Ireland's Call [1756 - PV Alexiia & Nimüe]

L e voyage n’avait rien d’une partie de plaisir. Il n’était pas venu profiter de l’air pur et des vallées verdoyantes. D’ailleurs qui aurait l’idée saugrenue de venir en villégiature dans un tel endroit ?  Pour les britanniques, écossais compris, tout ce qui se trouvait sur l’autre rive du canal Saint George était un ramassis de barbares et de bouseux papistes qui ne valaient même pas la peine de gaspiller des balles pour les abattre. Kalen ne le savait que trop bien. Le fait d’avoir une mère irlandaise ne l’avait pas aidé dans son enfance à Culloden. Il ne comptait pas le nombre de fois où il s’était fait traité d’ « enfant de putain du diable » ou de « fils de chèvre rousse » en plus des crachats et autres joyeusetés.

Sa mère avait toujours été une femme effacée, soumise à un mari violent et alcoolique, ne sortant de la maison que pour se rendre à l’office ce qui représentait en tout et pour tout une centaine de mètres à faire au travers du cimetière. De son passé, il n’avait que quelques éléments. Son nom de jeune fille : Scully. Et le cadre de son enfance : le quartier des docks de Galway, aux abords d’An Póirse.

D’une femme à l’autre. Depuis sa rencontre avec Nimuë, le chevalier de Cerbère n’avait cessé de s’interroger sur ses origines irlandaises. Hors de question pour lui de retourner à Culloden. C’était prendre le risque de raviver d’anciennes blessures. Alors, il s’était décidé à quitter le Sanctuaire pour se rendre sur la verte Erin, sa cloth box sur le dos dans un grand panier d’osier. Il avait conservé son masque. Bien entendu, ce n’était pas la manière la plus discrète de se fondre dans la foule. Mais il avait le mérite de faire réfléchir à deux fois les coupe-jarrets et autres brigands de bas-étages aussi bien sur terre que sur mer et il se dissimulait parfaitement sous un capuchon à larges bords, ne laissant apparaître que son regard de glace.

Voilà plusieurs jours déjà qu’il était parvenu à destination. Malheureusement, la bicoque n’existait plus. Un tsunami l’année précédente avait emporté tout une partie du quartier. L’arche avait été endommagée et plusieurs victimes avaient été recensées. La maison d’enfance de sa mère avait été emportée avec ses occupants au milieu de la nuit. Aucune tombe récente à ce nom n’avait pu l’éclairer. Et les esprits du port n’étaient pas des plus coopératifs. Les pêcheurs, ce n’était pas ce qu’il manquait dans le coin. Et la famille de sa mère n’était pas une famille de notable. Qui donc se serait dès lors soucié de sa disparition ou de sa survie ? Pas d’autres pistes.

Alors il s’était décidé à écumer les tavernes en quête d’informations, de rumeurs, d’élucubrations d’ivrognes. Les hommes étaient toujours un peu plus bavards après quelques verres. Mais malgré tout l’alcool éclusé et les défis relevés, il devait se contenter de vagues racontars comme autant de fils qui, lorsqu’ils les remontaient, menaient à une impasse.

Il ruminait son impuissance en remplissant son journal de bord. Lové dans le recoin sombre d’un énième gourbi sordide, où la viande saoule de matelots échoués lui donnait autant la nausée que les filles de joies au physique fané par des années de service et probablement quelques maladies vénériennes.

Le nez sur ses feuillets, il perçut parfaitement l’ombre qui le surplombait. Encore une de ces fouineuses à la recherche d’une pièce supplémentaire à refiler à son souteneur. Sans lever la tête, Kalen s’adressa à elle d’un ton agacé.        

« Ecoute… Sans vouloir te manquer de respect, tu es la cinquième à venir me proposer de la compagnie ce soir… Donc, à moins que tu sois une survivante de l’inondation des docks de l’an dernier, je te prierai de transmettre à ton souteneur les salutations de mon index et de mon majeur…  »

Joignant le geste à la parole, sans lever la tête, il lui présenta le V inversé des archers anglais lors de la bataille de Crécy. Au moins, elle serait habillée pour l’hiver suivant.

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I l leva la tête et la dévisagea. Une simple voyageuse ? Mouais… Vu la teinte de sa peau et de ses cheveux, c’est sûr, elle ne faisait pas couleur locale. D’ailleurs, il se demandait dans quel endroit elle aurait bien pu passer inaperçue… Par contre, pour ce qui était du ton et de la réplique, il allait falloir qu’elle se détende rapidement. Parce qu’il n’allait pas se laisser parler sur ce ton par la première greluche venue. Fille de joie ou simple voyageuse. Elle aurait pu être la favorite du sultan en personne qu’il s’en moquait comme de son premier haggis. Et il comptait bien le lui faire comprendre.

« Alors, pintade, je n’irais pas jusque-là. Mais bon, il y a pléthore de  volatiles, donc je te laisse le soin de choisir celui qui aura ta préférence. Pourvu que ses ailes puissent te permettre de t’écarter de la lumière du feu… »

Simple, poli, tout du moins dans la forme. Il faut dire qu’elle s’était calée entre lui et le feu de tourbe. Et après tout, si elle levait les voiles en le traitant d’un nom d’oiseau, il aurait au moins la paix. Une voyageuse ne pouvait pas avoir les informations qu’il souhaitait. Donc au mieux, elle serait une diversion qui lui ferait perdre son temps. Mais la demoiselle semblait avoir de l’aplomb. Peut-être serait-elle une partenaire de joute verbale convenable ou tout du moins d’une histoire intéressante à raconter.  

«  Bon et à part ça qu’est-ce qui amène un cétacé de ton espèce à s’échouer dans les parages ? Une vengeance ? Un fiancé indélicat ? Une dette infernale à faire payer ? Non, parce qu’entre nous, tu n’as pas vraiment l’allure d’une voyageuse non plus… Pourprandine…»

Il la regarda intensément. Pour qui le prenait-elle ? Pour un apprenti tout juste sorti des jupes d’Athéna ? Elle dégageait malgré elle une aura bien caractéristique. La même que celle des « invités » qu’il avait dû accompagner à travers les douze maisons… Cette puanteur… Elle sentait la mort. Il était parfaitement placé pour le deviner, lui, le passeur d’âmes. Il était fort probable qu’elle-même sache à peu près à qui elle avait à faire…. Tout du moins si elle en savait suffisamment sur les coutumes du Sanctuaire.

Pourtant curieusement et contrairement à son expérience précédente avec les spectres, il ne ressentait pas l’envie irrépressible de lui envoyer son poing à travers le visage. Peut-être parce qu’elle était une femme. Peut-être parce qu’il était là sans ordre de mission, dans une taverne pleine à craquer et qu’un combat était sans doute la dernière chose à faire s’il voulait rester discret. Et au passage protéger les « innocents » qui étaient tranquillement en train de s’encanailler et se réveilleraient au petit matin en pleine rue dans leur propre vomi.

Il  retourna vers son manuscrit non sans avoir  repousser du pied la chaise lui faisant face comme une invitation silencieuse à prendre place.

«  Alors? On joue carte sur table ou tu préfères continuer à prétendre que nous sommes semblables aux ivrognes qui nous entourent ? Qu’en dis-tu, milady ?»      

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Elle voulait jouer les pestes… Très bien, elle allait avoir du répondant. Mais à ce jeu-là,  Kalen savait garder son sang-froid. Alors qu’elle s’agitait pour l’agacer, il continua calmement à laisser l’encre glisser sur le papier. Elle tenait absolument à se faire passer pour une simple voyageuse. Etrange positionnement…. Mais les faux semblants n’étaient pas son fort. Donc, il allait un petit peu accélérer les choses. On ne jouait pas au chat et à la souris avec le chien de garde des Enfers.  

« Allons bon…Une servante d’Hadès en goguette… Quelle est donc ton étoile ma chère ? L’étoile terrestre de l’agacement ? Je sais reconnaître un Spectre quand j’en vois un… N’essaie pas de me faire prendre une Banshee pour une Princesse… »

Voilà, il avait posé les cartes sur la table et rajouté la bouteille pour faire bonne mesure. Maintenant, il y avait deux opportunités. Soit elle s’enfermait dans son illusion et les choses risquaient fort de s’arrêter là, soit elle posait son masque et il ne pouvait prévoir ce qui allait se passer par la suite. Une situation assez inédite dans tous les cas : converser avec un suppôt des Enfers sans en venir aux mains… Tout du moins, il l’espérait. Il tenterait d’arriver à ce résultat à moins d’être contraint au combat. Pour autant, l’affrontement se jouerait très certainement sur un autre terrain. Il ne fallait pas être dupe. Autant ouvrir les hostilités et guider la jeune femme dans cette voie.    

« Qui te parle de se saouler milady? Le whiskey irlandais ne vaut pas son homologue écossais mais il reste un breuvage fort appréciable pour les longues soirées au coin d’un feu de tourbe»

Il claqua des doigts à l’intention d’une serveuse qui passait. Un simple geste et un deuxième verre vint à apparaître comme par magie devant la jeune femme à la chevelure améthyste. Sans lui demander l’autorisation, il le lui remplit et se resservit une rasade au passage. Refermant la couverture de cuir de son manuscrit relié, il prit le gobelet de terre cuite qui lui servait à se désaltérer depuis le début de la soirée entre ses deux mains.

Son regard se perdit calmement dans les flammes rougeoyantes et la fumée épaisse du feu de tourbe. Il but une longue gorgée, laissant le parfum de malte distillé l’inspirer. Il tint néanmoins à rectifier une approximation de son interlocutrice, une pointe de sarcasme et d’amusement dans la voix.

«  …   J’ai parlé de cétacé… Je te laisse libre de ton interprétation… Même si j’imagine qu’il doit y avoir des créatures bien plus dangereuses sous la surface du Styx ou de l’Achéron… Quelles sont donc les nouvelles des huit prisons ?»      

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Etoile Terrestre de la Bestialité… Kalen ne connaissait pas bien l’intégralité des 108 étoiles maléfiques. Les principales, bien évidemment. Elles figuraient en bonne place dans les chroniques des survivants des guerres saintes précédentes. Mais celle-là, il devait bien l’avouer,  il n’en avait jamais entendu parler. Et l’ignorance était un sentiment qu’il abhorrait. Qu’à cela ne tienne, il pouvait y remédier sur le champ.  

« La Bestialité donc ? Intéressant… Et surprenant. J’aurais imaginé un Spectre bien plus imposant… Et quel est donc ton surplis ? La Succube ? La panthère ?Le furet des enfers?  »

Toujours cette petite pointe d’ironie. Il fallait pas non plus la jouer copain copain avec un sbire d’Hadès… Et puis quoi encore ? L’inviter à danser la gigue ?  La partie d’échecs commençait. Il venait d’ouvrir le bal avec un pion blanc. Mais déjà, la stratégie de la jeune femme était déconcertante. Aller aux Enfers ? C’te bonne blague ? Et pourquoi pas chanter le God Save the King au milieu du pub tant qu’elle y était ? Même si aller botter quelques culs de spectres à domicile pouvait s’avérer tentant, il n’oubliait pas qu’il n’était pas là en mission officielle et que personne ne viendrait donc lui sauver le derrière s’il se mettait en danger. Il ne pouvait compter que sur soi-même. Et céder à la provocation ne faisait pas parti des options envisageables. Il soupira d’un air faussement contrit.    

« Tu m’en vois désolé Milady, mais je sais que l’air du puit des âmes ne me sied guère. Trop sulfureux à mon goût. Et puis, je tiens trop à notre ciel étoilé. De plus, il se pourrait que je provoque de légers remous si je venais à monter dans la barque de Charon… Je ne voudrais pas être obligé de mordre le Spectre du Sphinx avec l’une de mes trois mâchoires…  »

Une indication discrète saupoudrée de quelques connaissances infernales. Il connaissait ses classiques. Elle ne pourrait donc pas lui faire prendre des Fairies pour des papillons. Même s’il n’en avait jamais vu de ses propres yeux, les récits des survivants et les murmures des esprits lui donnaient une image suffisamment claire de la menace.

Il s’affala dans le fond de sa chaise, faisant glisser son gobelet entre ses mains sans perdre la jeune femme du regard. Elle était à peine plus âgée que lui. Sa peau mate pouvait laisser penser qu’elle était métisse ou originaire du bassin méditerranéen. Mais probablement pas de l’empire Ottoman… Si, éventuellement des Balkans… Il se perdit en perspectives et en suppositions.

«  Je suis curieux… C’est ta couleur de cheveux naturelle ou tu te les teints avec du jus de myrtille pour te donner un genre ? A moins que ce ne soit la dernière mode au royaume de son altesse Nécrophile Ier…»      

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«Il est probable que le Spectre de la Succube a certainement d’avantage de…courbes. Sans vouloir t’offenser, bien sûr… »

Bon, ok. Sur ce coup là, il était quelque peu de mauvaise foi. Bien sûr qu’il l’astiquait volontairement pour voir si elle dégoupillerait. C’était presque un jeu immémorial entre les Spectres et les chevaliers d’Athéna. Une façon de se faire la guerre avec tact sans en arriver aux mains. Et d’éprouver la valeur de l’adversaire. Surtout si ce dernier était…Un CHAT ?!!!! Kalen manqua de s’étouffe et explosa de rirer. Le surplis de son vis-à-vis était un putain de matou fantôme à la con ?  A moins qu’elle aussi soit une sorcière ? Décidément, il avait l’art d’attirer tout ce qui venait de l’entre deux mondes. Il la regarda d’un œil pétillant, presque carnassier.

« Donc tu es une chatte de gouttière qui se balade ? C’est…excuse-moi… d’un comique !!! Et ils t’ont fournis le surplis avec le jouet en forme de souris inclus ou pas ? »

Il mit un certain temps à retrouver sa contenance et finit par considérer les propos de la jeune femme. Cerbère se laisserait-il faire ? Comment réagirait-il devant le Chevalier d’Athéna censé incarner son esprit ? Etait-il encore seulement le gardien des Enfers ? Kalen avait un sérieux doute à ce sujet.

«  Tu sembles le considérer comme un gentil chienchien à sa mémère. Je pense que tu te goures sur toute la ligne… Vous pourriez être surpris. Et si avec ma simple présence, votre formidable arme pour empêcher les morts de sortir et les vivants d’entrer se retournait contre vous ? Combien de pourprandins avalerait-il avant que vous ne parveniez à le neutraliser ? »

Elle posait des questions. Mais voulait-il seulement lui répondre ? Allez, il se sentait d’humeur magnanime. Elle était curieuse ? Elle allait être servie.

«  Mon nom est Kalen de Cerberus. Et sache pour combler ton ignorance que le masque n’est pas cette coutume misogyne que d’aucun, détracteurs du Sanctuaire veulent faire croire. Il est des femmes sans masques et des hommes qui le portent. C’est avant tout  un symbole d’abnégation et d’humilité. Des valeurs qui ne doivent effectivement pas faire fureur aux Enfers… Pas étonnant que vous brilliez dès lors par une ignorance crasse…»    

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«Donc tu chasses tes jouets ? Intéressant… Préviens-moi si jamais tu considères que j’appartiens à cette catégorie. Je m’en voudrais de te faire courir inutilement… »

Elle avait du caractère. C’était toujours ça de pris. Il y avait une lueur dans son regard qi ne laissait aucun doute. Sans doute un goût prononcé pour la torture et les jeux sadiques. Pas surprenant de la part d’un suppôt d’Hadès. Mais vu le physique de la jeune femme, sans être une beauté fatale, elle pouvait certainement être mortelle pour la plupart des humains. Le genre de garce vénéneuse qui attirait les abrutis et la viande saoule. Ce qui ne manqua pas d’arriver. Un homme dans un état d’ébriété avancé saisi la pourprandine par la taille. Grossière erreur. Il se retrouva bientôt collé contre le mur, les pieds s’agitant frénétiquement au-dessus du sol comme ceux d’un gibet de potence.

Elle le menaça en italien. C’était donc de là qu’elle venait. De la péninsule. Un point à creuser. Mais il y avait plus urgent pour le moment. Kalen se leva à son tour et dissuada d’un simple regard les compagnons de l’infortuné d’intervenir. Puis, s’approchant de la jeune femme, il lui posa la main sur l’épaule avec beaucoup de bienveillance

« Laisse ce pauvre bougre. Il n’en vaut pas la peine. Il s’est déjà suffisamment humilié pour la soirée…  »

Le Reste du pub avait arrêté de respirer. Tous les regards étaient braqués sur eux. Kalen joint ses mains devant lui et les regarda posément. Il pouvait profiter de la situation pour délier quelques langues. Saisir l’opportunité quand elle se présente. N’était-ce pas ce qu’Altia avait tenté de lui inculqué ? Elle lui avait offert involontairement une chance de faire avancer son enquête. Et il n’allait pas s’en priver.

«  Si d’autres parmi vous font de la rétention d’information concernant ce qui est arrivé à la famille Scully durant la vague de l’an dernier, je laisserai volontiers la demoiselle s’amuser avec eux. En revanche, toute information sera rétribuée à sa juste valeur…»

Associant le geste à la parole, il désigna la bourse qu’il portait à la ceinture. Puis, se rasseyant, il invita Alexiia à faire de même avant de poursuivre comme s’il ne s’était absolument rien passé. Il refusa poliment l’offre de la jeune femme.

«  Non merci… je n’ai pas pour vocation à respirer de la cendre incandescente…Donc tu es italienne. Intéressant… De quelle région précisément ?»    

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«Détends-toi gattina infernale… Sinon tu vas nous faire une apoplexie et te retrouver plus rapidement que prévu auprès de ton patron…Qui risque d’en être fort contrarié »

Hum… Avait-il touché un point sensible en évoquant ses origines ? Sans doute. La réplique d’Alexiia se fit plus tranchante. Le chaton sortait ses griffes. Il devait y avoir quelque chose dans son passé qu’il ne faisait pas bon remuer à moins de vouloir la faire dégoupiller. C’était toujours un point à garder en tête au cas où ils se retrouveraient face à face dans des circonstances beaucoup moins cordiales. Mais pour l’heure, il n’était pas question d’activer la bombe. Kalen prit donc soin d’éteindre la mèche avant de mettre involontairement le feu aux poudres alors que la situation s’était apaisée.

« Je ne voudrais pas te faire cet affront, non… Je suis bien trop mal éduqué pour pouvoir prétendre à la Péninsule… Simple curiosité de ma part voilà tout. Mais n’en parlons plus..  »

De toute manière, des choses bien plus intéressantes s’avançaient sous une forme des plus inattendues. Le vieux loup de mer semblait vouloir les impressionner. Alors de deux choses l’une : soit il était aveugle et n’avait pas vu le danger que représentait Alexiia, soit justement, il maîtrisait le sujet et la partie n’allait pas être aussi simple.  Ce gars-là ne lui disait rien qui vaille. Comme s’il savait parfaitement ce qu’était un éveillé. Sans un mot, il s’assit face à eux, faisant un signe de tête en direction de la bourse de Kalen comme s’il voulait en jauger le contenu avant de dire quoi que ce soit.  Le chevalier d’argent de Cerbère le dévisagea d’un regard perçant.

«  J’imagine que la politesse voudrait qu’une pièce ou deux ouvrent la discussion… C’est si gentiment demandé que je serais en peine de refuser…»

Joignant le geste à la parole, il posa plusieurs livres irlandaises sur la table et referma immédiatement la bourse pour ne pas que l’homme puisse évaluer de combien il disposait. Comme aux cartes, il s’agissait de bluffer et de jouer au jeu de menteur. L’inconnu était de savoir le rôle qu’Alexiia allait jouer. Volontairement ou non. Attendant que l’homme se mette à table, il la regarda du coin de l’œil.

«  L’expérience m’a prouvé que rien n’est gratuit ici-bas. Sache juste que j’honore mes dettes. Même si cela doit me coûter…»  

L’homme posa une carte sur la table. Un plan de Galway. Il y avait quelque chose de louche dans tout cela. Où avait-il encore foutu les pieds ?  

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«Et ? C’est tout ? Un plan de la ville ? C’est ça ton information ? J’aurais pu aller demander à la garde, je suis sûr qu’ils en avaient autant à me vendre… »

L’homme goûta moyennement la plaisanterie. Il déroula la carte et sortant un fusain, il y indiqua le croisement d’une rue. Au moins n’avait-il pas planté un poignard au milieu dans une espèce de parodie de méchant de bas étages. Bon, il n’était pas plus causant pour autant. Tout en continuant à mâchonner une substance dont il préférait ignorer la nature, il balançait un regard appuyé à l’argent restant dans la bourse du chevalier. Alors qu’il tenta un mouvement pour se servir par lui-même, Kalen attrapa sa main et lui tordit le poignet à la limite de la rupture. Il pensait pouvoir le doubler ? Ce type était soit complétement demeuré, soit il bossait pour quelqu’un. Kalen l’attrapa par le col pour pouvoir lui murmurer à l’oreille.

« Je te laisse partir devant prévenir ton employeur. Tu es en vie. C’est ta récompense en plus des 3 livres. Dis-lui aussi d’être suffisamment armé. Car j’imagine que ce ne sera pas un accueil de courtoisie.»

Il repoussa dès lors l’homme vivement sur sa chaise. Les Scully avaient dû tomber dans une embrouille. Ou alors ce raz de marée n’était pas aussi accidentel que d’aucun voulaient le prétendre. Il y avait quelque chose de pas net du tout. Est-ce que ça dépassait le cadre de l’humanité ? Pas sûr. Mais il ne pouvait pas laisser passer l’occasion de le constater de ses propres yeux. Présence officieuse ou pas. Après, Alexiia l’accompagnerait-elle ? Allait-il réellement faire équipe avec un Spectre ? Lui ? Et dire que dans un autre cadre, ils se seraient probablement sautés dessus sans autre forme de procès… Mais l’heure n’était pas vraiment aux enfantillages. Kalen laissa l’homme repartir et s’adressa à sa « partenaire » d’un ton amusé

« Bon… Mon chaton, te voilà avec deux possibilités : un, rester ici et continuer à s’ennuyer ferme et revenir aux Enfers sans rien de croustillant à raconter… Ou alors, me suivre dans cette enquête, où, il est certain, tu trouveras des têtes à fracasser et qui sait peut-être une raison à ta présence dans le coin…»

Il se leva sans attendre sa réponse. Qu’elle vienne ou non, après tout, cela ne changerait rien pour lui. Peut-être juste un peu de divertissement en plus. Et puis… Elle aurait sans doute autant d’aversion à l’accompagner que l’inverse. Mais derrière son allégeance, le caractère de la demoiselle lui plaisait bien. Elle était directe et savait se défendre. Un peu comme Nimüe. Nimüe… Et dire que c’était pour elle qu’il faisait tout ça…

Il ouvrit la porte du pub et jeta un dernier coup d’œil par-dessus son épaule.

« Alors ? Est-ce que tu viens ou restes-tu ici à lustrer ta féline toison ?»

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«Je n’ai pas d’amis. Les autres chevaliers pensent déjà que je ne vaux pas mieux que vous autres. Donc un peu plus un peu moins…  Et je crois qu’il y a suffisamment à faire au Sanctuaire et aux Enfers pour que personne ne vienne par ici. Mais si ça peut te rassurer, si jamais nous croisions un autre Spectre, je feindrais d’être ton prisonnier… Si cela peut flatter ta réputation au Cocyte…. »

A vrai dire, il espérait ne pas en arriver à cette solution. Effectivement, croiser des Saints ou des Spectres risquait de ne pas être une sinécure. Devoir se justifier sur ce qu’il fabriquait avec une pourprandine risquait de lui valoir quelques soucis à son retour au Sanctuaire. Il ne tenait d’ailleurs pas vraiment à devoir justifier de cet état de fait. Mais après tout, vu sa réputation désastreuse, il n’y avait pas grand-chose qui pouvait y remédier. Aussi bien dans un sens que dans l’autre. Pour autant, il n’y avait à priori rien qui devait amener les armées d’Hadès ou d’Athéna sur l’île d’Emeraude.

Ils arrivèrent à l’angle de rue indiqué. Un recoin sombre bien évidemment. Deux rues étroites, de véritables coupes-gorges. Et une lourde porte avec des barreaux entrouverte en guise d’invitation. Bien sûr que c’était un traquenard. Comment pouvait-il en être autrement ? La question était de savoir ce qu’ils allaient trouver en face d’eux.    

« Tu es prête à sortir les griffes ? On va entrer dans la tanière du loup. Tu portes ton surplis au moins j’espère ? Ce serait dommage d’abîmer ton joli minois…»

Sans un mot de plus, il poussa silencieusement la porte. Le couloir était plongé dans l’obscurité. Kalen avança à pas de loup. On les attendait forcément au bout du corridor. Il avait prit la tête instinctivement mais peut-être aurait-il dû laisser l’honneur à Alexiia? Après tout, la légende voulait que les chats soient nyctalopes… Mais il était trop tard pour réfléchir à la stratégie.

Ils butèrent bientôt sur une nouvelle porte. En acier celle-là. Et bien fermée. Pour l’entrée discrète et l’effet de surprise. C’était râté. D’un autre côté, vu le message qu’il avait fait passer à l’homme du pub, il était totalement illusoire de penser à cette option. Donc, avec la plus grande décontraction du monde, Kalen entreprit de frapper à la porte. Il sentait le poids du regard interrogateur du Spectre sur ses épaules. Il se retourna donc pour lui faire face dans l’obscurité.

« Tu voyais une autre solution ? Autant agir avec savoir-vivre. Ca les décontenancera peut-être un minimum si on doit attaquer les premiers… »

Alors qu’il achevait sa phrase, un cliquetis lourd et profond associé aux grincements des gonds signala l’ouverture de la porte. Ils débouchèrent sur une pièce circulaire où deux dizaine d’homme étaient attablés. Un silence écrasant s’abattit sur l’assistance pendant de longues secondes. Jusqu’à ce qu’un homme, situés à l’exact opposé se lève. En un coup d’œil, les ennuis étaient là. Terriblement prévisible mais pour autant désespérément surprenant. Il ne s’y ferait jamais. A l’éclat de ces armures. Aussi noires que la nuit. Ni à l’état d’esprit de ceux qui les portaient. Pour autant, il fallait conserver la dragée haute avant que la fête commence.

«  Excusez-nous… C’est bien ici la partie fine ? On nous l’a indiqué mais vous savez ce que c’est, on serpente, on avance, on recule… Bref, on a raté quelque chose ?»  

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«Oh, pour tout à l’heure, j’ai bien failli te demander si tu te faisais aussi ta toilette en te léchant, mais ce ne sont pas des questions à poser à une jeune femme… Et pour la gamine… J’avais vu pour la bourse… Mais elle en avait sans doute plus besoin que moi…»

Forcément les mecs en face d’eux n’étaient pas des enfants de cœur. Loin de là. Kalen poussa un soupir. Pourquoi fallait-il, derrière chaque disparition mystérieuse qu’il essayait d’élucider, derrière chaque situation merdique qu’il essayait de résoudre, pourquoi, bon dieu, fallait-il qu’il y ait un chevalier noir ? Ca ne pouvait pas être des brigands lambda… Non… Bien évidemment. Trop facile, trop simple. Putain de karma de merde. Mais au moins, il était pas trop mal accompagné.

Dire qu’Alexiia était fiable, c’était se bercer d’illusion. Il était probable qu’à la première occasion, elle lui fausserait compagnie. Mais Kalen comptait sur l’attrait du combat pour qu’elle ne se défausse pas au moment critique. C’était comme combattre aux côtés d’une panthère sauvage sans savoir si elle allait fondre sur l’ennemi ou vous sauter à la gorge. Mais l’écossais avait toujours été joueur. Ce n’était pas aujourd’hui que ça allait changer. Il toisa donc sa partenaire et se mit nonchalamment en garde.        

« Non, j’ai écorché leur chat… Tu en as d’autres des questions stupides ? Je suis un chevalier d’Athéna au milieu d’une bande dirigé par un chevalier noir… Je pense qu’il faut pas être sortie de l’académie royale pour voir où se situe le problème. Ne sois pas insultante vis-à-vis de son « armure ». Après tout, il s’agit quand même d’ersatz des nôtres. Mais c’est sûr qu’elles manquent de classe. Tons surplis, c’est sans doute un autre style. Un modèle enfant, non ?»

Il jeta un œil de haut en bas à Alexiia, un ton provocateur dans la voix. Se doutait-elle du pourquoi du comment ? Peut-être. Mais il ne lui laissa pas le temps de réagir. Jetant sa cape sur l’homme le plus proche, il s’élança vers le chevalier noir sans autre forme de procès. C’était lui le chef de tout ça. Quel était le lien avec la disparition de sa famille maternelle ? Il n’en avait aucune idée. Qu’est-ce qu’une saloperie de blackeux foutait à Galway ? Encore moins. Il faudrait penser à le laisser en vie.

L’aura pourpre et argenté de Kalen se déploya autour de lui. Comme un champ de force. Son cosmos aux relents de mort se diffusa, empêchant quiconque de s’approcher de ce duel qui s’annonçait. L’esprit de Cerberus s’éveillant. L’armure venait elle aussi à briller. Kalen jeta un regard perçant à l’homme lui faisant face.  

« Allez la noireaude… Un peu de nerf. J’espère que tu te bas un peu mieux que ton petit camarade que j’ai atomisé en Bohème. Vas-y, montre-moi si tu as quelque chose entre les jambes…»

Il lui fit signe d’approcher. Provocation quand tu nous tiens. Les chevaliers noirs n’étant pas réputés pour leur sang-froid et leur intelligence, Kalen souhaitait vérifier que celui-là ne dérogeait pas à la règle.

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«C’est vrai mais tu ne m’a même pas laissé le temps de t’attacher mon chaton… Du coup je suis frustré et je vais passer mes nerfs sur le vilain monsieur que voilà…  Et ce sera entièrement ta faute. Tu auras intérêt à te faire pardonner quand on en aura terminé ici…»

Elle voulait jouer la provocation et voir jusqu’où il était prêt à aller ? Elle n’allait pas être déçue. Il n’avait jamais baissé le verbe devant quiconque. Ce n’était pas devant un Spectre que ça allait commencer. Oh oui le pauvre choupinet coincé dans son armure… A cette pensée, Kalen esquissa un sourire derrière son masque. Il allait le décoincer le choupinet. Le détendre à grands coups de latte dans les parties jusqu’à les lui faire ressortir par la bouche. Mais pour le moment, il n’en était qu’aux préludes. L’homme était rapide et virevoltait esquivant chacun des coups que l’écossais tentait de lui porter.  Il essayait sans doute de l’épuiser. Il allait amèrement le regretter. Cependant il restait encore au chevalier d’argent à évaluer le niveau de son vis-à-vis. Bronze ? Argent ? Il n’arrivait pas à reconnaître la protection sur laquelle son armure noire avait été copiée. Pourtant, il avait vu de nombreux schéma et dessins dans les archives du Sanctuaire. Mais celle-ci échappait à sa connaissance. Et le pouvoir de son porteur également.

Pendant ce temps, Alexiia semblait s’être défait de son adversaire sans aucune difficulté et avec une rapidité déconcertante. Une étincelle sauvage brillait dans ses yeux. L’appel du sang, la cruauté. C’était donc cela les autours de la Bestialité. Sa sauvagerie semblait être communicative et Kalen sentit qu’il allait devoir brider Cerberus. L’esprit de l’armure répondait à l’énergie du Cait Sith. Etait-ce cela le véritable pouvoir des Spectres ? Celui d’influencer les émotions les plus noires et enfouies au cœur des hommes ? C’était une option à considérer. A vrai dire n’ayant jamais été confronté à un serviteur d’Hadès au combat, il lui serait bien difficile d’en avoir la certitude. Pour autant, il n’en oubliait pas ses fondamentaux et la différence qui existaient entre eux. Le respect de la Vie. Mais était-ce un principe seulement applicable aux chevaliers noirs ? C’était un point que Kalen n’avait pas élucidé. Mis généralement, ils avaient la réputation de se battre jusqu’à la mort.  

« Tut tut tut… Chasse gardé mon chaton… Tu as tout le reste de la clique pour te divertir. Laisse quand même la chance à ceux qui veulent s’enfuir de le faire maintenant… Ils n’ont peut-être pas tous choisi d’être ici. Pour les autres, tu as sans doute un surplis à abreuver, j’imagine…»

C’est le moment que son adversaire choisi pour contre-attaquer. Il essaya de le prendre de vitesse mais le chevalier d’argent contra chacune de ses frappes. La puissance physique n’était pas son point fort. En revanche, il semblait être capable d’accélérer ses coups jusqu’à une vitesse qui dépassait celle d’un simple chevalier de bronze. Voyant que les simples attaques physiques ne portaient pas leurs fruits, il se mit dans une position des plus singulières. Les bras resserrés contre son torse,  les poings vers le plafond, l’allure ne manquait pas de rappeler à Kalen  un individu constipé en train de tenter de se soulager le colon. Seule la concentration de son aura empêcha le Saint de Cerbère d’exploser de rire. Il lui sembla qu’autour de lui la pièce se mettait à transpirer. L’air devenait iodé. Comme lorsque l’on se soumet aux embruns un jour de grande marée.

C’était une technique de cosmos. A n’en pas douter. Et son élément devait être l’eau. C’était maintenant qu’il allait voir la réelle puissance de son adversaire. Il allait enfin pouvoir jauger de cette réalité du combat. Il le regarda dans le fond des yeux pour lui signifier qu’il n’était pas impressionné  

« Ah enfin… On passe aux choses sérieuses. Tu en as mis du temps. J’espère que ton pouvoir ne se limite pas à faire augmenter l’humidité dans l’air. Parce que sinon, t’es pas dans la bonne partie du monde pour te rendre utile… Allez, donne tout ce que t’as. C’est la seule chance que tu auras de m’abattre. Et de te mesurer à la demoiselle au profond décolleté qui m'accompagne... »

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«Détends toi mon chaton, je l’occupe suffisamment pour qu’il n’ait pas remarqué que tu avais un téton qui dépasse de ton surplis. »

Elle continuait la bougresse. Elle était presque aussi joueuse que lui. Sauf que c’était un Spectre. Il ne fallait pas l’oublier. Et elle l’avait largement rappelé à l’assistance d’un simple geste. Une jolie nuque brisée en guise de signature. Il ne fallait pas nier qu’elle était une adversaire redoutable. Bestialité avec un sourire enfantin. Une douce cruauté comme seuls les Enfers pouvait certainement en produire. Et il ne devait certainement pas se fier à son ton enjôleur. La pitié ne faisait sans doute pas parti de ses qualités. Mais au moins avait-elle la langue bien pendue et sa compagnie ne laissait pas à désirer. Kalen la trouvait même… Divertissante.

Mais pendant ce temps, son adversaire avait décidé de passer à l’attaque. Sans en bruit. Tout dans le furtif. A croire que ce gars-là était muet. Kalen senti comme une vague gigantesque envahissait la pièce. Comme si la mer déchaînée venait d’entrer dans la pièce et y déferler sa fureur. Le cosmos de l’homme prenait une forme bien caractéristique. Un poisson ailé. Le chevalier d’argent était certain d’avoir vu un poisson ailé. Alors que la vague s’approchait d’eux, Kalen saisi Alexiia par la taille et lança  sa chaine à un crochet au plafond, intensifiant son cosmos pour les protéger tous deux. C’était lui qui l’avait embarqué dans cette galère. Elle avait beau être au service d’un ennemi séculaire, en la conviant, il avait pris la responsabilité de faire son maximum pour l’en sortir en un seul morceau.

Alors que la pression du courant et le niveau de l’eau s’abaissaient, Kalen relâcha son étreinte sur le Cait Sith. Il cracha un peu d’eau et écarta la jeune femme. Son vis-à-vis semblait avoir dépensé pas mal d’énergie. Le moment était venu d’en finir.

«Bon, le temps que tu sèches ta fourrure, je vais m’occuper de notre ami. C’est donc tout ce que tu as ? A mon tour de te montrer de quoi je suis capable. Et Ce ne sera pas une simple baignade dans les vagues. »

A ces mots Kalen fit exploser son cosmos. Les hommes qui n’avaient pas été mis K.O par la vague générée par leur propre chef se retrouvèrent collés au mur. Il avait lâché Cerberus. Et ce dernier, titillé par le chat des Enfers avait soif d’en découdre. Le cosmos du chevalier d’argent illuminait la pièce de reflets pourpres et argentés.

« Je vais te montrer quelle est la puissance d’un véritable chevalier!  FINAL COUNTDOWN !!!!!»

A ces mots, son cosmos prit une forme spectrale féminine qui percuta de plein fouet son adversaire. Ce dernier resta hébété comme terrorisé. Le cri de la Banshee venait de frapper.

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