Retour au calme ou prélude à un futur agité

A peine avait-elle salué son frère Apollon qu'une douce brise vint caresser le visage de Perséphone qui détourna les yeux du soleil pour les poser sur son père qui venait de se téléporter jusqu'à elle. Quand les paumes puissantes se posèrent sur son visage et que les prunelles sombres de la déesse plongèrent dans celles emplies de tendresse de son père, le regard de Perséphone sembla se voiler.
Mère... pensa-t-elle alors que le doux visage de Déméter se matérialisait devant elle. Non... il s'agissait là d'un souvenir et non de la réalité. La déesse saisissait le visage de sa fille tout comme Zeus le faisait. Elle lui adressait les mêmes mots empreints de chaleur, le même amour. La reine des enfers fixa le paysage qui se dévoilait derrière Déméter. Etait-ce... le Mont Fuji qui s'élevait derrière elle ?

Quelques battements de cils la sortirent de sa torpeur et la ramenèrent dans le temple sacré de l'Olympe. Déméter disparaissait derrière les traits paternels. Perséphone mit quelques secondes avant que ses traits figés ne laissent apparaître un sourire.
Sa main froide se posa sur l'une des paumes qui reposait sur ses joues.

- Non père, je ne le pense pas. Ce qui va suivre ne lui plairait guère... Dit-elle dans un pâle sourire.

Déméter n'était guère friande de conflit. Et celui qui allait opposer sa fille au dieu de la destruction ne serait sans doute pas pour lui plaire.
La reine des ténèbres ferma les paupières un bref instant, tandis que le père des dieux reprenait place sur son trône. Savait-il que c'était pour ce genre de gestes qu'elle venait si peu en Olympe et qu'elle évitait soigneusement de quitter les enfers...? Comprenait-il que la tendresse qui l'éprouvait à son égard la rendait faible...? La faiblesse... n'a pas sa place lorsqu'on s'appelle Perséphone et que l'on siège aux côtés de la divinité la plus haïe de ce monde.

Le timbre rageur de la voix d'Arès parvint à ses oreilles comme l'écho d'un mauvais songe. Ce n'est que quelques longues secondes après qu'il eut achevé ses derniers mots, que Perséphone tourna le regard vers lui, un sourire doucereux illuminant son visage pâle.

- Pardon mon frère... Aurais-tu dit quelque chose qui vaille la peine d'être entendu ?

Son ton était sévère. Mais sous cette apparente sévérité l'on devinait un certain cynisme.
Tu peux parler Arès... tout ton soûl si cela te chante. Tes mots n'ont pas la moindre importance. Tu peux provoquer, tu peux insulter, tu n'es rien à ses yeux et ta parole est tout aussi insignifiante que celle du paria que tu seras bientôt. Tu ferais mieux d'économiser ta salive pour les explications que tu auras à fournir à l'assemblée divine.

La réaction qu'eut le réceptacle de sa soeur Athéna la laissa presque sans voix. Perséphone fixait le dos d'Orion qui venait de se placer entre elle et Arès. Un recadrage dans les règles par leur père et maintenant Athéna qui se dressait elle même entre sa soeur et son frère. Les évènements qui allaient suivre s'avéraient plus que prometteurs.
La déesse des enfers esquissa un bref sourire qui était tout entier dirigé vers son époux. Si Hadès était là, il était certain que cette situation l'amuserait au plus haut point.

Les traits de la déesse se muèrent en mépris dès lors que le colérique Arès se mit à déverser sa haine et sa rage sur l'assistance. Perséphone le toisait d'un regard plat tandis qu'il s'adonnait à son sport favori, le chantage. Pauvre imbécile... Tes millénaires d'existence ne t'ont-ils donc rien enseigné ? Menacer l'humanité à la barbe de Zeus, quelle bêtise et surtout quelle folie.
Qu'imaginait-il...? Que leur père allait gentiment obtempérer à ses requêtes ridicules ?
Le déroulement des évènements ne ressemblait que trop à des scènes tant de fois vécues... Athéna se dressait contre Arès, son sceptre se matérialisant dans sa main comme preuve de tout le sérieux avec lequel elle considérait les mots de son frère. Et Zeus... s'emporta, la foudre dans sa main, il fit taire les élans guerriers de ses deux enfants avec une sévérité qui rassura Perséphone.

Quand le calme revint dans le temple sacré, Zeus accéda à la requête de Perséphone, pour la plus grande satisfaction de la déesse. Athéna était autorisée à rester le temps de l'audience d'Arès.
Le sourire presque machiavélique qui orna brièvement le visage de son frère Apollon, n'échappa guère à la déesse des enfers qui lui adressa pour seule réponse, un sourire assuré.

- Je vous remercie à tous deux pour votre sagesse. Dit-elle d'une voix douce tandis que ses prunelles acérées se posèrent sur Arès.

- Arès, je t'accuse d'avoir volé les corps divins de trois divinités majeures et d'une du panthéon nordique. Sans le moindre scrupule, tu t'es accaparé les corps divins de mon époux, le sombre monarque Hadès, mais aussi de notre oncle le tempétueux Poséidon, de celui d'Athéna dont l'âme est aujourd'hui présente à nos côtés et qui pourra l'attester, et du puissant Odin, Seigneur d'Asgard.

Le regard d'ébène de la déesse parcourut l'assistance divine rassemblée dans le temple de Zeus et acheva sa course sur le roi des dieux lui même.

- Cet acte est de la plus haute gravité et relève d'une impardonnable trahison. Je n'apprendrai à aucun de vous à quel point l'enveloppe charnelle originelle d'un dieu est une chose précieuse. Il est impensable, aberrant, improbable, que quiconque s'en empare par quelque fourberie et perfidie. Si ma parole et celle de ma soeur ne vous suffisent pas, je vous prie de bien vouloir demander à notre oncle Poséidon de nous rejoindre afin d'attester qu'il a été la cible d'Arès. Car tout comme moi, vous devez avoir ressenti, particulièrement vous mon père, l'avènement du seigneur des océans.

Perséphone fit quelques pas, croisant les bras sur sa poitrine tandis qu'elle toisait Arès d'un regard dédaigneux.

- Par ce biais Arès, tu as fait un odieux chantage à plusieurs guerriers fidèles aux divinités dont tu as subtilisé les corps originels. Tu les as obligés à devenir le réceptacle des pouvoirs que tu octroies généralement à tes propres chevaliers, sous peine de voir le corps divin de leurs dieux être détruit. Les spectres qui ont du se soumettre à ce chantage sont Kazuki Silfrid, que je ne présente pas ici puisque vous n'êtes pas sans savoir qui il est, et outre le sang qui coule dans ses veines, Kazuki est l'un des trois juges des enfers, une personne importante à mes yeux et ceux de mon époux. La seconde était Kyrian, jeune spectre du Phoenix Noir. C'est lui qui m'a raconté toute cette funeste histoire à mon retour en enfer.

Si le visage de la belle Perséphone présentait une expression des plus placides, sa voix était empreinte de la plus glaciale des froideurs.

- Il semblerait que plusieurs guerriers de chaque royaume, le Sanctuaire, le Royaume sous-marin, Asgard et même des Titans de Cronos, aient subit le même chantage. Ils ont tous reçu l'ordre de détruire un lieu particulier de chacun des royaumes. Le seul dont je n'ai pas connaissance est celui du domaine d'Athéna. Mais puisque ma soeur est à nos côtés, elle pourra elle même dire duquel il s'agit. Pour ce qui est des autres il s'agit du Cocyte, la 8ème prison des enfers, du Pilier de l'Atlantique Nord pour le Royaume Sous-Marin et de la forêt de Delta pour Asgard.
D'ailleurs mon frère... je pense qu'il intéressera tout le monde ici, de connaître les raisons qui t'ont poussé à vouloir détruire ces lieux en particulier. Kyrian a mentionné un sarcophage scellé qui aurait été découvert en Asgard et dans le Royaume sous-marin. Mais je n'en sais pas plus à ce sujet. Tes lumières seront les bienvenues. Lança-t-elle en lui adressant un sourire de défi.

- Athéna vous donnera sa version des faits. Et si vous veniez à douter de la véracité de nos propos, je vous engage à convoquer la jeune Séléné, représentante sur la terre des hommes du seigneur Odin. C'est elle qui a permis d'endiguer le pouvoir que possédait Arès sur nos guerriers et c'est grâce à elle que les corps divins ont pu être rendus.

Perséphone fit quelques pas en direction de son frère destructeur, la colère vibrant doucement au fond de sa voix.

- Arès, tes actes sont impardonnables et, se suffisant déjà trop largement à eux mêmes, ont entraîné des conséquences dont nous payons tous le prix aujourd'hui. Ton chantage a entraîné d'autres combats par la suite, et ceux-ci on ne les doit qu'aux effets néfastes de ta soif de destruction.
Thanatos, fils de Nyx et seigneur de la mort, s'est rendu au Sanctuaire pour réclamer vengeance après la destruction du Cocyte. Car évidemment, dans ta grande perfidie, ce sont les Saints que tu as envoyé détruire la 8ème prison. Avec le passif qui nous lie, les enfers et le Sanctuaire, il était évident que les représailles ne tarderaient guère.
D'ailleurs, tant que nous parlons de cela, Athéna Dit-elle en posant les yeux sur sa soeur. J'imagine que le combat contre Thanatos n'aura pas été une sinécure. Mais tu dois être satisfaite je présume. Car même si tu es puissante, vaincre la mort elle même n'est pas si aisée.

Perséphone ne semblait pas éprouver de rancune si l'on en jugeait par le son de voix. Mais à évoquer ce sujet, elle repensa un bref instant à Thanatos. Etre dieu de la mort octroie un certain nombre de privilèges et de pouvoirs. Mais il est aussi sévère quand la mort se laisse emportée par son propre décès.
Thanatos était le seul être en ce monde qui ne franchirait jamais les portes des enfers à sa mort. L'endroit qui l'attendait et qui lui permettrait de revenir à la vie, était bien plus terrible que toutes les prisons des enfers rassemblées en une seule.

- Ce tribunal divin jugera tes crimes en son âme et conscience. Je me fie totalement à sa décision et j'accepterai la sentence qui sera prononcée à ton égard, quelle qu'elle soit. Commença la déesse tandis que ses paupières se fermaient peu à peu.

- Tu dois me considérer comme un insecte que tu peux aisément écraser de ton talon, Arès. Mais saches bien que je n'ai pas peur de toi. Nous avons fait une erreur, quand nous avons autorisé tous les dieux à pénétrer Elysion. Les enfers passent souvent pour les grands méchants de vos gentilles histoires. Hors comme vous vous trompez sur notre compte...

Une sombre aura aux reflets pourpres émana doucement du corps de Perséphone, ses bras se joignant en un mouvement très lent, achevant leur route en se posant en croix sur sa poitrine.
Quand Perséphone reprit la parole, sa voix semblait amplifiée, comme si elle se dédoublait, comme si elles étaient plusieurs à parler en même temps. En définitive, Perséphone venait de créer un pont avec Elysion et prononçait un sort à haute et intelligible voix.
Outre la décision que le tribunal divin prendrait à l'encontre d'Arès, Perséphone rendait elle-même le jugement propres aux enfers.

- En tant que Reine des Enfers et épouse de sa Majesté Hadès, je te bannie d'Elysion pour l'éternité Arès. A partir d'aujourd'hui et jusqu'à la fin des temps, plus jamais tu ne poseras un pied sur ce sol sacré.

Le sceau était apposé. Le puissant cosmos des ténèbres mourut lentement, en même temps que les bras se détendaient. L’impressionnant sceptre des ténèbres apparut alors au creux de sa main.
Cela n'était pas une démonstration mal placée de son titre ou de son pouvoir. Elle n'avait pas l'intention de s'en servir. Mais à cet instant, alors que les paupières de Perséphone s'obstinaient à rester hermétiquement closes, si elle ne s'était pas rattrapée à son sceptre, il était certain qu'elle serait tombée à genoux.

Perséphone n'était pas une divinité majeure. Son pouvoir, bien que puissant, n'était pas comparable à celui d'Athéna, d'Apollon, d'Arès et encore moins à celui de son père. Protéger le corps divin d'Hadès avait déjà été une épreuve épuisante. Sceller le bannissement de son frère à Elysion était de trop.
Elle n'était même pas certaine que le sceau résisterait longtemps, tant elle se sentait lasse et épuisée. Mais ça, elle était la seule à le savoir.
Si le corps frêle ne montrait pas vraiment de signe de faiblesse, son teint encore plus pâle que d'ordinaire et le fait que ses yeux restent clos, indiquaient tout de même que la déesse venait de subir une épreuve difficile.

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HRP

Le bannissement est rp hein^^ je ne veux pas avoir l'air de faire de l'anti-jeu à aucun moment dans 3 jours tu peux passer à elysion et claquer des doigts, tu feras péter le sceau Arès 8D

Arès ne semblait vraiment pas comprendre Perséphone, ce qui n'étonna guère la déesse. Il ne voyait jamais les choses que de son point de vue sans tenter une seule seconde de comprendre celle qui se trouvait face à lui.
En définitive Perséphone ne protégeait absolument personne et elle n'avait cure que quiconque ne meurt dans une altercation les opposant à quelque divinité que cela soit. Ce qui était important dans cette affaire, la seule chose qui l'avait motivée à venir en Olympe, c'était son précieux Hadès.
Qu'il mente, qu'il trompe, qu'il fasse du chantage, n'était rien, rien du tout. Mais qu'il ose s'attaquer directement à l'enveloppe divine d'Hadès... ça elle ne le pardonnerait jamais.
C'est donc dans un léger sourire de dépit qu'elle répondit silencieusement aux mots de son impétueux frère.

L'expression de son visage ne changea pas quand il lui dit que Zeus et Apollon eux mêmes, étaient au courant de ses agissements. Cela aussi, n'avait aucune importance. Si son père avait délibérément accepté que le procès d'Arès ait lieu, si Apollon s'était lui aussi plié à cette convocation, c'était qu'ils avaient bien conscience des accusations que porterait la reine des enfers. Car Perséphone avait peu de doutes à ce sujet. Zeus savait nombre de choses, et il était peu probable qu'il ne soit pas déjà au courant de la majorité des faits, si ce n'est tous.

Cependant Arès dévoila une information dont Perséphone n'était pas en possession.
Quand il nomma Kazuki, son neveu si l'on pouvait le présenter ainsi, les prunelles sombres de la déesse dérivèrent de son frère vers sa soeur, qu'il accusait clairement d'avoir tué Kazuki.

- Je ne risquais pas d'en vouloir à quiconque pour cela, étant donné que je n'étais pas au courant. Lança-t-elle d'une voix plate tout en fixant Athéna. Nous en reparlerons Athéna Acheva-t-elle en délaissant sa soeur du regard.

D'un revers de la main, Perséphone balaya symboliquement les arguments de son frère aîné.

- Je me fiche éperdument que tu puisses leur faire du mal ou non. Cela n'aurait fait qu'aggraver ton cas si tu t'étais adonné à pareille bassesse. Ce que tu sembles ne pas comprendre, mon frère, c'est que le simple fait d'avoir volé les corps divins est en soit la pire des offenses.

Perséphone éclata d'un rire léger et cristallin quand, en dernier secours semblerait-il, Arès accusa les enfers des mêmes actes que les siens.

- Les guerres sont choses communes, en cela je suis d'accord avec toi. Et encore une fois, Arès, tu ne comprends pas le principal chef d'accusation. Que tu aies envie de conflits, que ta vie ne se résume qu'à détruire, sont tes attributs et ta façon d'exister. Nous avons tous mené des guerres à un moment ou à un autre. Mais aucun d'entre nous n'a jamais subtilisé les corps divins des autres. Cela est parfaitement inacceptable.

Quand allait-il enfin comprendre... se demanda-t-elle en lâchant un soupir de lassitude.
Arès pouvait accuser les enfers de tous les maux de la terre si cela lui chantait. Le fait est qu'aujourd'hui ça n'était pas les enfers qui étaient accusés et ça n'était pas le royaume des morts qui avait à répondre de ses actes devant l'assemblée divine des olympiens.

Comme elle s'y attendait, et heureusement que cela fut le cas, Athéna acquiesça à tous les mots prononcés par Perséphone, corroborant ses dires et les appuyant avec fermeté.
La reine des enfers ne répondit pas à sa soeur quand elle lui parla de Thanatos. Sa réponse était prévisible. En tant que déesse de la guerre, Athéna laissait plus souvent s'exprimer sa sagesse et sa bienveillance envers autrui, que son tempérament guerrier. C'est bien cela, qui exaspérait tant son tendre époux. Perséphone n'osait imaginer la colère de Thanatos quand il sortirait du tartare et il serait bien temps de s'en occuper à ce moment là.

Perséphone leva légèrement un sourcil quand Apollon prit la parole. Ainsi ils étaient au courant et cautionnaient les actes d'Arès qui plus est. Sur ce simple point, c'est surtout Athéna qui risquait d'être choquée. Que l'humanité s'éteigne pour mieux renaître purifiée était un souhait d'Hadès de longue date. Cela aurait fait plus d'animation en enfers, voilà tout.
Mais Apollon ne cacha pas sa profonde colère quand il en vint à mentionner le vol des corps divins. Et c'était tout ce qui comptait aux yeux de Perséphone. Cet outrage était le pire de tous et devait être puni.
La sanction du soleil, appuyée fermement par Zeus, tomba, pour la plus grande satisfaction de Perséphone.
Il devrait désormais se tenir éloigné des terres d'Hadès et ne plus causer aucun préjudice. Bien évidemment, cela ne valait pas dans l'autre sens, ce qui était très important à cette minute.

- Ne vous inquiétez pas Père Commença-t-elle en adressant un léger sourire à Zeus. Je suis certaine que mon époux sera satisfait de ma requête. Acheva-t-elle en reposant ses prunelles d'ébène sur Arès.

- Arès... Quand Hadès sera revenu en terre des hommes et au royaume des morts. Quand il aura décidé de se réincarner et reprendra sa place sur le trône qu'abrite notre Palais, dans les profondeurs des enfers. Tu devras faire acte de repentance envers lui. Comme n'importe quelle âme souillée par les péchés de sa vie d'antan, tu devras traverser une à une les prisons des enfers jusqu'au Palais d'Hadès. Et quand tu y seras... tu imploreras le pardon de mon époux pour ton acte pourtant impardonnable.

Oh il était certain qu'Hadès adorerait les mots de son épouse à cette seconde. L'humiliation, était son petit péché mignon. Principalement quand elle concerne un dieu qui lui avait fait un tel affront. Nul doute qu'Hadès serait satisfait de voir Arès contraint de traverser les prisons des enfers comme un meurtrier de bas étage, jusqu'à la suprême humiliation de devoir implorer son pardon.

(Hrp : Je prends ça pour une invitation officielle, mais tu devrais faire un peu de sport et te déplacer avec tes jambes des fois ~~)

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Il avait suffi de peu de temps, une fois arrivé dans l'enceinte du mont sacré et de son temple-dortoir pour divinités, pour que Poséidon ressente l'appel d'un cosmos bienveillant plus que familier. Il avait attendu simplement en souriant que Delphinos et ses chevaux se mettent à leur aise pour entrer plus avant, traversant d'un pas très calme chacun des domaines, vides. A son passage les fontaines renaissaient ou redoublaient de vigueur, les canaux miniatures creusés contre les murs ou en plein milieu des fresques comme mille arabesques furent de nouveau abreuvé du liquide purificateur. Le plus resplendissant des temples était celui d'Artémis dont la végétation avait visiblement été restaurée peu de temps avant. La déesse cependant n'avait pas l'air d'être là, ni ailleurs en vérité.

Poséidon, sous les traits jeunes et frais de son nouveau corps, atteignit enfin le temple de Zeus, où le dieu au visage de Kakyo l'attendait. Il vit en arrivant Apollon qui se dirigeait vers une femme de toute beauté qu'il avait déjà aperçue à plusieurs reprises aux côtés de son frère et rival Hadès. Peut-être trouverait-il le temps de lui adresser quelques mots avant de repartir. Perséphone devait avoir l'esprit large de la jeunesse, une paix serait peut-être enfin possible, même éphémère. Reportant son attention sur Zeus, le dieu des océans sourit, écarta les bras et vint en entourer les épaules de son petit frère, aussi étonnant le geste pouvait-il paraître.

"Ah ! Zeus, sens-tu le doux parfum de la liberté ? Comme tu le vois et le sais, j'ai enfin pu trouver un corps à ma mesure, soigneusement choisi et endurci. Qu'as-tu fait du prêtre Kakyo qui était en toi ? Son esprit survit-il toujours ? Pauvre homme, voué à observer à jamais mon tempétueux petit frère... Au moins a-t-il eu la chance de tomber sur quelqu'un de suffisamment raisonnable pour rester en dehors des conflits."

Le regard de l'Ebranleur de terre se fit plus doux, plus sérieux, et tandis qu'il relâchait les épaules de Zeus, sa voix baissa pour que seul le roi des dieux entende :

"Je te remercie d'avoir accepté de prendre mon empire sous ta protection, bien que cela n'ait duré qu'une courte période et que mon général le plus téméraire t'ait fait perdre du temps avec cette demande insensée d'enseignement... C'est mon rôle de protéger le sanctuaire sous-marin et je suis désormais en mesure de le remplir. Tu n'auras donc plus à t'en soucier. Je compte m'imposer de nouveau, comme par le passé."

D'un pas tranquille Poséidon se dirigea vers l'une des assiettes qui garnissaient sans cesse le temple de Zeus grâce aux bienfaits de la corne d'abondance. Il y prit une coupe de nectar qu'il porta à ses lèvres lentement. La dégustation de ce met divin plongeait n'importe quel dieu, Dionysos lui-même malgré son habitude, dans l'allégresse la plus totale et la détente... Ainsi décontracté, il s'installa dans le trône d'orichalque et de perles qui lui était réservé et contempla la salle d'un regard presque nostalgique, repensant aux temps anciens où ils étaient tous réunis.

"J'espérais arriver un peu plus tôt mais je vois que j'ai raté le jugement du jour. J'imagine que la présence de Perséphone ici ne peut être que le signe d'un verdict donné contre Arès. Je souhaite en prendre connaissance et savoir comment il y a réagi. Après tout, je suis concerné par ces manigances."

Perséphone posa les yeux sur sa soeur et la fixa d'un air circonspect avant de doucement fermer les paupières en relâchant un léger soupir. Douce Athéna qui espérait depuis des millénaires que les hommes autant que les dieux apprennent de leurs erreurs. Humilité... était bien le terme le plus éloigné de leur frère commun.
Arès ne serait jamais humble. Cela ne faisait pas partie ni de ses attributs, ni de sa nature. Athéna pouvait toujours garder espoir, c'était totalement vain, sans la moindre incertitude.

Thanatos avait envoyé Kazuki contre Athéna ?
Bien que cette nouvelle ne sembla guère émouvoir la déesse des enfers, si l'on en jugeait par l'absence totale de sentiments se reflétant sur son visage, la réalité était tout autre. A quoi Thanatos avait-il bien pu penser... Envoyer Kazuki se battre contre une déesse majeure, même si il était un guerrier valeureux dont le courage et la puissance n'étaient pas à remettre en question, était purement stupide.

- Sois sans craintes ma soeur. Hadès saura tout ce qu'il s'est passé en son absence, et plus encore. Dit-elle en laissant traîner ses derniers mots d'une voix assez énigmatique.

Apollon et Zeus ne furent pas les seuls à s'étonner du flagrant manque de réaction d'Arès quand son jugement fut promulgué. Il était assez impensable de le voir l'accepter sans la moindre once d'énervement et s'y plier comme une âme obéissante. Qui plus est, la requête de Perséphone était la plus dégradante qu'il soit et elle n'avait pas pensé une seule seconde qu'Arès l'accepterait aussi facilement. Il était donc en train de préparer un mauvais coup.
Le sourire perfide qu'il adressa malicieusement à sa soeur quand il passa près d'elle ne fit que la conforter dans son opinion de la situation. Il avait déjà une autre idée en tête et ne faisait que poursuivre la route machiavélique d'un nouveau plan peut être déjà échafaudé bien avant ce procès. La reine des morts adressa un sourire à son frère destructeur en retour. Une sorte de message silencieux... Si tu comptes t'en prendre aux enfers Arès, saches que tu seras reçu avec les égards qui te sont dus.

Alors que deux divinités s'étaient déjà éclipsées de l'audience, Perséphone hésita quelques brèves secondes. Le sceptre des enfers disparut de sa main tandis que ses prunelles sombres se posèrent longuement sur son père. Elle se prit à vouloir lui parler encore, à rester un peu plus à ses côtés. Car il était probable que dès qu'elle aurait quitté l'Olympe, ça ne serait pas pour y revenir avant un long moment.
Ce fut la voix de son frère aîné qui la tira de cette réflexion et, sans le vouloir sans doute, Apollon trancha net son hésitation. En définitive... cela n'était sans doute pas une bonne idée.

- Bien sûr. Répondit-elle simplement d'une voix douce à la requête divine.

Perséphone fit quelques pas vers son frère, sentant bien que l'entrevue sollicitée était souhaitée en privée, et ce fut à cet instant que Poséidon apparut. Un léger sourire se dessina sur les lèvres de la reine des enfers quand elle croisa la route de son oncle. Il arrivait un peu trop tard. Quel dommage. Son intervention dans ce procès aurait sans doute été des plus intéressantes.

- Mon oncle. Dit-elle en inclinant brièvement le visage vers lui. Bon retour en terres des hommes. Acheva-t-elle alors qu'elle arrivait à hauteur d'Apollon.

Sans un mot de plus, Perséphone esquissa un léger sourire, presque trop discret, à l'égard de son père, puis se tourna vers Apollon.

- Je t'écoute, Apollon.

Le maître des eaux laissa un fin sourire naître sur son visage. Ses yeux observèrent la coupe d'airain qu'il tenait en main pendant que ses doigts en caressaient les contours. Saisi par la douce euphorie du nectar, il paraissait distrait, mais son esprit était bel et bien éveillé. Il avait noté la discrétion de son petit-frère à propos de son hôte. Il devait avoir à cacher de ce côté-là. Pauvre prêtre, vraiment.

"Bon retour en terre des Hommes... Ainsi les humains auraient envahi même l'Olympe ? Ou alors Perséphone ne sait plus distinguer les humains et les dieux. Elle et Athéna ? Qui l'eut cru... Et qui eut cru sans doute que je me prenne une nouvelle fois l'envie de bâtir plutôt que de détruire n'est-ce pas ?"

Un léger rire traversa les lèvres du dieu des océans, amer et nerveux. Il but une nouvelle gorgée de sa coupe et posa enfin les yeux dans ceux de Zeus, sans détour aucun. Son sourire s'effaça au profit d'un air grave. Il savait que sans ces précieuses gorgées olympiennes il aurait déclenché sans doute une nouvelle catastrophe naturelle. Il se leva, reposa la coupe sur le plateau où il l'avait prise sans lâcher Zeus des yeux.

"Selon mes souvenirs, tu n'avais pris pour royaume que les cieux. Ce palais, ainsi que tout l'espace qui s'étend entre et au-delà des nuages. C'est ta fille Athéna qui protège la terre et nul autre. Je crois m'être suffisamment battu contre elle autrefois pour le savoir. Mais si cela ne la dérange pas, que tu te proclames maître de son territoire, voyez entre vous. Mes remerciements n'en sont pas modifiés. Tu dois trouver mon comportement fou, indigne d'un dieu peut-être, ou penser mon hôte agit sur ma conscience, quelques bêtises de la sorte... Ce n'est pas totalement faux mais c'est pour ce changement que j'ai choisi avec de fondre cette âme en mon sein plutôt que d'en emprunter le corps simplement comme tu le fais, ou comme les autres dieux le font, orgueilleux qu'ils sont de se croire parfaits avec leur esprit querelleur. Zeus, ne sois pas si naïf, tire des conclusions de ce que tu vois mais aussi de ce que tu as vu par le passé. J'ai tenté maintes réincarnations différentes... Des paysans, des seigneurs, des entre-deux, des femmes, des hommes, des enfants, des vieillards, des preux et des lâches... Dans l'unique objectif de trouver comment récupérer ce que j'avais perdu. La première chose qui ai compté et comptera à jamais pour moi, celle que toi et tous les autres m'avez prise. Alors, avant de me juger, prends en compte le fait que j'ai changé. Comparé à tes fils et tes filles, ou notre belliqueux frère, je ne suis plus exactement le même qu'au temps des mythes, mais je ne suis pas non plus complètement différent. Athéna n'a que ce qu'elle mérite. L'utilisation de nos attaques divines est interdite, de surcroît face aux mortels. Cette puissance ne doit servir qu'en cas des destruction du monde ou tout aussi désastreux. Quant au choix de son hôte, j'estime qu'elle a bien mieux fait par le passé. Et concernant Arès, je sais quel châtiment lui infliger. Lui dont la haine et le goût du sang sont un composant essentiel, je vais lui faire bâtir, rebâtir même, et consolider. Que ce qu'il aura à affronter s'il vient défier son oncle ait été construit par ses propres mains devrait, je l'espère, le faire réfléchir un peu avant d'oser menacer mon Empire. Oui, mon esprit se tourne vers le passé et tire des leçons de ses erreurs... Invraisemblable n'est-il pas ? Qu'aucun de vous n'y ai encore songé ne me surprend guère à dire vrai... Coincés par le temps... Chronos a bien tiré ses ficelles, et je ne parle pas de notre pitoyable père*..."

Un soupir. Rompant le contact visuel, Poséidon se tourna de nouveau vers le plateau odorant de mets divins et variés. Il fit quelques pas dans la salle, toucha du bout des doigts certains des trônes, délaissa les autres, jusqu'à s'arrêter pieusement devant celui du roi des dieux, dos à lui.

"Je vais être franc avec toi petit frère, alors écoute bien car tu ne dois pas en avoir l'habitude. En l'état actuel des choses, je cherche à restaurer mon empire en premier lieu. Ensuite et j'ai déjà commencé, je rechercherai la paix. Pleine et entière. Mais si par malheur un seul autre dieu vient à menacer mes guerriers, mon peuple ou mes possessions, qu'il s'agisse d'Arès, d'Apollon, d'Hadès ou d'Athéna, ou qui que ce soit d'autre, je ne retiendrai plus ma colère et le pourchasserai jusqu'à ce qu'il erre dans le Tartare plus longtemps qu'un damné. Quitte à finir au tribunal divin comme Athéna aujourd'hui, j'emploierai tous les moyens pour que ce dieu ou cette déesse périsse et ses guerriers jusqu'au dernier. Telle sera ma ligne de conduite dans cette existence. Si tu requiers mon aide pour châtier quelqu'un, elle te sera offerte. Mais lorsqu'il s'agira de mon territoire, j'entends que tu prennes cet avertissement en compte. Si j'en viens à comparaître devant vous autres, ce ne sera pas sans que tu aies pris cela en compte. Je punirai mes Marinas s'ils se trouvent déclencheurs d'un conflit. Je rendrai les coups à ceux qui me les chercheront. Et en temps de silence je conserverai la paix. C'était pour te dire cela et te porter mes remerciements que je suis venu. J'informerai Arès de mes exigences en personne et je me chargerai de les lui faire appliquer s'il le faut moi-même. A présent, à moins que tu veuilles parler à Poséidon ton frère et non Poséidon cet être de colère et de rancune, je vais te laisser gérer tes autres affaires, tout aussi graves certainement. Cependant, je pense qu'il serait judicieux que nous passions plus de temps ensemble, en tant que famille toi et moi plutôt que seigneurs dont les territoires se jouxtent et se défient sans cesse. Qu'en penses-tu ?"

*Il y a souvent confusion entre Chronos le temps qui est une divinité primordiale, et Cronos le roi des Titans et père des Olympiens. Je parle du premier.

"Notre père... Oui, je me souviens avoir perçu son cosmos au Sanctuaire. A l'époque je ne m'étais pas encore réveillé tel que tu me vois, mais en y repensant il est vrai que ce ne pouvait être que lui. Mon opinion à son égard n'a pas changé : m'avoir dévoré ainsi que nos frères et sœurs, sans jamais montrer de signe de regret et de repentance, ne mérite que l'hostilité. Qu'il vienne me voir ! Il a tout intérêt à se préparer une solide défense s'il veut que j'écoute ses dires, dans tous les sens du terme."

Le dieu des mers et océans esquissa un sourire à la limite du machiavélisme, l'eau des canaux du temple se mit à bouillir quelques instants, comme désireuse de se rendre auprès de Cronos pour le noyer en elle. Lui rendre la monnaie de sa pièce était un vieux désir de Poséidon, et si l'occasion se présentait, il ne se priverait pas, tout en conservant sa neutralité, au début. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre son calme olympien. Il réfléchit un moment au cas de Rhéa, leur mère et éternelle bienveillante protectrice, qui les délivra jadis de l'estomac du titan.

"Mère... Cela me surprend. J'ai entendu parler de Cronos récemment mais notre chère mère n'a pas trouvé écho à mes oreilles depuis une année ou deux, j'en venais à me demander si elle n'avait pas choisi une enveloppe charnelle trop faible pour elle... Celle que j'ai aperçue m'avait semblé trop arrogante et trop sûre de ses moyens. J'aviserai. Contrairement à Cronos, je n'ai aucun grief contre elle, si elle veut me voir, tout comme toi, je chercherai du temps à lui consacrer. Il n'y a pas que les mortels qui ont le droit de chérir leur famille..."

Il avait prononcé ses mots avec un ton à la limite de l'amertume, une nouvelle fois hanté par l'absence de sa douce Amphitrite, d'Atlas ou encore de ses fils directs, qui n'avaient jamais haussé la voix ou montré une once d'insolence à son égard. Pouvait-il se targuer d'être un bon père ? De l'avoir été ? Il ne s'en considérait pas juge, comment se définir en toute objectivité avec son orgueil ? Cependant, la droiture dont faisaient preuve ses enfants lui laissaient penser que s'il n'était pas le meilleur, il n'était pas le pire non plus, et cette pensée le réconforta sans que cela se lût sur son visage. Il s'inclina très légèrement face à Zeus et se dirigea vers la sortie.

"Dans l'immédiat si tu me cherches, je vais retourner à Eges me reposer un peu. Mon éveil ne s'est pas fait sans mouvements et je ressens le besoin de retrouver l'harmonie des profondeurs. De plus si Cronos s'y rend, je serai là pour l'accueillir comme il le mérite. Lorsque cela sera fait, j'irai rendre une petite visite à mon cher neveu Arès. Je vais me faire un malin plaisir de lui rappeler qui sont les maîtres de ce monde et ce que coûte l'atteinte au corps véritable d'un dieu. Excuse-moi d'empiéter sur ton éducation, mais il n'y échappera pas."

Un léger sourire parcourut les lèvres du divin maître des eaux et il piocha une part d'ambroisie sur le plateau de nourriture abondante.

"Une dernière chose : je compte les restes d'Atlantide comme ma seule et unique propriété, depuis toujours. Engloutie ou non, au même titre que le sanctuaire d'Eges, elle m'appartient depuis toujours. Le sort réservé à ceux qui l'attaqueront sera le même que celui que j'ai mentionné à propos d'une guerre sainte contre mes guerriers, mon peuple ou moi-même. Mieux vaut éclaircir les zones d'ombre du contrat pendant que je ici."

D'un geste du trident il salua son frère et franchit le palier. Il n'avait pas été bien long, cela ferait sans doute soupirer Delphinos qui espérait prendre du bon temps, mais le dauphin comprenait le tempérament sanguin du dieu des océans et ne lui en tiendrait pas rigueur. Depuis le temps qu'il vivaient côté à côte, il en faudrait plus.