Allez viens, je t'apprends la vie ! [Pv Milan Sethni - Hevruka]

C'était un peu inquiétant voir même malsain d'assister à de tels attouchements métalliques. Hevruka tripotait l'armure des Gémeaux comme un jeune adolescent découvrant les formes féminines. Le Sethni ne savait pas si le vieillard s'adressait à lui ou se parlait à lui même. L'un comme l'autre était inquiétant surtout quand on caressait une armure d'or. Le Sethni n'était cependant pas là pour juger les penchants et les manies bizarres d'Hevruka. Le vieil Autel devait avoir ses raisons que la raison ignore. Le plus lourd dans tout cela fut le moment où il nomma le Capricorne par le titre de maître. Autant avec Altia, c'était bizarre étant donné qu'ils étaient d'un âge fort proche autant ici cela faisait totalement décalé de se voir gratifier d'un titre aussi honorifique par une personne qui devait avoir trois fois ou quatre fois l'âge du dit maître. Il souhaitait se faire apprendre la vie ou du moins maîtriser cet élément. Un endroit lié à cet affinité aurait été parfait mais malheureusement il aurait fallu quitter ce temple dans lequel le vieil homme semblait s'épanouir. Peut-être était-ce sa Madeleine de Proust ? Ce genre de construction lui rappelait sûrement son enfance. A en regarder l'apparence d'Hevruka on pouvait se demander s'il n'avait pas vécu à l'époque de la guerre de Troie.

-J'aurai préféré faire ça ailleurs mais bon on ne va pas monopoliser un autre temple alors que tu semble apprécier cet endroit. Ce petit plus psychologique te seras peut-être bien utile pour apprendre à maîtriser l'élément que tu désires trouver dans ton cosmos.

Le Sethni soupira car il ignorait comment enseigner cela. Il avait reçu un cours accéléré pour apprendre à maîtriser et à dompter cet affinité cosmique mais il ignorait s'il serait capable de l'enseigner à quelqu'un. Ces leçons allaient sûrement être maladroites mais Hevruka s'était adressé à lui. Une chose était sûre, l'Autel était capable de déceler l'utilisation du cosmos de la vie ce qui était déjà une bonne chose. Le tout était de savoir s'il avait déjà ressenti la même chose, involontairement dans sa propre énergie. Cela leur éviterait une bonne partie du boulot qui consistait à ressentir la vie en soit pour la première fois. Le Sethni espérait que cela serait aussi simple que d'apprendre à Altia à maîtriser le vent. Le Capricorne d'or se mit sur le côté du temple pour ne pas gêner le passage et attendit que le Silver Saint le rejoigne. En l'attendant, il fit relâcha son cosmos pour isoler la partie du sien qui était lié à la vie. Il devenait ainsi une source de vie, un phare pour qu'Hevruka puisse se repérer et trouver cette même énergie au fond de lui. Il irradiait complètement de vie. Seul un initié pourrait le repérer aussi vivement. Les autres y verraient un cosmos particulier mais sans plus. Les adeptes de la mort quant à eux ressentiraient probablement le danger instinctivement. Un véritable éveillé percevrait alors toute la quintessence de cet élément mais pourrait également percevoir tout les chemins vitaux qui relaient chaque chose vivantes entre elles, comme le lui avait enseigné son maître, Orion du Bélier.

- Ressens cet énergie qui t'appelle. Cette vie qui se trouve en toi. La vie est partout présent en chaque être vivant mais parfois elle se manifeste dans l'énergie même de certains humains, certaines créatures. Pour le profane, cela ne fait pas grande différence mais pour l'initié, cela constitue une grande avancée car celui qui ressent la vie en lui et dans ce qui l'entoure est capable de voir ce lien qui relie chaque chose vivante en ce monde. En voyant ces liens, il te sera possible si tu en acquière la maîtrise d'influer sur ces liens ! Ne nous attardons pas sur les détails et essaye déjà de ressentir au fond de toi un lien avec cet élément.

Le Sethni continua d'irradier la vie et croisa les bras. Il avait préféré ne pas trop s'enfoncer en profondeur sur le sujet car il savait que provoquer la réflexion d'Hevruka pouvait prendre du temps. A son âge, on ne devait plus réfléchir aussi simplement qu'à l'approche de la vingtaine. Il fallait ménager l'homme mais cependant ne pas être trop conciliant non plus sinon le Silver Saint prendrait peut-être vite le chou en se voyant réserver un traitement de faveur.

Enfin, les choses sérieuses allaient commencer. Enfin Hevruka allait devenir un chevalier d'argent plus puissant que les autres. Enfin, il allait avoir un réel entraînement avec quelqu'un d'éminemment plus puissant que lui. Oui, il considérait Milan Sethni comme son maître car dès son arrivée au sanctuaire, l'excellent chevalier d'or du Capricorne avait comme pris sous son aile le chevalier d'argent de l'Autel. D'ailleurs, il faisait partie des rares personnes avec qui Hevruka pouvait discuter. Il fallait se mettre dans la tête que le jeune vieillard anglais était fou à lier. Toute la vie qu'il s'était inventé était fausse. En vérité, il ne savait même pas d'où il venait, il ne savait même pas son vrai nom. Son nom Hevruka, comme dit plusieurs fois précédemment venait d'une divinité bouddhiste, la divinité de la parole, le Buveur de Sang. Pourquoi avoir choisi ce nom ? Tout simplement parce qu'il a eu une vision, il a vu cette divinité lui parler. C'est d'ailleurs cette divinité qui lui aurait, je dis bien aurait, insufflé ses pouvoirs et lui aurait permis de s'enfermer dans une dimension noire, silencieuse. Enfin, ça, Hevruka le pensait. Pendant toutes ces années dans cette dimension vide, il avait eu le temps de cogiter et au final de devenir complètement fou. Il s'est inventé cette histoire d'anglais, alors qu'en fait, rien ne prouvait qu'il l'était vraiment. Mais ça, il l'ignorait. Seul moi aie son passé et son futur entre mes mains. Son histoire, en réalité, n'existe pas. Elle est mouvante, tout comme son esprit. S'il change tout le temps d'avis, s'il change tout le temps de caractère, c'est parce que son histoire et son passé ne sont pas fixes, c'est parce que dans son propre esprit, un doute persiste sur sa propre destiné. Cela expliquait pourquoi l'ombre était son élément de prédilection, élément qui se retrouvait dans chacune des cellules de son corps, élément qui se ressentait dans son parfum. L'ombre est la preuve même d'un doute concernant sa propre personne. Mais un doute que l'homme a décidé d'exploiter. Comme s'il savait qu'il existait des zones d'ombre dans son esprit. L'ombre est bien plus impartiale que la mort. La mort est de toute manière liée à la vie, ce qui rendait la mort alors assez compatissante. Au final, la vie était bien plus horrible car c'était elle qui forçait l'humain à vivre ses pires cauchemars, à vivre tout simplement.

Le chevalier d'or du Capricorne était sorti du temple. Il ne fallait pas, dans ce cas, perturber le moindre chevalier qui désirait passer par ce temple. Se retrouver au milieu d'une séance d'entraînement pouvait s'avérer particulier. Le chevalier d'argent avait ôté son casque et l'avait fait disparaître, comme en avaient l'habitude tous les chevaliers du monde connu. Il attendit une dizaine de secondes avant de sortir à son tour du temple. Il se sentait attiré par cette armure assez étrange, preuve même de l'existence d'une folie dans chaque homme. C'est peut-être pourquoi il se reconnaissait dans cette armure d'or. L'armure d'argent de l'Autel était pas mal, hein. En son centre, il y avait une sorte de globe d'énergie, comme une grosse pierre précieuse de la taille d'une tête. Comme si l'armure avait quelque chose à cacher. Un peu comme celle des Gémeaux, à vrai dire. Bref, douze secondes exactement se sont écoulées depuis que le chevalier d'or était parti à l'extérieur du temple. Hevruka prit la même direction afin de le rejoindre. Les choses sérieuses débutaient enfin. Il arriva pile à temps pour écouter le chevalier d'or déblatérer son enseignement, sa leçon apprise par coeur. C'était étrange. Il était logique de dire que la vie était en chaque être, en chaque cellule de notre corps. Seulement, l'Illuminé peinait à ressentir cette force vitale. Il se sentait comme Lucifer. Comme s'il était un homme bon, vivant au sommet d'une montagne et que de l'injustice avait été trouvée dans son coeur et qu'au final, seul l'ombre et la déchéance formaient l'intégralité de son corps. Il fallait ressentir en soit l'essence même de la vie. Une énergie qui l'appelait, qui se trouvait en lui ? Il la ressentait, oui, c'était fort logique, mais seule l'ombre arrivait à faire surface. Il fallait faire le vide en soi et ressentir l'atome, ressentir le noyau de l'atome.

Hevruka ferma les yeux. De toute façon, il n'y voyait pas à plus de trois millimètres donc ça n'aurait rien changé. Mais il ne voulait pas se laisser influencer par ne serait-ce qu'une once de lumière. Il voulait profiter du pouvoir de la Vie du Capricorne doré. Il respirait profondément, comme pour ressentir les fragrances de la nature, comme pour ressentir la vie qui existait dans chaque sens, ressentir la force vitale des choses incolores. Il essayait de ressentir les liens entre chaque atome, le lien de vie qui les unis. C'est étrange, c'est presque à l'inverse de l'élément ombre. L'ombre permettait de ressentir le doute qui existait dans chaque proton, dans chaque neutron. L'ombre permettait d'influencer sur le final de la vie. Milan Sethni expliquait que la maîtrise de la vie permettait d'influencer les liens entre chaque chose vivante. Cependant l'ombre permettait d'influencer le résultat final en le rendant plus noir et en éveillant le mauvais côté de chaque être, de chaque parfum, de chaque son, de chaque atome. Il fallait donc faire abstraction de cet élément qui baignait dans le corps du chevalier d'argent. Il fit le vide dans son esprit et essaya de faire fonctionner tous ses sens, même celui de la vue, qui, ma foi, était fort faible. Il fallait augmenter son énergie, son cosmos pour pouvoir tirer profit de chaque sens. On raconte que le fait d'atteindre le 7e sens pouvait rendre la vue à un aveugle, pouvait rendre l'audition à un sourd, même à quelqu'un qui s'était crevé les tympans.

Ca y est... Hevruka voyait ces liens à travers la matière. Ca y est, il ressentait ce que Milan voulait dire. Il avait enfin compris. Il fallait d'abord comprendre avant d'essayer. Si on te dit "Envoie moi une boule de feu", mais qu'avant on ne t'a pas expliqué que le feu était dans chaque atome également, qu'il représentait la chaleur etc., tu ne risquais pas d'y arriver. Milan était décidément un fin pédagogue. Depuis le début, il l'avait senti. Ce n'était pas pour rien que son élève était devenu celui qui régnait en maître sur l'équilibre de la vie, au Sanctuaire, le chevalier d'or de la Balance. Hevruka avait la chance inouïe d'être l'apprenti à la fois du chevalier d'or du Capricorne et de celui de la Balance. En plus, l'un était le maître de l'autre. Directement, il pouvait obtenir l'enseignement qu'Altia avait promis qu'il lui offrirait. Il pouvait ainsi avoir la base, l'origine des connaissances de son maître de la Balance. Faudrait alors demander à Orion du Bélier. Ca commence à faire beaucoup. Qui était le maître d'Orion du Bélier ? Thanatos ? Ahahah, c'est peut-être pour ça que Thanatos la soit-disant épargné. Ca sentait un peu le passage sous le bureau, tout ça.

"Je ressens la vie... Mais je la ressens entachée d'ombre... C'est normal ?"

Hevruka s'épuisait en augmentant son énergie pour ressentir pleinement celle de Milan Sethni du Capricorne. Ressentir cet élément était ma foi, fort difficile, surtout pour quelqu'un ayant un élément de base totalement antagoniste... Soudain, le cosmos du chevalier d'argent de l'autel commençait à se remplir de l'élément ombre, comme si celui-ci en fait contrôlait l'énergie du chevalier. Cette ombre était forte, presque semblable à la mort. Comme si, au final, l'énergie d'Hevruka désirait prendre le dessus sur cet apprentissage. Il posa un genou à terre, les sourcils froncés, son souffle en était coupé. Sa respiration s'accélérait. N'avait-il pas les épaules requises pour apprendre cet élément si antagoniste ? Mais il fallait apporter une certaine pureté dans son esprit...

La question d'Hevruka semblait pertinente et le Sethni se gratta le menton signe probant qu'il réfléchissait. Il ignorait comment y répondre dans un premier temps car pour lui, la vie avait toujours été lumineuse et accueillante. Peut-être que cela n'était pas le cas pour tout le monde. A vrai dire, il était vrai que le Chevalier d'Or avait ressenti le cosmos d'Hevruka précédemment et celui-ci semblait être lié à un élément qui se plierait face au cosmos lumineux de Milan : l'ombre. Peu de gens possédait une telle affinité. Au fil de ses aventures, le Sethni pensait pouvoir compter des gens manipulant l'ombre sur les doigts d'une de ses mains. Par contre la lumière semblait nettement plus répandue bien qu'elle ne soit pas très simple à maîtriser à moins de s'y éveiller très tôt. Tout ce qui allait être dit verbalement allait être de la pure interprétations et théorie qui germait dans la tête d'un gamin qui allait atteindre la vingtaine et qui portait une armure d'or. Rien de réel, rien de sûr. Dans les années futures, Milan changerait peut-être d'avis mais pour l'heure, il se devait de formuler une réponse qui permettrait à Hevruka d'explorer quelques pistes et de trouver ses propres réponses. A son âge, il devait avoir emmagasiné assez d'expérience et de sagesse pour y arriver mais avant toute chose il se devait de vérifier s'il apercevait aussi cette part d'ombre dans la source de vie du vieillard.

- C'est normal, enfin je le crois. J'ai pût remarquer part ton art des illusions que tu maîtrise les ombres à l'opposée de moi qui maîtrise la lumière. J'ai toujours perçu la vie qui émanait des autres êtres pour la plupart et de ma propre personne comme une source d'énergie lumineuse. Maintenant que j'observe la tienne, elle paraît plus sombre, c'est vrai. Est ce à cause d'Aegide ou de ton cosmos d'ombre ? Je l'ignore mais s'il s'agit de ton cosmos, je pense que cela influencera ta perception et ta réception de la vie. Chaque être vivant est parcouru par la vie mais à sa façon. C'est sûrement encore plus révélateurs pour les êtres humains qui sont des êtres complexes autant sur le plan physiques que psychologiques et cosmiques. Il ne reste plus qu'une chose à découvrir ! As tu besoin d'isoler l'ombre en toi pour maîtriser la vie ou peut-elle se fondre avec cette dernière ? Je pense qu'il peut-être combiné. J'y arrive moi même. L'ombre n'est pas en interférence avec la vie. Peut-être serait-il plus simple si tu arrivais à écarter ce sombre élément ? Découvre ta voie et trace là!

La chance du vieux qui était bordé de nouille résidait dans le fait que le Sethni maîtrise un élément qui avait le dessus sur le sien. Si le Sethni le désirait, il pourrait intensifier son cosmos de lumière à un point impressionnant à fin d'irradier complètement l'endroit et d'entraver momentanément l'ombre qui sommeillait dans le corps de l'Autel. Le tout était de savoir si ce lunatique grabataire accepterait de se faire ainsi priver de l'un de ses pouvoirs par un être bien plus jeune que lui. Pour l'instant la différence d'âge ne se faisait pas trop sentir et le vieil homme semblait être un élève des plus assidus et compréhensifs. Le Sethni bailla quelque peut et commença à intensifier sa cosmos énergie laissant échapper de celle-ci la lumière qui y vivait. Son armure et sa peau furent entourée d'un halo lumineux. Il ressemblait à un être entièrement fait de lumière même si ici il était en réalité seulement recouvert de ces rayons. Ainsi se serait suffisant pour qu'Hevruka accepte ou non que le Sethni l'irradie de sa lumière pour tenter de bloquer son cosmos d'ombre.

- Fais moi un signe et je ferai en sorte de t'envoyer tellement de lumière que ton ombre ne trouvera plus d'endroit où se cacher. Cela risque peut-être de te surprendre mais cela te permettra de trouver un cosmos neutre et un de vie. Il sera plus simple de trouver démêler une inconnue plutôt que deux. Si tu n'y arrive pas, alors je ne pourrais pas faire grand chose de plus pour toi si ce n'est te conseiller de persévérer ou trouver une personne aux connaissances plus poussés de la maîtrise de la vie!

Cercles sur le dos de la main,
Des fleurs plein la poche,
Cendres, cendres,
Nous tombons tous.

L’hôpital a été construit en 1910. Il était destiné en premier lieu, à soigner des malades en cure atteints de la peste blanche. Qu’est-ce que la peste blanche ? La tuberculose. On disait, à cette époque, que pour se soigner de la tuberculose, il était nécessaire d’avoir en abondance de l’air frais, de la nourriture saine, du soleil et il fallait un endroit calme et reposant. Voilà pourquoi le gouvernement a décidé de faire construire ce sanatorium. Un sanatorium est un établissement médical spécialisé dans le traitement de différentes formes de la tuberculose. Le traitement par le soleil et la cure d’air était très répandu jusque dans les années 1960, jusqu’au moment où nous avons découvert la thérapie par la streptomycine, devenu le médicament le plus efficace pour combattre cette peste blanche. Le premier bâtiment avait été terminé en 1912. Il s’agissait d’un bâtiment administratif, de deux pavillons de chaque côté du bâtiment. Peu de temps après, un pavillon avec une bibliothèque a ouvert ses portes. L’hôpital devenait de plus en plus grand, prenant quasiment la forme d’un réel hôpital de région. Cependant, en 1962, l’hôpital a fermé ses portes à cause de la progression de la thérapie médicamenteuse. Les autorités ont cherché à le recycler en hôpital gériatrique mais cela n’a fonctionné qu’un temps à cause de mauvais traitements, subis par les personnes âgées. Une aile spéciale, au sous-sol de l’hôpital avait été construite et n’a été découverte que récemment : le tunnel de la mort. Il était destiné à recueillir les cadavres et les entreposer, de nuit, pour ne pas effrayer les patients. On raconte qu’un asile de fous y subsiste encore, malgré la volonté d’un entrepreneur de transformer le bâtiment en hôtel. Il parait qu’on y entend encore la comptine que les enfants atteints de la tuberculose chantaient, sur le toit de l’hôpital. Malgré le projet de créer un hôtel, le gouvernement avait décidé, depuis 2011, de rouvrir l’hôpital, néanmoins, spécialisé dans la psychiatrie, soit l’art d’enfermer des gens qui ne sont pas « sains d’esprit ». En gros, des gens différents.
Ils étaient des fous. On pouvait croiser tout un tas de personnalités, aux parcours totalement différents. Certains étaient pauvres, d’autres riches, des hommes, des femmes, des hétérosexuels, des homosexuels, des ouvriers, des traders. Il y avait de tout. Il fallait avouer que les hommes de pouvoirs étaient plus nombreux. Pourquoi ? Et bien, lorsque l’on possède de l’argent, du pouvoir, de l’influence, beaucoup de personnes leur en veulent. Ainsi, la paranoïa monte de plus en plus, devenant une réelle maladie. La peur de perdre le pouvoir, de perdre l’argent est davantage accentuée. Il y avait aussi des gens atteints de cyclothymie. La cyclothymie est un trouble de l’humeur faisant partie de la bipolarité ou du trouble maniaco-dépressif. L’euphorie et l’irritabilité se succèdent. Les hypomaniaques étaient très présents en ce lieu, totalement refait à neuf. Les hypomaniaques sont ceux atteints d’hypomanie, en gros des maniaques qui n’ont pas besoin de repos, et sujets à l’hypersexualité. C’est sympa l’hypersexualité mais assez contraignant. D’ailleurs, dans cet hôpital, de nombreux viols étaient commis. On pouvait penser qu’il s’agissait de viols de la part d’hommes malades envers des femmes malades. Toutefois, en réalité, c’était plutôt les infirmiers qui abusaient des femmes faibles mentalement, voire physiquement, de nombreux cas d’anorexie étaient recensés. Dans cet hôpital, on y rentrait facilement… Mais on n’en sortait jamais. D’ailleurs, le tunnel de la mort existait toujours dans les sous-sols de l’ancien sanatorium. Le jeune homme de 26 ans entendait tous les jours des bruits qui venaient des sous-sols. Il entendait une petite fille pleurer. Il entendait une autre petite fille jouer à la balle. La comptine, il l’entendait qui venait du toit. Cette comptine avait été vraisemblablement inventée lors du grand fléau de la peste noire dans les îles britanniques. Ring around the rosy, a pocket full of posies, ashes, ashes, we all fall down. La première phrase rappelait l’un des effets de la peste, avoir des sortes de cercles se dessinant sur les mains. La poche pleine de fleurs était là pour cacher l’odeur des cadavres dans les rues. Les cendres rappelaient le fait de brûler les cadavres, et lorsque nous mourrons, nous… tombons tous. Sauf si on est déjà à l’horizontal, ce qui est pratique dans ce cas-ci. Lui, il n’était pas fou. Non. Quoique… Lorsqu’un homme dit qu’il n’est pas fou, nous pouvons être sûrs qu’il l’est. Lorsqu’un homme dit qu’il est fou, nous pouvons être sûrs qu’il ne l’est pas. Car un fou n’a pas conscience d’être fou, n’a pas conscience d’avoir un problème psychique... Lui, il était légèrement psychopathe. Oui, il avait tué quelques personnes, mais rien de bien méchants. Que des orphelins, ils n’allaient pas manquer à qui que ce soit. Il avait toujours voulu faire ça de manière humaine. Il ne fallait pas qu’ils souffrent. Ou pas trop. Une ou deux heures, pas plus. Déclaré comme irresponsable de ses actes, comme déglingué, il a été envoyé dans cet hôpital pour être « soigné ». La blague. Les autorités savaient très bien qu’ils ne voulaient pas qu’il guérisse. Ils voulaient simplement s’en débarrasser et quitte à faire, qu’il tue d’autres gens dits « fous ». Il y avait tout un tas d’hôpitaux psychiatriques. Pourquoi celui-là ? Parce qu’il était d’une manière, révolutionnaire. En effet, ils avaient remarqué que quand les hommes fous et les femmes folles étaient réunis que quelques après-midi par mois ou par semaine, ils allaient mieux, étaient plus faciles à gérer. Certains étaient écartés tout de même : les malades atteints d’hypersexualité. D’ailleurs, ce jour-ci était un de ces rares après-midi durant lesquels les deux sexes étaient réunis. Pour une partouze. Non, joke. Pour être en communauté, en société. Tous étaient presque dans leurs coins. Surtout les schizophrènes. Ils n’avaient besoin de personne, ils se suffisaient à eux-mêmes. Mais, Lui, il s’en amusait. Imaginez, une personne qui a deux personnes en lui, qui discute avec une personne qui est complètement barrée ? Beaucoup de « personne », n’est-ce pas ? Imaginez, un schyzo avec un psychopathe, ça ne peut être que drôle, n’est-ce pas ? Il avait toute sa tête. Il était légèrement cruel. D’ailleurs, heureusement qu’il était là, ça lui évitait la prison. Malin le petit con. Qui allait être sa victime aujourd’hui ? Une jolie brune, dotée d’yeux bleus à en faire perdre la raison. Un océan vivant à l’intérieur de ses yeux. Des lèvres légèrement épaisses, assez charmeuses, après tout. Un nez tout ce qu’il y a de plus classique, aucune bosse, légèrement en trompette, sans pour autant que cela se voit. Cela se voyait uniquement de profil. Des sourcils parfaitement dessinés, comme si un peintre avait dessiné son merveilleux visage. Une belle fille qui souffre, il n’y a rien de mieux. Autant en profiter. Parlons mal : baisons-lui la gueule, rendons la vraiment folle. Il s’en approcha et arbora un petit sourire en coin… Il voyait qu’elle était différente. On aurait dit qu’elle était dans son monde, qu’elle était à l’écart des autres. Dans sa tête du moins. Il n’avait pas fait attention s’il y avait quelqu’un avec elle. Il s’en fichait : sa proie, c’était elle.

« Ca va ? » - lui demanda-t-il d’un ton plutôt moqueur, tout en ayant l’air sincère. Il n’y avait pas pire question que celle-ci, à poser à un fou. Voyons voir ce qu’elle va répondre, cette folle.

Un flash. Une illusion. C'est bizarre. Dans l'esprit d'Hevruka, il y avait des flashs de cet hôpital. Devenait-il fou ? Etait-il déjà fou à lier ? Etait-il dans un hôpital ou était-il réellement un chevalier d'argent en train d'apprendre la vie auprès d'un chevalier d'or ? Ah, ce mal de crâne. Hevruka avait cette impression d'avoir un don d’ubiquité. Comme s'il s'était inventé une vie pour échapper à qui il était. Comme s'il avait fait une erreur et que cet univers chevaleresque et fantastique n'était qu'un remède pour aller mieux. Cette impression d'être inventé se faisait de plus en plus grande, elle s'imprégnait dans son esprit, comme un virus se dispersant dans les veines du corps humain. Il avait ce sentiment d'exister à deux points différents de l'espace et du temps. Ce monde merveilleux semblait si réel... Mais ce monde plus normal, ce monde psychiatrique avait l'air d'être vrai également. Quelle est cette sensation... Comme la sensation que l'on éprouve lorsque l'on se réveille d'un long coma mais qu'au fond de nous, on éprouve une immense fatigue comme s'il n'avait jamais dormi pendant tout ce temps de coma, au point d'en délirer entièrement. On peut parler ici d'une dissociation de sa propre personne, de sa condition d'humain. Pourquoi avoir cette sensation ? Peut-être par volonté de connaître la vérité ultime, la vérité du don de soi. Il avait cette impression d'intégrer une autre vie, pour bâtir une nouvelle réalité qui lui apparaissait pourtant tout aussi consistante.

Passons cette petite escapade. Hevruka reprenait ses esprits. Ou alors il s'enfonçait largement dans cette folie. Il était peut-être là, assis sur son lit d'hôpital, les yeux rivés sur le plafond. Hevruka regardait Milan dans les yeux. Son cosmos de Lumière l'éblouissait. Il arrivait à percevoir cette lumière malgré ce froid environnant qui se faisait de plus en plus pressant. Ses yeux vert émeraude luisaient malgré son froid intérieur. La lumière et la vie de ce chevalier d'or du Capricorne redonnaient une jeunesse au chevalier d'argent de l'Autel. Les rides s'estompaient, ses cheveux reviraient au noir profond. Sa respiration n'était plus saccadée ni même coupée. Il était comme happé par une lumière divine. Cette lumière qui nous amène vers un chemin parfait, sans encombre, sans péripétie. Ou alors serait-ce la lumière de la lampe torche d'un médecin qui visait les yeux du chevalier d'argent, perdu dans sa cellule ? Il faisait souvent ce rêve étrange et pénétrant. En voyant Milan Sethni, le monde paraissait si simple. L'apprentissage de la vie paraissait si facile. On se demandait où il voyait une difficulté quelque part. Lorsque Hevruka écoutait le chevalier parler à son maître Bélier, on pouvait voir qu'il voyait la facilité partout, malgré des doutes persistants. Son esprit était doté de lumière, de vie et d'un courant d'air faisant circuler le tout... Pourquoi n'est-il pas entaché d'ombre alors que malgré tout un doute persistait quant à la culpabilité du chevalier d'or du bélier ? Peut-être que malgré tout, son esprit était apaisé, il avait sûrement trouvé une paix intérieure. Il doutait des intentions du Bélier d'or, mais il lui faisait confiance malgré tout. Quel homme remarquablement complexe... Lorsque le chevalier d'or lui proposa de l'irradier de sa lumière afin de faire sortir l'ombre de son âme et de son esprit, le chevalier d'argent déclina l'offre pour une simple et bonne raison :

"Je dois montrer que je suis puissant et que je sais faire les choses seul."

Oui, Milan Sethni montrait de la complaisance envers le nouveau jeune. Bon, le nouveau jeune qui d'apparence était plus vieux que lui, puisque d'apparence il faisait environ 27-28 ans. Et oui, la vie et la lumière faisaient des miracles mais pas non plus au point de provoquer un Misopethamenos amélioré. Le chevalier d'argent avait une idée en tête. Une idée qui lui était venue après la prononciation d'un mot de la part de Milan Sethni : "combiner". Il devait pouvoir réguler son cosmos d'ombre pour accepter ce cosmos de vie. Il n'avait pas besoin de cette lumière même si depuis son arrivée au sanctuaire, l'Illuminé était constamment attiré par les cosmos de Lumière comme peuvent en témoigner ses entrevues avec Altia Verana et Milan Sethni. Oui, il leur demandait s'ils étaient des Lumineux. Mais à force que le temps passait, il s'était rendu compte que la vie était peut-être plus intéressante à dominer. Il avait fait ce choix par rapport à son cosmos d'ombre. La lumière aurait entièrement avalé la puissance de l'ombre, de la nuit. Or, la vie pouvait offrir un parfait équilibre, tout en gardant l'authenticité du chevalier d'argent. Cette authenticité se remarquant par la maîtrise de la noirceur la plus totale. Depuis son arrivée au sanctuaire, il se considérait comme le plus sombre des chevaliers présents. Sa folie vainquait les autres prétendants au titre de chevalier le plus noir. Scareface du Cancer n'a qu'à aller se rhabiller. Lui, n'était pas fou, il était sain d'esprit mais s'amusait de sa méchanceté. Il s'amusait. Hevruka, lui, avait une souffrance intérieure qui a directement atteint son esprit et sa perception de la vie et de la mort. Son esprit était mort, était fait de mort et de noirceur...

Combiner les deux. Il fallait donc créer en son propre être une division : un côté sombre et un côté neutre influançable. Ces deux côtés de l'âme devaient pouvoir fusionner sans pour autant créer des troubles, déjà énormes, dans l'esprit de l'Autel d'Argent. Il intensifia sa cosmo-energie jusqu'à son paroxysme... La lumière du Sethni, encore perceptible, devait s'effacer face à l'ombre du chevalier d'argent. Même si la Lumière était logiquement plus puissante, à ce moment précis, Hevruka appliquait un fondement du combat : celui qui intensifie son énergie au plus haut point gagnera le duel. Mais cette fois-ci, le Buveur de Sang n'avait pas pour but de gagner le moindre combat. Il apprenait à réguler sa puissance arcanique. Ses yeux devenaient rouges. Non pas qu'Aegide refaisait surface, non. Aegide n'avait aucune raison de s'interposer ici puisque même cette âme purement fidèle à Zeus avait confiance en Milan Sethni. Non, cette fois-ci, c'était l'ombre elle-même qui montait vers le ciel en direction de la constellation de l'Autel. Etait présent dans cette constellation, ce que l'on appelle un trou noir stellaire. Un trou noir stellaire résulte de l'effondrement d'une étoile massive sur elle-même. Cet effondrement se manifeste directement par l'apparition d'une supernova, possiblement associée à un sursaut gamma. Un tel trou noir a une masse comprise entre trois et cinq masses solaires au minimum. Cette énergie allait s'enfermer dans un trou noir pour ne plus jamais en ressortir. Quoique, il était bête de penser qu'un trou noir faisait disparaître toute chose vivante, toute chose lumineuse. En fait, il s'agit d'un lieu tellement dense que la lumière n'y passe plus et ne peut plus en sortir. Cependant, il suffisait que le trou noir s'étire, se détende pour la lumière puisse le traverser

Ce que Hevruka faisait était très dangereux. Parce qu'il essayait par tous les moyens d'extirper cette ombre de son corps. Non pas dans sa totalité mais une grande partie. Il voulait faire vivre une vie en lui. Lui qui pensait son corps mort, dépourvu de tout atome, dépourvu de vie. Il sacrifiait sa vie pour vérifier qu'il en avait une. Des plaies s'ouvraient. Il s'était battu face au chevalier d'or de la Balance. La Balance n'avait pas montré son vrai pouvoir, mais les simples coups qu'il avait pu lui porter s'était révélés fatals puisque le coup au menton avait laissé une trace, une légère cicatrice qui s'est rouverte à l'instant. Flash. Hôpital. Les médecins l'attachent, les médecins vérifient qu'il était bien vivant. Lui ne se laissait pas faire mais il ne criait pas. En réalité, il n'avait jamais parlé de toute sa vie. Tout ce qu'il pouvait dire se résumait aux mots "tuer" et "punir". Une aiguille dans le bras, veine explosée, sang giclant de ce bras maintenant atrophié. Flash. Il avait réussi. Il était épuisé. Il voulait se donner corps et âme pour montrer à son maître qu'il était puissant, qu'il savait faire, qu'il savait maîtriser sa propre vie...

De la paume de sa main sortit une lumière bizarre, une lumière pénétrante. Comme la lumière de la vie... Une boule ressemblant vaguement à un oeil. Hevruka en avait parlé précédemment, avec son maître Altia Verana de la Balance. Il ne se souvenait plus s'il en avait discuté avec Milan. En même temps, pourquoi en auraient-ils discuté ensemble ? Il n'y avait absolument aucune raison de le faire. Cette lumière transpirait la vie. Une vie sombre, mais une vie tout de même. La montrant à son maître, il lui posa une question, la larme à l'oeil :

"C'est ça la vie ?! Souffrances, tortures, tristesse, promesses non tenues ? Et pire que tout... L'humanité entière se bat pour ça ?!"

Avant de voir cette boule enfermant un oeil s'évaporer. Cet oeil était l'oeil de la vérité que cachait Hevruka en son sein. Il s'agissait de toutes les souffrances qu'il pouvait entendre à longueur de journée. Toutes ces voix qui l'imploraient d'être achevées... Oui, c'était certain, Hevruka perdait complètement la boule. Il devenait fou. Mais en même temps, qui ne deviendrait pas fou, devant son parcours plutôt atypique ? Il n'y avait qu'avec Milan Sethni qu'il pouvait se lâcher aussi facilement. Il en profitait peut-être un peu. Son oeil droit pleurait une larme de sang, comme si, même son âme pleurait... Il s'empêcha de s'écrouler sur le sol.

"Si la vie doit être sauvée, alors je dois devenir le Juge de la vie. Je dois régner comme le maître du Jugement, de la sentence et du purgatoire. Il me faut maîtriser cette vie pour la rendre sans souffrance. Continuons."

Sans souffrance, il désirait simplement dire, en tuant. Peut-être en commençant par anéantir la déesse protectrice de l'humanité, la déesse qui depuis les temps mythologiques voulait protéger la terre, l'amour et la justice. Protéger des notions purement humaines. Elle ne se rend pas compte. La mort est le seul refuge des gens souffrants. L'amour ne pourra jamais les aider. L'amour est inexistant. Athéna, Hevruka te le promet. Il te tuera.

"Je crois qu'on l'a perdu définitivement.", lança un membre du personnel de l'hôpital en regardant le blanc des yeux du jeune homme assis dans un coin de sa chambre, la tête penchée vers la droite....

Vieux, sénile et têtu. Voilà comment on pouvait définir Hevruka à l'heure actuelle ! L'Autel acceptait de recevoir les enseignements verbaux mais pas un coup de cosmos en bonne et due forme. Il pensait avoir les épaules assez larges pour évacuer toute l'ombre de son corps alors que le Sethni voulait seulement l'entraver, la sceller momentanément, le temps qu'il puisse apprendre à manipuler la vie avec un peu plus d'aisance. Ce pauvre fou prenait des risques inconsidérés. Avec un tel procédé archaïque, il risquait de mettre sa vie en danger mais aussi celles d'autres habitants du Sanctuaire, s'il n'y prenait pas garde. Au moindre signe d'excès, le Sethni le scellerait sur place grâce à un Kekaï ou mettrait fin à ses jours. S'il voulait utiliser des méthodes pragmatiques, libre au vieux d'y avoir recours mais pas devant le Capricorne et en plein milieu du Sanctuaire. Déjà que cette période trouble n'était pas le moment idéal pour se livrer à ce genre d'activités, il ne fallait pas augmenter les risques de danger. Le Sethni intensifia sa cosmos énergie, prêt à intervenir à tout moment. Lorsqu'il s'apprêta à irradier complètement de lumière l'Autel, celui-ci, la larme à l’œil, lui montra une sphère de vie qu'il tenait au creux de sa main. Ce Silver émit encore un avis personnel et le Sethni se sentit obliger de lui livrer sa propre version des faits. Il trouva d'ailleurs ses phrases ironiques par rapport au lieu dans lequel il se trouvait actuellement en compagnie de son disciple âgé du jour.

- La vie est à la fois belle et laide, généreuse et cruelle. Comme les deux faces d'une même pièce. Je puis comprendre que les efforts que tu consacres épuise ton cerveau et tes capacités de réflexions mais la vie est comme de nombreuses choses en ce monde et comme cette maison qui est le symbole de la dualité. Pour certains elle n'est que promesse d'avenir, perpétuation de l'espèce alors que pour d'autres il ne s'agit que d'une chose qui conduit à la mort, qui abruti, asservit l'humanité. Tous ceci n'est que mensonge, tout ceci n'est que vérité ? Le prisme de notre humanité, de nos valeurs obscurcira toujours notre jugement en positif comme en négatif. Si rien n'est vrai tout est permis ! Libre à chacun de croire. Je pense personnellement que cette chose qui nous relie tous est une bonne chose, l'avenir de l'humanité et de chaque être peuplant cette terre. Elle apporte beaucoup plus qu'elle ne détruit. Ceci n'est que mon opinion. A toit de te forger la tienne, comme Héphaïstos forge ses armes ! Oseras tu seulement plonger le regard dans la sphère que tu tiens dans ta main ? Peu de gens ont la force et courage de le faire !

Hevruka semblait absorber par sa tâche même s'il semblait prendre peu à peu conscience que maîtriser la vie n'allait pas sans conséquences. La vie permettait de voir, de ressentir des choses que d'autres ne pourraient même pas effleurer. Le Sethni avait relâché son cosmos de lumière et s'était concentré sur le flux de vie qui serpentait le long du corps du vieil homme pour se concentrer vers cette sphère dans sa main. Le Capricorne d'or pouvait ressentit la moindre palpitation qui s'en échappait, le moindre de ses mouvements, de ses soubresauts et plus que tout, il pouvait la contrôler. La maîtrise de la vie que possédait Hevruka était imparfaite, rustre. Le Chevalier d'or n'eut aucun mal à insuffler sa propre impulsion énergétique dans la sphère qui se liquéfia et explosa. Les gouttelettes restèrent figées en l'air comme prisonnière de sa propre énergie, donnant le l’illusion que le temps avait arrêté son cours à cet endroit précis. Le Silver avait raison. Il allait devoir devenir un Juge. Un Juge pour lui même et la Vie deviendrait alors son Juge. Le verdict ne répandra que de lui !

- Cette vie qui émane de toi, je la contrôle. Je pourrais te tuer dans ta position de faiblesse. Je peux voir ce qui te lie aux autres, ce qui te maintient en vie. C'est une lourde responsabilité de ne pas trancher ses liens, surtout lorsqu'on connaît mon penchant pour la coupe. Tu devras prendre ton rôle de Juge très à cœur si tu ne veux pas céder et perdre le contrôle de ton pouvoir pour jouer au justicier. Je vais renvoyer cette sphère dans ton corps. Accepte là, abandonne toi complètement à elle et elle t'acceptera. Si tu as un seul doute, du mépris envers, elle cela pourrait mal se passer. Au mieux elle te consumera à petit feu, au pire elle te rejettera totalement. Laisse la pénétrer en toi et accepte là. Ce sera le premier pas vers l'acceptation de ton ombre. Nous arriverons à les lier tous les deux ou alors nous échoueront ensemble !

Le Sethni relâcha les gouttes de vie qui foncèrent vers Hevruka comme attirée par un aimant. Elles essayèrent tant bien que mal de se frayer un chemin par les pores de sa peau mais aussi d'autres orifices afin de pénétrer au plus profond de son corps, de son cosmos voir même de son âme. Hevruka allait-il renaître d'une certaine façon ou rejeter cette vie qu'il semblait considérer comme une chose négative ?

Il fallait bien que le chevalier d'argent montre qu'il savait faire les choses seul. Oui, bien sûr. Ce n'était pas être têtu, non. En fait, il voulait se prouver et prouver à son maître chevalier d'or qu'il était digne de porter une armure de rang argent, passage intermédiaire entre bronze et or. Un chevalier d'argent théoriquement pouvait se hisser au niveau des chevaliers d'or, certes, avec un certain entrainement. Mais dans la théorie la plus pure, un chevalier d'argent, avec un minimum de concentration pouvait avoir les mêmes pouvoirs qu'un chevalier d'or, de toute manière. Bon, un chevalier d'or lambda, qui venait juste de passer chevalier d'or, très certainement. Mais il le pouvait, c'était sûr. Hevruka désirait plus que tout que le jeune Milan se rende compte que le vieillard savait se débrouiller et qu'il n'avait pas pris la mauvaise décision en lui enseignant l'art de la vie. Il fallait à tout prix que le chevalier d'argent réussisse cet entraînement plus que difficile. En effet, il fallait faire la différence entre trois types d'éléments. Il y avait tout d'abord les éléments relatifs à la nature comme la glace, le feu ou le vent. Ces éléments étaient facilement enseignables et on pouvait les apprendre plutôt rapidement et facilement. N'importe quel chevalier pouvait utiliser tel ou tel élément sans entraînement particulier. Après, bien sûr, il y aurait tout un tas de d'imperfections, mais il en serait capable. Hevruka pouvait créer la glace comme il le souhaitait. Oui, cela lui prendrait peut-être plus de temps que pour créer une boule d'ombre, mais il y arriverait. Par contre, il est certain que dans l'utilisation pure de cet élément, il ne ferait pas le poids face à quelqu'un qui sait le maîtriser comme tous les chevaliers de glace.

D'autre part, il y avait les éléments liés l'emprunte du corps. Il s'agissait donc de l'ombre et de la lumière. Ils étaient enfouis, de toute manière, dans chaque être humain. Chaque être a des affinités avec l'un ou l'autre. Si on utilise la logique pure, un homme bon devrait pouvoir se reconnaître dans la lumière, tandis qu'un homme plutôt mauvais ou attaqué par des doutes incessants aura plus de facilité à utiliser un cosmos d'ombre. Enfin il existait deux éléments basés sur l'univers tout entier, sur l'atome, sur le noyau de l'atome, en jouant avec la source de vie de chaque microbe, de chaque cellule vivante : la vie et la mort. La vie, selon ce qu'avait compris Hevruka, jouait sur les liens qu'unissaient chaque atome, chaque particule. Il suffisait de ressentir ces liens pour ressentir la vie. Mais la mort, alors ? A quoi servait la mort ? Comment pouvions-nous ressentir la mort dans les liens entre chaque atome ? La mort était-elle liée indubitablement à la vie ou alors en était-elle entièrement différente ? Le chevalier d'argent avait remarqué que le chevalier d'or du Cancer pouvait contrôler cet élément qu'est la mort. Il n'a ressenti cette puissante chez aucun autre chevalier qu'il avait pu rencontrer. Pourtant, en stationnant dans ce temple du bélier, il avait pu en rencontrer du beau monde. Tout comme en s'ennuyant ferme dans ce temple d'Athéna, il avait vu passer de la populace comme Hercule, le Cygne, la Lyre. Il avait pu rencontrer aussi la titanide Rhéa qui maintenant devait se trimbaler avec le chevalier d'or du bélier. Il était tellement étrange de voir que Milan Sethni et Hevruka n'avaient définitivement aucun point commun, ni même dans leur propre utilisation de l'énergie. Milan Sethni savait maîtriser la vie, la lumière et le vent, comme si la bonté en lui se voyait dans ses yeux. On le voyait qu'il était bon, que c'était un homme généreux. Il pourrait mettre fin à la vie d'Hevruka, mais il ne le ferait pas. Hevruka le savait, il le sentait. Même si... Même s'il pouvait passer à l'acte en cas de danger pour le monde extérieur.
Le buveur de sang était à deux doigts de mourir. Il était à deux doigts d'imploser et d'emporter avec lui le temple des Gémeaux, installé juste à côté. L'ombre qui sommeillait en lui était bien plus terrifiante et illimitée que prévu. Il était mauvais dans le noyau même de ses cellules. Il était le mal incarné. Bien plus mauvais que le Dieu de la Mort, Thanatos, lui-même. Thanatos profitait de sa prétendue supériorité sur les mortels et même sur certains dieux pour exprimer la mort et la peur envers les êtres vivants. La différence était que le chevalier d'argent avait l'esprit mauvais, plus pervers encore que celui de Thanatos. Thanatos, lui, pouvait profiter de ses pouvoirs pour obtenir ce qu'il voulait, pour que ses plans fonctionnent à la perfection, tandis que, Hevruka devait redoubler d'imagination, de méchanceté, d'énergie pour ne serait-ce espérer réussir à donner la mort. Sur ce plan-ci, le Buveur de Sang était plus grand encore que la Mort elle-même.

Se laisser transpercer, se laisser pénétrer par une source de vie, par sa propre source de vie. Hevruka devait se laisser faire. Il devait continuer de vider son esprit, de rester concentré sur un seul et même point : les liens entre les atomes. Ces liens qui puaient la vie à trente kilomètres à la ronde. Avec Milan, le chevalier d'argent se sentait en sécurité. Il savait qu'il n'avait rien à craindre. Si Milan forçait cette boule de vie à pénétrer dans le corps de l'homme en face de lui, il fallait le laisser faire parce qu'il savait ce qu'il faisait. Mais cette boule d'énergie était instable de toute manière puisqu'elle résultait d'une pratique très bancale de la perception de la vie. Cette boule d'énergie s'évaporait petit à petit. Mais Milan avait réussit à la faire exploser et à la rendre plus vive encore. Milan insufflait-il sa propre vie pour donner une pureté certaine au chevalier d'argent ? Le faisait-il exprès ou alors était-ce la nature même du chevalier d'or que d'être une sorte de bonté incarnée ? Hevruka n'arrivait pas à ressentir cela. Il avait encore du mal. Il arrivait à voir la vie, il comprenait ce que le chevalier d'or du Capricorne pouvait lui dire. Il comprenait tout. Mais il avait du mal à l'appliquer. Oui, Milan avait raison, peut-être que le vent ou la lumière auraient été plus simples d'explications et d'adaptation cosmique. Néanmoins, le principe même d'être un chevalier d'Athéna, n'est-il pas d'aller au bout de ses forces et au bout de ses capacités, pour les repousser encore et encore, pour être plus fort ensuite ? Un chevalier d'Athéna se devait de protéger l'amour et la justice sur terre. Sauf que cet amour de la vie était souffrance. Il ne comprenait pas pourquoi Athéna se tuait à la tâche depuis les temps mythologiques à protéger ces humains qui souffrent, qui pleurent, qui doutent même de leur condition humaine. Il n'y a rien de plus prenant chez un homme que l'union de la force et de la faiblesse. La maladie chimérique, dont la volonté de puissance n'est que la justification intellectuelle, c'est la volonté de déité: tout homme rêve d'être dieu. Mais tout dieu rêve-t-il d'être homme ? Pourquoi Athéna le fait-elle ? Elle est bizarre cette déesse. D'un côté, Hevruka ne connaissait pas sa réincarnation en ces temps. Il s'agissait peut-être d'une petite peste, il s'agissait peut-être d'une femme ne se prenant pas au sérieux, il s'agissait peut-être d'une femme caractérielle, il s'agissait pour sûr d'une Déesse. Et en tant que déesse, elle méritait le respect. La dévotion aussi, en ce qui concernaient ses chevaliers, ses "saints", même si certains n'avaient pas l'air si saints que ça. On peut tromper la vie longtemps, mais elle finit toujours par faire de nous ce pour quoi nous sommes faits. Tout vieillard est un aveu, allez, et si tant de vieillesses sont vides, c'est que tant d'hommes l'étaient et le cachaient.

"Je sens comme... De la bonté dans mon coeur...."

C'était étrange à souhait... C'était à tes souhaits. Merci. Comment pouvait-il accepter une vie dans son corps, lui qui se considérait comme mort de l'intérieur, aussi bien physiquement que psychologiquement ? Lui qui était fou. Il n'était pas sénile. Il était fou et ce depuis la naissance. Il s'était inventé une vie particulière. Bref. C'était le lieu d'une renaissance. Le lieu où Lucifer regagnait les cieux, non pas par conquête mais par bonté de l'âme. Enfin Hevruka pouvait apporter de la lumière, de la vie dans son coeur. Il fallait commencer par faire le vide dans son esprit, chose qu'il avait réussi à faire et ce malgré la fatigue. Son cosmos était redescendu au plus bas, comme si l'ombre faisait partie intégrante de sa propre vie et que l'évacuer ainsi le privait de sa propre existence.

"Maintenant que je comprends la vie... Comment l'intégrer totalement en moi et m'en servir avec l'ombre ?"

Son dernier mot fut prononcé avec une toux fracassante. La vie qui l'intégrait, qui le rendait peut-être plus bon le faisait changer. Il souffrait de l'intérieur parce qu'il ressentait la souffrance du monde. Peut-être que le rôle d'Athéna était-il d'aider ce monde à moins souffrir, en les gardant en vie... Peut-être que la vie vaut-elle la peine d'être vécue ? On nous explique qu'un rire peut faire renaître le plus moribonds des humains. Pourquoi ne pas sourire, ça aiderait à survivre. Sourions à la vie. Mais gardons cette ombre en nous, ce côté sombre. Il fallait une dualité dans nos esprits... Dualité que désirait et ressentait le chevalier d'argent de l'Autel, bras droit du Grand Pope. Il la ressentait davantage ici, dans ce temple, symbole même de la dualité.

"Notre Déesse tant aimée ressent-elle ces souffrances ? Pourquoi n'abandonne-t-elle pas sa mission ? C'est à n'y rien comprendre."

La première phrase du vieil autel fut incroyablement niaise. Cela ne lui ressemblait pas. Lui qui d'habitude voyait le verre à moitié vide plutôt que celui à moitié plein. Quelque chose avait changé ou avait-il simplement perdu l'esprit ? Lui avoir envoyé des gouttelettes pure de vie et de son énergie avait sans doute dût lui griller le cerveau. Il avait limite l'impression que l'Autel allait vouloir communier avec lui dans la joie et la bonne humeur. Milan avait presque envie de secouer le vieillard pour lui intimer de se réveiller ou implorer Aegide de botter les fesses mentales de son hôte. Il sembla vouloir passer à l'étape suivante mais était-il vraiment prêt ? Ses phrases trop douces et gentilles n'étaient elles pas un leurre ? Un signe masqué de refus. Milan devait être sûr que la vie s'était totalement insufflée en lui et pour ce faire il sonda le flux de vie du Silver Saint. La vie semblait s'être intégrée presque parfaitement au corps d'Hevruka. A 90 pour cent. Sa mutation s'amorçait. Le Sethni estimait que ce procédé avait donc porté ses fruits cependant, le plus mince restait encore à faire. Avant de faire accepter l'ombre, Hevruka devait dompter la vie, apprendre à la ressentir et à la contrôler ce qui n'était pas gagné. La dernière phrase de l'Autel lui confirma que le changement venait de pénétrer dans le cerveau du novice. Le néophyte se demandait pourquoi Athéna continuait de se battre. La réponse sautait aux yeux du Capricorne comme un joli décolleté. Hevruka n'était donc pas encore en paix avec ses idées malgré son âge avancé. Le dixième gardien du Sanctuaire espérait qu'à son âge, il aurait atteint un certain degrés de sagesse personnelle et de paix avec lui même

- Athéna se bat justement pour chasser cette souffrance. Elle la ressent et à une bien plus grande échelle que nous simples mortels. Cette souffrance lui rappelle pourquoi elle se bat et elle décuple sa volonté. Abandonner face à une tâche aussi ardue ne serait qu'admettre son infériorité et sa défaite. Notre déesse est paix et justice. C'est pourquoi elle ne peut se permettre d'oublier la souffrance. Tant qu'elle existera, elle aura un rôle à jouer ! Si tu veux l'intégrer totalement en toi, tu dois commencer par cesser de poser des questions à son sujet. Je ne parle pas d'information mais de chasser définitivement les doutes dans ton cœur. Ne la considère pas comme une arme, mais comme une partie de toi, un prolongement de ton cosmos et de tes actes. Ne lui résiste plus et essaye de comprendre. Ressens là au fond de toi. Découvre ton flux de vie et découvre le canal qui te relie aux choses vivantes. Il y a de la vie sous ce temple. Des herbes qui cherchent à percer. Trouve ton flux et tu verras les petites ramifications qui serpentent sous le sol de la maison des Gémeaux.

Le jeune homme laissa quelques instants de répits à Hevruka pour qu'il emmagasine ce flot d'informations mais également pour que lui même puisse reprendre son souffle. Mettre des mots sur des choses aussi peu physiques demandait un certain doigté verbal. Il n'était pas simple d'expliquer ce que l'on ressentait plus avec son cosmos et son âme plutôt qu'avec ses yeux, sa vue, son ouïe, son toucher ou son goût. C'était plus subtile que cela mais l'Autel comprendrait parfaitement cela en approfondissant son ressenti personnel. La suite de l'exercice allait l'amener à envoyer de l'énergie dans le flux de vie de ces herbes pour en faire jaillir la vie ou bien la supprimer même si la première possibilité était nettement plus visible et démonstrative. Le tout était de savoir doser l'énergie envoyée pour ne pas surcharger le flux de vie ! La moindre surcharge pouvait entraîner des dégâts considérables des deux côtés du flux.

- Lorsque tu auras découvert le canal, tu te caleras sur le rythme de l'herbe et tu lui enverra une dose d'énergie cosmique au même rythme mais plus puissante. Dose bien le rythme et le niveau de ce que tu enverras. Fais pousser le végétal jusqu'à ce qu'il perce les pavés de la maison des Gémeaux. Si tu envoie une dose trop élevée d'énergie vitale tu risque à la fois d’endommager le flux de la plante mais aussi le tien. Applique donc tout cela et nous découvrirons le résultat !

Le Danube s'écoule en une hémorragie
Où réconfort et souffrance se répandent
Rien de bon n'est caché, trempé
Dans tes prairies humides

Personne ne sait ce qui s'est passé ici
Les flots rouges comme la rouille
Les poissons étaient asphyxiés
Et tous les cygnes morts
Sur les berges, dans les prés
Les animaux tombèrent malades
Des prairies sur les berges, une horrible puanteur
Se déversa dans le fleuve

Où sont les enfants
Personne ne sait ce qui est arrivé ici
Personne n'a rien vu
Où sont les enfants
Personne n'a rien vu

Bientôt, des mères se tinrent au bord du fleuve
Et versèrent des flots de larmes
Sur les champs, à travers les digues
La souffrance envahit tous les étangs
Des drapeaux noirs sur la ville
Tous les rats repus et gras
Les fontaines partout empoisonnées
Et les hommes partirent

Où sont les enfants
Personne ne sait ce qui est arrivé ici
Personne n'a rien vu
Où sont les enfants
Personne n'a rien vu

Le Danube s'écoule en une hémorragie
Où réconfort et souffrance se répandent
Rien de bon n'est caché, trempé
Dans tes prairies humides

Où sont les enfants
Personne ne sait ce qui est arrivé ici
Personne n'a rien vu
Où sont les enfants
Personne n'a rien vu
Rammstein, "Donaukinder"

J'ai compris pourquoi je n'y arrivais pas. J'ai compris pourquoi les mots ne sortaient pas. Comme si... un deuil n'avait pas été fait. Comme si... un monde s'était écroulé et que des séquelles restaient plusieurs millénaires ensuite. Un besoin de comprendre, un besoin de saisir ce qui a été oublié, ce qui a été raté. Non, le doute n'est pas dans ce coeur, le doute n'existe pas. Il y a juste une incompréhension. Ce qui est fort logique. Cette incompréhension venue tout simplement du fait qu'on ait l'impression d'avoir raté l'épisode phare d'une série. Comme si une personne était passée instantanément d'une époque à une autre... Difficile de décrire cette sensation, comme une dislocation du temps... Comme si le temps avait perdu des siècles... Après... Il faut se rendre à l'évidence et accepter de tourner la page. Mais lorsque cette incompréhension persiste, il est impossible de faire le deuil de quoi que ce soit. Imaginez, vous perdez un être cher, qui s'en est allé rejoindre les étoiles éternelles. Vous ignorez tout des circonstances de son décès, ni même de ses pensées juste avant cette extinction. Alors, vous ne réussirez pas à faire un deuil correct. Surtout lorsque vous étiez censé être avec cette personne et que pour X raison, vous n'étiez guère présent... Une certaine culpabilité s'installe, petit à petit au point d'en devenir complètement fou, de commencer à avoir les fils qui grillent... Bref. Il fallait faire tout ce que le chevalier d'or du Capricorne demandait. Lui seul autour de cette table... Ou plutôt lui seul dans ce jardin collé au temple des Gémeaux savait maîtriser la vie. De plus, il avait sûrement appris la vie auprès d'Orion du Bélier. Cela s'apercevait dans les yeux du chevalier de la Toison d'or. Il maîtrisait la vie, il savait influer sur les flux de vie. Le chevalier d'argent de l'Autel n'était en rien naïf ni même ne manquait pas de sagesse. Sa sagesse justement, acquise avec l'âge et la réflexion, l'a amené à se demander pourquoi Athéna s'acharnait à faire vivre ses sujets alors que la vie elle-même était une souffrance. Le chevalier d'or répondit spontanément à la question du chevalier d'argent. En même temps, venant du chevalier le plus fidèle à Athéna, il ne fallait pas en espérer moins. Toute son âme, l'âme d'Excalibur, l'épée sacrée, venait d'Athéna elle-même. Cela voulait-il dire que dans son flux d'énergie, ce chevalier d'or était le plus proche des hommes d'Athéna ? C'était étrange... Pourquoi Milan Sethni et pas un autre comme Orion ? Pourquoi n'était-ce pas lui qui possédait l'épée divine ? Excalibur était-elle un cadeau destiné uniquement au chevalier d'or du Capricorne, et heureusement pour Milan, cette armure d'or lui revenait de droit, lui, l'ancien chevalier de bronze de l'hydre femelle ?

Il s'essaya à l'exercice imposé par le chevalier d'or du Capricorne. Que dis-je ! Qu'il le fasse ou qu'il ne le fasse pas, mais il n'y a pas d'essai. Se caler sur un flux et essayer d'y insuffler une énergie ? Milan Sethni se croit vraiment dans Watchdogs. Allez, piratons les plantes qui se trouvent sous le temple des Gémeaux. Faisons-le, ensemble. Suivons le chemin de cette énergie. Il referma de nouveau ses yeux pour parfaitement ressentir toute la vie qui s'écoulait dans chaque atome, dans chaque respiration. D'ailleurs, la sienne se faisait lente et prolongée. De grandes inspirations, comme pour ressentir dans l'air des affres de la vie. Le silence... Rien n'est plus beau que le silence. Parle si tu as des mots plus forts que le silence ou bien garde le silence... Le silence des hommes attire le silence de Dieu... Le silence est l'âme de toute chose. Confucius aurait dit un jour : "Le silence est un ami qui ne trahit jamais". Hevruka ressentait la vie... il se sentait changé... Mais... Il est maintenant différent. Il l'a changé. Pourtant, il était toujours du même avis. Il y avait trop d'êtres humains... Il ne pouvait pas les supporter, ils le torturaient trop douloureusement. Le pire de ces bruits était le battement de leurs coeurs... Qu'ils s'arrêtent ! Il ne peut plus le supporter... Arrêtez de battre... Mais vous le voyez bien qu'il n'allait pas bien. Ils pompaient encore le sang et comme ils se multipliaient, ils venaient sur lui en masse. Il tenait de les éliminer... Le battement de leurs coeurs résonnaient dans ses tempes... Immobile dans cette poitrine, un coeur mort n'est pas une perte. Personne ne le torturait ainsi pour plaisanter. Qu'il laisse le soleil aller jusqu'à leurs coeurs... Il apporterait la lumière dans leurs coeurs, la décision n'était pas difficile à prendre... Mais... Ces battements ne venaient pas des coeurs des autres humains mais de son propre coeur... dans son propre corps... Comment le faire se taire ? Il n'avait jamais entendu ce coeur faire autant de bruit auparavant. Non, il ne faisait pas une crise cardiaque... Simplement que la vie prenait toute la place dans son coeur sans en laisser pour l'ombre. Il ne fallait pas la laisser faire... Le cosmos d'Hevruka baissait considérablement, comme s'il voulait empêcher son coeur de battre, ce qu'il réussit à faire... Il voulait laisser pleinement la vie s'exprimer et non pas son coeur ni même son âme. Ce n'était peut-être pas la solution, mais il fallait bien faire quelque chose. Tiens, voilà le canal de l'énergie vivant sous le temple, de l'herbe qui ne demande qu'à pousser. Si vous voulez le canal c'est 97.4, Riiiiiire et chansooooooons. Fallait espérer qu'il y ait une webradio, ça serait vachement pratique après tout. Hevruka cherchait à se concentrer sur la vie inhérente à ces fleurs, à cette terre pour la faire pousse et exploser les dalles ce temple majestueux... Il essaya de mettre de la puissance, par petits à coups mais un truc retint son attention. Une signature cosmique. Comme si un combat horrible faisait rage, comme si le monde tremblait. Chaque coup était ressenti aux quatre coins du monde. Les coups étaient d'une violence incroyable. Un duo se formait contre une entité jusqu'alors inconnue... mais... Ces coups venaient-il d'Arès ? Mais... Athéna était, elle aussi présente ! Enfin, la déesse montrait que la mort ne l'avait pas atteinte. Elle respirait encore, son énergie vitale existait encore. Que c'était soulageant... encore fallait-il qu'elle reste en vie face à un ennemi qui était inconnu au bataillon.

Bref, ce petit interlude a empêché le chevalier d'argent de se concentrer correctement sur ce canal de vie et lui a fait commettre une légère erreur qui lui a presque coûté la vie. Une trop grosse énergie et mal calibrée avait pénétré la végétation emprisonnée du temple maudit. La vie s'est vengé de cela en renvoyant cette énergie à son propriétaire, lui occasionnant de multiples blessures, des coupures à certains endroits, la bouche en sang. Il cracha du sang par terre... Regardant tout ce sang s'écouler des pores de sa peau, il s'écroula lui-même, sa tête heurtant violemment le sol. Le casque de l'Autel fut envoyé à une dizaine de mètres à cause du choc qui mine de rien était violent. Parce qu'il ne s'agissait pas que du poids du chevalier d'argent. La vie elle-même l'avait poussé sur le sol, comme si elle avait exercé une pression inimaginable sur un simple corps humain. Comme si un dieu avait décidé de s'en mêler. Quel spectacle pathétique. N'importe quel enfant aurait été capable de réussir cet exercice. Bon, il avait un fait non négligeable qui gênait sa progression : le combat qui faisait rage dans ce lieu inconnu entre deux divinités et une entité également inconnue. Qu'on sente leurs énergies alors qu'il était fort probable qu'ils fussent très loin du sanctuaire avait le don de déranger le patriarche des chevaliers d'argent.
Il se releva... Doucement... Il ne voulait pas se laisser abattre. Il fallait y arriver. Il fallait montrer qu'il était le plus puissant. Il avança de quelques pas vers sa diagonale gauche, s'accroupit afin de récupérer son casque qu'il avait envoyé valdinguer par mégarde. Il reposa le casque de l'Autel de Chiron sur son crâne et essaya de se concentrer.

Il se releva. Il fléchit les jambes, serra les poings et essaya de se concentrer. Son regard se remplissait de haine... Il augmentait son énergie jusqu'à son paroxysme, comme s'il était à l'article de la mort. Des éclairs tournoyaient autour de l'homme à l'armure d'argent... Les dalles à proximité des deux hommes se soulevaient comme par la volonté de la puissance même, comme par la volonté d'un Dieu. Il se recala sur l'énergie des plantes que Milan avait énoncées peu avant. Le canal a été trouvé. Il fallait recommencer en prenant toutes les précautions nécessaires... Cela se sentait à des kilomètres qu'un événement naturel se passait, la nature n'avait plus ses droits car elle se laissait contrôler par le chevalier d'argent... Les deux arbres jumeaux à côté du temple se mirent à grossir, les fleurs à éclore, et l'herbe sous le temple à transpercer les pavés soigneusement disposés à la romaine. Milan pouvait donc remarquer que son disciple avait réussi l'exercice avec une certaine difficulté à la première tentative. Maintenant, il fallait que les exercices suivants soient réussis du premier coup.

Ah mais attendez, Hevruka n'avait pas fini. Toujours en influant sur les liens qui reliaient les choses entre elles, il essaya d'en altérer la communication afin d'évacuer toute vie de cette nature. Les arbres cités ci-dessus se mirent à pourrir presque instantanément... La vie qui coulait dans la sève des arbres disparaissait progressivement. Les fruits qu'étaient censés donner les arbres tombèrent à terre, complètement pourris. Les fleurs qui jonchaient ce jardins se fanèrent également. Hevruka avait en effet récupéré toute l'énergie vitale de ces êtres vivants afin de l'insuffler dans son propre corps. Comme un vol. Ou bien un emprunt. Ses yeux, ouverts cette fois-ci, devenaient progressivement rouges. Sa chevelure quant à elle noircissait. Lui qui avait les cheveux châtains et les yeux verts, il partait complètement à son opposé.

"Maîtriser la mort ou la vie, ça revient au même, non ? Tu peux t'amuser à voler cette vie que, tu contrôles pour ainsi donner la mort. Cette vie contrôlée ne servirait donc qu'à faire le bien ? Et si l'on fait le mal avec ? Serons-nous de mauvais chevaliers d'Athéna ?"

Une voix plus sombre, plus sarcastique, plus provocatrice. Pas forcément plus méchante, bien sûr, mais plus inquiétante. Mais, cet Aegide, il existait vraiment ou bien c'était qu'une folie du chevalier d'argent ? Etait-il victime de la maladie des Gémeaux que d'être sujet à un dédoublement de la personnalité ? Quoique, il n'avait pas l'air d'avoir ce dédoublement. On dirait même qu'il était parfaitement conscient de ce qu'il faisait, que c'était lui-même qui contrôlait la venue et la sortie de cet "hôte" probablement inventé de toute pièce.

"Continuons. Il me tarde de juger."

Et voilà ! Hevruka n'avait pas prit le temps de savamment doser son énergie pour l'envoyer dans le flux de vie et il se prenait un véritable retour de flamme dans la tronche. Il fallait s'y attendre. A être trop impétueux et lunatique, cela ne permettait pas de jauger son énergie et de la diluer de façon précise comme un orfèvre. C'était exactement avec ce genre d'attitude et de négligence que l'on pouvait créer un cataclysme. Ce n'était peut-être qu'un coup dans l'eau de la part du Silver Saint mais mieux valait garder un œil là dessus. L'âme tapie dans l'ombre des méandres de son cerveau pouvait à tout moment prendre le contrôle et créer une réaction en chaîne avec le cosmos d'Hevruka. Si une telle chose arriverait, le Sethni frapperait alors avec Excalibur et son sens de la justice. Si tout se passait correctement, il arriverait à séparer les deux âmes en laissant indemne le corps de l'argent. Dans le pire des cas, la tête du vieillard roulerait sur le sol laissant son corps faire ses derniers mouvements sous l'impulsion de ses nerfs. Le Sethni ne préférait pas envisager cette éventualité. Il avait foi en son épée, son cosmos et son sens de la justice exacerbé. Le plus troublant fut l'air et la position digne d'un constipé qu'il afficha. Le Capricorne ignorait s'il devait rire de la face du Silver ou en pleurer. S'il continuait sur cette voie, Milan finirait par atteindre l'âge d'Hevruka avant que ce dernier n'arrive à maîtriser passablement la vie. Bonté divine, il y avait de quoi s'arracher les cheveux ou en attraper des blancs.

Heureusement pour le vieillard, il finit par réussir à faire émerger les plantes qui pétèrent les dalles pour se frayer un chemin vers la surface. L'armure d'or de Tenshu était encore chaude et voilà que son temple prenait déjà cher. Le Sethni n'aurait pas à payé les réparations cela dit. Ce n'était pas de lourd dégâts puis en matière de destruction de maison il s'y connaissait un tantinet. Ce ne fut pas tout malheureusement. Les cheveux d'Hevruka et ses yeux changèrent de coloris juste après avoir joué au vampire avec l'énergie vitale de la nature environnante. Le Capricorne d'or sentait qu'il allait bientôt devoir lui remonter les bretelles à défaut de disposer d'une machine à remonter le temps qui ferait gagner à Hevruka en jeunesse et en humilité. La voix qui résonna alors à ses oreilles ressemblait plus à celle d'Aegide qu'à celle du lunatique Silver Saint de l'Autel. Voilà qu'il fallait se mettre à communiquer avec l’araignée au plafond du porteur de l'ancienne cloth d'Alistair du Taureau. Dire que le Sethni n'était même pas payé pour gérer tout cela. Être un Saint demandait une grande force de caractère !

- Tu te fourvoies. La vie on peut insuffler comme la prendre comme tu viens de le faire à l'instant mais tu peux toujours la rendre. Créer ou détruire ne serait-ce que momentanément La mort se nourrit de cette destruction, de cette absence de vie plus férocement mais elle ne pourra jamais créer. La vie est création et destruction. La mort quant à elle n'est qu'une absence, une destruction totale. La différence est là. La frontière peut-être bien mince à percevoir pour un esprit comme le tien ... Aegide ! Si la mort t'intéresse tant, je suis sûr qu'il y aura quelqu'un en bas du Sanctuaire prêt à t'expliquer la beauté de cet affinité cosmique.

C'était la stricte vérité. La mort possédait probablement d'autres qualités. L'élément bien sûr pas la fin de la vie en soit mais comme le Sethni ne maîtrisait pas cet élément, il ne pouvait pas y voir la même chose qu'un expert en la matière. Il ne pouvait donc livrer à Aegide/Hevruka que les connaissances qu'il possédait à ce sujet, ni plus ni moins. S'il désirait passer à la suite, le Sethni ignorait si c'était une bonne idée. En tout cas l'ancien bouclier de Zeus était peut-être la meilleure personne qui pourrait faire rentrer l'ombre dans ce corps afin de la mélanger avec la vie. Une opération délicate qui n'allait pas aller sans mal mais c'était l'avant dernière étape avant de pouvoir le laisser tout doucement voler de ses propres ailes.

- Ça tombe bien que tu sois là. Cela m'éviteras d'aller te chercher puis de toute façon avec ce qui allait suivre si tu n'aurais pas pointé le bout de ton nez je n'aurai rien compris. Ton âme symbolises apparemment la part d'ombre d'Hevruka même s'il se croit très sombre et tout. Tu es en grande partie responsable de la présence de cet ombre dans son cosmos. Je vais te demander de la faire regagner son corps. Accepte la vie qui est en lui. Si tu ne le fais pas pour moi ou pour les beaux yeux d'Athéna fait le au moins pour le type qui t'as accueilli dans ce corps. S'il voit que tu acceptes la vie qu'il dégage peut-être sera-t-il prêt à t'accepter totalement, toi l'ombre de ses pensées ! Cela ne risque pas de se faire sans heurt ni sans douleur mais à l'heure actuelle je ne vois que cette solution là.

D'un geste de la main le Sethni, le bras du Capricorne s'illumina. Il n'avait pas besoin de sortir l'épée de son fourreau pour intervenir mais son épée était prête servir de mesure dissuasive au cas ou Aegide n'était pas prêt à accepter de faire grandir Hevruka cosmiquement.

Se fourvoyer ? Aegide ? Notre cher Capricorne à la renommée internationale devait très certainement se tromper. Il n'était pas du tout dans le caractère du gardien céleste de Zeus que de s'induire lui-même en erreur. Certes, le chevalier d'or pouvait avoir raison dans ses paroles en ce qui concernait la part d'ombre de l'Argent. Oui, le Gardien Céleste pouvait paraître assez sombre, pouvait même être agressif. Mais il fallait comprendre, aussi. Il était enfermé dans un corps qui n'était pas le sien, avec l'impossibilité de s'en extirper par le simple fait que son armure avait été détruit. D'après ce qu'il avait pu entendre, des fragments de son armure se trouveraient à l'intérieur d'autres armures. En l'occurrence, le fragment central, permettant la reconstruction de son Armure Divine se trouverait dans l'armure sacré des Gémeaux. Après avoir analysé l'armure d'or du Capricorne, Hevruka avait pu déterminer qu'aucun fragment n'était présent au sein de son armure et qu'aucun n'y fut précédemment comme au temps d'anciens chevaliers du Capricorne. Bref, Aegide corrigea les dires du chevalier d'or afin que celui-ci ne reste pas dans l'erreur...

"Cher enfant, c'est toi qui te fourvoies. La part d'ombre ne réside pas en mon âme mais en la sienne. Au contraire, je suis le peu de lumière qui existe en son coeur."

C'était presque illogique ce que disait Aegide. En quoi ? Et bien, la voix du Gardien céleste était plus sombre, plus forte. Ses yeux d'un noir impressionnant et lorsqu'il prenait le contrôle du gamin, les cheveux de celui-ci étaient noirs, sombres comme les ténèbres. Cependant, cela correspondait bêtement au physique de l'ancien gardien céleste, les cheveux longs en moins. Comme dit dans les textes précédents, Aegide avait le niveau d'un chevalier d'or, capable de battre un dieu tel qu'Hypnos. Ces éléments de prédilections auraient été la Lumière, la vie et peut-être la Foudre. Il était un homme bon. Ou plutôt, il était un bon divin. Il savait reconnaître la force des humains et les considérer comme une espèce à protéger, et ce malgré les dires de son dieu Zeus, qui lui était plutôt partisan d'une non-intervention sur les affaire des terriens, voire de s'inscrire en ennemi contre tous les autres dieux, Zeus voulant rétablir l'unique équilibre du monde, c'est-à-dire que le monde doit être dirigé par les Dieux sans qu'un quelconque humain ait son mot à dire. Les chevaliers, les spectres, les guerriers divins, les marinas, n'avaient pas lieu d'exister. Seuls les Gardiens célestes de Zeus avaient le droit d'exister dans ce monde pour vérifier l'équilibre du monde, et plus encore les deux membres de l'élite de Zeus : Aegide et Empyrée, les deux frères amis. Ils n'étaient pas frères de sang, mais frères d'âme, tous deux fils de Zeus. L'Empyrée est la partie du ciel la plus élevée, que les anciens regardaient comme le séjour des divinités célestes. Il s'agissait du dernier rempart avant de tomber sur Zeus et sa prêtresse Kyara. Aegide leva la main vers le ciel et fit apparaître instantanément une boule d'énergie blanche, semblable au soleil d'Apollon, semblable au nom même de Dieu. Cette sphère blanche respirait la vie...

"Moi, je la maîtrise la vie. Enormément d'humains ne seraient pas nés si je n'étais intervenu."

En effet, les enfants de Zeus étaient censés contrôler les naissances des humains. Ils étaient censé insuffler la vie ou la mort dans chaque être humain. Aegide était censé être le protecteur ultime donc celui qui accordait le pardon divin lors de lourdes fautes des humains. Le Bouclier sacré était censé être une arme autant offensive que défensive. Entourée d'une peau de chèvre, son armure avait le pouvoir d'effrayer même les dieux et les paralyser. Même Zeus pouvait être sonné face au pouvoir du bouclier ultime, celui qui autorisait la vie.

"Donc le principe, c'est que je dois laisser Hevruka reprendre le contrôle de ce corps si faible ? Maintenant que la base même de son ombre s'est envolée, je peux désormais le contrôler."

La menace du chevalier d'or du Capricorne ne fonctionnait pas sur le bouclier. Aegide n'avait pas peur de mourir, lui qui théoriquement n'avait jamais réellement connu la vie, vu qu'il n'est qu'une âme qui se réincarne dans le corps d'humains ou dans le corps d'humains entièrement fabriqués par le puissant Assembleur des Nuées.

"Sans mon existence, ton épée n'existerait même pas. Censée accompagner le Rempart ultime de Zeus, elle me revient de droit" - ajouta-t-il en souriant, en y lâchant un clin d'oeil.

"A bientôt, Milan !"

Les cheveux d'Hevruka reprenaient leur couleur naturelle ainsi que ses yeux, vert émeraude. Se tenant droit, le chevalier d'argent fit comme si rien ne s'était passé. Levant les bras au niveau de son torse, les tendant au maximum, les mains ouvertes, les paumes en direction du ciel, il fit apparaître deux boules d'énergie diamétralement opposées : une d'ombre et une de vie.

"Comme ça ?"

Le Sethni éclata de rire suite à la réplique de l'âme du bouclier de Zeus. Il ne manquait pas d'humour celui là. En plus, il ne faisait pas fonctionner son cerveau. S'il était aussi convaincu que cela d'être la part de lumière dans le corps d'Hevruka, il allait pouvoir faire rentrer l'ombre et l'oppresser et la pousser dans la direction de la vie jusqu'à ce que l'un et l'autre se mélange, se mixe. Ce n'était pas plus compliqué que cela. Malheureusement, la deuxième tête d'Hevruka ne semblait pas avoir réfléchit jusque là. C'était bien dommage qu'un être séculaire ne puisse pas mieux l'aider sur le chemin de la puissance et de la maîtrise de son cosmos. En ayant passé du temps à œuvrer à la protection du grand patron des dieux, on apprenait forcément deux trois trucs. S'il semblait aussi sûr de lui, le Sethni allait lui proposer de passer de la parole à l'acte, de la théorie à la pratique. S'il était si proche d'Hevruka et la réelle part de lumière en lui, il pourrait alors éclairer le chemin de l'Autel et l'aider à progresser un tant soit peu. Il lui permettrait de s'élever sur le plan cosmique à défaut de l'élever sur le plan mental et caractériel !

- Cher relique du passé, si tu es convaincu d'avoir raison. Je te propose alors de l'aider. Fait rentrer l'ombre dans son corps et lorsqu'elle essayera de fuir ou de se recroqueviller dans un coin, accule là avec ta lumière. Presse là jusqu'à ce qu'elle rencontre la vie du vieux et force un peu s'il le faut. Ses deux cosmos doivent s'incorporer pour n'en former plus qu'un dont il arrivera à maîtriser les deux aspects sans problème. Il ne faut pas que cela fasse comme de l'huile d'olive dans de l'eau. Les fluides doivent donnée un mélange homogène, Aegide !

L'ego de l'ancien bouclier de Zeus semblait être démesuré. Il devait apprendre à faire preuve d'humilité. Même s'il faisait apparaître une sphère de vie, cela ne prouvait rien. Ce n'était pas pour autant son élément premier mais ils n'étaient pas là pour en discuter. Le Sethni serait ravit d'obtenir un cours d'histoire mais il appréciait moyennement que l'on se vante des vies que l'on a sauvé. Un vrai Chevalier d'Athéna savait gardé la tête froide et être humble. Ce n'était pas le cas d'Aegide. Ces principes n'étaient peut-être pas d'application lorsqu'on travaillait pour le rouquin et sa foudre. Le Sethni avait déjà eut l'occasion de mesurer la puissance de ce dieu en l'affrontant lorsqu'il empruntait une route pavée d'obscurité. Ce combat lui avait remit les idées en places et montrer qu'il était capable de tenir la distance face des adversaires coriaces même si ceux-ci n'utilisaient pas tous leur potentiel.

- Je serai heureux de casser la croûte avec toi et de parler d'histoire et, du bon vieux temps mais pour l'heure on a d'autre chat à fouetter. Tu ne sembles pas posséder d’informations sur ce qu'il se passe dans le monde malgré le fait que tu possèdes un savoir séculaires ainsi que des souvenirs aussi anciens. Néanmoins, le présent est plus important et je t'en conjure ! Prête main forte à celui qui t'as accueillis dans ce corps. La balle est dans ton camp. Peu importe la méthode je sais que tu es capable de discerner ce qui aidera mieux ton compagnon de corps.

Le Sethni ne comprit pas trop ce que voulait dire les dernières paroles d'Aegide. Si l'épée lui revenait de droit, il n'avait qu'à venir la chercher. Si elle n'était pas sa possession peut-être ne la méritait-il pas ? Le Sethni n'avait pas encore trouver la réponse à sa question. Excalibur était-elle innée ou acquise ? Léguée ou simplement développer comme une autre technique. Il ignorait pour l'instant la réponse mais il ne pût rien en dire au bouclier de Zeus qui s'était déjà éclipsé laissant l'autre trublion reprendre le contrôle de sa caboche. Cela faisait tout de même plaisir de revoir sa tête de bienheureux innocent. D'une voix calme et détendue, le Sethni se mit à parler tout en faisant craquer son dos, l'air un peu ailleurs comme détaché de la situation. Il était temps de passer aux choses sérieuses.

- Le petit oiseau semble avoir retrouvé sa cage. Que dirais tu de tenter de mélanger ces deux boules ? Je comprendrais que tu refuses. Il faut posséder les épaules assez larges pour arriver à maîtriser deux éléments. Ce n'est pas donner à tout le monde. Tu peux abandonner. Je ne t'en voudrais pas. Sinon, il est temps que le clash des cosmos commencent. Fais les entrer l'un et l'autre en résonance. Entrechoque les et supportes leur fougue. Tu ne seras pas seul dans ce combat si une vieille antiquité vient te prêter main forte.

Décidément, il était fort aisé de deviner à l’avance les réactions du chevalier d’or du Capricorne. Il était si simple, en si peu de temps, de connaître une personne, non pas sur le bout des doigts, mais presque. Cette légère moquerie de la part du Doré sur la vérité énoncée par le Bouclier n’était pas passée inaperçue dans l’esprit de l’Argenté. Comme par instinct, il s’était décalé de quelques pas en arrière afin de s’éloigner, bêtement, du chevalier d’or. En quelques sortes, il s’était braqué. Il avait du mal à accepter la moindre moquerie de qui que ce soit, même si là, il s’agissait d’un supérieur hiérarchique. Il ne pouvait passer à côté de ça. S’il s’était permis de corriger le chevalier de bronze d’Andromède, c’était justement à cause d’un manque de respect de la part de celui-ci. Et cela n’avait rien à voir avec le fait qu’il s’agissait d’un chevalier inférieur. Même si un Dieu osait lui manquer de respect, il ne pourrait jamais l’accepter. La notion de respect était profondément ancrée dans son esprit. Il respectait ses supérieurs hiérarchiques tout comme les personnes qui lui étaient inférieures. Tout le monde méritait le respect, même la plus insignifiante des créatures. Montrer du respect, respecter quelqu’un voulait simplement dire considérer l’autre comme un être à part entière, comme quelqu’un de potentiellement vivant et vivable. Après, bien sûr, il ne fallait pas confondre le sentiment de respect avec l’obligation morale de respecter. Tout ordre social comporte des règles de civilité relatives aux hiérarchies instituées. Dans l’Ancien régime, l’usage voulait qu’on parle aux Rois à genoux, ou qu’on se tienne debout dans la chambre des Princes. Il s’agit ici de cérémonies extérieures, donc une certaine manière de se conduire où l’essentiel consiste dans la conformité extérieure de la conduite à la règle sociale. Ces marques qu’on pourrait qualifier de… conventionnelles, dirons-nous, n’impliquent pas le consentement intérieur de l’esprit qui est, a contrario, le propre du respect éprouvé pour des grandeurs naturelles. Ce sentiment de respect met en jeu une certaine sensibilité. Qu’est-ce à dire ? La faculté de notre esprit d’être affecté par les choses, de recevoir des impressions sensibles ou autres. La sensibilité est en nous la fonction réceptivité et dans cette réceptivité il y a un élément irréductible de passivité ? Ouais, j’ressors souvent mes cours de philo, mais d’un côté j’fais c’que j’veux. D’ailleurs, si vous ne comprenez pas ça, une citation de Kant peut tout éclairer. Quel génie cet Emmanuel. : « Devant un homme de condition inférieure, roturière ou commune, en qui je reconnais une droiture de caractère portée à un degré que je ne me reconnais pas moi-même, mon esprit s’incline, que je le veuille ou non, et si haut que j’élève la tête pour ne pas lui laisser oublier ma supériorité. ». Beau gosse le Kant, non ? Le respect d’autrui est l’un des premiers principes que nous devons suivre, semble-t-il, pour que la vie en société soit possible. Nous respectons l’autre parce que nous reconnaissons qu’il est un autre nous-même ; nous le considérons comme un égal, en dépit du fait qu’il ne soit pas nous (ou peut-être, précisément, parce qu’il n’est pas nous). Le respect d’autrui se base donc, en premier lieu, sur l’acceptation d’un principe d’égalité entre les hommes. Nous savons également que l’autre a les mêmes droits que nous, et également les mêmes devoirs. Respecter autrui, c’est aussi lui accorder le statut de « personne », au sens où la notion de « personne » est à la fois de nature juridique et morale : sujet de droit, la « personne » est également considérée comme douée de conscience et de raison. Libre et responsable, elle est capable de se reconnaître comme l’acteur et le sujet de ses actes et de ses décisions. Dans ce cadre, le respect de la personne semble être universellement admis.
Mais que se passe-t-il lorsque celui que nous considérons comme une personne, parce qu’il est un être humain, ne remplit pas les conditions qui font d’elle, justement, une « personne » ? Doit-on respecter celui qui ne nous respecte pas ? Existe-t-il des limites au respect d’autrui ? C’est la question que nous pouvons nous poser : l’assassin ou le terroriste sont-ils respectables ?

Bref, comme cela était aisément remarquable, le Gardien céleste était retourné dans sa chambre, à jouer à la console tranquillement. Il avait fini sa petite escapade. Il avait certainement eu besoin de se dégourdir les jambes. Et… Malgré les dires du chevalier d’or du Capricorne, le Bouclier sacré faisait preuve d’humilité, car s’il laissait parler sa toute puissance, s’il avait son vrai corps et son armure divine, il aurait montré davantage d’arrogance. Là, il fallait avouer qu’il se cachait derrière l’armure de l’Autel. Puis, Excalibur n’aurait rien changé car même en utilisant aisément son cosmos, en utilisant sa lumière sacrée, le chevalier d’or n’aurait guère pu atteindre le cosmos d’Aegide. En effet, celui-ci n’existait pas réellement. Il n’était qu’une idée que le chevalier d’argent s’était inventé. Ou alors, il s’agissait d’une réelle âme mais qui était originellement endormie, que le chevalier d’argent a forcé de s’éveiller. Ou alors il s’agissait réellement d’une invention de sa propre personne pour paraître moins cruel. Comme s’il assumait un certain dédoublement de sa personnalité. Autant se protéger pour ne pas éveiller les soupçons sur un éventuel trouble de la personnalité. Ou alors il était tout simplement fou. Bref, on s’en ballec.
Entrechoquer les deux boules ? Je connais une activité fort plaisante qui permet de faire cette action qui peut, ma foi, apporter un plaisir non dissimulé. Sérieusement, comment faire s’entrechoquer ces deux sphères d’énergies fortement opposées ? Tout en sachant que la sphère sombre, noire aura forcément un ascendant sur la sphère totalement blanche, composée de vie. L’ombre est plus forte que la vie, car c’est elle qui apporte les mauvaises choses dans une vie. Comment réussir à les unir, sans que l’une attaque l’autre ? Oui, Aegide pourrait être utile à cet instant précis, il pouvait aider le jeune vieux à contrôler cette énergie. Il fallait le faire, y’avait pas le choix. Tout de même, Milan Sethni offrait le choix à Hevruka, cependant, abandonner aurait été une preuve de lâcheté, une preuve d’impuissance, dans les deux sens du terme. En s’éloignant de son maître d’élément, le chevalier d’argent rapprocha ces deux sphères pour qu’elles s’unissent enfin et montrent le vrai visage de la Vie liée avec l’Ombre. Il ferma les yeux pour se concentrer sur les flux d’énergie à insuffler à ces deux couilles. Euh pardon, boules, je voulais dire. Concentration était le maître mot. Une fois l’habitude de maîtriser cet élément et de le confronter à son élément naturel, la concentration se ferait sans être ressentie, sans même que le chevalier d’argent ne s’en rende compte, comme lorsqu’il utilisait son cosmos ou alors son élément d’ombre. Les voilà enfin combinées, ces deux sphères, l’une lumineuse, l’autre sombre.

Normalement, du blanc plus du noir, ça fait du gris. Or, là, il s’agissait d’une boule qui reflétait toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, comme si la vie avait légèrement dominé l’ombre. Cependant, on pouvait voir que le rouge était la couleur qui dominait. Ou plutôt un rose prononcé avec en son centre un bleu ciel. Pour que Milan se rende compte du pouvoir du chevalier d’argent, celui-ci referma sa main sur cette nouvelle sphère pour l’intégrer à sa main pour envoyer la déflagration en direction de Milan… A voir comment celui-ci va réagir. En espérant qu’il ne prenne pas ça comme une attaque mais comme la preuve de l’exercice réussi.

Hevruka dit le vieux ne démordait pas de sa ligne de conduite ! Digne de sa réputation, il semblait aimer se perdre dans le vide de son inconscient cérébral à moins qu'il ne s'agisse tout bêtement de perte de conscience momentanée proche de la narcolepsie sans pour autant arriver à s'affaler sur le sol pour dormir comme un loire. Le Capricorne avait l'impression de pouvoir prendre le temps d'aller se reposer sur une chaise dans la maison des Gémeaux avant que l'Autel ne daigne enfin bouger. Heureusement, il finit tout de même par faire un geste qui lui donna pendant un cour instant l'illusion d'être une vieille momie décharnée cherchant à retrouver le monde des vivants. Il joignit les deux boules qui se fondirent en une seule multicolore comme un arc-en-ciel. Il n'y avait cependant pas de sac d'or dans le creux de la main de l'Autel et ce dernier s'amusa à envoyer une déflagration de vie sur le Chevalier dOr qui concentra son cosmos de lumière pour faire jaillir un Capricorne d'Or qui fonça tête baissée vers la salve de vie. D'un puissant coup de tête, il anéanti l'attaque d'Hevruka et explosa dans une gerbe d'étincelles lumineuses spectaculaires. Le vieux n'avait pas essayé de l'attaquer. Il en était presque sûr sinon il aurait eut recourt à des arcanes bien plus élaborées et dont il possédait une plus grande expérience dans leur utilisation. Ce vieux fou avait sans doute conserver son âme d'enfant, désirant tester le nouveau jouet qu'il venait d'acquérir pour en découvrir toutes les possibilités. Un « clap clap » retentissant se fit alors entendre dans la troisième maison du Sanctuaire. Le jeune homme s'était mit à applaudir pour féliciter le vieillard et son passager clandestin si celui-ci était bien intervenu pour l'aider. Sinon cela flatterait son ego de bouclier de Zeus.

- C'est pas trop mal dans l'ensemble. Encore un peu instable mais avec de la maîtrise tu devrais parvenir à t'en sortir. Je te félicite ainsi qu'Aegide s'il t'as aidé à maîtriser ce cosmos. Sinon, je lui enverrai bien une pichenette spectrale si je possédais ce genre de pouvoir. Il est maintenant temps que tu essayes tes techniques sur un être vivant complexe. De simples herbes ne sont rien par rapport à la complexité d'un être humain. Je veux que tu tentes de reproduire l'attaque que je vais t'enseigner tout en trouvant comment la contrer. Elle passera par l'analyse de mon flux de vie. Je ne me défendrai pas lorsque tu entreprendras quelque chose avec le flux de ma propre vie mais si je sens le moindre danger, je n'hésiterais pas à riposter. Au début, je pensais simplement te blesser avec Excalibur mais en y réfléchissant, je crains que tu ne te vides de ton sang avant d'arriver à quoi que ce soit.

Le jeune homme posa la paume de sa main droite sur le poing fermé de sa main gauche et son cosmos s'éleva. Le Sethni pouvait sentir l'énergie liée à la vie pointer le bout de son nez dans l'aura du Capricorne. Une sphère apparu au dessus de la paume du jeune homme et Hevruka ressentit la vie s'échapper de lui comme attirée par cette sphère de cosmos. Tout autour de l'Autel, les herbes et des plantes apparurent en jaillissant du sol. Plus la sphère gagnait en taille, plus le Silver sentait sa vie disparaître (vu son âge, il ne devait plus en rester beaucoup) et il s'affaiblissait. Bientôt, les plantes recouvriraient son corps et il serait trop faible pour arriver à survivre sous l'amas de végétaux. Il mourrait rapidement asphyxiés. La clé était en lui ou en Milan. Le tout était d'arriver à la déceler et dans quel corps ! Si l'Autel arrivait à manier assez bien l'élément il découvrirait une faille.

- Cette technique m'a été enseignée par mon maître. Tous mes élèves souhaitant maîtrisé la Vie se la verront enseigner. J'espère qu'ils le feront également avec leurs propres disciples. Ainsi une certaine forme d'arcane traditionnelle sera préservée au cours des siècles. Il existe une ou plutôt plusieurs failles dans cette technique. Tu la trouveras en toi ou en moi. Je n'utilise volontairement pas cette technique à pleine puissance mais tu as intérêt à faire attention car tu te retrouveras bien vite à ramper sur le sol si tu ne trouves pas la solution, la parade à cette arcane !

Oulà, les choses sérieuses commencent enfin. A croire que Milan souhaitait secrètement le décès de son disciple. Oui, on pouvait bien le croire. A force de se vanter d'avoir en sa possession l'épée sacrée Excalibur. L'argenté n'avait qu'une seule envie, celle de lui couper chaque membre afin que celui-ci ne puisse plus faire preuve d'arrogance vis-à-vis de ce cadeau fait par la déesse Athéna et l'approbation des Dieux mythologiques. Une petite punition serait la solution idéale. Lui qui reprochait au bouclier sacré de manquer d'humilité, lui en manquait tout autant. Hevruka aurait bien aimé voir un combat qui verrait s'opposer Milan Sethni et Orion, juste pour voir si Milan continuerait de faire le fier. Bref, visiblement, le chevalier d'or du Capricorne avait décidé de passer à la vitesse supérieure et ce n'était pas pour déplaire à l'Autel d'Argent. Il aimait bien les challenges et les épreuves plutôt mentales et psychologiques. Là, il s'agissait en tout point d'une épreuve de résistance psychologique. Si l'Illuminé ne savait pas résister dans son esprit, il s'écroulerait sur le sol, gisant, réclamant une mort des plus rapides. La végétation autour d'eux regorgeait de vie, pourtant, peu de temps auparavant, le chevalier d'argent avait réussi à absorber l'énergie vitale de ces herbes autour. Le chevalier d'or avait donc réussi avec une facilité déconcertante à redonner de la vie à ces plantes et grâce à son flux vital il absorbait les forces du chevalier d'argent qui retrouvait petit à petit son corps de vieillard, son visage de vieillard. Ses cheveux poussaient à une vitesse hallucinantes et étaient d'un gris à faire pâlir des cadavres encore en phase de décomposition.

Ces plantes, ces herbes folles empêchaient le vieil homme de respirer. Même son armure argentée commençait à perdre de son éclat. Au centre du plastron de l'armure d'Argent de l'Autel, devait se trouver une grosse sphère, comme un miroir ou comme une boule de cristal. Selon le porteur de l'armure, cette boule changeait de couleur. Avec Hevruka, elle était plutôt sombre, une couleur proche du noir, un violet très foncé, très prononcé, une couleur aussi froide que la lune, une couleur rappelant aisément les surplis des Spectres d'Hadès. C'était donc son cosmos d'ombre qui faisait cela. Il maîtrisait l'absence de lumière, ce qui lui permettait d'avoir un ascendant sur les Pokémons qui possédaient des compétences de type Vie. Mais face à l'immensité du pouvoir de Milan Sethni, l'Anglais n'aurait même pas pu espérer profiter du déséquilibre élémentaire. C'était inutile et il le savait. Ses forces le quittaient peu à peu. Ses yeux, rouverts peu avant, se refermaient face à la baisse notable de la vie dans son corps. En outre, il avait davantage de mal à respirer à cause du petit espace dans lequel il était confiné. Il n'avait pas d'autre choix que de se laisser mourir. Peut-être avait-il tort en disant qu'il allait devenir puissant, qu'un jour il deviendrait un chevalier d'or. Peut-être qu'il avait eu tort lorsqu'il bavait sur l'armure d'or des Gémeaux, environ une demie-heure juste avant. Son coeur battait lentement. Une pulsation.... Une pulsation... Une pulsation.... Une pulsa... Ses yeux s'étaient vidés de toute émotion, ils étaient livides. Son coeur venait de s'arrêter. Le chevalier d'or du Capricorne venait à l'instant de tuer un confrère d'argent. Cela n'était pas volontaire. L'entraînement était trop dur pour un simple chevalier d'argent. Apprendre la vie demandait un pouvoir bien plus important que celui confiné dans le corps de cet anglais à l'allure vieillote. Même si son coeur ne battait plus, ses yeux restaient ouverts et il restait à genoux, sa main gauche serrée en poing contre le sol.

Une lumière blanche sortit de cet amas d'herbes, de plantes qui encerclaient le corps du nouveau mort. Cette lumière était sous la forme d'un halo, comme le jeu. Elle venait tout droit de cette sphère présente sur l'armure de l'Autel, celle dont on dit être capable d'enfermer les âmes des dieux. Certaines légendes racontent que durant un entre-deux guerres, l'âme du Dieu Poséidon y a été enfermée. Ce n'était qu'une légende mais pourquoi ne pas la croire ? Les légendes étaient monnaie courante dans cet univers merveilleux, l'imagination étant la clé de la croyance. Qui pourrait croire que deux mythologies pouvaient se rencontrer, en l'occurrence la mythologie Scandinave et la Grecque. Odin, maître des Cieux avec Zeus, maître des Cieux. Qui avait l'ascendant sur l'autre ? Le panthéon scandinave était bien plus développé que le panthéon grec. Cependant, le grec est resté davantage dans nos mémoires d'occidentaux. On connait plus facilement Hephaïstos que Baldr. Ce qui ma foi est fort dommage. Bref. Comme je disais, un halo blanc sortit de cette sphère qui, pour l'occasion, était devenue blanche. Cette lumière se matérialisa devant Milan Sethni, qui, forcément, comme à son habitude allait encore bâiller. On commence à le connaître ce jeunot, tout de même. S'il a une autre réaction, ça sera bien surprenant. Bref, cette lumière avait une forme humaine. Quelqu'un d'élancé, de plutôt grand mais moins qu'Hevruka. Une carrure presque athlétique, des cheveux d'un blanc pur avec quelques reflets bleutés. Ses yeux étaient d'un rouge déconcertant. Presque plus rouge que la planète Mars, comme si la base même de cette couleur chaude venait de ses yeux. Cet homme portait une armure assez imposante, blanche et bleue, avec de longues bandes bleues comme une robe pour protéger ses parties intimes, et un serre-tête bleu à la place d'un casque. Au centre de son plastron, étaient placés deux rubis rouges, semblables aux yeux de l'homme.

"S'il suffisait de le tuer pour enfin avoir la paix. On ne s'entendait plus penser. Enchanté, jeune homme."

Une voix facilement reconnaissable. Une voix que le chevalier d'or avait pu entendre auparavant, à plusieurs reprises. Il s'agissait toujours d'un halo spectral et non pas d'un homme fait de chair et d'os. En même temps qu'il usait des coutumes de salutation, l'âme s'inclina face à Milan. Il s'agissait là d'une simple marque de respect faite à un guerrier quelconque, chose que cette âme avait fait de nombreuses fois au cours de ses multiples vies. Comme expliqué dans le passage précédent, la notion de respect existait bel et bien dans l'esprit du Bouclier de Zeus, et était même omniprésente. Aegide voulait avouer les choses à Milan, autant que faire se peut.

"Il était simple de voir les nombreuses failles dans ta technique. Il les a vues. Laisse-lui le temps de réagir. A son âge, les choses se font moins spontanément. Mais il t'étonnera ce petit. Dommage que son futur soit si sombre. Dommage que son destin soit d'être constamment attiré vers la mort. Et pour ça, malheureusement je ne peux rien faire. Si je le pouvais, je ferais quelque chose. Il est attachant ce petit mais il est fou et il n'a pas besoin de moi pour l'être."

Ca c'est sûr. Un gamin qui n'a jamais parlé de toute sa vie, qui se prétendait muet, qui avait tout un tas d'hallucinations ne pouvait qu'être fou. Au moins, un chose est sûre, Aegide existait bel et bien et n'était pas du tout la part d'ombre dans son coeur, car "ce petit" se suffisait à lui-même pour s'exterioriser en tant que pourfendeur de la vie, sous l'égide de la mort. Si Hevruka désirait apprendre cet élément de type vie, s'il voulait être en osmose avec la nature, avec toute forme d'énergie vitale, c'était pour savoir comment la vie fonctionnait et ainsi s'en servir, pas forcément à bon escient. Toujours pour protéger la justice, mais à sa façon. Pour lui, la réelle justice était non pas celle du plus beau ou du plus fort, mais celle de la Mort certaine. La véritable délivrance du monde n'était faite que de morts. Et de bières, comme dirait un spectre assez connu au Sanctuaire, visiblement. Bon, Hevruka ne le connaissait absolument pas, mais moi j'le connais, c'est c'qui compte. J'suis le chef. Point final.

"J'ai fait ma part du travail. Maintenant, c'est à lui de se réveiller. Il faut qu'il apprenne à faire les choses seul. Au plaisir de te revoir, cher ami."

En un clin d'oeil, l'âme reprit sa place dans l'esprit du chevalier d'argent de l'autel, qui commençait d'ailleurs à être mort un peu trop longtemps. Une respiration très forte, comme si quelqu'un venait de lui faire peur. Instinctivement, son énergie se mit à augmenter sans réellement trouver de fin. Il cligna des yeux. Il venait de se réveiller. Son âme n'avait pas quitté son corps et il écouta les paroles du Bouclier Céleste et son âme trouva la force de faire réapparaître la vie dans son corps. Il fallait déjà se débarrasser des herbes à la con qui l'entourait. Ce qu'il fit, non sans éternuer de bon coeur, étant donné qu'il était légèrement allergique à ce pollen inutile. Mais... De toute façon, la technique appliquée par le chevalier d'or du Capricorne faisait encore son effet et la vie quittait encore petit à petit le corps d'Hevruka. Il avait eu le temps rien qu'un instant d'observer l'attaque du chevalier d'or du Capricorne. Il avait trouvé très exactement trois points faibles. Premièrement, le chevalier d'or du Capricorne utilisait son propre flux vital pour contrôler celui du chevalier d'argent. Il suffisait donc de couper ces liens. Deuxièmement, la vie autour du chevalier d'argent était contrôlée à distance par le chevalier d'or. Il suffisait donc d'utiliser également cette nature pour atteindre le guerrier doré. Troisièmement, c'était la position du chevalier d'or... Il fallait trouver une faille dans sa position... Mais même s'il avait effectivement trouvé cette faille, le pouvoir du chevalier d'argent n'était pas suffisant pour ne serait-ce qu'interrompre l'attaque. Soudain, il eut la meilleure idée du monde. Il fallait effectivement se souvenir des conseils précédents du chevalier. Savoir combiner les deux, savoir utiliser ces deux éléments antagonistes... Il décida tout d'abord d'utiliser son cosmos de vie, fraichement découvert pour changer son canal de vie, comme s'il changeait de chaîne, qu'il passait de Rire et Chansons à NRJ, 101.4 ma gueule. Il réussit avec brio cette première étape. Il avait très bien assimilé et très bien compris comment il fallait procéder.... Enfin, afin d'arrêter l'attaque du chevalier d'argent, il fallait utiliser son autre élément, celui de l'ombre afin d'atténuer le pouvoir de vie du chevalier d'or. Il lança une attaque à faible puissance car il ne désirait absolument pas blesser le chevalier d'or. De toute façon, cette attaque peut aussi bien frapper le corps que l'esprit et cette fois-ci c'était plutôt l'énergie qui était attaquée. Il sépara ses bras et fit apparaître dans l'espace entre ces deux mains une boule jaune semblable à une étoile, la fit grossir afin de la faire mourir et ainsi créer un trou noir stellaire, naissance de l'effondrement d'une étoile sur elle-même. Ce trou noir stellaire se nourrissait de la vie environnante. En profitant de cette attaque qui n'allait faire aucun dégât physique, il se déplaça à une vitesse proche de la vitesse de la lumière en direction du chevalier d'or afin de frapper dans sa main droite et ainsi "briser" sa posture, le temps d'un instant. Après ce coup porté, il fit une dizaine de pas en arrière, entouré de deux fumées : une plutôt sombre, violette et l'autre blanche...

"Pardonne mon temps de réaction."

Ouais, en effet, t'as été un peu long gamin.

Le vieil Autel était donc si faible et incapable de se défendre face à une telle astuce. Milan lui avait pourtant donné suffisamment de piste pour s'en sortir. Les plantes envahissaient déjà son corps de grabataire et l'espoir de le voir triompher de l'adversité et de l'arcane ne semblait pas pointer le bout de son nez. Triste constat de ce reliquat du passé. Le Sethni allait encore attendre un peu avant de baisser le rythme. L'Autel malgré son âge n'allait pas mourir pour si peu mais il ne fallait pas trop l'esquinter. Il ne semblait pas être du genre à se jeter tête baissé dans la bataille et à mettre tout son cœur à l'ouvrage. Le vieil homme devait fonctionner autrement. Il fallait trouver un autre stimulant pour le forcer à se dépasser mais le Capricorne n'avait pas encore trouvé la chose adéquate pour ce faire. Qu'est ce qui pouvait bien motiver un vieux papy comme lui ? L'argent ? L'alcool ? Les femmes bien en chair ? S'il ne trouvait pas la carotte pour faire avancer son âne de l'Autel, le jeune homme risquait bientôt de le perdre tant le vieillard donnait l'impression de passer l'arme à gauche d'un instant à l'autre. Son énergie cosmique baissait de plus en plus et cela ne consistait pas en une sorte de simulacre, de farce pour parvenir à avoir le Sethni par un coup bas et déloyal.

Nouveau fait à noter dans l'autobiographie du Sethni : il allait faire claquer un vieillard en pensant l’entraîner comme il le fallait (au vu de la formation de la vie qu'il avait reçue en supra accéléré de la part d'Orion, on pouvait toujours considérer le Bélier comme coupable de ce meurtre au même titre que son disciple). Comme si cela ne suffisait pas l'ancêtre à l'agonie semblait émettre une lumière. Le réel émetteur de ce halo n'était autre que la Cloth de l'Autel et une silhouette se dessina à travers le phénomène physique. Pour toute réponse, Milan ne bailla pas mais se gratta nonchalamment le sommet du crâne en enlevant son heaume qu'il remit par la suite sur son crâne. Le type qui sortait de la lumière se voulait probablement impressionnant. L'effet était là. Il ne manquait qu'une musique tragique pour annoncer le retour d'une nouvelle divinité sorti d'on ne sait quel panthéon pour ajouter une touche dramatique à la situation. Au son de cette voix, il n'était pas difficile de comprendre qu'il s'agissait du passager clandestin d'Hevruka : Aegide ancien bouclier de Zeus et je n'irais pas plus loin car il est capable lui même de déballer sa carte de visite. Le Capricorne pouvait enfin mettre un visage sur cette voix qu'il avait déjà entendu. L'apparence collait déjà un peu mieux avec les ondes sonores qui en émanaient !

- On ne fait que se croiser aujourd'hui. Encore une fois et tu me paieras un pichet de vin pour fêter cela. Le petit vieux a du mal ? Je le sens mais j'espérais qu'il résisterait à cela. Son cosmos doit le transcender, lui permettre de voir plus loin que ses limites et de se dépasser. Apparemment cette méthode ne marche pas avec lui, j'en ai bien peur. Je ne doit pas être un bon pédagogue. Si son avenir est si sombre que cela, il te dirait sans doute que cela ne servirait à rien de vivre mais je ne le crois pas. Ce n'est pas pas parce que les jours prochains s'annoncent ténébreux que le soleil ne reprendra pas sa place. Sa folie, comme tu l'appelles, lui portera préjudice mais l'aidera certainement. Parfois, il faut le regard d'un fou, d'un être différent pour apercevoir la solution d'une situation insoluble !

Le Sethni observa la disparition d'Aegide et là comme par réflexe, il se mit à bailler, baissant légèrement l'intensité de sa technique. Juste un peu, de quoi aider et soulager un peu le vieux corps malade de l'Autel. S'il ne s'en sortait pas avec cela, il n'y arriverait jamais à moins de travailler des années pour ce faire et de finir par ressembler à un tas de poussière. L'Autel réagit finalement et utilisa son cosmos de vie pour stopper l'avancée des végétaux et d'ombre pour briser la posture du Sethni et ainsi parvenir à stopper l'arcane. En un éclair, le Sethni rattrapa la distance mise entre lui et l'Autel et posa sa main sur sa gorge en se tenant sur son côté.

- Si on excepte les trois fois où tu aurais pût mourir en exécutant cette parade, je suis plutôt satisfait. Je pense que je n'ai plus rien à t'apprendre à ce sujet. Chacun développe son affinité comme il l'entend et c'est maintenant à toi de faire tes propres découvertes sur la vie de ton cosmos. Avec le temps et l'expérience, tu arriveras à le manipuler de mieux en mieux, j'en suis convaincu. Peut-être arriveras tu à découvrir une fontaine de jouvence dans ton cosmos ha ha ha ! Alors ... qu'as tu retenu de ces leçons ? Je m'excuse de ne pas être un bon professeur mais tu es la première personne à qui j'apprends la maîtrise de cet affinité cosmique.

Tentons quelque chose de nouveau. Je lis plein de personnes utiliser la première personne pour écrire. Cela a-t-il une quelconque utilité ? Je ne l'ai jamais fait, alors je vais essayer. Je ne garantis rien, mais on ne peut critiquer que ce que l'on connait. De peur, mes yeux se sont fermés. Je ne les rouvrirai peut-être plus jamais, comme si j'allais embrasser un nouveau monde et devenir son catalyseur. La maîtrise de la vie allait se faire progressivement. Cela risquait d'être assez pénible et compliqué. J'étais persuadé qu'il s'agissait d'un élément, faire un avec l'énergie de la nature, extrêmement difficile à connaître et à maîtriser, car j'avais eu l'impression, pendant cet entraînement et mon bref instant de mort, que tout était lié à cet élément si particulier. A présent, cet élément gonflait en moi et brisait toutes mes défenses, les amenaient vers le bas... C'était comme si un feu me consommait. Non. Je ne me laisserai pas faire, sûrement pas. Je ne tomberai pas, je n'échouerai pas. Ca agissait comme une certaine passion brûlante dans mon corps, cela me remplissait de désir. J'étais... rempli d'envie... l'envie d'aller plus loin. Il fallait que j'éprouve du dédain pour l'incrédulité, afin de maintenir le cap. Ce feu me consommait, il brûlait... Il s'agissait effectivement du courage qui affluait dans mes veines. Comment remercier le Sethni de m'avoir enseigné cette affinité cosmique ? Bon, me tenir par la gorge n'était pas non plus la chose la plus acceptable à faire, surtout pour une personne de mon âge. Afin d'éviter qu'il m'étrangle, je n'avais qu'une envie et elle n'était pas extrêmement joyeuse. Comme le monde le savait, très peu d'armures d'or protégeaient presqu'entièrement le corps humain. Prenons l'exemple de l'armure des Gémeaux. Au niveau du haut du bras, il y a un espace sans protection, qui pouvait donner la possibilité à un adversaire d'attaquer ce point faible. Celle du Capricorne avait également ce petit défaut et le haut des cuisses non plus, n'était pas spécialement bien protégé. Vous voyez où je veux en venir, n'est-ce pas ? Il serait amusant de voir un jeune homme crier de douleur parce qu'on lui casse les couilles, au sens premier du terme. Mais je ne le fis pas. Je n'ai fait que poser ma main sur son poignet et y ai exercé une légère pression afin de faire lâcher prise à ce jeune homme. Je déteste qu'on me touche. Il va falloir que j'aille me désinfecter, et que je pratique sur moi-même une saignée. On sait jamais. Les grecs, de nos jours, ne sont pas forcément très propre. Surtout s'il a mangé de la féta juste avant. C'est pas spécialement un aliment que j'apprécie. De l'olive, je ne dis pas non, c'est toujours bon. Mais du frometon, là, non. Faut pas exagéré, hein.

Une fois libéré de son étreinte, je me suis remémoré avec précision les événements de cet entraînement élémentaire, mon cher Watson. La question posée par le Sethni était plutôt particulière. Ce que j'en ai retenu ? J'ai pourtant une excellente mémoire, mais formuler une réponse pour une chose que l'on ressent et qu'on ne peut expliquer, n'est, ma foi, pas chose aisée. Paradoxalement, même si c'était quelque chose de compliquer à expliquer, mes mots me sont venus presque dans la foulée de la question. Comme si c'était une évidence. C'en était une d'ailleurs. Après, il fallait que le chevalier d'or comprenne mes mots, comprenne mes idées qui pouvaient paraître confuse. M'exprimer à voix haute n'était pas non plus l'activité que je maîtrisais à la perfection. La télépathie était davantage dans mes cordes. Ca me rappelle quand Angèle m'avait parlé par télépathie l'autre fois. Avec les changements climatiques, il m'était impossible de savoir s'il s'agissait d'un jour différent. Donc autant rester évasif sur le sujet. Bref, quand elle m'avait parlé, ça m'avait fait un mal de chien. J'vous jure. C'était la première fois qu'on me parlait par télépathie. Dans toute mon existence, aussi longue fut-elle, personne n'avait jamais été capable de me répondre. Moi je télépathisais tranquille, t'sais. Mais sans réponse mentale. Si c'est une première, prenez un cachet d'aspirine. Ou prenez quelques herbes médicinales. Ca calme.

"Que le cosmos n'est pas une chose acquise. Que toutes nos affinités, même celle qui nous est naturelle, comme pour toi, la Lumière, doivent être entraînées, maîtrisées. Il faut toujours se surpasser, aller au delà des limites de la vie elle-même. Même si on est un pauvre chevalier d'argent."

Ma dernière phrase n'était pas terminée, à vrai dire. J'avais encore d'autres choses à ajouter. Mais je n'aimais toujours pas que le silence soit brisé par paroles quelconques. A chaque instant, et ça, Milan du Capricorne pouvait aisément le remarquer, je cherchais à augmenter son cosmos d'ombre, le baisser, puis augmenter celui de vie, le baisser, combiner les deux, les séparer. Fallait bien que je les manipule, nom de dieu d'bordel de merde à cul. J'branle c'que j'veux et si vous êtes pas contents, j'm'en fous. Je vous emmerde et je rentre à ma maison. BREF. Soyons polis, naméoh. Nous sommes des gens respectables, quand même. Il y a un langage à proscrire. Mais j'en ai rien à foot (Jeu de mots, jeu de mots, sisi la famille). Il fallait que j'ajoute quelque chose avant de prendre congé. Fallait que je réponde à sa deuxième question, posée assez particulièrement, d'une manière indirecte.

"Et tu es un bon professeur. Comme tu le dis, c'est une première pour toi. Mais je te promets que je reviendrai vers toi pour te montrer ce que je sais faire avec cet élément. Tu ne pourras plus me reconnaître."

Dans notre histoire actuelle, je ne savais pas vraiment pourquoi je disais ça, mais je l'ai dit instinctivement, comme si une puissance supérieure avait parlé à ma place. Si j'avais su ce qu'il allait m'arriver, j'aurais pris les jambes à mon coup. Mourir pour renaître oublié de tous. D'un côté, c'était logique comme futur, étant donné que je voulais être le Juge de la Vie et de la Mort, à l'instar des Juges des Enfers, ma place serait cette fois-ci sur terre, au Sanctuaire. Si j'ai voulu apprendre à maîtriser tous les types de vie, il ne s'agissait pas là d'un caprice, étant donné que je voulais peu avant la Lumière. Mais tout bien réfléchi, il me fallait contrôler cette vie qui existait dans chaque atome... pour ensuite appendre auprès de Scareface, comme me l'a conseillé Milan, l'élément inverse. Pour être le punisseur du Sanctuaire, le punisseur ultime sur terre, il me fallait connaître la vie, la mort, et garder ma part d'ombre en moi. Je savais pertinemment qu'Aegide n'allait pas me suivre. Il n'avait pas du tout ce caractère. Du moins, il avait quelque chose de noble, quelque chose qui laissait passer des sentiments, alors que moi, pas du tout. Et parler de moi à la première personne me donne l'impression d'avoir des sentiments, or, je n'en ai pas. C'est une première et dernière fois. C'est pas pour moi.

"Milan... Même si j'ai l'âge d'être ton grand-père, je te considère non plus comme un compagnon, mais comme un ami, un frère. Même lorsque mon futur sera noir, je ferai en sorte de ne jamais t'oublier."

Pleurons tous ensemble, qu'on rigole un coup. Non, j'suis pas du genre à pleurer. J'pleure des larmes de sang parce que je comprends la souffrance du monde tel Dieu qui écoute les prières de l'univers. Parce qu'en même temps, j'ai un dieu qui squatte mon corps. Donc forcément, ça aide à comprendre. Bon, en tant qu'âme il n'a aucun pouvoir, mais au moins il m'aide à utiliser le mien... Même si j'essaie de me débrouiller seul la plupart du temps. Je sais qu'un jour il ne sera plus là. Bon, il veillera sur moi, mais sans plus. De toute façon, moi, je n'en suis pas attaché. Je n'aime personne et j'aimerais que ça reste ainsi. L'amour et l'amitié, c'est fait pour les faibles. Quoique avec Milan, y'avait quelque chose de différent. J'arrivais à l'apprécier. Mais s'il mourrait, je n'irai pas pleurer sur sa tombe. Je ferais pousser quelques fleurs dessus et n'y retournerais plus jamais de toute mon existence, quitte à l'oublier alors que le chevalier d'or serait encore chaud. Faut pas s'attacher, ça sert à rien.

"Si tu n'y vois aucun inconvénient, je compte rejoindre Orion. Viens avec moi, si ça te chante. Peut-être voudrais-tu te reposer ? Tu devrais, t'es en action depuis énormément de temps, ça épuise. Bref. Orion m'appelle. On doit toujours répondre à l'appel de son Grand Pope."

En refermant mes yeux, je fis un signe de la tête à Milan comme pour lui dire "A toute, gars", même si ce n'était même pas en rêve que je lui dise "mon gars". Je lui ai promis, un jour je reviendrai et je lui montrerai qu'il a eu raison de me faire confiance car je serais devenu bien plus puissant et pourquoi pas accomplir le destin que me président les étoiles... Ce temple deviendrait peut-être le mien. Je correspondais bien à la description des Gémeaux. Et puis... je suis gémeaux. C'est pratique, non ? Avant de quitter le champs de vision de Milan Sethni, je me suis retourné afin de lui poser une dernière question :

"Comment s'appelle cette technique de vie que tu m'as enseignée ? Celle que j'ai développée, je pense la nommer Soul punisher, et tu comprends pourquoi."

Je me retournais et me promettais de ne plus jamais utiliser la première personne.

Palais du Grand Pope.

Le vieux mettait du temps à percuter. D'ailleurs il n'avait pas compris que ce que le Sethni voulait lui enseigner était de ne jamais relâcher son attention mais il prit cela pour un acte qui ne lui plaisait pas au vu de la pression exercé sur son poignet. Le guerrier à l'armure d'or retira son bras et rigola intérieurement de ce vieil homme qui semblait parfois disposé de la sagesse d'un enfant de cinq ans. Son cerveau lent à répondre formula tout de même une réponse résumée de ce qu'il attendait même s'il aurait ajouter qu'il fallait apprendre également à ne pas compter que sur un élément mais apprendre à connaître son cosmos au maximum pour développer plusieurs affinités et ainsi élargir sa palette de technique. Devenir un combattant des plus polyvalents était là la clé du succès en combat. Tout cela devait être ancré dans le cerveau d'Hevruka mais le Sethni n'était pas son maître à première vue. Il lui avait juste montrer comment maîtriser son affinité avec la vie et rien de plus. Il n'allait pas rester constamment avec lui jusqu'à ce qu'il vole de ses propres ailes. Cela ne semblait pas être le style de l'Autel. Ils étaient déjà deux dans sa tête pas besoin d'un troisième larrons à côté. La suite des paroles du Silver Saint le rassurèrent. Lors des premières minutes de leur rencontre, Milan avait vraiment eut l'impression que le vieux le draguait mais apparemment, il le considérait autrement ce qui le rassurait mais faisait également chaud au cœur. Dans un sens, il était difficile de ne pas aimer le Sethni mais des paroles et des actes faisaient toujours plus qu'un certain constat évident.

- Cela me rassure que tu me considères plus comme un frère que comme un beau petit lot. N'oublie pas le conseil que je t'ai énoncé plus tôt grand-papa ! Je serais ravis que tu sois mon grand-père parce que t'es un bon gars et ça me permettrait également d'en savoir un peut-être un peu plus sur mon père. N'oublies pas une chose ! Diversifie toi ! Trouves toutes les voies de ton cosmos et développe les au maximum. Un arsenal de techniques variés et d'essences différentes te permettront de surprendre ton adversaire et de faire face à un maximum de situation. Ne l'oublie jamais et continue de persévérer dans chaque voie afin d'arriver à te sublimer dans chacune de tes disciplines cosmiques.

Orion ? Grand Pope ? Le cerveau de l'Autel déraillait encore. Il n'était pas Grand Pope, il assurait seulement l'intérim en attendant qu'Ahina ou Biscione revienne au Sanctuaire. Il n'avait pas accès aux salles réservées à celui qui portait ce titre et tout le reste. Il s'occupait juste de gérer les armées du Sanctuaire. C'est comme cela que le Capricorne voyait les choses. Vu l'âge avancé d'Hervuka on ne pouvait pas on ne pouvait pas lui en vouloir. C'était normal que les vieilles personnes mélangent les mots. Si le Bélier appelait, c'était sans aucun doute pour un entretient privé pas pour un exposé sur la place publique entouré des 86 autres chevaliers de l'ordre. Le Capricorne d'or préférait donc laisser partir le Silver tranquillement mais il répondrait tout d'abord à sa question qui portait sur la technique que le senseï lui avait appris. Le Sethni pensait lui avoir déjà révélé mais il s'avéra que non.

- Cette technique se nomme « Hymn of life ». Avec un peu de pratique tu seras capable de l'asséner aussi. Libre à toi de la développer ou non. Si tu choisis de la maîtriser, elle restera comme un cadeau que je t'offre, une chose qui vient de mon maître, puis de ma personne et qui vivrons dans ton cosmos éternellement. Je ne vais pas déblatérer pendant deux heures avec des trucs gnian gnian et cul-cul. Ne fais pas attendre Orion. Il n'est pas Grand Pope mais s'il veut te voir , c'est qu'il doit te parler de quelque chose d'important ou besoin de te sermonner. S'il s'avère que c'est la deuxième option, coupe ton cerveau comme lorsque tu réfléchis. Cela pourra t'aider à ne pas voir passer le temps. A plus tard, Hevruka de l'Autel !

Le Sethni prit lui aussi la direction de la montée du Sanctuaire. Il allait sûrement passé dans sa maison faire on ne sait quoi. Peut-être attendre que le temps et l'hiver se calme. Prier pour Athéna et tout le tralala. Il ne savait vraiment pas quoi faire et peut-être valait-il mieux attendre les ordres de l'autorité du Sanctuaire.

Maison du Capricorne

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