Pirates, Médecine et curieuse rencontre ! [FB PV Réa]

Tu t'inquiètes. Il ferme son unique paupière. Tu te demandes si quelque chose ne va pas. C'est alors qu'à ta plus grande surprise, tu ressens un cosmos alors qu'un voile ténébreux vous entoure. Tu scrutes celui-ci du regard. Tu sais parfaitement d'où il provient alors que tu relèves les yeux vers ton amant. Il ne fait que confirmer tes pensées lorsqu'il t'annonce être un éveillé. Il se justifie sur cette omission par la peur d'être jugé comme mauvais. Tu l'observes avec compassion. Non, il a raison, tu ne lui porteras aucun jugement.

Il semble si fragile à cet instant, si vulnérable. Un homme avec cette expression, c'est si attendrissant. Une chose tellement rare. Il colle son front au tien alors que tu n'as guère prononcé de mot pour le moment, te suppliant de ne pas le rejeter avant de se détacher de toi et de laisser tes jambes se balancer quelques instants avant que tes pieds ne rejoignent à leur tour le sol. Tu t'avances vers lui et penches la tête pour attirer son regard.

"Et alors ? Ténèbres ou Lumière, le cosmos n'est mauvais que si son utilisateur l'est. Le pire des démons peut très bien maîtriser la lumière. Mais je comprends que cela puisse être effrayant. C'est plus ou moins difficile de faire accepter notre différence parfois."

Abel te fait part de l'un de ses ressentis concernant Nereus. Oui, en effet, ton ami semble méfiant envers le borgne, mais ça ne te choque pas vraiment. Il s'agit tout simplement de Nereus. Il n'accorde pas sa confiance facilement. Tu baisses les yeux, te mordillant la lèvre en cherchant les bons mots pour rassurer l'archéologue.

"Je ..."

Un toquement t'interrompt alors que tu as à peine le temps d'initier ta phrase. Tu entends la voix familière du Capitaine du navire.

"Nere ! Bonjour !" Tu l'écoutes, un peu étonnée alors que tu acquiesces. "Oui ! D'accord ! Laisse moi le temps d'enfiler quelque chose de plus correct ! Vas-y je te rejoins !"

Tu laisses le jeune homme partir en avant alors que tu t'approches du coffre à vêtements afin de t'apprêter au mieux pour rejoindre la cabine de ton mentor. Bien que te ballader à demi-nu sur le pont ne te dérange pas plus que ça, tu préfères tout de même ne pas devenir un objet de tentation pour tes hommes. Tu enfiles quelques couches de tissu en t'adressant au borgne.

"Tu peux rester ici le temps que je discute avec Nereus. Ca te laissera un peu de temps et de calme pour te pencher sur tes recherches." Une fois habillée, tu reviens vers lui, hésitant un instant avant de lui offrir un dernier baiser. "Merci pour cette nuit. Et ne t'en fais pas, je ne te rejetterai pas."

Tu lui souris avant de faire quelques pas en arrière avant de te détourner de lui et quitter ta cabine. Tu ne peux t'empêcher de taquiner tes hommes que tu croises, clairement ennuyés par la gueule de bois. Et rapidement, tu toques à la porte des quartiers du Capitaine avant d'entrer.

"Je suis là ! Ca tombe bien, je voulais te voir, moi aussi. Il y a un problème ?"

Nereus n'avait pas besoin d'entrer pour savoir ce qu'il s'était passé. Il n'avait pas pris part aux festivités comme d'habitude préférant s'isoler dans sa cabine. Hier soir par contre, il était resté sur le pont bien à l'écart surveillant la cabine de Réa. Il avait jugé nécessaire de laisser cet homme à son contact, Réa était bien trop naïve et devait s'endurcir. Elle souffrirait mais c'était pour son bien. Le capitaine du Phoenix des Mers tourna les talons pour regagner sa propre cabine sachant très bien que sa seconde ne tarderait pas. Enjambant un de ses matelots qui avait un peu trop forcé sur le rhum, il pénétrait dans sa cabine.

Cette dernière était assez sobre, pas de décoration particulière, le mobilier de base composé d'un lit et d'un bureau. Sur le bureau par contre il y avait un petit coffret en bois renfermant un livre particulièrement abimé dont l'ancienneté pourrait valoir des millions à l'heure actuelle et une dent de loup. Chaque pirate avait ses trésors n'est-ce pas ? Voilà ceux de l'ancien général de Poséidon.

De son coté tout se passait très bien pour le futur Spectre de Mephistopheles. Jouant la carte de la naïveté il décidait d'avouer à la Rose être capable de se servir du cosmos. Sa réaction était celle escompté donnant à Abel un peu plus d'assurance. Il n'avait plus qu'à bien jouer face au Capitaine de ce navire et d'ici deux jours il serait en Egypte. En parlant du loup... voilà qu'il demandait à Réa de s'entretenir avec elle, que la partie commence donc ! Réa s'habillait et venait lui voler un nouveau baiser forçant le borgne à sourire.

"Merci Réa, tu verras ta confiance ne sera pas vaine."

Une fois la demoiselle sortie Abel attendit quelques minutes avant de sortir à son tour. Le besoin de prendre l'air surtout mais aussi le besoin d'en apprendre plus sur son nouvel environnement pour les deux jours à venir. Il respira à pleins poumons regardant l'horizon avec l'espoir d'apercevoir la terre... sans succès.

De l'autre coté du navire, Nereus regardait Réa de haut en bas tout en croisant les bras. Un problème ? Absolument, ne l'avait-elle pas encore remarqué ? Et puis sa phrase de tout à l'heure était sans équivoque, elle avait fauté avec lui. Il pourra un soupir avant de prendre la parole :

"Oui et un gros. Ton caprice d'hier, ton borgne pour être exact. Il a simulé durant toute la bataille d'hier. Il maitrise son cosmos et sait se battre. Méfies toi Réa "

Aucun doute, Nereus veut certainement te voir pour ton "pétage de plomb" de la veille. Ton dernier remonte à ce jour où il t'a libérée. Oui, ce jour-là aussi, tu t'es effondrée tout contre lui alors que pourtant tu ne le connaissais ni d'Eve, ni d' Adam, à l'époque. T'en veut-il pour ta réaction d'hier ? Pense-t-il que tu aurais dû revenir sur votre navire sans même chercher à sauver ces esclaves ? Ton coeur se serre à cette idée. Jamais tu n'aurais pu t'y résoudre. Perdue dans tes pensées, tu es rapidement arrivée à destination, entrant dans la cabine nettement plus sobre que la tienne. L'ex-Général n'est absolument pas matérialiste, ne gardant que très peu de choses dans ses quartiers. Son regard ne te dit rien de bon, mais tu embrayes tout de même sur une note enjouée.

Un "caprice" ? A cet instant, tes pupilles s'écarquillent, presque imperceptiblement. Alors ces jeunes femmes meurtries que tu as voulu sauvées ... Non. Ca en est tout autre. Il mentionne ton nouvel ami. Un "caprice". Te considère-t-il encore comme cette enfant qu'il a sorti de l'enfer quelques années plus tôt ? Une gamine immature ? Ton coeur semble de plus en plus lourd, bien qu'extérieurement, tu ne laisses rien paraître. Car une discorde avec Nereus n'est pas dans tes projets. Il est ce que tu chéris le plus. Tu garderas le sourire, tout en étant intérieurement piquée à vif, quelque peu blessée par ces termes.

"Abel. Il s'appelle, Abel."

Tu ne peux t'empêcher de l'évoquer pour éviter qu'à l'avenir, il ne le mentionne comme "ton borgne". Car ce n'est guère le cas. Il n'est pas à toi. Tu as beau être douce, naïve, tu n'es pas de celles qui nourrissent des sentiments profonds après une nuit de plaisir. C'est une chose que tu ignores jusqu'à maintenant et que tu ne connaitras sans doute jamais à ton humble avis.

"Et je suis au courant. Il me l'a avoué ce matin pour son cosmos. Il l'a dissimulé de peur d'être jugé et rejeté, parce qu'il maîtrise les ténèbres. Tu sais bien que certaines personnes voient tout en noir ou tout en blanc selon ce qu'ils voient. Et les ténèbres sont pour beaucoup signe de mauvaise augure, de mal ... Mais Abel n'est pas comme ça."

Tu lui lances presque un regard suppliant afin que ton ami puisse te croire. Peut-être que si le borgne t'avait caché sa vraie nature, tu aurais pu avoir quelques soupçons, mais celui-ci avait été transparent avec toi. Tu t'approches de l'homme à la tignasse émeraude et lui colles une petite pichenette sur le nez.

"Sois pas jaloux Captain, tu sais bien que ce sera toujours toi mon préféré !"

Tu lui offres un clin d'oeil taquin. C'est ta manière à toi d'oublier la petite maladresse de ton interlocuteur. Tu ne peux pas lui en vouloir, pour la simple et bonne raison qu'il s'inquiète pour toi, ni plus, ni moins. Tu reprends ton sérieux, plantant tes iris violines dans ceux de ton fidèle ami.

"Nere, peut-on faire cap vers l'Egypte ? J'aimerais accompagner Abel dans l'exploration d'un tombeau. Et puis ça pourrait permettre à l'équipage de faire une petite escale. Je pense m'absenter seulement pour quelques jours. C'est certainement un nouveau ... caprice ... mais j'aimerais découvrir quelque chose de nouveau, voire ce que la terre peut renfermer tout autant que la mer a ses secrets." Tu ajoutes d'une voix on ne peut plus douce. "S'il te plait ..."

« Grand bien lui fasse. » Répondit-il au sujet du nom du borgne. Cet individu ne lui inspirait pas confiance et il ne s’en cachait pas. Des types comme lui il en avait vu un certain nombre avec le temps, il savait comment ils fonctionnaient. Ces personnes gagnaient la confiance de leurs victimes puis après avoir obtenu gain de cause ils leurs plantaient un couteau dans le dos. Voilà comment Nereus voyait actuellement les choses. Abel allait retourner la tête de Réa et cette dernière allait faire des choses de plus en plus stupide, choses qui le serviraient sans problème.

« Il voulait simplement éviter que je te l’apprenne à l’instant Réa. Je ne t’ai pas formé pour que tu te fasses embobiner par le premier venu. Il t’a vu te battre, ton cosmos… il sait qu’il vaut mieux pour lui nous avoir dans son camp que l’inverse. » Cette fois c’était sa réponse aux paroles de Réa concernant le cosmos du borgne. Etait-elle aussi naïve pour croire encore que ce type voyait tout blanc ou tout noir ? J’ai un cosmos sombre donc je le cache. Nereus avait vu la malice dans le regard du jeune homme, il y avait décelé de la fourberie et quelque chose de bien plus sombre encore.

Le Capitaine fronça les sourcils suite à la petite attaque surprise de sa protégée avant de pousser une sorte de grognement. Vraiment naïve jusqu’au bout la petite. Puis elle poursuivit dans ses demandes uniquement pour satisfaire le borgne. Nere… il avait horreur que l’on l’appelle par ce diminutif cela ravivait tellement de souvenirs que c’en était douloureux. C’était « elle » qui l’avait trouvé enfin si sa mémoire était intacte après toutes ces années.

« Tu es sérieuse ? Tu passes la nuit avec le premier venu et déjà tu veux nous quitter ? Tu te rappelles de ta promesse de délivrer un maximum d’esclave ? Nous devons repartir vers l’Inde d’après nos informations il y a deux immenses bateaux chargés d’esclaves sur la route. » Il se stoppa, l’air contrarié. « Je te laisse le choix Réa, les esclaves que l’on doit sauver, qui nous attendent ou ton tombeau avec ton cyclope. De toute façon peu importe ton choix l’équipage a reçu des consignes pour notre invité. »

Il passa également sur le fait que si jamais la demoiselle n’avait pas l’approbation de l’équipage il y aurait peut-être un vote mais soyons honnête, entre une bataille à risque et de multiples beuveries le choix était vite fait.

Quoi qu’il en soit, les membres de l’équipage encore « valides », ceux qui n’avaient fait la fête que modérément avaient reçu des consignes strictes de la part du Capitaine du Phoenix des Mers au sujet du borgne et ces consignes ne souffriraient d’aucune contestation possible. C’était une des règles du navire. Aussi alors qu’il prenait l’air sur le pont Abel recevait brutalement un sceau de métal en plein ventre suivi d’un balai jusqu’à côté de lui.

« Corvée de nettoyage, cadeau du Capitaine pour payer ton voyage l’ami. Et une fois que t’auras terminé on passera aux chiottes ! »

Les pirates éclatèrent de rires tandis qu’Abel reprenait difficilement ses esprits suite à ce coup en traitre. Le voyage prenait également encore une tournure imprévue !

« Que tu te fasses embobinée par le premier venu » … Nereus te fait-il donc si peu confiance ? Le Capitaine pouvait être parfois tranchant mais c’est certainement la première fois qu’il te parle ainsi. L’inquiétude, certainement, mais ces mots te blessent profondément. Peut-être a-t-il raison, comme toujours. Même ta petite taquinerie ne semble pas le dérider. Il est on ne peut plus sérieux dans ses propos. Voilà les reproches, vous a-t-il espionnés pour savoir qu’Abel n’a pas quitté ta cabine cette nuit ? Tu es adulte, tu en as le droit légitime. Mais dans le fond, ton comportement n’est pas des plus responsables.

« V-vous quitter ? N-non … »

Tu n’as pu balbutier que ces quelques mots alors que tu baisses les yeux devant le sermon de ton ami. Il te fait douter. Tu ne peux pas nier que ses paroles sont justes. Oui, à cet instant, tu es comme une enfant que l’on gronderait. Il t’expose rudement son point de vue, cherchant à te faire prendre conscience de ta stupidité. Mais tu as bien du mal à croire que tu t’es tout simplement laissée amadouée. Tu lèves le nez, clignant des paupières.

« Des consignes ? Ne me dis pas que tu vas lui faire le coup des corvées pour s’acquitter du voyage ? »

Bien sûr que si, tu le connais si bien. Une habitude chez lui. Tu marques une pause, le scrutant du regard avant qu’un sourire résigné de vienne ourler tes lippes.

« J’ai encore beaucoup de choses à apprendre n’est-ce pas ? La méfiance, par exemple … Pourtant, pour moi, il semble si gentil. Est-il possible que tu fasses erreur le concernant ? » Tu marques une nouvelle pose. Il est bien rare que ses soupçons ne soient guère confirmés. « Je n’ai jamais eu l’intention de vous quitter, c’était simplement pour quelques jours mais je suppose que … c’est contraire à nos objectifs. »

L’ombre d’un instant, tu réfléchis. Qui croire ? Nereus et ses doutes, ou Abel et son utopie similaire à la tienne ? L’ex-Général t’a prouvé maintes et maintes fois que tu pouvais compter sur lui, cet homme d’une grande lucidité et d’un calme à toutes épreuves. Pourtant, cette fois, tu le sens fâché contre toi, agacé. Ca te fait mal de le penser. Tu marmonnes pour toi-même quelques mots incompréhensibles pour autrui.

« La relique pour tous les sauver … Il m’aurait menti ? »

Des rires te font sursauter alors que tu sembles reprendre tes esprits. Tes iris d’améthyste se posent sur le visage de ton Capitaine avant que soudainement, tes lippes ne viennent flatter sa joue.

« Je te fais confiance, Nereus. »

Puis tu détournes les talons, sortant de la cabine de ton supérieur pour rejoindre le pont et gagner cette zone d’hilarité. Tu ne mets pas bien longtemps à comprendre la situation lorsque tu vois l’archéologue qui peine à reprendre son souffle et le matériel « délicatement » donné par tes hommes.

« Messieurs, vous n’avez rien d’autre à faire ? Ce navire est un dépotoir ce matin, je tiens à ce qu’il brille d’ici le coucher du soleil ! »

Tu les fixes du regard, le temps qu’ils comprennent que tu es on ne peut plus sérieuse cette fois. Il est bien rare de te voir dans cet état, si autoritaire. Ca ne te ressemble pas. A croire que Nereus commence à déteindre sur toi. Tu t’avances vers le borgne, gardant tout de même un semblant de distance. Tu n’oublies pas les avertissements de l’ex-Général.

« T’es-tu joué de moi, Abel ? »

Bien sûr que le Capitaine pirate avait laissé des consignes à son équipage concernant cet étranger. Le règlement était le même pour tous et même si l’équipage du Phoenix des Mers était considéré comme un « bon » équipage par la plupart il était soumis au code de la Piraterie et à certaines règles. Ainsi jamais d’esclave ne monterait à bord, seulement des Hommes et des Femmes libres, ensuite les voyageurs avaient le devoir et l’obligation de participer à l’entretien du Phoenix des Mers grâce à la réalisation de certains travaux. Et forcément pour Abel il s’agissait du nettoyage du pont et des toilettes, pour le moment du moins.

« Et moi aussi je te fais confiance Réa. Réfléchis à la suite que tu veux donner, si tu décides d’aller en Egypte nous attendrons ton retour mais le convoi d’esclave ne sera plus accessible. Reviens me voir lorsque tu auras décidé. » Déclara le Capitaine lorsque Réa prenait congés en déclarant lui faire confiance. Il n’avait aucun doute là-dessus seulement elle devait s’endurcir pour son bien et pour les épreuves futures à venir. L’ancien général ne sera pas toujours là pour la guider et la vie peut s’avérer cruelle dans bien des cas.

Revenant sur le pont Réa pouvait donc voir une certaine animation gagnant les troupes, de même les pirates, encore enivrés pour certains, commençaient à se réveiller et le bateau reprenait vie. Abel était donc au sol, sur les fesses, le souffle court lorsque Réa calma tout le monde donnant l’ordre de faire briller le navire. Adressant un sourire sincère, Abel se releva se tenant le ventre tandis que la question de son amante ne le déstabilisa guère.

« C’est ce qu’il t’a dit ? Que tu ne peux me faire confiance ? Sous prétexte que ma tête ne lui revienne pas ? Réa bon sang ! Tu as bien vu le parchemin ? Que faut-il que je fasse pour te convaincre ? »

Si proche de son objectif qui venait, sans prévenir, de s’éloigner Abel semblait abattu, de façade du moins puisqu’il ne comptait pas lâcher le morceau. Ce capitaine de pacotille aimait vraiment lui mener la vie dure. Il haussa finalement les épaules remarquant qu’il serait inutile de s’approcher de la jeune femme qui avait gardé ses distances.

« J’ai laissé mes affaires sur ton bureau. Le parchemin est dans la pochette de cuir et si tu l’ouvres tu trouveras un petit carnet de cuir noir. Il est noté absolument tout ce que je sais de cette histoire. Vas-y tu peux le lire, je te demanderai juste de me le rendre il y a des mois de travaux là-dedans. »

Il adressa un nouveau sourire de chien battu avant de ramasser la serpillière et le seau d’eau. Il y avait une corde à l’intérieur ce qui expliquait certainement la puissance de l’impact et le fait qu’il se soit retrouver au sol.

« Tu trouves que cette façon de faire est admirable ? Ce n’est pas moi qui viens de faire un coup bas. Je me serais plié aux taches sans que l’on ait recours à la violence et je suis sûr que tu le sais. Peu importe où vous irez, dès que vous ferez escale dans un port je reprendrai mon périple. Le manuscrit date de plusieurs millénaires je doute qu’il ne disparaisse à cause de quelques jours de retard. »

Abel attacha ensuite la corde au sceau et le lança dans la mer pour le remonter, plein pour pouvoir commencer son entreprise de nettoyage. Il avait beaucoup à faire et c’était tant mieux car visiblement ils n’allaient pas se rendre en Egypte tout de suite. Le borgne se positionna à genoux et commença son travail, frottant le pont sans réel entrain mais effectuant le travail tout de même.

Te voilà face à lui, ton amant d'une nuit. Ton changement de comportement est si soudain, qu'il ne tarde pas à deviner d'où il vient. De ton entretien avec Nereus. Tu baisses les yeux, incapable de regarder cet homme en face. Toi-même, tu n'as aucun doute sur sa sincérité, mais si ton Capitaine a des soupçons, il faut le prendre en compte. Le beau sourire du borgne s'est si vite changé en déception ... Non, non, Réa. Tu n'es pas de celle à craquer pour un simple sourire charmeur. Tu restes silencieuse alors qu'il t'indique l'existence d'un carnet lui ayant servi à prendre des notes sur ses recherches. Pourquoi a-t-il fallu que tu relèves les yeux à cet instant où il t'offre ce sourire triste. Décidément, tu n'aimes guère décevoir autrui.

"Non. Ce n'est pas une manière de faire. Sache que je ne cautionne pas ce que mes hommes t'ont fait et je trouverai le responsable de ta chute afin de le sanctionner. Je déteste la violence gratuite."

Tu l'observes se positionner à genoux pour commencer sans réelle envie cette tâche ingrate. Tu restes plantée là quelques instant avant de soupirer et de détourner les talons. Tu reviens quelques instants plus tard avec le même matériel pour imiter le borgne. Tu hésites quelques instants frottant le sol de bois tâché de rhum avant de reprendre la parole.

"Nereus n'est pas quelqu'un de méchant. Disons qu'il est assez méfiant pour deux. Il cherche simplement à me protéger comme il l'a toujours fait. Et je ne peux pas ignorer ses avertissements pour la simple et bonne raison que je lui dois la vie. Je ne serai pas là, s'il ne m'avait pas sortie d'une cale." Tu te stoppes un instant. "Comment ne pas faire confiance à son sauveur ?" Tu lances un regard triste à Abel avant de t'adresser une nouvelle fois à lui. "Tu peux stopper là. Tu n'as pas besoin de faire ça. Ordre de la seconde du Capitaine de ce navire."

Tu plantes le balai dans le seau d'eau avant de finalement quitter le pont pour rejoindre ta cabine. Tu t'approches de ton bureau, t'y assois au même emplacement que le matin même en fouillant la pochette de cuir à la recherche de ce fameux carnet. Tu dois en avoir le coeur net. C'est une fois trouvé que tu te plonges dans les notes du beau borgne. Peut-être aurais-tu une réponse à tes propres questions, à savoir, que dois-tu faire ?

"Que faire ? Dois-je rejoindre ces cargos pour sauver à coup sûr quelques esclaves, ou prendre le risque que tout ceci ne soit qu'un mythe pour espérer sauver l'humanité entière ? Qu'est ce que ferait un véritable héros ?"

Tu soupires une nouvelle fois, reposant soigneusement le carnet sur ton bureau avant de laisser tomber sur ton matelas. En attendant, n'importe qui aurait pu entendre tes interrogations.

Abel avait commencé ses corvées avec le peu d’envie qu’il pouvait avoir à ce moment. Et pour couronner le tout voilà que Réa tournait les talons le laissant seul. Il eut un petit rictus que la Rose ne pouvait voir avant de se mettre à chercher une parade à la situation. Quel argument pourrait-il employer pour que la demoiselle décide de l’aider ? Il allait devoir trouver l’argument imparable pour ne pas passer les prochains jours ainsi positionner à frotter le sol crasseux d’un bateau pirate. Un bruit métallique attira son attention et il pouvait donc voir Réa qui venait le prêtait main forte. Il allait pouvoir tenter quelque chose pour l’attirer de nouveau dans ses filets.

« Je comprends. Mais sans arrière-pensée tu ne te penses pas capable de choisir par toi-même ? » Il se stoppa un instant pour observer la jeune femme avant de reprendre : « Hier lors de la bataille j’ai vu une femme avec de l’assurance et d’un courage à toute épreuve. J’aurai donc cru que cette même femme serait capable de me suivre dans mon périple pour le bien de l’humanité tout simplement. » Bien que ce n’était pas réellement méchant il s’agissait bien là d’une pique à destination de son amante. Elle devait bien comprendre qu’habituellement Abel ne partageait pas ses plans et qu’il lui avait fait une fleur en parlant de cette relique potentielle. Même Elyn n’en aurait pas su autant en temps normal !

« Tu m’as sauvé je te fais donc confiance Réa. Peux-tu seulement me dire où le bateau se dirige ? Je vais devoir prendre mes dispositions pour gagner l’Egypte. »

Il jouait les victimes d’une façon remarquable, laissant croire à la Rose qu’il abandonnait tout espoir d’y aller avec elle. Dans le pire des cas son périple prendrait un peu plus de temps voilà tout, il n’avait pas foncièrement besoin de la jeune femme. Réa finissait ensuite par partir direction sa cabine, sans doute pour fouiner un peu… tant mieux les écrits qu’elle trouverait finiraient de la convaincre de suivre Abel. Abel quant à lui n’écouta pas « l’ordre » de la seconde du navire ne voulant pas mettre de l’huile sur le feu et de voir l’autre tête d’algue débarquer.

Réa découvrirait l’ensemble des notes que le borgne avait rédigé ces derniers mois. Tout d’abord le nom de la précieuse relique : « Tablette du Père de la Médecine », ensuite elle trouverait une carte brodée venant tout droit du Japon où Abel avait griffonné plusieurs indications comme « Monastère Saint Catherine » ou « Crypte secrète, attention aux pièges, voir les tombeaux d’Egypte ». Il y avait également des notes plus approfondies comme « Hippocrate ne serait pas le premier, la plus ancienne bibliothèque du monde abritant le secret de la médecine capable de sauver tous les maux. Avec un pouvoir comme cela je pourrai sauver le monde et ma mère par la même occasion. » Le futur Spectre avait très bien calculé son coup en jouant les parfaits innocents. Sa mère allait très bien de même que le reste de sa famille, il s’agissait simplement d’une astuce en cas d’imprévu comme celui-là. Jouer les gentils pourrait s’avérer utile.

Bien que tenté par l’idée de rejoindre la jeune femme Abel préféra s’y abstenir, en effet et alors qu’il ne le savait pas le Capitaine était à la barre l’observant de sa hauteur. Nereus n’avait absolument pas confiance en cet homme et il attendait de voir la réaction de Réa quant à la destination que les pirates devaient prendre. Personne n’irait donc rejoindre la jeune femme qui devait prendre cette cruelle décision en son âme et conscience.

Les paroles de Nereus, celles d’Abel, tu les ressasses dans ton esprit, ta tête déjà profondément incrusté dans ton oreiller à plumes. Tu n’as pas daigné répondre au borgne, puisque de toute manière votre destination ne dépend plus que de toi. Bien qu’initialement piquée par les mots de ton Capitaine, tu ne peux que lui être reconnaissante de te laisser le choix, et d’être là en cas de besoin. Tu sais parfaitement que quelque soit ta décision, il ne t’abandonnera jamais. Tu t’attends bien sûr à un « Je t’avais prévenu » si les faits lui prouvent qu’il avait raison au sujet de l’archéologue. Lui aussi, est parvenu à toucher un point sensible, prendre ce risque mais pour sauver bien plus de monde. Il y a aussi ces mots, ces espoirs couchés à l’encre dans ce petit carnet qui a quelques allures de journal intime parfois. Jamais cet homme n’aurait pu prédire que quelqu’un y fourrerait son nez. Tu restes là, longuement avant de finalement bondir de ton lit, déterminée.

Nul ne peut deviner ce que tu penses à cet instant. C’est en levant le nez vers la barre que tu aperçois l’ex-Général. Il ne pouvait être ailleurs qu’à cet endroit, à bien sûr observer l’objet de sa méfiance qui poursuit sa tâche ingrate malgré tes ordres lancés un peu plus tôt. Tu te postes aux côtés de l’homme à la tignasse émeraude, fixant toi aussi votre invité. Le silence est quelque peu pesant, mais tu finis par le briser.

« Je vais l’accompagner, Nereus. Il y a un réel enjeu à cette exploration que je ne peux pas ignorer au vu de ma mission. N’aies crainte, je garderai bien tes avertissements en tête, et … s’il s’avère que je me suis trompée sur toute la ligne, tu pourras me faire nettoyer le pont à la brosse à dents si tu le souhaites. » Tu marques une pause, tes mèches rosées barrant ton visage sous la brise matinale. « Laisse-moi faire mes propres erreurs, Captain, je n’en ressortirai que plus forte. »

Ainsi, tu lui fais comprendre que tu es prête à assumer les remords qui découleront de tes actes. Car si cette affaire n’est guère concluante, tu seras responsable de la condamnation des esclaves de ces convois que tu devais intercepter. Tu vivras avec ça sur le cœur, ce sera ta punition. Une morale pour la suite de tes aventures.

« Merci de ne pas m’abandonner … Ne me déteste pas, s’il te plait. Cap sur l’Egypte. »

Tu te détournes de ton Capitaine dont tu n’as pas une seule fois croisé le regard. Comme si tu ne voulais pas déceler la déception ou quelques émotions que ce soit dans ses yeux. Tu descends les escaliers menant au pont pour rejoindre le borgne lui tendant la main.

« Poses ce balai, on a une excursion à préparer. »

Le Capitaine du Phoenix des Mers avait comme un pressentiment concernant le choix de sa protégée. Il la savait naïve, capable de tomber dans le piège de ce borgne et pour preuve il avait déjà tourné la barre pour prendre la direction de l’Egypte. Une fois la demoiselle à ses côtés l’ex général faisait toujours preuve de patience la laissant exprimer son choix. Il nota que son discours était censé et qu’elle avait réfléchi longuement à la question. « Très bien. Tu es maître de ton destin après tout, je te l’ai toujours dit. » Le pirate n’en dirait pas plus quant à ce choix, Réa n’était pas idiote non plus et comprenait sans doute son ressenti. « Nous faisons déjà cap sur l’Egypte. » Finissait-il par dire avant d’appeler un de ses hommes d’un signe de main afin qu’il prenne la barre. « Nous resterons trois jours au port, une fois ce délai passé nous rentrerons et j’aimerai que tu sois présente à ce moment-là. » Sans aucun autre mot Nereus retournait à sa cabine pour lire, habitude qu’il avait gardé malgré les nombreux siècles.

Abel quant à lui continuait son travail, frottant ce sol puant où vomis et alcool étaient répandus résultat de la fête de la veille. Il attendait, persuadé que Réa allait le rejoindre. Il avait appuyé exactement où il le fallait, le jeune homme en était persuadé. Et lorsque la voix de Réa se fit entendre il releva la tête feintant l’étonnement.

« Tu veux dire que… que tu as réussi à le convaincre ? Vraiment ? »

Le borgne se releva instantanément oubliant seau et balais pour attraper les mains de Réa, feintant dorénavant l’excitation. Maintenant que le plus dur avait été fait, il devait se montrer convaincant sous peine de devoir passer par le supplice de la planche.

« Merci merci merci ! Tu verras on va le trouver ! » Il se stoppa, rapidement calmé « Mais tu es certaine que l’on peut préparer notre aventure ? Le Capitaine a donné ses ordres me concernant et même si je ne suis pas un pirate je sais très bien qu’il ne faut pas aller à son encontre. »

Le futur Spectre ne voulait pas donner de l’eau au moulin du Capitaine Nereus. Il allait devoir se tenir à carreau durant les deux prochains jours afin de ne pas compromettre l’intégralité de son périple. Heureusement, il avait visiblement la « Rose » de son côté ce qui était un atout non négligeable. Et si jamais la demoiselle réussissait à l’exempter de ses corvées Abel pourrait mettre ce temps à profit pour préparer la suite du voyage car il ne fallait pas oublier que tout ce qu’il avait préparé avait terminé au fin fond de la Mer avec le petit bateau de pêche.

Bien sûr, tu feras tout ton possible pour être présente au départ du Phoenix des Mers. Il est hors de question que tu abandonnes ton équipage. Il compte beaucoup trop pour toi. Il est tout ce que tu as. Tu as adressé un simple sourire à Nereus, qui veut tout dire. Il te connaît mieux que quiconque et n’a guère besoin de paroles pour savoir à quel point tu lui es fidèle. Il est temps pour toi de préparer votre excursion, venant informer le principal intéressé. Il semble étonné, mais néanmoins heureux.

« Le convaincre, ce n’était pas là le problème. Notre Capitaine n’est pas du genre à nous imposer ses choix, disons qu’il m’a simplement fait part de son opinion avant de me laisser prendre l’ultime décision. »

Il abandonne son matériel pour venir se saisir de tes mains. Tu lui offres un demi-sourire. Comment pourrait-on feindre ainsi une telle réaction si spontanée ? Mais, comme promis, tu feras tout de même preuve d’un minimum de méfiance, tout en laissant au borgne le bénéfice du doute. Son enthousiasme ne fait qu’élargir ton sourire. Oui, tu préfères ce genre d’expression plutôt que de voir la précédente lorsque tu lui as fait part de tes doutes concernant sa sincérité.

« Oui, on le trouvera. Soyons confiants ! »

Mais bien vite, l’excitation retombe alors que l’archéologue te rappelle les ordres de l’ex-Général des Mers. Tu réfléchis un instant, observant tes hommes qui s’attèlent à la tâche eux aussi suite à ta demande. Tu soupires et reprends le balai que tu as laissé quelques dizaines de minutes auparavant.

« Montrons notre bonne foi. »

Tu reprends le nettoyage, te fixant pour objectif de faire briller une partie du pont qui n’est pas occupée par l’équipage. Il te faut un certain temps, mais lorsque tu as terminé, tu pousses un soupir de soulagement en t’étirant.

« Et voilà ! Mission accomplie ! »

Tu laisses tout en plan pour attraper la main de ton compagnon d’exploration pour l’entraîner jusque dans ta cabine, fermant la porte sans la verrouiller pour autant. Tu t’assois sur ton lit avant d’observer ton interlocuteur de la tête aux pieds avant de te redresser de faire le point sur ton propre tenue.

« Hum … On devrait peut-être se laver avant pour éviter de mettre toute cette saleté sur tes notes. » Tu pousses une petite porte donnant accès à une salle d’eau muni d’une bac en bois te servant de baignoire alors que tu arbores un sourire presque fier. « En tant que seconde, j’ai ma salle de bain privée ! Vas-y, fais comme chez toi, il y a tout ce qu’il faut ! Je passerai après toi. »

Abel n’avait pas oublié qu’on lui avait demandé de « participer » aux tâches ménagères du navire, sans doute une des façons que le Capitaine ait trouvé pour le maintenir à l’écart de Réa. Le borgne connaissait un peu le fonctionnement régissant les bateaux ou plus exactement les pirates et les ordres d’un Capitaine ne souffraient d’aucune contestation même de la part de son second. Réa était parfaitement au courant… à moins qu’elle essayait de tester le faux archéologue. Après un petit flottement la demoiselle poussa un soupir avant d’attraper un balai et de déclarer qu’ils devaient montrer tous les deux leur bonne volonté. Abel confirma les dires de la demoiselle d’un hochement de tête avant de se remettre au travail. Il avait réussi à la convaincre et son plan initial pouvait revenir sur le devant de la scène.

Malheureusement l’entreprise de nettoyage n’allait pas aussi vite qu’escompter mais une fois qu’il fut propre le Capitaine ne pourrait rien dire. Perdre du temps aujourd’hui pour en gagner demain…. Et voilà que son amante venait l’attraper par la main pour le diriger vers sa cabine, enfin ! Sourire aux lèvres, qu’il cachait toujours à la jeune femme, il se permit une petite blague pour détendre l’atmosphère.

« Aujourd’hui j’ai appris que le contenu d’un estomac de pirate n’était pas similaire à celui des autres hommes. Cela pourrait faire un merveilleux sujet de recherche ! »

Il éclata de rire avant de regarder plus sérieusement la jeune femme qui lui montra ensuite une salle de bain privée. Il comprenait mieux pourquoi le capitaine était aussi protecteur avec elle. Réa semblait si choyée par Nereus…. Il secoua la tête négativement, hors de question qu’il ne passe avant elle. Il s’approcha alors d’elle, attrapant sa main.

« Non honneur aux demoiselles. A moins que tu ne veuilles qu’on le prenne ensemble ce bain, je dois te remercier comme il se doit pour tout ce que tu fais pour moi. »

Abel attendait désormais une réponse de la part de Réa et après cette petite séance de nettoyage ils pourraient tous les deux préparer leur voyage.

Tu lui as pris naturellement la main. C’est un geste que tu fais plutôt à la légère. Et puis, après tout, vous aviez été beaucoup plus intime que cela. Tu l’entraines sans trop lui laisser le choix jusqu’à ta cabine. Sa remarque te fait sourire. L’estomac d’un pirate ? Un sujet de recherches ? Tu finis par pouffer de rire.

« Oh … Je pense que ça ne te prendrait pas bien longtemps. Pour la plupart de mes hommes, leur corps est composé à 75% de rhum ! »

C’est vrai. Ils boivent à longueur de journée pour certaines. Que toi … tu évites. Parce que ça te tourne la tête. Tu ne supportes pas très bien les vapeurs d’alcool ou plutôt l’alcool tout court. Ca te rend encore plus insupportable que tu ne l’es déjà ! Non, vous ne voulez pas savoir à quel point … Tu proposes fort logiquement à ton ami de se rafraîchir dans la salle de bain après ces dures heures de labeur. Après tout, il est toujours mieux de travailler proprement. Tu es très à cheval sur l’hygiène contrairement à beaucoup d’entre vous dans cet équipage.

Il refuse poliment avant de s’approcher de toi. Il se saisit de sa main, tu ne le repousses pas. A croire que ta méfiance s’effrite déjà. Tu es bien trop naïve. Un vrai bisounours ! Nereus a raison de garder un œil sur toi, même s’il devrait être beaucoup plus sévère dans ce genre de circonstances. Sa proposition te fait rougir. Tu te perds dans l’unique pupille d’ambre alors que tu sembles réfléchir. Il est vrai que cette nuit avait été … mémorable … Là où vous avez pu mêler à la fois fougue et apaisement. Tu sembles hésiter, tout de même. Tu ne veux pas paraître « facile ». La nuit dernière, les évènements t’ont rendue vulnérables mais cette fois ... Enfin, un sourire ourle tes lippes alors que tu te mordilles malicieusement la lèvre avant de prendre un air plus innocent.

« Quel genre de remerciement ? Je suis très curieuse de connaître la reconnaissance d’un gentleman aventurier. »

Tu pouffes de rire, te dérobant à lui d’un air à la fois enfantin et joueur avant de pomper un peu d’eau pour emplir la baignoire de bois. Un système ingénieux dans les cales vous permet de profiter rapidement d’eau chaude. Une fois ceci fait, tu ôtes un à un tes vêtements avant d’entrer dans l’eau en poussant un soupir d’aise exagérée. Libre à lui de te rejoindre désormais.

La demoiselle se méfiait toujours et Abel le ressentait. Cet abruti de Capitaine avait semé les graines du doute dans son esprit. Quel enfoiré ! Puis c’était quoi ce nom absurde pour son bateau ? Le Phoenix des Mers ? Et pourquoi pas le chien des Océans tant qu’on y est ! Fidèle à ses principes le borgne faisait de son mieux pour ne rien laisser paraître suite à cette « contrariété ». Après tout si la Rose ne souhaitait pas batifoler avec lui dans un baquet en bois grand bien lui face, il n’en mourait pas ! Puis la demoiselle se met à sourire avant de se mettre à jouer provoquant chez toi un sourire non dissimulé. Elle jouait faussement les ignorantes et c’était là un acte adorable mais attention.

« Hum je ne sais plus trop en fin de compte… »

Il secoua la tête toujours à fond dans son jeu d’acteur avant d’ôter sa veste et sa chemise sales. Désormais torse nu il regardait la demoiselle entrer dans l’eau avec envie, la dévorant littéralement du regard. Pas après pas il s’approcha du baquet pour venir effleurer la surface de l’eau avec son index avant de faire le tour. Lentement il finissait par arriver derrière son amante et posa ses mains sur sa nuque. Finissant par s’agenouiller (il n’était toujours pas entré dans l’eau) Abel entama un langoureux massage de sa nuque.

« Nous autre japonais pratiquons très bien l’art du Kobido mais pour ce qui est du reste du corps je dois certainement avoir quelques lacunes, excuses-moi si je suis trop brut. »


Pourtant le futur spectre prenait un très grand soin à s’appliquer dans son œuvre, n’allant ni trop fort ni trop faiblement. Il caressait la peau de la jeune femme exactement de la même manière qu’il le ferait avec Elyn. Elyn… elle aussi était une experte en la matière et elle aurait parfaitement su s’occuper du massage de Réa également.

« J’ai quelques connaissances en acupuncture grâce à mes études alors j’essaie d’appuyer là où cela pourrait te détendre. Cela ne me regarde pas mais tu es affreusement tendue… c’est à cause de moi ? De ton Capitaine ? Je ne te serais certainement pas d’une grande aide mais si tu as besoin de parler je peux aisément te prêter une oreille. »

Il continuait son massage alternant entre la nuque de la demoiselle, ses épaules et n’hésitant pas non plus à descendre plus bas pour flirter furtivement avec sa poitrine.

Tu jettes un coup d’œil vers lui, tes mèches rosées dissimulant ton regard indiscret. Il ôte sa chemise. Un bon présage pour toi qui te glisse désormais dans l’eau chaude. Ta peau se réchauffe, tu fermes les yeux pour profiter de ce confort qui t’est offert. Tu ouvres un œil pour observer ton amant qui joue avec la surface liquide avant qu’il ne se tienne derrière toi, posant ses mains sur ta nuque pour engager un massage délicieux. Un nouveau soupir d’aise informe le ténébreux que son attention n’est pas vaine, plutôt appréciée d’ailleurs. Tu l’écoutes, profitant de ses gestes extrêmement bien exécutés. Tu souris, malicieusement.

« C’est parfait … Hmm … Le reste de mon corps n’a pas eu à se plaindre cette nuit. »

Tu gardes les paupières closes, te laissant aller à une détente inespérée. Ne plus penser à rien. Abel est doué pour faire oublier les petits tracas. Petits et gros, même. Tu te concentres simplement sur ses mains qui parcourent un peu plus ta peau d’albâtre, effleurant quelques zones interdites parfois. Tu clignes des yeux hésitant quelques instants lorsqu’il te propose de te confier. Tu joues distraitement avec l’eau, formant une vasque avec tes paumes.

« Oh … Disons que contrairement à ce que l’on pourrait penser en me voyant. Il est bien rare que je me sente parfaitement détendue. Les images de la veille hantent encore mon esprit, comme à chaque fois que je viens au secours de prisonniers. » Tu marques une pause, toujours pas prête à engager le sujet de ton sombre passé avec qui que ce soit d’autre que Nereus. « Tu n’es pour rien dans cette tension, tout comme le Captain. »

Tu tournes un peu le cou pour lui adresser un réel sourire pour lui prouver qu’il n’est absolument pas responsable du mal être qu’il a décelé chez toi. Puis tu réfléchis un instant, à ce qu’il avait pu dire un peu plus tôt.

« Le Japon alors … L’acupuncture c’est avec des aiguilles c’est ça ? Brrrr …. J’aime pas ça du tout. » Tu frissonnes rien qu’à y penser. Et oui, toi la « guerrière » au cosmos bien développée, tu détestes la mention des aiguilles. « Tu veux bien me parler de ton pays ? Et … de ta famille ? J’ai cru comprendre que … tu avais … perdu ta mère … »

Tu te mords la lèvre, peut-être un peu maladroite sur ce fait. Mais toi-même qui ne sais pas d’où tu viens, tu aimes entendre les histoires des autres. Toi qui aimerais tant connaître tes propres origines.

« Ne jamais juger un livre à sa couverture à ce qu’on dit. » Répondit Abel à la petite confession de Réa. Ce qu’elle venait de lui avouer à demi-mots il l’avait bien compris et ce depuis qu’elle avait lourdement insisté pour sauver les esclaves du bateau pirate. La Rose avait dû vivre quelques évènements traumatisants et il n’était pas difficile qu’elle-même ou quelqu’un de proche avait dû vivre pleinement les joies de l’esclavage. Si besoin le borgne savait très bien qu’il pourrait appuyer sur ça pour manipuler la demoiselle pirate et il ne jugea pas utile d’essayer d’en apprendre davantage.

Tandis que son amante se tournait pour lui offrir un délicieux sourire auquel il avait répondu, il repassait ses mains sur sa nuque toujours avec la même délicatesse. Alors qu’elle se met à frissonner à l’idée de simples aiguilles ce qui le faisait rire.

« Oh une femme pirate qui se jette dans les cales les plus sombres pour sauver des esclaves aurait peur de quelques petites aiguilles ? » Son unique pupille ambrée brilla avant qu’il ne poursuive : « Cette médecine a une très bonne réputation tu sais, si je le voulais je serais capable de te paralyser physiquement et je pourrai faire absolument tout ce qu’il me chante avec ton joli petit corps… »

Bien qu’il venait de dire cela avec la plus grande légèreté possible passant ces quelques mots pour une blague aux yeux de Réa, Abel était on ne peut plus sérieux. Il en serait parfaitement capable seulement il risquerait de se heurter à Nereus et ça ce n’était pas dans ses plans. Et puis bon autant profiter de la demoiselle de manière naturelle plutôt que de forcer les choses….

Un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres quand elle évoqua sa famille, son pays mais surtout sa mère faussement malade. Ce petit plan de secours en cas d’imprévu s’était avéré utile finalement. Jouant au type surpris à la mention de sa mère, il retira ses mains stoppant le massage.

« Ma mère a une sorte de maladie rare très peu connu. Il lui arrive d’avoir des crises, des tremblements et de faire un malaise. Elle s’est déjà blessée plusieurs fois et même la médecine Japonaise ou Chinoise ne peut rien pour elle. Sinon j’ai une sœur plus jeune que moi que mon père a envoyé très loin et mon père donc, un homme d’affaire sur le déclin ayant d’autres projets pour son fiston que de finir archéologue. J’ai une famille très… particulière comme tu peux le devenir. » Il se stoppa, estimant qu’il était temps pour lui de passer à l’attaque : « Et toi j’imagines que dans ta famille vous n’êtes pas pirates de père en fille non ? »

Volontairement et pour accentuer la comédie au sujet de sa mère, il ne parla pas de son pays. Sans doute trop perturbé pour y penser….

Ne jamais juger un livre à sa couverture. C’est en quelque sorte ta devise, ça, non ? Et les droits d’auteur, qu’en fait-il ? Tu t’en fiches, n’est-ce pas, tu es bien trop contente de l’entendre prononcer cette phrase que tu cautionnes à cent pour cent. Et tu t’ouvres légèrement à lui, lui contant une peur improbable lorsque l’on a vu de quoi tu étais capable sur un champ de bataille. La peur est souvent irrationnelle. On ne sait pourquoi, ni comment. Mais parfois, elle ne peut être raisonnée. Tu soupires en souriant toujours.

"Le principe de la peur c’est pas d’être totalement irrationnelle ?" Oui, il t’arrive de réfléchir et sortir de belles paroles parfois. Tu es comme ça. Insouciante, mais loin d’être bête tout compte fait. Tu pouffes de rire à l’évocation de la paralysie. "Alors là, je ne sais pas si je dois être aux anges ou effrayée. Comme quoi la médecine en elle-même peut-être angoissante. Mais inutile de dire que tu n’as pas besoin de me paralyser pour faire ce que tu veux du mois."

Un regard entendu, une langue taquine qui passe sur ta lippe inférieure et te voilà déjà entrain de passer à autre chose. Ton esprit ne s’arrête donc jamais de tourner ! Une vraie girouette. Passant du rire aux larmes parfois, comme une enfant. Et là, le sujet n’est pas à la plaisanterie. Tu écoutes attentivement Abel, regrettant quelque peu d’avoir posé la question, de l’avoir plongé dans une pensée relativement douloureuse.

"Oh … Je suis désolée, Abel. J’ai été trop curieuse."

C’est à son tour de lancer le sujet tabou comme dirait l’autre. Tu écarquilles les yeux. Tu penses réellement qu’il n’allait pas te retourner la question ? Tu pèses tes mots un instant avant de te retourner, à genoux devant lui, mais toujours dans l’eau. Tu poses tes coudes sur le rebord pour ensuite déposer ton menton sur tes avant-bras.

"Il semblerait que la vie ne t'ait pas épargné, toi non plus." Tu l'observes un instant dans le silence, scrutant toujours son unique oeil d'ambre. Comme si tu cherchais à déceler la moindre émotion en provenant. "J'en sais rien. Je veux dire, pour ma famille ... J'en sais rien. L'unique famille que j'ai, ce sont les membres de cet équipage. Donc en quelque sorte, si, on peut dire que je viens d'une famille pirate de père en fils !"

Tu souris à pleine dent. Oui tu sais que pour certains, c'est le cas, d'autres peut-être pas. Cette optimisme te colle à la peau malgré les échecs que tu as pu essayer. Ton rictus s'efface peu à peu avant de soupirer et de pencher la tête de sorte à ce que ta joue repose désormais sur l'un de tes avant-bras.

"Si tu as un artefact capable de faire ressurgir les souvenirs enfouis, je suis preneuse. Peut-être que ça m'aiderait à me souvenir de tout ce qu'il s'est passé avant ..."

La demoiselle était définitivement trop naïve, du pain béni pour un être aussi malfaisant qu’Abel. Elle serait capable de croire le borgne s’il lui disait qu’il avait déjà vu une vache volante en Inde ! Quelle crédulité ! C’est à cet instant que le jeune homme décida que peu importe le résultat de leur expédition, il devait garder de bonne relation avec Réa. Et oui au regard de la maitrise de son cosmos elle pourrait très bien devenir une guerrière servant une divinité et avoir des alliés facilement manipulables cela n’avait pas de prix. Arborant toujours une triste mine il secoua la main lorsque la pirate s’excusa d’avoir abordé un sujet soi-disant aussi sensible.

« Non ne t’en fais pas. Plus nous avons confiance l’un envers l’autre et plus nos chances de succès augmentent. Alors si tu as d’autres questions ne te prives absolument pas. »


Il feinta un nouveau sourire tandis qu’il ne perdait pas une miette du spectacle que lui offrait la nouvelle position de la jeune, enfin surtout pendant la manœuvre si on peut dire. Abel jouait là un jeu dangereux et bien que crédule Réa n’était pas idiote. Elle le sondait, scrutait ses réactions. Mais pourquoi ce foutu Capitaine avait-il une telle influence sur elle ? Cela en devenait presque agaçant, même pour lui qui adorait jouer sur ce genre de terrain.

« Oh… je te retourne tes paroles, désolé si ma curiosité ait été trop intrusive. Je pensais effectivement que tu avais un lourd passé mais pas au point que tu ne te souviennes pas de ta famille. »

Le futur spectre prenait un air gêné avant de voir que Réa semblait plutôt bien le vivre, en attestant son sourire et ses dernières paroles. Cette bande d’ivrogne dégoutant sa famille ? La pauvre devait être désespérée.

« J’imagine que les dieux dans leur clémence ont dû effectivement inventer un tel artéfact mais où est-il… là est la question. Il y a tellement de divinité, de religion chez les Hommes que cela en est indécent. »

En parlant de choses indécentes, Abel finissait par retirer ses derniers vêtements pour s’approcher de Réa et du baquet d’eau chaude. A la manière d’un gentleman, il guida la jeune femme jusqu’à ce qu’il puisse entrer dans l’eau et l’amena dans ses bras. Il n’y aurait pas de luxure entre eux pour le moment, simplement un bain entre deux amants ayant besoin de discuter de divers sujets. Délicatement il déposa un baiser sur sa nuque puis son cou.

« Tu n’as jamais pensé à vivre une autre vie que celle-ci ? Je… je vois peut-être loin mais on pourrait faire un bout de chemin ensemble si tu le souhaites. »

Qui pourrait croire qu’un tel sourire cachait l’un des plus noirs esprits ? Pas toi en tout cas. Toi, tu tombes dans le panneau comme une petite bleue malgré les mises en garde de Nereus. Quand il te dit de te méfier, c’est sans doute éviter d’être si vulnérable face à l’être douteux. Il s’excuse à son tour, et cette fois, c’est à toi de secouer la tête pour lui faire comprendre que tout va bien. Ce n’est pas aussi douloureux qu’il le pense. C’est plutôt des souvenirs bien nets de ta captivité qui le sont. Oui comme il le dit, un tel artéfact doit certainement exister. Tu souris, le flattant un peu dans son ego sans vraiment le vouloir, puisque tu es sincère.

« Tu dois sûrement en connaître un rayon sur les croyances et divinités, n’est-ce pas ? »

Abel se redresse pour se finir de se dévêtir, ne te dissimulant en rien sa tenue d’Adam qui te fait quelque peu rosir. Dans le fond, pour un homme aussi bien fait, tu pourrais te damner, non ? Quoique, c’est déjà fait … Tu te laisses guider sans un mot, l’observant d’un air quelque peu émerveillé. Ce que tu as l’air idiote et naïve avec tes yeux de merlan frit, mais comment ne pas profiter d’une telle vision ?

Et te voilà au creux de ses bras. C’est si agréable. Ta peau est parcourue de frissons au contact de ses douces lippes. Pourquoi te porte-il autant d’attention. Il est si délicat, loin d’être un rustre. Tes mains glissent sur les siennes alors que tu fermes les yeux pour profiter de tes autres sens. Tu t’endormirais presque dans cette position, dans ces bras réconfortants. Mais ses paroles te font réagir alors que tu te retournes assez brusquement, faisant déborder l’eau au passage.

« Un bout de chemin ensemble ? »

Tu as l’air totalement incrédule, la bouche semi-ouverte alors que tes joues se sont enflammées d’elle-même. Tu n’as pas saisi le sens de ses mots, et pour cela, tu préfères en comprendre la réelle signification.

« Que veux-tu dire par là ? »

Tu n’es ni inquiète, ni en colère, simplement curieuse de savoir ce qu’il pense.

Abel hocha la tête sans réellement entrer dans le vif du sujet. Oui il en connaissait beaucoup sur les divinités en tout genre mais ce n’était pas à cause de sa fausse identité d’archéologue. C’était à cause de son très cher paternel qui, voulant un bon soldat cultivé pour les enfers, avait fait de son éducation une priorité absolue. Par conséquent et dès son plus jeune âge le borgne étudiait très régulièrement dans la bibliothèque familiale qui contenait des ouvrages assez rares, tout comme ce parchemin mentionnant les écrits du Père de la Médecine. Enfin bref le futur Mephistopheles préférait garder toutes ces connaissances sous silence surtout afin de ne pas ennuyer la jeune femme.

Ils auraient tellement mieux à faire dans quelques minutes que de bavasser sur des dieux pitoyables et sans consistance, car s’il avait bien appris une chose c’était que la plupart des divinités n’en avaient strictement rien à faire des humains. Ces derniers n’étaient là que pour les vénérer et les satisfaire sans réelles contreparties.

Désormais dans le bain avec sa conquête, Abel se montrait assez charmeur comme à son habitude avec de jolies créatures et décidait même d’aller plus loin en proposant une chose assez incongrue, à savoir lui proposer de voyager ensemble. Il se doutait bien qu’elle refuserait sans doute à cause du Capitaine, de sa pseudo-famille et de sa quête idéaliste à vomir de sauver tous les esclaves de ce monde et dans le cas contraire, il n’aurait qu’à la largueur lorsqu’il n’aurait plus besoin d’elle tout simplement.

Réa s’était retourner vivement pour faire de nouveau face au faux archéologue, la mine étonnée il venait de la troubler avec cette étrange proposition. Il lève la main caressant sa joue délicatement avant de poser ses lèvres sur les siennes, décidant de la calmer avec un baiser qui, il espérait, serait très agréable et passionné. Rompant le contact après quelques secondes, il caressait de nouveau la joue de la jeune femme de manière douce.

« Ta compagnie m’est très agréable. Si jamais tu le voulais tu pourrais me suivre pour quelques explorations, des recherches. On pourrait accomplir de grandes choses toi et moi si tu le voulais. » Il marqua une pause, sondant la jeune femme de son unique œil pour reprendre « Je pourrai te faire découvrir le Japon, ma culture et lorsque le besoin s’en ferait ressentir tu pourrais retrouver ton cher Capitaine ? Qu’en penses-tu ? »

Et pourquoi pas la mettre définitivement sous ses ordres, comme Elyn ?

Ah, un baiser. Tu fermes les yeux, profitant du doux échange que tu rends langoureux quelques instants. Ton corps se calme, tout comme ton esprit. Cet homme te mène par le bout du nez avec sa belle gueule et ses baisers divins. Les joues toujours voilées de rouge, tu écoutes ses explications. Mais tu sembles préoccupée. Encore une fois partagée entre ta mission qui est désormais pour toi un devoir et ton instinct d’aventurière. Et puis … Il y a Nereus. Ce Capitaine qui te fait confiance malgré ta fougue, ta jeunesse et ta naïveté. Ce Capitaine qui a émis le souhait de te revoir bien rapidement sur son navire après cette excursion en Egypte.

Tu te mords la lèvre inférieure avant de relever les yeux vers lui. Lentement, tu viens une nouvelle fois attraper ses lippes, comme si l’embrasser te donnerait le courage de lui répondre. Tu prends ton temps, comme si tu souhaitais le séduire un peu plus par ce simple échange, tes doigts filant sur son torse humide. Tu romps l’échange, arborant une mine résignée.

« Je suis désolée, je ne peux pas accepter. Je ne peux pas abandonner tous ces gens, Abel. »

Tu te gardes bien de mentionner également que partir loin de Nereus durant une trop longue période te serait difficile. Tu te sens en sécurité à ses côtés. Il est ton sauveur, ton ami. D’ailleurs, tu te remémores les paroles d’Abel. « Ton cher Capitaine. ».

« En effet, Nereus ne semble pas te porter dans son cœur, mais j’ai l’impression que l’inverse est également vraie. C’est bien dommage, je suis sûre que vous pourriez vous entendre avec un petit d’effort » Tu souris, amusée en lui offrant un bref baiser. « Mais vous, les hommes, vous êtes si têtus. »

Tu te retournes pour te blottir de nouveau contre lui. Tu te demandes comment le jeune homme essuiera ce refus. Et tu préfères te détourner pour ne pas faire face à un regard de chien battu. Il semblerait que tu sois trop sensible à cela. Peut-être cela suffira-t-il à détourner la conversation ? Pour cette fois, Nereus a gagné la bataille. Un point partout, la balle au centre. On se demande bien lequel des deux gagnera la guerre ? Aucun des deux ne semble vouloir abdiquer.

Réa refusa confirmant ainsi à Abel que l’influence de ce capitaine pirate était bien ancrée en elle. Très bien ainsi il savait dorénavant comment jouer et quelle limite il ne fallait pas franchir avec la demoiselle aux cheveux roses. C’était en quelque sorte dommage et l’idée d’avoir un harem de jolies filles n’avait pas tenue très longtemps. Qu’importe Elyn effectuait le travail pour deux même pour trois le cas échéant. Toutefois la belle à la crinière rosée avait relevé une subtilité dans le langage d’Abel que lui-même n’avait pas relevé, une première erreur qu’il lui faudrait éviter de renouveler durant les prochains jours.

« Non ce n’est pas ça… comment dire… Dès le début j’ai ressenti qu’il éprouvait de l’hostilité à mon égard et naturellement j’essaie de me protéger. Pour imager c’est un peu comme un vieux lion qui n’aime pas voir un nouveau lion sur son territoire. »

Abel déposa un baiser sur la chevelure rose de Réa restant un moment avec la belle dans ses bras. Parfois un silence valait beaucoup mieux que toutes les paroles du monde néanmoins il se décida à lancer une nouvelle attaque à l’encontre de Nereus, tout simplement pour flatter son amante.

« La peur sans doute, il a peur de te perdre que tu me suives. » Il se stoppa resserrant son étreinte. « Il a raison en un sens, si jamais nous viendrions à rester plus longtemps ensemble je pourrais devenir pirate simplement pour t’avoir près de moi. »

Une nouvelle déclaration du charmeur presque professionnel qu’était le borgne et il attrapa le savon posé un peu plus loin pour commencer à savonner la demoiselle dans le dos. Autant joindre l’utile à l’agréable et en plus à force de parler de tout et de rien l’eau allait bientôt devenir froide et ce n’était pas très agréable.

« J’ai perdu mon matériel de recherche, tu crois que tu pourrais m’en trouver ici ? Bien sûr je peux payer attention mais si je venais à acheter du matériel sur un marché en Egypte nous risquerions d’avoir des chasseurs de trésors à nos trousses. » Sans attendre d’avantage il reprenait : « J’avais un sac qui a coulé avec mon ancienne embarcation, il contenait une corde avec un grappin, une gourde, de vieux chiffons et de l’alcool pour faire des torches de fortune. Il manquera sans doute quelques bricoles mais il me faut plus d’information. Tu as des suggestions peut-être ? »

Généralement il y avait plus d’idées dans deux têtes que dans une seule, à voir ce que Réa répondrait.

Son explication est plutôt logique, se protéger d’un être hostile envers soi est une réaction on ne peut plus naturelle. Mais il n’empêche que tu trouves bien dommage que les deux jeunes hommes ne sachent pas d’entendre. Et puis tu persiste à croire que Nereus aurait été un allié de poids pour votre excursion. Il est bien plus expérimenté que toi, après tout. La peur ? La peur de te perdre ? Tu es étonnée. Tu ne penses pas que ton Capitaine pense ainsi. Tu ne lui es pas indispensable, ça, tu en es certaine. Tu sais très bien que la personne qui compte le plus à ses yeux n’est plus de ce monde et qu’il n’a plus besoin de personne. Mais l’annonce suivante d’Abel te fait tomber des nues. Tu rougis, bien qu’il ne puisse le voir.

« J-je ne crois pas que Nereus est peur de quoi que ce soit en ce qui me concerne … Je ne suis pas si importante que ça. Et il n’a plus peur de rien depuis bien longtemps. » Tu réagis plutôt étrangement à cette idée de pouvoir compter autant pour ton ami. Tu ne le conçois guère, toi qui connais son histoire. « Et toi … Qu’est-ce que tu racontes ? Devenir pirate pour moi … Je pense que ce lourdeau t’a cogné un peu trop fort. »

Tu pouffes de rire, malgré tout. Oui tu as d’étranges réactions, un peu indéfinies, contradictoires. Dans le fond, peut-être que ça te ferait plaisir que quelqu’un te suive au gré de tes envies. Mais tout ça, ce n’est pas pour toi. En tout cas, pour t’embrouiller l’esprit, le bel archéologue est doué, sans aucun doute. Tu le laisses te laver alors que tu continues à t’enfermer dans tes pensées. Puis la conversation prend un tournant beaucoup plus sérieux.

« Hmmm … Oui, ça devrait se trouver assez facilement. Je demanderai à Nereus si je peux me servir, même s’il n’y verra sûrement aucun inconvénient. » Tu réfléchis quelques instants. « Quelques provisions seraient de mise aussi, il faut bien se nourrir si on venait à rester là-dedans plusieurs jours ! »

Ah ça, la nourriture, tu ne l’oublieras pas, jamais ! Gourmande comme tu es ! Tu te retournes de nouveau, faisant face à ton amant, l’air malicieux.

« A ton tour de bénéficier de mes faveurs. Passe-moi le savon et demi-tour ! »

Il y eut un éclair au sein de la pupille ambrée d’Abel. La réaction de Réa au sujet de son Capitaine était tout sauf anodine. De l’amour dans l’air ? Des sentiments non réciproques ? Il pourrait y avoir tellement de choses entre eux deux. Quoi qu’il en soit Abel était très bien armé pour affronter et déstabiliser la demoiselle si le besoin venait à s’en faire sentir. Il ne disait plus rien à ce sujet et préféra orienter la conversation sur quelque chose de beaucoup plus intéressant que ce pathétique guerrier pirate à la tignasse verte : le futur périple des deux jeunes gens. Réa ne semblait pas contre trouver ces quelques objets nécessaires sur le bateau réussissant sans doute à faire quelques économies au borgne. Même si les affaires au pays grâce à un certain clan prospéraient très bien, Abel aimait bien faire attention. Les finances n’étaient pas éternelles quoi qu’il en soit.

« Des provisions ? » Répondit-il étonné. « Oui il est vrai que j’ai tendance à négliger cet aspect pratique lors de mes voyages faisant avec ce que j’ai sur la main. On prendrait de la nourriture ici ou sur la route une fois là-bas ? »

Abel essayait de faire la conversation de son mieux alors que Réa lui demanda de se retourner pour bénéficier à son tour d’une toilette bien méritée après les efforts qu’il avait fourni depuis son réveil. Il s’exécuta sans broncher tournant désormais le dos à la jeune femme.

« Je ne sais plus si je te l’ai demandé, tu as déjà mis les pieds en Egypte ? Saurais-tu par hasard comment se comporte les égyptiens avec les étrangers ? Dans certains pays les personnes comme moi sont considérés comme des pilleurs de tombes et c’est assez mal vu, vécu par la population. Vois-tu mon objectif n’est pas de voler quoi que ce soit surtout lors de cette expédition. »

Il essayait encore et toujours de prendre des gants, d’aller plus loin dans ses manipulations. Et puisqu’il s’agissait d’une crypte secrète, puis d’une chambre secrète inconnues et jamais ouvertes à ce jour… personne n’aurait vent d’un ou deux petits larcins non ? Il comptait bien rentabiliser ce voyage un maximum, d’éventuels trésors égyptiens pourraient se vendre très très chers au Japon et peut-être même que son ami Ryuichi pourrait l’y aider. Du moment qu’il y avait de l’argent à se faire il ne serait certainement pas contre.

Et oui, on peut toujours compter sur toi pour penser à la nourriture ! Après tout, on ne peut pas être en pleine possession de ses moyens sans un estomac rempli à minima ! Tu n’en dis pas plus, pour ne pas passer pour un estomac sur pattes, ce que tu es, finalement, bien que ta silhouette ne le laisse absolument pas entendre. Veinarde comme diraient nombreuses femmes. Tu souris, contente que ton idée soit plutôt bonne avant de lui répondre.

« Hmm … Les deux ! On devrait profiter des spécialités locales tant qu’on y est ! »

Tu lui tires la langue. Cette fois ça y est, il ne peut pas te louper. Tu te démasques toute seule dans ton pêché de gourmandise. Il s'exécute lorsque tu lui proposes tes « faveurs », une manière plutôt maladroite de le dire puisque tu as simplement l’intention de lui savonner le dos. Tu t’en occupes gracieusement, avant de passer directement tes paumes sur sa peau. Tu parcoures son dos, si large et bien dessiné, le contemplant par la même occasion avant que tes mains ne remontent sur ses épaules, descendant le long de ses bras. Ca a un côté assez sensuel, sans même le vouloir. Il te questionne de nouveau et une nouvelle fois, tu te sens bredouille. Tu te stoppes un instant dans tes gestes.

« Non … Je n’y suis encore jamais allée. J’ai beaucoup voyagé mais je n’y ai jamais fait escale. Désolée, j’ai vraiment l’impression de ne pas être d’une grande aide pour toi. Je ne tiens pas à être un poids pour toi … Je pourrais peut-être demander à Nereus s’il en sait un peu plus ? »

Ton visage s’illumine comme si une ampoule s’était allumée dans ton petit crâne rosé. Nereus. Nereus. Tu n’as que ce nom à la bouche et tu n’es même pas fichue de t’en rendre compte. Pour toi, cette admiration, cette confiance que tu lui portes est bien loin d’être exagérée. Tu reprends tes esprits tout en recommençant à savonner le corps de ton amant.

« Tu y retournes souvent, au Japon ? Tu dois être plus souvent en voyage que chez toi avec cette vocation, je suppose. » Tu souris, l’air pensif. « J’ai déjà entendu parler des cerisiers en fleurs, il paraît qu’ils sont magnifiques. Ce doit être un spectacle grandiose au printemps ! » Tu hésites. « Il n’y a pas quelqu’un qui t’attend quelque part ? Une … promise, par exemple ? »

Difficile tout de même de penser qu’un si beau jeune homme n’avait pas déjà fait chavirer quelques cœurs.