Ah ouais, c'est comme ça ? Su-per... [quête de résurrection]

Il fait sombre. Il fait froid. Il... ça pue !!!!
Ouvrant brusquement les paupières, Styx fixe le ciel sans lune qui s'étend au-dessus d'elle. Non mais c'est quoi cette odeur pestilentielle là... c'est vraiment infecte. Mais ça n'est pas sans lui rappeler quelque chose par ailleurs.
Le corps endolori, à moins que ce ne soit l'âme, voire les deux... la fille d'Océanos est dans un état second. Ses prunelles mordorées restent plantées sur la voûte sombre aux couleurs froides qui la recouvre, sans réellement prendre conscience de l'endroit où elle est ni de ce qu'elle fout allongée par terre à même la poussière.

Puis soudain... c'est le flash.
Le conseil, l'arrivée de sa mère, la téléportation de Typhon... puis du Pope... l'immobilisme et enfin...
Les yeux de la blonde s'écarquillent, alors qu'elle redresse le buste d'un coup, comme piquée par on ne sait quelle sale bestiole venimeuse.

"Putain elle m'a scellée !!!" Crache-t-elle, choquée.

Son père passe encore, c'est presque devenu un rituel entre eux. Mais pas sa mère... pas elle... qui pointait aux abonnés absents depuis des plombes en plus. Elle ne manque pas de culot !
Et puis... mais... attendez une seconde...

Styx baisse les yeux sur son corps, puis ses mains se pressent contre son visage, ses cheveux, comme pour vérifier que tout est bien à sa place. Alors qu'en définitive... ce n'est pas du tout l'objectif.

"Attends attends, c'est quoi ce bordel..." Grogne-t-elle d'une voix sourde.

Tous ses membres sont là, c'est déjà une bonne nouvelle, mais surtout... elle n'est pas scellée, précisément. Alors que, si elle en juge par ses derniers souvenirs en date, ça devrait être cette insupportable gamine en noir et blanc qui devrait avoir le contrôle. Or... il en est tout autre.
Hum...

"Oh putain c'est pas vrai..." Lance-t-elle d'un air déconfit quand son regard balaye enfin l'endroit où elle se trouve.

Le Tartare... SU-PER.
Destination de rêve de tout dieu et titan qui se respecte, le Tartare c'est l'éclate, non mais vraiment. La poilade totale, la fête absolue, et le maître des lieux est tellement charmant qui plus est...

Une idée en amenant une autre, le visage de Styx se raidit d'un coup.
Si elle se trouve au Tartare... ça veut dire qu'elle est... morte. Ouais, alors ça c'est bien la seule règle absolue de cet endroit et qui explique que le sceau se soit rompu. Quand tu te présentes au Tartare, la forme originelle prime, de fait.
Mais... morte comment ? Par qui ? Pourquoi ? C'est quoi le délire ?!!!

La fille des Courants se lève d'un bond, alors qu'elle tourne la tête en tous sens.

"Papa ? PAPA ??? PAPAAAAAAAAAA ?!!"

Elle hurle à s'en péter les cordes vocales, alors qu'au fond elle sait pertinemment que ça ne sert à rien. Le Tartare est un enfer pour tous, mais un enfer qui prend une allure très personnelle que le maître des lieux adapte à loisir, et avec beaucoup de perversion, à chaque âme qui s'y présente.

Alors... si son père a subi le même traitement, elle n'est pas prête de le rencontrer, sauf si Tartaros l'autorise... ce qui est relativement peu probable.
Extirpant un soupir et croisant les bras sur sa poitrine, Styx apostrophe le maître des lieux.

"Youhou, j'suis là. Je connais la chanson et on ne va pas y passer la journée hein. J'aimerais bien savoir ce qu'il s'est passé là-haut. Alors si on pouvait accélérer, ça serait cool. Merci !"

L'un des sourcils de la Titanide s'arque. Un siècle ou deux ? Non mais il a fumé Tartaros là ou quoi ? Il l'a bien regardée ? Comme si elle avait du temps à perdre ici. Du temps à perdre tout court, d'ailleurs.

"Ah ouais non mais j'ADORERAIS rester avec toi, tu te doutes hein. Mais désolée, j'ai quelques culs à botter à la surface, dont celui de ma mère en premier lieu..." T'as raison, elle te mettra une si sévère raclée que l'envie de lui faire le moindre reproche te passera bien avant que ça te reprenne. "...alors franchement j'ai vraiment pas le temps."

Son regard balaye les lieux avec une certaine assurance. Une assurance dont elle se pare la majorité du temps mais qui, en l'occurrence, reste assez surfaite. Styx n'a pas le moindre pouvoir ici. Rien, quedal, na-da. Elle est soumise au bon vouloir du propriétaire des lieux et elle n'a pas la plus petite idée de comment en sortir sans son accord.
D'autres s'y sont essayé avant elle, et ont copieusement (et douloureusement) ramassés leurs gencives.

Une chaise apparait de nulle part et les fesses de la Titanide s'y retrouvent vissées en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, extirpant un grognement sourd de la poitrine de la blonde.

"Oh mais prend un siège Styx, je t'en prie. Mais avec plaisir cher Hôte." Mime-t-elle d'un air théâtral et surtout semblant se moquer du maître des lieux.

Puis quelques mots s'échappent des lèvres de son géôlier, Styx posant sèchement son regard mordoré sur lui dans un froncement de sourcils.

"Entretués ?"

C'est n'importe quoi.
Alors ouais, c'est déjà plus ou moins arrivé qu'ils se mettent de sacrées volées. Mais... aller jusqu'à s'entretuer, c'est... non. C'est...
Surtout que si elle en juge par les bribes de souvenirs qu'ils lui restent d'avant l'arrivée tonitruante de maman, il n'y a pas la moindre raison que les choses en soient arrivées là.

"C'est n'importe quoi. Et mon père sortira d'ici. Il est TOUJOURS sorti d'ici. Tu peux nous emmerder autant que tu veux, t'as pas le pouvoir de nous retenir indéfiniment." Lâche-t-elle d'une voix sèche, prenant doucement mais sûrement un ton poussant vers une colère certaine.

Styx dévisage le Maître des lieux d'un regard de plus en plus dubitatif. Un massacre ? Carrément ? Non mais la blague ! Comme si les Titans étaient de petites choses fragiles. Comme si son peuple, son magnifique et puissant peuple, pouvait se faire balayer comme un château de cartes rien qu'en soufflant dessus. N'importe quoi !
En plus "à sens unique" qu'il dit. Là encore... comme si les Titans allaient tranquillement se faire dégommer la gueule sans lever le petit doigt. Il ne va pas quand même pas imaginer qu'elle va gober son tissu d'inepties... Ou alors il commence sérieusement à se faire vieux, papy Tartaros.
C'est donc avec nonchalance que Styx répond à ses mots, si tant est que l'on puisse appeler sa une réponse, sa main brassant l'air en mode "cause toujours". Ni plus ni moins.

Lorsqu'il dérive sur son père, elle rigole déjà nettement moins.
Ses sourcils se froncent et sa mâchoire se crispe de manière très perceptible.

"Si t'essaie de me tournebouler le cerveau, va falloir d'y prendre autrement mon gars ! Mon père n'est pas aussi faible que tu le dis !"" Raille t'elle entre ses dents, tout en asseyant ses propos d'un regard colérique qui va bien.

Mais il sème cependant le doute. Un petit. Un micro doute. Mais un doute tout de même...
Car en définitive... la seule chose dont elle se souvienne, c'est de l'arrivée tonitruante de sa mère puis plus rien. Le trou noir et béant du scellement délayant invariablement les quelques évènements qui avaient pu se produire juste avant, comme à chaque fois.

Et si...

Styx agite sèchement son visage de droite à gauche. Plus pour elle-même que pour le maître des lieux d'ailleurs. Non, c'est impossible. Sa mère n'a pas pu se retourner contre eux. Pas contre son père ni contre elle. Elle la connait. Elle n'a pas pu faire ça.
Cependant... ça serait la seule explication qui irait dans le sens du coeur brisé qu'il mentionne.

Lorsque sa tête émerge de l'imposant tas de papiers qui trône sur son bureau, alors que Styx le fixe un sourcil arqué en se demandant à quel moment il va arrêter de se foutre d'elle, elle sent la colère fulminer dans son coeur lorsqu'il reprend la parole.

La trahison de sa femme, un combat contre un de ses frères, et la destruction du royaume...

Les mots qu'il prononce tournent en boucle dans sa tête, encore et encore, telle une sinistre mélopée. Impossible. Non. Impossible. Cela ne se peut. Il n'y a aucune raison à cela. C'est complètement... absurde.

"Ne te..."

Il reprend la parole alors que Styx se mord la lèvre si fermement, qu'un mince filet de sang s'écoule le long de son menton. Car contrairement aux mortels qui arborent la forme de leurs âmes lorsqu'ils séjournent en Enfer, les Dieux, quand à eux et surtout s'ils sont morts avec leur enveloppe charnelle originelle, sont bel et bien de chair et de sang durant leur séjour au Tartare.
Ce qui n'est pas sans compliquer leur périple dans la mesure où ils peuvent donc être torturés d'esprit mais aussi de corps.

"...FOUS PAS DE MA GUEULE !!!""

Elle explose. La colère se déverse, la Haine se dilate, grandit démeusurément, alors que la fille des Courants s'agite sur son siège comme une diablesse, prête à détruire tout ce qui aurait le malheur de croiser sa route. Mais les chaînes qui la retiennent sont magiques et donc impossible de s'en défaire tant que le monarque de pacotille ne l'aura pas décidé.

"Tu dis de la MERDE !!! Mon père ne pourrait JAMAIS envisager de rester ici ! Tu penses vraiment que tu vas le garder ? JAMAIS ! Et la destruction de notre royaume ?? Mais d'OU ?!!! Laisse moi sortir d'ici BORDEL !!!"

Elle éructe, aboie, vocifère, hurle. Tout ça en même temps.

En règle générale, Styx n'essaie jamais de faire redescendre sa colère. Elle n'y songe même pas, à vrai dire. Comment le pourrait-elle ? Alors qu'elle est l'incarnation vivante de la Haine...
Détester, haïr, se mettre en colère... est aussi naturel pour la fille des Courants que de respirer, si ce n'est davantage. Mais aujourd'hui c'est différent. A cet instant, tout est différent.

Plus Tartaros s'adresse à elle, et plus la Haine bouillonne dans ses veines, comme si son sang entrait littéralement en fusion. Tel un petit bois sec ne demandant qu'à s'embraser au contact d'une flamme. Dès qu'il parle, à chaque nouvelle phrase qu'il lui présente, Styx s'agite de plus en plus sur sa chaise, comme si elle était prête à lui sauter littéralement à la gorge.

"J'en n'ai rien à foutre !!!" Eructe t'elle en s'agitant de plus belle.

Il peut bien dire tout ce qu'il voudra, l'opinion qu'elle a de son père ne changera jamais. Il n'est pas le premier à s'y essayer, et ne sera sans doute pas le dernier.

Une sensation autrement plus désagréable s'insinue dans sa bouche, jusqu'au fond de sa gorge, alors qu'elle hoquète une énorme bulle de savon qui s'extirpe de ses lèvres et s'envole vers la sombre voûte qui les recouvre.
Littéralement folle de rage, la Titanide essaie de lancer une nouvelle floppée d'injures sans succès, son ardeur étant stoppée par le magma mousseux qui envahit sa bouche, transformant ses paroles en une sorte de grognement étouffé sans aucun sens.

Il en rajoute une couche bien épaisse lorsqu'il mentionne toutes les fois où son père l'a scellée. Il pense réellement qu'elle n'est pas la première à être au courant ?! Et il croit réellement qu'elle apprécie le procédé ??! Elle s'est assez de fois disputé avec son père pour que la réponse soit clairement et définitivement non !

Styx crache, tousse, évacue le savon qui remplit sa gorge sans discontinuer, mais à chaque tentative, elle se remplit à nouveau systématiquement dès qu'elle a le sentiment d'en voir enfin le bout. Ses prunelles reflètent toute la haine qu'elle éprouve envers le maître du Tartare, alors qu'elle le dévisage d'un air rageux.

Enfin... un mot semble lui permettre de trouver la volonté nécessaire à évacuer toute cette vase nettoyante, alors qu'elle recrache une énorme bouillie blanche et mousseuse sur le sol.

"Testament ? TESTAMENT ?! Mais arrête de te foutre de ma gueule !!! Mon père ne restera JAMAIS ici ! Il va revenir à la surface et on va récupérer notre royaume !"

Elle l'apostrophe d'un air déterminé. S'il dit vrai, et que les Titans ont réellement été attaqués, ils récupèreront ce qui leur appartient. Ca ne serait pas la première fois.
Mais son visage arbore une toute autre teinte lorsque des images se superposent lentement sous ses yeux. Détruits. Le temple et le palais. Tout est en ruines...

Les sourcils de Styx se froncent sèchement. Non... ce n'est pas possible. Mais son esprit se recalque une fois encore sur sa mère. Où avait-elle envoyé le Grand Pope... et Typhon... ils étaient restés dans le domaine des Titans, c'était sa seule certitude. Mais pourquoi avait-elle fait une chose pareille... Qu'est-ce qui pouvait bien la motiver...
Elle ne pouvait pas s'être retournée contre eux. C'était impensable. Alors, certes, elle était loin de l'oscar de la mère de l'année, très clairement. Mais de là à envoyer sa fille, ses frères et soeurs et son... mari !!! Son mari putain !!!! ...au Tartare, et détruire leur royaume... ça n'a aucun sens.

"Arrête de te foutre de ma gueule et laisse-moi sortir d'ici PUTAIN !" Hurle t'elle littéralement à l'adresse de Tartaros.

Les défenses et certitudes de Styx s'effondrent lentement mais sûrement au fur et à mesure que sa Haine enfle, au fur et à mesure qu'elle la consume de l'intérieur. Pour autant, elle ne s'en rend pas véritablement compte. Elle n'observe pas le processus, elle ne le discerne pas.
Il est bien là cependant, gangrenant son esprit petit à petit, au gré des moqueries et des idées que le maître des lieux insuffle doucement dans son esprit, telle la voix pernicieuse qui glisse des mots doux à l'oreille, qui murmure, qui influence sans que l'on ne parvienne réellement à discerner la nature exacte de ses objectifs.

"Il ne peut pas... m'abandonner."

Sa voix gronde comme celle d'un ours pris au piège, mais elle est plus basse, relâchée dans un souffle.
Il poursuit, encore et encore. Lui assénant des vérités qu'elle ne veut pas entendre. Il appuie son discours par des images, des scènes terribles qui défilent devant ses prunelles mordorées.
Typhon, Echidna, leurs enfants... Elle ne peut pas être seule... Comment pourrait-elle vivre avec ça... Comment... pourrait-elle reconquérir leur royaume seule. Le reconstruire, seule. Vivre tout simplement sur le monde des humains... seule.
Pourtant, une voix murmure dans sa tête. Mais cette fois il s'agit de nulle autre que de la sienne. Car Styx sait à quel point Echidna aime ses enfants. Et cette image... ce qu'il lui montre... fait malheureusement sens dans son esprit.

Une brise s'élève tout autour de la Titanide. Elle n'est ni bienveillante, ni amicale. Mais elle ne semble cependant pas dirigée vers le maître du Tartare. Elle est... là. Juste là.
Elle enfle, elle se teinte. L'aura rougeoyante qui auréole normalement la fille des Courants lorsqu'elle laisse parler sa Haine, est d'un noir de jais. Un noir profond, qui ressemble à une nappe de pétrole. Une aura qu'on ne lui a vue qu'une fois depuis sa création et c'était il y a bien des millénaires de cela.

Il lui montre enfin Prométhée. Son cher cousin. Le seul qu'elle aime presque autant que son père. Prométhée, le gentil, le doux cousin. Celui avec qui elle a fait les quatre cents coups. Presque un frère, et un ami, son meilleur ami.
Lui aussi... a décidé de l'abandonner. Et de la pire des manières.

La nappe de pétrole qui se répand à ses pieds grimpe le long de ses chevilles. On dirait que les eaux du Styx ont abandonné les Enfers pour se concentrer autour de celle qui leur a donné leur nom.

"Laisse moi sortir."

Ce n'est plus une injonction, mais ce n'est pas une prière non plus. Car bien que ces quelques mots soient formulés comme une demande, c'est presque comme si Styx énonçait un fait qui devra se produire à un moment ou à un autre.

L'aura de noirceur s'étend peu à peu. Elle glisse le long de ses mollets, couvre ses genoux, grimpe lentement le long de sa taille qu'elle enserre. Plus l'énergie de Haine Pure se développe, et plus Styx devient d'un calme qui en est presque effrayant lorsqu'on la connait. En tout cas, vraiment inhabituel.

"Il me reste encore quelqu'un sur terre. Et je dois aller la récupérer." Dit-elle d'une voix d'outre-tombe, alors que sa longue cascade de cheveux blonds dégringole devant son visage.