Il y avait sur la Terre, proche du nord, de nombreuses portes magiques permettant de rejoindre les autres mondes liés à Yggdrasil. Impossible de toutes les connaitre mais certaines, plus légendaires que d’autres, car liées au passé de Midgard, étaient connues des mortels et des dieux. Et c’est proche de l’une d’elle qu’il était question de s’approcher. Ashram était de la forêt de fer, avait été élevé par Managarm, la puissante louve. Il était de la famille de Fenrir, celui qui dévorerait le monde lors du Ragnarok. Mais Ashram avait été entrainé ailleurs, il était devenu l’un des gardiens d’Yggdrasil.
Et aujourd’hui, il avait décidé d’abandonner un combat pour en poursuivre un autre.
Quoi faire d’autre que de le laisser partir, lui, le déchu, comme il aimait dire si souvent. Il n’avait rien de tel pourtant. Pouvait-il être affaibli, vaincu ou encore blessé de ce que la Terre avait comme souffrances dont il ne pouvait alléger le poids ? Assurément. Jamais les royaumes dépendants d’Yggdrasil n’avaient été amenés à connaitre ce que le monde de Midgard connaissait. Et rien n’était plus effrayant pour un gardien que de ne pouvoir rien faire.
C’est là, à quelques dizaines de mètres d’une caverne obscure que je m’arrêtais, silencieux.
J’avais été suivi mais je n’avais pas dans l’idée de me retourner pour l’instant. Crépuscule naissant, les abords de la caverne se parent de couleurs étranges, de reflets et de jeux d’ombres particuliers. Invisibles avant, des runes nordiques, des Aeths et d’autres symboles étranges viennent s’afficher les uns après les autres sans un bruit. La nature a fait silence, toute entière. Elle attend que le miracle s’accomplisse et que le voile de la réalité ne s’ouvre. C’est bien aussi parce que ma présence le leur demande. Il faut la volonté d’un dieu pour ouvrir les portes aux mortels.
Mes yeux se ferment un court instant. Si court mais on peut deviner ici et là le passage du temps dans le mouvement imperceptible de mes gestes, comme s’il s’était arrêté. Des nuages, des grondements, et là, un éclair qui vient zébrer le ciel au ralenti, éclaircissant tout d’une lumière aveuglante.
Les pupilles de chacun présent ici auront pu se remettre, et distinguer une forme, animale, majestueuse, quasi mythologique… : un loup à la taille hors normes. Il se dresse là, immobile, silencieux, jusqu’à ce qu’une phrase soit clairement audible de chacun des présents, sans que les babines ne viennent remuer un seul moment.
- En ces temps-là, nous marchions déjà sur la Terre.
C’était Ashram, dans sa forme primaire, blessé, meurtri, portant les stigmates de nombreuses cicatrices héritées des trop nombreux combats que le héros avait livré, il incline sa tête canine comme si ce qu’il venait de dire était une fatalité. Persistait toujours en lui le souvenir d’un Eden disparu pour lequel il avait tant combattu autrefois. Il ne pouvait lui rester qu’une plaie grande ouverte. Les choses ne sont pas éternelles. Hélas, dans les anciens contes, même le Ragnarok devait anéantir Asgard et tout ce qui a avait été accompli il y a des éons. Pourtant…
- Il ne s’agissait que de ton retour, Thor, fils d’Odin. Ma sœur Cyn m’avait tant parlé de ce moment, et des choix pour le vivre ou l'éviter. Je ne pouvais être dans deux mondes à la fois.
C’était peut-être vrai, d’autres embuches, d’autres missions que les siennes l’attendaient sans doute, là, non loin d’une des racines de l’arbre-monde. Il avait été gardien autrefois, il avait perdu son titre, tué et trahi par Fenrir, il n’avait pu connaitre le salut que par sa sœur et Odin, miséricordieux.
- Alors, mon temps ici est révolu ; je n’ai plus rien à y apporter… jusqu’à ce que le monde tremble aux prémices du Ragnarok. Tu le sais, n’est-ce pas ? Mon destin, le tien… Fenrir… Je ne peux me résoudre à faillir ici car toutes mes forces seront nécessaires aux derniers jours…
L’éclair qui zébrait le ciel n’avait toujours pas terminé sa course et le regard d’Ashram changea de cible. Car il l’a vue, la spectre, et pourtant il n’en a rien dit. On aurait pu croire que seule la haine aurait persisté envers les spectres, pour la mort de Nox, mais il fallait croire que quelque chose s’était passé depuis quelques jours, peut-être même depuis l’entretien avec Perséphone.
Il avance juste d’un pas, fixe la spectre, si intensément que son regard aurait pu la traverser, de compassion, de sagesse. Tout était en suspens jusqu’à ce qu’il ne lui adresse quelques mots.
- Je comprends mieux la raison pour laquelle Nox s’est sacrifié face au Juge de la Wyverne. Mais puisque tu es du Royaume d’Hadès, sache que tout cela n’a plus la même importance.
Ashram, dans ces derniers instants terrestres n’avait rien d’autre à donner que quelques mots et pourtant, j’étais à mille lieux de me douter de celui qu’il allait énoncer, juste en face d’une représentante d’Hadès.
- Je lui pardonne…
La toison du loup, oscillait lentement, avec irrégularité, creusée de sillons anarchiques au rythme d’un léger souffle de vent. Rien n’était plus magique et étrange que cet instant. Et lui était en train de disparaitre, lentement mais sûrement. Sa forme s’estompait et il ne laisserait probablement rien de plus qu’un murmure sur cette Terre. Et deux vivants pour seuls témoins.
- Tel est le Wyrd...
Après avoir regardé chacun d’entre nous intensément, il finit par se retourner, prompt à partir vers la caverne, bien au-delà en vérité, vers Jottunheim, Niflheim et les racines de l'Arbre-monde. L’instant étrange qui avait figé jusqu’au temps arrivait finalement à son terme, tout comme la foudre qui zébrait le ciel et atteignait sa course. Vision fugitive, j'avais cru voir une Valkyrie, et un autre loup en sa compagnie, jusqu’à ce qu’un flash lumineux ne vienne nous ramener à la réalité et que rien d’autre ne subsiste devant nous.
Tout était allé si vite.
- Tyr Heil Valhalla.
J’avais eu ces paroles en d’autres occasions, pour des guerriers, pour des héros tombés au combat. Lui venait de partir, sans être passé de vie à trépas, et pourtant, je ne voyais pas les choses différemment. Je me retournais vers la Spectre, légèrement étonné qu'Ashram ait pris le temps de lui parler, comme quoi sa présence n'avait pas été superflue.
- Il est toujours délicat d'être la croisée des chemins. Chaque chemin mérite d'être parcouru mais on ne peut en prendre qu'un seul. Etrange fatalité pour les mortels n'est-ce pas ?
Etrange comme la situation se prêtait à la Spectre qui m'avait suivi. Il n'y avait pas d'autre manière de le percevoir. Ashram avait choisi sa voie, au moment même ou une guerrière d'Hadès ne savait que faire par hésitation ? Le hasard, le destin... le Wyrd. Allez savoir.
Sujet: Re: Farewell Ashram Mar 28 Mai 2019 - 14:02
L’Europe. Elyn avait foulé ce continent à plusieurs reprises, mais à l’accoutumé, elle suivait les traces de son maître. Aujourd’hui était différent. La belle, perdue dans ses pensées, avait suivi les pas d’un Asgardien. Thor, de son nom, fils d’Odin, Dieu du Tonnerre. Il ne lui avait guère adressé de regard depuis leur départ et la douce ne se permettrait pas de rompre ce silence qui se voulait respectueux. Il lui avait confié la raison de sa venue. Un adieu. Et un adieu ne devait être ponctué de paroles futiles. Le silence était d’or, dans ce genre de situation. Le Guerrier s’était stoppé, à quelques mètres d’une caverne sombre. La belle auburn s’arrêta à son tour, laissant une certaine distance entre eux. Elle ne l’interpella pas, attendant le moindre signe de sa part. Elle avait été bien « dressée » en tant que servante perpétuelle. La Chimère n’avait aucune idée de ce qui allait se produire, comment l’âme de cet hôte s’en irait à jamais. Elle n’aurait qu’à observer, comme elle savait si bien le faire.
Les cieux leur offraient un spectacle des plus somptueux, alors que les derniers rayons du soleil quittaient cette terre pour qu’elle puisse baigner sous la lueur lunaire. Un instant de transition, si bien adaptée à l’envol d’une âme. Elyn ne pouvait que profiter du paysage, humant cet air pur et frais, si différent de celui des Enfers. Pas de cri, pas de souffrance, pas de pleurs. Ou peut-être juste une souffrance intérieure chez l’Asgardien qui la devançait. Elle ne le dérangerait pas. Un flash l’aveugla un instant alors que peu à peu ses iris se remettaient de cette agression.
Ce ne fut que lorsque cet immense loup apparut que le calme olympien des lieux fut brisé par une voix. Nul doute qu’elle venait de cet animal majestueux. Et nul doute que celui-ci était la représentation d’Ashram, cet humain pour qui Thor semblait souhaiter le meilleur. La scène jouissait d’une certaine beauté, de multiples émotions que la jeune spectre pouvait ressentir. Cette âme qui allait bientôt quitter ce monte était des plus sages.
La brune écarquilla les yeux, lorsque le lupin s’adressa à elle. Il avait remarqué sa présence, lui avait fait savoir et plutôt que lui jeter des paroles haineuses, offrait le pardon à l’un des Juges des Enfers. Surprise mais pourtant touchée, la Chimère acquiesça d’un simple signe de tête, ne voulant troubler cette cérémonie de passage par des mots qui pourraient être mal choisis ou mal interprétés. Ce fut ainsi, qu’Ashram laissa seul le Divin et la Chimère, non sans un nouvel éclair aveuglant qui poussa Elyn à clore les paupières quelques instants. A croire qu’elle n’était plus habituée à la lumière.
Une âme rejoignait le Valhalla, ce lieu légendaire dont la Chimère avait lu quelques récits. Un endroit radieux, loin de ce qui attendait celle qui portait le surplis à cet instant, celle qui errerait à jamais en Enfer lorsque son heure sera venue. Enfin, elle put de nouveau faire face à Thor qui s’adressa à elle pour la première fois depuis la porte Infernale.
« Je … Je suis désolée, Seigneur Thor. Ce doit être extrêmement douloureux, pour vous. » Elle marqua une pause. « Hélas oui, nous ne pouvons choisir qu’une seule voie. Certains ont parfois le choix de bifurquer et de rejoindre un autre chemin, mais d’autres sont forcés de le suivre de manière définitive. »
Elyn secoua la tête. Ces mots n’avaient réellement aucun sens. Elle se laissait beaucoup trop aller à ses réflexions, à tel point que son esprit semblait s’embrouiller encore et encore.
« Il n’y qu’une âme pure qui puisse s’en aller en paix, de la sorte. Tout laisser derrière soi, sans aucun espoir de retour. C’est … effrayant. »
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Sujet: Re: Farewell Ashram Mer 29 Mai 2019 - 23:33
L’instant était solennel, plus, on ne l’aurait même pas imaginé mais je n’avais pas de crainte dans ce qu’il allait devenir. Loin de moi l’idée de l’avoir perdu. D’ailleurs, je le préférais ainsi que comme un adversaire ou une gêne. Elyn n’était pas au fait des traditions du nord. Pour nous, dire adieu à un guerrier, c’était le saluer dans la tradition, heureux de ce qu’il avait pu accomplir. Il n’y avait pas de fatalité comme chez les olympiens, pas de peur, encore moins de tristesse.
- Non, je suis heureux de sa décision. Il n’y rien de douloureux à voir un guerrier choisir sa voie, même si elle n’est pas à nos côtés.
Il aurait fort à faire sans être parmi nous. Elyn avait encore quelques trucs que son maitre ne lui avait pas enseigné. Quel dommage de voir un tel potentiel gâché, du moins, aussi asservi. Sans entraves, elle aurait pu faire bien plus. Son maitre avait sans doute vu ce qui était en elle… Et conscient de cette force, l’avait probablement étouffé par crainte d’être dépassé. Pour ma part, j’avais laissé Ashram partir plutôt que de le retenir ici, contre son gré. Il aurait pu s’incarner à nouveau, devenir un autre guerrier, et finalement…
- Aurait-il fallu qu’il reste pour ne devenir que colère et haine ? tout le contraire de ce qu’il était ?
Je me retourne vers elle, plus sincère que jamais, nous avions laissé aller un des nôtres. Au contraire, elle ne savait pas où aller.
- Je persiste à croire que tu aurais été bien plus avisée ou instruite à être née Asgardienne… Tu dis que les chemins que l’on emprunte sont définitifs, certes, mais les bifurcations existent toujours.
Pour les mortels, les choses étaient loin d’être simples. A Asgard, on parlait de Wyrd. Pas de destin. Ainsi, si les fils tissés pour chaque individu déterminaient une tendance, il était maitre de ses évolutions. Un homme ou une femme naissaient guerriers, mais leurs actes dépendaient d’eux seuls.
- On doit obéir à sa nature. Ou sinon le risque est de basculer et se perdre. Je ne te connais pas mais je ressens du regret et de l’incompréhension dans tes réactions. Mais il peut m’arriver de me tromper.
Il était encore plus difficile de comprendre à quelle nature certains étaient liés. Parfois arpenter un chemin pouvait prendre toute une vie. Et c’est dans ces moments là que les guides pouvaient aider à prendre une décision.
- Il est en paix justement car il s’en va. C’est rassurant de savoir qu’il ait pu prendre sa décision seul. Tout comme toi, il y a quelques heures.
Quelle décision la Spectre avait-elle pu prendre pour quitter son royaume sans avoir demandé une quelconque autorisation ? Et le plus dingue dans tout ça : Pourquoi ? Il était possible que ce soit de la curiosité tout simplement mais ce pouvait aussi être tout autre chose… elle nourrissait peut-être d’autres desseins. Et puis Savoir, c’était pouvoir. Elle n’était peut-être pas désireuse de renier ses vœux envers le sombre Monarque mais… sa curiosité m’intriguait au plus haut point. D’ailleurs, qui sait si elle n’effleurait pas l’idée ?
- D’ailleurs, pourquoi avoir accepté de me suivre ?
Je n’avais plus rien à dire.
Post écrit dans l'avion et envoyé depuis Dublin Ha ha !!
Sujet: Re: Farewell Ashram Jeu 30 Mai 2019 - 11:21
Thor semblait voir la mort d'une toute autre manière que la plupart des êtres humains en ce monde. Enfin, lui, était un Dieu. Sans doute était-ce différent pour lui, et selon les croyances du Royaume du Nord. Et puis, le Valhalla était l'exact opposé de l'Enfer, plus proche du Paradis. En effet, il aurait été bien dommage que la colère et la haine ne corrompent une âme sage et pure. Le Nordique persistait à croire que la Chimère aurait eu sa place en Asgard. Mais pourquoi ? Pourquoi le pensait-il ? Qu'avait-elle de plus que les autres spectres, que les autres êtres ?
Depuis quand Elyn était-elle devenu un livre ouvert, pour qu'un parfait inconnu puisse lire en elle de la sorte, comme jamais quiconque ne l'avait fait à part son maitre. Elle était pourtant douée au jeu des émotions. Les dissimuler, les feindre. Une comédienne hors pair qui en avait dupé plus d'un. L'asgardien avait répondu à chacune de ses paroles, ne laissant rien au hasard, comme s'il la sondait pour percer une carapace qu'elle avait forgée il y a des années. La belle auburn leva les yeux vers lui, l'observant d'un air mystérieux.
"J'ai suivi mon instinct. Prendre du recul lorsque l'on se sent perdu est la meilleure des choses qui soit. En tout cas, c'est toujours ainsi que j'ai fonctionné jusqu'à aujourd'hui. Et puis, un peu d'air pur ne peut faire que du bien. Mon quotidien est rythmé de plaintes incessantes des âmes voulant échapper à la noyade. Un peu de calme n'est parfois pas de refus."
Elle faisait référence à son domaine que Thor avait pu visiter quelques heures plus tôt. Oui, parfois, la Chimère avait besoin de s'en éloigner pour se ressaisir. Et cette fois, elle avait également besoin de réfléchir, aux évènements récents, aux paroles d'Abel, à celles de Thor et de Perséphone. Elle souffla en détournant le regard.
"Moi aussi, j'ai cette sensation d'être à la croisée des chemins."
La douce reporta ses pupilles écarlates vers son interlocuteur, hésitant un instant avant que les mots ne franchissent ses lippes.
"Et vous ? Pourquoi m'avoir proposée de vous accompagner ? Je ne suis sans doute pas une réelle menace, seule contre vous, mais peut-être aurais-je pu jouer un jeu, pour vous duper ? Vous avez eu un aperçu de la nature de celui qui m'a tout appris. Alors ... pourquoi ? Enfin ... Je n'oserai guère prétendre qu'il s'agit là de confiance que vous auriez en moi. Je reste un serviteur d'Hadès malgré tout."
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Sujet: Re: Farewell Ashram Mar 4 Juin 2019 - 22:52
La Spectre écoutait ce que je pouvais dire et répondait tout aussi bien et avec justesse à mes propos. Elle avait aussi ses interrogations, légitimes. Et ses questions profondes. Aussi, lorsqu’elle semble affirmer se trouver à la croisée des chemins comme Ashram l’était, je ne peux m’empêcher de rebondir sur ces propos.
- De quelle croisée des chemins parles-tu ? Te libérer de l’emprise de ton maitre ou de celle d’Hadès ?
Elle avait nourrit une forme d’intérêt pour mes attitudes et mes réactions. Tout ça lui montrait qu’il y avait d’autres alternatives, d’autres moyens d’opérer. Je n’imaginais pas vraiment la spectre renier son royaume. Il ne s’agissait que de prendre son envol vis-à-vis de son tortionnaire de maitre. A moins que ?
Toujours est-il qu’elle venait de me retourner la question ; des raisons qui m’avaient poussé à la laisser venir.
- Tu as besoin de conseils ou de réflexion personnelle. C’est évident.
Et je n’étais pas avare, même pas avec des ennemis qui pouvaient être respectueux.
- Aujourd’hui, j’ai perdu un guerrier, peut-être que l’idée d’avoir trouvé une guerrière à la recherche de sa voie a pu m’effleurer l’esprit.
Comme toujours j’étais utopique. Elle avait vu et avait pu noter ce trait de caractère chez moi, devant Perséphone. Et c’était aussi la raison pour laquelle certaines de mes actions et de mes réactions pouvaient sembler dingues et carrément invraisemblables – celles d’un héros en fait. Elle aurait pu en profiter 1000 fois. Et d’ailleurs, elle venait de l’évoquer. Elle était peut-être en train de faire comme les autres, chercher à jouer un jeu. Et j’avais une manière polie de lui dire que je m’en moquais un peu royalement.
- Je n'y crois pas et puis... si tel est le cas, dommage pour ce que tu es venu chercher. Tu resteras à ta croisée de chemins. D'autant que tu parais… différente des autres spectres.
Relevant la tête vers les nuages, j’avais posé quelque peu mes propos avant de reprendre.
- Et pour ce qui et de ton maitre, je ne pense pas que tu aies grand-chose à voir avec lui. Tu es liée avec lui par autre chose que l’attitude, c’est évident. Tu ne te comportes pas comme lui. Tu es même la preuve de ce que j’avançais à ta reine lorsque je parlais de respect et de crainte.
On pouvait avoir des principes, quelle que puisse être son origine. C’était assez clair. Je n’avais plus rien à dire.
Sujet: Re: Farewell Ashram Mer 5 Juin 2019 - 10:40
L’échange était plutôt agréable pour la Chimère. Cet homme était à son écoute, bien qu’il n’ait pourtant aucune réelle raison de le faire. De la bonté, peut-être ? Ou tout simplement les vieilles habitudes d’un héros ? A son interrogation, la belle lâcha un sourire, un peu crispé, de dépit. Celui qui voulait tout dire alors qu’elle finit par lui répondre.
« On n’échappe jamais à l’emprise d’Hadès. Trahir le Seigneur des Enfers revient à signer son arrêt de mort et une éternité de tourments infernaux. »
Oui, Elyn savait parfaitement dans quelle voie sinueuse elle s’était engagée. Bifurquer serait extrêmement délicat pour elle, même si elle avait pu le songer l’ombre de quelques instants. Sa réponse était vague, la demoiselle n’ayant guère mentionné son maître. Car oui, c’était sans doute l’objet de son hésitation : se libérer de l’emprise de son maître.
Ce fut au tour de Thor de répondre aux demandes de la jeune spectre qui tentait elle aussi de comprendre cette compassion qu’il semblait avoir pour elle. Cela partait d’une simple idée, un petit espoir certainement de sauver une âme trop peu corrompue pour servir les Enfers. Il ne croyait pas à une quelconque mauvaise intention de la Chimère et bien qu’il avait raison, Elyn se questionnait toujours sur le pourquoi. Le Dieu du Tonnerre lui exposa ses arguments alors qu’un nouveau sourire ourla les lippes de la douce.
« Croyez-moi, je suis capable de lui ressembler trait pour trait lors de certaines situations délicates. J’ai certainement ôté autant de vie que lui, aussi férocement, si ce n’est plus. Lors de votre arrivée, mon intention première était de me jouer de vous et vous attirer dans nos filets. Elle n’aurait pas dû changer cette intention … J’ai été entraîné pour faire barrage à de tels … obstacles. »
Les sentiments, des obstacles. Oui, c’était bien cela qu’elle avait appris. Les émotions en faisaient également parti. Ne rien laisser paraître, juste feindre la joie, la colère, la séduction. Rien de réel. Se dissimuler derrière une carapace forgée pour permettre à son mentor de s’élever. Pourquoi se confiait-elle à ce point ? Pour expier ses crimes, peut-être ? Pour se décharger d’une certaine culpabilité ? Allez savoir …
« Je suis flattée que l’idée de retrouver une guerrière vous soit venue, même si elle n’a fait que vous effleurer l’esprit. Dans tous les cas … » Elle marqua une pause. « Je n’oublierai pas ce que j’ai vu. A quel point la fin d’un guerrier a pu être importante à vos yeux. C’était un bel adieu. »
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Sujet: Re: Farewell Ashram Ven 7 Juin 2019 - 21:11
On n’échappait pas à Hadès, nul ne pouvait échapper à la mort, c’était presque vrai. La spectre éprouvait une réelle crainte à renier les siens, comme nous aurions tous à l’avoir en pareil cas. Si elle était persuadée de faire fausse route, si elle avait vraiment ce sentiment de n’avoir agit que par contrainte, pourquoi ne lui était-il pas possible d’imaginer un instant revenir en arrière ? Avec le départ d’Ashram, elle avait là un bel exemple de ce qui était possible. La fatalité n’existait pas. Quant à signer son arrêt de mort avec les Enfers… nous étions déjà en guerre.
- Un arrêt de mort ? Mais je pensais que vous l’étiez déjà en tant que spectre. Quelle espèce de châtiment pourriez-vous redouter d’ailleurs.
Elle redoutait sans doute de recevoir les châtiments qu’elle pouvait déjà infliger à ses ennemis, ou ceux que son tortionnaire de maitre aurait en réserve pour elle
- Si je devais te proposer de nous rejoindre, ce serait de ton propre chef, et non via une quelconque forme d’obligation. Nous avons toujours le choix, dans nos actes. Certains acceptent de vivre sous autorité, d’autres de le faire libre.
Oui, plus que tout, il n’y avait nulle contrainte à Asgard, de ce que mon hôte en avait vu depuis des années. Certes, les clans vikings avaient bien des esclaves à leur service mais ils avaient un statu bien plus élevé de ceux des cultures grecques ou romaines.
Elle ? Elle était liée à son maitre jusque dans ses actes. Lorsqu’on est éduqué ou élevé par quelque personne que ce soit, on imite son langage, ses actes, ses motivations. Jusqu’à ce que d’autres trucs viennent vous exploser à la figure comme aujourd’hui. La spectre avait un passif très dur à en croire ses paroles.
- On ressemble à ceux qui sont nos modèles par choix bien souvent, par imitation dans l’attente d’une reconnaissance, ou par crainte.
Et elle se sentait flattée que j’ai pu la qualifier de guerrière, de l’avoir imaginée à nos côtés. Peut-être était-ce une part de cette reconnaissance qu’elle attendait mais qu’elle n’avait pas. Triste ironie que ce soit l’un des leaders de ses meilleurs ennemis qui ait pu lui faire. Et donc ? Était-il vraiment question d’une idée fugitive qui avait effleuré mon esprit ? Ca avait été surtout une manière polie de le dire sans trop l’inquiéter rapidement.
- Cette idée ? Elle n’a pas fait que m’effleurer.
Et, marquant une pause à mon tour, je laissais les mots s’imprégner un peu avant de lui répondre quelque chose auquel elle ne pouvait s’attendre.
- Si tu es venue en quête de réponses, peut-être suis-je un des guides qui t’auront aidé. Mais c’est à ton maître que tu devras poser la question. Est-ce qu’il a peur que l’esclave dépasse le maitre ? Chez nous, l’élève est toujours destiné à le dépasser, vois-tu.
Et c’était là toute la différence. Était-ce une main tendue pour l’inviter à rejoindre Asgard, pour faire d'elle l’élève que je n’aurai jamais ? Je ne lui laissais pas le temps de se poser la question, mes propos allaient devenir clairs comme de l’eau.
- Tu dois vaincre le doute. Et avec cette simple question posée à ton maitre, tu sauras ce que tu es amenée à devenir dans ses mains. Et tu peux tout aussi bien apprécier.
Se débarrasser du doute, avant tout, savoir définitivement… Elle devait être certaine de ce qu’elle voulait bien que ce qui lui était destiné ne semblait pas être une intrépide carrière. Elle pourrait aimer être un pion, le rester, accomplir les volontés des uns et des autres… ou préférer le contraire.
- Mais si tu veux embrasser une vie de victoires, de triomphes et de gloire en ton nom propre….. Viens me retrouver à Asgard… ou sinon fracasse ton maitre assez fort pour que son envie de te rabaisser trouve un terme.
Je ne lui avait pas dit de nous rejoindre à tout prix. Non. Il y avait tant de voies qu’elle pouvait prendre. A sa place, j’aurai fracassé mon maitre pour ensuite partir. Mais je n’étais pas à sa place.
- Je vais devoir y aller… mais avant…
Je m’accroupissais quelques instants, cherchant des yeux un galet ou une pierre assez convenable pour accomplir une dernière chose. Une fois trouvée il ne me restait plus qu’à la placer dans le creux de ma main pour la charger de quelques éclairs et y graver définitivement quelques runes des plus étranges.
- C’est un Veigvisir ; il est utilisé comme porte bonheur chez les marins, un peu à l’instar d’une boussole. Ils espèrent ainsi ne jamais se perdre. Celui-là te guidera pour me retrouver si tu souhaites changer de chemin. Mais il disparaitra si c’est pour une toute autre raison.
C’est en main propre que je la lui donne finalement. Non pas lancée ni posée au sol. Non, j’avance de quelques pas et lui pose fermement le galet dans la main.
- Tu trouveras ta voie. Ici, ailleurs, c’est le Wyrd qui nous guide.
Je m’éloignais de quelques pas, lentement, avec la ferme idée de partir d’une manière assez spectaculaire. Si çà se trouve, elle allait me suivre tout de suite, puisque tel était le pouvoir du Veigvisir, mais quelque chose me disait qu’elle avait encore des choses à régler. Quelle ironie, nous aurions pu être amis en d’autres temps.
Levant le bras vers le ciel, brandissant Mjolnir, la dernière chose qu’elle aura pu voir, c’est une colonne de lumière non pas tombant vers moi mais bien générée par mes soins et finissant par disparaitre sans aucune autre trace de ma présence… Si ce n’est un grondement de tonnerre lointain et diffus.
Sujet: Re: Farewell Ashram Lun 10 Juin 2019 - 10:52
Thor semblait ignorer un petit détail au sujet des spectres. La chimère n'était guère morte, comme la plupart de ses frères et soeur d'armes. Non, elle était tout simplement habitée par une étoile maléfique qu'elle avait accueillie à bras ouverts pour suivre les traces de son maître. Elle avait choisi d'elle-même de servir les Enfers, de les rejoindre en toute connaissance de cause. Mais le trépas n'était certainement pas la pire punition qu'elle pourrait recevoir d'Hadès en cas de trahison. Elle ne mentionna pourtant rien de cela au Dieu du Tonnerre, préférant le laisser poursuivre.
Il ne la forçait en rien, bien que la belle auburn avait l'impression qu'elle serait la bienvenue sur les Terres du Nord en tant que Guerrière Divine d'Odin. Mais comment aurait-elle pu ? Comment ces guerriers auraient pu un seul instant faire confiance à une spectre au vu de la déclaration de guerre de Perséphone quelques heures plus tôt ? S'intégrer dans de telles circonstances relèverait de l'impossible pour Elyn. Dans le fond, elle commençait à penser que l'humain n'était guère capable de pardonner.
"Je ne pense pas avoir surpasser mon Maître en terme de puissance. Je ne suis qu'un rang inférieur ..."
Mais rien ne l'empêchait de la poser cette fameuse question que lui suggérait Thor. Bien qu'elle en était sûre, Abel serait furax, se sentirait trahi une nouvelle fois, elle en était certaine. Le borgne était plus susceptible que n'importe qui. Ses songes reprenaient un instant le dessus avant que la voix du fils d'Odin ne la ramène à la réalité. Une nouvelle fois, il lui offrait une possibilité de le rejoindre avant qu'il ne s'abaisse pour ramasser une petite pierre, laissant l'intrigue de la demoiselle prendre le dessus.
Thor s'avança vers la Chimère qui fut des plus étonnées de le voir s'approcher si près d'elle pour déposer le galet au creux de sa paume. Elle ne le quitta pas des yeux lorsqu'il lui offrit ce présent. Une boussolle la menant à lui. Le Wyrd, un mot qui semble récurrent chez lui. Elyn resta silencieuse, certainement un peu trop, comme à l'accoutumée alors que ses paupières se fermèrent un instant pour se protéger les yeux de cet éclair aveuglant. Une sortie spectaculaire digne du Dieu du Tonnerre.
Lorsque la douce fut seule, elle ouvrit sa main pour observant ce petit galet gravé de runes. Un chemin vers Asgard lui avait été tout tracé. Puis ses doigts se refermèrent sur l'objet avant qu'elle ne le place dans une poche. Puis la jeune femme détourna les talons, prête à affronter la colère de son Maître.
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