Pirates, Médecine et curieuse rencontre ! [FB PV Réa]

Son seul œil valide semblait attiré par quelque chose de très important, un vieux parchemin dont il relisait encore et encore les quelques passages. Il y était fait mention d’un texte, un vieux papyrus écrit par le Père de la Médecine lui-même. Les récits étaient flous, certes ils manquaient de précision mais toutes les informations gagnées par le jeune héritier menaient en Egypte dans l’une des plus grandes bibliothèques de la Capitale, bibliothèque elle-même abritée dans un monastère. Le Monastère Saint Catherine plus précisément au Sud-Est de l’Egypte. Abel avait donc quitté le manoir familial quelques jours pour enquêter et retrouver ce fameux écrit. Jouant de subterfuges habituels, il avait réussi à se défaire d’Elyn, sa fidèle servante.

Il avait pris soin de louer un bateau en Inde pour traverser l’Océan du même nom et actuellement il se trouvait toujours à son bord, sur la Mer Rouge. Le pays Egyptien n’était plus tellement loin. La traversée avait été des plus calmes et heureusement l’embarcation du borgne avait réussi jusqu’ici à éviter les navires pirates très fréquents dans le coin. Il rangea le parchemin dans la poche intérieure de sa veste lorsqu’un brouhaha émanant de l’équipage du navire attira son attention. Les Indiens commençaient à paniquer et bien qu’Abel ne comprenaient pas tout de leur langage avec exactitude il en devina bien vite les raisons. Plus loin, à tribord un bateau nettement plus imposant, au pavillon noir arrivait dans leur direction.

« On dirait que l’on va s’amuser. »

Certains membres de l’équipage pris de panique se jetèrent à l’eau et Abel fonça jusqu’à sa cabine pour récupérer son sac qui contenait de l’argent et quelques affaires. L’abordage allait être imminent pour preuve un bruit sourd se faisait entendre puis un deuxième jusqu’à ce qu’un boulet de canon ne traverse la cabine. Le jeune homme, par chance, n’eut que quelques éclats au niveau de son avant-bras et ressortit rapidement. L’abordage allait être imminent et il allait certainement devoir se battre.

Des grappins, des cris et déjà les premiers ennemis arrivaient. Dès le début le ton était donné, les pirates tuant sans pitié les pauvres indiens qui n’essayaient même pas de se défendre. Toutefois il y eu d’autres détonations et d’autres éclats de bois mais cette fois provenant d’un troisième bateau ! Troisième bâtiment qui semblait s’en prendre aux pirates. Abel jeta un œil sur le pavillon de ce nouvel entrant au conflit pour constater qu’il s’agissait également de pirates !

D’un geste, il esquiva un coup de sabre d’un assaillant pour l’agripper et le projeter par-dessus bord. Habituellement, le jeune héritier aurait sans doute sauté sur le bateau ennemi pour participer à la bataille mais là il était blessé et de plus les nouveaux pirates risqueraient de le prendre pour un des ennemis. Le mieux qu’il avait à faire était de patienter et de se contenter de se défendre du mieux qu’il pouvait.

“Yo-ohohoh Yoh-ohoh-oh,
Yo-ohohoh Yoh-ohoh-oh
Yo-ohohoh Yoh-ohoh-oh
Yo-ohohoh Yoh-ohoh-oh

Je m’en vais de bon matin,
Livrer le bon rhum de Binks.
Les vagues dansent et je chevauche,
Les flots au grè du vent. »

*BOOM*

Tu stoppes ton chant, de ta voix douce et claironne que l’équipage de ton cher Capitaine apprécie. Il leur arrive parfois de t’accompagner mais cette fois, il te laisse la vedette, admirant ce chant interprétée par ce qui ressemble plus à une nymphe rosée qu’à une pirate. Et pourtant, tu en as bien l’accoutrement. Tu es la dernière arrivée au sein de cet équipage et pourtant, tu es désormais l’un des éléments principaux de celui-ci, depuis que Nereus t’a arraché des griffes de tes bourreaux.

Des cris commencent à se faire entendre, tandis que l’équipage s’active. Du haut du mât, tu peux voir parfaitement ce qu’il se passe un peu plus loin. Une attaque de pirates. Enfin de « méchants » pirates. Car oui, toi tu fais partie des « bons »pirates, même si certains ne font pas la différence. Tu pointes du doigt l’embarcation en difficulté et hurles au vent pour avertir tout l’équipage avant de te sauter de ton perchoir pour rejoindre le plancher du navire. Tu accoures, tu sais ce que tu dois faire.

« Rapprochez-vous un maximum ! »

Non, ce n’est pas toi le capitaine, mais pourtant il t’arrive de donner quelques ordres sans t’en rendre compte. Tu attends, tout muscle tendu que tu dois assez proche pour entrer en action. Ton but ? Mettre les ennemis hors d’état de nuire. Non, pas les tuer, juste les mettre hors circuit. Le meurtre n’est pas dans tes habitudes. Tu te dois avant tout de sauver le plus d’innocents possibles. Ton cosmos se fait déjà sentir. Alors que les deux bateaux sont désormais à proximité. La bataille fait rage. Mais sauter t’amènerait à choir dans l’océan le plus profond. Tu lances un regard derrière toi avant de faire brûler un peu plus ton aura dansante or et azur.

« Nereus ! J’y vais ! »

Il n’aura pas le choix. Quoiqu’il te réponde, tu t’engageras dans l’affrontement. Et voilà que tu t’élances, mais au lieu de plonger, la glace t’offre un pont jusqu’au navire attaqué. Et te voilà sur le pont alors qu’un des assaillants tentent de t’attaquer. Avant même qu’il ne puisse abattre ton sabre sur toi, une décharge vient secouer son corps avant qu’il ne tombe à la renverse. Pas mort, non, juste sonné. Tu enchaines gracieusement quelques mouvements, neutralisant tes attaquants par la foudre ou la glace.

Mais il y a un bug dans la matrice à cet instant. Tu sais, cette glace, que tu ne maîtrises pas encore totalement ? Et voilà que tu glisses sur une plaque que tu as toi-même créée et malheureusement tu te vautres sur un homme à la tignasse noire et au costume parfait. Tu reprends tes esprits assez vite pour voir un pirate se jeter sur vous, toute lame dehors. Il serait peut-être temps d’agir là, Réa ?

La bataille faisait rage tout autour d’Abel. Des hommes se battaient sur ce pauvre bateau de fortune qui devait l’emmener jusqu’en Egypte et d’autres sur le premier des bateaux pirates, celui qui avait justement attaqué le premier. Un véritable bordel ! Il n’y avait pas d’autre mot pour d’écrire ce champ de bataille. Certains pirates semblaient même voler, se propulsant à l’aide de cordes vers le bateau ennemi offrant aux spectateurs au sol un véritable spectacle aérien. Le borgne quant à lui préférait ne pas trop prendre part aux combats se contentant simplement de se défendre le cas échéant. Bien que le jeune homme était capable de réaliser un véritable massacre il avait décidé de ne prendre pas réellement part au combat ne serait-ce que pour se préserver en cas de victoire de l’un des deux camps. Il lui serait aisé de retourner sa veste le moment venu.

D’ailleurs Abel venait tout juste d’envoyer un nouvel homme à la mer qu’il ressentit une cosmo-énergie s’intensifier et à peine eu-t-il le temps de tourner la tête vers la droite qu’une rampe de glace s’était formée entre son petit bateau et l’immense navire qui venait de se joindre au combat. Il s’agissait d’une jeune fille, sans doute à peine plus âgée que lui et qui possédait une curieuse chevelure rosée, chose rare surtout dans les parages. Elle était habillée comme la plupart des autres pirates mais avait un petit quelque chose en plus qu’Abel ne saurait nommer. Sans doute cette grâce en combat alternant deux éléments et cette poitrine qui était… généreuse et venait subitement se coller au visage du jeune homme qui ne l’avait pas vu venir ! Cette poitrine pouvait sans aucun doute faire concurrence à celle de sa jolie auburn d’ailleurs.

« Pouhouhou. »

Le malheureux essayait d’articuler sans pour autant à réussir. Après quelques secondes gênantes, Abel faisait basculer la jeune demoiselle sur le côté la protégeant d’un coup d’épée au passage. User de sa cosmo-énergie était tentant sauf qu’il sentait avoir une carte à jouer auprès de « Miss grosse poitrine ». Par chance l’arme du bandit était planté dans le bois du bateau et le borgne réussissait même à en casser la lame en tapant dessus avec son pied. Il se redressa rapidement pour se mettre entre la Rose et le pirate.

« Je suis un non violent, stoppes toi là et tout ira bien. »

Il levait les poings jouant la comédie tel un combattant ne sachant pas se battre. Quand le pirate dégaina un pistolet pour le pointer sur lui, le sourire aux lèvres.

« On dirait que tu n’auras pas le temps de cogner mon mignon. »

PAN, une détonation venait de retentir et Abel pouvait voir son adversaire s’effondrer sur le sol, agonisant. Relevant la tête, il pouvait voir celui qui l’avait sauvé : Liam ou Nereus pour ceux connaissant sa véritable identité. Le capitaine du second navire pirate jouissait d’une solide réputation parmi les mers qu’il avait déjà arpenté, chasseur les navires d’esclaves et autres pirates impitoyable.

« Réa ! Je t’ai pas appris à rester au sol ! Bouges-toi ! La seconde du Phoenix des Mers doit toujours rester debout ! » Tonna-t-il sans remord à l’attention de sa seconde car oui Réa était bel et bien la seconde de Nereus, ancien guerrier de Poséidon. Abel se retourna vers la demoiselle aux cheveux roses, étonné d’apprendre son statut. Le capitaine était-il à ce point en manque d’effectif pour recruter cette gamine ?

Te voilà dans une position sacrément équivoque au milieu de ce champ de bataille. Tu rosis quelque peu en constatant le lieu où la tête de l'inconnu s'est logé. Et en plus, il semble manquer d'air ! Tu sursautes un peu pour le laisser respirer, mais bien vite, il te fait basculer sur le côté pour te sauver de cette lame tranchante. Tu as eu chaud, clairement. Mais c'était à toi normalement de sauver les civils et non l'inverse ! Tu secoues la tête pour reprendre tes esprits tandis que le jeune homme semble plutôt bien se débrouiller, brisant le sabre de leur assaillant avant de se placer entre eux.

Plutôt intriguée par cette réaction, tu ne bronches pas, observant la scène. Il lève ses poings, comme s'il était prêt à discuter un match de boxe. Il est loin d'impressionner le pirate ! Mais au moment où tu sens le danger imminent, à ce moment-même où tu prévois de te redresser pour le protéger, un coup de feu retenti. Trop tard ... Tu es surprise de voir le tireur à terre avant que tes iris ne bifurquent vers le nouveau venu.

"Ner... Cap'tain ?"

Te voilà entrain de te redresser péniblement, arborant une moue un peu contrariée sous les paroles de ton ami. Mais dans ces circonstances, il est ton capitaine. Et dans le fond, il a raison. Que faisais-tu, du sol ? Tu aurais dû réagir bien avant.

"Je ... J'ai glissé chef ! Cap ... Capitaine !" Tu remarques à cet instant le regard étrange de l'homme à la tignasse noire. "Quoi ? C'est si surprenant que ça une femme secondant un Capitaine de navire ?"

Mais tu n'as guère le temps de t'épancher que déjà, tu contournes le borgne avant de former un bouclier de glace contrant une lame menaçant de transpercer l'ancien Général. Sans doute se serait-il défendu si tu n'étais pas intervenue. Mais c'est ta mission de protéger ton équipage. Le métal s'entrechoque avec l'eau gelée tandis que soudainement, ton bouclier de fortune disparaît alors que tu lui décoches un uppercut crépitant d'étincelles dans la mâchoire.

"Touché, coulé, mon grand !" clames-tu d'un air triomphant.

Dans le fond, tu t'éclates durant cette bataille. Et tu n'as presque pas cillé lorsque Nereus a éliminé l'un des pirate, sans doute parce que pour toi, ils sont loin d'être innocents. Ils leur ressemblent. A eux, tes bourreaux. D'ailleurs tu tiltes un instant avant de t'approcher de ton supérieur, déposant une main sur son bras.

"On doit vérifier leur navire ... pour voir s'il n'y en a pas ..."

Des esclaves. A voir ton expression, Nereus le devinerait facilement. Car il s'agit de ta seule requête pour chaque vaisseau pirate renversé. Reportant son attention sur le jeune homme inconnu, tu lui adresses cette fois un air sérieux.

"Restez près de nous. Je vous protégerai, je vous le promets."

Abel regarda ce Liam, capitaine du Phoenix des mers pendant des secondes, secondes interminables sur un champ de bataille. Il dégagea quelque chose... un cosmos ? Lui aussi ! Décidément ce second équipage de pirates semblait bien différent du premier. Ce capitaine et son second formaient un curieux duo. Lui était serein, calme et autoritaire alors que la demoiselle aux cheveux roses semblait être tout son contraire. Abel fut également surpris de voir la demoiselle s'adresser à lui en ces termes. Elle était directe, une bonne chose !

"Oui très. Une pirate qui..."
"Je l'ai bien remarqué que tu ais glissé."

Le capitaine pirate venait de couper la parole au borgne sans ménagement, irritant le jeune homme qui faisait alors un effort surhumain pour ne rien montrer. Comment osait-il ? Lui un futur Spectre au Service d'Hades ? Abel devait se contenir pour ne pas griller sa couverture et l'un dans l'autre il y était obligé car le cosmos de ce type aux cheveux verts était plus puissant que le sien. Un guerrier expérimenté... pensa donc le japonais qui n'avait pas vu arriver un nouvel assaillant.

Heureusement pour le Capitaine, sa seconde avait parfaitement joué le coup bloquant l'attaque et maîtrisant l'assaillant. Fière d'elle, la Rose pensait certainement avoir sauvé son capitaine et d'ailleurs ce dernier ne laissa rien paraître mais Abel avait vu l'arme du pirate qui commençait à geler. Le duo était donc capable de se servir de la glace, une donnée à garder pour plus tard. Une fois les dangers les plus imminents maîtrisés, le borgne qui était resté en retrait afin de jouer son rôle de petit innocent écouta leur conversation.

"Pour ça il faudra monter directement sur leur navire. Ce n'est pas sur un petit bateau de tourisme que tu vas trouver des esclaves à sauver."

Le Capitaine semblait toujours aussi détaché par tous ces combats qui se déroulaient autour d'eux et calmement il retira la main de la jeune femme de son bras. Il se tourna vers elle et posa dans le même temps un regard en retrait sur Abel. Il n'adressa aucun mot, simplement un regard pour lui signifier qu'il le surveillait. Avait-il ressenti quelque chose au sujet du jeune héritier ? Quoi qu'il en soit d'un mouvement de bras circulaire, il créa un escalier de glace qui s'éleva avant de se scinder en deux, le coté gauche vers le bateau pirate et le coté droit en direction du Phoenix des mers.

"On ne peut pas sauver tout le monde Réa. Prends gardes à toi. Je t'attendrais sur le pont du Phoenix. Il ne doit plus y avoir beaucoup d'ennemi."

Puis il commença à gravir les marches pour retourner à son poste de commandement, laissant donc Réa et Abel seuls. Le borgne ne sentait pas du tout ce Capitaine qui semblait avoir deviné qu'il n'était pas digne de confiance, sa comédie était donc encore perfectible ! Voulant jouer la carte à fond, Abel s'approcha de Réa timidement, posant une main sur son épaule pour l'interpeller.

"Merci d'être intervenue et désolé si je vous ai vexé... dans mon pays les femmes n'ont pas le droit au chapitre, bien que je ne sois pas d'accord avec ça." Il marqua une pause avant de reprendre : "Vous vouliez parler d'esclave n'est-ce pas ? Le type aux cheveux verts a parlé de ne pas pouvoir sauver tout le monde ? Vous allez nous laisser là ?"

Son bateau n'allait plus tarder à couler, de même que le premier bateau pirate avait pris de sérieux dégâts. Comment pourrait-il survivre au beau milieu de la mer Rouge sans aide ?

Nereus est quelque peu tranchant, et pourtant, tu n’en es pas vexée. Tu sais qu’il prend son rôle de capitaine à cœur et que ta sécurité et celle de son équipage est ce qui lui importe le plus. Bien sûr, tu te doutes que tu ne trouveras aucun esclave sur ce bateau et que tu devras rejoindre le navire au pavillon noir. Tu sais que cela peut être dangereux au vu de l’état des embarcations, mais tu ne peux t’empêcher de risquer ta vie au détriment de celles d’innocents. Son ami la comprend, elle le décèle dans son regard, bien qu’il puisse paraître sévère ou détaché. Tu lui adresses un léger sourire alors qu’il se libère doucement de l’étreinte de ta main avant qu’il ne se détourne de toi. Tu l’admires, surtout lorsqu’il use de son cosmos de glace de cette manière. Tes pupilles d’améthyste se posent un instant sur l’escalier menant à l’autre navire avant que sa voix ne t’interpelle de nouveau.

« Ne t’en fais pas Captain ! Je suis une dure à cuire ! »

Tu arbores un sourire enfantin, sûre de toi. Oui, tu es une dure à cuire et il le sait. Lui connaît ton passé puisqu’il est ton sauveur. Tu ne le remercieras sans doute jamais assez bien entendu. Tu sursautes un peu en sentant une main se poser sur ton épaule, mais ton sourire revient rapidement en constatant qu’il s’agissait du borgne. Il s’excuse à ton grand étonnement. Tu secoues la tête pour le rassurer.

« Non, non ! Ne vous excusez pas ! Je ne suis pas vexée du tout ! »

Tu l’écoutes. Aurait-il peur de ce qu’il pourrait lui arriver ? A lui et à tous ces gens qui n’ont rien demandé, qui souhaitait simplement voyager avant de faire aborder sauvagement par ces monstres ? Tu lui lances un regard compatissant avant de poser à ton tour une main sur son épaule.

« Je vais faire mon possible pour qu’il n’y ait pas de perte innocente. Vous pouvez rejoindre le Phœnix des Mers et vous mettre à l’abri ! Je vais m’occuper des autres ! »

Tu lui adresses un dernier sourire avant de courir vers le mât, t’élevant grâce à un pilier de glace pour donner de la voix. Il faut que tout le monde t’entende alors que la brise caresse ton visage avec douceur.

« TOUS AU PHOENIX DES MERS ! »

Voilà, tu t’es fait entendre alors que tu te précipites déjà sur le pont afin de gravir les escaliers menant au navire des pirates. Mais à peine as-tu mis les pieds sur le pont qu’un impressionnant coup de poing te projette contre une pile de tonneaux qui s’effondrent sous le choc. Ta tête tourne, du sang s’échappe d’une plaie saillante sur ta lippe inférieure alors que tu secoues la tête pour reprendre tes esprits. Ton corps te fait mal, mais tu ne mets pas bien longtemps à te servir de ton cosmos pour apaiser tes maux avant de te relever. Là devant toi, se trouve un véritable colosse qui ne semble pas gêné le moins du monde de cogner une femme.

« Ah … Encore un rustre à qui on n’a pas appris la galanterie ! » Essuyant le liquide carmin coulant sur ton menton – heureusement ta dentition se porte bien malgré tout – tu t’avances vers lui, faisant brûler ton cosmos d’or et d’azur. « Je te préviens, si tu t’écartes pas de mon chemin, je te file une dérouillée dont tu te souviendras devant ton équipage. Ce serait la honte de se faire rétamer par une femme, non ? » Déjà, tes poings crépitaient sous ton pouvoir de foudre, faisant quelque peu reculer le bougre. Tu n’éprouves aucune compassion, tu es prête à l’écraser pour pouvoir fouiller les cales de ce navire. « Tu as le choix. Soit tu libères tes esclaves, soit tu finis en Enfer ! »

Car bien sûr, pour toi, il ne fait aucun doute qu’une pourriture pareille exerce son pouvoir sur des plus faibles que lui.

Rien ne semblait inquiéter cette jeune femme aux cheveux roses qui semblait dans son élément en plein cœur de la bataille. Elle avait des objectifs et faisait tout pour y parvenir provoquant chez Abel une certaine admiration. Il aimait les personnes sachant ce qu’ils voulaient, qui n’avaient pas froid aux yeux et qui se battaient pour accomplir leurs objectifs. Bien que primaire, elle maitrisait son élément pour preuve cette immense pilier de glace apparut uniquement pour la soulever dans les airs. Tous au Phoenix des mers cria-t-elle… et la réaction des pirates de ce même bateau montrait qu’elle jouissait tout de même d’une certaine autorité.

A peine eu-t-elle sautée sur le bateau ennemi que le borgne sauta sur l’escalier de glace formé par le Capitaine un peu plus tôt. La Rose n’avait pas réfléchi que plusieurs constructions de glace sur un même bateau risqueraient de le faire couler, ce qui ne tarda pas. Faut dire que l’embarcation venant d’Inde n’était pas très solide et avait subi pas mal de dégât à cause de l’assaut. S’accrochant donc à l’escalier, Abel se remettait péniblement sur ses deux jambes, les éclats de bois dans son bras l’empêchant de faire mieux.

Il avait donc le choix et savait très bien que l’autre type aux cheveux verts devait le regarder. Il allait devoir justifier ce futur coup de folie s’il ne voulait pas être la source de quelques interrogations du second équipage pirate. Naïvement et surtout bien trop tard pour que Réa puisse l’entendre il cria :

« Attendez-moi ! Vous risquez votre vie ! »

Et le jeune héritier prenait l’escalier menant au premier bateau pirate, essayant de suivre de son mieux la seconde du Phoenix des Mers qui avait rapidement disparu de son champ de vision. Il y avait encore quelques combats et un peu plus loin sur sa droite Abel réussissait à voir Réa qui était en plein combat avec un immense colosse. Plusieurs pirates ennemis et éventuellement amis se trouvaient sur sa route et il allait devoir jouer des coudes pour arriver de nouveau jusqu’à la demoiselle.

« Ah non toi tu ne vas pas abimer mon ticket pour l’Egypte. » Grommela Abel qui s’élançait à son tour dans la bataille toujours en prenant grand soin de ne pas utiliser son cosmos. Heureusement qu’il avait bénéficié d’un entrainement difficile au sein du Manoir Familial lui permettant d’avoir de bonnes dispositions au combat et de bonnes aptitudes physiques sinon il n’aurait même pas tenu trente secondes. Il glissa sur le pont mouillé évitant au passage un coup de sabre avant de sauter sur un des canons pour finalement, dans son élan, venir plaquer l’immense pirate au sol.

L’impact avait eu pour effet de couper la respiration de l’ennemi et ils s’effondrèrent tous les deux sur le pont, explosa au passage un tonneau de rhum. Les deux combattants étaient trempés et rapidement Abel se retrouva soulevé du sol par le pirate qui lui envoya une droite en plein dans la mâchoire le projetant à l’intérieur de la cabine du capitaine. L’intérieur était pour le moins banal avec toutefois un bureau ainsi qu’un lit mais aucun objet de valeur ou autre qui mériterait son attention. Le pirate qui ignorait désormais Réa pénétra à la suite dans la cabine pour de nouveau saisir Abel par le col, Abel qui bien qu’il n’avait pas vu le premier coup venir, se laissait faire pour les besoins de son plan. De nouveau un poing heurtait son visage puis un second au niveau de son estomac et il termina à genoux, le souffle coupé à son tour.

La tentation de se servir de son pouvoir était grande mais au lieu de cela il attrapa une carafe de vin à moitié renversée sur le sol qu’il lança au visage de son agresseur lui permettant ainsi de reprendre un petit ascendant à l’aide d’un direct du gauche faisant basculer le pirate sur la table pour finalement rouler sur le sol. Il semblait KO et le malheureux pourrait certainement remercier Réa et ce fameux Capitaine car s’il ne devait pas tenir son rôle Abel l’aurait certainement tué.

Tu n’obtiens pas de réponse. Car contre toute attente, le borgne que tu avais pourtant invité à se mettre en sécurité préfère jouer les héros en s’attaquant au colosse deux fois plus grand que lui. Il ne tarde pas à se faire évacuer comme une simple mouche virevoltant au mauvais moment, au mauvais endroit. Mais alors que tu es prête à agir, à retenir l’homme pour éviter que l’innocent ne finisse en pièces, voilà que les quelques pirates restants décident de te saisir par les deux bras de sorte à te neutraliser. Tu te débats.

« Retirez vos salles pattes de là ! »

Ne voyant aucune réaction à ta sommation, tu concentres ton cosmos afin de leur envoyer à chacun une décharge d’éléphant. Mais tu ne tiendras pas ainsi éternellement, l’utilisation de ton cosmos a aussi ses limites, tu es encore quelque peu novice contrairement à Nereus. Une fois libre de tout mouvement, tu accoures dans ce qu’il reste de la cabine, constatant avec ahurissement que le colosse est désormais KO, au sol. Là, tes iris se posent sur le borgne qui semble tout de même très amoché.

« Mais … Pourquoi avez-vous fait cela ? Vous êtes inconscient ! Vous auriez pu vous faire tuer ! »

Déjà, tu te précipites vers lui pour l’ausculter en vitesse, insufflant un peu de ton cosmos gelé sur sa cheville endolorie, ses plaies afin qu’elle ne cesse de saigner pour enfin finir par prendre son visage entre tes mains. Encore un geste déplacé de ta part, mais pourtant, tu ne t’en soucie guère. Le jeune homme peut désormais ressentir une petite vague de froid visant à soulager les coups portés par le gorille. Tu soupires finalement, voyant qu’il n’a rien de réellement grave avant de relâcher son fasciés abimé.

« En tout cas … Merci. D’avoir voulu m’aider. Mais ce n’était pas votre rôle, je savais parfaitement quel danger je courrais. Ma vie vaut d’être risquée si c’est pour en sauver des dizaines d’autres voire plus. »

Sans réellement lui demander son avis, voilà que tu passes son bras sur tes épaules pour l’aider à prendre appui. Tu ne le laisseras pas en proie au milieu d’un champ de bataille. En sortant de la cabine, tu croises quelques membres de ton équipage. Tu les interpelles.

« Allez voir dans les cales, faites sortir un maximum de monde s’il vous plait ! »

A l’accoutumé, tu y serais allée toi-même, mais tu ne peux pas confier la vie d’un homme qui a cherché à te venir en aide, à qui que ce soit. Il est de ton devoir de lui rendre la pareille. Tu avances, au rythme du borgne, veillant à ce que vous ne subissiez aucune attaque.

« Au fait ! Je suis Réa, et vous, Monsieur le Héros ? »

« Que ne ferais-je pas pour secourir une jolie demoiselle n’est-ce pas ? »

C’était par cette déclaration que le borgne répondait à la fille aux cheveux roses tout en essayant de jouer les séducteurs. Il ne pouvait pas dire que c’était pour donner le change, acquérir ses faveurs et donc trouver le moyen de se rendre en Egypte pour retrouver la trace de ces fameux écrits. Il avait déjà traversé une bonne partie du globe, ce n’était pas pour s’avouer vaincu devant quelques pirates sentant aussi fort qu’un yacht ! Cette demoiselle, elle, sentait très bon. Abel avait pu le remarquer lorsqu’elle s’était précipitée pour venir lui apporter les premiers soins à l’aide de son cosmos. Maitriser l’élément de glace pourrait s’avérer utile dans le futur, Elyn maitrisant le feu, le duo pourrait avoir un sacré panel à leur disposition. Tout cela pour servir les intérêts du jeune homme bien entendu !

Abel était toutefois étonné de voir Réa prendre son visage entre ses deux mains de cette façon. Les deux jeunes gens étaient si proches à cet instant que certaines pensées malsaines commençaient à émerger dans son esprit.

« C’est le devoir un gentleman que de secourir une lady. » Venait de déclarer Abel sobrement. Bien qu’habituellement joueur, il ne comptait pas se perdre en surjouant et en débitant tout un tas de bêtise. Néanmoins devant les nouvelles paroles du second du Phoenix des Mers, il ne pouvait s’empêcher d’ajouter : « Et la mienne vaut également d’être risquée si c’est pour secourir la vôtre. » Indirectement, le futur Spectre jouait les charmeurs avec la jeune femme. Pour lui, il y avait un coup à jouer et il comptait bien le jouer à fond ! La demoiselle semblait tellement vouloir sauver tout le monde qu’il y voyait là une faille dans laquelle il allait s’engouffrer.

A l’extérieur, les combats bien que baissant en intensité si on faisait attention au bruit continuaient à faire rage. Quelques détonations se firent entendre ainsi que des cris. Réa, consciente des blessures bien que minimes d’Abel n’hésita pas à se muer en appui pour lui permettre de bouger en direction de la sortie. Il avait réussi à attirer son attention. Une fois dehors il y avait effectivement beaucoup moins de combattants ennemis et plus de pirates venant du Phoenix des mers, il y avait même des traces de glace sur le pont montrant indirectement que le Capitaine aux cheveux verts avait pris de nouveau part aux affrontements. Sans doute avait-il voulu lui aussi protéger ses hommes.

Réa ordonna à des membres de son équipage de fouiller les cales tout en continuant d’escorter Abel qui se stoppa pour se présenter à son tour.

« Abel, enchanté de faire votre connaissance. Je peux marcher tout seul ça va aller. » Il fixa le capitaine qui était droit devant mais qui était trop loin pour s’adresser à eux directement et força Réa à se retourner pour revenir en arrière.

« Nous devons nous rendre dans aux cales, si il y a des malheureux à sauver nous devons agir ! J’ai vu le sort qu’il réserve à leurs marchandises humaines sur les marchés d’Inde et on ne doit pas l’ignorer. »

Honnêtement il s’en moquait royalement mais peut-être que ce genre d’acte lui permettrait de berner la Rose et son Capitaine. Ce type aux cheveux verts avait une tête qui ne lui revenait pas et il était impossible de savoir ce qu’il pensait.

Abel attendait donc la réaction de Réa.

Tu rosis ... Non, tu rougis même ! Et l'ombre d'un instant tu détournes le regard. Il faut dire que personne n'avait jamais cherché à te charmer aussi délicatement. Tu as plus l'habitude des vieux rustres pervers et belliqueux, tout le contraire de ce gentleman qui te fait face. Oh, Nereus te traite bien, il est gentil, mais jamais il ne se permettrait. Tu es sans doute trop jeune pour lui. Mais il est temps de sortir le joli coeur de ce pétrin ! Te voilà déjà entrain de lui servir d'appui pour rejoindre le pont, t'assurant que les hommes du Phoenix des mers puisse gérer ta tâche.

Le chemin est quelque peu glissant, mais cette fois, tu fais attention où tu mets les pieds pour éviter une nouvelle frasque dans les bras du borgne. D'ailleurs, tu ne t'es pas présentée, quelle impolitesse ! Tu ne manques pas de lui donner un prénom sur ton visage avant qu'il ne se présente à son tour, avant de t'informer qu'il peut marcher seul.

"Vous êtes sûr ? Il vous a tout de même bien malmené !"

Il semble qu'il observe au loin, tu te demandes bien ce qui a attiré son attention, mais bien vite, il reprend ses esprits et te force à te retourner alors tu lui lances un regard interrogateur. Tu récoltes une réponse avant même de lui poser la question. Alors, il souhaite sauver les esclaves, lui aussi ? Tu te stoppes un instant, clignant un instant des yeux. Mais tu n'as pas le temps de réprimer cette tristesse qui marque tes iris à l'accoutumé si pétillants.

"Je ... Je pense savoir ce que c'est ... Ce qu'ils leur font subir ..." Tu marques une pause avant de reporter ton attention sur Abel. "Enfin ... Je veux dire, à force de naviguer sur les mers, j'ai pu voir quelque exemples." Tu réfléchis un instant. "D'accord, je vous suis, mais je vous en prie, prenez garde à vous. Ce n'est initialement pas votre bataille, mais la mienne. Je ne comprends pas comment certains hommes peuvent être aussi cruels. Comment peut-on se servir d'un être humain comme d'un objet ? Ca en devient invraisemblable ..."

Tu finis par adresser un léger sourire au jeune brun avant de te diriger vers les cales. Heureusement, il ne reste plus énormément d'ennemis. Un que tu maîtrises de nouveau grâce à ton pouvoir de foudre assez facilement. Et un autre qui s'enfuit à votre arrivée.

"A croire qu'il ne reste que les lâches ici ..."

Tu parviens à détecter une trappe au sol alors que tu y accoures. Celle-ci est verrouillée par une chaîne et un cadenas. Tu l'attrapes entre tes doigts, gelant la structure de métal jusqu'à la fragiliser. Puis tu attrapes le premier sabre que tu trouves abandonné au sol pour briser la chaîne. Mais à l'instant où tu te saisis du loquet, tu as un instant d'hésitation, alors que ta respiration semble se couper un instant.

Et d'un geste, tu ouvres la trappe, pour laisser place à un escalier sombre. Et sans attendre un instant, tu t'y engouffres.

"Je ne suis pas d'accord, ces hommes ont attaqué mon bateau en premier pas le votre. Techniquement c'est ma bataille." Répondait Abel tout en arborant un sourire malicieux. La demoiselle venait d'accepter sa requête concernant le sauvetage des potentiels esclaves. Bien son plan se mettait doucement en place, en gagnant sa confiance elle tiendrait sans aucun doute avec lui en cas d'accrochage avec ce capitaine aux cheveux verts et peut-être même qu'elle pourrait l'aider à gagner l'Egypte. Le borgne nota toutefois qu'elle semblait plus que touchée par les esclaves et ce que les pirates pourraient leur faire subir. Un moyen de pression pour la suite ? Peut-être....

En tout cas le futur spectre ne répliquerait certainement pas à la mention "jouet" des êtres humains. Il n'était absolument pas d'accord avec ça, son jouet était parfait et si divertissant. Avoir une Elyn comme servante était vraiment quelque chose que chaque Homme devrait tester dans sa vie. Une Elyn ça offrait tellement de possibilité, d'opportunité... Il devrait peut-être établir un petit commerce dans le genre en Inde. Il paierait quelques mercenaires avec les profits de son accord avec l'autre chef de clan Japonais, ils captureraient quelques pêcheurs pour en faire des esclaves, ils seraient façonnés puis vendus aux plus offrants. Oui Abel tenait quelque chose là !

Le duo progressait jusqu'à tomber sur un pirate foudroyé rapidement par la Rose et un autre qui prenait la fuite. Et comme Réa venait de le dire, il ne devait plus rester que des lâches.


"Je confirme que des lâches... mais je pense que c'est légitime. Il faut être lâche pour s'en prendre à de pauvres personnes sans défense."

Et voilà un nouvel argument pour avoir la demoiselle de son coté, Abel le manipulateur était dans la place. Personne ne pouvait lui barrer la route lorsqu'il avait un objectif en tête et là il le démontrait aisément. Il agissait comme un véritable serpent, reptile au sang froid capable d'attaquer en une fraction de seconde. Le borgne resta en retrait lorsqu'ils découvrirent la trappe et put constater une nouvelle fois l'utilité d'un pouvoir de glace.

Amicalement, comme pour la soutenir Abel posa sa main sur l'épaule avant que Réa ne s'engouffre en prenant les devants. A peine le duo en bas qu'une forte odeur, nauséabonde s'infiltrait dans leurs narines. Un mélange immonde d'ammoniac, de sang et d'autres odeurs qu'il ne valait pas mentionner. Il n'y avait que des femmes, toutes nues et attachées au niveau des poignets. La plupart avaient perdu connaissance, certaines étaient très certainement mortes, d'autres avaient le regard vide comme si elles n'attendaient plus rien de cette vie.

De nouveau, le borgne posa sa main blessée sur l'épaule de la Rose lui signifiant encore qu'il était là, dans cet enfer avec elle.

"Réa..." Oui il connaissait son nom vu que son Capitaine l'avait employé un peu plus tôt "Je pense qu'il serait judicieux de remonter et de couler le bateau. C'est cruel à dire mais parfois la mort... la mort est la seule solution."

Comment les éventuelles survivantes pourraient se reconstruire après une telle épreuve ? Comment la vie pourrait les accueillir après cela ? Elles avaient vu le pire de l'humain, ses vices que même les dieux ne pourraient accepter. Le jeune homme s'approcha d'une des esclaves pour prendre son pouls, cette dernière semblait encore vivante et elle murmura péniblement.

"Ache... vez... moi... itié..."

Il posa donc son unique oeil ambré en direction de Réa pour finalement sortir un poignard de sa poche. Feintant quelques tremblements Abel regarda Réa durant quelques secondes.

"C'est à toi de décider... C'est ton navire, c'est à toi de voir si elles ont encore une chance dans ce monde qui leur a tout prix."

Il attendait une réponse avant d'éventuellement agir. A l'extérieur de nouveaux bruits sourds se faisaient entendre, la bataille semblait toucher à sa fin et le bateau n'en avait plus pour très longtemps.

Tu es entrée, sous les encouragements silencieux du jeune Abel. Tu t'es trouvé un allié dans cette affaire. Tu portes une main à ta bouche alors que la nausée te gagne. Cette odeur, si répugnante, si forte ... Tu la connais. Tu as baigné dans une telle atmosphère toi aussi. Mais, tu es bien loin d'imaginer ce que tu vas trouver dans ce sombre recoin du navire pirate ennemi. Pires horreurs que tu n'as vécues. Bien pire. Et toi qui pensais avoir vécu l'enfer ...

"Bon sang ..."

Tu te figes, choquée par cette scène, ces images horrifiantes. Ces jeunes femmes, meutries, dont la vie de certaines ne tient plus qu'à un fil et pour d'autres ... Tu réprimes une forte nausée alors que tu détournes le regard. Ton sort te paraît bien tendre face au leur, bien que personne ne peut minimiser tes années de souffrance, de maltraitance, d'esclavage.

"La mort est la seule solution."
"On ne peut pas sauver tout le monde."

Deux voix différentes raisonnent dans ta tête. Et alors que tu poses les yeux sur cette pauvre femme qui vous supplie de mettre fin à ses tourments, le désespoir t'envahit. Toi qui a pourtant promis de déborder de joie et de vie. Tu ne peux réprimer cette souffrance qui te hante, le fait que tu ne puisses rien faire pour ces demoiselles.

Tu déglutis, observant cette lame brillant à la faible lueur des torches qu'Abel dégaine. Il tremble. Bien sûr. Tuer quelqu'un n'est guère facile, bien qu'à cet instant, tu ne peux que constater que la mort ne serait que délivrance. Tu hésites en fixant l'arme blanche. Tu secoues la tête.

"Non. Arrête ... Arrête."

La tristesse marque tes traits. Il n'y a plus aucune lumière dans tes pupilles si pétillantes à l'accoutumé. Tu ne te rends même pas compte que tu es soudainement plus familière avec le borgne, tout comme lui l'a été avec toi. Tu t'avances vers la jeune femme suppliante, à bout de force. Il ne lui faudrait pas grand chose pour rendre son dernier soupir. Tu t'agenouilles à ses côtés, lui offrant un sourire feint, comme si un ange l'accompagnait pour ses derniers instants.

"Ca va aller."

Ton cosmos illumine la cale alors que l'atmosphère se glace. Tu poses une main sur sa poitrine pour y insuffler ton air glacial, jusqu'à ce que son coeur ne cesse sa faible mélodie. Et voilà, tu l'as soulagée. Tu ne peux pas réellement te résigner à penser que tu as pris une vie. Non, ils l'ont fait à ta place, ces pourritures. Tu étends ton pouvoir afin que chacune puisse reposer en paix avant de te lever, tes mèches rosées dissimulant les larmes roulant sur tes joues pâles.

"Allons-nous en. Tu devais rejoindre le Phoenix, Abel."

Sans attendre, tu quittes la pièce sans même te retourner alors que tu foules de nouveau le pont. Ton regard cherche quelque chose de précis avant que tu ne reviennes vers la cabine. Le bateau n'est pas bien loin du naufrage, mais ça t'importe peu. C'est là que tu le vois, encore un peu sonné alors que du liquide carmin coule de son crâne suite au coup porté par le borgne.

"C'est toi ... Le responsable de tout ça !"

Et ton aura s'étend alors que le givre gagne le bois. Tu t'avances vers lui pour le prendre par le col, plaquant ta paume contre son torse pour lui insuffler une décharge bien plus violente que tu n'en as l'habitude.

"Sale pourriture. Comment as-tu pu leur faire ça ?"

C'est la première fois, que tu sors de tes gonds alors que ta cible ressent ta haine à travers ton cosmos alors que tu le repousses violemment contre la paroi de bois qui volent en éclat. Non, tu ne le tueras pas, mais tu feras en sorte qu'il souffre. Qu'il puisse au moins vivre une bonne partie des tourments de ces innocentes qu'il a corrompues. Certains membres de ton équipage ne sont pas loin alors que tu t'adresses à eux dans un ton sans appel.

"Rejoignez le Phoenix des Mers. Je m'occupe de lui."

Tes iris d'améthyste se posent de nouveau sur le bourreau. Tu ne peux que lire une peur certaine dans son regard alors que tu serres le poing.

"Quelle ironie. Tu passes les derniers instants de ta misérable existence à te faire cogner par une femme. Qu'est-ce que ça fait, hein ?"

Tu as pour principe de ne pas tuer, mais rien ne t'empêche de le laisser pour mort avant qu'il ne sombre avec son vaisseau infernal. Et tu frappes alternant foudre et glace alors que tes joues s'inondent de larmes. Tu ne peux que penser à ces pauvres âmes éteintes, en espérant qu'elles trouveront un jour la paix.

Prendre la vie de cette malheureuse aurait été facile pour Abel, un geste en sa direction, un tout petit geste et la demoiselle attachée aurait pu sentir la froideur de la lame pénétrer sa chaire déjà bien meurtrie. Le borgne feintait l'inexpérience, la peur alors qu'en réalité il avait déjà pris la vie. Il ne suffisait que d'un signe de la Rose, un seul petit signe et il entamerait l'exécution de ces pauvres jeunes femmes. Il attendait donc la réaction de Réa qui ne tarda pas à s'exprimer. Un non et Abel abaissa la lame feinta une sorte de soulagement à ne pas tuer. Silencieux, il se recula pour observer le curieux manège de la femme pirate.

Elle venait s'agenouiller aux cotés de la malheureuse tandis qu'elle même ne semblait plus être aussi débordante d'envie qu'avant de descendre dans cet enfer. Le froid commençait à envahir la pièce faisant sourire discrètement le futur Spectre. Les endormir par le froid était une belle mort, douce et poétique. Peu à peu le froid comme le ferait l'hiver qui s'étend gagna l'ensemble de la pièce venant mordre et endormir chacune des victimes de cette folie humaine. Abel avait bien vu les larmes de la pirate mais qu'aurait-il pu faire à cet instant ? Il lui en parlerait plus tard, par curiosité et pour gagner sa confiance.

Réa déclara qu'il devait rejoindre le bateau de ce capitaine aux cheveux verts et il acquiesça seulement jugeant que le temps n'était pas aux paroles. Cependant elle quitta bien vite la cale du bateau sans même attendre le jeune homme ce qui le laissa dubitatif, si son bon de sortie venait à dérailler il ne donnait pas cher de sa peau. Rangeant son arme discrètement, il monta à son tour les marches pour revenir au point supérieur et il eut juste le temps de voir Réa qui s'engouffrait de nouveau dans la cabine du Capitaine. Le gros lourdeau de tout à l'heure avait l'air effectivement d'être un des décisionnaires sur le bateau de guerre mais n'avait absolument pas la prestance qu'imaginait Abel au sujet d'un capitaine pirate même celui du phœnix des mers ressemblait plus à un capitaine que ce colosse.

Abel, encore une fois en retard, pouvait voir les éclairs quitta la paume de main de Réa pour venir s'enfoncer dans le pirate, si elle continuait ainsi il allait mourir, le cœur d'un humain lambda était si faible. Le borgne pouvait même sentir l’agressivité du cosmos de la jeune femme. Les émotions... il avait abandonné ce genre de chose depuis tellement longtemps, ils ne servaient à rien d'autre que de semer des imprévus sur le chemin de la vie. Soudainement le colosse esclavagiste traversa une des parois de la cabine pour se retrouver de nouveau sur le pont, à la vue de tous.

Il n'y avait quasiment plus d'ennemi et les pirates du Phoenix des Mers s'étaient regroupés tout autour des deux combattants et d'Abel qui restait aux cotés de la Rose au cas où. Cette dernière intima l'ordre à ses pirates de rejoindre le bateau qu'elle s'occupait du dernier de leurs adversaires. Ils obéissaient à l'exception d'Abel qui ne se considérait pas comme un de ses pirates, il n'était que la cible des "méchants".

La demoiselle enchaîna les coups et les larmes tandis que la vie s’apprêtait à quitter le corps de son adversaire. Abel était à ce moment là partagé entre l'envie de la voir prendre cette vie misérable et d'intervenir pour se rapprocher encore un peu plus d'elle. Seulement il n'eut pas le temps de tergiverser qu'une flêche de glace venait fendre les airs pour se planter dans le cœur du colosse. Un regard et il pouvait voir au loin, toujours présent sur son pont le type aux cheveux verts qui regardait la scène de façon impassible.

"Enfoiré..." Grommelait Abel alors qu'il venait se précipiter vers la seconde du navire pour la prendre dans ses bras. Ne sachant pas réellement comment faire il se contenta de la serrer contre lui lui murmurant à l'oreille : "Calmes toi, calmes toi c'est terminé. Penses à ton équipage, ton capitaine...."

Elle devait se calmer et par la même occasion montrer au capitaine qu'il pouvait lui faire confiance, ce qui ne semblait pas gagner.

"Réa."

Abel posa son oeil sur le Capitaine, ébété. Comment avait-il fait pour parcourir une aussi grande distance à une aussi grande vitesse ? Sa puissance dépassait tout ce qu'il avait pu voir jusqu'ici et cela lui donna froid dans le dos. Il avait encore tellement de chose à apprendre pour acquérir un tel niveau. Comprenant qu'il était de trop Abel s'écarta, relachant la jeune femme alors que Nereus venait l'attraper pour la porter. Regagnat le Phoenix des Mers avec Réa dans ses bras, il se retourna pour s'adresser au borgne.

"Bon tu viens ?"

Et il reprenait sa route pour regagner son bateau, laissant Abel seul sur le pont adverse qui devait faire un effort surhumain pour ne pas rétorque un "oui mon capitaine". Laissant un peu d'avance au duo de pirates, il se décida enfin à mettre un pied sur le nouveau bateau. La fête commençait déjà à s'installer, les vainqueurs récoltant les ressources des vaincus. Il resta plusieurs minutes sur le pont supérieur du Phoenix cherchant Réa et Nereus du regard. Personne à l'horizon.

La fête commençait à battre son plein alors qu'un des pirates actionna un des canons de l'armada du Phoenix des Mers. Une salve de boulets venait alors se joindre au premier tir pour terminer d'achever le navire pirate qui s'enfonçait doucement dans les entrailles de la mer. Les pirates criaient leur victoire à coups de pistolets et de bouteilles de rhum ingurgitées.

"Elle est dans sa cabine, tu peux aller la voir si tu veux.... Je ne serais pas loin."

"D'accord."

Et le borgne se dirigea vers la cabine de Réa, se demandant bien quelle serait la suite de son périple après cette curieuse bataille. Il n'y avait donc pas que des personnes se battant pour les dieux capables de maîtriser une cosmo-énergie.

C'est la première fois. Jamais tu n'as été empreinte à une telle haine. Cette vision d'horreur t'a mise hors de toi. A un tel point que la douce Rose est devenue une véritable furie. Tu uses de ton pouvoir pour soumettre le colosse avec une facilité déconcertante. Il n'a pas le temps de rendre tes coups qu'il s'en prend un autre de plein fouet. As-tu conscience que tu vas finir par l'achever à ce rythme ? C'est une flèche de glace venue d'autrui qui met fin au supplice de ton souffre douleur. Tu te figes sur place. Tu sais d'où elle provient. Tu serres les dents alors que les larmes roulent de plus belle sur tes joues. Tu dissimules désormais ton visage derrière tes paumes alors que ton aura se dissipe peu à peu.

Tu ressens une étreinte, entends une voix. Non, ce n'est pas celle de ton Capitaine, mais celle de cet Abel que tu viens à peine de rencontrer. Il cherche à te calmer mais tes sanglots sont incontrôlables. Depuis quand es-tu devenue si faible ? Des images te hantent, traversent ton esprit. Ces souvenirs que tu fais tout ton possible pour taire à jamais. Et cette autre voix, si froide mais pourtant si réconfortante pour toi ... Les bras du borgne la quitte tandis que tu te retrouves tout contre ton Capitaine, apaisant tes larmes. Tu te blottis contre lui, essuyant les perles lacrymales.

"Je ... Je n'ai pas pu... les sauver ... Nere ... Pardon ..."

Tu te mords la lèvre pour t'empêcher de fondre de nouveau en larmes, te laissant porter par le capitaine à la chevelure d'émeraude. Tu te rends bien compte d'avoir pété les plombs, d'avoir dépassé les bornes et agis comme ceux que tu hais de tout ton être. Tu restes désormais silencieuse alors qu'il te dépose sur ta couche, dans ta cabine. Tu l'observes de tes yeux rougis, quelque peu tentée de le retenir. Tu as tant besoin de compagnie. Tu lui poses tout de même une question avant qu'il ne s'éclipse.

"Tu es fâché ?"

Tu attends sa réponse avant de soupirer et de te recroqueviller contre la paroi de bois, tentant de reprendre ta respiration et de chasser ces images choquantes de ta tête. Quelques instants plus tard tu entends ta porte grincer alors que tu relèves les yeux vers celle-ci.

"Nere ? Oh ... Abel ... Comment tu te sens ?"

Les bouteilles s'entrechoquaient, certains étaient déjà bien alcoolisés d'ailleurs. Les champs commencèrent à se faire entendre tandis que le soleil se couchait doucement. Certains pirates se mettaient même à danser et plusieurs groupes se formaient. Dans cette équipage du Phoenix des mers il y avait même des femmes, sans doute issues de sauvetage et elles avaient décidé d'embrasser la carrière de pirate. Abel arrivait enfin à destination, c'est à dire devant la cabine de Réa. La demoiselle avait été particulièrement touchée par ce qu'ils avaient trouvé au fond de ce bateau de l'horreur. Le futur spectre s'arreta devant la porte menant à Réa quelques instants pour se retourner. Il était toujours là, le capitaine du Phoenix... la barbe !

Toujours aussi de curieux de voir comment son ticket vers l'Egypte se portait mais aussi forcé indirectement par ce capitaine aux cheveux verts, il poussa la porte de la cabine pour s'y aventurer. Presque immédiatement Réa, les yeux rouges, lui demandait de ses nouvelles. Quelle charmante personne, toujours à penser à autrui. Il fixa son bras où des échardes de bois dont certaines assez impressionnantes y étaient toujours plantées. La bonne nouvelle c'était que le bras ne saignait plus et de plus, cela ne lui faisait plus réellement mal. L'adrénaline avait pris le dessus durant l'affrontement et peut-être bien que la douleur risquerait de venir mais ce n'était pas le plus important.

"Une simple égratignure et vous ? Désolé de ne pas être la personne que vous vouliez voir à l'instant."

Reprenant les vieilles habitudes qu'il avait avec Elyn, Abel se montrait quelque peu "piquant" avec sa dernière réplique. Il déposa son sac à dos qu'il n'avait pas quitté depuis le début près de l'entrée avant d'effectuer quelques pas, scrutant avec attention la décoration de la cabine. Il finissait par venir s’asseoir sur le bord du lit sans pour autant se montrer intrusif.

"Désolé si dans la cale j'ai pu paraître aussi catégorique. C'est juste que je peux être assez obtus avec ma façon de voir les choses et je ne peux m’empêcher de penser que ta petite cession de boxe est entièrement ma faute."

Il voulait la rassurer avec cette petit blague avant de reprendre un air plus sérieux. Il voulait voir... si elle serait capable de lui donner quelques informations.


"Ta façon de combattre... c'est le cosmos ? Je... je suis étudiant en archéologie et j'ai entendu parler de personnes dont les poings pouvaient fissurer la terre et fendre les airs. Des chevaliers d'Athéna ?"

Allez donnes des informations à Abel, donnes.

Tu entends le brouhaha extérieur. Peu de vos hommes ont remarqué ton état et c'est mieux comme ça. Mais Nereus a fui. Pourquoi t'a-t-il laissé seule ? Est-il en colère après toi ? L'ombre d'un instant tu t'attends à le voir s'aventurer dans ta cabine, mais il s'agit d'Abel qui vient très certainement prendre de tes nouvelles. Il semble quelque peu vexé au vu du ton que tu as employé. Tu secoues la tête.

"N-non ! Ne t'inquiète pas, je ne m'attendais juste pas à toi. Je crois que mon Capitaine est furieux et je ne peux pas lui en vouloir après tout ..."

Tu baisses les yeux, consciente de tes erreurs, de ta soudaine impulsivité qui t'a transformée en une furie sadique. Ca ne te ressemble pas. Et ton ami a pourtant tout fait pour que tu ne deviennes pas ainsi depuis qu'il t'a sortie de cet Enfer qui était le tien. Le matelas s'affaisse quelque peu, t'indiquant que le borgne a pris place non loin de toi avant qu'il ne reprenne la parole. Il s'excuse pour son attitude. Tu relèves ton regard vers lui, l'observant un instant.

"Non. Ce n'est pas ta faute. C'est moi qui n'ai pu supporter cette vision. Disons que la raison de ma présence au sein de cet équipage est justement de libérer un maximum d'esclaves. Mais on me l'a dit. Il est impossible de sauver tout le monde. Je pense qu'il faut que je me rentre ça dans le crâne une bonne fois pour toute, si je veux avancer et ne plus me planter comme je l'ai fait."

Le brun te pose ensuite une question assez inattendue. Mais après tout, le cosmos n'est un secret pour personne. Les non-éveillés ont tendance à être curieux sur cette puissante énergie qui n'est guère donnée à tout le monde. Tu acquiesces alors que tes doigts commencent à crépiter.

"Oui, c'est le cosmos. Je ne sais pas pourquoi je peux le maîtriser contrairement à d'autres. Ca m'est venue comme ça. Mais comme tu as pu le deviner, je ne suis pas un Chevalier d'Athéna. Ils ne sont pas les seuls à être doté de cette énergie comme tu dois sûrement le savoir. Chacun choisit de protéger une divinité. Athéna, Hadès, Poséïdon, Odin ... Je ne les citerai pas tous. En tant qu'archéologue, je suppose que tu dois déjà en connaître un rayon là-dessus !"

Tu lèves une main vers sa joue, sans la toucher alors que tu caresses sa peau juste par une petite vague de froid avant d'esquisser un premier sourire sincère depuis qu'il est arrivé dans ta cabine. Tes doigts glissent jusqu'à cette écharde plantée dans sa chair.

"Laisse-moi m'occuper de ça. Je suis en quelque sorte le médecin de ce navire."

Et te voilà déjà à sauter de ton lit pour ouvrir une petite armoire magnifiquement sculptée dans laquelle tu stockes ton matériel médical. Des linges propres, de l'antiseptique. Ton lieu de vie est pour le moins sobre. Un lit à la couverture immaculé, affublé d'un coffre où tu ranges tes vêtements, un petit bureau où tu déposes ton bric à brac dont de précieuses petites sculptures de glace, certaines offertes par Nereus, d'autres créées de ton propre chef, quelques livres et parchemins et une magnifique plume d'un noir de jais. Tu reviens vers lui avec un linge propre et une bouteille également en bois contenant de l'alcool assez fort pour désinfecter une plaie.

"Euh ... Est-ce que tu pourrais ... enlever ta chemise ?"

Tu rosis légèrement, peu habituée à demander une telle chose à un inconnu. A l'accoutumé, tu t'occupes de Nereus ou de tes hommes que tu connais déjà depuis un moment. Tu souhaites le mettre à l'aise alors que tu enchaînes.

"Et tu pourras peut-être me parler de tes découvertes d'archéologues ?"

Toujours aussi fourbe et calculateur Abel essayait de gagner quelques informations en profitant de l’état de faiblesse de la jeune pirate. La « Rose » ne semblait pas faire partie des chevaliers d’Athéna, de même que l’autre Capitaine aux cheveux verts mais qui étaient-ils dont tous les deux ? Jouant la carte de l’archéologue étudiant le futur Spectre espérait bien gagner quelques réponses. Le borgne apprenait donc qu’elle ne devait sa présence au sein de cet équipage simplement par son souhait de sauver un maximum d’esclave ? C’était tout à son honneur bien qu’il pensait que c’était une perte de temps. Si les esclaves ne voulaient plus être des esclaves ils n’avaient qu’à se battre à cet effet comme lui il allait se battre contre les dieux. Il avait été décidé qu’il serait le jouet d’Hades dès sa naissance et bien Abel ferait en sorte de changer tout cela.

Réa lui confirmait donc qu’elle maitrisait le cosmos et qu’il y avait toute une flopée de divinités ayant des combattant maitrisant la cosmo-énergie ce qu’Abel connaissait déjà en fin de compte. Il se contenta alors d’hocher la tête par l’affirmative ne jugea pas utile de procéder à un débat sur ce sujet-là. Des informations, il voulait des informations à se mettre sous la dent. Il ferme les yeux savourant le contact glacé sur sa joue avant de voir la demoiselle s’occuper de ses petites blessures. Définitivement il avait en face d’elle une bonne personne… et s’il réussissait à la pervertir ? Ne serait-ce qu’un peu ? On ne sait jamais ce que le futur pourrait réserver et cette femme pirate pourrait s’avérer utile pour ses projets.

« Oh on est déjà aussi intime ? » Glissa-t-il taquin avant d’enlever sa chemise conformément au souhait de Réa. Abel n’avait aucune pudeur, conscient que son corps et la gêne qu’il avait cru déceler chez Réa pourraient lui servir à gagner encore plus sa confiance. Et soudain une lueur apparue dans son regard à la dernière proposition de la demoiselle. Tout se mettait tranquillement en place.

« Justement c’est pour ça que je suis là. Je dois me rendre en Egypte pour trouver une ancienne relique. Une relique qui me permettrait de sauver tout le monde, tout le monde. Tu te rends compte de la portée d’une telle découverte ? Ces femmes dans la cale tout à l’heure… si les légendes sont vraies nous pourrions les sauver ! Plus de douleur, plus de larme. »

Il se tourna vers Réa, attrapant ses mains et l’œil pétillant. Arborant son plus beau regard, il la jouait charmeur caressant doucement le dos de ses mains.

« Je vais être honnête Réa… j’ai besoin de toi. Accompagnes moi en Egypte, avec ta force nous serions capable de trouver cette relique. Quittes ton équipage ou du moins temporairement le temps de notre quête. Tu ne le regretteras pas je te le promets. »

Au même moment une vague un peu trop forte venait heurter le navire qui tanguant légèrement mais assez pour renverser Abel sur Réa qui se retrouvait donc sous le borgne. Ne laissant rien au hasard Abel releva une mèche de cheveux rose caressant la joue de la jeune femme.

« Et puis ta compagnie ne met pas déplaisante Réa… »

Oui, tu ne peux t’empêcher de rosir. Tu restes jeune, malgré tout et les hommes de ton équipage sont rarement aussi bien bâti que cette perle que tu as sous les yeux. Il rivaliserait même avec Nereus sur qui il t’est déjà arrivé de baver en secret. Sa petite taquinerie a le don de t’empourprer un peu plus pourtant, mais tu ne dois pas te laisser distraire, tu dois le soigner avec tout. Abel t’a aidé, il mérite ton attention particulière. Tu décides de détourner la conversation sur ses activités, histoire de te rendre de nouveau la tête froide. Tu te stoppes un instant dans tes soins pour boire ses paroles.

« Une relique capable de sauver tout le monde tu dis ? Mais … comment … ? »

Tu es quelque peu abasourdie. Tu n’imaginais pas qu’une telle chose puisse exister. Tu te demandes bien à quoi elle ressemble, quel est son pouvoir. Tu te perds dans tes pensées. Apporterait-elle la paix dans le monde pour abolir toutes les souffrances. C’est un bien grand mot « la paix dans le monde ». Comment faut-il interpréter cette fameuse légende ? Tu as cessé toute tâche un instant, permettant au beau brun d’attraper tes mains au creux des siennes. Tu lèves ton regard vers lui, alors que tes yeux paraissent encore rouges de larmes. Sa proposition t’abasourdit.

« Moi ? Tu aurais besoin de moi ? Vraiment ? »

Tu te mords la lèvre en détourner des pupilles expressives. C’est tout de même flatteur. Tu es pourtant sûre que Nereus ferait bien plus l’affaire pour ce genre de choses. Mais tu te reprends. Oui tu te perds bien vite dans tes pensées. Ca en vaut la peine de se battre pour l’abolition de la douleur. Tu finis par adresser un sourire à Abel tout en hochant frénétiquement de la tête.

« D’accord ! Je t’accompagne ! Et puis, je ne suis jamais allée en Egypte ! Je dois aller prévenir … » Un soubresaut du bateau et tu te retrouves allongée sur le dos, acculée par le bel homme au torse nu. « … Nereus. »

C’est d’un air absent que tu termines ta phrase avant de rougir de plus belle. Quelle position équivoque. Pas pire que la première pourtant. Tu sais ? Ce moment où tu étais tombée sur lui suite à ta petite maladresse ? Aaah, tu sens son contact alors qu’il écarte cette mèche qui te barre la moitié de la vue. Tu l’observes d’un air innocent alors que sa caresse lui permet d’avoir une idée de la température de tes joues, bien qu’en visuel, ce n’est pas difficile à deviner.

« L-la tienne aussi est plutôt … agréable. »

Tu restes immobile un instant. Tu es soudainement relativement nerveuse. C’est tout toi ça. Tu fixes son unique pupille avant de lever une main sur le bandeau cachant son autre œil pour l’effleurer du bout des doigts.

« Un chapeau de pirate, une jambe de bois et un perroquet et tu aurais le look parfait pour être un pirate too much ! » Tu pouffes de rire, voulant dissimuler une certaine gêne, avant de te reprendre, te mordillant la lèvre tout en hésitant. « Ton œil … Que s’est-il passé ? »

Et pendant ce temps, tu es toujours sous ce bel étalon. Tu dois avouer que ce n’est pas si inconfortable comme chute.

« C’est à prendre au conditionnel ne t’emballes pas. »

Abel préférait calmer la jolie demoiselle tout de suite afin qu’elle ne se fasse pas de faux espoirs. Bien sûr il allait tourner les choses de manière à la convaincre mais si le résultat s’avérait décevant Réa ne pourrait pas se retourner contre lui. Il hocha ensuite la tête simplement confirmant que oui il avait besoin d’elle. Un deuxième éveillé au cosmos lui serait d’une grande aide dans son futur périple égyptien surtout qu’il y avait peut-être des pièges dans ce temple. Enfin bref il verrait cela le moment venu.

Réa accepta finalement de l’accompagner alors que dans le même temps le ténébreux se retrouva au-dessus d’elle dans une position sans équivoque. Ne se démontant pas, le borgne en profitait alors pour jouer de ses charmes. La seconde du Phoenix des mers ne semblait pas insensible au numéro de charme du futur spectre, pour preuve elle tenta maladroitement de détourner la conversation. Eclatant de rire à l’idée de se voir affublé d’une réelle panoplie de pirate, il se laissa basculer sur le côté comprenant le message mais se jurant de retenter sa chance sous peu.

« Mon œil ? Un piège en visitant un tombeau en Inde. Les adeptes de Ganesh savent faire peuvent d’ingéniosité pour protéger les temples de leur divinité. »

Bien évidemment il s’agissait là encore d’un mensonge et personne ne devait connaître la vérité sur son accident qui lui a valu la perte d’un œil. La bagarre avec Elyn, la chute… tout cela devait rester secret.

Le duo pouvait entendre que la fête se poursuivait, les chants devenant de plus en plus forts et audibles de même que des coups de feu sans doute pour l’ambiance. Abel se redressa pour attraper sa veste et en sortir le parchemin de papyrus qui l’avait mené jusqu’ici. Le déroulant il le montra à la jeune femme :

« Voici ce qui m’a amené ici. De vieux écrits mentionnant une relique que le père de la médecine lui-même aurait écrit. Il est fait mention que ces connaissances permettraient à n’importe quel Homme de sauver qui il souhaite. » Il marqua une pause pour reprendre : « Il serait dans une crypte secrète d’un monastère en Egypte. Même les moines où je ne sais comment on les appelle ne sont pas au courant. Des pièges sont mentionnés aussi… avec tes pouvoirs de glace notre progression serait plus facile tu comprends ? »

Il remballa le parchemin pour le ranger dans la veste, veste qu’il posa sur un meuble non loin avant de revenir sur le lit, enlaçant la jeune femme. Hors de question qu’elle ne s’en sorte avec une petite blague cette fois. Il caressait lentement sa joue.

« Hors de question de te débiner avec une blague cette fois. »

Et il pencha la tête posant ses lèvres sur celles de la belle aux cheveux Roses.

Ce serait une découverte fabuleuse à ne pas négliger. Après tout, si toi-même peux maitriser deux éléments, pourquoi une telle relique ne pourrait exister ? Abel a beau vouloir te modérer, tu ne peux t’empêcher d’espérer un tel miracle. Toi qui te bats parfois en vain pour sauver les vies de pauvres malheureux, aurais l’opportunité d’enfin tous les sauver. Tu as pris ta décision et tu dois de ce pas l’annoncer à ton Cher Capitaine. Bien entendu, tu ne t’éloignerais de ton équipage que temporairement à moins que Nereus ne souhaite te suivre. Auquel cas, bien sûr que tu accepterais à bras ouverts sa compagnie.

Mais l’océan en veut autrement, puisque tu te retrouves acculée sous la musculature de ton patient. Et quelle carrure ! Parfait, bien dessiné … Attention, tu rougis. Tu pourrais concurrencer les plus grands phares à ce stade d’ailleurs. Tu te sens intimidée, nerveuse, sous la caresse innocente de cet homme qui semble on ne peut plus raffiné. Tu n’as guère l’habitude d’un tel gentleman. Tu finis par trouver une parade même si être charmée ne te déplaît pas.

Tu l’amuses. Et le voir rire de la sorte lui donne un côté mignon. Toi-même tu ne peux qu’en sourire. Tu es désormais libre de tes mouvements et malgré toi tes pupilles curieuses se promènent un instant sur le corps de ton nouvel ami. Quelque peu honteuse de ce regard insistant, tu croises son regard alors qu’il répond simplement à ton interrogation.

« C’est une profession tout de même dangereuse. Tu peux tomber sur tout et n’importe quoi lors de tes explorations ! C’est … courageux de ta part, je trouve … »

Oui, cet homme, tu l’admires beaucoup. Il a fait les frais de la barbarie des adeptes, et pourtant, il poursuit ses recherches à travers le monde. C’est passionnant. Il se redresse. Tu te mords la lèvre alors que tu ne peux que profiter de cette vue de dos qu’il t’offre. Il revient bien vite vers toi pour te présenter un parchemin. Tu ne comprends rien à tout ce charabia ancien et est prête à croire tout ce que le borgne te dit. Il évoque des pièges, c’est là que tu rentres en scène.

« Très bien. Si mes pouvoirs peuvent te permettre de garder ton deuxième œil, je suis d’accord. Il serait bien dommage de ne pas profiter d’un si beau regard. » lui lances-tu, agrémentant tes mots d’un clin d’œil.

Oui cette pupille d’ambre est plutôt atypique. Tu aurais bien aimé pouvoir te plonger dans son regard avant cet accident « Indien ». Il s’échappe de nouveau pour ranger son bien. Il serait dommage d’oublier sa source d’informations au sein de ta cabine. Mais lorsqu’il revient, il s’installe à tes côtés, et s’approche, s’approche encore, jusqu’à t’enlacer, jusqu’à enflammer de plus belle tes joues dont l’une ne tarde à être flattée une nouvelle fois.

« Me … débiner ? »

Tu ne le lâches pas du regard alors que son expression te fait déjà frissonner et que son visage s’approche dangereusement du tien. Tu sens ses lippes effleurer les tiennes alors que doucement tu clos tes paupières. Il s’empare doucement de tes lèvres et toi, tu ne peux que te résoudre à profiter de ce baiser volé. C’est … doux. Réconfortant. Il te fait oublier l’ombre d’un instant ta tristesse, tes désillusions. Il te fait oublier le fait que tu ais été obligée d’abréger les souffrances de ces jeunes femmes meurtries.

Tout oublier. Ce n’est pas donner à tous les coups. Te vider la tête … C’est désormais ta main, qui parcourt sa joue, descendant lentement sur son torse, alors que tes lippes viennent une seconde fois à la rencontre des siennes, toute gêne ayant disparu. Ce n’est qu’au bout de quelques secondes que tu romps l’échange, le visage voilé de rose alors que tu te questionnes sur la suite. Tu déglutis, détournes le regard tout en te mordillant la lèvre.

« Je … je peux les avertir plus tard de mon départ … »

Serait-ce une invitation à quelque chose ? Tout dépend comment le prendrait le borgne.

Abel n’avait pas hésité, sûr de lui et de ses charmes. On ne pouvait pas vraiment parler de don mais le borgne avait toujours eu un certain succès auprès de la gente féminine. Il eut un petit temps d’arrêt, d’observation une fois que le premier pas eut été fait puis délicatement Réa venait attraper ses lèvres pour un nouvel échange. Une douce sensation envahissait le jeune homme, qui, il devait bien l’avouer, ne s’était pas attendu à une telle rencontre lorsqu’il avait embarqué dans cette petite embarcation de pêcheurs indiens.

Les paroles de Réa qui suivirent étaient des plus explicites et lorsqu’elle détourna le regard le borgne venait saisir son menton afin qu’elle le regarde. Son sourire était tendre et il venait prendre ses lèvres une nouvelle fois avec douceur mais de manière plus furtive cette fois.

« Regardes moi, ne fuis pas. » Disait-il simplement avant de plonger dans le cou de la Rose pour y déposer plusieurs baisers. Il parcourait la peau de la demoiselle avec une extrême précaution, retirait ses vêtements tendrement pour passer le reste de la nuit dans la luxure….

******************************************************************

La nuit avait été courte pour les deux jeunes amants et encore plus pour le reste de l’équipage qui ne s’était pas privé pour festoyer après la victoire acquise au combat. Lorsque Réa se réveillerait, un simple drap la couvrant, elle trouverait son amant d’une nuit assis à son bureau en train de travailler sur le parchemin. Il attendait patiemment qu’elle se réveille afin de pouvoir programmer leur petite escapade archéologique.

« Capitale… hum je doute que l’endroit soit ouvert aux visiteurs il va donc falloir ruser pour y entrer. Monastère Saint Catherine… »

Il se parlait à lui, donnant quelques noms çà et là sans pour autant savoir que Réa était peut-être réveillée ou non. Cette relique ou ces écrits pourraient lui permettre d’acquérir une certaine puissance, puissance qui pourrait lui être utile dans son combat contre les dieux et déesses. Le jeune homme ne comptait pas perdre son principal objectif des yeux. Il devrait aussi trouver un moyen de quitter Réa en bon terme, se retrouver avec un équipage de pirates aux fesses n’était pas une bonne solution surtout avec ce Capitaine taciturne qui ne semblait pas enclin à plaisanter.

Tout d’abord, régler cette quête et après on verra pour Réa et puis il n’était pas exclu qu’un piège s’en occupe à sa place…. Il souriait, conscient d’être un être abject bien comme il faut. Donc maintenant il devait gagner l’Egypte et si Réa n’avait pas de plan il allait falloir convaincre tête de cactus (comment ça plagiat ?) de les conduire jusque-là. Ensuite trouver le monastère et après trouver cette crypte secrète et la relique. Il n’était qu’au début de son aventure et il avait déjà embarqué d’un navire de pêche empestant la morue, combattu une bande d’esclavagiste et coucher avec une femme pirate. Un vrai scénario digne des douze travaux d’Hercule !

Un sourire charmeur, des traits harmonieux, un regard intense. Tu n'as pu résister bien longtemps, te laissant aller aux plaisirs de la chair avec cet homme qui t'est presque inconnu. Mais qui te blâmerait, après ce que tu viens de vivre ? Une nuit d'oubli ne fait de mal à personne. Une simple nuit qui t'a permise de t'endormir profondément entre les bras d'un amant éphémère. Tu es forte, oui. Mais cela ne t'empêche guère de chercher du réconfort auprès du sexe opposé, surtout lorsqu'il te tend la main de la sorte.

C'est une voix qui te tire de ton sommeil. Cette voix qui t'a murmuré à l'oreille toute la nuit durant vos ébats. Cette voix qui t'a fait sourire plusieurs fois les dernières heures. Tu ouvres lentement les paupières, clignant plusieurs fois avant de te redresser, remontant le drap pour dissimuler tes courbes. Tu l'observes un instant avant de te redresser dans le plus grand silence, attrapant une chemise ample dans ton coffre à vêtements pour l'enfiler. Oui, une chemise empruntée il y a longtemps à Nereus que tu gardes précieusement. Puis tu t'approches d'Abel glissant à l'oreille un "Bonjour" plutôt sensuel avant de te pencher un peu plus pour observer ce qu'il fait.

"C'est plutôt rare qu'un amant d'une nuit ne déguerpisse pas avant le réveil. Gentleman jusqu'au bout, mon Cher." Tu lui adresses un nouveau sourire taquin finissant de boutonner ta chemise avant de remettre ta chevelure rosée en ordre. "Tu as trouvé de nouvelles informations intéressantes ?"

Tu t'assois sur le bureau, attendant une réponse. Tu es on ne peut plus sérieuse désormais. Tu as repris tes esprits et tente par dessus tout à oublier tes mésaventures de la veille. Tu te laisses très rarement abattre, et ce matin, tu comptes bien remonter rapidement en selle et prouver à ton partenaire archéologue que tu es capable de mener une mission à bien. Tu arbores une moue alors que ta main attrape son menton sans réelle gêne.

"Hmm ... Il ne t'a pas loupé cet affreux lourdeau. Abimer une si belle bouille, c'est dommage." Tu passes de nouveau ta main sur sa joue afin d'y insuffler ton air glacial avant de la retirer. Puis tu te penches de nouveau sur ces parchemins pour toi incompréhensibles, comme si tu cherchais à y trouver un sens. "Ils parlent des pièges qui nous attendent là-dedans ? Enfin ... Non, je suppose. Ce serait pas drôle sinon."

Tu t'étires félinement, mettant ta main devant ta bouche pour bailler en toute grâce avant de planter ton regard dans celui de ton amant d'une nuit. Tu réfléchis un instant avant de lui proposer quelque chose avec une certaine naïveté, n'ayant pas réellement remarqué les rapports froids entre Nereus et Abel.

"Je peux demander à l'équipage de nous emmener là-bas. Peut-être même que mon Capitaine pourrait nous aider."

Il avait bien eu l’impression que quelqu’un bougeait derrière lui et cette impression était rapidement confirmée par le « bonjour » chargé en sensualité de Réa. Aussitôt souriant Abel se tourna vers elle pour mieux la regarder, la demoiselle avait enfilé une chemise bien trop grande pour elle ce qui lui donnait un certain charme. La Rose ne tarda pas à taquiner son amant sur le fait qu’il était toujours présent et qu’il ne s’était pas sauvé. La remarque accentua son sourire avant qu’il ne réponde directement sans fioriture :

« Oh c’est simple, étant sur un bateau au milieu des mers je ne voyais pas où je pouvais me cacher. » Répondait-il donc taquin. Même si elle n’était pas censée le savoir c’était vrai en un sens et de plus le borgne avait toujours besoin d’elle pour au moins se rendre en Egypte.

Alors qu’elle était en train de réajuster sa tenue ainsi que sa coiffure Abel reportait son attention sur le parchemin qu’il connaissait désormais presque par cœur. Réa de son côté venait s’assoir sur son propre bureau.

« Rien de plus que ce que je ne sais déjà, j’aime bien ne rien devoir au hasard… Pour être franc j’ai toujours la bataille d’hier en travers de la gorge, j’aurai dû le prévoir. » Il marqua une pause avant de regarder de nouveau la demoiselle. « J’espère que tu ne m’en veux pas d’utiliser ton bureau, je ne voulais pas te réveiller. »

C’est alors qu’elle attrapa son menton sans retenue pour mieux observer les blessures parant son visage borgne. Tout d’abord étonné Abel comprenait mieux lorsqu’il venait à ressentir un léger froid contre sa peau. Définitivement ce pouvoir pourrait lui être utile à l’avenir. Il ne faisait aucun commentaire sur le Capitaine pirate qui l’avait arrangé de la sorte mais essaya de répondre à la question concernant les pièges :

« Hum non aucun commentaire malheureusement. Je sais juste par expérience que les pièges sont tous sensiblement identiques, trappe qui se dérobe sous nos pieds, glissement de rocher, flèches ou fléchettes passant à travers de minuscules trous. La différence que l’on pourrait trouver ici en comparaison à des tombeaux nordiques ou européens serait la présence de serpents ou bestioles exotiques. »

Il posa alors une main sur la cuisse de son amante, caressant machinalement celle-ci comme il lui arrivait de le faire avec Elyn, une méthode pour mieux se concentrer semble-t-il.
« Si tu es d’accord j’aimerais que l’on enquête un peu sur les différents tombeaux et les pièges rencontrés en Egypte avant de se lancer dans cette crypte. Il serait dommage d’abimer un aussi corps d’autant que je pourrai encore en avoir l’utilité… » Abel lui adressa un sourire avant de poursuivre : « Oui ce serait le plus simple que ton équipage nous emmène là-bas. Tu crois que nous sommes loin de l’Egypte ? »

Il finissait par se lever pour venir contre Réa, incitant ses jambes à enserrer sa taille. Caressant sa joue il venait voler ses lèvres avec douceur pour murmurer :

« Par contre j’aimerai que l’on parle de notre objectif à personne. Je sais par expérience qu’il faut englober le moins de monde possible. Ce sera notre petit secret à tous les deux d’accord ? »

L'imprévu semble contrarier Abel. Pourtant, ne doit-il pas faire face à de nombreuses surprises en tant qu'archéologue ? Tu ne peux pas croire que tout puisse se passer comme prévu. Il existe de nombreux obstacles et accidents. Tu ne fais que hocher la tête lorsqu'il te demande si tu ne lui en voulais pas d'utiliser ton bureau. Ton attention est déjà prise par cet hématome qui orne désormais sa joue. Une conséquence de ton sauvetage. Un acte héroïque de sa part. Mais déjà, il embraye sur la réponse à ta question. Rien ne fait mention des pièges, mais le borgne est un expert en la matière, te donnant quelques exemples sur ce qui vous attend.

Des serpents et des bestioles exotiques ? Ca aurait fait reculer un grand nombre de demoiselles. Mais pas toi. Tu es intrépides. Après tout une petite bête ne va pas manger la grosse ! Bien que tu as conscience qu'un serpent ou un scorpion serait capable d'assommer un éléphant avec leur piqûre. Tu réfléchis quelques instants alors qu'un contact te fait légèrement frémir. Intriguée, tu poses les yeux sur ton ami et amant d'une nuit qui ne semble pas se rendre compte de son propre geste apparemment instinctif. Tu le laisses faire, après tout, ce n'est pas désagréable. Il te suggère d'enquêter un peu plus avant d'implicitement te faire comprendre que votre nuit d'amour pourrait éventuellement se reproduire. Tu souris, d'un air malicieux.

"Excellente idée. Enquêtons."

Tu ne lui diras rien de plus. Après tout, tu sais aussi te faire désirer lorsque tu as pris confiance en toi. Ton idée de demander à l'équipage de vous emmener sur place semble bonne, puisqu'il acquiesce à celle-ci.

"Hmm ... Je pense que nous avons encore au moins deux jours de navigation. Ca nous laisse le temps de préparer notre escapade."

Alors que tu lui réponds, le bel homme se redresse pour se rapprocher de toi. Tes joues rosissent un peu alors que, sans le quitter des yeux, tes jambes s'enroulent automatiquement autour de sa taille. Tu profites un peu de cette douceur éphémère qu'il t'offre. Il sait y faire avec les femmes, sans l'ombre d'un doute. Et tu n'es pas naïve au point de penser que tu es la seule à recevoir ce type d'attention de sa part. Un gentleman peut être lui aussi séducteur.

Paupières closes, tu écoutes ses murmures avant de rouvrir les yeux pour l'observer longuement. Il te demande de mentir à ton équipage ? Un mensonge par omission ? Tu restes quelques instants silencieuses, jouant à ton tour de tes charmes alors que ce sont désormais tes bras qui prennent place autour de son cou. Tu joues. Ca te plait bien. Ton nez effleure le sien alors que tu plantes tes prunelles d'améthyste dans l'ambre de son unique oeil. Il ressent ton souffle près de ses lippes que tu effleures quelques millième de secondes avant de t'écarter un peu.

"Notre Capitaine est quelqu'un digne de confiance. Il n'a aucun rêve cupide ou de gloire. Il pourrait t'aider à atteindre ton objectif sans rien demander en retour. Enfin ... C'est toi qui vois, je respecterai ton choix quoi qu'il en soit, puisque c'est ta mission."

Par là même, Abel ne peut que comprendre que toi aussi tu peux faire preuve de calme et de sérieux. Que tu mérites tout de même ce poste de seconde sur ce navire.

Son capitaine... encore et toujours cet homme. Il n'était pas qu'un homme et un pirate lambda, Abel le savait, le ressentait. Son regard... ce type en avait vu et le borgne était au courant qu'il ne pourrait pas passer au travers des mailles du filet avec lui. Même s'il maîtrisait parfaitement sa cosmo-énergie le futur spectre n'était pas capable de la dissimuler dans son entièreté et Nereus devait être capable de le ressentir. Une question restait de ce fait en suspend : Pourquoi n'avait-il rien dit à Réa ? On pouvait supposer qu'il n'en avait pas eu le temps mais pourquoi pas intervenir alors qu'il était dans la cabine de la Rose ? Il avait du rester pas loin de l'entrée c'était certain.

Abel allait devoir jouer serrer, très serrer pour réussir à convaincre Réa. Aussi il décida de jouer la carte de la transparence. Il ferma son unique oeil pou se concentrer alors qu'un voile ténébreux enveloppa les deux amants, très léger, presque fugace mais aucunement agressif envers la demoiselle.

"Je maîtrise aussi le cosmos Réa... enfin je sais simplement faire apparaître un léger voile rien de plus. Je ne te l'ai pas dit car j'avais peur. Comme tu peux le voir il est sombre et les gens qui sont éveillés se méfient de moi." Il marqua une pause "Je sais que tu es différente, que tu me jugeras pas."

Mephistopheles arbora une petite moue dans le seul et unique but d'attendrir la jeune femme. Collant son front contre le sien il ajouta :

"Ne me repousses pas je t'en prie Réa, j'ai besoin de toi pour sauver... le plus de monde possible. Si la légende est vraie nous pourrions faire des miracles."

Abel finissait par déposer un baiser sur le front de la Rose pour se reculer de quelques pas tout en se défaisant de l'emprise de Réa. Maintenant qu'il s'était fait un semblant de défense sur une potentielle accusation de Nereus à venir il décida de lui répondre.

"Ton capitaine ne m'apprécie pas c'est évident. Je ne sais même pas pourquoi il m'a invité à venir te rejoindre hier. Je ne souhaite pas qu'il soit au courant, ce genre de personne sera plutôt encline à ne pas vouloir déterrer de tels trésors avec l'excuse que nous sommes des humains et que nous ne pouvons nous prendre pour un dieu. Mais le fait est que je veux sauver l'humanité, je veux que ce trésor nous permette de guérir les maux de cette terre."

Il serrait le poing comme pour se donner un peu plus de crédibilité. Un excellent comédien. Un silence commencer à s'installer lorsque soudainement on frappa à la porte :

"Réa ? Tu peux me rejoindre dans ma cabine s'il te plait ?"

Nereus faisait son entrée en scène.