles qui viennent décorer ses pieds, commencent à déchirer le bas du visage de l'homme. Telle une bouche, elle s'étire en un sourire satisfait... Alors qu'une forme sombre s'écoule, goutte après goutte, contre ce sol. Parfois, ces gouttes gèlent, avant même d'éclater, devenant alors des perles obscures en suspension... Un fil d'Ariane qui permet de retrouver le Déicide. Jusqu'au désert de glace...

Son sourire s'accentue. Alors que le froid gèle et brûle son corps.
Son sourire s'accentue, alors qu'il fait face à cette étendue blanche. Qu'il contemple. Sans la voir.
Son visage commence, lentement, à se briser. Sans pour autant totalement tomber en morceau. Le givre vient recouvrir une partie de son crâne, commençant à ramper dans les interstices...

L'italien se laisse alors tomber. Son corps dévale la dernière hauteur qui lui permet de rejoindre ce territoire balayé par le vent. Il roule, s'écorche, laissant par endroits ces mêmes résidus sombres. Son corps s'arrête alors contre la douceur cadavérique d'un corps. Douceur ? Il ne peut vraiment juger de celle-ci. Alors il se redresse. Sans vraiment pouvoir.

Le froid est mordant. Mortel.
Et ce froid commence à le dominer. Alors il reste au sol. À côté de ce cadavre bien aimé.
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MessageSujet: Re: The Madman's Rebirth - Sentence Dante   The Madman's Rebirth - Sentence Dante EmptyMar 1 Oct 2019 - 16:58



Un souffle glacial balayait le neuvième cercle. Le froid, punition ultime pour les ultimes pécheurs. Quelle délice de voir cette âme qui s'apprêtait à souffrir mille tourments à cause de ses actions passées, lors de sa première vie. Sa première, sa deuxième, peu importait, finalement. Tout ce qui comptait, c'était la fin de son temps, la fin d'un esprit, la fin d'un corps, las de se battre, las d'être contre les autres, sans vraiment pouvoir se sentir apprécié à sa juste valeur.

Et quelle valeur ! Perfidie, pourriture, raclure : ces mots n'étaient pas assez forts et assez parlants pour qualifier le Juge des Enfers. Méritait-il, d'ailleurs, ce titre de Juge ? Le Juge ne devait jamais enfreindre la loi, il devait être la Justice ultime, le dernier rempart face à l'anarchie humaine. Il devait être l'exemple, et il a commis le pire des péchés : le déicide. Par deux fois. Une première fois, réussie, bien malheureusement pour la ravissante déesse de la Victoire, qui subit son premier échec depuis des temps immémoriaux. La deuxième fois, s'il avait été légèrement plus fort, il aurait pu mettre fin à la dictature de la déesse aux yeux pers. Dictature ? Oui. Elle détenait tous les pouvoirs sur l'humanité, soi disant pour la survie de celle-ci. Un peu comme Hadès qui règne sur le monde des morts. Un peu comme Poséidon qui règne sur le monde des morues.


Il méritait bien pire comme punition que celle de pourrir dans ce lieu gelé. Un petit périple à Asgard, peut-être ? Autant qu'il s'habitue au froid et qu'il y reste, m'est avis qu'il risque fortement de revenir. Il fallait craqueler son corps, craqueler son âme, le faire changer. Un retour à la vie, maintenant ? Non. Un retour à la vie, un jour ? Plutôt mourir que de le laisser s'en aller. Ce vil serpent ne méritait pas une deuxième chance. Il l'avait déjà eue : il était déjà mort par le passé et est revenu, grâce au Seigneur Hadès. Une troisième chance alors ? Et il se dit Juge des Enfers ?

L'étoile Forte et Violence, de la Cruauté avait un bien piètre représentant.


Aux côtés de Dante gisait un autre corps, qui est tombé très exactement en même temps que lui. Le Juge originel. Il avait l'air dans un état bien plus déplorable. Sa peau divine était craquelée. Toutefois, on sentait que son essence n'était toujours pas éteinte. Il persistait, encore et encore. Tout comme Dante.

Qui préférez-vous ? Dante le perturbé ou Rhadamanthe le Vertueux ?


La neige commençait à bien recouvrir le corps du Juge. Quel Juge ? Le vrai ou l'imposteur ? A eux de juger qui était qui.
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Damian
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MessageSujet: Re: The Madman's Rebirth - Sentence Dante   The Madman's Rebirth - Sentence Dante EmptySam 9 Nov 2019 - 12:11


HRP a écrit:
Une scène a été mis sous hide, de façon à ne pas choquer un public potentiellement fragile.
Environnement de la scène inspiré du jeu Hollow Knight

Même dans le domaine des morts, il est possible de frissonner, de voir son corps être enfermé dans le givre et la glace. La caresse hivernale du Cocyte – qui fait, lentement, son œuvre – en est une preuve concrète. Il n'est d'ailleurs par le seul à la ressentir : il peut voir, avant que l'inconscience ne l'arrache irrévocablement à cette réalité, la silhouette de celui que les Enfers pourraient nommer comme le plus vertueux des Spectres. Rhadamanthe, fier bâtard de Zeus. Champion des forces infernales et Premier Juge à porter l'Étoile de la Violence. Certains pourraient prétendre qu'il est l'unique membre du Triumvirat à posséder les attributs de ses pairs. La Vaillance du Garuda et la Noblesse du Griffon viennent s'unir à cette Violence bestiale qu'est l'essence de la Wyvern. Il est l'homme qui a marché face aux ennemis, sans peur. Il est l'homme qui désir plus que tout continuer à faire face. Un Paladin vêtu d'Obsidienne. Un Paladin qui, pourtant, a fini par laisser son âme être dévorée par la rage qui anime – en partie du moins –, son Étoile. Elle qu'il chéri autant que ses dieux.
Elle qui le détruira. Pour Elle, il succombera. Sans le vouloir. Sans pouvoir se débattre... Il finira, fatalement, par rencontrer sa fin, avec comme seul désir de garder cette Violence qui représente sa dignité. Qu'importe son apparence. Elle est Sienne. Elle est celle qui lui permet d'être le Champion des Enfers.

Voilà l'actuelle envie du Seigneur de la Caïna. Voilà ce qu'il souhaite voir. Ce à quoi il souhaite assister. Est-ce cela qui anime cet effort surhumain ? L'Immoral attrape le poignet de cette antique silhouette, aussi brisée que lui. Les quelques fissures, brisures, de son visage, s'étirent alors doucement. Un sourire aussi rassurant... qu'effrayant ? Oui. Pourquoi abandonnerait-il son partenaire dans cette épreuve ?

Ne souhaite t-on pas de lui qu'il fasse preuve... de respect et d'attention envers ces êtres supérieurs ?

Alors, il attrape ce poignet. Ses doigts se ferment sur cette peau qu'il peut à peine sentir. Pourtant, dans cette silhouette, il arrive à discerner quelque chose. Cette présence obscure. Cette Étoile qu'ils partagent. Et quelques mots qui arrivent jusqu'à lui, sans possibles autres origines que l'esprit du Vertueux. Mienne. Elle est mienne.
Il est amusant de voir, alors que l'inconscience fini par les rejoindre, cette force des Enfers finir ainsi. À espérer. À prier. À répéter, encore et encore, le même désir. Non. Le même besoin. Quel spectacle pitoyable, oui.

Bientôt, la morsure glaciale du Cercle des Déicides fini par recouvrir d'une première couche d'un givre aussi solide que l'acier les deux protagonistes. Il grimpe, lentement, vivant. Cette respiration hivernale grimpe, telle la silhouette rampante d'un insecte. Elle s'infiltre, sans gêne, sans honte, dans les cassures qui viennent décorer les corps astraux des deux Juges de la Wyvern. Et, peu à peu, ce givre est recouvert d'une véritable glace, opaque, alors que, par ce seul geste, par cette main tendue vers l'autre, par ce lien absolu, concret... les deux âmes s'enfoncent dans le même rêve. Dans le même monde.


***

« Comment as-tu osé ? » Les premiers mots sont lancés dans les ombres de cet environnement onirique. Une vision si profonde que Morphée lui-même ne pourrait le rejoindre. Allongé sur le sol, l'Antique essaye de se redresser, avec difficulté. Il ferme ses doigts sur la cette neige poudreuse, légère, fragile, qui semble tomber du ciel. Pourtant, ni morsure hivernale, ni blizzard, ne vient déranger sa douloureuse silhouette. Une certaine chaleur est même présente. Une chaleur étouffante. Alors d'où vient cette neige ? À t-elle seulement une origine ? À t-il seulement le temps de se poser cette question ?
Il réussi à se redresser, à tenir sur ses jambes. Un exploit minime, pour lui qui a tant combattu pour les Enfers. Et pourtant, un exploit qu'il ne se pensait pas capable d'accomplir à l'heure actuelle. Ses jambes tremblent, le sol semble instable... et pire encore, l'environnement, autour de lui, lui donne le vertige. L'ombre est prédominante, malgré cette chaleur désertique. Il arrive à peine à voir ce blanc blafard qui colle à ses doigts. Ce n'est pas de la neige, il en est bien certain. Aucune chaleur. Aucune sensation de froid. C'est aussi terne que l'est cet immaculé, si proche de la cendre.

Après avoir retiré cette poudreuse aux origines encore insoupçonnées, le Vertueux ouvre et ferme ses doigts. De quoi doit-il se souvenir ? Ce sale Serpent. Comment a t-il osé ? Cette question lui brûle encore les lèvres.

Un grognement résonne entre ses lèvres. Sa colère essaye de se faire connaître, à travers son énergie cosmique. Mais à la première pulsation, son cœur semble s'arracher de sa poitrine. Il manque de s'écrouler. Il titube. « Non... Non... NON ! » Il  hurle un instant. Il ne peut rien faire, dans cet état...

Car Rhadamanthe est mort, avec Dante. Laissant son corps astral geler aux côtés de l'autre.
Et il sent encore cette main le tenir. Comment ose t-il le toucher... ? Comment ose t-il l'emmener dans ce rêve vide ?!

Ainsi, aussi faible qu'un enfant, la Première Wyvern avance. Ses pieds nus s'enfoncent dans cette poudreuse blafarde, venant s'enfoncer dans ce sol craquelant et fragile. Sur quoi marche t-il ? Le bâtard de Zeus ne sait s'il souhaite réellement répondre à cette interrogation. Parfois, il est plus simple de ne pas penser. De ne pas laisser son esprit vagabonder face à des énigmes à la nature obscure. Dans ces moments-là, il est préférable de fixer son esprit, sur une idée. Un unique point, un repère, qui lui permet de pas sombrer, de ne pas découvrir une quelconque réalité derrière ces craquements de plus en plus présents... Tout oublier... Cette ambiance... cette neige sans saveur... cette chaleur de plus en plus étouffante.

Trouver ce Serpent. Trouver ce voleur. Voilà la seule chose à laquelle il doit penser. Se rappeler d'une petite histoire, que Dante lui-même aimait imaginer, raconter. Celle de l'enfant qui apprenait à tuer.
Comment connaît-il cette histoire ?
Non. Non. Ne pas penser. Ne pas penser aux détails.

Alors, Rhadamanthe avance. Ses tremblements, bien trop présents au départ, finissent par s'effacer, au fil des heures, des jours, de marche. Car c'est ainsi qu'il le ressent, perdu dans cet environnement monochrome. Parfois, ils reviennent, lorsqu'il fait face, à une falaise. Mais ils s'effacent, lorsqu'il se dit, se sait, capable d'escalader. Ainsi, il continue d'avancer. Il ignore ces murmures qui viennent parfois aguicher son esprit. Il ignore cette symphonie sordide que ses pieds composent, à chaque pas. Il ignore cette poudreuse qui continue de tomber du ciel, de plus en plus présente au fur et à mesure de son avancée.
Il ne dort pas. Il ne faibli pas. Après tout, n'est-il pas le Paladin d'Obsidienne des Enfers ? Le Vertueux Champion ?

Je suis le plus digne. Voilà les seuls mots qui résonnent dans son esprit. Moi, Rhadamanthe, resterai le plus digne. Le plus digne pour être le Juge. Le plus digne pour être le porteur de l'Étoile de la Violence. C'est ainsi que les choses ont toujours été, c'est ainsi qu'elles le seront. Et ainsi ce voyage lui rend sa fierté. Ses capacités. Tout cela prouve l'essence même de ses pensées.

C'est pour cela que je suis né. Pour être l'Unique Wyvern.


***

L'idée résonne, tout comme les derniers pas de la Première Wyvern. Enfin à l'arrêt, il ignore combien de temps il a pris pour avancer, grimper, descendre... Mais il le sait, maintenant : il est arrivé aux ultimes frontières de cet environnement... Ou peut-être en est-ce le sanctuaire névralgique ? Qu'importe. Mais il est certain de l'importance de cette incroyable et impressionnante carcasse de reptile. Un serpent, gigantesque, desséché... Une brise, plus forte que les autres, arrache plusieurs écailles et morceaux de chair sans vie, les faisant s'envoler dans les longs corridors.
Alors voilà ce qu'était cette neige. Des flocons sans température, mais aussi sans vie. Quelques uns de ces morceaux poussiéreux tombent lentement dans sa main, cette réalité lui arrachant un sourire. Voilà qui le rend supérieur. Car il n'est pas ainsi, lui. Il n'est pas dans cet état. Et ce fait le prédispose à renaître.

Alors, il admire. Ses yeux se posent sur les excroissances, arrachées de ce corps sinueux, dépossédées des plumes habituelles. Oh, elles aussi, ont dû finir dans le même état que ces écailles qui continuent de voler, de tomber. Oui, l'endroit n'est pas commun et il s'observe. Il s'admire. Mais rien de plus. Alors, simplement, il se retourne, dans une tentative de s'éloigner. Mais au premier pas, il s'arrête, ses sourcils se fronçant. « Qui est là … ? » Il regarde, autour de lui. Une présence est bien là, faible. Il fini enfin par voir l'origine de cette sensation : sa propre silhouette, qui attend tranquillement, dans la gueule de cette gigantesque carcasse. Le regard du reflet semble diriger droit vers l'homme... Lorsque celui-ci avance, il recule, se retournant alors pour s'enfoncer dans ce corps. « . . . » Il est là, face à cette vision, de lui-même, s'enfonçant dans cette silhouette desséchée. Son poing droit se serre. Pourquoi pas, se dit-il. Pourquoi ne pas suivre cette vision. Les Enfers fonctionnent ainsi : elles obligent à faire face. Et que peut-il se produire dans le corps de ce Serpent ? Du moins, dans ce corps sans vie, sans énergie.

C'est donc animé par cette curiosité, ainsi que cette envie d'en finir avec les pièges infernaux, qu'il décide d'avancer. Bien vite, il passe entre les crocs, émoussés – brisés, pour certains – de la créature, s'enfonçant dans ce qui est devenu une caverne, animée d'une unique respiration : une brise, continuelle, qui accompagne l'écho plus important de chaque pas. Oui, le son tente de s'échapper de cet environnement qu'ils rendent eux-mêmes plus sordide : les craquements osseux, finalement assez proche de ce sur quoi marchait l'Antique Juge avant son arrivée en ces lieux, ne peuvent couvrir le pire son qui existe en ce lieu.

L'absence de vie dans ces parois blafardes. L'absence de mouvements musculaires. L'absence de vibrations à travers chaque écailles.
Le sang circule t-il ? Non. Le poison est-il produit ? Aucunement. Il n'y a ni flots, ni essence. Aucun battement, aucune activité. Le vide complet.

Un silence éternel, habitant le cœur d'un espace infini.

Mais bien vite, alors que son exploration continue – s'éloignant tant de la gueule que sa lumière en devient invisible –, le Vertueux fini par observer à nouveau sa silhouette, dos à lui. « Quelle arrogance, Serpent. Quand s'arrêtera t-elle ? Quand cesseront tes efforts risibles pour posséder une chose qui ne t'appartient pas ? » Sa voix vient remplir les lieux, autoritaire, puissante. Comme elle l'était à l'époque.
Que c'est bon de pouvoir se sentir à nouveau maître de soi. Maître d'une situation. Celui qui dirige. Il avance, d'un pas. « Fais donc un tant soit peu honneur à notre Suzerain. Disparaît. » Il avance, d'un autre pas. Il continent sa colère... Pourquoi paraître enragé, bestial, alors qu'il n'a qu'ordonné pour que la chose disparaisse ? « Ne t'inquiète pas. Tu ne ressentiras pas la solitude. Le Seigneur Hadès doit savoir quels genres d'incompétents peuplent ses troupes. »

Le reflet se tourne alors vers cette voix. Il le regarde, cet homme qui lui ressemble. Mais il ne dit rien... Alors qu'il parle. Il déblatère tant de mots. Comment peut-il parler autant. Qui est l'arrogant ? Qui est celui qui est au bord du gouffre ? Lui ? Est-ce donc cela à quoi il est réduit ? À être sermonné ? À être humilié ?

« Je ne le redirai pas une nouvelle fois. Disparaît. Jamais les Enfers auraient dû te rappeler. Tu n'es rien d'autre... qu'un pécheur sans vertu. Pas différents de tes pairs mortels, vivants. »

Humanité. Souillure. À ces idées, implicites ou explicites, le visage du reflet semble se mouvoir. Sa tête bascule, lentement, sur le côté... Un premier craquement résonne, lorsque les premiers os semblent se briser, alors que la boîte crânienne continue son chemin. Des fissures, parfois petites, parfois plus grandes, commencent à craqueler la peau de ce jouet à l'apparence antique. « Ridicule tentative de m'effrayer ? »

« Non. »

Il le voit, l'inquiétude ne se pose pas sur le visage du Vertueux. Mais qu'importe. S'il cherchait à lui faire peur, il aurait tenté autre chose. Pas ça. Autre chose. De bien plus profond, viscéral. Peut-être de parler de sa propre incompétence à récupérer le corps du Serpent. Peut-être de parler de son incapacité à garder son calme. De la honte qu'il a posé sur les Enfers par son comportement aussi bestial.

Pourtant, lorsque l'appendice écailleux s'arrachent de ce dos à la tête littéralement à l'envers, l'Antique ne peut empêcher un pied de reculer. Lorsqu'il voit son apparence être ainsi soulevée, secouée, comme un simple vêtement, il ne peut s'empêcher de pâlir, légèrement. Bientôt, cette forme de vie commence à frapper le sol, les parois, et le plafond, de cette silhouette aussi fragile que ridicule. Chacun de ces coups arrachent peu à peu des hurlements, directement dans l'esprit du Vertueux. Il est lié à cette simple silhouette. À ce simple vêtement. Attrapant ses propres cheveux, il essaye de calmer ce battement insoutenable qui commence à cogner dans son crâne.

Boum !

Un os pointu s'enfonce dans le dos.

Boum !

Un crâne reptilien se fracasse contre le crâne de cette simple chose.

Boum ! Boum ! Boum ! Boum !

Les coups sont chaotiques, fous, destructeurs. Puis, le corps sans vie est balancé, aux pieds de Rhadamanthe, alors que ce dernier lève les yeux, son esprit retrouvant le silence, mais pas la tranquillité. Et lentement, il observe la transformation. Cet appendice tentaculaire qui grossi, se déforme. De monstruosité sinueuse et reptilienne, elle devient cocon, fissuré par endroits. Une lumière dorée, solaire, traverse par moment ces fissures, les abîmant, les altérant. Mais elles sont corrompues, impures, accompagnées d'une respiration pour le moins méphitique. Elles s'alternent, à l'image des contractions et des dilatations d'un cœur battant.

Mais il regarde, finalement, à peine ce phénomène. Non, ses yeux descendent lentement, sur cette carcasse à son image. « Est-ce, être vertueux ? Est-ce cela, l'honneur ? » Le sifflement résonne. Plus froid. Plus malsain. Plus fort. « Ou alors, peut-être est-ce autre chose ? Un élément alchimique, qui  fait partie de ta conception. Mais alors. Qu'est-ce que... ça ? »
« Silence ! Tu es réduit à l'état de larve ! Tu n'as ni droit, ni possibilité d'exister ! » La colère commence, lentement, à prendre possession de ses gestes, de ses nerfs, se liant à cette peur profonde qui, elle même, réagi aux nouveaux mots de la larve.

« Est-ce nous … ? Sommes-nous de simples vêtements... ? » Un rire résonne, ponctuant la phrase. « Rhadamanthe ! Simple vêtement ! Un manteau, fait de lambeaux morts ! Quel homme ! » Le rire devient plus fort, avant de se transformer en une souffrance pénible. Des doigts sombres, fins, tentent tant bien que mal de sortir de certains trous qui percent ce cocon écailleux. Noirs comme l'encre, qui lentement, coule au sol, laissant voir une peau blafarde, faible... fragile. « C'est ce que nous sommes, Rhadamanthe. Des haillons. Des tissus que les dieux peuvent déposséder. Surtout toi ! Bâtard. Pourquoi es-tu là … ? Pourquoi le Grand fils de Zeus parcours les âges aux côtés du frère aîné de son Père ? »

Bâtard. Le mot résonne dans son esprit.
Bâtard. L'insulte de ceux qui connaissent leur héritage.
Bâtard. Une réalité qui souille toute dignité.
Bâtard. Bâtard. Bâtard. Bâtard.

Le mot résonne, frappe dans son esprit, dans son cœur. Sa tension augmente, ses membres tremblent bien plus. Sa respiration se fait plus rapide, elle aussi... Il doit se contrôler. L'Étoile de la Violence. Elle veut s'exprimer à travers sa colère. Elle veut se déverser, tel un poison... Elle veut devenir une maladie, aussi brutale et sauvage que la plus sanglante des créatures. « Ton temps est passé... Tu es une loque... Rien qu'une loque. Que même Dame Perséphone trouve inutile... » Il frappe à la gorge. Il attrape sa proie. Il mord et déverse son dernier venin. « L'ancienne Wyvern... Setesh... Elle m'a demandé... de ne pas souiller, bafouer... son œuvre... La tienne ? » C'en est trop. Rhadamanthe avance. Il écrase ces haillons qui possèdent son apparence, sa voix s'étant transformée en un grognement bestial.

« Elle n'a même pas mérité une ligne de la part de Notre Reine... dans le récit de mon union avec l'Étoile de la Violence... »

Puis le premier coup vient s'écraser contre le cocon, brisant les écailles sans soucis. « SILENCE ! » Sa voix est déformée, monstrueuse. Elle est revenue, cette rage obscure qui bouffe chacune des particules de sa lucidité. Il cogne, brutalement, arrachant des morceaux de cet œuf, sans mal... ni sans dégoût pour ce qu'il observe. Une caricature humaine, à la chair fragile, blafarde. Plus faible encore qu'un serpent dépossédé de chacune de ses écailles, chose à laquelle il ressemble finalement. Rachitiques, ses membres tentent tant bien que mal de se mouvoir dans cet espace cloisonné.
Son regard vide fixe alors l'Antique Juge, qui observe cette anomalie. Ce visage déformé. Une incarnation qu'une simple brise pourrait briser. Un avatar de chacune des blessures qui se sont posées sur le corps du Serpent.  Est-ce humain... ?



L'Antique Juge.
Le Nouveau Juge.

Le Bâtard Vertueux.
Le Serpent Monstrueux.

À qui l'Étoile de la Violence doit-elle prêter son existence ?

Le silence domine, peu à peu, l'environnement, de nouveau. Se laissant tomber au sol, sur ses genoux, Rhadamanthe observe le résultat de sa rage. Cet chair fragile qui a péri sous ses nombreux coups... Mais sa rage n'est pas rassasié.
Si l'Étoile ne peut choisir... alors c'est cette rage bestiale qui le fera. Il se baisse. Ses dents s'entrouvrant... Si proche. Si proche... Il arrive à la sentir, l'énergie de la Violence. À travers cet être, dont la respiration sifflante continue de résonner. « Tu... vois... » Il réduit la distance entre lui et ce visage déformé... Sa bouche s'ouvre, en grand...

« Tu n'es... pas si... résistant... » Ses lèvres s'étirent. Un sourire, l'ultime sourire. « Au péché... »

Et les dents de l'animal se referment, entamant une nouvelle symphonie. Celle de l'union sauvage.
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MessageSujet: Re: The Madman's Rebirth - Sentence Dante   The Madman's Rebirth - Sentence Dante EmptyMar 24 Déc 2019 - 3:45




Des siècles qu'il s'était battu. Des siècles que son coeur battait et il battrait toujours. Le fils de Zeus était, est et sera éternel. Au risque de me répéter, n'oublions pas qu'il était l'un des trois Juges originels du monde des Morts. Même si certains s'appropriaient son étoile et sa violence supposée, il devait rester l'unique commanditaire des volontés de Sa Majesté Hadès. Pour tous ceux qui se sont tenus à côté de lui, il était devenu impossible de le briser. Il était toujours fort. A travers des valeurs de pureté qui le définissaient, il n'existait aucun compromis et surtout aucun abandon dans son essence. Ses croyances le rendaient entier, entier face à l'Italien. Jamais il n'avait été le briseur, mais plutôt prometteur d'un reste d'éthique inculqué en lui-même, comment pouvait-il être volé par un humain qui n'avait pas du tout la moindre miette de divin en lui ? Rhadamanthe ne se retournait jamais, ne courrait jamais. Il avait vu de ses propres yeux le prix de la vie et le coût du mensonge. Il crachait toujours du feu face au mal, bien qu'il y vivait depuis des temps immémoriaux. Beaucoup s'étaient bousculé pour prendre possession du surplis que le Seigneur des Ténèbres lui avait accordé, mais il restait toujours le maître. Cette vérité sonnait fort. Dante ferait mieux d'écouter. Le vent soufflait si fort que les sons paraissaient lointains alors que les deux étaient si proches... trop proches.


Mais à l'instar d'anciens juges humains, Rhadamanthe ne faisait pas le poids. Au moins, son surplis lui était toujours fidèle. Dans ce cas, même s'il vivait, en quelque sorte, à l'intérieur de Dante, pourquoi se retrouvait-il ici ? Sa place ici n'était absolument pas justifiée. A moins que... A moins que les Enfers souhaitaient que Dante prouve qu'il était bien plus important que ce vieillard de Rhada. Ca n'avait absolument aucun sens. Comment Rhadamanthe pouvait-il être inférieur à Dante, lui qui n'avait été choisi que par sa propre folie et sa simple puissance mortelle ? Rhadamanthe était le fils d'un dieu, après tout ! Il était la vertu incarnée et la sagesse suprême. Comment la pourriture pouvait-elle avoir raison de lui ?


Il se faisait massacrer dans un lieu où le temps n'existait plus. La moindre seconde, dans une temporalité classique, équivalait à plus d'un siècle dans ce monde où la mort côtoyait le néant. Parce que quoi de plus vide de tout sens que le Cocyte ? Le froid ultime... On jurerait qu'il soit bien plus glacial que le zéro absolu, car il dévorait les âmes, même les plus divines. La trame naturelle du temps n'était qu'une idée préconçue de l'humanité. Là, l'humanité n'avait plus la moindre importance. Là, c'était la lutte acharnée entre deux faces d'une même pièce. Et qui l'emportera ? Dante était l'avers ou le revers ? Pareillement pour Rhadamanthe...


Serait-il possible que... Rhadamanthe n'existât plus, du moins dans cette temporalité nouvellement créée par le réveil de Dante, le Seul, l'Unique, le Véritable Spectre de la Wyvern de l'étoile céleste Forte et Violente, Juge des Enfers. La sagesse et la vertu ont perdu un allié précieux. Rhadamanthe sentait une sorte de pourriture parcourir ses veines, si bleutées par ce froid sibérien.



"Je..."balbutia Rhadamanthe dans un ultime souffle"... ne partirai... jam... jam..."


Ne jamais dire jamais.


La conclusion était là.



"Honnête apothicaire, ta drogue est rapide. Ainsi sur un baiser, je meurs." Shakespeare, 1597.
Résurrection Dante.
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Dernière édition par Maître du Destin le Ven 7 Fév 2020 - 15:53, édité 1 fois
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Damian
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MessageSujet: Re: The Madman's Rebirth - Sentence Dante   The Madman's Rebirth - Sentence Dante EmptyDim 19 Jan 2020 - 14:30



Je t'aime. La révélation résonne. Elle caresse sa joue, tendrement.
Je te hais. La révélation résonne. Elle vient mordre sa gorge, brutalement.

Il en espérait plus. Lorsqu'il prononçait ces mots. Il en espérait plus, lorsqu'il murmurait à sa tendre mère adoptive, alors qu'elle se battait pour chaque bouffées d'air, cet amour malsain qu'il avait développé pour elle. Il en espérait plus, lorsqu'il lançait cette invective à chaque enfants de ce Rossignol aux ailes tranchées. Il en espérait plus, beaucoup plus. Tellement plus. Il voulait sentir son cœur frapper lourdement dans sa poitrine. Il voulait sentir la rage habiter ses yeux, ses doigts. Et lorsqu'elle, Serena, sa propre fille adoptive, avait poussé son dernier souffle, révélant l'amour familial, filial, qu'elle avait développé pour celui qu'il appelait Papa, il en attendait plus.

Pourtant il a senti cette fois la chaleur envahir son corps. Comme une opposition. Entre lui-même et tous ceux qu'il a été. Pour les autres. Le Fils. L'Amant. Le Bourreau. Le Sauveur. Le Père.

Et pourtant, il en attendait plus.

Je t'aime.
Je te hais

Sauve moi.

Tue moi.

Ces mots l'endorment. Autant que la douce berceuse de sa propre humiliation.


***

« C'est tout ? » La main froide d'Avalon dans la sienne, l'enfant regarde la belle Sorcière. Il observe les reflets roux qui encadrent son visage, sa peau d'albâtre percée de deux orbes aussi noires que peuvent l'être une nuit sans lune. Doucement, elle approche un peu plus et plie ses genoux. Elle se met à son niveau, les doigts de sa main libre venant se poser sur la joue pâle de l'enfant. De Dante. De Lachlann. Car c'est ainsi qu'elle le nomme. Lorsqu'ils sortent. Lorsqu'ils avancent dans les sentiers, parfois étranges, souvent magiques... mais toujours celtes.
Elle caresse sa joue. Tendrement. Elle vient baiser contre son front. Tendrement. Doucement, elle l'étreint. L'entourant de ses bras. Et, tendrement, elle l'entrave. Telle l'araignée possessive qu'elle est.

Qu'elle a toujours été.
Qu'elle a toujours assumé être.

Et sa voix répond à la question de son protégé. « C'est tout. Oui. » Une voix qui se perd en un murmure. En une confession. « Tu n'as pas besoin d'être plus. C'est ainsi que je t'aime. » Ses lèvres s'étirent. Un sourire. Ses doigts se perdent un temps contre sa nuque, prédatrice, possessive. Elle la sent. L'odeur qui émane de cette peau fragile. Frêle. « Ne soit pas plus. Ne soit rien d'autre. Tu n'as besoin de n'être qu'une chose... Mon Sang. C'est ainsi.... que je t'aime. »

C'est tout. Il ne faut pas être plus. Même si cela n'a pas de sens. Même si cela ne veut, finalement, rien dire. Il ne faut pas être plus. Il ne doit pas être plus.
Pourtant. Il en attendait plus. De ces mots.

Il sait ce qu'il voulait. Une vibration. Une vibration qui a fait battre plus brutalement son cœur. Mais qu'il aura fini par oublier. Une odeur de mort. Une délicate fragrance de poison. Une odeur qu'il aime. Qui lui rappelle le parfum de sa peau. Son goût. Légèrement amer. Parfois piquant. Avec des différences. Des nuances. Et ces nuances. Ces particularités. Elles seront toujours liées à leurs yeux, carmins. Vampiriques. À son visage fermé, à elle, la Sorcière aux Cheveux Roux. À son visage fringant et noble, à lui, le Seigneur aux Cheveux Immaculés.

Il espérait plus. Oui. Il espérait plus de ces mots.
Même s'il ne comprend pas ce que cela veut dire.
Il espérait plus. Oui. Il espérait ressentir la même vibration. Un besoin, viscéral, d'attraper ces personnes. De respirer leur parfum.

S'il avait été un monstre, une bête, il les aurait dévoré. Oui.
Pour garder à jamais ce poison. Qui ce serait mélangé au sien.

« Ne l'oublie jamais, mon enfant. Personne ne pourra s'abreuver de lui. Personne ne pourra jamais le désir autant que moi. Ce poison. Ce sang. » Un nouveau baiser. Sur son front. Un frisson. Dans le regard d'Avalon. Une instabilité. Elle l'approche, un peu plus, contre lui. Il sent alors son parfum. Il l'imagine. Puant. Infecte. Le même que les effluves qui sortent de ses laboratoires. Une fragrance qui repousserait les cadavres eux-mêmes. Un parfum bien plus prenant que celui des couloirs des tertres pillés. Le parfum de son antre. De l'antre de l'Araignée.

« Mon sang... »


***

Je te hais... Je te déteste... Disparais ! Crève ! Tu n'es rien... ! Rien!

La rêverie est brisée. Lorsque la Rage vient broyer son corps. Violemment. Lorsque la Haine vient arracher sa chair. Férocement. Lorsque la Bestialité vient s'abreuver de son sang. Cruellement. Et lorsque ces mots, ceux de l'âme de Rhadamanthe, résonnent, frappent, l'esprit de Dante. Broyé. Déchiré. Dévoré. Voilà ce que fait une Bête. Voilà ce qu'est une Bête. Voilà, oui, ce qu'il a désiré voir chez le Vertueux. Sa Violence Bestiale, dictée par la Rage, par la Haine. Par cette Horrible Manifestation de toutes ses pulsions les plus brutales...Détruire tout ce qui doit l'être. Détruire l'origine de toute cette humiliation. La broyer. De la plus violente des façons. De la plus impie...

Le Péché de la Colère. Né d'un Orgueil blessé, humilié, brisé. Oui, il voulait voir cela.
Mais pas suffisant. Ça ne l'est jamais.
La Bestiale Gloutonnerie, en apothéose de cet avilissement. De cette perversion. Voilà ce qu'il voulait réellement voir. Ce passage de la Colère au pire. La métamorphose. C'est ce qu'il voulait ressentir, c'est ce qu'il désirait. Pour cet homme. Pour le Vertueux. Qu'importe si cela met en scène... le spectacle de sa propre destruction.

Au contraire. Il l'aime. Ce spectacle. Mais, pas comme l'amour d'un homme pour une femme. Non, cela serait bien trop simple. Et impossible. Non cela ressemble...
À l'amour, pervers, d'un monstre jouant avec sa nourriture.
À l'amour, suicidaire, d'un fou pour les silhouettes qu'il voit danser aux côtés des étoiles.

Je te hais... Je te déteste... Disparais ! Crève ! Tu n'es rie-

Un premier battement. Douloureux. Qui donne naissance à un hurlement. Il tombe. Gesticule sur le sol, attrapant sa gorge. Le premier coup, une brûlure intense. Qui dévore sa gorge. Qui incendie son corps. Le deuxième coup, une sensation de métal qui perce chacun de ses muscles. Des contractions incontrôlables. Une épilepsie violente. Le troisième coup, une étreinte, liquide, malsaine, en plein cœur de sa pensée... Une infiltration qui intensifie ses réactions bestiales. La faim. Qui devient plus forte. La rage. Qui devient plus incontrôlable. Le tout au détriment de la douleur. Qui se généralise. Qui s'harmonise. Avec les battements de cœur. Qui s'harmonise avec les mouvements de ses membres, parfois désordonnés. Et d'autres coups. Qui viennent s'abattre. Un par chaque effet de ce poison. Qu'il ingère. Un poison dont la toxicité change.

Et qui continue de changer, encore.
Alors qu'il se redresse. Tombe. Rampe. Et termine son repas.

C'est donc cela... détester quelqu'un.

Il souffre. Longuement. Trop longuement. Dans ce lieu hors du temps, le repas qu'il termine, la souffrance qu'il accueille auprès de sa stupide bestialité... tout ce dure. Longtemps. Trop longtemps. Si longtemps qu'il fini par la perdre. Cette alliée momentanée. Cette rage. Mais que son sang continue de bouillir. Il est rassasié. Mais à quel prix.
Son corps souillé ne peut plus contenir la Vertu. Car quelque chose de nouveau s'y est installé. Dans cette rêverie éternelle, son âme se déchire. Sa sagesse se perd, s'agglutine, pour couler dans la gueule d'un nouveau monstre. Une maladie. Une toxine. Ses crocs s'enfoncent, dans chaque centimètre de son flux animique. Dans chaque centimètre de sa force physique. Qu'importe l'endroit, il s'y cache. Ce poison. Qu'il a ingéré. Par colère. Par rage. Par incapacité à se contrôler. Mais il tente. De combattre ce poison dans ses veines.

« Je... ne partirai... jam... jam... »

Ses muscles. Ses pensées. Son sang. Ses émotions. Son cosmos. Toutes ses choses tentent de briser cette humiliation qui l'oblige à ramper. Dans la rêverie. Dans la glace du Cocyte qui a éclaté sous les mouvements épileptiques. Pas pour fuir. Mais pour rester en mouvement. Que tout ceci ne soit pas vain. Sa peau se déchire. Dans ses espoirs de bouger, il intensifie ses propres douleurs. Et le sang coule. Et l'arrête.  « Votre Père... » Des serpents... Ils naissent de son propre sang. Ils approchent... Son cœur bat plus vite, de peur. Non. De Terreur. Lorsqu'il voit ces visages. Une architecture faciale parodiant le visage humain... « Ne vous a-t-il jamais appris... »  Les serpents sifflent. Le son résonne dans le Cocyte, telle une prière sordide. Et dans ce bestiaire, une main s'extirpe. Et dans le sang de Rhadamanthe, une silhouette s'extraie.

Écorchée. Décharnée.

« À ne jamais manger quelque chose... donné par un inconnu ? »

Ne jamais dire Jamais.

Il approche. Il ne frissonne plus. Il ne ressent plus. Quel malheur. Quel désespoir.
Athéna a fini par lui arracher la seule chose qu'il attendait. Par brûler le corps de l'Écorché, au point qu'il ne sente plus rien. Que la douleur soit maintenant une amante impossible...  Elle aura réussi à être une plaie. Suintante. Qui jamais ne se soignera.
Une absence. Qu'il va combler. Par le pire.

Et alors que les sifflements s'élèvent, une lueur verdâtre vient animer son regard. Et la dernière chose qu'il voit. Lui, le Bâtard Vertueux. C'est ce Serpent Monstrueux qui se penche vers lui.

« J'en espérais plus... »


***

La perle vole. Elle revient doucement dans la main de l'Écorché. Levant son bras, il observe à l'intérieur. Qu'y voit-il ? Une âme, ramenée à sa pure essence. Un véritable diamant, enfermé dans un écrin sombre. Il entend. Parfois. Ces quelques mots. Je... te.... hais....
Il en espérait plus. Oui. Il en a toujours attendu plus. Lorsque les autres prononçaient ces mots. Lorsqu'ils en prononçaient d'autres. Même quand sa propre fille adoptive est morte. Lorsqu'il a transpercé de lui-même ce corps... Il en espérait plus.

Mais il ne pouvait faire que cela. En attendre plus.
Car la colère qu'il a ressenti à cet instant. Il n'a jamais pu la définir, véritablement. Alors il l'a comparé. Aux autres rages des pères. Et ce n'était pas la même.
Il en attendait plus. De lui-même. Voilà la réalité.

Il voulait que cet amour malsain pour Avalon soit celui d'un monstre pour sa nourriture. Il désirait que la rage de Rhadamanthe soit si brutale qu'elle aurait contrôlé le poison, un temps. Le temps que le désespoir s'accroche à lui. Il réclamait que sa fille meurt. En agonisant. Il souhaitait que le Rossignol rampe. En crachant son sang.

Car il était capable. De tout ceci.

À nouveau, l'Écorché lance la perle sombre. Puis l'attrape. Son corps décharné bascule un temps en arrière. Ses lèvres s’entrouvrent, avant de s'écarter véritablement. Et elle tombe. La perle. Dans les abysses. Dans cette masse à forme humaine, de sang, de poison. Rhadamanthe n'est maintenant qu'un fragment. Une essence, pure.
Une chose à étudier. À parasiter. À corrompre. Car il est capable. De ceci. Du pire.

Il inspire. Lentement...


Je t'aime.
Je ne peux.
Je te hais
Je ne peux.

Sauve moi.
Je ne peux.

Tue moi.
Voilà à quoi ma folie est destinée. Voilà ce que mon sang, ce que je peux, faire. Mais tu agoniseras.

Murmure que tu m'aimes, attends mon amour, mais ces mots ne sont que des cendres. Ils n'ont toujours été que ceci.
Hurle que tu me détestes, attends ma haine, mais ces mots ne seront pas plus dérangeants qu'une poussière. Ils n'ont toujours été que ceci.
Mon sang n'a jamais sauvé. Je n'ai jamais sauvé. Quel terrible péché.
Mais c'est ainsi. Je n'ai toujours été que ceci. Un poison.

Le froid caresse sa carcasse écorchée. Il ouvre, lentement, les bras. Il inspire. Longuement.
Un éclat se brise. Alors que sa peau vient recouvrir sa silhouette, laissant une cicatrice infâme de la nuque jusqu'au bas du dos.
Il inspire. Dante. Lachlann. Ses cheveux noirs tombe sur sa nuque, son sourire humain se pose sur ses lèvres. Qu'il lèche, un instant. Car il vient de faire un succulent repas. Le péché a dévoré la vertu.

N'est-ce pas, après tout, ainsi... que...


« J'existe... »
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