Qui veut jouer avec moi? ♥

La déesse à l’allure juvénile s’ennuyait.

Il n’y avait personne pour lui tenir compagnie.

Ses frères étaient trop occupés. Tout comme son père qui se trouvait être absent de son domaine. En plus, elle n’avait plus d’idée pour jouer toute seule.

Quant aux berserkers, Harmonie n’en avait croisé aucun depuis ce matin. De toute façon, ils n’étaient pas drôles. En effet, aucuns des serviteurs de la guerre n’avaient d’idée de jeux amusants. Avec eux, ça tournait souvent en rond ou alors c’était des trucs pour les bébés. Sans parler que certains semblaient délibérément l’éviter. Ou pire, il y en avait même qui voulaient jouer ses gardes du corps ou ses nounous lui interdisant de faire ceci, ou cela… à croire que Phobos leur aurait fait passer le mot de garder un œil sur son imprévisible petite sœur de peur qu’elle fasse des bêtises.

La demoiselle soupira.

Non, la vie n’était pas drôle pour une petite déesse en manque d’activité.
Cette journée promettait décidément d’être d’un ennui mortel.

Sauf que le problème avec Harmonie c’est que quand elle ne savait pas quoi faire ce n’était jamais bon.

En effet, dans cet état elle était capable des pires sottises. Comme par exemple se dire qu’il pourrait être amusant de sortir du domaine pour aller se balader. Qu’elle pourrait par là même aller embêter quelqu’un. Pourquoi pas cette méchante Athéna ? Oh oui ! Cela était une optique forte distrayante ! Ou bien, elle pourrait aller visiter les lieux interdits ? La liste était particulièrement longue. Ça allait du domaine d’Hadès aux champs de bataille de la guerre divine. Mais elle était curieuse de voir à quoi cela ressemblait. Peut-être même pourrait-elle trouver des jouets pour l’occuper ? C’était tellement tentant. Il suffisait juste de passer une porte. Et comme personne ne la surveillait…

Certes quelque chose la retenait encore un peu. En effet, Harmonie avait promis de ne pas sortir. Un de ses frères pourrait la gronder. Mais si quelqu’un la surprenait dehors, pourquoi ne pas dire qu’elle s’était perdue ? Ça arrive à tout le monde de se perdre.

Voilà toutes les idées qui lui passaient par la tête tandis que la demoiselle aux cheveux roses se dirigeait en chantonnant vers la porte du domaine de la guerre.

Tandis que la fille illégitime d’Arès s’avançait vers l'imposante allée de colonnes et son arche qui constituaient les portes du domaine de la guerre, des bruits attirèrent son attention.

Il s’agissait du son facilement identifiable d’un combat. Tout y était : éclats de voix, choc sourd et explosions. Le fracas était si vif qu’il résonnait en échos entre les rochers et la terre tremblait un peu sous les délicates ballerines d’Harmonie faisant rouler de petits cailloux et un peu de sable.

D’abord interloquée, la petite se figea, interrompant par la même sa ritournelle. L’enfant pencha la tête, regardant autour d’elle avec curiosité.rapidement, son regard rosé se posa sur la localisation exacte du confit (il faut dire que la lueur des flammes l’aida un peu). C’était à plusieurs mètres de là, en contre-bas.

Pirouettant sur ses pas, la divinité se tourna en direction du raffut, offrant par là même son dos au passage puis se mit sur la pointe des pieds pour essayer d’observer la scène et de reconnaître les belligérants.

Malheureusement de là où elle était, la curieuse n’arrivait pas à apercevoir ce qui se passait.  Faute de fait, son imagination prit le dessus. Ainsi, dans sa tête, plusieurs possibilités défilèrent. Il y avait-il un intrus ? Ou s’agissait-il d’une simple querelle entre deux berserker ?  

Les battements de son cœur s’accélérèrent. Puis un sourire s’étira lentement sur ses lèvres pâles. L’excitation colora ses joues pâles de rose.

Tout ceci semblait fort distrayant. La versatile déesse ignora définitivement l'appel de la liberté pour se diriger droit sur la zone de combat.  Elle était contente se demandant joyeusement si elle avait finalement trouvé quelqu’un pour jouer avec elle ?

Ainsi, faisant fi de son premier objectif , notre demoiselle aux cheveux rose rebroussa chemin. Innocement, elle sautait à cloche pied dans toute les petites étendues d'eau qu'elle croisait  en chantonnant, peu soucieuse de ce qui l'attendait en bas:
"Malbrough s'en va-t-en guerre, Mironton, mironton, mirontaine, Malbrough s'en va-t-en guerre,Ne sait quand reviendra, Ne sait quand reviendra. Il reviendra-z-à Pâques,Mironton, mironton, mirontaine,Il reviendra-z-à Pâques , Ou à la Trinité. Ou à la Trinité!"

Sa voix cristalline sonnait êtrangement dans ce lieu qui comme elle semblait représenter la paix mais n'appelait de ses vœux que la mort et la désolation.

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