[RP PV Tatsou+qui veut] Le Chemin de Kwatu

Que cette fille m’ennuyait sérieusement. Certes, je la trouvais attachante et j’avais le devoir de la protéger. Pour autant, un guerrier qui reculait devant l’adversité ne méritait pas mon respect. Elle avait les chocottes: rien que le fait de donner ma vie pour ça ne me plaisait guère. Ce n’était pas dans mes habitudes de reculer devant un danger. Pour moi, ne comptait rien d’autre que la puissance. Pour le reste, je verrais après. Maintenant, j’étais seul et j’en étais bien content. J’allais pouvoir défier le Chemin de Kwatu et réussir là où j’avais échoué. Ses secrets seraient définitivement à moi et si je pouvais en avoir plus, j’étais bien preneur. Pour le moment, je traversais l’intérieur du temple en regardant tout autour de moi. Je demeurais bien méfiant car je m’attendais à tout. Je n’avais jamais réussi à aller au-delà de l’entrée du temple. Maintenant, tout m’était totalement inconnu. Rigsaw n’était que du passé. Maintenant, je devais me préparer à l’autre épreuve sans savoir à quoi m’attendre. Il ne m’en restait plus que deux avant de passer à la prochaine étape. Je me retrouvais dans un immense couloir qui débouchait sur une grande salle. Il y régnait toujours une obscurité dangereuse et incommodante: je pouvais comprendre pourquoi Camélia avait eu peur d’entrer dans cet endroit. Ce n’est pas que je n’étais pas rassuré de pénétrer dans cet endroit. Mais il ne me disait rien qui vaille. Mon instinct me commandait de quitter cet endroit et de trouver un autre moyen de devenir plus fort. Pourtant, j’avais décidé fermement de traverser le Chemin de Kwatu et tous ses dangers. Soudain, la salle se révélait être une grande arène de combat. Des centaines de torches s’allumèrent pour développer une zone de combat. Je cherchais du regard ce qui avait pu accomplir ce fait: je n’avais ressenti aucune présence. C’est alors qu’une voix retentit dans l’arène. D’où est ce que ça pouvait venir ?

Le Disciple de Cronos se présente enfin. Il demeure bien arrogant. Il déclare fièrement n’avoir peur de personne mais refuse toujours d’affronter des adversaires plus puissant que lui.

Une porte s’ouvrit et c’est alors que mon adversaire apparut. Je n’avais jamais connu tout ça: ce n’était rien de plus que mon parfait sosie qui s’avançait vers moi d’un air menaçant. Sauf qu’il portrait une tenue bien différente de la mienne et que son visage exprimait une fureur et une volonté guerrière qui instillait une crainte à l’intérieur de moi. Que se passait-il donc ? Ses yeux exprimaient une lueur rouge sang tandis que son énergie cosmique était d’une puissance phénoménale.

Allons donc ! Aurais-tu peur d’affronter ce que tu es vraiment ? Je suis l’incarnation de tes doutes. Voilà donc ta deuxième crainte: la révélation de ton mensonge et de ton manque d’assurance. Si tu parviens à me battre en combat, alors cela signifiera que tu n’es pas si faible que cela. Sinon, tu mourras et ton chemin s’arrêtera là. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Maintenant en garde !

Le Chemin de Kwatu révélait toujours la réalité même si elle n’était pas plaisante à constater ou à entendre. Me battre contre moi-même et mettre un terme à cette vérité que je ne voulais pas accepter mais qui était une évidence. Je n’hésitais donc pas: je me précipitais vers mon adversaire et débutait un enchaînement d’attaques à base de coup de pied et de coup de poing. Mon autre moi-même parvenait à bloquer mes attaques comme s’il lisait dans mon esprit. Quand il répliquait, je parvenais tant bien que mal à parer ses offensives. Pourtant, elles étaient bien plus rapides et violentes que les miennes. Le combat se poursuivait: nettement, je perdais l’avantage. Il réussissait toujours à m’atteindre tandis que j’éprouvais de vives difficultés à le toucher. Ce qu’il y avait, au fond de moi, était donc cela ? Plus nous nous affrontions, plus je me rendais compte à quel point j’avais brimé cette capacité.

Pathétique ! Pourquoi n’as-tu pas affronté cette femme pour imposer ta volonté ? Tu te dis libre mais tu obéis comme un gentil toutou. Pourquoi n’as-tu pas combattu ton adversaire désigné tout de suite ? Pourquoi es-tu venu ici ? Tu as peur ! Tu doutes de toi-même: tu penses que tu n’y arriveras pas. Tu as peur de mourir ou quoi ?

J’avais un genou à terre tandis que je fusillais du regard mon adversaire. J’avais de nombreuses blessures et du sang coulait des nombreuses plaies qui parcourait mon corps. Peut être doutais-je de mes capacités ? Non ! En réalité, je ne pouvais pas exprimer pleinement mon potentiel: si j’avais une armure plus puissante, je pourrais terrasser mes ennemis. Je me relavais tant bien que mal et poursuivais le combat avec acharnement, enchaînement les techniques physiques, cosmiques et les défenses de tout type. Toujours sans aucun résultat probant. Même pire ! Mon autre moi-même augmentait lui aussi sa force et je me retrouvais vite dépassé. Un dernier coup de poing sur le menton, sous la forme d’un uppercut, me fit voltiger dans les airs et j’atterris violemment sur le sol. Si, j’avais une armure plus puissante, je ne douterais pas. Je pourrais combattre plus librement de nombreux adversaires. Et il y en avait un bon nombre que je souhaitais affronter. La mort ne me fait pas peur. Mais, ne pas pouvoir affronter un adversaire à égalité et mourir à cause d’un détail me perturbait énormément.

Alors, c’est ça ton problème ? Uniquement ça ! Tu doutes parce que tu n’as pas une armure puissante ?! De qui te moques-tu ? Une armure ne fait pas le chevalier. Tu as brimé ton véritable potentiel rien qu’à cause de ça ! Mais tu mérites de disparaître tout de suite ! Tu n’es pas un Guerrier, ni un combattant ! Rien de plus qu’une femmelette !

Il n’avait pas vraiment tort…. Je me redressais péniblement. Il était temps de mettre un terme à cette épreuve. Je reprenais le combat tout en me remettant en cause. Lentement mais sûrement. Après tout, je n’avais pas besoin d’un simple bout de métal pour affirmer ma puissance. Recherchais-je un titre ? Si je disais que non, je mentirais. Mais, je voulais toujours plus de puissance: quelque soit la méthode, je cherchais la force ultime pour défaire tous mes adversaires  Il n’y avait rien de mal à désirer la puissance ultime et de chercher tous le moyens pour l’obtenir Je voulais le pouvoir Je ne voulais plus être commandé. Certes, il y avait des dieux et je leur devais respect et obéissance. Mais, pour le reste, je ne voulais être le sujet de personne. Et encore moins l’esclave de quelconque. Alors, je devais affirmer ma puissance pour n’obéir à personne d’autre qu’à ceux et celles que je le désirais. Peut être avais-je peur de mourir ? Vraiment non ! Mais trépasser au bout d’un véritable combat était plus une possibilité acceptable que de mourir face à un adversaire de mon calibre sur un simple détail. Je ne voulais aucun détail, je cherchais la beauté et l’excellence du combat. Alors, j’enlevais tout doute de mon esprit. Je ne serais peut être pas maintenant le combattant parfait et je mettais de l’eau dans mon moulin pour l’instant. Mais j’étais persuadé de parvenir à mes objectifs avec le temps. Qu’importe la souffrance et les injustices de ce monde. Tel était un enseignement de mon maître que je prenais conscience maintenant: toujours avancer quoiqu’il arrive. J’en comprenais maintenant la signification profonde. C’est avec ce nouvel esprit que j’engageais le combat pour le dernier acte. Bien qu’affaibli, je trouvais l’énergie de combattre avec plus d’engagement et de soutien. Finalement, je parvins à me défaire de mon adversaire. J’avais affronté et battu cette partie de moi-même. Cette peur qui me tiraillait l’esprit avait disparu. Je pouvais passer la prochaine étape. Il n’y en avait plus qu’une. Et après, je prendrais ma récompense, je reviendrais chercher Camélia et nous continuerons ensemble le Chemin de Kwatu...

Plus qu’une étape avant de conclure la première partie du Chemin de Kwatu. J’étais plongé dans l’obscurité de l’inconnu: je me souvenais vaguement des différents endroits à visiter mais, pour le reste, je n’en avais aucune idée. Pour l’instant, la priorité des priorités était de quitter ce palais, de le sécuriser et de revenir vite fait bien fait chercher la Cardinale. Pour ce que j’en savais, la première épreuve consistait à déterminer à ôter le doute dans mon  âme par ma propre volonté. Le deuxième test consistait à ôter le doute en moi par la force de mes poings. Qu’allait donc me réserver ce troisième challenge ?  J’allais bientôt le savoir lorsque je sortis du Palais pour me retrouver sur un immense terre dallée où je pouvais apercevoir la forêt se propager devant moi.  Il semblait que tout s’achève si facilement: je décidais de quitter cet endroit en me dirigeant vers la forêt. J’étais encore méfiant  et j’avais eu raison. Sans le savoir, je me retrouvais devant la porte qui menait à la sortie du palais. Je ne comprenais pas ce qui venait d’arriver. Pourtant, j’avais bien quitter ce domaine alors pourquoi je me retrouvais au point initial. Je recommençais mon cheminement plusieurs fois de suite et, à chaque, fois, je me retrouvais devant le même problème. Et plus je continuais, plus je sentais comme un malaise, une inquiétude, un doute profond s’installant en moi. Il n’y avait rien de visible, rien contre quoi je pourrais combattre. Un silence impénétrable. Aucun bruit. Rien de tangible. Rien contre lequel je pourrais me mesurer pour combattre. C’en était totalement perturbant. Même mon instinct demeurait complètement sourd et je ne pouvais rien ressentir. Tout cela commençait à m’énerver sérieusement: j’avais beau chercher une solution, je ne comprenais absolument pas. C’est alors que j’entendis une voix sorti de nulle part qui environnait cette zone.

Qu’il est bien compliqué pour le Disciple de Cronos d’affronter une épreuve dont il ne saisit même pas le véritable objectif.

Cela ne servait même plus à chercher la localisation de cette voix. Au moins, j’avais appris que cela pouvait venir de partout et nulle part. Ou je pouvais m’attendre à une apparition. Malheureusement, il n’y avait rien de visible devant moi. Je soupirais: je n’avais pas que ça à faire. Il me fallait impérativement acquérir les techniques cachés des Ombres.  Avec un peu de chance, parviendrais-je même à posséder des pouvoirs liés à mon nouvel élément qui serait bien plus puissants que ceux dont je disposais actuellement. Pour autant, je devais déjà triompher de cette épreuve et ce n’était vraiment pas gagné du tout.

Pour un Guerrier qui ne compte uniquement que sur ses sensations et son instinct, voilà une tâche qui paraît bien insurmontable...

Qui que tu sois, tu as bien raison ! Si je ne vois rien et ne perçois rien, comment puis-je conquérir et triompher de ce test ?  Et pourtant, il est hors de question que je fasse machine arrière. Je traverserai le Chemin de Kwatu quoiqu’il m’en coûte !

Le vouloir, c’est bien. Encore faut-il le faire ! Quel dommage que le Disciple de Cronos n’ait toujours pas saisi l’essence même de la maîtrise de son Khlakhma ! Il comprendrait certainement le fondement même de son indiscutable échec…

J’allais répliquer du tac o tac quand un terme m’interpella. « Khlakhma »: je l’avais déjà entendu quelque part. D’après mes souvenirs, il s’agissait d’une certaine forme de pouvoir intérieur, comme une sorte d’élévation spirituelle chez un peuple bien reculée d’une vieille contrée arborant le Chemin de Kwatu. Mon maître m’en avait succinctement déjà parlé. Je m’avançais doucement, regardant tout autour de moi. Puis, mes yeux observèrent mon ombre. Khlakhma… Ce n’était qu’un terme parmi une expression d’après mes souvenirs. Cronos m’avait déjà révélé cette inscription mais, soit je n’y avais guère prêté attention, soit j’avais complètement oublié. En tout cas, c’était en moi, plongé dans les méandres de ma mémoire. Il fallait absolument que je me souvienne car j’étais convaincu que la solution à cet énigme se trouvait dans cette réminiscence bien précise. Je continuais à réfléchir quand je vis le soleil faire son apparition et étendre mon ombre jusqu’à l’entrée de la forêt. C’est alors que j’eus un début de réponse: mon ombre était comme stoppé par quelque chose. Normalement, elle aurait du s’étendre pour pénétrer à l’orée de la forêt puis disparaître dans l’obscurité de cette immensité verte. Cela ne pouvait signifier qu’une chose: un évènement, quelconque et invisible à mes sens, bloquait mon ombre. Donc, par extension, une partie de mon existence. Je murmurais pour moi-même.

L’ombre comme étant une extinction de mon corps et de mon âme… Une pure copie… À la fois semblable, dissociable et pourtant différent et indissociable… Khlakhma… Umabatù… Khizo… Kounzana Bataoum Indiranika…Quand l’Ombre d’un être devient communion…. La Naissance d’un Troisième Œil qui voit et perçoit tout… Par l’implication d’une union totale entre la Spiritualité de l’Ombre et le Mysticisme de la Réalité… Quand le faux devient vrai et lorsque le vrai devient faux…

Je venais soudain de comprendre. Voilà l’essence même de cette troisième épreuve. L’Angoisse née du doute liée à l’inconnu par le biais d’une perte instantanée de mon avantage le plus puissant et le plus démonstratif. En substance, je n’étais qu’un guerrier qui comptait uniquement sur son instinct et ses repères sensitifs. Si on me privait de tout cela, j’étais perdu et je ne savais plus comment agir. Alors, je doutais. Et plus je doutais, plus j’angoissais. Et plus, j’angoissais, plus j’exprimais ma colère. Au bout du compte, plus je m’énervais, plus j’échouais. Néanmoins, si j’en avais saisis le principe, je ne savais comment trouver la réponse. Je n’étais pas un être spirituel: il me fallait du concret non de l’abstrait. Il me fallait quelque chose de visible pour me battre et l’invisible, l’intangible étaient vraiment des actes que je détestais. Cronos avait bien tenté de m’enseigner cette forme de compréhension mais il avait échoué: pour la simple et bonne raison que j’étais réfractaire à ce genre de chose. Au bout du compte, il m’avait donné que quelques pistes par ci par là lors de mon entraînement. « Cela me servirait un jour » qu’il me disait. Le Chemin de Kwatu me permettrait certainement d’explorer et d’atteindre cette voie que je ne connaissais vraiment pas.  Pour l’heure, il fallait impérativement que je trouve une solution. Si je ne pouvais compter sur ce côté irrationnel, il fallait bien que je trouve une réponse cartésienne et méthodique. En l’état, si je pouvais voir et ressentir ne serait ce que quelques instants ce qu’ il y avait en face de moi, je trouverais un moyen pour y mettre un terme.  Je n’aurais pas accès à une quelconque forme de « Troisième Œil », je devais alors puiser dans mon cosmos et voir ce qui se passera. J’aurais peut être du y penser avant mais, impulsif et têtu comme j’étais, je n’y avais pas pensé du tout. On peut bien dire que je n’étais pas quelqu’un de très réfléchi… J’intensifiais ma cosmo énergie  dans le but que mon ombre épouse la forme de ce qui me barrait la route. Je faisais cela purement instinctivement on verrait bien ce que cela donne. Heureusement, je pus voir les contours d’un gigantesque dôme qui  semblait entourer le Palais. Je ne cherchais pas trop à comprendre comment faire.

Je créais une boule d’énergie avec mes deux mains. Elle provenait de mon  sombre chi.  Puis, je la projetais sur le mur visible par mon ombre. Comme je l’avais espéré le dôme s’effrita sous la projection de mon attaque pour créer un passage me menant vers l’extérieur. J’avais triomphé mais je n’étais pas satisfait. Il manquait encore quelque chose. Pour l’heure, j’avais triomphé des Trois Épreuves menant au Chemin de Kwatu. Le plus dur allait enfin commencer. Cependant, je n’oubliais pas Camélia. Je retournais sur mes pas pour aller la chercher. L’excitation disparue: je ressentais le contrecoup de la douleur que j’avais subi lors de ma deuxième épreuve. J’espérais bien qu’elle pourrait me soigner. Malheureusement, elle n’était plus là. Lui était-il arrivé quelque chose ? Était-elle partie d’elle-même ? Avait-elle fui ? Les mains sur les hanches, je constatais seulement qu’elle n’était plus là. Il n’y avait que par la voix maritime qu’on pouvait quitter ce lieu: cela signifiait-il donc qu’elle s’était débrouillé avec la barque que j’avais laissé ? Et puis, ce n’était pas mes affaires ! Elle vivait sa vie, je vivais la mienne et je n’avais pas besoin de boulet à traîner derrière moi. Je risquais déjà ma vie. Alors prendre soin d’une autre personne n’entrait pas dans ma volonté. Je me retournais et commençais à poursuivre mon chemin. Au fond de moi, je souhaitais vraiment qu’elle aille bien et qu’il ne lui arrive pas malheur. Cette « Lady » ne m’était pas indifférente: une brave fille en somme.  Si je la revois, je ne ais même pas comment je me comporterais. Mais, c’était une Cardinale: une supposé guerrière qui devait me guider et à qui je devais obéissance. Puisque tel était le cas, elle n’était pas une femme fragile. Je décidais de laisser tomber l’affaire et de poursuivre mon chemin seul. C’était bien mieux pour moi et ça me convenait parfaitement.

Mes pas me conduisirent à travers de la longue forêt d’Amazonie. Au moins, je reconnais cet endroit pour y avoir séjourné quelques temps au cours lorsque Cronos m’avait imposé de longs mois de survie en solitaire. Je continuais mes pas lorsque je sentis une présence m’observer. Je me retournais brusquement lorsque je la sentais derrière moi quand je vis un homme se présenter face à moi. Il était d’une stature imposante, bien plus grande  que moi et avait l’air d’un indien. Il me regardait longuement, les bras  croisés, son regard sévère se posant sur ma personne. À mon tour, je le toisais du regard en m’avançant vers lui, le regard ouvertement empli de défi. Je ne savais pas ce qu’il voulait mais je n’étais pas décidé à me laisser marcher sur les pieds.

Qui es-tu ? Tu te montres enfin ? Si tu veux la bagarre, je suis ton homme !

Je suis Heammawihio. Ainsi, c’est toi le Disciple de Cronos ? Cela fait bien longtemps que tu es attendu sur le Chemin de Kwatu. Suis moi…

Il passa à côté de moi, sans mot dire et nous poursuivions notre chemin sans rien dire perçant de longues journées. Nous traversions silencieusement la Forêt Amazonienne pour nous rendre dans la Cordillère des Andes, plus exactement au sommet du « Colosse Américain » nommé Aconcagua. Je ne connaissais pas très bien cet endroit: du moins, je ne me souvenais plus l’avoir traversé. Cronos m’avait emmené dans diverses endroits mais ils avaient été tellement nombreux que je ne le souvenais pas de tout. Nous continuions notre marche sans mot dire dans cet endroit aride et sec où la chaleur semblait extrême. Le vent demeurait une force puissante mais je m’en accommodais aisément. En fait, je me sentais vraiment à l’aise. Nous grimpions cette haute montagne jusqu’à son sommet par la face nord. Une fois en haut, je pouvais découvrir un paysage véritablement splendide: le vent était telle que c’était comme si je pouvais communiquer avec sa force. Nous nous retrouvions alors devant un vieux tipi avec un totem en bois. Je le vis s’asseoir à même le sol. Depuis notre rencontre, il faisait mine de ne pas faire attention à moi mais je n’étais dupe: j’étais ici pour un but bien précis. Il me regarda alors longuement avant de reprendre la parole pour la première fois depuis de longs jours.

L’Esprit des Cieux et des Quatre Vents sont forts en toi. Kitchi Wakan n’a pu t’enseigner cette valeur. Qui l’a fait ?

Je décidais de m’asseoir en face de lui alors qu’il rassemblait des bouts de bois pour faire un feu. Nous étions à l’aube de la nuit et il commençait à faire bien froid. Pourtant, cela ne me dérangeait pas. Au moins, mon entraînement, jusque là, m’avait permis de survivre et de m’endurcir face à n’importe quel climat.

La sœur de mon Maître: Phoebe. Je lui suis infiniment redevable mais je crains bien de l’avoir mis en colère…

Reka Ma’ho’o est forte et sage. Son enseignement est grand et puissant. Tu as eu un bon maître. Maîtrises-tu l’Art du Waka Tadi Ona ?

Je haussais un sourcil, lui montrant bien mon incompréhension alors que je rapprochais mes mains des flammes pour me réchauffer un peu le corps.

Ce sont les techniques fondamentales offert par les Esprits des Quatre Vents Et des Grands Cieux grâce à Waconda. Pour un Haku, ils sont magiques et puissants. Pour un Haka, ils sont des techniques de maîtres. Il t’est offert de les posséder si Manitou le consent. Alors, Disciple de Kitchi Wakan ? Veux-tu ce savoir ?

Je suis à la recherche de la puissance absolue. Si cela me permet d’être fort, alors je le veux. Si ce n’est que de la poudre aux yeux, cela ne m’intéresse pas !

Manitou décidera si tu en es digne ou pas. Prépares toi…

Je ne parvenais pas très bien à comprendre si cela ressemblait à un cosmos ou pas. Se dégageait de lui une faible luminescence  qui lui permit de transformer la couleur du feu en quelque chose de sombre. Il sortit quelques ossements de sa poche et les jeta dans le feu. Il se produisit alors une petite explosion qui me fit tressauter alors que l’Indien commençait à entonner un chant dans un dialecte que je ne saisissais pas. Il jeta enfin quelques herbes inconnus et, soudain, je me sentis évanouir. Je n’eus même pas le temps de réagir que je tombais dans les pommes. Lorsque je rouvris les yeux, je me retrouvais dans un monde où régnait une obscurité totale: je ne percevais rien du tout, c’est comme si j’étais aveugle. Je ne parvenais pas à bouger. Un long moment d’inexistence où même la pensée m’était devenue impossible. Rien… Jusqu’à ce qu’une intense lumière éclaire ce monde de ténèbres. Alors, lentement et sûrement, je retrouvais l’usage de mes sens, de ma réflexion et de ma parole sans pour autant être capable de me mouvoir. Une forme d’obligation en quelques sortes. Divine lorsque je perçus sa majestueuse présence! C’était donc lui Manitou ? Waconda ?

Bilagana… Wakiza Patamon Otaktay. Cheveyo Dezba. Alo Ahiga Delsin. Kwanita Mahpee Tadi. Wakanda Nukpana Ohanko Matchitehew Matchitisiw Kitchi Honovi Ezhno

Soudain, tout disparut pour revenir comme avant: je me retrouvais face à l’Indien avec les paroles de Manitou en tête mais sans savoir exactement leur signification. Lorsqu’il me regardait, je lui répétais les paroles que j’avais entendu, lui indiquant bien que je ne saisissais absolument pas leur sens.

Voici la signification des paroles sacré de Waconda: « Homme Blanc… Guerrier déterminé en colère qui tue beaucoup. L’esprit guerrier qui va à la guerre. Il recherche, il combat, il est ainsi. Les esprits sont bons: ciel et vent. Le pouvoir magique intérieur:  mal, insouciant, il a un cœur mauvais, il a un mauvais caractère, courageux, fort, solitaire. »  Waconda voit en toi un Hanksa Akecheta, un Grand Guerrier qui ne vit que pour les Matunnagd, les Combats. Il voit le mal en toi et constate que tu sèmes la mort et le désarroi par où tu passes. Mais il te sait fort, courageux et voit en toi un animal solitaire qui deviendra un grand guerrier. Waconda pense que tu mérites de connaître l’Art du Waki Tadi Ona. Mais il t’appartiendra de découvrir tous ses enseignements par toi-même. Dans la Montagnes de l’Aigle qui Voit Tout, tu trouveras le Chemin de la Connaissance. Là, le Chemin de Kwatu prendra fin.

Où se trouve cet endroit ? Et que dois-je faire après ?

Kitchi Wakan te guidera. La Contrée où le Grand Voyageur Se Repose… Kayros Stàsia  Eiros Kilma. Tu devrais savoir ce que cela signifie. Maintenant, prends ce parchemin et pars vers ton destin.

Je me relevais et prenais le parchemin en inclinant silencieusement la tête en guise de remerciement. J’avais obtenu ce que j’étais venu chercher. Je ne ferais pas la fine bouche en réclamant un entraînement ou plus encore. C’était à moi de développer ces fameuses techniques par moi-même, je ne réclamais l’aide de personne. Grâce au parole de l’Indien, je savais où me diriger. J’en étais qu’à la moitié de mon parcours: j’avais tout mon temps pour exécuter ma mission. Je reprenais ma marche mais je n’oublierais jamais ces deux rencontres: elles resteront gravés dans ma mémoire comme un fait essentiel de ma vie…