Le plein d'âme immortel. [Quête de résurrection]

Quel accueil réserver à cette déesse amoureuse de la virginité ? Un accueil purement masculin, bourré de testostérone, de sexes vaillamment dressés et la forçant à commettre des actes dont elle n'imaginait pas l'existence ? La forcer à ne plus être si pure, comme elle pouvait le prétendre ? Après tout, Tartaros n'était pas réellement celui qui décidait de la punition de ses gentils prisonniers. Ces résidents, temporaires ou définitifs, étaient là parce qu'ils étaient morts dans le monde des mortels. Parce que le corps qu'ils ont emprunté ne vivait plus, parce que leur corps originel n'était plus capable de retenir en lui toute la lumière divine. Que punissait-on réellement au plus profond des Enfers ? L'arrogance. L'arrogance qu'ont les êtres divins à se croire supérieurs à la Création elle-même, à se croire infiniment plus intelligents à leurs aïeux.


Une supplication ? Prier pour connaître au moins un patronyme, pour ne pas se sentir seul ? "Qui que ce soit" ? Oh, ma très chère Lune, tu ne seras pas déçue du voyage. Oh, divine créature, le Chaos qui prend place dans ton esprit sera ton châtiment. Un  châtiment qui te paraîtra durer une éternité, toi qui es censée être immortelle, ne pas connaître les affres du temps, tu supplieras pour une deuxième chance. Tu supplieras pour une clémence. M'est avis qu'elle ne te sera pas accordée aussi facilement. M'est avis qu'elle te sera accordée uniquement si tu renonces à quelque chose en toi, à quelque chose qui te caractérise.


Une lumière aveuglante se rapprochait dangereusement de la chasseresse, une lumière si blanche, si pure que celle de Zeus paraissait fade, pâlotte, presque insignifiante. Elle n'était plus dans le noir complet, elle était dans une pièce entièrement blanche, rappelant la pâleur de ses joues, rappelant la pureté de la femme avant l'acte de s'abandonner dans les bras d'un homme. Un homme, chose qu'elle détestait, cette déesse des femmes...


Un décor s'installait : une végétation luxuriante,  des arbres à perte de vue, une nature sauvage, un sentiment de liberté croissant, qu'on pouvait humer à chaque pas. Toutefois... Cette liberté n'était qu'un leurre pour la déesse virginale. Oh, elle allait avoir droit à sa première partie fine. Ou plutôt... à sa première chasse à cours. Et cette fois-ci, c'était elle, le gibier.


Elle était au beau milieu d'une forêt d'arbres centenaires, hauts de plusieurs dizaines de mètres, à croire qu'ils caressaient les nuages. Soudain, vint à ses pieds une flèche, judicieusement plantée entre ses panards. Une autre s'invita au bal et frôla son oreille droite. Elle était la cible. La cible de chasseurs bien plus expérimentés qu'elle. Tout en sachant qu'ici... elle ne pouvait se protéger comme elle le ferait dans le monde des vivants. Mais... le savait-elle ?

Une flèche atteint enfin sa cible : elle. Elle se planta judicieusement dans son mollet droit, traversant sa chair blanche et se retrouvant de l'autre côté de la jambe, non sans avoir légèrement fissuré le tibia de la vierge. Des bruits de pas étaient bien audibles. Il ne s'agissait pas d'une simple marche. Non. Oh ça non. Comme si une vingtaine de personnes courraient pour récupérer le gibier.

Elle avait encore le pouvoir de se sauver. Mais un chasseur abandonne-t-il si facilement sa proie ?

La déesse de la chasse se faisant chasser... Quelle ironie.


Elle n'était plus si grandiose ici. Elle était simplement... l'ombre qu'elle était vivante.


Amusant.