Ryûichi avait filé d'une traite depuis ses mésaventures du Sanctuaire. Arrivé au Meikai il ne perdit pas de temps afin de rejoindre le Lac de sang et sa modeste demeure dissimulée à l'abri des regards. Comme à son habitude il atterrit brutalement devant la forge, creusant un cratère à l'impact. L'air renfrogné le Spectre remonta le chemin jusqu'à un terrain vide où l'air chaud déformait la vision. Sous l'impulsion de son cosmos ardent Ryû franchit le kekkai qu'il avait apposé et disparut pour mieux réapparaître chez lui.
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C'était toujours agréable de retrouver ses quartiers et se délaisser sauf que cette fois-ci cela l'ennuyait - pour être poli - plus qu'autre chose. Son poing droit vint s'encastrer avec violence dans un rocher, détruisant un pan de celui-ci sous la colère.
Ano onna... Yurusan ! Zettai ni yurusan zo! (Cette meuf... Jamais, jamais je ne lui pardonnerais !)
Ryû était blessé dans son honneur. Heurté dans sa fierté et dans sa confiance en lui. Se faire malmener de la sorte aussi facilement le dégoûtait au plus haut point.
Le lac couleur carmin donnant son nom à la sixième prison des Enfers étant situé non loin le Bénou s'y rendit toujours hanté par ses idées noires. Une large et grande cascade se jettait dans les eaux rougeâtres, cascade au courant puissant mais néanmoins apaisant. Positionné en dessous il laissa les tumultes évacuer peu à peu les poussières sur son Surplis ainsi que sa frustration. C'est en silence qu'il retourna près de sa demeure, l'air chaud que son cosmos dégageait achevant de le sécher intégralement.
Assis en tailleur sur un petit rocher Ryû détacha pièce par pièce son armure sombre, les essuyant soigneusement avant de reformer son totem aviaire. Seulement ses pensées étaient dirigées ailleurs. Cette altercation à sens unique avec Angele le préoccupait beaucoup et ce que le Sagittaire lui avait dit sur ses manquements furent vraiment marquants. Qu'est-ce que la véritable haine ? Quid de la réelle rage, celle qui permet de défier les puissants et les dieux ? Que lui manquait-il afin d'être plus fort encore ?
Bien que assailli par toutes ces interrogations Ryû gardait un souvenir plus désagréable en tête. Cette Saintia l'avait vaincu aussi bien par l'esprit que physiquement. Balloté comme un simple fêtu de paille, lui qui envoyait voler ses adversaires d'une main. D'après ce qu'il avait cru comprendre le Sanctuaire n'avait plus beaucoup de défenseurs mais chacun d'eux n'était pas le premier pécore venu. S'ils étaient tous du même acabit que Scareface, Orion ou cette Angele, même à plusieurs le Meikai n'était pas sûr de triompher. Et dire que seul le Cancer était venu pendant la guerre... (Le Bélier aussi mais ça Ryû ne le savait pas.)
Ses vêtements étaient sales et poussiéreux, le bleu de sa tenue martiale s'était délavé quant à l'odeur... Un à un l'ancien yakuza enleva les pièces de sa tenue révélant un corps bardé de cicatrices plus ou moins longues et profondes. Des stigmates de son ancienne vie de violence semée d'embûches et de tristesse. L'eau du onsen sur sa peau lui fit du bien et il se prélassa, oubliant un instant cette récente déconvenue. Une fois propre il se rendit dans sa chambre, quelques gouttes d'eau glisserèrent de ses cheveux crépus pour se perdre entre ses yeux et s'écraser sur le sol en bois. La pièce sentait bon et l'odeur lui fit esquisser un sourire : tout ici lui rappelait olfactivement parlant Hyujae. La belle Coréenne n'était évidemment plus là mais sa présence continuait à habiter la demeure. Elle lui manquait. Terriblement. Peut-être était-elle autre part dans le royaume ? Était-elle sorti ? Son entraînement avait-il porté ses fruits ? Quoiqu'il en était si quelqu'un pouvait lui apporter détente et bien-être en ce moment c'était bien elle. Le regard de Ryû fut attiré par un rouleau de bandages posé près du futon. Les bandages qui avaient servi après les brûlures infligées après son énervement contre elle. Kawaiso (la pauvre) il lui en avait fait voir des vertes et des pas mûres à cette époque là... Le jeune homme à la peau ébène s'allongea nu comme un ver et fixa le plafond. Que faire maintenant ?