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 [FB Solo (1747)] Le prix de la loyauté

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MessageSujet: [FB Solo (1747)] Le prix de la loyauté   [FB Solo (1747)] Le prix de la loyauté EmptyDim 19 Avr 2020 - 20:04

Brandebourg, Prusse Occidentale, 1747

Quel est le prix de la loyauté ?

Un sang chaud ruisselait sur le poignet de Helmwig alors que cette pensée, depuis longtemps parasite, lui traversait l'esprit. Était-ce bien le moment de penser à cela, alors que la lame du poignard qu'il tenait fermement dans son immense poing s'enfonçait inexorablement entre les vertèbres d'un homme ? Sans doute y pensait-il car ce malheureux, dont les derniers souffles s'échappaient en un gargouillis mêlant son sang à ses hurlements de douleurs, étouffés par l'autre main du géant prussien fermement plaquée contre sa bouche, se trouvait dans une telle situation à cause d'un flagrant manque de loyauté. Un officier de réserve avait surpris cet homme à farfouiller dans des documents classés secrets par les autorités du royaume, et une enquête discrète avait rapidement mis en lumière ses actes d'espionnage au profit du royaume d'Autriche. Problème, il s'agissait d'un magistrat de haut rang que l'étiquette, ainsi que ses nombreuses relations, auraient préservé d'une sentence à la hauteur de son crime, s'il avait été confronté à un procès régulier. Alors, on avait envoyé Helmwig Schmeisser, officier quarantenaire et agent spécial au service de Sa Majesté le roi de Prusse, appliquer au traître une sentence expéditive mais tout à fait adaptée.

Alors que le corps du condamné retombait lentement au sol, retenu par la ferme poigne du prussien, et que les ultimes contractions réflexes de ses organes terminaient d'expulser un ruisseau de sang par sa bouche, Helmwig se fit la réflexion que cet homme ne payait pas ici le prix de la loyauté, bien au contraire. Penser à cette question maintenant ne lui serait donc d'aucune utilité.

---

- Alors ?

Le regard froid et inquisiteur de Manfred Von Germar, coordinateur des affaires intérieures au service du trône de Prusse, s'était figé sur Helmwig à la seconde où il avait passé la porte de son bureau. Le géant prussien se figea au garde-à-vous devant la table chargée de documents officiels de Germar, bien que son grade et son statut ne l'y obligeât aucunement. Mais ce jeune loup aux dents longues s'était posté en figure hiérarchique, et Helmwig, subalterne convaincu, n'y voyait aucun inconvénient.

- L'affaire est réglée.

- Fort bien.

Helmwig vit Germar chercher un dossier dans une pile de documents, le trouver, et l'en extirper. Le dossier entre les mains, il se leva, et fit quelques pas en direction de la cheminée crépitante qui chauffait son espace de travail en ce rude hiver.

- Rien à relever ?

- Rien.

Germar hocha la tête en signe de satisfaction, et d'un geste nonchalant, jeta le dossier dans les flammes. Le dossier judiciaire du traître, qui n'était à présent plus d'aucune utilité. L'affaire réglée à tous les niveaux, Helmwig s'apprêta à prendre congé.

- Sur ce...

- Un instant.

Helmwig posa un regard à peine interrogateur sur Germar, qui fit quelques pas dans sa direction.

- J'ai un autre travail pour toi. Tu n'auras pas à te salir les mains cette fois. En tous cas je l'espère.

Helmwig resta muet, se contentant d'attendre ses directives.

- Erika Von Rosenham, une jeune comtesse de Bavière, doit se rendre en Brandebourg prochainement pour... mondanités. J'attends de toi que tu ailles la chercher, et que tu l'escortes jusqu'ici. Il ne doit rien lui arriver, pas même une foulure.

- Son Altesse approuve ?

- Naturellement. Sinon je ne t'en parlerais pas.

Helmwig hocha la tête. Il œuvrait d'ordinaire sous les ordres directs du trône de Prusse, mais il n'était pas rare que des intermédiaires lui confient des missions dont Frédéric le Grand ne pouvait se préoccuper lui-même. Germar était l'un d'entre eux, et l'un des plus réguliers auquel Helmwig avait affaire ces derniers temps. Le Roi semblait lui faire confiance, aussi le géant prussien faisait-il de même.

- Pars dès que possible. Il faut qu'elle parvienne à la capitale dans une semaine, dernier délai.

Helmwig s'inclina, signifiant son approbation, et disparut sans un mot supplémentaire. Faire du baby-sitting en Bavière, voilà qui n'était pas dans ses habitudes, mais qui aurait le mérite de lui changer les idées.
Le voyage en calèche jusqu'en Bavière fut, comme d'ordinaire, une formalité. Un voyage long et pénible, dont Helmwig avait toutefois l'habitude, et qui pouvait malgré tout trouver intérêt dans les magnifiques paysages montagnards de Prusse méridionale. Quand le vieil homme ne dormait pas, il demeurait silencieux et fixait le paysage, profitant de n'avoir à adresser la parole à personne. Bavarder était probablement l'un des exercices qui lui était le plus pénible, aussi était-il reconnaissant à son cocher de ne lui parler que pour lui annoncer les étapes. A raison de onze heures de route par jour, le convoi parvint en Bavière en une semaine.


Dernière édition par Helmwig le Lun 20 Avr 2020 - 23:11, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: [FB Solo (1747)] Le prix de la loyauté   [FB Solo (1747)] Le prix de la loyauté EmptyLun 20 Avr 2020 - 12:46

Le domaine des Von Rosenham trônait au sommet d'un mont des Alpes, perdu dans un océan de sapins couverts de neige le plus clair de l'année. Ce n'était pas le cas à cet instant, car les beaux jours revenaient ; aussi seuls les plus hauts sommets, visibles à la lisière de l'horizon, restaient-ils blancs. Mais la fraîcheur de l'altitude, mêlée à l'odeur prenante de la sève des conifères, laissait planer dans l'atmosphère une ambiance hivernale. Le silence de la montagne frappa Helmwig lorsque sa calèche stoppa devant le château. Si la gouvernante ne l'attendait pas sur le parvis, il aurait pu croire que le domaine était à l'abandon.

Helmwig descendit promptement de la diligence, et tandis que son cocher déchargeait son unique bagage, il s'inclina devant la gouvernante. En tant qu'homme de main, il se faisait un principe de toujours se montrer respectueux, même envers les serviteurs. La jeune femme sembla surprise par sa politesse, mais lui rendit toutefois sa courbette en souriant.

- Messire Schmeisser, Herr Von Rosenham et sa fille vous attendent.

Helmwig fut guidé jusqu'à l'intérieur du domaine, qui brillait par sa sobriété. Les pierres blanches impeccablement taillées dont était constitué le château lui donnaient un aspect des plus purs. Une unique tour trônait à l’extrémité de l'une de ses ailes, sinon parfaitement symétriques. La fine bande de pelouse entourant les murs, elle-même cerclée d'un tapis de gravier, était impeccablement entretenue. Aucune fleur ni aucun buisson ne venait briser la régularité du gazon.

La porte du château était en sapin ouvragé, un bois brut et sombre qui contrastait avec la blancheur de ses murs. Dans le hall d'entrée, les décorations habituellement dorées et colorées des demeures de la noblesse étaient sobres, et plutôt dans des tons argentés et pâles. Un unique lustre en cristal pendait au plafond, au-dessus d'un escalier central recouvert d'un tapis, non pas rouge comme d'accoutumée, mais bleu pâle. En haut des marches, un homme d'un certain âge, probablement une cinquantaine bien entamée, aux favoris garnis et à l'épaisse moustache, vêtu d'une redingote blanche au pantalon assorti, et d'un gilet bleu. A son côté, une jeune femme aux cheveux d'un blond si clair qu'ils semblaient blancs, portant une robe simple, sans armature, rose pâle rehaussée de blanc. Helmwig s'inclina, tandis que le maître des lieux entreprenait de descendre les escaliers.

- Herr Schmeisser, je présume. Manfred m'avait dit que vous arriveriez vite, mais vous n'avez véritablement pas traîné en route semble-t-il.

Le vieil homme tendit la main à Helmwig, qui n'était pas habitué à ce genre de faveurs de la part des riches aristocrates. Les nobles tendaient plutôt à garder leurs distances avec les exécutants, mais celui-ci semblait bien plus avenant. Il lui rendit une poignée de main solide.

- Messire Von Rosenham. Mon principe est de n'être que la garantie que vos désirs seront exaucés.

- Voilà un principe respectable. Allons, Erika, descends ! Herr Schmeisser est là pour toi, je te rappelle.

La jeune femme, qui était donc sa cliente, descendit à son tour les marches d'un pas léger. Elle souriait doucement, et chacun de ses gestes était d'une élégance, d'une souplesse et d'une légèreté qui contrastait nettement avec le pas lourd et appuyé du maître de maison. Une fois à sa hauteur, elle effectua une révérence et tendit sa main, dos vers le ciel. Ce geste surprit Helmwig. Effectuer une révérence était un signe de respect, tandis que réclamer un baisemain était plutôt une façon d'en obtenir. Ces deux gestes très protocolaires n'allaient généralement pas ensemble. Toutefois, Helmwig, après un court instant de surprise, passa sa main sous celle de la jeune femme, n'entrant que très légèrement en contact avec elle. Ses doigts fins et délicats semblaient être ceux d'une poupée par rapport à sa main gigantesque, tannée et endurcie par une vie militaire. Il s'inclina, et frôla de ses lèvres le dos de cette main si pure. En se redressant, il ne put s'empêcher se dévisager la jeune femme, l'espace d'un court instant. La pâleur de sa peau rehaussait son maquillage extrêmement léger ; tout juste un peu de rose sur ses lèvres étroites et ses pommettes très peu marquées. Ses joues arrondissaient parfaitement un visage que son menton et son nez très fins auraient pu risquer de rendre rigide. Ses cheveux longs étaient coiffés en deux tresses partant de ses tempes et se rejoignant au-dessus de sa nuque. Quant à ses yeux, tout juste rehaussés d'un fard à peine perceptible, leur éclat était inexplicable pour Helmwig. Ces yeux fins et légèrement cernés étaient d'un gris extrêmement clair, et semblaient presque vides. Pourtant, la profondeur du regard de la jeune femme semblait percer jusqu'à son âme la plus profonde. Ces yeux exprimaient mille pensées à la fois, malgré leur teinte des plus pâle.
Lorsque les fines lèvres d'Erika Von Rosenham s'animèrent, il sembla à Helmwig qu'il était tiré d'un songe qui durait depuis de longues heures.

- Ravie de vous rencontrer, Herr Schmeisser. Je suis Erika Von Rosenham. Je vous remercie de votre venue.

Sa voix était pure comme le silence des montagnes. Même les consonnes les plus marquées du dur langage germanique ondulaient et glissaient harmonieusement en chaque mot quelle prononçait. La voix beaucoup plus lourde de son père sembla briser l'instant comme une charge de rhinocéros dans un champ de pissenlits en aigrettes.

- Ma chère fille sera donc sous votre protection jusqu'en Brandebourg. Nous ne vous attendions que dans quelques jours, il vous faudra donc demeurer ici le temps que nous terminions les préparatifs. J'espère que cela ne vous pose pas de problème.

Helmwig prit un quart de seconde pour détacher les yeux du visage d'Erika, avant de les tourner vers son père. C'était plus de temps qu'il ne lui en avait jamais fallu pour répondre à une question.

- C'est à moi de vous demander pardon pour être venu trop tôt. Je vous remercie infiniment pour votre invitation et vous assure que je ne vous gênerai en aucun cas.

- Allons, allons. Vous ne me gênez pas. Les amis de Manfred sont mes amis. Gerthilde ! Montrez sa chambre à Herr Schmeisser.

La domestique qui l'avait accueilli plus tôt s'inclina, et fit signe à Helmwig de la suivre. Il salua respectueusement le maître de maison, et tourna à nouveau son regard vers Erika pour en faire de même. La jeune femme lui adressa un sourire d'une douceur qui ne manqua pas de le désarçonner. Tâchant de ne rien en montrer, il emboîta le pas de la gouvernante et gravit les marches du manoir en direction de ses quartiers.
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MessageSujet: Re: [FB Solo (1747)] Le prix de la loyauté   [FB Solo (1747)] Le prix de la loyauté EmptyLun 20 Avr 2020 - 23:06

Helmwig n'avait pas véritablement prévu de loger au domaine de ses clients. Même s'il doutait que quoi que ce soit n'arrive à Erika dans ce manoir isolé du reste du monde, il n'aimait pas les imprévus. Sa frustration n'en était que plus grande qu'il se sentait étrangement déconcentré. Il avait déjà mené de nombreuses missions d'escorte rapprochée, et peu importe la personne qu'il devait protéger, il avait toujours fait de la mission en elle-même le centre de ses préoccupations. Mais depuis qu'il était arrivé au manoir Rosenham, il ne pouvait penser à quoi que ce soit sans que le visage d'Erika ne lui revienne à l'esprit. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait, et cette incompréhension l'agaçait. Envisageant que le long trajet qu'il venait de supporter était à l'origine de son trouble, il entreprit de sortir sur le balcon de sa chambre, pour respirer à pleine poumons l'air vivifiant de la montagne. Accoudé à la rembarde, il fixait l'horizon, tâchant de se vider l'esprit. Un vent délicat soufflait sur le domaine, faisant danser la pointe des pins, sifflant doucement entre leurs branches. Un murmure qui n'était pas sans rappeler à Helmwig la voix à la fois légère et profonde d'Erika.

Il secoua la tête. Il ne pouvait décidément pas se l'ôter de l'esprit...

- Herr Schmeisser ? Vous m'entendez ?

Helmwig cligna des yeux, avant de baisser son regard vers le jardin en contrebas. Il y vit la jeune femme, qui lui faisait signe de la main.

- Ah, j'ai craint que vous ne m'ayez pas remarquée. Voulez-vous que je vous fasse visiter notre domaine ?

Il entendait donc véritablement sa voix. Ce constat lui était aussi surprenant qu'insupportable, car s'il en était au point de ne pas entendre quelqu'un qui tentait de s'adresser directement à lui, il serait bien incapable de percevoir un son anormal qui pourrait être le signe d'une menace imminente. Il se sentait diminué dans ses capacités, et il détestait ça. Toutefois, son devoir passait avant tout. Il préférait accompagner sa cliente, même s'il n'était pas au mieux de ses capacités, plutôt que de la laisser seule.

- Ce serait avec joie, mademoiselle. Je descends immédiatement.

Helmwig rentra dans sa chambre, et profita d'être hors de vue pour se claquer vigoureusement le visage. Il fallait qu'il se ressaisisse. Saisissant son manteau au passage, il sortit de sa chambre et descendit les marches de l'entrée pour rejoindre Erika dans la cour. La jeune femme avait revêtu un châle en soie qui coulait sur ses épaules et un large chapeau en paille blonde. Sa tenue n'avait rien de l'extravagance habituelle des femmes aristocrates, mais ne lui en procurait pas moins une élégance sans égal. La délicatesse qui ressortait de la simplicité de ses vêtements était même infiniment plus agréable à l’œil que toute robe à corset, dentelles et rubans.
Helmwig s'inclina devant son hôtesse, qui lui rendit la politesse en souriant.

- La visite sera courte, mais je tenais à vous faire profiter de nos jardins. Suivez-moi, je vous en prie.

Helmwig emboîta le pas à Erika, sans un mot. Alors que le silence n'était troublé que par le bruit de leurs pas sur le gravier blanc, la jeune femme reprit la parole.

- Je vous ai senti troublé lors de nos présentations, alors je tenais aussi à m'expliquer quant à ma façon de vous saluer. Je ne pouvais pas déroger au protocole du baisemain auquel mon père tient absolument, mais je considère également qu'il ne doit pas exister de rapport d'autorité entre nous. Vous n'êtes pas mon servant, mais mon protecteur. Aussi trouvais-je normal de vous adresser une preuve de respect et de gratitude.

Helmwig ne savait quoi penser de ces paroles, si ce n'est qu'elles lui expliquaient la double salutation d'Erika. Mais il n'avait aucune idée de comment y répondre. Son point de vue était noble, mais transgressait un tant soit peu le protocole auquel il était si attaché et habitué.

- Je... eh bien, merci de votre prévenance, mademoiselle. Mais vous ne me devez rien, sachez-le.

Erika répondit par un rire amusé. La voir ainsi provoqua à Helmwig un léger frisson dans la colonne vertébrale, sans qu'il ne s'explique pourquoi.

- Je vous dois la sécurité, et puisque je ne peux pas vous la rendre, je vous remercie à mon humble niveau. C'est bien le moins que je puisse faire.

Helmwig était confus. C'était bien la première fois qu'il se trouvait aussi démuni, ne sachant que dire ni que faire. Il se contenta de sourire maladroitement, mettant sans le vouloir un terme à la conversation. Il suivit Erika en silence le long du manoir, jusqu'à ce qu'un gazon splendide ne succède au parterre de gravier. Des pierres plates disposées à intervalles relativement réguliers servaient de sentier, qu'Helmwig mettait un point d'honneur à suivre en évitant scrupuleusement de marcher sur la pelouse. Un peu plus loin, de hautes haies de cyprès impeccablement taillées encadraient des parterres d'androsaces, de lupins et de lys. Erika s'y dirigea, effleurant les plantes alpines du bout des doigts. La légèreté de ses mouvements laissait le doute quant à ce qui, de ses doigts ou des fleurs, ferait bouger l'autre. Passant entre les haies et les buissons, qui constituaient à présent un couloir légèrement plus étroit, elle mena Helmwig jusqu'à un renfoncement dans la haie, dans lequel se trouvait un immense pot d'argile ouvragé. Dans ce pot, une unique fleur, dont la blancheur immaculée et les pétales aigüs étaient reconnaissables entre mille. Une Edelweiss, poussant tant bien que mal dans ce pot cent fois trop grand pour elle. Erika s'accroupit à hauteur du pot, avança sa main vers la fleur, et frôla le plus délicatement du monde l'un de ses pétales du bout du majeur. Sans même l'avoir touchée, la fleur sembla frémir, trembler un court instant, avant de se muer à nouveau dans l'immobilité. Helmwig se surpris à trouver extraordinaire d'avoir trouvé plus délicat qu'Erika.

- Je m'occupe de cette Edelweiss depuis des jours, mais il semble que ce soit une fleur sauvage par essence. Plus les jours passent, plus elle me semble souffrir de son emprisonnement. Je regrette de l'avoir arrachée à sa montagne et à sa liberté.

Helmwig observait Erika en silence. Elle parlait de cette fleur comme d'un être vivant, doué de sentiments. Une véritable mélancolie pointait dans sa voix, qui le bousculait étrangement. Helmwig n'avait jamais été doué d'une grande sensibilité, et en temps normal, il trouvait ces discours et ces considérations aussi ridicules que futiles. Des préoccupations de bourgeoises qui n'avaient aucune idée des réalités du monde. Mais venant d'Erika, ces paroles le chamboulaient. Il sentait une réelle émotion venant de la jeune femme, comme si, plutôt qu'un simple dada pour le jardinage, cette fleur représentait quelque chose de bien plus profond pour elle. Comme si elle était à la fois un échappatoire essentiel et un point d'accroche à son existence. Helmwig ne comprenait pas ce qui le poussait à ces considérations. Ce n'était pourtant qu'une fleur.

- Beaucoup de voyageurs disent aimer les Edelweiss, pour leur beauté ou leurs propriétés médicinales. Mais ce qui m'attire tant chez elles, c'est leur nature profonde. Une fleur qui n'accepte d'éclore que sur les hauteurs inaccessibles des montagnes, et qui ne subsiste qu'en liberté, mais qui est malgré tout l'une des plus fragiles. Une telle soif de liberté lorsque l'on est si frêle, cela ne vous semble-t-il pas contradictoire, Herr Schmeisser ?

Erika avait prononcé ces mots sans détacher son regard de la fleur. Aucune tristesse ne résonnait dans ses mots, pourtant sa question ébranla Helmwig. Pas au point de perdre ses mots, comme précédemment. Mais il ressentait quelque chose de puissant venant de cette simple question.

- Sans doute est-ce cette fragilité qui donne envie de vivre pleinement son existence. Les plus robustes ne se rendent pas compte de la chance qui est la leur, de pouvoir se confronter à tous les milieux et à toutes les situations. Un sapin ne souffrira pas de vivre en jardin, car son feuillage ne tombera de toute manière jamais, et rien ne pourra l'ébranler.

Helmwig s'était senti obligé d'ajouter à ses paroles un exemple végétal, car il avait l'impression de parler d'êtres humains. Il ne pouvait pas s'empêcher de transposer ses mots à Erika et lui-même, alors qu'il ne voyait aucune raison de s'inquiéter de telles considérations les concernant.

- Aimez-vous les sapins, Herr Schmeisser ?

La voix d'Erika était tout à fait neutre. Elle n'avait pas réagi à ses paroles, et n'exprimait aucune émotion, ni positive, ni négative. Quant à sa question... Helmwig ne savait trop quoi en penser. Aimait-il les sapins ? Il ne le savait pas lui-même. Il n'aimait aucun humain ni aucun animal, comment aurait-il pu aimer un arbre.

- Leur robustesse me plaît. J'aime l'odeur de leur sève et les paysages qui les accompagnent la plupart du temps. Mais je ne saurais dire si j'aime ces arbres tout particulièrement.

Erika se redressa, joignit ses mains dans son dos, et se tourna vers Helmwig avec un sourire au visage.

- Je pense que vous les aimez. Ils vous ressemblent, tout comme vous devez trouver que je ressemble à cette Edelweiss.

L'espace d'un instant, il sembla à Helmwig que la jeune femme venait de lire dans ses pensées. Incapable de répondre quoi que ce soit, il fut bien aise de la voir poursuivre sans réclamer de réponse.

- Accepteriez-vous de m'accompagner en montagne demain ? J'aimerais voir les Edelweiss sauvages une dernière fois avant notre départ.

- Je vous suivrai où que vous désiriez vous rendre, mademoiselle. Il en va de mon devoir.

Le sourire d'Erika s'estompa de façon à peine perceptible. Elle ferma les yeux un instant, puis se dirigea vers Helmwig, et le croisa, revenant sur leurs pas.

- Alors c'est entendu.

Helmwig observa l'Edelweiss encore quelques instants, avant de tourner les talons et de raccompagner Erika jusqu'au manoir. Il ne comprenait décidément pas cette jeune femme, ni les pensées étranges qu'elle lui inspirait.
Il n'avait pas remarqué qu'un pétale de la fleur était tombé.
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MessageSujet: Re: [FB Solo (1747)] Le prix de la loyauté   [FB Solo (1747)] Le prix de la loyauté EmptyMar 21 Avr 2020 - 13:20

Le lendemain, Helmwig était prêt à partir dès les premières heures de l'aube. Il dut cependant attendre quelques heures, le maître de maison lui confiant qu'Erika dormait toujours beaucoup. Il n'était même pas rare qu'elle ne se retire en pleine journée pour une sieste de deux à trois heures. Lorsqu'enfin, la jeune femme fut levée, eût déjeuné et fut prête à partir, la matinée était déjà bien avancée. Non pas qu'Helmwig en fut contrarié, après tout il ne s'agissait que d'une promenade.

Le chemin pour grimper sur les hauteurs n'était pas le plus escarpé, et Helmwig comprenait pourquoi la gouvernante lui avait presque ri au nez lorsqu'il avait réclamé du matériel d'escalade. A dire vrai, maintenant qu'il voyait Erika vêtue de sa tenue de montagne, constituée d'une robe à tablier remontant à peine au-dessus des chevilles, de bottines à talonnettes et d'un châle en soie presque transparent, la perspective d'une escalade lui semblait tout à fait ridicule.

Le temps était clément, et ciel dégagé laissait le soleil réchauffer l'air des montagnes. Un sentier dessiné à flanc de montagne offrait aux grimpeurs une ascension douce, mais longue. Erika restait silencieuse la plupart du temps, à l'exception de quelques souvenirs d'enfance évoqués nonchalamment, lorsqu'elle voyait dans le paysage un lieu qui lui offrait une quelconque réminiscence du passé. Tous deux marchèrent ainsi pendant plus d'une heure, jusqu'à finalement parvenir jusqu'à un haut plateau, dominant la plupart des monts environnants. Quelques coussins de neige témoignaient d'une l'altitude respectable, mais le beau temps avait permis à de nombreuses plantes alpines de pousser à loisir. Génepis, renoncules et androsaces offraient un peu de couleur au sol rocailleux parsemé de quelques herbes rases. Cependant, aucune trace des edelweiss. Erika n'en semblait pas attristée pour autant, et partait déjà humer les fleurs avec enthousiasme. Elle souriait, et fredonnait tout en caressant doucement les plantes. Son comportement insouciant lui donnait des airs de petite fille, son allure frêle et délicate jouant très certainement à appuyer ce sentiment.

- La vue d'ici est vraiment magnifique.

Elle s'était arrêtée au bord d'un surplomb, et admirait l'horizon bleu parsemé de rares nuages, ses monts enneigés au loin et son océan de forêts vallonnées. Un léger vent soufflait, faisant flotter ses cheveux et son châle en harmonie. Helmwig la rejoignit, contemplant à son tour les immensités alpines, ressentant un profond sentiment de liberté en dominant ainsi le toit de la terre. Leur seule limite semblait être le ciel.
A l'exception d'un piton rocheux se dressant, défiant, plusieurs mètres au-dessus du plateau, et qui semblait à présent attirer l'attention d'Erika.

- S'il y a des Edelweiss, elles doivent être là-haut.

Il était impossible d'infirmer cette théorie. Cependant, l'accès au sommet de ce pic n'était pas aussi simple que le sentier tranquille par lequel ils étaient montés. Il fallait escalader, et la roche n'était pas homogène. De nombreux gravats rendaient tout ascension très dangereuse.

- Je ne pense pas que ce soit très prudent, mademoiselle.

Erika baissa les yeux, son regard s'assombrissant. Pourtant, l'espace d'un instant, Helmwig discerna un sourire sur son visage... avant que la jeune femme ne s'élance en courant vers le piton.

- Mademoiselle !

Helmwig, pris de court, s'élança à sa poursuite. Mais, agile, la jeune femme avait déjà entrepris de gravir la roche de ce pic qui semblait encore plus abrupt maintenant qu'Helmwig était à son pied. Il commença à grimper à son tour, mais là où la légèreté d'Erika lui permettait de circuler sur les roches sans trop de problème, le poids de l'imposant soldat lui donnait bien plus de difficultés. Les gravats en équilibre précaire glissaient sous son poids, et la terre friable s'effondrait à chacun de ses pas. Il peinait à garder l'équilibre, alors qu'Erika gravissait le piton rocheux, en riant avec enthousiasme. Refusant de laisser sa protégée seule au sommet d'un pic aussi dangereux, Helmwig se concentra sur ses pas, équilibrant au mieux son propre poids, choisissant avec soin ses appuis. Il put enfin grimper à un rythme correct, mais lorsqu'il leva à nouveau les yeux, Erika était au sommet, immobile.
Devant elle, un pied de trois edelweiss, dansant doucement sous l'effet du vent.

Helmwig la rejoignit, essoufflé, et ne put retenir un sermon.

- Mademoiselle, je vous en prie, évitez ces imprudences.

Mais Erika ne répondit pas. Son sourire ne s'était pas effacé, mais elle fixait les fleurs avec un regard qui semblait prêt à lâcher des larmes. Helmwig, décontenancé, se surprit à ne pas comprendre.

- ... mademoiselle ? Tout va bien ?

Erika tourna doucement le regard vers lui, et tout en fermant les yeux, élargit son sourire. Son visage reflétait une joie indéniable, pourtant, quelque chose en elle respirait la mélancolie.

- Merci de m'avoir accompagnée, Herr Schmeisser. Je suis heureuse d'avoir pu voir ces fleurs une dernière fois.

Helmwig ne sut quoi répondre. Il ne comprenait pas ce que la jeune femme entendait par "dernière fois". D'une main, Erika coiffa ses cheveux malmenés par le vent, et dépassa le plant de fleurs, s'approchant du bord. A nouveau, elle contemplait l'horizon.

- En voyant ces fleurs, je me sens libre. J'aimerais pouvoir, comme elles, vivre ainsi au sommet du monde, loin de tout, sans aucun mur pour m'empêcher d'admirer le ciel.

Helmwig comprenait ce sentiment. Lui non plus n'aimait pas la société et ses codes, et plus que tout, il affectionnait la solitude et l'isolement. Malheureusement, il en était le premier conscient, vivre ainsi lui était impossible. Et, en tant qu'héritière d'une noble famille prussienne, il en était de même pour Erika. Toutefois, s'il avait accepté cet état de fait pour lui-même, il se sentit incapable de sermonner la jeune femme à ce sujet. Ce qui, en temps normal, ne lui aurait pas posé le moindre problème. Au contraire, il avait envie de l'encourager. Mais il savait également que c'était pour lui la dernière chose à faire. Il se contenta de rester silencieux, le regard rivé sur Erika. Il commençait à comprendre pourquoi cette femme le perturbait à ce point, et plus que toute menace, plus que toute bataille, plus que toute mission, cette perspective l'effrayait.

- Bon. Je pense qu'il est temps de rentrer.

Erika tourna les talons, et entreprit de rejoindre Helmwig pour redescendre. Mais au même instant, une bourrasque de vent balaya le piton rocheux. Le châle d'Erika s'envola, et sa robe se souleva, offrant au vent une prise suffisante pour troubler l'équilibre de la jeune femme. Elle vacilla, manqua de trébucher, mais en tâchant de se rattraper, elle marcha sur un pan de terre friable qui se déroba sous son pied, la faisant basculer dans le vide. L'espace d'un instant, le temps passa au ralenti. Son visage prit une expression de terreur, ses bras se levèrent dans un vain effort de retrouver l'équilibre, un hurlement s'échappa de sa gorge, et bientôt, elle ne vit que le ciel. Par réflexe, ses yeux se fermèrent.

Il lui fallut quelques secondes pour réaliser que le temps avait repris son cours, et que le souffle du vent balayait toujours son visage. Elle rouvrit les yeux, pour voir le visage d'Helmwig, serrant les dents, maintenant fermement son bras de sa poigne de géant. Avec une aisance déconcertante, il la hissa d'une seule main sur le pic, laissant ses pieds toucher à nouveau la terre ferme. Voyant que les jambes de la jeune femme ne pouvaient pas la soutenir sous l'effet de la terreur, il l'aida à s'asseoir sur un rocher, lui laissant le temps de reprendre ses esprits. Après quelques instants à respirer profondément, Erika leva les yeux vers Helmwig, ne pouvant articuler qu'un seul mot.

- Merci.

Le géant tira un mouchoir de sa poche, et le passa doucement sur le visage de la jeune femme. Son regard surpris dénota qu'elle n'avait pas remarqué les larmes qui coulaient sans discontinuer sur ses joues pâles. Doucement, elle vint poser sa main sur celle de Helmwig alors qu'il lui essuyait précautionneusement les pommettes. Ce geste tira un instant d'arrêt chez Helmwig. Leurs regards se croisèrent, ses yeux noirs plongeant dans les iris argentés de la jeune femme. Un soupir s'échappa de sa poitrine alors qu'il réalisait l'irréalisable, et qu'il comprenait avec amertume qu'il ne tirerait jamais rien de bon du sentiment qui l'envahissait à cet instant.

Il aimait Erika.
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MessageSujet: Re: [FB Solo (1747)] Le prix de la loyauté   [FB Solo (1747)] Le prix de la loyauté EmptyMer 22 Avr 2020 - 18:33

Le retour jusqu'en Brandebourg allait exiger bien plus de précautions que l'aller. Outre la nécessité pour Helmwig de rester constamment aux aguets, il allait également falloir prendre en compte les haltes bien plus nombreuses maintenant que la diligence transportait une passagère bien moins accoutumée aux conditions difficiles du voyage. Erika, ainsi que sa suivante qui l'accompagnait, seraient bien moins à même de supporter une journée entière de voyage que ne l'était Helmwig. En outre, les nombreux bagages qu'emportait Erika alourdissaient considérablement l'attelage. Le voyage allait donc durer bien plus longtemps. Cette perspective n'enchantait aucunement Helmwig. Il n'était pas un grand adepte des longs trajets, il allait lui falloir maintenir une vigilance constante, mais par-dessus tout, il allait passer des jours face à Erika, devant museler et dissimuler des sentiments inavouables qui ne demandaient qu'à éclater au grand jour.

Helmwig n'était pas stupide. Il n'était qu'un exécutant, un mercenaire. Il n'avait même pas, ne serait-ce que le droit, d'imaginer pouvoir prétendre à un quelconque rapprochement avec une jeune femme de haute noblesse. Pourtant, chaque regard qu'il posait sur Erika, chaque sourire qu'elle lui adressait, chaque mot qu'elle prononçait, lui retournait instantanément les entrailles. Après seulement deux jours de trajet, il se sentait prêt à exploser à tout moment. D'autant que la mélancolie de la jeune femme semblait avoir disparu, au profit d'une jovialité qui ne la rendait que plus lumineuse. Face à l'impasse qu'il devait affronter, il se plongea peu à peu dans le mutisme, préférant forcer Erika à faire comme s'il n'était pas là. Il ne prenait part à aucune conversation, ne répondait que le plus concisement possible aux questions qu'on lui posait, et dès que la calèche stoppait, il s'éloignait autant que possible. Cette situation lui était pénible, mais il savait ne pas avoir le choix.

Après plusieurs jours, alors que les monts de Bavière avaient peu à peu laissé place aux plaines boisées de Thuringe, une roue faussée força l'attelage à s'arrêter en pleine forêt. La nuit n'était pas encore près de tomber, mais les arbres assombrissaient considérablement l'atmosphère, et la visibilité était mauvaise. L'attelage était immobilisé en pleine nature, au bord d'un chemin de graviers qui ne devait pas voir passer beaucoup de voyageurs. Comme à son habitude, Helmwig sortit, entreprenant de marcher tout autour de la diligence, quadrillant les alentours d'un regard de rapace. Tandis que le cocher s'affairait à effectuer une réparation de fortune, il entendait Erika échanger avec sa gouvernante, se forçant à ne pas écouter ses paroles. Son attention fut cependant forcée lorsqu'il entendit cette dernière hurler le nom de sa maîtresse, paniquée.

Helmwig fit volte-face, et accourut vers la domestique, à présent seule, qui fixait l'orée du bois d'un air paniqué.

- Ou est-elle ?

- Elle... elle s'est précipitée dans la forêt. Je ne sais pas ce qui lui a pris. Je l'entretenais des protocoles nuptiaux, et tout à coup...

Sans en écouter davantage, Helmwig se précipita entre les arbres, scrutant le sol à la recherche des traces d'Erika. Des branches cassées et des feuillages écrasés lui offraient une piste claire, et très vite, courant aussi vite qu'il le pouvait, il entendit les pas de la jeune femme. Forçant l'allure autant qu'il le pouvait, il finit par aperçevoir la silhouette pâle d'Erika, qui courait entre les arbres à en perdre haleine.

- MADEMOISELLE ! Arrêtez-vous !!!

Helmwig n'eut que le temps de voir Erika jeter un regard par-dessus son épaule, avant qu'elle ne s'effondre brutalement au sol. Autant soulagé de pouvoir la rattraper qu'inquiet pour son intégrité physique, Helmwig parvint à sa hauteur en quelques enjambées. Essoufflé, il la vit, étendue au sol, riant à gorge déployée, ses longs cheveux blonds en désordre suite à sa course et à sa chute.

- Mademoiselle, enfin, qu'est-ce qui vous a pris ?

Helmwig lui tendit la main pour l'inviter à se relever. Erika termina de rire, prit une profonde inspiration, et se saisit de la main de Helmwig pour se redresser.

- Une envie soudaine. Je voulais vérifier que vous étiez toujours concerné par ma personne.

L'expression de surprise d'Helmwig fut telle que la jeune femme poursuivit immédiatement.

- Vous n'avez pas desserré les dents depuis des jours. On dirait que quelque chose vous tracasse terriblement. Je voulais vous débrider un peu, vous stimuler.

Helmwig soupira profondément. Même sa résolution pour ne pas outrepasser sa position lui causait des ennuis.

- Veuillez m'en excuser, mademoiselle. Je suis... concentré.

- C'est tout ?

Le visage d'Erika avait soudainement perdu sa jovialité. Elle souriait toujours, mais son sourire était calme, modéré.

- Vous ne m'adressez pas la parole. Vous m'évitez dès que vous en avez l'occasion. Vous ne posez même plus les yeux sur moi. Comprenez que je doute de la seule responsabilité de votre concentration.

Il était coincé. Il en avait trop fait. Mais que pouvait-il faire de plus ? Il restait encore plusieurs jours de route. Il ne pouvait décemment pas tenter d'agir naturellement, au risque de laisser passer une remarque maladroite ou une allusion révélatrice.

- Je ne souhaite pas... outrepasser mes fonctions. Voilà tout.

Le regard d'Erika s'assombrit aussitôt. Son sourire était à nouveau mélancolique, comme déçu.

- Je vois.

Helmwig eut l'impression d'avoir commis la pire erreur de son existence en voyant le visage d'Erika prendre une telle expression. Mais il ne comprenait pas ce qui suscitait en elle une déception pareille. Il pensait pourtant être resté strictement protocolaire.

- Retournons à la diligence, dans ce cas. Ne vous en faites pas, je ne vous causerai plus de problèmes.

Le retour jusqu'à la calèche se fit en silence. Helmwig ne comprenait pas ce qu'il avait pu dire de mal, pourtant Erika semblait profondément blessée, attristée. Elle se contenta de répondre aux injonctions de sa gouvernante par un signe de tête, et remonta dans la calèche sans un mot. Lorsque l'attelage fut réparé, Erika avait rejoint Helmwig dans un mutisme qu'il n'avait pourtant jamais autant souhaité quitter. Mais il en était bien incapable.
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MessageSujet: Re: [FB Solo (1747)] Le prix de la loyauté   [FB Solo (1747)] Le prix de la loyauté EmptyJeu 23 Avr 2020 - 11:22

Helmwig était épuisé, tant physiquement que mentalement. Il n'avait cessé de cogiter, d'essayer de comprendre ce qui causait chez Erika ces réactions qu'il était incapable d'appréhender. Une fois arrivé à destination, il n'était pas plus avancé, et son état était peu enviable. La calèche s'arrêta devant le consulat où travaillait Manfred von Germar, et tandis que le cocher entreprenait de décharger les bagages et que les passagers se dégourdissaient les jambes, un garde partit quérir l'intéressé. Germar parvint bien vite sur le parvis de l'immense bâtiment gris, et se dirigea en premier lieu vers Helmwig.

- Helmwig, mon cher ami ! Merci pour ton travail. Une autre mission rondement menée, comme à ton habitude.

Germar glissa à Helmwig une enveloppe cachetée contenant sa paye. Il lui posa une main sur l'épaule, et lui adressa un sourire satisfait avant de se diriger vers Erika. A cet instant, Helmwig se moquait bien de l'argent de son employeur. Il n'avait qu'une chose en tête : parvenir à renouer le contact avec la jeune femme.

- Frau von Rosenham. Vous êtes resplendissante. Avez-vous fait bon voyage ?

Il commençait déjà à réfléchir à comment l'aborder à nouveau, peut-être lorsqu'il devrait la raccompagner chez elle, en Bavière.

- Vos quartiers ont été préparés. Vous vous plairez ici, je vous le garantis.

Après avoir repris des forces, peut-être serait-il plus à même de lui parler, surtout dans de meilleures conditions que cet interminable voyage en calèche. Il allait devoir...

- Les préparatifs pour le mariage sont également terminés. Nous pourrons échanger nos consentements à la date prévue.

Helmwig se figea. Un froid glacial lui parcourut les entrailles. Il se sentait s'effondrer de l'intérieur. Vidé de toutes ses forces, il ne tenait plus sur ses jambes que par un miracle inexplicable. Ses épaules lâchèrent, ses bras perdirent toute force, et laissèrent l'enveloppe tomber au sol, sans qu'il n'y accorde la moindre attention.
A aucun moment il ne s'était demandé pourquoi Manfred von Germar, riche et influent politicien prussien, avait pris la peine de faire venir jusqu'à lui, sous escorte, une jeune aristocrate de province. A aucun moment il n'avait fait le lien entre le comportement d'Erika, ses allusions à un non-retour, ni même les mots de sa gouvernante qui avait parlé de protocoles nuptiaux. A aucun moment Helmwig n'avait imaginé que cette jeune femme, pour qui il avait eu le malheur de développer des sentiments dont il ne maîtrisait rien, était déjà promise. Et à son employeur, de surcroît.

Les paroles désinvoltes de Germar provoquèrent en Helmwig un véritable cataclysme. Tous ses sentiments, tous ses espoirs, toutes ses craintes, tout ce qui était lié de près ou de loin à Erika s'effondra en un instant, ne laissant plus dans son âme qu'un vide glacial et angoissant. Un désespoir si profond que plus aucune pensée ne lui traversait l'esprit. Plus aucun sentiment. Ni peine, ni colère. Aucune haine, aucune indignation. Seulement la réalisation que toutes ses pensées n'avaient été qu'un rêve présomptueux. Qu'à aucun moment il n'aurait dû ressentir quoi que ce soit pour cette jeune femme. Qu'il n'en avait jamais eu le droit et qu'il ne l'aurait jamais. Il avait outrepassé ses fonctions à la seule idée qu'il pouvait prétendre à Erika von Rosenham, et en devant supporter la douleur d'abandonner ce rêve insolent, il en payait à présent le prix.
Le prix de la loyauté.

- Helmwig, peux-tu... Helmwig ?

Germar ne vit que la silhouette massive de Helmwig, plus terne que jamais, s'éloigner du consulat. Les épaules voûtées, les bras ballants, les pieds traînants, il était parti en laissant sa paye tremper misérablement dans le caniveau. Sans un mot, sans un regard, il tournait à présent le dos à ce qui avait été, l'espace de quelques jours, une chimère comme il n'en avait jamais vécue, et comme il souhaitait ne plus jamais en vivre.

-----

Germar ne l'avait pas recontacté. En un sens, Helmwig s'en réjouissait. Il ne parvenait déjà pas à s'ôter de l'esprit le visage d'Erika, son sourire, ses paroles. L'image de la jeune femme le hantait du matin au soir, et la douleur d'un espoir brisé, autant que la culpabilité d'avoir eu cet espoir, le rongeaient à un point qui lui devenait difficilement supportable. Il tâchait de se changer les idées, en s'entraînant, en chassant, en lisant. Mais toujours, ses souvenirs revenaient le hanter. Toujours, ses sentiments trouvaient judicieux de se manifester à nouveau, malgré la certitude qu'ils étaient vains.

Les jours passèrent, sans réelle amélioration de son état moral. N'étant pas homme à loisirs, l'ennui omniprésent le forçait à ruminer ses pensées. Helmwig commençait à se détester pour être ainsi incapable de contrôler ses émotions. Si tant est que, lorsqu'une missive lui parvint, lui ordonnant de se rendre au bureau de Manfred von Germar, il fut partagé entre le soulagement d'avoir enfin du travail pour se changer les idées, et une haine irrépressible à l'idée de devoir revoir cet homme. Cette haine, Helmwig la détestait plus que toute autre. Selon lui, il n'avait ni le droit, ni de raisons d'en vouloir à Germar. Ses sentiments étaient de son fait et de son fait seul. Il n'avait pas à le reprocher à son employeur, qui n'avait rien à se reprocher dans toute cette histoire. Ce fut malgré tout avec un serrement au cœur qu'il prit une diligence jusqu'au consulat.

Germar l'accueillit, comme à son habitude, avec une poignée de main tout ce qu'il y avait de plus professionnel. Il ne semblait pas lui tenir rigueur de son comportement à l'arrivée d'Erika. L'espace d'un instant, Helmwig se prit à espérer que la jeune femme se trouve non loin, qu'il puisse au moins la revoir. Mais les épouses de magistrats ne les accompagnaient jamais en-dehors des réceptions officielles, et de toute manière, il n'avait aucun droit à prétendre pouvoir la croiser à nouveau. Et c'était probablement mieux ainsi.

- Bon. Mon cher Helmwig, je suis gêné de te donner cette mission.

Helmwig fixait son employeur d'un regard égal, presque las. Des missions ingrates ou peu avouables, il en avait déjà mené pléthore.

- Ne le soyez pas. Dites-moi juste ce que je dois faire.

- C'est-à-dire que je déteste donner des ordres contradictoires. Hélas, la situation l'exige.

Germar n'avait pas une once de regret dans la voix. Il disait être gêné, mais si tel était le cas, il n'en avait pas l'air. Son air suffisant n'avait jusqu'ici jamais quitté son visage, et Helmwig ne comprenait pas le but de ces salamalecs.

- Je veux que tu élimines Erika von Rosenham.

Le temps s'arrêta. Le visage impassible de Germar se figea sur ces mots, qui se mirent à résonner en boucle dans la tête d'Helmwig. L'espace d'un instant, il espéra avoir mal entendu. Mais il n'y avait aucune chance que ce soit le cas. Malgré son extraordinaire capacité à garder une expression monolithique, sa surprise sembla se lire sur son visage.

- Je comprends que tu sois surpris. Malheureusement, j'ai de bonnes raisons de te donner cet ordre. J'ai surpris cette petite garce à fouiller dans mes documents, dont certains sont confidentiels. J'ai fait semblant de croire à ses pathétiques excuses, mais en enquêtant de mon côté, j'ai découvert qu'elle copiait et recensait des informations d'état. En interceptant le courrier qu'elle prétendait envoyer à sa famille, j'ai découvert qu'elle expédiait ces informations en Autriche.

Helmwig écoutait patiemment chaque mot que prononçait Germar, sans réagir ne serait-ce que d'un battement de cil. Il avait l'impression d'être dans un mauvais rêve. Il espérait que tout cela ne soit qu'une vaste plaisanterie, une illusion. Que chacun de ces mots assassins soit vide de sens. Mais il le savait, au plus profond de lui-même. Ce qu'il était en train de vivre était une énième intrigue politique, dans laquelle il se sentait malheureusement beaucoup trop impliqué.

- Te rends-tu compte ? Un mariage arrangé pour nous espionner au profit des Autrichiens. J'ai déjà envoyé une brigade pour interpeller les Von Rosenham à leur domicile. Le chef de famille est forcément impliqué. Mais pour Erika, la situation est plus délicate. Je ne peux décemment pas faire condamner ma propre épouse, mon image politique en subirait un revers que je ne peux pas me permettre d'encaisser.

La politique. L'image. L'étiquette. La réputation. Ces considérations de la haute bourgeoisie et de la noblesse qu'Helmwig avait toujours méprisé, mais auxquelles il s'était toujours volontiers plié pour le bien de ses missions. A cet instant, la vanité de ces concepts le prenait à la gorge.

- Il faut que cela passe pour un accident. Je me débrouillerai pour trouver une excuse.

Au nom de la politique, de l'image, de l'étiquette, de la réputation, il allait devoir tuer la seule personne qu'il n'aie jamais eu l'occasion d'aimer. Au nom de ces concepts, il allait devoir prendre la vie qui lui était la plus chère. Le pire dans l'histoire n'était pas qu'il devait le faire.
Mais qu'il allait le faire.

- Très bien.

Helmwig se leva, sans un mot de plus. Germar tenta de le retenir en bafouillant, mais il sortit du bureau sans se retourner. Alors qu'il avançait dans les couloirs du consulat, un grand vide s'emparait de ses entrailles. Un froid glacial lui parcourait les veines. Aucun son ne parvenait à ses oreilles, pas même le bruit de ses propres pas. Seule sa respiration, forte, lourde, résonnait au ralenti dans son crâne en proie à la plus grande tempête d'émotions qu'il n'avait jamais subie.
Il allait le faire. La question ne se posait même pas. Telle était sa mission, tel était donc son devoir. Il allait le faire, car on le lui avait ordonné. Il allait éliminer un malfrat, un espion, un traître. Même si ce traître était Erika von Rosenham. Alors même que ce traître était Erika von Rosenham.

Helmwig ignorait si ses pensées s'étaient figées par un pur mécanisme d'autodéfense, ou s'il était juste trop perturbé par ses ordres pour avoir les idées claires. Mais à cet instant, il ne pensait plus à rien. Il avançait par pur automatisme. Sans détour, il quitta le bâtiment, et marcha jusqu'à la demeure de Germar. Peut-être marcha-t-il dix ou quarante minutes, peut-être même une heure. Il était incapable de s'en rendre compte. Il avançait seulement vers sa mission, vers sa cible.
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MessageSujet: Re: [FB Solo (1747)] Le prix de la loyauté   [FB Solo (1747)] Le prix de la loyauté EmptyDim 26 Avr 2020 - 12:28

Parvenu devant le manoir Germar, Il n'eut aucune faiblesse, aucune hésitation. Il frappa vigoureusement à la porte, de trois coups forts et nets. Son visage était impassible, son pouls était tout à fait régulier. Seule sa respiration était plus profonde que d'ordinaire. Lorsqu'une domestique vint lui ouvrir, il se présenta, machinalement. Elle le fit entrer, l'annonça, et l'invita à s'installer dans le salon. De grands et confortables fauteuils trônaient entre les guéridons et les bibliothèques, mais il resta debout, droit, immobile. Il n'avait aucune idée du temps qui passa entre son arrivée et celle d'Erika. Mais lorsque la jeune femme entra dans le salon, son cœur eut un battement explosif, comme s'il s'était arrêté sans même qu'Helmwig ne s'en soit rendu compte. Ce fut comme si son corps reprenait vie après s'être éteint.

- Herr Schmeisser. Que me vaut votre visite ? C'est mon époux qui vous envoie ?

Sa voix était aussi douce que dans ses souvenirs. Son léger sourire illuminait la pièce à lui seul. Helmwig aurait souhaité que le temps s'arrête sur cet instant précis, si son sens du devoir ne prenait pas le pas sur tout le reste. Alors qu'elle se tournait vers une desserte sur laquelle trônait un service à thé, Helmwig ne put répondre autre chose que la stricte vérité.

- Oui.

Elle posa un instant son regard sur lui, son imperturbable air bienveillant au visage.

- Où devez-vous m'escorter, cette fois ? Ou bien avait-il seulement besoin d'un coursier de confiance.

Son sourire. Si sincère. Si bienveillant. Helmwig n'avait pas la force de mentir devant ce sourire. Il n'avait pas la force de préparer le terrain, de prévoir son opération, de mettre sa proie en confiance. Il en était incapable. Alors qu'elle lui tournait à nouveau le dos, il se contenta de lui poser la seule question qui lui importait à cet instant.

- Pourquoi avez-vous fait cela ?

Erika se figea. De dos, Helmwig ne pouvait pas deviner les traits de son visage. Mais ses gestes s'étaient suspendus, et elle était à présent parfaitement immobile. Lorsqu'enfin, ses épaules s'abaissèrent, et que ses mains se posèrent délicatement sur la desserte, il était certain qu'elle avait compris.

- J'avais raison de croire qu'il n'était pas si stupide. Mais pourquoi a-t-il fallu qu'il vous envoie, vous ?

Helmwig était bien incapable de lui répondre. Un silence glacial parcourut la pièce. Il voulait seulement une réponse, qu'il connaissait pourtant déjà. Mais il espérait qu'Erika démente, lui dise que tout ceci n'était qu'une méprise. Qu'elle lui offre une autre issue. Il espérait une réponse qui ne viendrait, il le savait, jamais.

- Pourquoi ai-je fait cela.

Erika se tourna lentement. Son visage arborait le sourire mélancolique qui avait plus d'une fois désarçonné Helmwig lors de leur voyage. Mais le plus surprenant était qu'elle souriait toujours.

- Pour la même raison que vous vous êtes présenté à moi aujourd'hui. Car vous avez une mission et que vous deviez l'accomplir. Si vous n'avez pas remis en question les ordres de Manfred, c'est que vous pouvez me comprendre.

Helmwig eut l'impression que son cœur volait en éclats. Il ne la comprenait que beaucoup trop bien, et aucune autre explication n'aurait pu être pire que celle-ci. Car dans ces conditions, il ne pouvait ni lui en vouloir, ni lui pardonner. Elle était une criminelle, et il allait donc devoir la punir. Mais elle n'avait fait qu'obéir à ses ordres, et il allait devoir la punir pour ça. L'injustice et la fatalité de cette situation lui était d'autant plus insupportable qu'il la comprenait mieux que quiconque. Même si elle avait voulu agir autrement, elle ne l'aurait pas fait. Et elle n'en était que plus honorable.

- Nous sommes si différents, herr Schmeisser. Pourtant nous sommes tous deux condamnés à agir selon la volonté d'autrui, au détriment de nos propres ambitions, de nos propres rêves, disparus depuis longtemps. Nous ne nous sentons accomplis qu'une fois que notre devoir l'a été.

Alors qu'elle prononçait ces mots d'une voix calme, mesurée, toujours cet atroce sourire de mélancolie aux lèvres, des coulées de larmes vinrent rayer son visage. Sa voix se mit à trembler, très légèrement.

- Je n'ai jamais eu de libre arbitre. Seule votre présence avait sur moi cet étrange effet. En votre présence, je voulais écouter mes envies. Je voulais remplir ce vide qui avait toujours occupé mon cœur. Mais vous n'avez eu de cesse de me laisser porte close. Alors j'ai abandonné, et j'ai accompli mon devoir.

Helmwig se sentait se déchirer de l'intérieur. Jamais il ne s'en était autant voulu. Il aurait pu changer quelque chose, mais contrairement à Erika, il avait été plus fort que ses envies. Il avait poursuivi sa route, sur le chemin de la servitude et du devoir. Il ne s'était pas laissé envahir par l'espoir. Et à cause de sa persistance, voilà où il en était.

- Vous allez à présent pouvoir accomplir le votre. Au moins aurons-nous tous deux servi la cause pour laquelle nous existons.

Tout en prononçant ces mots, Erika s'approcha de lui, sans jamais laisser son sourire disparaître. A cet instant, Helmwig fut frappé de constater que toutes ses pensées furent dissipées d'un seul coup, pour laisser place à une réalisation soudaine, froide, pragmatique et désespérément ancrée dans son sens du devoir.
Il était venu sans arme.

Erika parvint à sa hauteur. Là, elle prit doucement sa main entre les siennes, et l'approcha de son visage blanc comme les neiges des montagnes. Helmwig sentit sous sa paume la peau douce et fine de la jeune femme. Même sa tête semblait petite sous son énorme main. Jamais Erika ne lui avait semblé aussi frêle, aussi pure. De lui-même, il leva son autre main, et vint la poser sur l'autre côté de son visage. Erika resserra légèrement sa prise sur son poignet, et son sourire s'élargit très légèrement, alors que ses yeux se fermaient. Elle semblait apaisée, presque heureuse. Helmwig sentait une légère chaleur croître peu à peu dans son coeur, alors qu'il tenait entre ses mains l'unique objet de son amour.

Un claquement brusque et sec vint rompre la quiétude de l'instant, et figea à nouveau les entrailles d'Helmwig dans un froid glacial. Dans un bruissement sourd, le corps d'Erika s'effondra au sol, alors qu'Helmwig tenait toujours ses mains à l'emplacement de la nuque qu'il venait de briser.
Devant son propre geste, il sentit son corps lâcher, se vider de toute force. Il tomba à genoux devant le corps étendu d'Erika, fixant d'un air absent les yeux révulsés de la jeune femme. D'une main tremblante, il ferma ses paupières, et resta ainsi prostré pendant une durée qui lui était indéfinissable.

Lorsqu'il reprit enfin ses esprits, il se redressa, et dans un enchaînement de gestes froids et machinaux, renversa quelques meubles pour maquiller la scène de crime en accident. Une fois la tâche accomplie, il s'agenouilla auprès d'Erika, et posa sa main sur la sienne. Un souffle glacé émana de sa paume, et lorsqu'il la retira, une edelweiss de glace reposait dans la main inerte de la jeune femme. Elle aurait fondu à l'arrivée des enquêteurs, mais constituait un ultime hommage qu'il refusait de ne pas accomplir.

Helmwig quitta ensuite les lieux. Comme à son habitude, Germar avait prévenu les domestiques à l'avance, et lorsqu'Helmwig ferma la porte derrière lui, la demeure était vide, à l'exception du corps d'Erika. Il marcha, des heures durant, sans savoir où aller. Il marcha, machinalement, sans objectif, sans aucune pensée lui traversant l'esprit. Lorsqu'il parvint à son domicile, la nuit était tombée depuis longtemps.
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