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 [FB Aarhyel-Alessio] Une rencontre à Tortuga

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Aarhyel

Aarhyel
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MessageSujet: [FB Aarhyel-Alessio] Une rencontre à Tortuga   [FB Aarhyel-Alessio] Une rencontre à Tortuga EmptyMar 23 Juil 2013 - 20:20

Le navire venait d’accoster. Cela faisait bien des semaines que l’équipage du Serpent de Brume n’avait pas touché terre et il était plus que temps pour eux de se ravitailler et faire de la place dans la cale. Le Serpent avait pillé bon nombre de navires marchands et la coque regorgeait de marchandises à refourguer.  Sans compter qu’une fois leurs prises échangées contre des vivres, l’équipage en aurait pour des jours à se détendre et festoyer sur cette île, repère de vils personnages au passé tout aussi sinistre que celui du Capitaine Akbrar…  

Bien installée à la vigie, Aarhyel regardait les hommes transporter de lourdes caisses, traversant le pont inférieur pour aller les empiler sur le quai. Au loin, un vrai boucan faisait trembler les bâtiments de pierres et de bois où festoyaient d’autres nomades de la mer. Il n’était passé midi que depuis peu et bon nombre des habitants de l’île erraient complètement saoul.  Ahhhh Tortuga… Chère Tortuga, île isolée où règnent les péchés et les vices, comment ne pas succomber à ses charmes? C’est ce que lui avait répété encore et encore certains matelots tandis que le navire faisait route, mais pour sa part… Aarhyel n’était pas interpellée par « le charme » de cet endroit. Elle n’aimait venir ici que parce que cela lui permettait de poser pied à terre et se promener indéfiniment sur les plages… Sans oublier qu’elle pouvait admirer tous les navires accostés.  Il y en avait de toutes les tailles et toutes les couleurs, certains en meilleur état que d’autres…. Et certains qui risquaient gros en s’aventurant sur l’île.  Repère de mercenaires,

Tortuga accueillait également certains voyageurs ayant besoin de sa ravitailler… Ou certaines âmes perdues. Ceux qui s’aventuraient sur l’île prenaient des risques, qu’ils en aient conscience ou non. Accoster à Tortuga, c’est accepter de côtoyer des individus sans scrupules et au sens de l’honneur bien particulier…

Lorsque toutes les marchandises à troquer furent sorties et prises en charge par le second du capitaine, Aarhyel put entendre les hommes qu’elle côtoyait scander leur élixir de vie. Le rhum… En les voyant quitter le navire pour se précipiter à l’auberge la plus proche, la jeune femme leva les yeux au ciel en soupirant. Ce soir, ainsi que demain et le lendemain encore, ces hommes boiraient suffisamment pour mourir deux fois et dépenserait le reste de leur argent en femmes. Heureusement pour elle, ils la connaissaient depuis assez longtemps pour la considérer comme une enfant pour le reste de ses jours… Sans compter que son ange gardien avait pratiquement droit de vie et de mort sur chacun des hommes de ce navire.

« Oh! Aarhyel!! » L’appela une voix depuis le pont. Se penchant par-dessus les bords de la vigie, la jeune femme jeta un œil vers le bas. Elle y vit la silhouette de sa protectrice qui lui faisait signe. « Tu viens! On va faire la fête! » L’invita gentiment la jumelle du capitaine.

« J’arrive! » Lança-t-elle en sortant du compartiment exigu pour atteindre le mât. Évitant les cordages retenant la grande voile, la jeune femme atteignit les câbles retenant les échelles de nœuds et s’y engagea sans attendre. Passant le plus claire de son temps dans les hauteurs du navire, Aarhyel faisait preuve d’une agilité déconcertante dans ses déplacements, son pas était toujours assuré. À mi-chemin, la jeune femme remarqua un navire différent des autres. Il ne ressemblait pas du tout à un bateau plein de mercenaires… Cela annonçait une nuit bien agitée à Tortuga, mais heureusement pour elle, Aarhyel s’était récemment vue offerte une épée… Sautant sur le pont, elle rejoignit sa mère adoptive des dernières années et toutes deux, bras dessus bras dessous, prirent la même route qu’avait empruntée l’équipage.

Lorsque la porte s’ouvrit, le vacarme propre aux auberges de l’île agressa les deux femmes. Les cris et la musique se faisaient entendre depuis bien longtemps. On les entendait depuis les quais, mais ils devenaient assourdissants lorsque l’on pénétrait cet établissement de luxure.  Sans attendre, Aahryel se fraya un chemin jusqu’à la scène où des hommes à l’hygiène douteuse malmenaient leurs instruments au grand plaisir de chacun. Hypnotisée par la musique, Aarhyel en oublia tout ce qui l’entourait. Les gens au bar, les hommes jouant aux cartes, les filles de joie ici et là… Elle savait où chacun des hommes de l’équipage se trouvait, elle les avait localisés à la seconde où elle était entrée. Après tout, il lui fallait toujours savoir où ses compagnons se trouvaient lorsqu’elle n’était pas sur le navire. Il en valait de sa sécurité…

Comme toutes les nuits depuis bien longtemps, bien qu’elle ne soit plus à bord du Serpent, Aarhyel se laissa emporter par la danse. Se déplaçant gracieusement au travers de la pièce, s’amusant avec des femmes aux mœurs légères, des hommes complètement ivres et de jeunes mercenaires tout juste assez vieux pour se raser correctement, la jeune femme perdit la notion du temps. Les allées et venues dans l’auberge allaient bon train et bientôt la jeune femme se fit interpellée par son capitaine. « Chante mon petit, chante! » Lui dit-il en levant sa bouteille tandis qu’on lui lançait déjà des titres appréciés des mercenaires.  De bonne foi, Aahryel consentit à chanter ce qu’on lui demandait, bien que les paroles ne lui plaisaient pas… Mais elle était à Tortuga! Alors…

« Yo ho, yo ho, a pirate's life for me Yo ho, yo ho, une vie de pirate pour moi We pillage, we plunder, we rifle, and loot Nous pillons, nous pillons, nous dévalisons, et pillons Drink up, me 'earties, yo ho Donnez-moi à boire, mes chéries, yo ho » Commença Aarhyel tandis que les musiciens de fortune entamaient l’air bien connu de tous les nomades présents.

« We kidnap and ravage and don't give a hoot Nous kidnappons et ravageons et ne prévenons pas (de notre arrivée) Drink up, me 'earties, yo ho Donnez-moi à boire, mes chéries, yo ho » Chanta la demoiselle» Scanda-t-elle avec un peu plus d’entrain avant que l’une des filles de joie ne lui apporte une chope de bière.

« Yo ho, yo ho, a pirate's life for me Yo ho, yo ho, une vie de pirate pour moi We extort, we pilfer, we filch, and sack Nous extorquons, nous chapardons, nous volons, et pillons»Poursuivit la chanteuse en s’aventurant entre les tables, dansant avec les autres femmes et certains voyageurs à l’esprit embrumée de vapeur d’alcool. «Drink up, me 'earties, yo h-»Fut subitement interrompue Aarhyel par un homme s’étant dressé devant elle. Sale et puant le fond de tonne, l’homme balança sa bouteille contre le mur et attrapa la jeune femme par le bras.

Il n’en fallut pas plus pour que plusieurs matelots du Serpent ne se lèvent, renversant leur siège, mais Aarhyel adressa un regard mauvais l’homme. Le capitaine Akbrar fit signe à ses hommes de se rasseoir tandis que sa jumelle le sermonnait du regard. Allait-il réellement laisser sa petite affronter cet homme, seule? Un regard autour d’elle confirma à la jumelle Akbrar que son frère ne comptait pas intervenir…

«Retirez vos sales pattes de mon corps!» Grogna la jeune femme en tirant rudement sur son bras pour se défaire de l’emprise de l’inconnu.

«Ne fais pas ta prude, ma jolie, je sais que tu en as envie…»
Bava l’homme en l’attirant à lui.
D’une vitesse déconcertante, Aarhyel frappa durement l’inconnu à la tête avec sa chope de bière. L’alcool coula dans les cheveux sales et dégoulina sur la chemise en piteuse était qu’il portait.  Furieuse, la jeune femme envoya le talon de sa botte dans les hanches de l’inconnu, le frappant si fort qu’il bascula et se retrouva au sol. Dégainant son arme, la nomade des mers regarda l’insolant recouvrer ses esprits en secouant la tête. Grimaçant de dégoût, Aarhyel le regarda se relever avec lenteur et fit un pas de recule pour lancer le duel. Cet homme avait voulu faire main basse sur elle… Il en aurait pour son rang!

«Amenez-vous, l’ivrogne! Vous me vouliez? Alors, venez!» Le nargua-t-elle, ignorant les rires amusés de ses compagnons de route. Ils savaient qu’elle n’aimait pas la violence, ils savaient que croiser le fer la répugnait, mais il savait aussi qu’elle ne supportait pas les hommes comme celui qu’elle défiait. Ils se souvenaient tous de son premier contact avec le combat à l’épée et il plaignait ce pauvre homme ignorant l’ayant prise pour une de ces filles de joie.

Sous le regard bien veillant de son maître d’armes, Aarhyel accueillit la première attaque de son opposant. D’un simple geste gracieux, la jeune femme pivota sur la droite et d’un rapide coup de coude dans le dos, elle envoya son adversaire contre une table.  Les témoins de la scène commencèrent à rire, énervant l’ivrogne qui s’empressa de se relever et de se jeter sur la demoiselle. Réfléchie, Aarhyel attendit le dernier moment pour empoigner la chemise de son assaillant et lui faire dévier de sa trajectoire, le projetant contre une poutre supportant la mezzanine. «Vous n'êtes qu’un vieux fou, ivrogne. Retournez boire dans ton coin, tant qu’il vous reste de la dignité…» Le prévint-elle en tournant vers lui.

Mais l’homme était entêté… Il se saisit de l’épée d’un autre marin et se releva en s’essuyant les lèvres. Il adressa un regard de fauve à la jeune femme, faisant se tendre les autres membres de l’équipage du Serpent. Aarhyel leur fit un discret signe de la main pour les inciter à ne pas s’en mêler.  Soupirant longuement, la jeune femme écarta les bras en reculant lentement vers le centre de la pièce. Pour défendre son honneur, sans doute, l’ivrogne brandit son arme et fendit sur elle. La demoiselle n’eut aucune difficulté à parer le coup et contraindre son adversaire à reculer.

«Avez-vous donc perdu l’esprit?»
Lui demanda-t-elle en le frappant sur la cuisse du plat de sa lame. «Lâchez votre arme, ivrogne…» Lui conseilla-t-elle ensuite en parant une autre attaque hasardeuse. «Comme vous voudrez…» Soupira Aarhyel en faisant danser son arme.

Chargeant son adversaire, la jeune femme le força à se replier en l’assaillant sans relâche d’un pas léger et de coup habilement porté. Ce ne fut que lorsqu’il se retrouva au pied du mur qu’elle cessa ses attaques, pointant simplement son arme sous son menton. «Lâchez là!» Lui répéta-t-elle en braquant un regard sans appel dans le sien.

Refusant d’obéir, allant même jusqu’à tenter de l’atteindre avec son arme, l’ivrogne arracha un grognement de mécontentement à la jeune femme. Balayant l’attaque d’un simple mouvement de bras, Aarhyel fit glisser son arme contre celle de son adversaire et le désarma brusquement, lui écorchant la main au passage. D’un jeu de pied, elle s’empara de l’autre arme et s’éloigna de l’ivrogne. Mais à peine eut-elle fait quelques pas qu’un bruit de meuble raclant le sol éveillât ses sens. Brandissant les deux lames, Aarhyel se retourna d’un seul geste au moment même où son nom était hurlé dans la pièce.

«Aarhyel!!!!»

Son maître d’armes avait voulu la prévenir, mais il était trop tard… Aarhyel avait senti l’attaque. Là, devant elle, un barreau de chaise à la main, l’ivrogne la dévisageait tandis que deux longues stries de sang s’ajoutaient aux innombrables saletés parsemant sa chemise. Sans un mot, la jeune femme laissa tomber l’arme qui ne lui appartenait pas et tourna les talons. Sans un seul regard pour son équipage, la jeune femme rattacha son épée à sa ceinture et sortie de l’auberge. Tout ce à quoi elle parvenait à penser était «Et si!»

Oui… Et si elle n’avait pas su retenir son attaque au dernier moment? Certes cet ivrogne était complètement fou, mais… Elle aurait pu le tuer! Si elle n’avait pas su demeurer maître de son arme jusqu’à la dernière seconde? Ce ne serait pas deux plaies qui orneraient le torse de l’ivrogne… Non, ç’aurait été ses entrailles qui se seraient rependues sur sa chemise pour s’écraser sur le plancher… Troublée, la jeune nomade des mers alla trouver refuge sur la plage. À chaque fois que le Serpent accostait à Tortuga… Elle terminait ses soirées sur le sable noir et humide de cette plage.  Les mouvements continus du roulement des vagues l’apaisaient… Lui permettaient de trouver le calme et d’avoir les idées claires. Retirant ses bottes, Aarhyel les laissa derrière elle et alla marcher dans les vagues mourantes. Longeant la rive, la jeune femme profitait des caresses salines sur ses chevilles tandis que ses yeux savouraient la vue d’un ciel de nuit.

C’est alors qu’un son, avalé par le sable mou, chatouilla ses oreilles. Elle n’était plus seule sur cette plage…




Dernière édition par Aarhyel le Lun 19 Aoû 2013 - 23:13, édité 1 fois
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Alessio
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MessageSujet: Re: [FB Aarhyel-Alessio] Une rencontre à Tortuga   [FB Aarhyel-Alessio] Une rencontre à Tortuga EmptyMar 30 Juil 2013 - 11:40

Jamais le Diable n'a mieux caché ses cornes...

En voyant pour la première fois l'île de Tortuga, il aurait pu être facile de se dire que ce monde avait encore quelques coins de paradis à offrir. À ceci près que derrière ces dehors idylliques se cachait un véritable Enfer sur Terre où le crime était pandémique, en particulier lors des nuits aussi noires que les desseins qui s'y tramaient. L'endroit était en effet réputé pour abriter des brigands sans foi ni loi et des crapules de la pire espèce à tel point que les honnêtes citoyens s'y trouvaient en infériorité numérique. Un lieu où l'on avait plus de chances de tomber sur des parias de la pire espèce que sur des personnes bien sous tout rapport n'était pas sans éveiller la curiosité d'Alessio, et peut-être même son intérêt. Non qu'il n'apprécie particulièrement leur compagnie, lui-même se voulant distingué au possible devant l'éternel et certainement pas prompt à frayer avec la vermine, mais il savait d'expérience que ces individus hauts en couleur étaient les plus qualifiés pour servir ses plans les plus pernicieux sans se poser de question.

La main d'oeuvre à bas prix était quelque chose qui ne se trouvait que rarement, et encore moins si l'on souhaitait ne pas la voir poser de questions. De par son statut, le Juge ne pouvait point se permettre de répondre à leurs interrogations sans risquer de perdre en crédibilité. Et au vu de leur nature profonde, il doutait fort qu'ils manifestent leur scepticisme de manière civilisée, si bien qu'il serait fort en peine de ne pas déchaîner sur eux le souffle d'une tornade afin de dissiper tous les doutes qu'ils pourraient formuler. Des simples humains pourraient bien sûr passer pour quantité négligeable dans des affaires d'ordre « cosmique », mais ils avaient à son sens l'utilité de pouvoir accomplir l'un ou l'autre forfait en son nom sans qu'il s'en trouve directement concerné. Tout était question de monnaie sonnante et trébuchante et le Griffon ne demandait pas mieux.

Et même s'il n'en avait pas l'utilité dans l'immédiat, le fait qu'ils soient prêt à tout pourvu qu'il y mette le prix lui offrait une parfaite occasion de se divertir lors de ses heures de temps libres. Aussi, plutôt que de devoir à chaque fois se réapprovisionner en terme d'hommes de main, il préférait d'ores et déjà prendre des dispositions en vue du moment où il en aurait le plus besoin. Son temps était précieux et il ne pouvait le gaspiller à chaque fois que l'envie lui prenait de faire s'abattre le chaos sur le monde d'une légère pichenette. Oh, il aurait certes pu avoir recours aux simples soldats squelettes qui fourmillaient au sein des légions infernales, mais ceux-ci présentaient l'inconvénient d'être un peu trop au courant et aussi principalement d'avoir une langue pour rapporter le moindre de ses faits et gestes à l'un ou l'autre personnage influent peuplant le paysage pandémoniaque dans l'espoir d'en tirer de l'avancement.

Aussi, s'ils pouvaient certes s'avérer d'un grand secours dans les missions plus « officielles », Alessio ne pouvait définitivement pas leur accorder sa confiance pour des opérations plus... Personnelles. Et c'est donc là qu'intervenait cette magnifique invention qu'est le mercenariat, mécanique bien huilée depuis la nuit des temps. Même si la Terre continuait de tourner sur son axe, il y a des choses qui ne changent pas et cette possibilité en faisait partie. Le Spectre avait de plus l'avantage d'en connaître tous les rouages pour avoir maintes fois étudié la question du temps où il était encore au coeur de son service militaire. Combien de fois n'avaient-ils pas artificiellement grossi les rangs de leur armée au moyen de ce soutien inespéré que seule quelques sesterces avaient pu leur acheter ? Dénués de toute allégeance, ces soldats de fortune avaient pour eux qu'ils ne souffraient aucune allégeance et agissaient par intérêt avant de penser à leurs convictions.

Leur seule loyauté allait au plus offrant et de par sa position et ses pouvoirs, il n'était guère malaisé à Alessio de leur faire miroiter monts et merveilles. Ainsi, il s'était rendu sur cette île dans le seul but de trier sur le volets ceux qui seraient susceptibles de répondre à ses critères et d'ainsi se constituer une milice prête à servir en toute occasion – qu'il continuerait bien sûr à arroser d'un pécule régulier pour avoir la certitude qu'ils n'iraient pas voir ailleurs en son absence. Qu'ils guerroient pour d'autres en attendant si le coeur leur en disait, tant qu'ils étaient prêts à répondre à son appel aussitôt qu'il lui viendrait l'envie de les solliciter. Faire appel à leurs services lui faisait l'effet d'un retour brutal vers le passé, mais il s'efforça de ne pas y penser. Cette époque était derrière lui, et tout ce qu'il avait pu y vivre y compris. À en juger par le nombre d'embarcation ayant jeté l'ancre à proximité, le légionnaire des temps passés avait vraisemblablement bien choisi son moment pour y accoster.

Le repaire de malfrats était bondé et il n'en aurait que plus de choix à y déloger. Si les recrues qu'il pouvait y trouver s'avéraient suffisamment intéressantes – et si possible dotées de dispositions au cosmos –, il n'était pas à exclure qu'il intègre certains d'entre eux à sa garde personnelle en les changeant en créatures infernales. Au moins serait-il certain que les sentinelles qu'on lui envoyait quand il l'exigeait n'étaient pas mandatées pour le surveiller. Aux Enfers, hormis peut-être en période de guerre, chacun n'avait d'yeux que pour ses propres projets. Il n'était que trop rare d'y voir la moindre trace de solidarité et tous s'efforçaient par tous les moyens de tirer leur épingle du jeu une fois leur position consolidée. Le Griffon n'était pas en reste, tout au contraire : il avait même été l'un des premiers à jouer à ce jeu dangereux. Mais en l'occurrence, que pourrait-on lui reprocher puisqu'il ne ferait – à sa manière – que renflouer l'Armée des Enfers ?

Là était toute la subtilité de la chose, et il était fondamental de ne jamais l'oublier. Hormis ceux qui comme Kazuki préféraient jouer de la force, être silencieux comme une ombre et preste comme le serpent était la première loi à apprendre pour qui voulait s'aventurer dans ce jeu des trônes. Qui n'est pas discret n'est pas longtemps. Toujours était-il qu'il s'y connaissait bien assez en la matière que pour n'avoir rien à craindre d'éventuelles conséquences : on n'allait tout de même pas le prendre à parti pour la bonne et simple raison qu'il avait servi leurs intérêts. Même si la vérité était ailleurs... Quoi qu'il en soit, l'immortel devait reconnaître à cette île un certain charme. C'était partiellement dû au fait qu'il n'ait pu quitter le Monde des Morts pendant un certain temps dû à ses obligations, mais revenir à l'air libre et en particulier sous un climat tropical ne pouvait pas lui faire de mal.

Il fallait bien sûr faire abstraction de ce que l'île recelait de mécréants de la pire espèce, mais du moins n'était-elle pas inhospitalière en elle-même. Un véritable jeu d'acteur de la part de Mère Nature, que lui, passé maître dans l'art de jouer sur les apparences, ne pouvait qu'apprécier. Trop heureux de pouvoir emplir ses poumons d'un oxygène qui ne soit pas vicié dans son essence même, il ne se sentait guère l'envie d'aller s'enfermer dans quelque taverne mal famée où il pourrait trouver ce qu'il était venu chercher. De plus, ces endroits étaient bien souvent exigus et il ne tenait pas à retrouver de sitôt cette sensation d'enfermement dont il venait à peine de se délivrer. Aussi préféra-t-il se placer en vue du port de sorte à pouvoir l'embrasser du regard à chaque instant et ainsi se faire une idée de ceux qu'il conviendrait d'approcher.

Plutôt que de vêtir son habituel costume – trop luxueux pour un endroit de cet acabit, prompt tant à attirer l'attention que les ennuis – il s'était contenté d'une chemise d'un blanc que les lueurs du soleil de plomb rendait éclatant qu'accompagnait son habituel pantalon noir. Aussi n'avait-il pas pris la peine d'emmener son haut-de-forme ni même de plaquer sa chevelure en arrière, laissant ses boucles d'ébènes voltiger au gré du vent. Ce n'était certes pas un grand changement, mais du moins convenait-il déjà mieux à ce climat insulaire tout en ne l'obligeant pas à renier le fait d'être un homme de goût. Mais alors qu'il était initialement venu ici « pour affaires », un phénomène inattendu se produisit. Il avait lu il y a fort longtemps un récit narrant que les manieurs de cosmos étaient voués à se rencontrer, comme mus par un magnétisme qu'ils ne pouvaient contrôler.

S'il n'y avait d'abord vu que de vaines paroles dues au cycle sempiternel des Guerres Saintes qui induisent forcément de nouvelles confrontations, force lui était désormais d'y accorder un peu plus d'intérêt. Car rien n'aurait pu laisser présager de l'arrivée d'une cosmo-énergie autre que la sienne en ces contrées, et encore moins d'une pareille envergure, ce qui ne l'empêchait pas d'être bel et bien là. Une lueur incrédule traversa le regard du Spectre mais fut bien vite remplacée par l'éclat d'une curiosité malsaine. Cette aura n'était pas celle d'un Spectre, il en aurait juré ; pour autant, il était incapable de déterminer ce qu'elle était réellement. Dès lors le seul moyen d'être fixé était encore de s'en approcher ; ce n'était pas forcément une mauvaise chose. Si par bonheur cette puissance était celle de l'un des épées de location que l'on pouvait trouver ici, il serait certain de n'avoir pas perdu sa journée.

Qu'il émette du cosmos ne voulait pas nécessairement dire qu'il s'y soit encore acclimaté et il lui serait alors facile de le prendre sous son aile avant qu'il ne s'éveille pour de bon. À moins bien sûr qu'il ne soit déjà acquis à la cause d'un tiers ennemi, mais en ce cas que viendrait-il faire par ici ? C'est décidé à percer ce mystère qu'Alessio quitta son point d'observation et réduisit à néant sa propre émission de cosmos. S'il l'avait déjà descendue à presque rien, il devenait désormais essentiel de prendre des précautions et c'est ce qu'il fit en résolvant de passer pour un humain ordinaire, au moins le temps d'être fixé.

Tenez, mon brave. Allez donc vous remplir la panse. De mets ou d'alcool, je n'en ai cure, mais tâchez de ne pas rester dans le coin. Jusqu'à mon départ, considérez cet avant-poste comme mien : je risque d'en avoir encore besoin. Je vous ferai savoir quand vous pourrez récupérer votre bien, même si ce que je viens de vous donner doit contenir une somme plus rondelette que vous n'en avez vu de toute votre vue. Mais soyez encore là à mon retour et vous pourrez être sûr que je vous en reprendrai chaque centime et ce même si par je ne sais quelle stupidité vous avez trouvé le moyen d'en dépenser l'intégralité. Et je ne suis pas homme à négliger les intérêts. Suis-je clair ?

Les yeux rivés sur la poche de cuir qu'il venait de recevoir – ou plutôt sur l'impressionnant montant qu'elle contenait, généré « magiquement » à l'instant – le brave homme se contenta d'acquiescer, trop stupéfait pour se révolter contre la manière dont il avait été traité mais aussi car il se dégageait de cet homme une sorte de charisme contre lequel il ne pouvait lutter. Alors qu'il relevait les yeux vers lui pour le remercier humblement de sa générosité, faisant fi du ton sur lequel elle avait été faite, il ne put s'empêcher d'être transi de peur : le rictus qu'affichait le soi-disant touriste au moment de partir était tout sauf rassurant. Revenant à une expression plus neutre en une fraction de seconde, il se composa un air amène allant à ravir avec ses airs qui, pour l'endroit et malgré une tenue plus négligée qu'à l'accoutumée, le faisait paraître plus noble que jamais.

Prudent mais non moins pressé de connaître la vérité, le marionnettiste se dirigea vers le point d'émergence de cette présence surnaturelle. Malgré une vitesse à laquelle il n'était plus habitué – désormais plus prompt à gagner les hauteurs au moyen de ses ailes de jais qu'à marcher parmi les hommes – il ne lui fallut pas longtemps pour se faire une idée de l'emplacement où elle avait échoué. Lui qui avait fait voeu d'attendre avant de se risquer dans ce genre d'endroit, force était de constater que la fatalité ne semblait pas vouloir l'accepter. Il ne s'en tint pas moins en retrait, proche de l'embrasure de la porte, de sorte à n'attirer qu'une infime partie des regards alors que dans l'ombre il disparaissait. La plupart des ivrognes étant bien plus soucieux de ne pas perdre une seule miette du spectacle que de s'inquiéter au sujet du premier venu, il bénéficia d'une relative tranquillité et en profita pour mener son enquête.

Il ne put s'empêcher de ciller légèrement, fut-ce en son for intérieur, au moment de remarquer que la personne recherchée se trouvait être précisément la demoiselle qui se donnait en spectacle – à moins que ses sens ne lui jouent des tours, mais pour lui avoir permis de s'octroyer le titre de Juge des Enfers, il avait en eux une confiance absolue. Il était vrai que lui-même avait des activités que la morale réprouve, mais il devait bien admettre que même son esprit pourtant capable de tisser les plus maléfiques des conspirations n'aurait pu élaborer que l'on puisse concilier un tel passe-temps au rôle d'éveillé. Et s'il en avait déjà croisé quantité qui soient plus excentriques que la normale, il n'avait pas souvenir que c'ait jamais été à ce point. Ce n'était toutefois une preuve de rien, aussi se contenta-t-il d'écouter jusqu'à la fin.

Hélas, il n'en tira rien de plus si ce n'est de savoir qu'elle était munie d'une silhouette gracile et d'une voix pour laquelle la plupart des personnes présentes auraient été prêtes à se damner. Rien qui soit à même de l'éclairer. Sa concentration sur le point de se dissiper revint toutefois au mieux de ses capacités quand elle se mit à frapper. S'il n'apprit rien qui puisse lui révéler un quelconque statut, du moins put-il désormais affirmer qu'elle savait se battre – ce qui ne serait pas du luxe si d'aventure il devait l'engager, quand bien même il n'aurait pensé n'avoir que des hommes à son service, ne doutant pas qu'il pourrait trouver une gent féminine autre que celle que les marins de passage utilisent volontiers pour se défouler à la nuit tombée en ces lieux mal fréquentés. Ce pourquoi l'avait prise ce malheureux poivrot, en d'autres termes, se dit-il au moment où il dut s'écarter d'un pas félin pour ne pas recevoir sa masse colossale de plein fouet.

Elle n'était pas venue seule, avait-il également pu noter, mais ce n'était pas un problème en soi – du moins tant que ses compagnons n'interféraient pas. Mais il se flattait d'être assez subtil dans tout ce qu'il faisait pour n'avoir pas à craindre de les brusquer, contrairement à ce pauvre hère qui avait failli les voir se lever comme un seul homme. Bien que nantie d'un style fort peu académique, la source de ses convoitises était loin d'être sans défense et compensait le peu de force physique inhérent à son sexe par une stratégie bien pensée. Une qualité qu'il était, parmi les autorités infernales, le mieux placé pour apprécier. Et alors que le coup de grâce s'apprêtait à se jouer, il sentit une force endormie en elle commencer à s'éveiller, comme un soleil qui se lève sur une mer déchaînée... Et puis plus rien. La tension était retombée, et l'actrice venait de quitter une scène désormais vide d'intérêt.

Ne voulant pas éveiller les soupçons, surtout ceux de ses amis qui seraient des plus malvenus – hors de question d'être assimilé que ce soit de près ou de loin à l'épave qu'elle venait de vaincre – Alessio se faufila au dehors pour suivre la trace de la jeune femme qu'il avait dans sa ligne de mire. Non pas qu'il ait dans l'idée de lui faire le moindre mal, jusqu'à preuve du contraire ; simplement, elle avait su se montrer digne de sa curiosité et même maintenant de son intérêt. Le secret s'était quant à lui épaissi, et il ne pouvait renoncer avant d'avoir mis en lumière la vérité qui y était tapie... S'abstenant tant bien que mal d'allumer une cigarette pour adoucir la fébrilité qu'avait éveillé en lui ce peu d'action, il profita de ce qu'elle ait amoindri sa vitesse de croisière pour l'approcher peu à peu, d'abord à pas feutrés, puis sans davantage chercher à se cacher. Elle n'eut besoin que d'un instant pour qu'il soit repéré, comme il aurait pu s'en douter. Aussitôt, il leva les mains pour qu'il lui soit loisible de voir qu'il était désarmé.

N'ayez crainte, je ne vous veux aucun mal. Je ne suis qu'un voyageur, et j'ai simplement été impressionné par votre prestation. Vous n'avez sans doute pas dû me voir mais moi je n'ai rien raté de votre affrontement. J'étais farouchement opposé à laisser mes amis m'emmener dans ce genre de lieu de perdition, mais ne regrette finalement pas d'avoir cédé à leurs invitations... Mais rassurez-moi, vous n'êtes pas blessée ? C'est à vrai dire pour cela que je me suis permis de vous suivre. Vous êtes partie si vite, je voulais m'assurer qu'il ne vous soit rien arrivé. Il ne m'a pas semblé, mais tout s'est passé à une telle rapidité...

Il marqua une courte pause, jaugeant rapidement la situation tout en continuant de faire mine de s'en approcher ne fut-ce que pour souligner son apparente volonté de s'enquérir de son état de santé. Ce n'était pas la stricte vérité, mais il y avait néanmoins une part de vrai : elle ne lui serait d'aucune aide si elle était gravement blessée, même s'il avait en réalité pu discerner très clairement le moindre de ses mouvements là où un oeil non-exercé n'en serait pas capable. Un oeil humain.

Une vraie tigresse. Vous avez tout mon respect. J'ai bien quelques notions, mais je serais bien incapable de rivaliser... Oh, mais n'allez pas croire qu'il n'y a que vos faits d'armes qui m'aient charmé ! Même si je me considère comme profane en la matière, je viens de loin et puis vous dire que même pour moi qui en ai entendu plus que de raison, vous avez une très jolie voix. Je ne m'attendais en tous les cas pas à trouver ici une si jolie perle rare, mais ne dit-on pas que les plus belles roses poussent sur le fumier ? J'aimerais en avoir une à vous offrir en gage de mon admiration, mais ce n'est hélas pas ici que je pourrai en trouver... Saurez-vous me pardonner ?
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Aarhyel

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MessageSujet: Re: [FB Aarhyel-Alessio] Une rencontre à Tortuga   [FB Aarhyel-Alessio] Une rencontre à Tortuga EmptyMer 31 Juil 2013 - 14:21

En se retournant, le regard de mer de la jeune femme rencontra une silhouette lui étant inconnue. L’homme lui présentait ses paumes, les bras légèrement relevés. Le corps de l’étranger cherchait peut-être à lui faire croire qu’il ne lui voulait aucun mal, mais Aarhyel connaissait Tortuga depuis trop longtemps pour baisser sa garde d’entrée de jeu. Bien que cet homme ne soit pas d’ici, et ça la nomade en était plus que certaine, elle refusait de laisser sa vigilance s’endormir. Il n’était pas bien difficile de déterminer que cet étranger ne partageait pas la même vie qu’elle… Ses yeux firent rapidement le tour de sa silhouette, s’accrochant à quelques détails. Oh non, cet homme de venait pas de son monde. Il n’était ni sale, ni même éméché malgré l’heure avancée. Ses habits ne portaient pas non plus les marques d’un dur labeur sous le soleil de plomb et un capitaine ne s’aventurerait jamais loin de ses hommes alors que les environs grouillent d’individus aussi sanguinaires que lui, prêtent à l’égorger vif pour s’emparer de son navire et de son équipage. Et pire encore, il était là, sur la plage, avec elle. N’importe quel homme ayant passé des mois en mer ou vivant sur cette île ne s’attarderait pas avec elle. Les jolies femmes prêtes à lui offrir ce qu’il voulait n’était certainement pas au bord de la mer, marchant dans les vagues mourantes…

Dès qu’il ouvrit les lèvres, la nomade soupira. Elle sentit immédiatement le beau parleur qui se cachait derrière ce séduisant visage. Les poètes, ceux qui savent jouer avec les mots, sont de la pire espèce. Un vague amusement s’empara de la jeune femme qui l’écoutait d’une oreille, essayant de deviner de quoi il allait bien parler. La carte de la gentillesse? Ou celle de l’innocence peut-être? Oui, cet homme essaierait surement de lui faire croire que ses intentions étaient plus nobles qu’elles ne l’étaient en vérité. Il se décrirait comme un homme étranger à tout ce qui peut se passer à Tortuga… Il oserait surement lui faire du charme par la suite, peut-être mentirait-il en la complimentant sur son apparence? Sur sa voix peut-être? S’il l’avait suivi, c’est que d’une façon ou d’une autre il l’avait vu se battre… Aarhyel osait espérer qu’il ne ferait pas allusion à ce « combat » et plus encore, elle priait pour que cette rencontre ne dure pas indéfiniment. Elle n’avait plus qu’une seule envie, se baigner. Se laisser avaler par les vagues noires et permettre à son esprit de tout oublier l’espace d’un instant.

Un léger sourire sans joie se dessina sur les lèvres de la nomade alors que ses prédictions se concrétisaient, lentement, une à une… Cet homme se rendait-il seulement compte de ce qu’il disait? Croyait-il réellement que l’ivrogne avait pu la blesser? C’en était presque insultant et ce l’était d’autant plus si l’étranger utilisait ces mots comme excuse pour l’approcher. Aarhyel fronça légèrement les sourcils en faisant un pas de recule, s’aventurant davantage dans l’eau, lorsque l’inconnu s’approcha. Ce court silence ne fut comblé que par les derniers soupires des vagues s’échouant sur le sable, la nomade n’avait pas l’intention de dialoguer avec cet homme… Pas tant qu’il ne serait pas honnête, ou que sa patience ne s’effrite, mais lorsque l’étranger repris la parole, elle échappa un discret rire dégoulinant d’amertume. Elle ne s’en sortirait donc jamais? Elle ne connaitrait donc jamais autre chose que ces marins immondes? Autant puisse-t-il exister au fond de son cœur un peu d’affection pour l’équipage prenant soin d’elle, Aarhyel d’en demeurait pas moins convaincu que les mercenaires ne connaissaient pas la bonté vierge d’arrières pensées ou d’intérêts personnels.

La nature n’est-elle pas le meilleur exemple pour illustrer le danger mortel se dissimulant derrière la beauté? Car oui, la nomade ne pouvait nier qu’elle trouvait attirant l’homme qui se tenait devant elle, mais pour rien au monde elle ne pourrait oublier le danger qui se dégage de lui. Les roses et leurs épines, la splendeur des écailles colorées des serpents les plus venimeux, la somptuosité à couper le souffle du pelage des fauves et la magnificence d’un océan qui se déchaine… Tant de beautés qui cherchent à aveugler l’homme, à endormir sa vigilance… Tel est le risque des belles choses.

« Ne perdez pas votre temps avec moi, étranger. J’ai toujours vécu en mer à bord d’un navire abritant une cinquantaine d’hommes semblables à ceux qui peuplent cette île. Laissez-tombez le masque et les belles paroles, vous n’aurez rien de moi de cette façon » Le prévint-elle en se penchant pour replier le bord de son pantalon jusqu’à ses genoux avant de reprendre sa lente marche. « J’ose croire que vous ne pensiez pas réellement que cet ivrogne ait pu me blesser et que vous cherchiez surtout un prétexte pour justifier votre présence sur cette plage. » Dit-elle ensuite en lui jetant un bref regard sans cesser d’avancer.

Progressant en longeant la rive, le regard de la nomade s’accrocha cependant bien vite au large, caressant les faibles discontinuités qu’elle parvenait à y discerner. Le roulement des vagues s’était passablement calmé, n’ayant plus rien à voir avec les eaux agitées que le Serpent de Brume avait dû dompter pour atteindre le port. Aarhyel ramena, d’un gracile mouvement de bras, son imposante chevelure sur son épaule droite, créant une interminable cascade enflammée qui vint danser sur sa poitrine. La nomade y passa les doigts, encore et encore, avant de s’adresser de nouveau à l’homme.

« Je ne sais pas ce que vous cherchez ici, mais vous vous amuseriez bien davantage en retournant là d’où vous venez. Ici, il n’y a que du sable et de l’eau, qu’y a-t-il de si intéressant? Retournez donc auprès de vos compagnons de route, étranger. Allez boire, jouer aux cartes ou même trouver une femme qui se fera un plaisir d’écouter vos belles paroles. Vous trouverez de bien meilleures compagnies qu’en demeurant ici. » Expliqua la nomade en se retournant pour lui faire face, continuant sa promenade sans regarder où elle allait. « Quoi qu’il en soit, puisque vous n’avez pas cru bon de vous présenter, j’en déduis que vous n’aviez donc pas réellement l’intention de rester. »

Sur ce, la nomade voulut reprendre sa route, mais toutes émotions quittèrent brusquement  son visage, ne lui laissant qu’un regard absent. Une étrange sensation venait de s’emparer d’elle, quelque chose qui lui paraissait familier, quelque chose qu’elle avait déjà ressenti… Un souffle étrange lui caressa les oreilles, comme si un esprit lui confiait un secret. Lentement, la peur s’insinua en elle en un long frisson. Une voix résonna alors en elle et bien qu’elle ne comprit pas un seul mot, son corps se tourna soudainement vers le large. Rien, il n’y avait absolument rien. À perte de vue, tout était noir et calme, mais la voix continuait de s’adresser à elle. Les mots résonnèrent de plus en plus fort en elle sans qu’elle n’arrive à en saisir un seul.

Mais qu’est-ce que…

Ce ne fut que lorsqu’un nom, encore et toujours ce fameux nom, lui fut hurlé que la nomade voulu se précipiter vers la rive, tournant le dos à l’océan.
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Alessio
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MessageSujet: Re: [FB Aarhyel-Alessio] Une rencontre à Tortuga   [FB Aarhyel-Alessio] Une rencontre à Tortuga EmptySam 10 Aoû 2013 - 6:16

On ne peut pas gagner à tous les coups...

Non, Alessio ne s'attendait pas à être si mal reçu. Ce n'était certes pas la première fois que l'une de celles qu'il abordait paraissait résister à ses charmes et – pire encore – s'y montrer réticente, mais il en fallait plus que cela pour le décourager. C'était tant mieux, d'ailleurs, car il sentait que ce qui se profilait ici n'était autre qu'une quête de longue haleine. Une telle réaction pouvait néanmoins lui permettre de tirer quelques déductions concernant son caractère qui viendraient compléter le peu qu'il avait pu en voir au cours de la précédente échauffourée. Sans doute n'avait-elle pas la moindre idée d'à qui elle avait à faire et du but de sa démarche. Là encore, le Juge n'irait pas s'en plaindre : le but du jeu quand on cache son identité, c'est d'avoir l'air de ce que l'on n'est pas.

Et s'il lui aurait peut-être été plus facile de jouer cartes sur table depuis le début, ce n'était pas dans ses habitudes et ce serait admettre qu'il ne pouvait « gagner » autrement. Or, étant plus que mauvais perdant, il ne concevait pas l'idée d'abandonner aussi facilement. Pas avant d'avoir tout tenté, et les malheureux l'ayant fréquenté ne savaient que trop bien combien l'éventail de ses possibilités était vaste quand il le voulait. Loin de s'en formaliser, et encore moins de se détourner de son objectif, il la gratifia d'un sourire gêné. Le changement d'expression était si spontané qu'il paraissait feint à la perfection, de sorte que même les meilleurs comédiens eux-même s'y seraient trompés.

Après tout, il avait eu des années et des années devant lui pour perfectionner cette technique et, il fallait bien l'avouer, excellait dans l'art de brouiller les pistes et de faire croire tout et n'importe quoi. C'était d'autant plus vrai à son sujet : il était parfaitement maître de son corps et de ses émotions. Dès lors, il n'appartenait qu'à lui de décider de quoi il voulait avoir l'air, ce qui s'avérait particulièrement pratique lorsqu'il était question de se mêler aux humains – à moins qu'il ne préfère se contenter d'induire ses semblables en erreur, mais ce ne serait pas le cas pour cette fois. La seule qu'il veuille prendre à son piège, c'était cette jeune femme qui, inexorablement, attisait sa curiosité – laquelle n'aurait de répit qu'une fois assouvie, c'était à craindre.

Suis-je donc si peu discret ? Si tel est le cas, veuillez m'en excuser. La vérité, c'est que je m'intéresse à vous, tout simplement. Il n'y a pas à chercher plus loin. Vous m'avez fait forte impression, et croyez-le ou non, mais les compliments que je vous ai fait étaient on ne peut plus honnêtes. Seulement, je ne savais pas comment vous approcher... Et comme vous pouvez le voir, ce n'est pas l'assurance qui e caractérise. Même si je m'inquiétais effectivement à votre sujet, je me doutais bien que vous étiez trop forte pour vous faire avoir par quelqu'un de son espèce. Ah, et ne vous en faites pas pour mon temps : pour tout vous dire, vous êtes même la première chose qui vaille la peine que je daigne l'y consacrer depuis que je suis arrivé sur cette île.

Pour en avoir maintes fois fait l'expérience au fil du temps, il ne savait que trop bien que quels que soient les efforts fait en ce sens, il lui était impossible de lâcher le morceau avant d'avoir obtenu ce qu'il voulait et ce quels que puissent être les moyens à employer pour l'obtenir. N'avoir aucun scrupule comme ce pouvait très bien être son cas pour peu qu'il y soit obligé aidait grandement dans le cadre de cette démarche, quand bien même il espérait ne pas devoir en arriver là. Ou pas si tôt, en tout cas. Toujours était-il qu'il n'avait pas menti, puisqu'elle était bel et bien la première chose intéressante qui lui soit arrivé depuis qu'il s'était « installé » dans les parages. Non qu'il y soit depuis longtemps, mais cela méritait tout de même d'être mentionné.

Et c'était d'autant plus vrai qu'il ne recherchait que le nec plus ultra et n'était pas encore reparti que pour la bonne et simple raison qu'il était certain de pouvoir trouver des mercenaires bien plus fiables que ceux résidant sur cette île en ce moment. Mais elle, en revanche, avait su l'ébahir par sa technique qui, pour une humaine, était digne de louanges. Seulement voilà, elle n'était pas humaine, peu importe à quel point elle pouvait en donner l'impression. À deviser avec elle sur cette plage, il aurait volontiers pu croire qu'elle n'était qu'une personne ordinaire, mais il distinguait beaucoup trop nettement cette aura maintenant qu'il se tenait près d'elle pour ignorer qu'elle était tout sauf quelqu'un de normal.

Je n'attends rien de vous, si ce n'est de supporter ma compagnie. Je conçois que ce puisse ne pas être ce qu'il y a de plus agréable, mais si infime que soit mon amour-propre, j'en ai encore assez que pour penser que je vous serai plus sympathique que votre... Cavalier lors de cette petite danse. Libre à vous d'en douter, mais je me sens bien plus à l'aise auprès de vous qu'au sein d'un tel lieu de perdition. Mes amis me raillent sous prétexte que je suis trop sérieux quand je leur dis que ce genre d'endroit n'est pas fait pour moi, mais m'est avis que je préfère cela si cela peut me dispenser d'y poser les pieds... Mais je présume que vous vous en moquez. dit-il tout en se passant la main dans les cheveux pour repousser quelques mèches gênantes, révélant sans même s'en apercevoir les stigmates qui lui barraient le front.

Dévoiler son identité n'était hélas pas à sa portée, mais ce ne serait pas faute d'essayer et ce aussi longtemps qu'elle le lui permettrait. Soit jusqu'à ce que l'un d'eux quitte cette île, et il avait bon espoir que ce ne soit pas de sitôt maintenant que quelque chose avait enfin réussi à ferrer son attention. Même s'il aurait très bien pu fabriquer un mensonge à partir de rien, il avait toujours eu un penchant prononcé pour les semi-vérités. En plus de ménager sa peine, celles-ci avaient cela de bon qu'elles suscitaient chez ses victimes une paranoïa grandissante dans le meilleur des cas – si du moins elles étaient utilisées à des fins malveillantes, ce qui n'était ici pas le cas. Pas encore en tout cas. Tout au plus cherchait-il à se rapprocher d'elle, voire même moins : gagner sa confiance, du moins autant qu'elle pouvait en accorder à en parfait inconnu, serait déjà un bon début.

Le bruit et l'agitation m'ont toujours fortement déplu. Je suis un intellectuel, voyez-vous. Aussi, je préfère bien souvent la compagnie des livres à celle des hommes et c'est pour briser ce qui à leur sens est une mauvaise habitude que mes camarades m'ont emmené ici. Peine perdue, je dois dire, même si la beauté de ce paysage sera un plaisant souvenir, à n'en point douter. Mais qui saurait rester de marbre à la vue de ces merveilles de la nature ? Non, définitivement, je préfère mille fois regarder la mer et écouter le bruit des vagues - en votre compagnie si vous me le permettez – que de retourner m'enfermer dans cette gargote enfumée. Loin de moi l'idée de me faire passer pour plus noble que je ne le suis, mais j'estime tout de même n'avoir pas mérité ça. Mais puisque vous m'y invitez, mon nom est Alessio. Suis-je tenu de décliner d'où je viens ou l'avez-vous déjà deviné ? demanda-t-il obligeamment.

Cela faisait beaucoup de paroles d'un coup et cela risquait fort de l'ennuyer. Mais ce ne serait pas le cas, parce qu'il y avait quelque chose dans sa voix, cette légère emphase d'autant plus audible pour les éveillés qui faisait que chaque syllabe qu'il prononçait était plus hypnotisante encore que celle qui la précède. Ce n'était même pas intentionnel, c'était juste que tout son être respirait la manipulation au point qu'elle en faisait désormais partie intégrante. Toutes les fibres de son corps faisaient tout pour l'aider dans son entreprise et que ce soit si naturel chez lui serait, à n'en point douter, d'une aide conséquente. Mais avant qu'il n'ait pu continuer son laïus pour mieux la placer sous son emprise, une brusque tension s'empara d'elle si promptement qu'il crut pouvoir la voir entrer dans un état second.

Son cosmos venait de vibrer à travers elle comme s'il était soudain entré en résonance avec un élément environnant. Comme si elle était sur le point de s'éveiller à la vie, à sa véritable vie. Celle qu'elle refoulait, cachée au plus profond d'elle-même, et que même lui ne parvenait pas à cerner malgré sa maestria quand il s'agissait de voir à travers les masques là où lui-même n'avait de cesse de passer de l'un à l'autre sans interruption. Ce ne fut pourtant que pure spontanéité lorsqu'il se porta à son côté, portant la main à son épaule pour la forcer à reprendre contact avec la réalité. L'inquiétude qui étincelait dans son regard n'était pas sans briller d'un éclat sincère, et tout aussi honnête semblait l'effervescence qui l'avait envahi dès lors qu'elle avait montré des signes de faiblesse. L'heure était proche. Mais l'heure de quoi ? Ne pas le savoir finirait par le pousser à bout.

Êtes-vous sûre de vous sentir bien ? Vous ne semblez pas dans votre assiette. Peut-être avez-vous besoin de vous reposer quelque peu. À moins que ce ne soit moi qui vous incommode au point de vous mettre dans un tel état ? Si c'est le cas, vous n'avez qu'à me le signifier et je m'en irai sans tarder, j'imagine que j'ai déjà assez abusé de votre temps avec mes simagrées. Cependant, dites-le moi si vous souhaitez que j'aille chercher un médecin en partant... suggéra-t-il, réellement contrit à l'idée de l'avoir à ce point indisposée, mais prêt à la recevoir en cas de chute de sa part.
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MessageSujet: Re: [FB Aarhyel-Alessio] Une rencontre à Tortuga   [FB Aarhyel-Alessio] Une rencontre à Tortuga EmptyJeu 15 Aoû 2013 - 0:21

Ébranlée, complètement perdue, la nomade pouvait sentir ses forces la quitter. Comme si un souffle glacé parcourait ses muscles les uns après les autres. Son regard balayait frénétiquement le paysage environnant, mais Aarhyel ne pouvait que regarder sans réellement voir. Son esprit ne parvenait pas à émerger du labyrinthe délabré en lequel venait de se transformer son subconscient. La nomade pouvait sentir son corps réagir de lui-même tandis que ses pensées tournaient en rond, encore et encore, incapable de se connecter avec le monde extérieur. Avait-elle perdu connaissance? Non, elle pouvait sentir son corps se mouvoir et même ressentir le contact de l’homme qui l’avait suivi, mais une sorte de transe l’empêchait d’interagir. D’un pas bien plus lourd que la grâce qu’on lui connaissait, la nomade regagna la rive, la pointe de ses pieds s’enfonçant dans le fond sablonneux comme s’ils étaient faits de pierre.

Son corps ne semblait pouvoir qu’effectuer qu’un seul geste à la fois et pour l’heure, il s’agissait de simplement mettre un pied devant l’autre. Luttant intérieurement pour accélérer, Aarhyel ne pouvait que se voir mener un combat acharné pour franchir quelques mètres. La triste image d’une enfant apprenant à marcher lui vint en mémoire, époque dont elle ne se souviendrait probablement jamais, mais qui caractérisait si bien l’instant présent. Trop concentrée sur son objectif, elle ne pouvait même pas repousser l’homme qui s’était précipité vers elle. Son corps engourdi ne semblait même pas chercher à s’arracher à son contact, ne se focalisant que sur le sable sec, loin, si loin devant elle. Après ce qui lui parut être une éternité, si ce n’est deux, après avoir livré bataille à la plage de sable fin, ayant réussi à ne pas perdre pied, Aarhyel sentit ses jambes trembler. Les pieds couverts de sable, la nomade ne put rien faire d’autre que se retourner vers la mer avant que son corps ne flanche. Son corps s’affala telle une poupée et alors que ses hanches s’enfonçaient dans la chaleur du sable, la jeune femme replia les coudes, de peine et de misère.

Son regard trouble fixé sur l’étendue saline infinie, Aarhyel pouvait sentir le moindre grain de sable collant sa peau, glissant sous ses vêtements, la moindre goutte d’eau perler sur le revers de son pantalon avant de courir le long de ses jambes… Même la brise qui balayait la plage, elle pouvait tout ressentir distinctement, mais n’arrivait pas à exercer le moindre contrôle sur son corps. C’était comme si ce qu’elle avait ressenti provenant du large avait si violemment résonné en elle qu’il l’avait emprisonnée dans les dédales de son esprit, dans les profondeurs inaccessibles… Elle se sentait isolée dans sa propre enveloppe charnelle et le retour à la surface, sa route pour s’échapper des abysses de son esprit, semblait pavé de danger. La nomade s’imagina alors telle une marionnette qui aurait à se libérer de ses fils pour rejoindre le reste du monde.

Engourdie, embourbée, Aarhyel cherchait à réorganiser ses pensées, cherchant désespérément à formuler quelque chose de cohérent, d’utile, même si elle ne parviendrait pas à le prononcer. Le silence s’était installé depuis plusieurs minutes maintenant, mais pas une seule fois la nomade n’avait cherché à rassurer l’autre visiteur. N’y avait-elle ne serait-ce que pensé?  À défaut de se croire capable de formuler quelque mot que ce soit, la jeune femme adressa un regard à l’homme qui l’avait suivi. Son regard rencontra brièvement le sien avant que les immenses perles d’océans en retournent à leur contemplation blasée de la mer. L’homme avait-il perçu son état? Comment pouvait-on reconnaitre une embarcation à la dérive?  Soudain, comme si le film de sa vie, du moins les chapitres dont elle se souvenait, lui était rejoué, la nomade laissa sa voix vibrer doucement dans l’air. « Aarhyel… C’est comme cela que l’on m’appelle. »

La nomade avait sorti ces mots si machinalement… Comme si son corps était habitué, programmé, et qu’en retrouvant cette sensation d’impuissance qui l’avait embrassée lorsqu’elle avait repris conscience à bord du Serpent, il n’avait su que décliner son identité. Aussi incertaine et trouble puisse être son histoire, son prénom était bien la seule chose dont elle assurer la certitude. Lentement, très lentement, l’esprit de la jeune femme faisait machine arrière. Ou plutôt, les instants précédents l’apparition des voix lui était rejouée. Comment si son être remontait le temps, Aarhyel réentendit le cri, cet autre nom la suivant sans cesse, l’écho de murmures errant dans les abysses, puis la voix de l’homme. Alessio… Quel curieux prénom? Aussi commun que le mélange hasardeux de lettres à la consonance si délicate qu’était le sien. Là, dans le silence, la demoiselle pouvait jurer entendre son vis-à-vis lui réciter tous les mots qu’il venait de lui adresser. Ses compagnons, ses impressions de ce si charmant coin de paradis qu’est Tortuga, un vague portrait de son caractère- vague ébauche de sa réelle existence- et finalement un discourt d’inquiétude. Tournant de nouveau la tête vers lui, la nomade sentit sa mâchoire se décrocher. Son regard n’avait d’yeux que pour les marques ornant son crâne. Mille et un scénarii traversèrent l’épaisse gadoue qu’était encore son esprit. Tous plus horribles les uns que les autres, tous moins crédibles les uns que les autres, pour expliquer de telles cicatrices.

« Moi, je suis plutôt une artiste… » Échappa la nomade alors que les mots de l’homme reprirent leur danse interminable dans la brume entravant ses propres pensés. « Mais c’est difficile d’être quoi que ce soit quand on vit en mer. On entretient le navire, on se bat, on essaye de ne pas devenir fou en demeurant si loin de la terre ferme des mois durant… » Continua-t-elle comme si elle ne s’en rendait pas compte, se redressant lentement jusqu’à se retrouver assise. « Vivre en mer, c’est travailler, boire du rhum et tuer avant d’être tué. Être élevée par des mercenaires... Je suppose que je devais aimer la musique avant d’atterrir dans leur navire? Si je veux voir le bon côté des choses, je peux m’estimer heureuse de n’avoir qu’à chanter et conter des histoires, j’aurais pu servir de catin. » S’encouragea sans conviction la jeune femme en s’apercevant finalement qu’elle dévisageait l’homme. « Voyez-vous… » Reprit-elle en s’empressant de ramener son regard sur la mer. « Je n’ai pas la moindre idée, par le moindre souvenir, de qui j’étais ni d’où je venais avant de me réveiller à bord du Serpent. Celui au pavillon vert… » Précisa Aarhyel d’un vague geste du bras en direction du navire en question. « Alors, restons-en là pour les présentations, voulez-vous? Je ne sais pas d’où vous venez, si ce n’est que comme moi vous n’êtes pas originaire de Tortuga. Vous m’avez donné votre nom et c’est amplement suffisant, car je n’ai pas pour habitude d’exiger des autres plus que ce que je peux moi-même leur donner. »

Regardant ses jambes un moment, agitant les doigts de pieds, la nomade évalua la réceptivité de ses membres. Elle reprenait lentement ses esprits, repoussant l’étrange évènement et le souvenir des voix. Repliant doucement les genoux, Aarhyel ramena ses talons contre son fessier avant de poser une main sur le manche de son arme et l’autre sur sa cuisse. D’un seul geste, aussi assuré pouvait-il être, la jeune femme se retrouva la verticale. Ses cheveux se balancèrent tandis qu’elle retirait le sable de ses vêtements à l’aide de ses mains. Lorsqu’elle se redressa, la nomade balaya la plage du regard avant de soupirer. L’heure de quiétude de la plage touchait à sa fin… Et elle n’avait même pas eu le temps de se baigner. Combien de fois avait-on pu lui dire qu’il était inconcevable que quelqu’un passant sa vie à naviguer d’un océan à l’autre n’ait envie de rien d’autre que de faire trempette lorsqu’il a finalement la chance d’accoster?  Mais, peu importe le manque de logique de cette envie, de ce besoin, Aarhyel ne pouvait pas lutter. Elle aimait la mer. Elle vivait, mangeait, dormait, riait et pleurait en mer. Elle en chantait même les louanges à en rendre fou les autres membres de l’équipage. Alors il était impossible pour la nomade de ne pas entretenir cet amour même sur la terre ferme. Malheureusement, elle devrait y renoncer cette nuit.

« Vous disiez vouloir contempler les merveilles de la nature… » Commença-t-elle en faisant face à l’autre visiteur. « Alors, suivez-moi, Alessio. Bientôt les ivrognes n’ayant pas été capable de trouver femme viendront chahuter sur cette plage. » Lui annonça la nomade en remontant lentement ladite plage pour récupérer ses bottes. Les attrapant d’une main, elle s’adressa de nouveau à l’homme. « Je ne connais peut-être que très peu d’endroits en ce monde, mais Tortuga n’a plus de secrets pour moi. Je la connais sans doute mieux que ses natifs, par curiosité ou manque de jugement… Peu importe. Cette île offre des paysages à la beauté insoupçonnée et je veux bien vous en présenter un. » Lui dit-elle en se dirigeant vers l’orée de la jungle, à l’opposé de l’agglutinement d’habitations. « N’ayez pas peur, je ne mords pas! » Blagua la nomade avant de s’engager entre les arbres.

Pieds nus, Aarhyel avançait sans hésiter, sautillant presque d’une gigantesque racine à l’autre. Elle pouvait sentir le sable poncer sa peau avant de l’abandonner pour s’accrocher à l’écorce sur laquelle elle trottinait. Ses longs cheveux enflammés fouettaient l’air derrière elle, ayant constamment un temps de retard sur elle, dansant dans le courant d’air qu’elle créait en parcourant l’étendue boisée. La nomade n’avançait pas trop rapidement, s’arrêtant brièvement par endroits afin de s’assurer de ne pas égarer son compagnon de route. En la regardant, faisant abstraction de son arme et de ses vêtements, on aurait pu croire qu’elle était une sauvage. Une native de l’île, vivant loin de tous les visiteurs, tant ses déplacements étaient fluides. C’était comme si elle avait elle-même planté le moindre de ces arbres, qu’elle en connaissait la moindre des racines. Aarhyel se déplaçait sans vraiment réfléchir, ce qui donnait l’allure d’une danse à ses mouvements. Il aurait été facile de croire qu’elle avait toujours vécu dans ce véritable labyrinthe… Plus elle progressait dans entre les arbres, plus elle devenait fébrile. La nomade ne s’en rendait probablement pas compte, mais s’enfoncer dans cette jungle était une façon de fuir. Une illusion de fuite, une échappatoire à sa vie en mer… Et elle l’embrassait de tout son être. Une joie si pure et innocente se dégageait d’elle qu’il serait possible d’en gêner les témoins… Bientôt, un doux son apaisant se joignit au cliquetis que faisait l’arme de la jeune femme. La voix de la nature commençait à trahir leur destination. Jetant un bref regard derrière elle, Aarhyel jugea qu’elle ne risquait plus de perdre Alessio et courut les derniers mètres. La voix de la nature était de plus en plus forte et la nomade sentait tous ses sens s’emballer avant que son corps entier ne se fige, écrasé par tant de beauté, lorsqu’elle eut contourné le dernier arbre.

[FB Aarhyel-Alessio] Une rencontre à Tortuga Fb_ale10

Détachant sa ceinture pour laisser son arme au pied d’un immense arbre, Aarhyel ne put que sourire. La nuit avancée et l’éclat de la lune donnaient à la chute un je ne sais quoi d’irréel. Une lueur qui semblait venir d’un autre monde… Bleu. Peu importe où se posait son regard, cette providence semblait enveloppée d’une aura toute droite sortie des abysses. Ce ne fut que lorsqu’elle entendit l’homme la rattraper qu’elle osa déranger le silence. « Alors, qu’en dites-vous? Aussi jolie que la plage? »
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