Tourisme dans les enfers

Cet automne lui semblait être une sorte d'enterrement, comme une longue chanson liée au chagrin, et pas seulement pour le passé mais aussi pour ce qui durera éternellement. Cette nature épuisée, si tragique et suicidaire... Qu'elle est spectaculaire quand elle décide de se tuer, quand elle décide d'aller là où elle ne devait pas. Pourquoi avancer ? Pourquoi continuer alors que la mort s'agitait lentement jusqu'à ses orteils. Comme la dernière feuille qui tombe lors de la l'arrière-saison, il était là aussi, déshabillé, sans son écaille, habillé d'un simple gilet de grand couturier. Ses larmes de sang coulaient le long de ses joues et tombaient sur sa poitrine, telles des pétales attirée par cette gravité universelle. Il aimait la chaleur, habituellement, mais là, il était bien mieux dans cette froideur, au point de vouloir y dormir, seul, au moins de vouloir partager des opiacés et laisser les paysages faire de même.

Il leva les yeux au ciel, pour espérer voir un envol d'hirondelles ou au moins d'oisillons prêts à voir leur vie s'envoler. Une sorte de vol d'adieu. Il ne voulait pas revoir Athéna dans ces conditions-là. C'était bien trop difficile à ses yeux, pour son coeur, pour son imagination, pour sa santé mentale. Pourquoi ne pas célébrer un festival pour la vie, pourquoi ne pas voler pour la liberté et non pas se laisser anéantir par la Faucheuse ? De toute façon, là, il avait atteint un point de non-retour. Il pleurait, non pas de tristesse, mais d'une rage qui remplaçait son coeur, une rage qui détruisait chaque liaison nerveuse, chaque once de bonté en lui. Il mourait, finalement. Et pourtant, il n'a pas été libéré de cette vie par la mort, étant réapparu pour le compte de la divinité des mers, comme pour l'aider à cette tradition annuelle de destruction massive, au nom de la reconstruction totale. C'était une grande source de confusion, une raison de décadence et de désillusion. Dans l'obscurité, il avait trouvé un paradis à bout de souffle. Non, il n'était pas mort et elle non plus. Il fallait simplement profiter... d'un coma.


Il se retourna, juste avant de poser un pas dans cette mare obscure, cette pourriture animale, ce suintement d'âmes damnées. Une étrange énergie arriva jusqu'à lui. Il la reconnaissait. Bordel de merde, c'était la foire ou quoi ? D'abord Athéna ensuite la Dinde. A croire qu'ils s'étaient donné le mot. Qu'Athéna utilise l'attaque interdite, pourquoi pas après tout, elle avait forcément ses raisons, elle était en plein milieu d'un territoire ennemi, elle devait pouvoir se défendre comme elle le pouvait. Mais la Dinde, non. Il était à l'entrée, il pouvait clairement faire demi-tour et se barrer. Par contre... Quelle puissance. Il n'avait pas volé son rang de dieu de la Guerre. Il y avait un fossé qui les séparait, c'était certain. Par ailleurs, quelque chose le dérangeait... A l'entrée, il y avait Hadès, Réa, Perséphone, Alfengard et Poséidon. Il y avait trois chances sur quatre pour qu'il se soit attaqué à un de ses frères ou son dieu actuel. Seigneur, pourvu qu'il n'ait pas touché à un de ses frères... S'il l'avait fait... Alors tous les Guerriers divins devenaient des ennemis. Déjà que la grosse Dinde, il avait du mal depuis leur petite altercation l'autre fois, alors le fait de balancer une telle attaque... Et puis par logique, ça ne pouvait pas être contre Hadès, il avait épargné Thor, même s'il avait décidé de se suicider. Donc... Putain mais quel con.


Il vit la Guerrière divine de tout à l'heure un peu plus loin et la rattrapa, tandis qu'il sentait qu'un combat faisait rage dans la cinquième prison. Seigneur, les Guerres saintes, il n'aimait pas ça. Pas que se battre lui posait problème, sinon le fait de pouvoir être attaqué de n'importe quel côté. Arrivé à sa hauteur, il se racla la gorge afin de prononcer quelques mots.


"Rassurez-moi, cette énergie ne vient pas de votre Dieu, n'est-ce pas ?"


Il savait que c'était lui, mais ça se trouve, c'était sa folie qui lui jouait des tours. Bordel, être schizophrène, avec des troubles bipolaires avancés, je ne le souhaite à personne. La paranoïa était présente, hein.

Malheureusement, la guerrière divine n'avait pas compris la question. Il se fichait complètement de savoir qui se battait juste à côté. L'énergie d'un simple guerrier divin n'était pas importante et n'allait pas changer le cours de l'histoire. Il parlait de l'énorme déflagration qui détona il y a quelques minutes. Cette même déflagration qui a causé un léger tremblement dans tout le Royaume des morts, ne pouvait absolument pas venir d'un guerrier divin, mais seulement d'un Dieu et pas n'importe lequel, Odin. Il ne faisait aucune conclusion hâtive. Par le passé, il a rencontré ce Dieu, justement, et pour un guerrier de la trempe d'un chevalier d'or, reconnaître une signature cosmique n'est qu'un jeu d'enfant. Il voulait simplement s'en assurer ou plutôt simplement se rassurer, ne sachant absolument pas contre qui Odin a balancé cette attaque tonitruante. Et il y avait trop de chances pour que Poséidon ou pire, Réa et Alfengard, aient été pris pour cibles. Déjà qu'il n'était pas dans le cœur du Sans-Visage, alors qu'il s'attaque à ses frères, il ne pouvait pas le lui pardonner.


De toute façon, nous n'étions jamais sûrs de rien, n'est-ce pas ? Il était aussi fort probable qu'il ait balancé son attaque sur Hadès et pour le coup, il n'en aurait rien eu à foutre. Il aurait pu la balancer sur Perséphone, et malgré les différends qu'ils pouvaient entretenir tous les deux (vous savez, on ne pourra jamais empêcher deux chiens dominants de s'affronter), ça l'emmerderait un peu, quand même. S'il a accepté sa reddition, c'est pas pour qu'un vieux borgne décide de lui ôter la vie. C'était une femme aimée et amante, elle protégeait son époux, par n'importe quel moyen, elle avait droit de jouir de sa vie. Il aurait bien apprécié la revoir, parce que même si elle n'hésiterait pas à lancer Cerbère à son cul, Hevruka n'était pas un Saint comme les autres, donc... y'avait moyen de moyenner. Donc il avait quatre chances sur cinq d'avoir attaqué la mauvaise personne. Les probabilités étant ce qu'elles sont, il fallait la bloquer.


"Qui a parlé de te laisser avancer ?"


Les yeux dégoulinant de sang, la bouche laissant s'échapper un filet de sang brun, le Sans-Visage n'avait pas la tête des bons jours. Son teint blanchâtre ne laissait rien envisager de bon. En aucun cas un Guerrier divin n'a le droit de rejoindre Athéna avant lui. Il ne le permettrait pas. Surtout pas à quelqu'un qui ne s'est même pas battu, à quelqu'un qui n'a même pas daigné aider ses camarades, qui n'a même pas eu la bienveillance de protéger son Dieu, ou de prendre sa place lors d'un combat. Les Guerriers de nos jours... Tous ceux qu'il avait croisés par le passé n'ont jamais été comme ça. Tant de choses ont changé en trois ans ? Ridicule.


L'univers autour d'eux est devenu bien plus sombre, bien plus incertain. A part la route permettant d'avancer ou de reculer. De grands embranchements firent leur apparition. Ils n'étaient plus "réellement" en Enfer, mais dans l'hyperespace, là où toutes les décisions se prennent, là où il y avait forcément un choix à faire. Continuer et briser le maléfice ou repartir ? L'écaille du Sans-Visage, retirée tout à l'heure, venait de reprendre sa place. Visiblement, Poséidon n'a pas encore statué sur le sort d'Hevruka. Seul son heaume manquait, mais peu importe, il n'était pas utile. Pour le moment.


"Crossroad mirage..."

Spoiler:

 Sur le parvis d'à côté

Profitant du fait que Setesh et Alessio soient en pleine discussion avec un chevalier d’Or, le fils de Nyx décida de se téléporter directement au domaine où se trouvait un regroupement d’énergie cosmique. Il laissait tout le loisir au Juge du Griffon de restituer la dépouille de la Sagesse à ses Saints, de toute façon c’était trop tard pour eux. Ils avaient été beaucoup trop lents et avaient failli à leur tâche qu’était de la protéger. Athéna avait perdu la vie de son propre chef, pensant probablement qu’Hadès accueillerait le Gold Saint du Cancer à bras ouvert. Grave erreur qui lui avait coûté gros quand même, car maintenant les nouveaux arrivants provenant du Sanctuaire venaient en ces lieux pour rien. Il était temps de renvoyer tout le monde chez soi, a commencé par ceux qui avaient osé avancer si loin dans le Royaume des Morts.  

Apparaissant dans ce qui était la quatrième prison, Hypnos eut le plaisir de constater qu’une Asgardienne était prise dans un kekkai assez puissant pour demander de l’aide pour en sortir.  A ses côtés se trouvait une personne, probablement celui qui l’avait enfermée pour l’empêcher de continuer sa route. Que voulait-elle donc en se promenant si loin de l’entrée des Enfers ? Hypnos ne tarderait pas à lui demander lorsqu’elle serait en état de lui répondre. Quant à la personne à ses côtés, le Dieu du Sommeil n’avait strictement aucunes idées de son identité. Là encore, il ne tarderait pas à demander car il fallait remercier cet inconnu d’avoir entraver l’ascension de cette ennemie. En parlant de ça...

“- Cela m’étonne que vous soyez toujours ici, titan de Cronos. Déclara Hypnos en jaugeant le couard qui essayait de s’éclipser en douce, Sachez que votre fuite fera l’objet de représailles des Enfers ultérieurement.”

N’était-ce donc pas les conséquences d’une trahison que les titans avaient acceptées ? Ils allaient être servi d’ici peu. Maintenant qu’Athéna était morte, les indésirables allaient être chassés à coup de pieds dans le cul des Enfers. Après cela... Les titans allaient devoir répondre de leurs actes devant leurs anciens alliés.  Sa menace ayant été prononcée à l’encontre de Léandro, le fils de Nyx se tourna vers l’inconnu qui avait enfermé la demoiselle dans un kekkai.

“- Etranger, je ne sais pas qui vous n'êtes ni ce que vous recherchez mais je vous adresse mes remerciements. Poursuivi Hypnos à l’adresse de l’autre, montrant la prisonnière d’un mouvement de tête.  Puis-je savoir l’objet de votre quête en Enfers ? Est-ce pour nous combattre ? Essayer de sauver Athéna ? Si c’est le cas, il est trop tard. Le chevalier d'Or de la Vierge est en ce moment en train de discuter avec l'auteur de sa mort. Je vous demande donc de rebrousser chemin.”

Impassible, Hypnos avait opté pour la franchise, histoire qu’il ne se fasse pas de films inutiles comme quoi la Déesse Athéna pourrait encore être sauvée. Quoi qu’il en soit, son interlocuteur ne semblait pas être un saint ou un ennemi, bien qu’il fût du genre imprévisible comme en attesta la barrière autour de l’Asgardienne. Cette dernière n’avait visiblement pas envie de se libérer de sa prison, ce qui ne manqua pas de faire sourire le frère de la Mort.  

“- Quant à vous, mademoiselle... repris Hypnos en dardant ses billes dorées sur l’intéressée, J’ai bien peur que personne ne veuille vous aider à sortir. Il va falloir le faire vous-même.”

Le sourire d’Hypnos s’élargit en un rictus moqueur, alors qu’il regardait l’Asgardienne encore enfermée demander de l’aide. La pauvre tout de même...  Hypnos aurait bien voulu allez s'occuper de personnes qui en valaient la peine, cependant la présence de cette indésirable l'en empêchait. Il fallait s'en débarrasser rapidement si cette dernière décidait de continuer son petit bonhomme de chemin en Enfers. Chemin dont la raison était encore inconnue, lui aussi. Quoi qu'il en soit, un mauvais pressentiment s'immisca dans l'âme d'Hypnos. En effet, quelque chose en rapport avec son jumeau semblait lui murmurer que cela n'allait pas. Il fallait donc qu'il laisse Amalthia et les autres, il avait d'autres chats à fouetter. Disparaissant à nouveau, le Sommeil prit la direction de l'entrée du Royaume. om du moins celle de la prison où l'énergie de son frère se faisait ressentir.

 Première prison (12 Octobre - sauf intercerption)

Ridicule. C'était le premier qui traversa l'esprit des Gémeaux. Elle était ridicule à demander de l'aide, limite à implorer de la clémence. A-t-elle une once d'amour propre ou pas ? C'est à se poser des questions. C'était une Guerrière divine, tout de même, elle avait largement assez de pouvoir pour se libérer de cette prison cosmique. A croire qu'elle ignorait la puissance qu'elle pouvait avoir en elle, chose assez peu probable, sinon, elle ne serait pas en Enfer. Ou plutôt, sinon elle ne serait pas allée aussi loin dans le monde des Ténèbres.


Alors qu'une autre personne arriva et commença a déblatérer v'là les conneries, le Sans-visage eut un haut le coeur. Il se sentait soudainement tout flagada. Lui qui n'en possédait plus, il sentait son coeur se serrer, se comprimer dans sa poitrine. Il avait un très mauvais présentiment. Déjà tout à l'heure, il sentit quelque chose de particulier venant de l'autre bout du Royaume d'Hadès, comme un puissant cosmos s'éteindre. Mais là, c'était autre chose, il se sentait... abandonné, encore une fois. Il était seul, absolument seul...


Alors qu'il s'apprêtait à répondre au bavard, il disparut, allant à l'entrée du Royaume des Morts. Il suivit sa silhouette du regard, tout en gardant Amalthia prisonnière de l'hyperespace. On garde toujours son poisson dans son filet, sinon à quoi bon pêcher ? Il fallait bien se nourrir un peu, non ?


"Tu n'as pas à te rendre près d'Athéna, ce n'est absolument pas ton rôle, absolument pas ta destiné. Tu es une Guerrière Divine, pas une Saint. Moi, j'en suis un. Tu n'as absolument rien fait dans cette guerre. Tu ne t'es pas battu. Ton Dieu est mort et tu n'étais même pas là pour le protéger, préférant être auprès d'Athéna. Tu devrais avoir honte."


Il tourna les talons et se dirigea vers l'entrée du Royaume, ayant vu au loin le chevalier d'or de la Vierge avec le cadavre d'Ahina. Seigneur... Il n'y avait rien de pire. Hevruka retenait ses larmes, il retenait sa colère, il retenait sa furie, il retenait sa propre mort. Il y arriverait, pour sûr.


"Allez, rentre chez toi. Au revoir."