Des retrouvailles ou un rencard ? (Paris) [Pv Ahina]

Loin de tout, loin du sanctuaire et du Japon. Le petit fils de Zeus marchait sans but. Il ne souhaitait pas retourner dans son pays d'enfance car la douleur qu'il avait dans son coeur était encore trop récente. C'est par un pur hasard qu'il arriva à Paris, capitale de la France. Un pays populaire pour sa gastronomie. Il avait lu ça quelque part mais il ne se souvenait plus ou ? Pendant cette année d'adaptation il avait apprit pas mal de chose en lisant. Il voulait s'habituer à cette vie et vivre comme tout le monde. Il en avait assez de se battre et de perdre tout ce qu'il aimait.

Vêtu simplement d'un jean noir et d'une veste en cuir assez fine, le prince des ténèbres s'était mêlé a la foule. Il continuait à observer famille et travailleur. Depuis qu'Hadès avait augmenter son influence, le crime était devenu monnaie courante. Il n'était pas rare de voir des femmes se faire agresser ou de voir des assassinats en pleine rue et en pleine journée. Le monde était devenu fou... un peu comme lui lorsqu'il avait rejoints l'armée des ténèbres.

La journée était passé plutôt rapidement. La nuit était tombé mais les lumières de la ville étaient toujours allumées. En quelques siècles seulement, le monde avait tellement évolué. Le prince d'Ivalice regarder la seine par dessus le pont sur lequel il s'était arrêté quelque instant. Il regardait le fleuve tout en projetant sur la surface de l'eau ses souvenirs. Ses nombreux combats, ses défaites et ses victoires. Le ciel était dégagée et les étoiles étaient bien visible. Il pouvait entendre la jeune voix d'Ahina lui cité toutes les constellations. Comment se portait-elle depuis leur dernière rencontre ? Il espérait que tout se passait bien pour elle. Son amie avait fort à faire pour remettre le sanctuaire sur pied. Il ne pouvait pas l'aider mais ses pensées étaient tournés vers elle.

Dernière édition par Ahina le Mar 1 Oct 2024 - 14:47, édité 1 fois

Le Sanctuaire s'habituait peu à peu à voir défiler les animaux d'Ahina. Une partie tout du moins, car la plupart d'entre eux n'intervenait que très rarement.
La majorité des nouvelles recrues ne les connaissaient pas encore, mais les anciens avaient pour la plupart déjà rencontré le sage tigre de neige Kyô, son frère d'automne au caractère ombrageux Toboe, et Neiya, la colombe blanche pas plus grosse qu'un moineau, qui avait coutume de voleter un peu partout au Sanctuaire Sacré.

Adepte des blagues en tous genres, la colombe avait piétiné le crâne de son frère aîné Apollon, ce qui n'avait pas vraiment été du goût de ce dernier...

Il n'était pas rare de la voir perchée sur une colonne, le toit d'un temple ou juchée sur l'épaule d'Ahina, personne ne s'en formalisait donc plus. Et, surtout, personne n'aurait osé toucher le moindre de ces animaux. Pour des raisons d'évidente prudence concernant les tigres, et par respect envers la petite créature au plumage de nacre.

A vrai dire, cela arrangeait bien les affaires d'Ahina cette dernière année. Car Neiya était le seul lien qui lui avait permis de garder un tant soit peu le contact avec Kazuki. Les systèmes électriques et informatiques ne fonctionnant pas au Sanctuaire Sacré, tout échange de missive ou tentative de contact pouvait s'avérer dangereuse, tant que les Saints n'étaient pas au fait de la situation.

Ou plutôt... tant que Damian et Altia n'étaient pas au fait de la situation. Pour autant... faudrait il que ce dernier revienne auprès de sa déesse, pour qu'elle puisse l'en entretenir...

Quoi qu'il en soit, si Ahina ne doutait pas un instant que les Gémeaux avait constaté que, parfois, la petite colombe revenait en Grèce un minuscule rouleau de papier fixé à l'une de ses pattes, ces échanges pouvaient tout aussi bien concerner Asgard.

Un sourire s'échappa donc de ses lèvres lorsqu'elle reçu son message. La taille de Neiya, tout autant que le principe de précaution, ne permettaient que quelques mots. Ceux de Kazuki allaient droit au but, comme toujours : Je suis à Paris.

Et si retrouver quelqu'un dans l'une des capitales les plus bondées du monde, et sans la moindre indication de lieu qui plus est, était fastidieux voire impossible pour la majorité, il n'en était pas de même pour un Dieu. Il lui suffirait de se concentrer suffisamment pour retrouver sa trace. Un lien fort les unissait et il servait entre autre à cela...

Par contre.

Échapper à la vigilance des gardes, des Saints et, surtout, de Damian... afin de quitter le Sanctuaire pour se rendre à Paris, puis revenir et faire comme si de rien était, le tout sans se faire prendre, était une toute autre paire de manches...

Ahina avait été à bonne école et cela faisait bien longtemps qu'elle était passée maître en la matière. Avec un garde du corps comme Biscione, l'ancien Chevalier d'or du Scorpion, à qui "on ne la faisait pas" et qui avait écopé de la surveillance d'Ahina la casse cou durant ses jeunes années, elle avait appris à déjouer la surveillance omniprésente qui l'entourait.

Généralement... le plus ardu était le retour au bercail. Il serait toujours temps d'y penser quand elle y serait.

« Bonsoir Sil. »

Vêtue d'une fine chemise blanche et d'un jean tout ce qu'il y a de plus simple, nul doute que la majorité de ses chevaliers se seraient étouffés dans leurs armures de la voir habillée dans une tenue pareille, ce, malgré l'ère dans laquelle ils évoluaient tous désormais.

Malgré les prémices de l'automne, la température était encore douce pour la saison, et l'été indien semblait vouloir étendre sa toile sur Paris encore quelques jours.

Elle pose ses coudes sur la balustrade qui surplombe la Seine, tout en adressant un tendre sourire à celui qui a trahi Hadès pour elle. Une lourde responsabilité pour de lourdes conséquences à venir. Aucun des deux ne doutent, hélas, pas de ce point.

« Comment vas-tu...? Tu réussis à t'adapter à cette époque ? »

Elle le jauge d'un regard attentif en attendant sa réponse. Et bien qu'une seule année se soit écoulée, elle a l'impression qu'il a beaucoup muri rien qu'à le regarder et que cela fait une éternité qu'ils ne se sont pas vus.
Mais il semble aussi porter une lourdeur, comme un poids... et peut être pas uniquement à cause d'Hadès, car il serait bien capable de hausser les épaules, tout en lui répondant d'une voix nonchalante qu'il "l'attend quand il veut".

Nul besoin d'être sur ses gardes, il n'y avait qu'une seule personne qui savait qu'il se trouvait ici, et-ce, grâce à la colombe qui venait parfois le voir. Le prince d'Ivalice voulait simplement donner de ses nouvelles, pour éviter qu'elle ne s'inquiète, car il était hors de question pour lui d'aller au sanctuaire. Il ne voulait pas la mettre en danger à cause de sa présence. Si Hadès apprenait qu'il était encore en vie, alors il finirait surement par devenir sa cible. Non pas qu'il le craignait, mais il ne voulait pas mettre en danger autrui. Il en avait assez d'être au centre des problèmes. Il était fatigué... Lorsqu'Ahina arriva à sa hauteur il resta immobile, comme si de rien n'était. Il était surpris de la voir ici sans protection. Elle avait réussi à partir sans se faire remarquer, comme à l'époque lorsqu'elle venait le voir s'entrainer.

" Que fais-tu ici Ahina ?... "

Il était content de la voir, mais comme a son habitude, Silfrid dissimulé ses émotions et ses sentiments. De toute façon, il ne méritait pas l'attention et l'amour des autres. Après tout ce qu'il avait fait, il mérité bien son sort.

" Je vais bien. Cette époque est bien étrange et j'ai du mal à m'y habituer. Tout est si différent. "

Assez parlé de lui. Il n'en avait de toute façon pas envie. Il préférait plutôt se préoccuper des autres. C'était ironique vu son passé de juge des enfers et de ce qu'il avait fait subir au dieux pour se venger. Toujours calme, les yeux tournés vers le fleuves il continua d'un ton calme et posé.

" Et toi ? Comment te portes tu à présent ? Les saints se réveillent-ils tous ? Que penses tu faire concernant Hadès et la terre ? "

Ahina avait-elle prévu de reprendre le contrôle ? Allait-elle de nouveau livrer bataille ? En vrai, même si ce monde était sous l'influence d'Hadès, les humains vivaient selon leur propres volontés. Créer une nouvelle guerre sainte ne ferait que déstabiliser d'avantage l'humanité. Silfrid se tourna finalement vers son amie pour écouter sa réponse. Il était étrange de voir Athéna vêtu de la sorte. Il trouvait que cela la rendait plus "naturelle" et plus "normale", cette situation lui rappeler l'époque où Ahina n'avait pas besoin de se comporter comme la réincarnation d'Athéna, mais seulement comme son amie.

Droit au but, encore et toujours. On ne prend aucun raccourci, ne nous perdons pas en conjectures, on annonce, on tonne, on demande sans détours ni fioritures. Il était déjà ainsi quand ils étaient enfants, et ça ne s'est pas arrangé, l'âge et l'expérience de la vie faisant.

Ahina esquisse un sourire, alors qu'une moue espiègle se peint sur ses traits. Ses mains s'élèvent de part et d'autre de son visage, alors qu'elle mime des guillemets en prenant une voix sombre et rocailleuse.

« Bonsoir Ahina, moi aussi je suis TROP content de te voir, tu m'as manqué pendant UN AN. »

Et sur ces mots, elle éclate d'un rire aussi cristallin que sincère, s'attendant à la moue réprobatrice qu'il ne manquera peut-être pas d'afficher après son petit discours.

Aussi invraisemblable que cela paraîtra au regard des Saints quand ils le découvriront, tout est pardonné... Tout a été pardonné ce fameux jour de 1757, il y a... si longtemps dans un sens, alors qu'à leur regard cela ne s'est produit qu'il y a une poignée d'années pour elle, une seule pour lui.

« Tu m'as dit que tu étais à Paris. Que pensais-tu que j'allais faire hein... Cela fait un an Sil. »

Si ses derniers mots auraient pu sonner comme un reproche, cela ne semble pour autant pas être le cas. Un simple constat affiché, ni plus ni plus. Mais... dans leur situation et depuis qu'ils se sont retrouvés... un an... c'est vraiment très long. Surtout avec la défection d'Altia qui s'éternise sans qu'elle n'en voit jamais le bout. Fait qu'elle s'est bien gardé de dire à l'ancien Garuda, qui ne manquerait pas de fustiger le Grand Pope pour son abandon, et des troupes et de la divinité qu'il a juré de protéger. Ca ne serait clairement pas la meilleure entrée en matière, ni pour l'un ni pour l'autre.

« Il est certain que l'humanité a terriblement évolué en trois cents ans... »

Et pas qu'en bien, se retient elle d'ajouter, car cette simple pensée lui vrille le coeur.
De tout temps à jamais, les humains ont été capables d'accomplir autant de prodiges que d'horreurs. Cela n'est, hélas, pas nouveau. Et si cette époque n'a pas que des mauvais côtés, l'aura omniprésente du Sombre Monarque en souligne toutes les violences et met en exergue la plus petite bassesse de l'être humain.

Puis... c'est le déluge.
Les questions pleuvent comme les étoiles filantes de l'équinoxe d'automne et Ahina se sent soudainement submergée par tout ce qu'il attend d'elle. Tout ce que tout le monde... attend d'elle.

« Je vais très bien mais j'ai faim ! Allons manger. »

Ni une ni deux, Ahina saisit le bras de Kazuki autour duquel elle enroule l'un des siens, et le traîne littéralement à l'autre bout du pont où se distingue le quartier latin et ses multiples petites gargotes.

C'est ce qui s'appelle noyer le poisson. Gageons que Stella applaudirait des deux mains, fière de sa protégée, si elle avait assisté à la scène.

Oh, Ahina n'est pas dupe, il va remettre le sujet sur le tapis à la première occasion cependant...

« Laisse moi profiter un peu avant d'aborder les sujets qui fâchent, tu veux bien... »

Ces mots sont à demi étouffés quand ils s'extirpent de sa gorge, alors qu'elle resserre machinalement son étreinte sur son bras et lui adresse un sourire moyennement convainquant.
S'il savait tous les chagrins, toutes les souffrances, toutes les épreuves de ces cinq dernières années... Pour l'instant... elle a juste besoin de le retrouver, rien d'autre.

Le seul être sur terre avec qui elle puisse elle-même. Ahina et uniquement Ahina.

Ils s'enfoncent dans une petite ruelle sombre, virevoltant presque avec grâce entre les nombreuses poubelles en plastique et sacs de détritus qui jonchent le sol. Le monde est dans un tel état... et cela se retrouve absolument partout.

Ahina s'engouffre par une porte dans un immeuble qui ne paye pas plus de mine que tous ceux qu'ils ont croisés jusqu'à présent. Façade lézardée, quelques pierres s'en délogeant régulièrement, l'immeuble semble sur le point de s'effondrer.

A l'intérieur, un décor assez cosy. Quelques tables de bois sont disséminées ça et là, pouvant accueillir variablement deux à quatre personnes. Un vieux bougeoir à la flamme tremblante trône sur chacune d'elle, plongeant la pièce dans une semi pénombre propre à la confidence et, surtout, il n'y a pas âme qui vive. A quelques détails près, le petit restaurant se confond avec ceux qu'ils trouvaient à leur époque, au 18ème siècle.

« Ahina ! Quel plaisir ! Cela fait si longtemps. »

Un bonhomme aussi rond qu'une barrique et aux joues aussi rougeaudes que rebondies saisit la jeune fille par la taille, la soulève de terre et la fait tourner dans les airs.
Guère étonnée, mais redoutant la réaction de Silfrid, Ahina tente tant bien que mal de lui jeter un regard suppliant entre deux tours de piste, semblant l'implorer de ne pas exploser les gencives du pauvre homme.

« Bonjour Roberto. Ca me fait plaisir à moi aussi. »

Lui répond elle dans un sourire aimable, tout en tanguant légèrement une fois qu'il l'a reposée sur le sol.

« Oh ! Tu as amené un ami ? C'est l'un de tes chevaliers ? »

Si le doute pouvait être permis jusqu'à présent, il ne l'est plus. Le prénommé Roberto, malgré toute la familiarité dont il fait preuve envers elle, semble parfaitement au fait de son identité et de ce qu'elle incarne.

« Un ami des plus précieux, oui. Roberto, je te présente Silfrid. »

Evitons que le dit Roberto fasse une gaffe en mentionnant Ahina avec un certain Kazuki, si jamais un Saint venait à passer par là dans les prochaines semaines.
Elle passe sous silence sa seconde question, comme si elle n'avait rien entendu.

« TOOOOOOOOOOOOOONY »

Le patron se met à rugir si fort que l'on ne serait qu'à peine surpris de voir les meubles en trembler.
Un jeune garçon à la bouille juvénile, qui ne doit pas avoir plus de quinze ans, passe la tête par l'entrebâillement d'une porte dont s'échappe soudain une très bonne odeur de pâte à pain cuisant dans le four.

« On ferme pour ce soir. Nous avons des invités de marque. »

Lance t'il d'un air goguenard en jetant un bref coup d'oeil vers les deux jeunes gens, et sous le regard on ne peut plus amusé d'Ahina.
Il les installe à une petite table au fond de la salle puis sort un carnet de sa poche sur lequel il commence à écrire.

« Pizza grand format, cinq fromages, mozza dans le trottoir, aspergé de crème fraîche, le tout arrosé d'un jus de pomme. Comme d'habitude ? »

Ahina joint ses paumes en un claquement sec et fixe le patron avec des yeux gros comme des soucoupes, où semble luire des millions d'étoiles à cet instant.
Ahina et son ventre... c'est tout un poème.

« Ce sera quoi pour vous jeune homme ? On a à peu près tout en cuisine. Demandez ce que vous voulez, c'est la maison qui régale. »

Après qu'il eut récupéré la commande de Kazuki et sous le tonnerre de remerciements limite larmoyants d'Ahina qui a du lui demandé au moins trois fois dans combien de temps ce serait prêt, la jeune femme repose un regard plus apaisé sur son ami.

« Nous avons de nombreuses bases et des hum... planques... à travers le monde. Celle-ci en est une. Roberto ne paye pas de mine comme ça, avec son franc sourire et son tablier taché, mais il fait partie de la Fondation Graad et des Gardiens du secret qui protègent le Sanctuaire Sacré. »

Lui explique t'elle dans un sourire.

Kazuki était du genre froid et distant. Il voulait seulement que Ahina s'habitue à son absence car il avait bien l'intention de rester loin d'elle le plus longtemps possible. Il fut néanmoins tout étonné de voir son amie se comporter comme une jeune femme tout à fait ordinaire. Fini Hadès et les chevaliers, place à leur complicité. Si son expression de départ se rapprochait de l'étonnement, le prince d'Ivalice fini par sourire à la réflexion d'Ahina. C'est vrai qu'elle faisait partie de sa vie désormais et que son absence lui laissé un grand vide dans son cœur. Elle faisait partie de ces personnes capable de lui redonner un peu de joie dans ce monde ou ils avaient presque tout perdus.

" Un an... même le temps semble passé plus vite maintenant. "

En cette période, il n'avait fait que marcher sans but à essayer de trouver une réponse à sa rédemption. Pouvait-il un jour être pardonné ? Devait-il justement chercher le pardon ou bien seulement essayer de faire de son mieux pour les autres ? Ahina avait quant à elle dû trouver toutes ces années longues. Elle ne c'était surement pas reposé après que la distorsion avait fait réapparaitre le sanctuaire. Peut-être qu'elle cherchait également un peu de soutient de sa part en venant le voir ? Cependant Silfrid avait encore un peu de mal avec lui même, il était toujours aussi froid et distant que lorsqu'il était le juge des enfers. Seul son coeur s'était adoucit. Il lui faudrait sans doute plus de temps pour qu'il se décoince un peu.

Heureusement, il pouvait compter sur Ahina pour ça. Le bras enroulé autour du sien, le prince d'Ivalice fut tiré par la jeune femme. Elle avait faim et compter bien diner avec lui. C'est vrai que cela pouvait paraitre étrange, mais depuis qu'il avait quitté l'armée d'Hadès, il avait également reprit gout à la nourriture. Sans opposé de résistance, Silfrid se laissa guidé par son amie. Elle semblait d'ailleurs bien connaitre les lieux. Elle voulait profiter de ce moment avant d'aborder d'autre sujet plus sérieux... C'est vrai, il était stupide. Elle avait besoin de son ami pour penser à autre chose.

" D'accord. " dit-il tout simplement.

Il se laissa donc emporter par sa guide tout en la laissant tenir son bras. Ils marchèrent tranquillement dans la rue principale avant de se faire remarquer par les passant. C'est vrai que dans cette situation on pouvait aisément les confondre avec un couple en balade. Ahina s'enfonça dans de petite ruelle plus sombre et délabré. Même les enfers étaient plus propres... Une fois arrivé à destination, la jeune femme lui lâcha finalement le bras pour entrer dans l'immeuble. Il était en tout aussi mauvais états que tout ceux qu'ils avaient croisés. A l'intérieur tout semblait plus ordonné. Ce n'était pas très grand, même les tavernes de leurs époques étaient plus spacieux. Il était étrange de ne pas voir d'éclairage électrique comme dans la plupart des bâtiments moderne.

A peine entré, un homme se jeta sur son amie pour la soulever par la taille et la faire tourner autour de lui. C'était une façon étrange de saluer une déesse... Mais les humains ne devaient pas être au courant de son statut. Sans rien dire, le prince d'Ivalice observa la scène sans broncher avant d'observer les lieux plus en détails. Ahina avait l'air de bien le connaitre et ils échangèrent quelques mots sans que cela n’attise son intérêt. Le mot chevalier que venait d'employer ce Roberto l'intriguait fortement. Cet homme était donc au courant pour Athéna et ces chevaliers ? Cela ne devait pas être un homme ordinaire.

D'un simple regard froid et distant, le petit fils de Zeus fixa ce fameux Roberto pour le saluer. Kazuki n'était guère bavard et n'avait pas envie d'en savoir plus sur lui. Par contre, on pouvait dire que cet homme était assez imprévisible. Sa forte voix avait raisonné dans ce petit espace pour appeler l'un des siens. A peine installé Ahina avait déjà sa commande en préparation. Vraiment... Silfrid était étonné de la voir ainsi. C'était si différent de son comportement au sanctuaire. Roberto interrogea notre héros sur ce qu'il souhaité manger. Pizza... c'était une spécialité italienne et le nom du gérant semblait également venir de ce pays. Même s'il disait avoir tout en cuisine, le prince d'Ivalice doutait vraiment de sa capacité a pouvoir réunir tout les ingrédient du monde dans sa petite cuisine. Il devait forcément choisir un plat en relation avec l'Italie.

" Des pattes, ajouter ce que vous souhaitez dedans. "

Eh oui, Kazuki n'était pas doué ! Mais au moins il avait le mérite d'essayer. Même si cela faisait un an qu'il était là, il avait encore un peu de mal à s'adresser aux humains. La plupart de sa vie s'était résumé à provoquer et à combattre des ennemis.

" Et... rajouter aussi une bouteille de Wisky, avec des glaçons. "

C'était l'un des breuvage préférait de Rhadamante. C'était le juge de la Wyvern qui l'avait fait découvrir l'alcool et depuis ce jour, il continuait à en boire en la mémoire de son ancien confrère et ami.

" Je vois, ça a l'air d'être un chic type. "

Non pas qu'il était jaloux, mais il trouvait ça étrange qu'un homme vienne attraper sa Ahina par la taille. En attendant que leur plat leur soit servit, le prince d'Ivalice continua d'observer la salle avant de mettre une main dans la poche de sa fine veste. Il n'avait pas un sous ! heureusement que ce Roberto les invités. Le Wisky était arrivé sur la table avec un verre remplit de glaçon. Kazuki attrapa la bouteille pour se servir un verre et faire tourner le breuvage à l'intérieur.

" Il sais que tu es Athéna j'imagine ? D'autre saints pourraient venir ici ? "

Roberto lève un bref sourcil en direction du jeune homme. Il lui propose la MEILLEURE cuisine du monde et l'autre il commande...

« ...des pâtes au Whisky pour le jeune homme Tony ! On vous met un peu de sel dessus ? »

Ahina pouffe de rire tant il est évident que le tenancier du restaurant taquine gentiment Silfrid. A savoir si celui-ci aura le même humour... pas gagné.
Le dit Tony passe une tête au regard éberlué par la porte de la cuisine, semblant se demander si la commande est de nature sérieuse ou si son boss se fout encore de lui. Il finit par hausser les épaules et tourner le dos au trio, bientôt rejoint par Roberto, non sans que celui-ci n'ait oublié de déposer la fameuse bouteille devant son invité.

« Tu bois maintenant ? C'est du propre. »

Lui dit elle en plissant les paupières d'un air faussement inquisiteur.
Cette situation lui semble aussi étrangère que familière. Leurs derniers souvenirs remontent au temps où seul le jus de pomme coulait à flots et, pourtant, ils ont passé les dix dernières années à se mener une guerre totale et absolue, sans le moindre répit.
Finalement... ils se connaissent aussi bien qu'ils se sont perdus de vue, ce qui crée un étonnant mélange de genres.

« En effet, il sait tout ou presque. Du moins il connait le principal de la situation actuelle. Et, concernant les Saints, c'est peu probable. »

Elle lui répond d'une voix franche. Ses mots laissent cependant supposer que ce n'est pas une certitude, mais plutôt une forte possibilité.

« La seule mission en cours actuellement en République Latine, se déroule sur les terres du Sud de l'ancienne Espagne. Nos éclaireurs ont détecté la possible existence d'une poche assez importante de résistance. Deux Saints sont partis il y a environ... une semaine, pour les trouver et voir de quoi il retourne. »

Elle fait une courte pause et accueille Roberto, qui revient avec deux plats fumants, par des exclamations aussi enjouées que bruyantes.
Devant Ahina, il pose une pizza qui fait la moitié de la table. Face à Kazuki, un plat de pâtes pas moins imposant, que le chef a visiblement décidé de cuisiner à sa sauce. Exit les pâtes à l'eau et au sel, si l'on croit les énormes crevettes grillées et la sauce odorante qui se dégage du plat qu'il lui met sous le nez.

« Si il s'avère que ce groupe est bien une résistance qui se dresse contre l'hégémonie actuelle, nous verrons comment les soutenir dans leurs aspirations, d'une manière ou d'une autre. »

Elle lui répond entre deux bouchées, mais elle n'est pas dupe.
Invariablement, et même s'il aspire à faire des efforts, il va constamment ramener le sujet sur la situation actuelle. Où en est le Sanctuaire. Est-elle prête à reprendre les armes.
Alors autant aborder le sujet franchement.

Ahina achève sa pizza en un temps record, alors que son ami en est à peine à la moitié de son plat. Sur un malentendu et si l'on suit le regard qu'elle jette brièvement en direction de la cuisine, on pourrait la croire à deux doigts d'en commander une autre. Pourtant elle n'en fait rien, s'adosse contre la chaise de bois tout en croisant les bras sur sa poitrine.

« Nous sommes encore loin d'être prêts à affronter Hadès Sil. »

Ses iris pers se plantent dans les siens sans détour et c'est avec une franchise sans tache qu'elle lui annonce la situation sans tourner autour du pot.

« Hadès a eu trois longs siècles pour corrompre ce monde et en connaitre les moindres évolutions, sans parler du renforcement de son armée. Nous ne sommes sortis de la distorsion qu'il y a cinq ans, avec tout le lot de complexités que cela a entraîné. »

"Complexités"... le mot est bien en deçà de la réalité. "Catastrophes", conviendrait nettement mieux.

« Tout d'abord nous avons subi de lourdes pertes lors de la dernière Guerre Sainte. A cause des combats, mais aussi parce que tous les chevaliers de cette époque n'ont pas eu la possibilité d'être de retour avant que l'apocalypse d'Hadès ne s'abatte. Certains sont... morts parce qu'ils n'ont pas été prévenus à temps. »

Ca aurait pu être le cas de Silfrid aussi. Ahina lui avait fait parvenir un message lacunaire urgent grâce à Neiya. Mais, si son coeur s'était senti un peu plus léger quand la petite colombe était revenue, elle n'avait finalement pas su qu'il serait là à temps avant de le voir de ses propres yeux au Sanctuaire.

« Puis... certains des chevaliers du 18ème n'ont pas supporté notre défaite et ses conséquences. Assister à la déchéance de la terre et à notre échec, a été pour eux un... véritable traumatisme. Certains ont choisi de quitter l'Ordre. »

Un faible sourire passe rapidement sur son visage, comme si elle lui disait "ça va... ça va...". Mais rien ne va, en définitive. Ou pas grand chose.

« Ceux qui sont restés ont du s'adapter à cette nouvelle époque, et ça n'a pas été facile. Tu l'as expérimenté, tu vois de quoi je parle... Ca prend du temps, pour certains plus que pour d'autres. »

Un bref soupire, puis elle poursuit.

« Et il y a la nouvelle génération. Ils sont volontaires et motivés, mais ils n'ont jamais connu la guerre, malgré les tensions omniprésentes de ce monde. Ils ne savent pas ce que c'est de se battre contre un spectre... alors contre toute l'armée des Enfers, je te laisse imaginer... »

Sauf que lui... il sait. Et il le sait mieux que quiconque.
C'est à ce moment là qu'Ahina plante deux prunelles d'émeraudes dans les siennes. C'est à ce moment que les attributs de Sagesse, de Stratégie et de Guerre qu'elle incarne, prennent tout leur sens.

Elle avance ses mains et enveloppe soigneusement l'une des siennes. Comme si elles couvaient quelque chose de précieux.

« Pour toutes ces raisons, j'ai besoin de toi à mes côtés Sil. Tu dois venir avec moi au Sanctuaire. »

Kazuki se mit à regarder Roberto avec étonnement. Il ne comprenait pas l'humour du propriétaire. Bien sur, il prit la peine de répondre sur un ton calme et tout à fait naturel.

" Avec du sel oui, ça donnera plus de goût. "

C'est sur que des pattes sans sel, ce n'était pas très bon ! Il lui aurait bien demandé de rajouter une sauce avec mais l'homme venait de donner l'ordre à son second de préparer le plat. Bref, au moins il y avait la boisson, d'ailleurs il ne tarda pas à boire le liquide d'une traite.

" Oui. Je bois en la mémoire d'un ami. Rhadamante. C'est lui qui m'a fait découvrir ça. Et à chaque fois que je le fais, j'ai l'impression de le voir assis à coté de moi. "

Rhadamante était le seul véritable ami qu'il avait connu. L'ancien juge de la Wyvern avait été comme un grand frère pour lui. Il lui avait apprit à se contrôler et à s'adresser avec respect. Il était également l'une des seule personne au monde capable d’égaler sa force à cette époque. Dommage qu'il n'avait pas pu rester à ses cotés plus longtemps. Pour en revenir à Roberto, l'homme était donc au courant du statut de déesse d'Ahina et pourtant il se comportait comme si elle n'était qu'une jeune femme ordinaire. Au fond de lui, Kazuki préférait aussi voir son amie comme ça. S'en suivit un petit résumé de la situation où des rebellions se formés pour lutter contre Hadès. Que pouvaient-ils faire face au dieu des ténèbres ? Ce genre de résistance était voué à l'échec, cependant, elle pouvait redonner courage à certains.

Enfin, les plats venaient d'être servit. Ahina se jeta sur sa pizza pour la dévorer. Elle était énorme... Silfrid se demandait où allait toute cette nourriture ? Elle n'avait pas l'air d'avoir prit du poids pourtant. L'assiette du jeune homme était bien garni, ce n'était pas ce qu'il avait commandé mais il apprécié le geste de Roberto. Délicatement, Kazuki attrapa la fourchette pour débuter son diner. C'était très bon, il y avait de nombreuse saveur qu'il avait oublié. Lorsqu'il était spectre, il ne prenait jamais le temps de manger de la sorte. Toujours à l'écoute et après à peine quelques bouchée il remarqua l'assiette vide d'Ahina... Non mais... en plus d'envoyer la nourriture dans une autre dimension à l'intérieur de son corps, elle était parvenu à la terminer en un temps record.

Il se doutait que le sanctuaire n'était pas prêts à affronter Hadès. Il valait peut-être même mieux oublier cette idée. Hadès était devenu bien trop puissant, des spectres comme Alessio ou Setesh avaient surement encore gagné en force tandis que les saints et Silfrid étaient resté prisonnier quelques siècles. Les yeux rivés vers les siens, il est content de voir que son amie partage le même avis que lui. La nouvelle génération était bien trop tendre selon elle, car en effet, aucun d'entre eux ne connaissait la violence d'une guerre sainte. Il savait qu'elle finirait par en arriver là. A cette demande fatidique. Le prince d'Ivalice laissa échapper un léger soupir avant de reprendre sa fourchette et de se concentrer sur son plat et sa boisson. Sans lui donner un seul regard il répondit sèchement.

" Non. "

Sans la regarder il continua de manger avant de terminer son plat. Se servant une nouvelle fois un verre il reprit avec ce même état d'esprit.

" Je n'ai pas l'intention de rejoindre tes rangs. Et puis, je ne pense pas que les saints accepterons d'avoir l'ex juge du Garuda à leurs côtés."

~ Je m'occuperais d'Hadès et de son armée... tout seul. ~

Une fois le breuvage dans son verre, le petit fils de Zeus se mit à boire le contenue tout en restant un peu plus distant. Rester proche d'Ahina la condamnerait. Tout comme ceux qui l'avait approché de trop près. Il avait récupéré ses souvenirs et il n'avait pas l'intention de perdre la dernière personne qui comptait pour lui.

" Hadès est sans doute toujours accompagnées des dieux jumeaux et d'Alessio. Pour Thanatos, je suis certain qu'il a continué à progresser malgré son statut de dieu. Tu ne pourras jamais gagné contre eux. "

~ C'est moi qui le ferais, c'est à mon tour de me battre et de me sacrifier pour les autres. ~

Le verre vide posé sur la table. Il observa la réaction de son amie en la fixant cette fois droit dans les yeux. Ahina avait ses saints pour la soutenir, elle se relèvera quoiqu'il arrive. Il y aura toujours quelqu'un à ses cotés contrairement à Kazuki. Elle n'avait pas besoin de s'occuper de lui, elle ne lui devait rien.

Il y a des moments où la simple évocation d'un nom peut causer plus de dégâts que la plus infamante des insultes crachée en plein visage. Un nom. Porteur d'une personnalité. Porteur d'un passé. Porteur d'actes et de mots. Porteur de conséquences.

Rhadamante.

Elle fait tout pour prendre sur elle, mais sa main tressaute sans le vouloir et les dents de métal de sa fourchette cognent abruptement contre le rebord de son assiette, engendrant un tintement aussi sec que subit.

Rhadamante.

Celui qui habitait l'esprit brisé de Dante en une aberration qu'aucun mot ne saurait qualifier à la hauteur de ce qu'elle était. Une aberration qui était présente lorsque Dante a chassé le dernier souffle de vie des lèvres de celle qu'Hevruka aimait le plus au monde. Et bien qu'elle n'ait jamais eu la certitude qu'il était bien présent ce jour là, guidant la main d'un Dante pas moins fou que lui, elle ne peut l'écarter.

Kazuki était ami avec cet homme là... avec ce... psychopathe.

Elle déglutit et avale son verre de jus de pomme presque cul sec, essayant de faire en sorte que son trouble ne passe inaperçu. Que penserait-il... comment réagirait il... s'il savait qu'elle avait irrémédiablement détruit l'âme et l'esprit de son "ami" pour l'éternité lors de la Guerre Sainte de 1756... Ahina ne sort pas facilement de ses gongs. On ne l'a pousse pas si facilement que cela dans ses derniers retranchements. Mais... ce jour là... au fin fond des Enfers alors qu'Hadès avait envoyé l'intégralité de ses troupes à la poursuite de Scareface et Ahina, elle avait tout lâché.

Des années de colère. Des siècles d'angoisse.
Elle avait libéré l'Athéna Exclamation et Dante, tout aussi bien que l'esprit malade qui l'habitait, en avaient fait les frais. Mais pour que son ami lance si légèrement le sujet, c'est qu'il l'ignore. Et elle ne compte pas le lui révéler aujourd'hui.

« Je vois. »

Elle répond d'un ton un peu plus sec qu'elle l'aurait souhaité, lorsqu'il ponctue que c'est comme si Rhadamante était près de lui. S'il était vraiment là... elle ne resterait pas paisiblement assise sur sa chaise à déguster sa pizza. S'il était vraiment là... son corps serait déjà paré de son armure divine et elle pointerait son sceptre dans sa direction. S'il était vraiment là... elle devrait acheter un autre restaurant à Roberto.

Mais elle prend sur elle du mieux qu'elle le peut, même s'il semble évident qu'elle s'est refermée comme une huitre aux derniers mots qu'il a prononcés. Le temps de finir de manger, un silence s'installe entre eux. Le temps pour elle de se recentrer. Puis le verdict tombe et Ahina extirpe un soupir. "Non".

« Tu n'as même pas pris une minute pour y réfléchir. »

Le reproche est à peine voilé, alors qu'elle arque un sourcil tout en le fixant.
Elle balaye l'argument suivant d'un revers de la main.

« Laisse les Saints en dehors de ça et ne prends pas prétexte d'eux pour justifier ton refus. Tu ne sais même pas ce qu'ils en pensent. »

Elle non plus, et pour cause, elle a soigneusement évité le sujet jusqu'à présent. Même Damian n'en sait rien. Aucun Saint ne sait qui est exactement Kazuki, ni même qu'il a déserté les Enfers. Damian et quelques Chevaliers d'Or se demandent clairement où il a pu passer, mais la surveillance des Juges n'est pas dans leurs priorités absolues pour le moment, même s'ils font leur maximum pour assurer une surveillance aussi efficace que possible de l'armée des Enfers.

Quoi qu'il en soit, elle ne leur en a pas parlé car cela s'était avéré inutile jusqu'à présent. Elle leur en parlera... quand il dira oui. Pas avant.

Le poing d'Ahina s'abat sèchement sur la table lorsqu'il conclut.

« Tu as la mémoire courte Sil ! Cela fait des millénaires que la Terre et les Saints l'emportent sur Hadès. Des millénaires ! Dans toute l'histoire de l'humanité, c'est la première fois qu'il parvient à prendre le contrôle du monde. Jusqu'à aujourd'hui je n'avais jamais failli, jamais ! J'ai protégé la Terre de toute mon âme et de toute mes forces jusqu'à en mourir ! Les Saints également ! Cette fois... c'était différent... tu n'as pas vu, tu ne sais pas... Hadès il... je ne sais pas comment il a fait... Mais il s'est passé quelque chose et, crois moi, nous allons découvrir quoi. »

Des larmes de colère et de remord perlent au fond de son regard. Sans le vouloir, il vient de la blesser de la plus cruelle des manière en lui jetant leur incompétence de 1757 en plein visage.

« Je te connais, sur ce point tu n'as pas changé. Tu crois vraiment que tu vas vaincre les Enfers à toi tout seul, quand une Déesse Majeure et 88 Saints n'y sont pas parvenus ? Tu es fort, oui. Mais pas à ce point. »

Ahina fait une pause, inspirant plusieurs fois, comme si l'air était devenu soudainement trop lourd pour pénétrer correctement son corps et s'infiltrer jusqu'à ses poumons.
Elle passe une main sur son visage en relâchant un soupir.

« La flagellation ne te va pas du tout. »

Ces quelques mots s'échappent dans un murmure. Sa main, qu'elle avait lâchée quand il lui avait rappelé leur cuisante défaite, se repose sur la sienne, qu'elle sert un peu plus fort.

« Tu n'y arriveras jamais seul... Sil... tu as passé ces dernières années, avant et depuis la distorsion... à être seul... Cela doit cesser. »

Elle refoule un sanglot laborieusement, puis pose un regard attristé sur son ami.

« On ne gagne jamais rien à être seul Sil... jamais rien... tu finiras simplement par mourir, toi aussi... et la partie d'Ichor qui sommeille en toi ne t'en préservera pas. Alors, s'il te plaît... reconsidère ta décision. Ne... »

...me tourne pas le dos.

En effet, rester auprès d'Athéna était quelque chose qui le terrifié au plus haut point. Imaginer que de part sa présence il pourrait perdre une nouvelle personne si chère à ses yeux. Il n'avait même pas songé à accepter une seule seconde pour son bien. Kazuki était voué à finir sa vie seul, sans ça, il risquait encore d'être la cible de cette malédiction qui lui retirer toutes les personnes qui lui étaient importante. Il se contenta de boire et de retourner son attention en direction de son verre et de son contenant avant de répondre calmement.

" Détrompe toi, cela fait un an maintenant que j'y ai réfléchis. "

Oh que si, il le sais. Athéna était la personne la plus influente du sanctuaire. Elle pouvait faire accepter qui elle souhaitait auprès d'elle. Cela ne signifiait pas pour autant que les autres serait de cet avis même s'ils n'auraient au final pas d'autre choix que de s'y plier. Alors qu'il venait de reposer son verre, celui-ci fit renverser par le poing d'Athéna sur la table. Il releva la tête pour voir le regard de son amie qui semblait vexé.

En effet, Hadès avait surement utiliser un moyen "interdit" pour réussir à vaincre le monde sans sourciller. Alors qu'il pensait être la pièce maitresse du sombre monarque pour l'aider à parvenir à ces fins, le prince d'Ivalice n'avait jamais réussi à vaincre définitivement leurs ennemis. Ahina voulait sans doute éviter que cela ne se reproduise en essayant de découvrir tout ça. Le visage de Kazuki se détourna de celui de son amie. En réalité... depuis un an maintenant, notre héros n'avait pas pensé à tout ça. Comment Hadès était parvenu à un tel résultat ?... il s'en fichait un peu, c'était égoïste de sa part. Il ne cherchait plus qu'une chose, c'était la vengeance et sa propre mort. Ahina n'avait pas le droit d'avoir ce genre de pensée, elle devait continuellement se battre pour la terre. C'était son devoir.

" Ahina... "

Les poings serrés, le prince d'Ivalice les posa sur la table en baissant la tête. Il était lui aussi totalement perdu. Tout ce temps a ressassé le passé lui avait tourmenter l'esprit.

" Hadès... c'est bien fichu de nous... Il n'a jamais pris en considération les souhaits de chacun. Il c'est juste servit de moi et de ma haine pour combattre les dieux et ces ennemis. Il... il a tué Lenalee avec toute ces conneries ! Il n'a même pas prit la peine de la sauver. Je veux juste... Je veux juste le tuer ! et... disparaitre. "

Même si il avait le sentiment que sa petite soeur n'accepterais pas son choix. Son sentiment de culpabilité et de colère était bien trop fort pour lutter contre. Il n'arrivait pas à se sortir tout ça de son esprit.

" Je n'ai toujours pas trouvé de réponse... à ma rédemption, si ce n'est la mort. J'ai fait tellement de mal Ahina... Je ne mérite plus de recevoir d'amour. "

Ahina observe son ami avec une attention non feinte. Elle prend garde. A ses gestes, à ses mots, à sa posture, au moindre mouvement de sourcils, au plus petit frémissement de paupières. Mais Kazuki ne lui rend pas la tache facile. Il a appris, il y a bien longtemps, à occulter ses sentiments, à enfouir très profondément la plus petite émotion qui pourrait le parcourir. Est-ce ainsi que l'on survit en Enfers.

Il a toujours été avare de ce côté là, aussi loin que ses souvenirs retrouvés lui permettent de remonter. Mais... il est également évident que son long séjour au Royaume des Enfers, ainsi que les responsabilités qui pesaient sur ses épaules à cette époque, n'ont rien arrangé, bien au contraire.

Ahina.

Le nom résonne presque comme un glas à cet instant. Du moins... est-ce l'effet qu'il lui procure. Et alors que Roberto passe la tête par la porte de la cuisine pour savoir s'ils ont besoin d'autre chose, la jeune femme lui jette un regard autrement plus explicite afin qu'il ne perturbe surtout pas ce moment. Comprenant que la discussion, à défaut de tourner court, semble arpenter un terrain dangereusement miné, le patron fait demi tour et referme la porte derrière lui dans une discrétion absolue.

Elle reporte immédiatement son attention sur son ami, écoutant ce qu'il a à lui dire, bien que le rouge qui empourpre ses joues laisse sous entendre toute la contrariété qu'engendrent les mots qu'il lui adresse. Son regard se voile un instant lorsqu'il mentionne Lenalee. Elle y a pensé... souvent... depuis qu'elle est sortie de la distorsion. Tout comme elle a souvent pensé à Velvet. Si elles étaient encore au service d'Hadès, il se pouvait qu'elles aient survécu.
Et si le sort de la seconde reste encore en suspend, Silfrid vient d'abattre sans ménagement celui de Lenalee sous ses yeux.

Pourtant elle reste stoïque, le dos droit sur sa chaise, son regard pers compatissant planté sur son ami.

« Hadès ne s'est jamais soucié que de lui-même et des objectifs qu'il désire atteindre. »

Comment se peut il que tu ne le découvres que maintenant...

Ces mots ne restent pas coincés dans sa gorge, car elle choisit de ne pas les prononcer. Tout ce temps... la vengeance et la rage l'aveuglaient tellement, qu'il n'a pas été en mesure de le percevoir, alors qu'il a passé tant d'années à côtoyer le Sombre Monarque, sans doute presque au quotidien vu son rang de Juge.

La crédulité de Kazuki pourrait prêter à rire, dans d'autres circonstances. Mais pas aujourd'hui. Car elle perçoit très clairement... à quel point ce constat le remplit d'aigreur, d'amertume, et alimente un peu plus sa colère.

« Tu ne parviendras jamais à tuer Hadès. »

Le constat s'abat sans ménagement, sans fioritures et, pourtant, aucune méchanceté, aucune dureté ni sècheresse dans le timbre de sa voix.

« Nous pourrons l'emprisonner, nous pourrons le sceller. »

"Tu" ne parviendras à rien seul. "Nous" pourrons cependant trouver une solution. Ensemble. Est-ce le message qu'elle tente tant bien que mal de lui faire entendre.

« Si tu tentes de le tuer, la seule chose que tu gagneras sera d'y laisser ta peau. Tu mourras pour rien. Tu n'auras vengé personne. Tu n'auras pas réparé le moindre tort. C'est vraiment ce que tu veux ? »

Ahina se penche au-dessus de la table et saisit ses mains dans les siennes.

« Kazuki... Silfrid... quel que soit le nom que tu veux te donner aujourd'hui, je t'en conjure, tu dois m'écouter. Crois au moins aux millénaires d'expérience que j'ai acquis lorsque je me suis réincarnée en ce monde. Cela fait des milliers d'années que j'essaie de détruire Hadès. De le détruire sans retour possible. Et cela fait hélas bien longtemps que j'en ai acquis la certitude. Hadès... ne peut être tué, pas de manière définitive en tout cas. »

Elle esquisse un sourire amusé, qui peut paraitre complètement incongru dans cette situation, alors qu'elle ajoute.

« La bonne nouvelle, c'est qu'il ne peut pas me tuer non plus. Du moins... pas mon âme, qui se réincarnera quoi qu'il arrive. »

En ce qui concerne le corps... si. Bien sûr qu'il le peut... car l'enveloppe choisie par Athéna reste mortelle. Et, par conséquent, peut être détruite. Athéna ne mourra pas. Ahina, en revanche...

« Tu veux réparer tes erreurs ? Tu veux faire acte de rédemption ? Accompagne moi au Sanctuaire Sacré. Rencontre les Chevaliers d'or. Prouve à tout le monde que tu seras bientôt la grande force du Sanctuaire. Que tu es prêt à te battre à nos côtés. Pour protéger la terre, pour protéger les humais, pour... me protéger. Sil... il ne me reste plus que toi. Et il ne te reste plus que moi. Tu es vraiment prêt à y renoncer pour une histoire d'égo ? »

Ce n'est pas très fairplay, mais elle appuie intentionnellement sur la corde sensible.
Il doit changer d'avis. Il le doit...

Peut-on dire qu'il a été manipulé ? Hadès avait ces objectifs et lui les siens... Tout deux avaient pour but d’annihiler les autres dieux. Le surplis du Garuda lui avait permit de révélé tout son potentiel et grâce à cela il avait pu assouvir sa soif de vengeance, mais comme tout être avare, sa haine avait prit de l'ampleur avec le temps. Il n'avait pas seulement voulu se venger, il voulait voir la souffrance se dessiner sur le visage des dieux. Dans un sens... Kazuki s'était aussi servit d'Hadès pour obtenir ce qu'il désirait. En un mot, tout était de sa faute. Il voulait encore une fois tout rejeter sur les autres, mais il en était bien la cause.

Grâce à sa force et à son statut, le prince d'Ivalice avait déjà fait trembler les dieux de part son caractère et sa nature. Il en avait vaincu plusieurs, mais comme Ahina le noté si bien, aucun d'entre eux n'avait périt de manière définitif. Les dieux revenaient sans cesse... Frapper le corps du sombre monarque lui procurerais surement un certain plaisir à cet instant, mais hélas cela ne serait que temporaire. A quoi bon se venger de lui si c'était pour de nouveau perdre quelqu’un derrière ? Peut-être devait-il enfin grandir et murir et apprendre à réfléchir avant d'agir. Néanmoins... il ne souhaitait pas vivre en communauté. Il serait tellement plus simple de mourir maintenant et de tout arrêter, mais est-ce que cela résoudrait le problème ? Ahina... survivrait-elle sans lui ? Face à tout ces ennemis...

" Qu'est-ce que tu raconte... ce n'est pas du tout une bonne nouvelle qu'il ne puisse pas détruire ton âme... je me moque d'Athéna. Ce qui m'importe c'est toi Ahina. "

Les poings serré a travers ceux d'Ahina, le petit fils de Zeus a les yeux porté vers la table. Le regard vide... mais seulement pendant un instant. Silfrid est l'ainée... il doit montrer l'exmple et se comporter comme tel. S'apitoyer sur son sorts ne changera rien. Lenalee lui a délivré un dernier message... ne pas se venger mais protéger. La vengeance ne lui a apporter que malheurs et tristesse. Même si c'était dur, il devait maintenant vivre avec ce poids sur les épaules.

" Je n'ai pas l'intention d'être ami avec tes chevaliers ou de me battre à leur coté. Je ne souhaite pas être pardonné. Je n'ai pas d'excuse pour tout ce que j'ai fait. "

Les mains de Kazuki se soulève en même temps que son regard. Il pose ceux d'Ahina sur la table avec délicatesse. Il ne trouverait pas de réponse à se morfondre sur lui même, s'il y avait encore des gens qui croyait en lui... alors c'était surement eux qu'il devait suivre et aider.

" Ahina... je ne pense pas être capable de protéger la terre ou les humains, mais toi... c'est différent, je suis certain que tu y arriveras. Je suis ton garde du corps non ? Et... comme tout bon garde du corps je me dois de te suivre et de te protéger, je serais là ou tu iras. "

C'était une façon détourné de lui dire qu'il acceptait de la suivre au sanctuaire. Non pas pour porter le masque de super héros, mais seulement pour protéger la dernière personne encore en vie qu'il aimait.

~ Cette fois... je n'échouerais pas. ~

Une expression contrite se peint sur les traits fins de la jeune femme lorsqu'il lui rappelle que la seule chose qui lui importe, c'est elle, Ahina, et non pas Athéna.
Un soupir s'extirpe de sa poitrine alors qu'elle plaque doucement sa main sur son front, relevant son épaisse frange claire tout en fermant les paupières quelques brèves secondes.

« Nous avons déjà eu cette conversation... tu te souviens... »

Lâche t'elle dans un souffle, alors que ses yeux se reposent dans les siens.

« Il y a deux cents soixante trois ans pour être précise... »

Pour Kazuki, c'était hier. Pour Ahina, il y a cinq ans. Mais... en définitive, au regard du monde, cela fait bien plus longtemps que cela, même s'il s'est écoulé de manière différente pour chacun d'eux. Elle esquisse un sourire un peu blasé.

« Athéna et moi sommes indissociables. Car nous ne formons qu'une. Tu... dois te faire à cette idée. »

Un pâle sourire illumine brièvement ses traits quand il poursuit. Evidemment, qu'il y mette autant de mauvaise volonté la dépasse un peu. Bien que, dans un sens, elle croit commencer à comprendre ce qu'il se passe vraiment dans sa tête. D'un côté, il veut se racheter. Il aspire terriblement à rattraper les erreurs et les atrocités qu'il a commises par le passé. Mais... d'un autre côté, il a sa fierté, et n'est pas prêt à demander pardon, du moins... pas aux Saints.
Ce qui va invariablement poser problème, cela elle en est certaine.

Cependant... chaque chose en son temps. Dans une certaine mesure, il est en train de changer d'avis. Ses mots laissent sous entendre qu'il est prêt à rejoindre le Sanctuaire, même s'il annonce clairement qu'il n'est pas dans ses intentions de faire ami ami avec ses Chevaliers.
Une étape semble doucement se franchir.

« Oh si... tu en es capable, crois moi. Et plus encore. »

Elle lui adresse ces quelques mots dans un sourire que se veut beaucoup plus franc. Plus encourageant aussi.

« Tu es l'un des guerriers parmi les plus forts qu'il m'ait été donné de rencontrer Sil. Et lorsqu'une armure d'Or t'aura choisi comme porteur, tu comprendras alors à quel point j'étais dans le vrai. »

Car elle en est certaine. Peut-être pas aujourd'hui. Sans doute pas demain. Mais cela arrivera. Qu'il le croit ou non. Qu'il le souhaite ou non. Un jour viendra... où une constellation le choisira. Lui, et lui seul.

« Roberto, tu peux prévenir Graad que je retourne au Sanctuaire ? »

L'imposante tête du tenancier passe par l'entrebâillement de la porte en acquiesçant, puis disparait de nouveau, alors qu'Ahina repose les yeux sur son ami.

« Je dois y aller. Les Saints vont finir par faire une syncope si je m'absente trop longtemps. Ne t'en fais pas pour moi, la Fondation me protègera jusqu'au Sanctuaire. La machine est bien huilée sur ce point désormais. »

Elle le rassure dans un sourire, alors qu'elle repousse la chaise, se lève et fait le tour de la table pour se diriger vers lui. Dans son dos, ses bras s'enroulent autour de ses épaules alors qu'elle se penche pour déposer un baiser sur sa joue.

« Je dois parler avec l'ancienne génération de Saints, celle qui te connait, et le Grand Pope. Je t'envoie Neiya dès que c'est fait. D'ici là, prends garde à toi veux-tu. Les Enfers te cherchent partout d'après ce que nos espions nous ont rapporté. Alors reste vigilant... »