Les 7 épreuves d'Orion: Flashback

(Un récit en sept parties sous forme de flashback. Les contributions seront bienvenues. N'hésitez pas à répondre si le coeur vous en dit. L'histoire se passe juste avant l'arrivée d'Orion au Sanctuaire)

Partie 1: La Mortalité

Orion se tenait sur le bord d'une falaise qui surplombait la plus grande vallée du sud de la Russie. Son urne d'argent sur les épaules, le Cristal Saint restait immobile malgré le vent violent. Pour la énième fois depuis la veille, son esprit restait focalisé sur la lettre reçue peu de temps auparavant. Une convocation au sanctuaire d'Athéna.
Son premier réflexe avait été de consulter les ouvrages de ses ancêtres érudits pour obtenir quelques informations sur cette divinité. Le résultat l'avait mis en joie.

- Trêve de réflexion ! J'ai hâte de me rendre en Grèce !

Aussi excité qu'un gamin, Orion sauta dans le vide pour entreprendre la descente vers la vallée à la végétation figée par le froid. Bondissant, sautant, virevoltant tel un cabri, le Saint d'Athéna finit par gagner la terre ferme en quelques minutes de chute effrénée.
A peine le pied posé, le jeune homme prit la route en direction d'une petite ferme dont le feu de cheminée propageait une mince fumée visible du haut de la falaise par laquelle Orion était arriver.

Ces terres sont bien pauvres. J'espère que ces gens auront le logis et le couvert à me proposer même contre quelques menues taches domestiques. Pensa Orion en observant la terre vierge de toute culture.

Le jeune Saint n'avait quasiment jamais quitter les terres de Sibérie, celles de ses racines. Mais l'inconnu l'excitait plus qu'autre chose. Il lui semblait que cette convocation au sanctuaire l'avait sorti de sa chrysalide et qu'il allait enfin pouvoir s'envoler. Trouver un sens à sa vie.
La fumée blanche qui venait se perdre dans le ciel azur semblait la seule preuve d'une quelconque présence humaine dans la petite ferme délabrée. Nul aboiement de chien, nul rire d'enfant ne venait rompre le silence ambiant. Les murs de la bâtisse étaient sillonnés de nombreuses fentes non colmatées et le sol poussiéreux imprima sans peine les traces de pas du chevalier interloqué.
Ce ne fut que lorsqu'il poussa la porte de bois usée qu'Orion entendit des voix humaines...

[ Jespère que cela te conviendra ^^' ]

" Je ne sais pas Happy... peut-être devrions nous rentrer au village. "

Orion ouvrit la porte d'un geste lent. Le jeune homme mit quelques instants à percer l'obscurité qui enveloppait la petite pièce délabrée, à l'image de l'extérieur de la ferme.

- Bien le bonjour. Auriez vous le gite pour un voyageur fatigué ?

Le regard d'Orion croisa celui d'une adolescente et d'un étrange chat bleu. Le jeune homme marqua un temps d'arrêt. Il s'était attendu à rencontrer en ce lieu désolé un couple de vieux fermiers ou une famille au complet.

Voila qui est peu commun. Que fait elle ici ?

Par réflexe, le Cristal Saint détailla la pièce pour y trouver une autre présence humaine : un parent, peut être un compagnon. Seul le vide et la poussière lui répondirent. Cette jeune fille était seule avec son animal de compagnie. Son urne d'argent toujours dans son dos, Orion s'avança vers l'étrange duo et tâcha de garder l'attitude la plus amicale possible. Il ne tenait pas à passer pour un rustre en effrayant cette adolescente chez elle. A moins qu'elle n'est tout simplement trouver refuge en ce lieu comme lui même.

- Je suis vraiment navré de t'importuner. Je m'appelle Orion et je viens des terres les plus au nord d'ici. Rassures toi, je dois repartir dès demain matin et je ne t'imposerais pas ma présence plus que nécessaire. Enfin si cela ne te dérange pas que je passe la nuit sous le couvert de ce toit.

Gardant toujours une distance respectable pour ne pas effrayer la jeune fille et son animal bleu, Orion posa son urne dans un coin sombre et s'assit dessus pour attendre la réponse de son interlocutrice. Comme à l'accoutumée en présence d'autres êtres humains, le cosmos d'Orion envoyait des ondes positives et chaleureuses, tel une caresse d'un vent frais et vivifiant.

" Je ne suis pas la propriétaire de ce lieu, je me suis égaré et je pensait pouvoir trouver refuge ici. Cependant, ce lieu n'a pas l'air d'être très... habitable "

Orion haussa un sourcil étonné. En ces terres fort peu hospitalières, n'importe quelle bâtisse dotée d'un toit et de quatre murs restait un abri contre le blizzard. Que venait donc faire cette jeune fille ici, si ce genre de refuge ne lui convenait pas ? A ce rythme, le froid aurait vite raison d'elle.

- Que viens tu faire dans ce lieu désolé en ce cas ? Si le froid te gène même dans une maison, tu devrais rebrousser chemin. Si le blizzard te saisit, je ne donne pas cher de ta vie. Je vais me diriger vers le sud dès demain. Si tu le désires, je peux t'escorter vers des terres plus hospitalières.

Malgré sa bienveillance naturelle, quelque chose dérangeait Orion chez cette jeune fille. Un sentiment indéfinissable. Un malaise.

Elle est humaine, tout comme moi. Elle a froid et sans son étrange chat bleu, elle serait seule. Ce n'est pas le moment de me laisser distraire par de vagues méfiances sans fondement.

Le chevalier Cristal se reprit aussitôt. Cette jeune fille était très mince et elle commençait déjà à trembler de froid. Orion éprouva une compassion immédiate pour elle et son drôle d'animal. Sans mot dire, le jeune homme posa la besace qu'il portait en bandoullière au sol et commença à fouiller à l'intérieur. Quelques secondes suffirent pour qu'il en sorte un morceau de viande séchée et une couverture en laine épaisse. sans attendre, il les apporta à la jeune fille étrange.

- Tiens. Ce n'est pas grand chose mais ça t'aidera à passer la nuit. Si tu as vraiment trop froid, dit le moi et j'irais chercher du bois mort avant la tombée de la nuit. J'ai grandi dans un climat plus hostile que celui ci alors je peux me passer d'une couverture.

Orion attendit la réponse de son interlocutrice avant de se préparer à sortir si besoin. Un feu, même peu vigoureux, pourrait l'aider à supporter la fraicheur nocturne.

" Merci... mais je vais devoir refuser ton aide, en faite je dois me diriger plus au Nord, je dois retrouver quelque chose qui appartient à une personne importante à mes yeux. "

Orion ne put retenir une moue désapprobatrice. Le jeune chevalier dévisagea son interlocutrice en se pinçant les lèvres pour éviter de répondre.

Si elle est déjà paralysée par le froid ici, je n'ose imaginer sa réaction plus au nord... Elle ne semble pas se rendre compte du danger qui l'attend. Je ne sais pas si je peux retarder ma venue au Sanctuaire pour lui apporter mon aide...

Que devait faire Orion ? Ecouter sa conscience ou suivre le chemin dicter par ses nouvelles responsabilités ? Plus il observait la frêle silhouette de la jeune fille et de son compagnon à poils bleus et plus Orion se sentait honteux d'hésiter. Quel chevalier était il pour abandonner une adolescente au blizzard meurtrier de la Sibérie ?

" Un endroit encore plus hostile... il y a vraiment des endroits où il fait plus froid ? "

Cette simple phrase suffit à convaincre Orion. S'il la laissait partir ainsi, il signerait sa mort.

- Oui. Plus au nord, tu fouleras les terres où j'ai vu le jour. Le froid y est aussi naturel que le soleil dans d'autres contrées. Le blizzard souffle en permanence et embrouillera tes sens. La moindre faiblesse et tu ne te relèveras pas.

Le chevalier Cristal posa machinalement la main sur l'urne d'argent qui contenait son armure. Le jeune homme avait passé des années en quasi autarcie. Après avoir protégé les habitants d'un village de la folie meurtrière de son père, Orion avait élu domicile non loin de ce même hameau, tel un mur protecteur prêt à prendre leur défense. Il avait porter du bois à proximité des maisons lors des hivers les plus rudes, avait mis en fuite des loups affamés, éliminer des bandits des steppes et raconter des contes et légendes aux enfants du village pour leur faire oublier la faim qui bien trop souvent tenailler leurs estomacs. Et maintenant qu'Orion était chevalier de la déesse Athéna, son seul désir restait de protéger les autres des difficultés de ce monde. De mettre à profit ce pouvoir inné en lui pour préserver les sourires et les joies de ceux dont le destin aurait dû être de subir les injustices.
C'est un regard empreint de conviction qu'Orion posa sur la jeune fille.

- C'est décidé ! Si tu le souhaites, je t'accompagnerais et je t'aiderais de mon mieux à retrouver l'objet cher à ton coeur. Quelque soient nos histoires et les raisons qui nous ont poussés à trouver refuge en ce lieu au même moment, nous restons deux êtres mortels. Si je ne suis pas capable de te tendre la main, alors je suis indigne du trésor que cette urne recèle.

Sûr de son fait et en paix avec sa conscience et son sens du devoir, Orion s'assit sur le sol froid et dur et attendit la réponse de la jeune fille avant de se laisser gagner par le sommeil. S'ils devaient partir à l'aube le lendemain matin, tout le repos qu'ils pourraient prendre serait le bienvenu.

" C'est très gentil de ta part, mais... je ne voudrais pas te déranger, tu as certainement d'autres choses à faire. "

Orion ne put retenir un sourire bienveillant. Cette jeune fille ne semblait pas habituer à recevoir de l'aide. Oui, le chevalier Cristal devait se rendre au plus vite au sanctuaire. Mais pourtant sa mission la plus importante à cet instant lui semblait tout autre.

- Il est vrai que je dois me rendre au plus vite en un endroit fort éloigné de ces terres hostiles. Mais mon offre est sincère. Quel homme serais-je si je devais t'abandonner alors que tu es dans le besoin ?...

Orion se tut pour attendre une réponse de son interlocutrice. De manière étrange, le jeune homme avait l'impression de la déranger. Voire même de s'attirer sa méfiance sans raison. Depuis bien longtemps, Orion avait choisi de privilégier le principe "Le souffle sur l'épaule pour guider plutôt que tenir la main pour marcher". L'aide du chevalier Cristal était sincère et spontanée. Mais à aucun prix, il ne souhaitait mettre mal à l'aise cette jeune fille. Peut être l'objet de ses désirs était il sacré pour elle ? Ou cette recherche n'était rien d'autre qu'une sorte de voyage initiatique ? Et si simplement, elle se méfiait de lui ? Au final, Orion n'aurait put lui reprocher. Il restait un simple inconnu de passage.
Le jeune chevalier reporta son attention sur l'adolescente et plongea son regard émeraude dans le sien. C'est d'une voix sereine, calme et rassurante qu'il reprit la parole.

- Je sais que ma proposition peut sembler déconcertante. J'ai longtemps vécu en autarcie et j'ai tendance à laisser mon enthousiasme et ma franchise prendre le pas sur les convenances. Si tu te méfies de moi ou si tu préfères véritablement poursuivre ta route seule, je comprendrais et je respecterais ton choix. Mais mon offre est lancée et reste valable. Je te propose de nous reposer et demain matin, tu me donneras ta réponse.

Sans ajouter un mot, Orion s'allongea sur le sol dur, une main machinalement posée contre le métal froid de l'urne qui contenait son armure sacrée.
La mortalité. Un mot important pour le jeune homme. Un concept simple, aussi abrupt que n'importe quel blizzard de Sibérie. Une vie solitaire avait apprit à Orion l'importance de la vie et le respect qui lui était dû. Observer cette jeune fille et penser à leur échange avait suffit à faire resurgir ce simple mot dans l'esprit du Saint.
Mortalité.
Un rappel systématique de la condition d'être humain. Du froid, de la faim, de la souffrance, du bonheur. Tout être mortel ne possédait qu'une vie. Et donc chacun se devait d'en jouir comme il le souhaitait. Nul mortel ne devrait jamais imposer ses choix à ses semblables. Une pieux précepte mais si difficile à appliquer... Orion venait d'en prendre conscience. Il avait proposer son aide en toute honnêteté mais il se refusait à l'imposer. Cette jeune fille était libre de choisir sa voie, sa vie mais aussi... sa mort.
Orion n'était ni un dieu, ni un mortel au dessus des autres. Ses pouvoirs hors du commun ne devaient pas lui faire perdre de vue ce simple constat. L'humilité restait sa frontière la plus sûre contre la perfide tentation qui lui susurrait parfois qu'il était davantage qu'un simple mortel. Plus jeune, isolé au fond de sa chaumière, sans contact ni chaleur humaine, Orion avait souvent rêver s'en extirper pour guider les autres, pour les rassembler autour de lui.

Chimère et arrogance. S'amusa le jeune homme. Comment ais-je pu me laisser un jour berner par de telles inepties ?

Cette jeune femme était libre. Et ni les pouvoirs d'Orion, ni sa volonté sincère de vouloir l'aider ne l'autorisait à la priver de ses choix.
Ce n'est qu'en sombrant dans la rêverie qui précède le sommeil qu'une voix à peine audible tinta dans les tréfonds de son esprit. Au fond de lui, Orion ne cherchait il pas simplement à se convaincre de sa normalité ? D'avoir le sentiment d'appartenir à une communauté ? A un groupe, fut il aussi vaste que l'humanité ? Le désir naïf d'un homme ayant vécu toute sa vie aux abords d'un village sans jamais avoir osé y pénétrer ? Un homme voué pour toujours à la solitude et à l'indifférence... Non par fatalité mais par choix. Par culpabilité. Par faiblesse peut être.
Le chevalier Cristal lutta quelques instants contre le sommeil au cas où la jeune fille aurait voulu lui répondre. Mais sa fatigue finit par prendre le pas.

La nuit porte conseil. A elle de faire son choix...

[Encore désoler pour le retard, je ne suis pas chez moi en ce moment^^']




[Etant donné que je risque de ne pas pouvoir posté régulièrement (vacance), je te libère, merci encore pour ce petit bout de rp^^ désoler de te laisser comme ça, mais je ne voudrais pas te bloquer ^^']

Orion fut tiré de son sommeil par un pâle rayon de soleil qui s'était frayer un chemin à travers la fissure béante d'un mur. Avant même d'ouvrir l'oeil, le jeune Saint sut que l'adolescente avait quitter la masure. Le seul contact de la couverture sur sa peau lui apportait toutes les réponses à ses questions.
Un sourire triste se dessina sur ses lèvres fines alors qu'il s'étirait lentement. Le message était limpide.

Partie avant l'aube en me laissant le seul don que je pouvais lui céder. Elle a fait son choix...

Perdu dans ses pensées, Orion s'appuya avec nonchalance contre l'urne qui contenait son armure. Les bras croisés, une mèche rebelle lui tombant devant les yeux, le jeune chevalier porta le regard vers le plafond délabré de la bâtisse. Elle était partie tel un nuage poussé par le vent. Orion avait choisi de respecter cette décision jusqu'au bout. Il aurait put la suivre, la convaincre d'accepter son aide. Il n'en ferait rien.

Nous sommes tous libre de nos choix. Nos erreurs nous permettent d'avancer même si parfois...

Repoussant avec force certaines pensées enfouies en son coeur, Orion se leva pour remettre la couverture dans son sac de voyage. Ceci fait, il replaça l'urne sacré sur ses épaules et passa le seuil de la maison en piteux état. Un soleil levant maitre d'un ciel sans nuage l'éblouit, l'obligeant à poser une main sur son regard émeraude. Le froid de cette matinée était cinglant et Orion eut une pensée pour l'adolescente perdue en ces terres inhospitalières.
Quelque chose chez elle avait déranger le Saint. Un sentiment étrange et indéfinissable mais bien présent. Malgré son apparence frêle, elle avait sembler posséder une force cachée, quelque chose de sombre. De si proche d'Orion tout en étant si distante...
Et pourtant, elle avait pris soin de replacer la couverture sur Orion pour éviter qu'il ne souffre du froid. Un tel geste avait suffit à prouver au Saint qu'il avait fait le bon choix.
Respecter sa volonté, admettre qu'elle puisse aller au devant de graves déconvenues, lui proposer son secours sans l'imposer...
Orion venait de mesurer les limites de son pouvoir et de son statut de chevalier. Savoir respecter les sentiments et les choix de tout un chacun. En un mot, admettre la teneur du mot "Mortalité"