Un coup de foudre... Pour un retour.

Je n’étais pas satisfait de ce premier échange avec Athéna car cela n’était pas allé dans le sens que j’avais souhaité. Néanmoins, j’avais pour moi la patience du monde. Elle était jeune mais je savais que j’avais raison. Alors, il me faudra prendre mon mal en patience et agir par moi-même. Par nous-même devrais-je plutôt dire car le temps, où je considérais devoir agir seul, est désormais révolu. Ma famille a un devoir, nous avons toutes et tous une obligation.  Cette tragédie est derrière moi, maintenant je me dois de m’occuper de ma famille et de ce monde.  Pour l’instant, ce ne sera pas avec Athéna et ses Saints : malgré tout, qu’ils le veuillent ou non, j’agirais en conséquence comme je le souhaite.  Ils peuvent me détester ou me haïr, cela n’a pas d’importance car ma vision des choses est au-delà du passé et du présent. Il est résolument tourné vers l’avenir et vers le changement de cette fatalité que j’ai perçu autrefois.

Je dis ça mais il me reste encore une toute dernière affaire à régler : un sentiment inachevé d’une colère sourde qui envahit mon cœur et qui ne cesse de me tarauder l’esprit. Je ne peux être définitivement serein tant que je ne me serais pas vengé. Je revois encore le corps en feu du Fils de Japet, cela est insoutenable, c’est un poison qui me ravage encore. Néanmoins, je me dois d’être en accord avec la volonté de ma famille de ne pas sombrer dans la violence et le sang… Même si c’est dur… Très dur… je dois bien avouer qu’être le Dieu le Plus proche des Hommes possède quelques inconvénients car je réagis encore comme eux. Je ne les comprends que trop bien.  Le Châtiment des Titans ne doit plus jamais se réaliser et je me dois de ne plus redevenir le Dieu Guerrier que j’étais. Du moins, je ne me fais guère d’illusion sur cette obligation de prendre les armes et de redevenir un Dieu Meurtrier si la situation l’exige. Pour autant, notre idéal doit, autant que possible, se construire sur une terre pure et non gorgée de sang. Dans cette ère, cela demeure fort improbable. Pourtant… Qui sait…

Alors que je pénètre dans mon domaine, pour me ressourcer, je ressens la présence d’un nouvel éveillé : mon frère Coeos. C’est toujours un immense plaisir de pouvoir revoir un membre de ma famille  et c’est pour cette raison que je me hâte de le rejoindre. J’ai tellement chose de lui dire et, à l’instar de chaque frère et sœur, je lui voue une confiance inébranlable.  Lorsque je me retrouvais en face de lui, je le prenais dans mes bras et le serrais tendrement un long moment. Puis, je le lâchais et décidais de tout lui raconter afin qu’il soit au courant de l’évolution de notre monde et de nos actions. De même, je lui racontais ma rencontre avec Gaïa et la vérité sur notre tragédie, notre rencontre avec Athéna et ma volonté de redorer l’Âge d’Or que nous avions connu autrefois. Puis, je le laissais digérer toutes les informations en silence un long moment avant de reprendre la parole.

Voilà mon cher frère, tu sais tout. C’est notre devoir de rendre à ce monde l’aspect que nous avons autrefois. C’est mon souhait, c’est notre obligation, c’est mon désir, c’est notre devoir. Surtout, je ne veux pas bâtir un monde sur l’injustice, la souffrance et le sang. Pourtant, si nous sommes forcés de prendre les armes, alors nous devrons combattre.  Ce qui m’amène à ma résolution actuelle…

Je laissais un court instant de silence afin de bien réfléchir à ma volonté. Ce que j’allais accomplir allait certainement mettre ma famille en danger. À bien y réfléchir, ce n’était pas un risque mais une certitude. J’avais beaucoup réfléchi mais cette action me paraissait vraiment nécessaire. On a coutume de dire que c’est « reculer pour mieux sauter » Néanmoins, j’avais déjà l’assurance que le sanctuaire ne nous attaquerait pas. Ce pacte de non-agression me garantissait une certaine sérénité : il fallait maintenant voir l’autre camp.

Comme je te l’ai dit, Les Enfers, à travers Kazuki et Thanatos sont venus nous attaquer froidement et pour des raisons que je ne peux accepter. La trahison de la Discorde ne saurait être pardonnée. Grâce à ma volonté et à ma Mère, je me suis libéré de la Damnation qui dévastait mon âme. Cependant, ce n’est pas terminé : il va falloir, je l’espère une dernière fois, emprunter une voix qui ne me convient guère mais qui est nécessaire.  Je vais aller demander des comptes aux Instances Dirigeantes des enfers, concernant cette affaire. Si cela ne me convient guère, alors je mettrais un terme à l’existence de cet être humain et du Fils de Nyx…

Je posais une main solennelle et chaleureuse sur les épaules de mon frère, en le regardant longuement dans les yeux.

Cela sera mon ultime caprice en tant que frère stupide et roi incapable. Si je ne fais rien, si je ne montre pas un signe fort au monde et aux dieux, nous ne serons jamais tranquilles. Une toute dernière fois, je vais aller très loin et déclencher ma colère contre ceux et celles qui nous ont offensés. Après, je m’estimerais libérer d’un très lourd fardeau. Mon cher frère, voici ma requête : si je ne devais pas revenir, tu devras protéger notre famille. Océanos et Téthys vont se charger de faire tempérer au maximum les effets négatifs liés à la destruction du Sanctuaire Marin. Guide notre famille en mon absence, je te fais confiance sur la manière d’agir. Pour le moment, s’il devait y avoir des représailles, je te charge de tout accomplir pour sauvegarder notre famille en attendant mon retour. En compagnie de nos frères, de nos sœurs et de leurs enfants, vous devrez vous attacher à survivre une toute dernière fois. Après quoi, je te le jure, tout sera définitivement terminé. Puis-je compter sur toi ?

Je savais que ma demande était, peut être difficilement acceptable. Peut-être est-il temps que je devienne peut être moins surprotecteur envers ma famille. Après tout, si nous voulions réaliser notre idéal, je devais certainement accepter certaines choses que je ne me serais jamais autorisés à penser un seul instant auparavant. Ma famille est tout pour moi mais je ne dois pas la brider. Alors, cette affaire avec les enfers sera mon ultime frasque…


Je savais que ma demande était, peut être difficilement acceptable. Peut-être est-il temps que je devienne peut être moins surprotecteur envers ma famille. Après tout, si nous voulions réaliser notre idéal, je devais certainement accepter certaines choses que je ne me serais jamais autorisés à penser un seul instant auparavant. Ma famille est tout pour moi mais je ne dois pas la brider. Alors, cette affaire avec les enfers sera mon ultime frasque…

Encore un peu… Juste encore un peu de temps… Et, je serais enfin libre… Libéré de tout ceci, prêt à redevenir ce que j’avais été un jour et ce que je serais toujours : non seulement le Roi des Titans mais aussi leur Frère bien aimé. Je saurais être respecté et surtout, secrètement, je commençais à sérieusement réfléchir sur notre rôle en ce monde : si les Olympiens refusent de gouverner ce monde comme s’il se doit, alors peut-être, devrions nous commencer à le faire à leur place. Plus précisément, si Zeus ne parvenait pas à diriger ce monde vers la paix qu’il mérite, alors serais-je amené à le remplacer ? Si tel n’est pas mon désir absolu, je dépends aussi des obligations concrètes de ce que je constate actuellement. Le monde court à sa perte, son avenir est tout tracé et je ne puis le laisser ainsi : puisqu’on nous a manipulé, et même si Mère estime que je suis indigne de représenter la gérance de ce notre petit univers, je vais devoir, peut-être, m’employer à agir. Mais pas tout de suite, pour l’instant, il doivent payer : d’une manière ou d’une autre, je vis leur faire rappeler qu’il n’est point bon d’agir librement avec notre peuple sans en subir des répercussions qu’on ne saurait contrôler. Sans compter que, malgré ce semi échec, je léguerai un monde lavé de tout pêché à Athéna. Je peux être la Divinité la plus pacifique mais je peux aussi me transformer en un démon sanguinaire sans aucune pitié si on me pousse dans mes derniers retranchements. Cela ne sert à rien de la nier car je suis ainsi. J’allais partir pour les Enfers quand une série d’évènement apparut, me forçant à prendre une toute nouvelle direction. Les Enfers attendront, à la lumière de la demande de ma famille, je prends immédiatement conscience  de nos impératifs. Néanmoins, et avant tout, la détresse de l’hôte de mon frère m’interpelle. Il paraît si vindicatif mais je ne lui en veux pas et je le comprends même. M’approchant calmement de lui, je lui ôtais cette larme rebelle qui perlait de sa joue alors que mon regard, toujours aussi imperturbable, s’éclairait par un mince sourire  rassurant et bienveillant.

Les morts peuvent revenir à la vie grâce à de nombreux procédés mon jeune ami. On peut aller les rechercher en Enfer et pénétrer dans le Domaine d’Hadès. Il existe, également, d’autres moyens de défier la réalité pour accomplir ce que nous souhaitons sans recourir à l’aide des Olympiens. Écoutes moi, mon jeune ami, j’accéderai à ta volonté, je t’en fais le serment. Néanmoins, en ce moment, j’ai besoin de la présence de mon frère Crios. Nous devons sauver ce monde puisque les Olympiens ne le font pas. Une fois cette histoire terminée, j’accéderai à ta requête. En échange, jeune homme, tu me devras me rendre un service. Ceci est non négociable et tu te plieras à ma demande car elle t’est avantageuse et tu le sais pertinemment…

D’un geste de la main, je tempérai les ardeurs de Coeos.  Je sais mon frère, être quelqu’un de sage et compréhensif. Je le relevais doucement, je n’aimais pas qu’on s’agenouille devant moi, c’est un signe de soumission  qui ne me plaît guère.  Tout ce qu’il a appris a peut-être pu avoir un effet néfaste sur sa conscience mais son intelligence est telle qu’il aurait pu être un bien meilleur roi que moi. Tout comme Hypérion d’ailleurs : le Destin en a décidé ainsi et j’ai dû sacrifier beaucoup de choses pour mériter ce titre.  

Ce monde n’est pas encore prêt Coeos mais il le sera un jour. Mon frère, n’oublie jamais que plus que des Dieux, nous devons être des Guides Spirituelles pour ce monde. Et, surtout, nous sommes une famille.  Telle est notre différence avec notre descendance. Comprends-tu où je veux en venir ? En attendant, l’Hôte de Crios, ici présent, a ma bénédiction et servira nos intérêts. Je te demande d’en prendre le plus grand soin et de porter un regard sage et attentif sur ses devoirs mais aussi ses besoins...

Le retour de Téthys  et d’Océanos modifia fondamentalement le souhait que j’avais en tête. Les Enfers attendront, ils sont une priorité mais les évènements, liés à la disparition du Sanctuaire Marin, ainsi que leurs conséquences sont encore plus essentielles.  J’écoutais les revendications des Anciens maîtres des Eaux et des océans. Nous devions agir rapidement. Je me terrais dans un profond silence, m’isolant un peu de la scène pour réfléchir à la meilleure solution à adopter. Seule la venue de Bérénice, m’arrache un grand sourire lorsqu’il annonça son retour. Si Hélios était absent, il reviendrait sûrement. Du moins, Ithaque était en sécurité : une très grande partie de notre peuple pouvait vivre en paix.  

C’est bien mon enfant… Nous allons avoir besoin de toi, en effet. Reste auprès de nous car ta sagesse et ta force seront mise à contribution… Si tu as besoin de récupérer de l’énergie, n’hésites pas à me le demander…

Puis, je repris le cours de ma réflexion. Je laissais Océanos tempérer les ardeurs de Coeos en compagnie de Téthys. Pour autant, il était hors de question que mon frère et ma sœur reprennent les rênes de ce monde. Pas pour le moment en tout cas. Puis, je repris la parole, me tournant vers ma famille. Ma voix, toujours calme, prit une teinte royale : cette fois-ci, ce n’était pas un souhait mais une exigence que j’allais révéler.

Puisque les Olympiens ne désirent pas agir, nous allons devoir remédier à la solution de cet évènement. La raison importe peu car, après tout, plus que vraisemblablement, cela est la conséquence d’une guerre sainte. Aujourd’hui, nous devons agir et le plus rapidement sera le mieux. Coeos, pour cet unique instant et en attendant que je me rende officiellement en Enfer régler quelques comptes, je reprends les rênes du pouvoir. Désormais, je prends mon Rôle de Roi des Titans et en assume l’entière responsabilité. Océanos, Téthys, vous agirez sur toutes conditions des eaux de ce monde.  Je vous laisse agir à votre guise, vous savez quoi faire. Bérénice, Coeos, Crios, vous les suivrez et obéirez à leurs demandes. Quant à moi, je vais me rendre au Cap Sounion et apaiser la Colère des Cieux. Qu’importe les moyens utilisés, ce monde, nous devons le protéger car, et à jamais, il est le nôtre et le sera toujours !

Assez de parole ! Il était temps de passer à l’action. Je fis signe à chaque membre de ma famille de me suivre : nous allions quitter notre domaine et mettre un terme définitif à cette série. Je n’avais pas choisi le Cap Sounion par hasard : c’était un des chemins les plus directs vers l’accès du défunt monde de Poséidon.  Je serais assez prêt pour ressentir leurs présence et intervenir au cas où. J’allais révéler aux Olympiens mon véritable pouvoir que j’avais caché… Si on pouvait nommer les choses ainsi… Il est grand temps que l’on se souvienne, qu’autrefois, j’étais le Souverain de ce monde. Si tel est mon désir et si les olympiens ne daignent point agir, j’agirais. Pour notre idéal… J’aurais bien le temps de m’occuper du reste après. Je quittais le Domaine des Titans, très certainement en compagnie de ma famille.