La fin Temple d'AphroditeLe Temple d'Aphrodite a toujours été un haut lieu de tout ce qui incarne la vie sous son meilleur jour. Un soleil doux et agréable baigne les lieux en permanence. Des étendues d'herbe fraîche, perpétuellement couvertes de rosée et parsemées de fleurs odorantes, comblent la vue où que porte le regard.
La Déesse ayant à coeur que la Beauté s'incarne en ces lieux dans sa plus pure magnificence, chaque statue, chaque création réalisée par les plus talentueux artistes que compte et ait compté cette terre, agrémentent le temple dans ses moindres recoins.
Il n'est pas rare de croiser nymphes et servantes, aussi belles que le jour et toujours apprêtées avec soin, car Aphrodite ne supporte ni le désordre, ni la négligence. D'ordinaire, de nombreux guéridons sont chargés de fruits et d'hydromel pour les invités de passage ou, tout simplement, pour les quelques collations que s'offre parfois la maîtresse des lieux.
Mais pas aujourd'hui.
La pénombre recouvre le Temple de l'Amour. Une épaisse nappe de brouillard enveloppe les lieux, engloutissant tout sur son passage. L'atmosphère est lourde, pas âme qui vive à l'horizon. Ce temple qui est d'ordinaire toujours si joyeux, si plein de vie, bourdonnant autant du chant des abeilles que de celui des nymphes, est en ce jour aride et déserté.
Il approche.
Son aura si reconnaissable se fait sentir aux abords de la demeure de son épouse. Etait-il inquiet... probablement. C'est sans doute la seule explication qui justifie sa présence en ces lieux. Et le voilà qui s'avance. Son visage est fermé. Ses traits si beaux et si fins sont aussi crispés que son délicat épiderme le leur permet. Le noir règne tout autour de lui. Pas une lanterne, pas un flambeau n'illuminent la pénombre qui ne semble pas vouloir que quiconque lui retire son droit d'exister.
De dos, flottant doucement au-dessus du sol telle une apparition sortie tout droit d'un songe, son épouse se tourne doucement dans sa direction alors qu'il approche. Un délicat sourire, un peu pâle, se dessine sur son visage lorsqu'elle aperçoit le sien. Elle ne s'avance pas pour aller à sa rencontre. Elle ne tendra pas la main vers lui ni ne lui prodiguera l'un des sulfureux et tendres baisers dont elle a le secret. Rien de tout cela. Car, en vérité... elle n'en a pas la capacité. Elle ne l'a plus.
Alors lui adresse-t-elle un simple sourire. Tout ce qu'elle peut lui offrir à cet instant.
Elle a tenu. Oh que oui... aussi longtemps qu'elle l'a pu. Mais il sera bientôt trop tard.
(c) Never-Utopia