[FB Phoebé - Tabris] Rayonner loin de la renommée

Il n'était vraiment pas à sa place, ça résume tout. Il y a quelques mois encore, il se retrouvait tout juste parmi le peuple des Titans comme n'importe quel citoyen lambda alors qu'il n'était rien de plus qu'un étranger sans origines. Et défiant tout sens logique, il se retrouve aujourd'hui au plus haut rang qu'un mortel puisse accéder parmi son nouvel ordre. Pour certains, c'était sa science infuse voire innée qui lui ouvrit ces portes alors que d'autres se disent tout simplement que c'est le destin qui l'eut envoyé pour tenir ce rôle. Certes, ce ne sont que des spéculations sans fondement étant donné que les divinités en question ne se sont pas prononcées quant aux raisons de sa nomination. Beaucoup d'autres éminents sages de sa caste possédaient eux aussi les qualités requises, donc se pourrait-il que son élection se soit faite par le sort ? Hypothèse encore plus grossière... Quoi qu'il en soit, ces réflexions stériles ne l'accompagnèrent plus une fois qu'il eut passé les marches menant au temple de ses seigneurs Coeos et Phoebé. En tant que prêtre, il avait pleinement le droit de demander audience sur place à chacun de ses maîtres s'il devait prendre une décision qui les concerne principalement.

Là, il ne s'agit cependant pas d'une consultation mais d'une requête autrement moins diplomatique... Déglutissant avec peine, Tabris passa finalement le parvis sans presser le pas. Son cas réclamait le soutien de la Titanide Phoebé, au sujet d'un entraînement spécial pour acquérir un nouvel élément. À son intronisation, ses capacités cosmiques et de prêtrise se trouvaient tout à fait compatibles du fait que son seul élément de base, en l'occurrence la Vie, s'accordait parfaitement avec les dons de son sacerdoce. Mais en cela, il avait gagné en sagesse au prix de sa propre force qui ne demande qu'à être cultivée, Cronos le lui avait fait remarquer, il devait pouvoir exploiter son cosmos au maximum et apprendre un second élément lui sera amplement bénéfique. La Titanide saurait bien auquel il est le plus disposé, c'est d'ailleurs maintenant qu'il ne faudrait plus hésiter. Ayant traversé les couloirs du temple, il avait légèrement augmenter son cosmos pour signaler officiellement sa présence, et une fois arrivé devant les portes des quartiers privés il s'agenouilla aussitôt et se râcla la gorge.

Mes seigneurs, je viens demander une audience brève... auprès de son altesse Phoebé en particulier, c'est un sujet d'ordre personnel.

Phoebe était dans son temple, profitant de ce moment calme pour prendre soin d'elle, pour la première fois depuis un temps que les êtres humains ne pouvaient oser imaginer à leur échelle. C'était agréable de pouvoir se reposer ainsi, depuis sa réincarnation, la Titanide n'avait cessé d'aller à droite et à gauche sans s'occuper d'elle même, ni de Coeos. Par un miracle ou un cadeau des Moires, tout deux avaient pu se retrouver tranquille le temps d'une nuit. Un battement de cil pour les Dieux et Déesses mais ce court instant avait une grande importance pour le couple. Puis, son époux était parti accomplir ces tâches, laissant "La Couronne d'Or" seule. Pour l'heure, "La Lumineuse" lisait tranquillement un livre tout en discutant avec son hôte de tout et de rien, et surtout d'archéologie, sujet préféré de Gwendolyn, qui avait naturellement dérivé vers les religions et la mythologie grecque.

"Le temps est parfois bien étrange. Nous sommes devenus des Mythes alors que des Dieux qui n'ont pas d'existences se retrouvent au sommet de grandes religions. Dont certaines, vénèrent le même Dieu mais sont différentes."

"C'est ainsi, Titanide Phoebé. Quand Zeus a donné le Royaume Terrestre à sa fille. Athéna se serait lentement mais surement retiré de toute implication religieuse, préférant nous laisser grandir par nous même, n'intervenant uniquement si nécessaire."

"Je vois, notre puissance n'étant pas dûe à la vénération, il n'y avait nullement besoin de vous obliger à nous vénérer. Difficile de savoir si c'est une bonne chose."

"Je vous sens sceptiques Madame."

Phoebé souffla tout en tournant la page du livre, continuant sa lecture, elle répondit.

Spoiler:

"Cesse de m'appeler Madame, je ne vous demande uniquement le même respect que je vous donne. Soyez vous même. En tant que Déesse, je me pose encore des questions sur la nécessité de soumettre son hôte. Pour l'instant, discutons ensemble. Et oui, je suis sceptique. Dans un sens, les enfants doivent s'émanciper de leur parent, mais les humains sont d'une nature égoïste désormais. Sans guide, les mortels sont capable de tout, du pire comme du meilleur. D'ailleurs, vous en êtes vous même conscient puisque avec la disparition des anciennes religions et l'effacement des Olympiens, tout comme les Ases et bien d'autre, vous vous en avez créé par vous même. Malheureusement, si cela apporte la paix, cela apporte aussi son lot de guerre, car au final, ce que vous appelez miracle ne peut avoir lieu. Gwendolyn, vous êtes suffisamment bien placée pour le savoir..."

C'était autour l'âme de Gwendolyn de souffler, si l'on peut considérer qu'un esprit peut souffler.

"En effet, je ne peux le nier. Tout d'abord, je suis une guerrière aguerrie, ma famille est une lignée de farouche combattant en tant que noble, protecteur de leur Terre, donné par les Rois de France. Je suis rentrée dans l'ordre des Templiers, une caste particulière de notre religion. Malgré, le faite que je fus une bonne Chrétienne, dévouée à mon ordre, mon ascension en son sein à susciter autant l'admiration que la jalousie, d'autant plus que j'étais une femme. C'est ainsi, que je me suis retrouvée être votre hôte. Trahie et dénigrée par les miens, causant la mort de nombres de mes hommes sous mon commandement, morts pour m'avoir loyalement servi. Si le Titan Prométhée pensait bien faire en nous apportant le Feu Divin, Lucifer a fini par pervertir notre espèce."

"Pourtant, la Déesse Athéna croit toujours en vous. Ce qui montre, qu'il y a encore du bon dans vos cœurs. Et pas seulement, puisque seule, votre Gardienne aurait été terrassée depuis longtemps, aussi fougueuse soit elle. Si la fille de Zeus est encore Reine du Royaume Terrestre malgré toute les convoitises, c'est bien qu'elle ai pu compter sur le soutien des humains. Dans un sens, je le savais déjà, puisque vous êtes une redoutable épéiste au cœur pure, mais aussi une excep ..."

Un Cosmos se fit sentir, coupant court à cette discutions intérieurs entre ces deux femmes. La personne n'était pas un Titan, ni un Dieu mais se dirigeait surement dans les appartements privés de Coeos et de Phoebé, prouvant une certaines connaissances de ces lieux. Ce dernier s'arrêta devant la porte et se présenta. C'était le Prêtre de Cronos, le représentant de son Roi, et il venait voir la Titanide pour un entretien privé. Cette dernière ferma son livre, le posa sur la table avant de se lever. Sa tenue était légère bien que ne dévoilant pas grand chose, plutôt suggérant, cela ne la dérangeait pas plus que cela d'être vue nue, mais la Titanide savait de part Gwen, que beaucoup de prêtres ne tolérait pas ce genre de choses. Phoebé ne souhaitait pas l'offusquer plus que cela. "La Couronne d'Or se dirigea vers la chambre pour se mettre derrière le paravent de leur chambre le temps d'enfiler une robe.

"Prêtre Tabris, vous pouvez entrer, installez vous le temps que je me passe une tenue descente. Que puis-je pour vous? Toutefois, sachez que j'aurais des questions à vous soumettre en retour, j'étais en pleine discussion avec mon hôte, sur les religions et l'humanités dans sa globalité."

La voix de Phoebé s'éleva à travers les murs, elle l'invitait à entrer et ce qu'il fit aussitôt encore un peu tendu malgré tout. De prime abord, la luminosité diffusée par les gonds s'ouvrant lui transmit un singulier sentiment de chaleur et de bien-être. Le seigneur Coeos semblait absent, seule sa femme-soeur Titanide était présente derrière un paravent non loin du lit. Tabris l'en remercia d'un soupir mental, c'est dire si l'idée de voir un corps féminin partiellement ou complètement dévoilé lui remontait le sang dans l'encéphale et non pas ailleurs. Il s'assit donc, intrigué par la beauté et l'esthétisme des lieux sans faire attention aux paroles de la Couronne d'Or. Nul besoin de dire que ce luxe n'avait rien de péjoratif quand on sait en dégager l'aura.

Ses yeux éoséens passèrent un instant sur les nuances de couleurs chaudes épousant parfaitement l'aménagement des meubles de grande valeur, si on estime le travail remarquable du bois luisant en tout cas. Ainsi, les Titans ne sont pas des divinités aussi obsolètes que leurs détracteurs se plaisent à rabaisser. Un premier point positif non-négligeable, Tabris approuvait l'esthétisme de la Titanide de la Lumière. Titanide dont il évitait soigneusement le côté au point de manquer d'attention, réajustant quelque peu le col de son habit de haut dignitaire sacerdotal. Il était partagé entre contentement et angoisse à l'idée de discuter avec elle, après tout on peut la considérer comme Vice-reine si on juge de son lien privilégié avec Rhéa. Ce qui semble actuel également, si on note l'absence de la mère des Olympiens.

Même le tabouret sur lequel il prit place avait un coussin des plus riches, autant dire que son long silence se justifiait aussi par son admiration. Son regard dévia enfin vers un livre placé sur une table de chevet, d'abord interpellé par la couverture typique de volumes qu'il possédait lui-même parmi ses archives et ouvrages. Ses sourcils s'arquèrent lorsqu'il se souvint avoir entendu la Titanide parler de "son hôte" et de "religions"... absolument pas obsolètes et iconoclastes pour des divinités archaïques.
Phoebé n'était donc pas dans son corps originel elle non plus, peut-être le garde-t-elle scellé et sous léthargie en prévison d'une guerre. Après tout, elle ne fut pas garante de l'Oracle de Delphes pour rien.

Oh euh certainement... c'est un sujet de conversation qui me passionne aussi. Du moins, quand il y a matière à composer avec quelqu'un !

Cette précision inconsciente de l'Hiérophante n'échappera sans doute pas à Phoebé, puisqu'avec la dissolution de sa caste et le départ du peuple des Titans... Tabris se retrouvait le dernier mortel encore présent dans ce Royaume.

[pareil, petit post, mais après cela devrait aller tout seul, une fois que le sujet sera lancé ^^ ]
Phoebe sorti de derrière son paravent, sa tenue avait été choisie pour le confort et sans doute aussi influencer par la conversation de son hôte, qui avait du revêtir ce genre de vêtements afin d'être en accord avec son environnement guerrier et masculin. Tabris risquait d'être surpris s'il s'attendait à une robe élégante et gracieuse ou la Soma de "La Lumineuse". En effet, "La Couronne d'Or" avait revêtit un pantalon noir surmonté de botte, elle aussi noir et montant à mi-mollet, une chemise d'un blanc immaculé un peu trop grande pour ne pas que ces formes ne soient trop visible, les manches étant remontées. Ces cheveux blonds comme l'or étaient attachés en queue de cheval.

Ce n'était pas la première fois que la Titanide voyait le prêtre mais sa tenue la rendait toujours sceptique. C'était étrange venant d'une Déesse, même archaïque, mais Phoebé pensait qu'un membre religieux n'avait pas besoin de vêtements caractéristiques, bien qu'il s'agissait d'une marque de distinction et de respect, "l'Ancienne Prophétesse de Delphes" estimait que cela gênait aussi leur mission, comme une barrière, les rendant inaccessible tout comme les Dieux. Quand elle était Oracle, la "Blonde Déesse" avait ordonné à ces servantes de porter ce qu'elles souhaitaient à conditions d'être féminine et de revêtir à leur bras, un bracelet d'or avec un sablier comme ornement, seul preuve de leur appartenance au Temple de Delphes, symbole du destin et du temps qui s'écoule. La raison était qu'avant d'être sa servante, elles étaient des femmes.

"J'ignore si cette conversation vous ravira, mais avant toute chose, souhaitez-vous boire quelques choses, jeune Tabris? Du thé, peut être?"

Phoebé lui dédia un sourire amical, tandis que la Titanide se dirigea vers un bar, attendant la réponse du Prêtre, "La Souriante" se servis un verre d'hydromel. Tabris lui semblait tendu, pourtant c'était lui qui était venu la voir, et la mère de Léto et de Astéria n'avait pas la réputation d'être terrible et le religieux devait avoir l'habitude de parler aux Titans, cela devait à voir avec sa requête. Il lui avait semblé que c'était quelqu'un de bien mais tout deux n'avaient jamais eu réellement le temps de discuter ensemble, leur point de vue pouvait être différent sur certaines choses, peut être craignait-il une vive réaction de sa part. Ne voulant pas se perdre dans des conjonctions qui ne la mènerait nul part, l'épouse de Coeos changea le décor. De la pièce, il ne restait que la table, le tabouret où se trouvait Tabris et sa propre chaise, le décor choisis était le bord d'une falaise donnant sur la mer. L'herbe courrait sous leurs pieds, et un vent agréable apportait le bruit des vagues s'écrasant sur la pierre. En s'asseyant, Phoebe regarda l'essence de son cosmos de son invité.

*hhhuuummm, c'est comme je le pensais...*

"Détendez-vous, jeune prêtre, ce n'est pas la première fois que vous vous entretenez avec l'un d'entre nous. Vous êtes venu me voir pour me demander quelques choses, je vous écoute. Nous parlerons religion ensuite."

S'émerveillant de l'esthétique des lieux qu'il trouvait très Feng-Shui, le prêtre attendit patiemment que la titanide se soit changée pour ouvrir la discussion. Au bout de quelques minutes, il s'autorisa un regard vers le paravent en pensant qu'elle en eut fini mais il faillit s'étouffer en déglutissant de surprise. Phoebé n'avait pas fait dans la dentelle effectivement, des bottes, un pantalon noir et une chemise blanche sans oublier sa chevelure nouée en queue de cheval. Jamais il n'aurait songé qu'elle puisse adopter une telle tenue à la garçonne... à côté d'elle il faisait presque efféminé avec son habit clérical et sa frimousse effarouchée. Un comble en soi ! La "Couronne d'Or" le soupesa elle-même d'un regard circonspect, c'est dire si il devait paraître chétif et vulnérable devant une carrure féminine mais cent fois plus robuste que lui. Quelle honte, pensa-t-il, mais quelle honte...

Il n'avait jamais porté une quelconque attention aux caractéristiques usuelles des deux sexes dans les sociétés contemporaines. Force est de constater que le patriarcat dominant dans plusieurs cultures place le mâle en état de supériorité à la femelle. Dans ce contexte, il est certes justifié qu'il ne puisse, lui tout jeune homme qu'il soit, rivaliser avec une déesse en robustesse. Mais, voilà, la gente masculine le comprendra s'il baisse un peu les yeux de dépit à cet instant. Néanmoins, la "Souriante" brisa la glace et l'invita à prendre une tasse de thé avec elle pour animer cordialement leur conversation. Tabris reçut la proposition avec une bonne humeur retrouvée, il aurait certainement beaucoup de choses à apprendre de la blonde titanide. Aussi, il acquiesça avec respect et sourire à celui de Phoebé qui se rendit à son bar personnel pour se servir un verre d'une boisson différente. De là où il est, il ne put pas le discerner mais qu'importe !

Alors qu'elle revenait vers lui avec le service, elle s'autorisa à changer plutôt abruptement le décor de la pièce... ou bien les a t-elle téléportés. Diantre, le prêtre sursauta et tomba de son tabouret pour ne trouver sous son nez que le contrebas d'une falaise proche de façades maritimes. Paniqué, il se redressa le souffle court et reprit place sur son siège en s'éloignant le plus possible de la limite escarpée. Cette fois-ci, il s'était ridiculisé en beauté et répondit d'un simple hochement de tête bien rentrée dans son cou à la déesse. Pivoines, tomates et coquelicots auraient pu le jalouser sévèrement... Ne reste maintenant de la pièce que leurs deux sièges ainsi qu'une petite table pour se servir copieusement. Phoebé le rappela d'ailleurs à l'ordre du jour, il avait quelque chose à lui dire et leur conversation sur les ethnies et les religions attendra d'ici là.

Hum... Veuillez d'abord m'excuser pour "ça", je suis facilement impressionnable depuis quelques temps. Eh bien, ma demande sera brève et formelle, comme vous le savez je n'ai été élu pour tenir ce rôle que très récemment. Par ailleurs, Cronos a jugé bon de disperser le peuple des titans à la surface ce que j'approuve aussi. Mais le problème dans tout cela, c'est que ma formation auprès de ma caste ne s'est achevée que sur le plan encyclopédique et sacerdotal... je n'ai pour ainsi dire aucune puissance de feu ni un cosmos particulièrement dissuasif en cas d'attaque.

L'Hiérophante leva un brin les yeux pour observer les réactions de sa supérieure mais se ravisa aussitôt, le trouve-t-elle pathétique et faible ? Risible et sans honneur pour parler ainsi ? Pour un prêtre, se dévaloriser face à un de ses dieux est sans doute une grande calomnie pour leurs couleurs et leurs armées. Comme si on critiquait leur sens du jugement, les accusant d'être aveugles au point de choisir des larves pour les représenter. Tabris déglutit difficilement et reprit la parole avant que la titanide ne puisse rétorquer, par crainte d'avoir commis un impair verbal.

C'est pourquoi, j'en viens à vous demander solennellement de m'aider à parachever mon entraînement. Mon cosmos est naturellement et par essence harmonisé avec l'élément de la Vie, ce que vous aurez aisément pu sonder. Mais récemment, je me suis découvert une disposition vers un autre élément plus complexe et dont mon cosmos se révèle difficilement analysable. Mes soupçons portent vers la Lumière, bien que j'en reste dubitatif... mon cosmos ne semble avoir aucun effet sur la lumière extérieure, j'ai bien senti qu'aucun photon ne réagissait à ma volonté. Cette "lumière" semble provenir de mon cosmos lui-même, comme inhérente à mon âme... je l'ai bien senti, mon cosmos agit comme une source primaire et libère de la lumière.

Une toux intempestive le força à mettre une pause dans son monologue, il s'excusa d'une petite voix et prit une gorgée de thé. Une fois requinqué, Tabris reprit là où il s'était arrêté et planta avec détermination son regard dans celui perçant de la titanide. Comme elle l'a dit, il devait d'abord apprendre à défier le regard d'autrui pour gagner en respect et surtout en audimat, personne n'écouterait un frêle et timide pacificateur.

Qu'en pensez-vous, dame Phoebé ? Acceptez-vous de m'entraîner pour cet élément ?

Lorsque Phoebe sortit de derrière le paravent, Tabris ne put cacher sa surprise, rien d'étonnant. Le prêtre s'attendait à une tenue plus conventionnelle et donc féminine mais guère confortable. Cette surprise fut rapidement suivit par un regard gêné, voir honteux. La Titanide le reconnu, son hôte l'avait croisé à de nombreuses reprises, que se soit enfant avec ces talents d'épéistes, où les jeunes garçons étaient honteux de perdre face à une fille, ou bien chez les Templiers. Cela aurait pu irriter la Déesse, mais "La Couronne d'Or" savait que sa formation le poussait à de tel préjuger. Cela alimenterait aussi leur future conversation, sans compter que sous cette honte se cachait sans doute un profond respect pour la Titanide. La mine du jeune homme se changea lorsqu'elle lui demanda s'il désirait du thé. Un sourire de joie, toutefois le représentant de Cronos restait tendu comme allait le montrer l'action de "La Lumineuse".

Phoebe pensait le détendre un peu en changeant le cadre du décor mais Tabris était tellement stressé qu'il tomba de son tabouret pour se retrouver nez à nez vers un vide donnant sur une mer s'écrasant contre la falaise. La honte se fit d'avantage voir, le rouge lui était monté et "La Lunaire" pouffa légèrement devant cette scène. De l'expérience, le jeune homme en manquait, malheureusement, pour son plus grand malheur, la situation des Titans allaient le mettre dos au mur, très rapidement. Si le prêtre n'apprenait pas rapidement, il en mourait dans le pire des cas. Masquant son inquiétude tout en versant une tasse de thé à son invité, l'oreille attentive à ce qu'il lui disait.

"Il n'y a pas de mal, je souhaitait juste vous décontracter en changeant de décor, pour un cadre plus naturel... Ainsi, vous pensez être sans défense? Intéressant."

Phoebe se demandait ce qu'avait pu lui apprendre les autres Titans, et tout particulièrement Cronos. Maîtriser le cosmos, l'essence même de toute chose, signifiait posséder un grand pouvoir. Tabris était empli de préjuger. L'épouse de Coeos ramassa le livre posé sur la table, La Divine Comédie, c'était bien une comédie mais qui n'avait rien de drôle et encore moins Divine, l'œuvre d'un fou, sans contexte. Pourtant, cet ouvrage s'appuyait sur les fondamentaux d'une religion. Grossièrement, l'idée n'était pas mauvaise, associé un élément au bien, et un autre au mal, les pousser dans la bonne direction, mais cela apportait une grande touche de naïveté et de bêtises. Comme cette histoire de Pécher Originel, plaçant la gente féminine plus bas que terre et auteur de tout les maux de la Terre. Certes, Pandore avait été cause de grand soucis, mais que dire des actes de Ouranos ou de son frère?

Néanmoins, Phoebe fut surprise par les connaissances du jeune prêtre et des découvertes des hommes sur la Lumière. Cela n'était en rien suffisant pour maitriser une telle chose, bien plus complexe que le feu par exemple, toutefois, cela restait théorique, et basé sur des concepts erronés de par sa formation. "La Souriante" ne souriait plus, tout cela l'irritait, c'était une personne bien mais son éducation n'avait été que mensonge et idée préconçue, un gâchis qui pouvait devenir un handicap. Il arriva à soutenir son regard enfin.

"Ce que j'en penses? Qu'aussi bien, Prométhée, Zeus et Lucifer ont fait un trop bon travail... vous me surprenez aussi bien par vos connaissances que par vos idées préconçues et idiotes. Je pense aussi que vous êtes effectivement compatible avec la Lumière et que vous n'êtes pas aussi démuni que vous le pensez."

Phoebe jeta doucement le livre sur la table, se demandant par où commencer. Normalement, la Titanide n'enseignait pas la maîtrise de la Lumière, car bien trop dangereuse, tout comme l'Ombre, dans le cas de Tabris, la mère de Léto n'avait pas réellement le choix, il risquait d'en mourir, et malgré ses connaissances erronées, le prêtre semblait être quelqu'un de bien.

"Très bien, je vais vous l'enseigner néanmoins, je vais commencer par casser certaines de vos croyances. Le Bien ou le Mal n'ont rien à voir avec Lumière et Ténèbres, que la Vie est une arme qui peut être aussi mortel que la Mort. On a du vous l'enseigner afin de soigner les gens, peut être que l'on vous a appris aussi à faire pousser un végétal quelconque ou l'avez vu faire. Que se soit le cas, ou non, cela n'a pas d'importance, ce qui l'est, c'est le principe. Faire pousser un végétal, c'est accéléré sa croissance, autrement dit son vieillissement, appliqué cela sur un être de chair et de sang, vous pouvez le faire pourrir en quelques secondes. Vous êtes loin d'être inoffensif..."

"La Couronne d'Or" devait perturber Tabris, voir le rendre fou, de son point de vue, c'était une chose nécessaire. Briser sa naïveté était dangereux, mais ne pas le faire, pouvait être pire. Phoebé se leva et pris la main du prêtre pour lui permettre de ressentir son cosmos plus nettement, pour ces convictions concernant les femmes, il devrait faire avec, avec un sourire compréhensif et encourageant, elle repris.

"Vous vous demandez pourquoi vous dire tout cela, quel rapport avec la Lumière? Comme vous l'avez dit, la Lumière est constitué de Photon, autrement dit de matière, ce qui ne cadre pas vraiment avec ces capacités ondulatoires. En sommes, c'est un élément complexe et dangereux, contrairement ce que pourrait laisser supposer les apparences. Penser que cela consiste à seulement créer des illusions peut être funeste."

Phoebe posa sa main libre sur la table. Un rayon lumineux se posa dessus dans un premier temps, il ne fit qu'illuminer la peau, puis soudain la lumière commença à se disperser dans la main et s'étendre sur son bras.

"Je viens de faire pénétrer des Photons dans mon corps, en sommes de la matière, bien sûr rien de bien méchant, mais en quantité suffisante, cela fait un bon poison, et en modulant sa luminosité, le rendre invisible à l'œil nu."

Le spectacle n'était pas terminé pour le pauvre jeune homme. La Titanide espérait que la vue du sang ne le dérangeait pas, enfin si Tabris comptait se battre, le prêtre avait besoin de le supporter. Les photons disparurent toutefois le rayon perdura. Phoebe concentra son cosmos et une gerbe d'icchor jaillit, le faisceau lumineux avait transpercé aussi bien la main, que la table et finalement creuser un trou cylindrique dans le sol de pierres. "L'ancienne prophétesse de Delphes" lâcha celle de Tabris et déchira une partie de la manche gauche de sa chemise afin d'en faire un bandage. D'une voix étonnamment joyeuse, tout en rejoignant sa place, sans pour autant relâcher son attention de son élève, elle parla.

"Coeos ne va pas être content, je viens déchirer l'une de ces chemises. Alors, cher prêtre, que pensez-vous de tout ceci. Dites moi tout. Du ressentit de votre cosmos en passant par vos convictions."

La réponse de la Lumineuse ne tarda pas à venir, elle fut d'ailleurs aussi vive que surprenante. À cela, Tabris leva les yeux après qu'elle eut jeté le livre sur la table et la dévisagea avec scepticisme. "Idées préconçues et idiotes" ? Que voulait-elle dire par là ? Aurait-il dit quelque chose d'idiot ? Au moins, il avait confirmation qu'il soit compatible avec la Lumière toutefois Phoebé ne s'arrêta pas là et reprit sa diatribe. Son avis semble clair et limpide sur la dualité puisqu'elle enjoignait presque le prêtre à occulter tout concept manichéen de l'opposition Lumière/Ténèbres ou Vie/Mort. Pour sa défense, il aurait voulu ajouter qu'il ne voyait pas les choses ainsi d'un point de vue empirique et théorique car la morale ne concerne que les choses de l'esprit… mais soit, il se tut et laissa la Couronne d'Or poursuivre. C'est en déglutissant avec peine qu'il acquiesça à ses dires, en effet la Vie est un mystère bien plus complexe que la Mort qui n'est en revanche que la cessation de toute activité dans un organisme dit vivant.

Néanmoins lorsqu'elle lui prit la main, il eut soudainement la crainte qu'elle veuille pousser la torture jusqu'à lui montrer "à quel point il peut être dangereux". Heureusement il n'en fut rien car elle lui fit juste démonstration de la fluctuation de son cosmos donnant tout son sens à l'expression d'une "main de fer dans un gant de velours". Avec Phoebé, hommes comme femmes peuvent se sentir en sécurité… Tabris se gifla mentalement pour avoir pensé une telle chose. Ayant calqué sa respiration sur celle de la Titanide, il l'écouta lui expliquer qu'en effet la Lumière se compose à la fois de matière mais aussi d'ondes. Il ne prétendait pas avoir la science infuse et à raison puisque c'est avec une érudite dans l'art qu'il avait l'occasion d'étendre ses connaissances. Malgré ce monologue aucune autre conversation n'aurait eu meilleur calmant sur la réserve du prêtre quant à son agoraphobie. Soudain, Phoebé fit apparaître un faisceau lumineux sur la paume de sa main libre et affirma y avoir faite pénétrer des photons.

L'incompréhension de l'hiérophante se lut pleinement sur son visage tandis qu'il ressentait les états subtils du cosmos de Phoebé à travers son corps. Il put presque éprouver exactement les mêmes sensations qu'elle, quelques picotements dans les veines puis une brûlure et… le rayon s'intensifia brutalement sous l'accroissement du cosmos de la titanide et transperça net sa main ainsi que la table et le sol de la falaise. À l'instant même où l'Ichor de Phoebé se répandit que Tabris hurla de douleur et se retira violemment en s'écrasant par terre… honte à lui d'avoir gardé contact avec le cosmos de la titanide au point de se transposer dessus. Maintenant, un beau stigmate encore fumant orne sa main achirale à celle de Phoebé qui la banda comme si de rien n'était avec un tissu de sa chemise. Nonobstant la tournure de la situation, elle demanda au prêtre égaré entre la douleur et la confusion où il en est arrivé avec ses belles convictions. Ce dernier se releva tant bien que mal en tenant sa main marquée à jamais.

Quand ai-je mis mes convictions en parallèle à mes connaissances ? Et puis quelles convictions ? Celles de mes prétendues connaissances erronées sur le cosmos et la lumière ou celles en rapport avec cet ouvrage que vous lisiez tantôt ? J'ai beau être encore jeune et inexpérimenté, dame Phoebé… mais aussi insignifiante mon existence puisse apparaître face à la vôtre, je sais reconnaître ce qui est vrai de ce qui ne l'est pas.

D'un geste étonnamment souple et déterminé, Tabris prit le livre laissé à l'abandon et l'ouvrit à une page précise. Relisant quelques passages par-ci par-là, il rejeta l'ouvrage sur la table basse et fit face à la titanide d'un air d'où ne transparaissait qu'une rigueur sans équivoque. Son cosmos s'éleva aussitôt et il prit la main saignante de Phoebé avec fermeté tandis que l'énergie les relia, puis il retira le bandage devenu inutile. Un peu épuisé par ce trop plein d'émotions et d'énergie gaspillée, le prêtre regarda droit dans les yeux celle qui autrefois fut la garante de l'Oracle de Delphes. L'exposé philosophique qu'elle eut tenu pour "briser sa naïveté" aura plutôt servi à défaut de "réveiller sa véhémence", à tenter encore de savoir ce qu'elle entendait par "convictions" et "ressenti". Tabris se détourna pour admirer la ligne d'horizon, la mer et le ciel qui s'unissent offre un spectacle merveilleux depuis l'origine du monde. Les Titans incarnent encore ces choses que nous considérons comme acquises et dénuées d'intérêt.

Mes convictions ne concernent pas ce monde-ci, je n'ai foi qu'en ce qui est digne d'être cru. Je ne sais plus pourquoi j'existe au fond… je n'ai plus que vous ainsi que notre seigneur Cronos. Mes yeux sont trop brumeux pour pouvoir contempler le monde à sa juste valeur et donc je ne pourrais jamais prétendre pouvoir appréhender toute l'immensité de votre nature. Néanmoins, c'est là le chemin que je me dois d'emprunter en tant que prêtre votre Altesse. S'il vous plaît, je vous le reformule… aidez-moi à apprendre comment maîtriser la Lumière.

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