Retour au jardin

Roulée en boule, la petite créature avait volé au-dessus des prisons des enfers avec une peur panique. Il pensait pas un jour devenir de ces oiseaux qui voyageaient dans les cieux. Ses bubons ne cessèrent d'observer lentement les alentours en se demandant bien ce qu'était ces milliers de fourmis qui semblaient aller et venir, il ne voyait pas grand chose et les comprenait encore moins. Soudain, il sentit à nouveau le sol sous son corps membraneux et il vit ses amies ailées repartir de plus belle sans un mot.

La larve était déçue. On l'avait amené ici et Amaelio l'avait lâché dans la nature sans lui expliquer quoi que ce soit. Il voyait des fleurs et des petits insectes partout, il était vrai que c'était un petit paradis pour se nourrir. Cependant, il ne pouvait que se sentir abandonner encore une fois, son sombre seigneur l'avait renvoyé de sa demeure sans porter la moindre attention à sa présence. Il n'était rien, encore une fois. Lui qui pensait trouver enfin de la compagnie, il avait l'impression qu'on prenait un malin plaisir à lui rappeler sa mort. Dans un suintement, il s'approcha d'une petite colonne de fourmis et commença son repas dans une rage qu'il ne pouvait s'expliquer. Chaque petite vie qu'il brisait, chaque craquement de cette chitine sombre et glauque, était une sorte de satisfaction personnelle pour passer cette frustration. Amaelio avait l'air pourtant charmant et il lui avait promis de l'envoyer ici, mais ainsi, seul, sans explication de l'endroit où il était ? Un crachat collant sorti de ses mandibules alors qu'il voyait une mouche qui tentait de fuir.

Ses bubons comme ses mandibules furent surprises de cette capacité. Il pouvait donc cracher des espèces de fils collant comme le sang quand il sèche. Il s'approcha de la mouche qui grésillait sous les fils et l'observa. Il tatait de sa peau les petits fils et sentit que la colle ne l'affectait pas. C'était donc un moyen pour lui de chasser sans se faire prendre dedans. Ses bubons relevèrent alors la tête vers la mouche et ses mandibules s'écrasèrent sur sa chair dans un nouveau craquement sinistre. Le glouton dévorait ce qu'il pouvait, sa faim ne semblait plus avoir de limite. A un moment, il croisa un squelette d'homme recouvert d'un reste de chaire morte, il sauta dessus et dévora ce qui restait, les os devinrent aussi blancs que les pétales des marguerites ici présentes.

Deux petites heures plus tard, il se sentait de nouveau seul. Il ne savait pas quoi faire, où aller. Il quitta alors ce jardin pour aller autre part, il avait tant à connaitre et savait maintenant qu'il ne pouvait plus faire confiance à quiconque. Il était seul et le serait certainement toujours, il était une pauvre chose comparée aux seigneurs des enfers. Amaelio venait de lui apprendre quelque chose que la larve ne connaissait pas jusqu'ici : la rancoeur.

Autre part.