[Flashback] Début d'une histoire [PV Réa]

Déjà aux affaires…. Mon regard se perdait sur les vagues lointaines qui s’écrasaient sur les rochers, n’hésitant pas à se fracasser dessus telle une véritable force de la nature. Mon objectif était là, juste à côté, une grotte naturelle formée dans les rocheuses servant d’abris à des pirates de la pire espèce. Non loin, à quelques mètres tout au plus un petit quai en bois ne pouvant accueillir que deux embarcations au maximum. Loin d’être bête les pirates avaient tout prévu car avec un tel stratagème il était impossible aux autorités ou à d’éventuels ennemis d’intervenir en masse. Grand bien leur face, je n’avais besoin que de moi-même pour mener cette mission à bien.

Bien que libre depuis plusieurs mois maintenant il m’avait fallu un peu de temps pour retrouver ma puissance d’antan et une forme physique respectable. De même je n’avais pour l’instant qu’une dizaine d’hommes sous mon commandement, des types que j’avais trouvé à d’autre à gauche tout en leur promettant un travail bien payé. J’avais donc formé le premier équipage du Phoenix des Mers, équipage pirate créé dans le but de sauver des esclaves, piller les navires d’autres pirates tout en redistribuant les richesses. Notre objectif du jour était une petite organisation clandestine trempant dans le trafic d’être humain. Ils n’étaient pas bien malins mais faisaient régner la terreur dans les alentours profitant d’être situés entre plusieurs frontières où la politique empêchait toute action pour remédier à ce fléau.

Une fois assez proche du quai où il n’y avait qu’un seul bateau appareillé, j’intensifiais ma cosmo-énergie de glace afin de faire tomber de la neige sous le regard surpris de mes hommes, avant de lancer une vague de froid en direction du bateau ennemi. Immédiatement la distance séparant le Phoenix des Mers au bateau pirate et au quai fut gelée.

« Allons-y. » Déclarais-je sobrement avant de sauter par-dessus bord pour me réceptionner sur la mer gelée. Avec cette tactique nos ennemis ne seraient pas en mesure de se sauver avec leur embarcation et mieux encore mes hommes et moi allions pouvoir nous approcher en toute discrétion. Au pas de course malgré la glace nous arrivâmes rapidement au quai. A cet instant mes hommes se divisèrent en deux groupes, l’un allait devoir prendre possession du bateau et l’autre allait devoir explorer et délivrer les éventuels esclaves présents dans les grottes.

Une fois à l’entrée de la grotte, je faisais signe à mes hommes restant de rester silencieux. J’allais diriger les opérations et même s’il fallait que je me batte seul je n’hésiterais pas. Les galeries étaient éclairées et déjà un garde se présentait à nous. En une fraction de seconde j’arrivais devant lui tout en glissant sur ma glace pour venir m’agenouiller et saisir ses deux jambes que je commençais à geler. Et la seconde suivante le malheureux était devenu une statue de glace n’ayant pas eu le temps d’alerter ses petits camarades.

Déjà mon aura glaciale pouvait se faire ressentir à travers les autres galeries aussi et surtout au niveau de la pièce principale où les esclaves étaient normalement gardés.

Des guenilles qui te couvrent à peine dans cette grotte simplement chauffée par quelques feux de camps et torches. Ton corps est douloureux, souvenirs de ta correction d’hier. Il faut dire que tu es loin d’être la plus sage. Un esprit plutôt rebelle. Protéger les plus faibles, les plus jeunes, là est ta vocation. Car oui, tu t’en es donnée une, histoire de ne pas perdre pied. Histoire de garder la foi et de ne pas t’écrouler en larmes. Ce n’est pas dans tes habitudes, bien que tes bourreaux te mènent la vie dure. Tu dois montrer l’exemple. Montrer que tu ne les crains pas. Montrer aux autres qu’il ne faut pas les craindre. Et pourtant … Ils sont si terrifiants … si cruels.

Tu t’éveilles en sursaut, étendue sur une couverture relativement sale ne donnant rien de confortable au sol de pierre froid. Tu te redresses. Ton réveil n’est pas naturel. Ce sont des pleurs qui t’ont sorti de tes songes infiniment sombres. Tu secoues la tête et ouvres tes paupières. Et là … Tu agis, rapidement. Tu te précipites, t’interposes de ta petite taille, bras en croix au-dessus de ta tête. Tu grimaces lorsque tu ressens la morsure du fouet qui ne t’était pourtant pas destinée. Une brûlure, ton sang qui commence sa course le long de ton avant-bras. Tu attends un instant, te mordant l’intérieur de la joue pour ne pas lui offrir la satisfaction d’un gémissement de douleur avant de baisser les bras, de lever la tête.

« Encore toi ! Tu n’en as pas eu assez hier ? »

« Réa … » sanglote la fillette désormais en sécurité derrière toi.

Tu soutiens le regard de ton bourreau, consciente des représailles sévères qui t’attendent. Mais tu ne peux pas laisser cette pauvre enfant se faire battre. Il est de ta responsabilité d’aînée de la défendre. Et tu as bien conscience que tes courbes harmonieuses et délicieuses les forcent à te laisser en vie. Tu serres le poing comme pour mieux supporter la douleur.

« Je veux prendre sa place ! »

Ton corps est pourtant déjà stigmaté de nombreux hématomes, de nombreuses coupures, et pourtant, une nouvelle fois, tu es prête à recevoir la punition d’autrui. Il fait soudainement bien plus froid qu’auparavant, est-ce parce que tu as atteint les limites de ton corps ? Il lève le fouet et de nouveau tu protèges ton visage déjà quelque peu tuméfié mais pour l’instant immaculé de toute cicatrice.

J’attrapais le bras de cet immonde salopard avant qu’il n’ait eu le temps d’abattre son fouet. S’il y avait bien un genre de personne que j’avais en horreur, c’était bien le sien. Les enfoirés de son espèce ne méritaient pas de vivre et bien que j’accordais un immense respect à la vie humaine je faisais exception à mon code d’honneur rien que pour eux. D’un mouvement je venais croiser son propre bras contre sa gorge tout en frappant de mon pied l’arrière de sa jambe droite pour le faire tomber à genoux devant la petite. Bien que dégouté, je restais impassible alors que le corps du bandit commençait à se recouvrir de glace. Le malheureux allait rester ainsi pour la fin des temps, telle une statue devant la cage… tout un symbole.

« Tu peux supplier, pleurer… exactement comme ces pauvres gens que tu maltraites depuis des années avec ton trafic inhumain. Je resterais de glace. »

Déjà plusieurs brigands arrivaient derrière moi avant de se faire intercepter par mes hommes. Nous n’étions qu’au début et pourtant nous nous concordions à merveille. Une fois mon adversaire gelé, j’adressais un simple signe de tête aux enfants avant de repartir vers les combats. Mon devoir de Capitaine était de tous les protéger et ce peu importe mon statut. Créant un bouclier de glace je finissais par assommer un des gardes avant de protéger l’un de mes soldats d’une attaque.

Rapidement nos ennemis cessèrent le combat, impressionnés par mes techniques de combat à base de glace. Ne sachant ce qu’était le cosmos, ils prenaient cela pour de la magie et avaient désormais peur du sorcier pirate. Curieuse appellation selon mon avis. Néanmoins, je n’avais aucune raison d’épargner des êtres aussi infâmes. Le froid devint plus dense et rapidement ils se retrouvèrent tous emprisonnés dans un bloc de glace pour l’éternité.

« Rassemblez les esclaves pour que l’on puisse les ramener au port le plus proche. Tout ce qui est utile, se revend, se consomme, on l’embarque. Essayons de rendre cette bonne action un minimum bénéfique pour tous. »

Même approuvèrent à l’unisson et commencèrent à réunir les esclaves d’un côté et les matériaux de l’autre. Oui j’avais un petit équipage efficace et je devais bien avouer que c’en était plaisant.

Un... deux... Mais pourquoi ne ressens-tu donc pas la morsure du fouet ? Prudente, tu baisses le bras, relèves les yeux. Ils s'écarquillent alors qu'un homme à la tignasse d'émeraude retient fermement l'avant bras de ton bourreau. D'instinct, tu attrapes la petite main de la gamine que tu protèges, afin de l'attirer contre toi, passant les doigts dans sa chevelure emmêlée. Car malgré toutes les horreurs qu'elle avait pu voir, malgré son jeune âge, tu souhaites lui épargner ce qui va suivre, l'inciter à pleurer à chaudes larmes dans tes loques.

Le voilà à tes pieds. Tu ne recules pas, gardant ton calme. Pourtant, tu trembles. Sous l'émotion. Sous le froid. Et cette glace qui apparaît. Cette énergie que tu ressens, qui émane de ton sauveur. Tu lui portes un regard reconnaissant, émerveillé, quelque peu larmoyant. Un simple signe de tête, et il vous abandonne déjà pour s'occuper des autres mécréants. Tes iris d'améthyste ne le quittent plus des yeux alors qu'il combat avec classe, prestance.

Les bourreaux finissent par prendre leurs jambes à leur cou avant que cet homme qui vous a sauvé, qui semble être le chef de tout ce petit troupeau, ne lance un ordre. Rassembler les esclaves, pour les ramener au port. Alors ... C'est fini ? Tout est fini ?

"Tout est fini ..." Murmures-tu.

Tu t'abaisses, encadrant les joues pourpres et rebondies de l'enfant qui se calme peu à peu. Tu sèches ses larmes et lui souris, bien que ta voix se fait tremblante, tu la rassures. Tu la confies à l'un des hommes. Après tout, ils semblent ... gentils. Eux. Tu lui promets que tout ira bien, désormais. Tu te redresses, grimaçant de tes maux avant de te rapprocher de cet homme qui t'intrigue.

"Hé ! Merci M'sieur !" Tu attrapes un pan de sa manche, toujours un peu tremblante, transie de froid. "Ce pouvoir ... C'est quoi ?"

Tu l'observes de ton regard imbibé d'innocence, d'intrigue. Tu ne le lâches, déterminée à trouver une réponse. Mais... Pourquoi t'y intéresser autant ?

« Hum ? » Fis-je en tournant la tête vers la gamine qui me tirait sur la manche. C’était la même gamine que j’ai sauvé du fouet il y a quelques minutes à peine. Décidément elle ne se démontait pas la petite. Elle ne semblait pas comme les autres esclaves qui étaient presque tous en pleurs, essayant tant bien que mal de surmonter les traumatismes passés et la joie de gouter à une future liberté bien méritée.

Elle me questionna sur mon pouvoir et je pouvais voir dans son regard toute sa détermination à avoir une explication qui tenait la route. Et il était certain qu’une réponse du style « c’est de la magie » ça ne fonctionnerait pas sur elle. Qui était-elle ? J’attrapais donc l’enfant à la tignasse rose par la main avant de l’amener un peu à l’écart et de la faire s’assoir sur un tonneau.

« Comment t’expliquer pour que tu comprennes…. Ah oui très bien. » Je me penchais pour attraper un petit caillou que je présentais à la gamine. « Tu vois ce petit caillou, il est composé de toutes petites choses que l’on appelle atome. Et c’est là que j’interviens, je manipule ces atomes que je peux accélérer ou ralentir selon ma volonté et…. » Le caillou venait de se transformer en glace sous nos yeux. « Tout est composé d’atome, absolument tout et avec de l’entrainement nous pouvons faire ce que nous voulons. »

Je joignais mes mains, cachant mes paumes pour augmenter une nouvelle fois ma cosmo-énergie. Un souffle glacial se faisait ressentir et lorsque j’ouvris les mains un minuscule loup de glace y était, loup que je plaçais dans les mains de la gamine.

« Tu peux le garder, il veillera sur toi. Allez maintenant va rejoindre les autres on ne va pas tarder à partir. »

Adressant un petit sourire à l’enfant, je me redressais pour rejoindre mon équipage et les aider dans les préparatifs. Il y avait encore quelques matériaux à charger sur les bateaux.

Comment allait-il réagir à cela ? Le fait qu’il t’ait sauvée n’ouvre pas la porte à tout, Réa. Peut-être va-t-il t’envoyer balader d’un simple coup de main ? Il attrape ta main et t’entraîne un peu plus loin. Le regard interrogateur, la surprise se lisant sur ton visage, tu le suis tout de même, comme une petite fille sage. Tu t’assois sur le tonneau, ne lâchant pas ton interlocuteur de ton petit regard intrigué. Tu l’observes attraper un caillou, finalement, malgré sa prestance et son air froid, il semble plutôt gentil. Toi, à l’accoutumé si distraite, cette fois, tu bois les paroles du jeune homme, totalement absorbée par ce mini-cours qu’il prend le temps de te donner.

La manipulation des atomes que l’on peut parfaire avec de l’entrainement. Intéressant. Tu restes silencieuse, louchant presque sur ce petit caillou désormais fait de glace. C’est impressionnant. Tu as déjà des étoiles pleins les yeux ! Il joint ses paumes, tu te demandes bien ce qu’il prépare. Tu ressens une nouvelle fois cet énergie, ce souffle glacial mais qui pourtant, te réconforte. Il te présente désormais sa main et ce petit animal de glace qui y trône.

« Oh ! Qu’il est beau ! » Tu attrapes le petit loup avec la plus grande délicatesse avant de l’analyser sous toutes ses coutures avant d’adresser un sourire radieux et enfantin à l’homme à la tignasse d’émeraude. « Merci, Captain ! »

Captain… D’où ça sort ça ? Tu as sans doute remarquer que tous ces hommes ressemblent à un équipage pirate, et lui, est certainement le chef. Tu es loin d’être bête finalement ! Et puis, comme tu ne connais pas son nom … Rejoindre les autres n’est pas trop de ton goût malgré tout. Tu gonfles un peu les joues tout en réfléchissant. Tu dois attirer son attention. Lui montrer que tu n’es pas comme les autres. Tu sautes sur tes deux pieds.

« Je veux apprendre ! » Tu soutiens son regard. « Vous avez dit qu’avec de l’entrainement, on peut tout faire ! Et puis … »

Tu lèves l’une de tes mains et te concentres comme le ferait une voyante devant sa boule de cristal. Tu frottes tes doigts l’un contre l’autre. Allez … Il faut que ça marche, tu ne dois pas te louper sur ce coup-là. Un crépitement, certes léger, mais faisant clairement apparaître des petites étincelles au niveau de tes doigts. Fière de toi, tu claques des doigts.

« Moi aussi ! J’ai des pouvoirs ! L’homme au fouet n’avait pas trop apprécié le coup de jus la dernière fois … Alors … Je me suis un peu entrainée à le refaire … » Tu marques une pause. « Moi aussi, je peux jouer avec les atomes ? Avouez-le, vous êtes impressionné ... »

Captain ? Cette petite n’était vraiment pas comme les autres. C’était comme si le traumatisme qu’elle venait de vivre était déjà bien loin dans sa petite tête. Simple d’esprit pensais-je tout d’abord avant de me rendre compte que tout cela allait bien au-delà de ce que je pouvais imaginer. Voilà que maintenant elle voulait apprendre à se servir du cosmos. Non les derniers à qui j’avais appris quelque chose étaient mes enfants et ça resterait ainsi. Ne savait-elle pas dans quoi elle risquerait de s’embarquer si elle maitrisait un pouvoir comme le cosmos ?

Aucun mot n’eut le temps de sortir de ma bouche que déjà elle s’employait à me faire une démonstration. Il y eut une infime augmentation de cosmo-énergie lorsqu’elle produisit son flash ne servant à rien. Ainsi cette esclave était une éveillée, la foudre était son élément. Cependant il en fallait plus pour m’impressionner. En pensant cela je pourrais paraître imbus de ma personne c’est vrai mais les faits sont là, des gamins capables de faire de petits trucs un peu par hasard grâce à leur cosmos j’en avais connu des tas alors on repassera.

« Et maintenant que tes doigts ont crépité tu fais quoi ? Nous sommes des pirates, JE suis un pirate. Il va m’en falloir plus, beaucoup plus si tu souhaites apprendre quoi que ce soit. »

Je l’observe une nouvelle fois en croisant les bras, j’attends une réponse de sa part, un signe qui me forcerait à la prendre sous mon aile. Rien ne vint. De toute façon la vie de pirate était beaucoup trop dangereuse pour une gamine et ce n’était pas des grésillements qui allaient m’aider dans ma quête d’absolution.

« Affrontes moi. »

D’un geste je matérialisais un bâton de glace aux différentes extrémités arrondies et me mettais en garde. Hors de question de blesser la petite, aussi je préférais prendre un minimum de précaution. Allait-elle avoir assez de cran pour m’affronter ou bien accepterait-elle son destin et rejoindrait les esclaves ? C’était sa détermination qui ferait la différence et non un grésillement incapable d’effrayer qui que ce soit.

Bon, loupé. Le géant vert reste de marbre face à ton petit tour de magie. Pourtant, tu ne laisses rien paraître. Malgré ces marques qui parsèment ton corps, tu n’abandonneras jamais. Et ce n’est certainement pas cette petite remarque qui va te faire baisser les bras. Tu as connu pire, bien pire. Tu le fixes du regard, toujours de ton air déterminé. Peut-être que tu l’agaces déjà ? C’est ta spécialité ça ! Son défi te laisse un instant perplexe, juste l’ombre de quelques secondes avant qu’un sourire ne se dessine au coin de tes lippes. Un sourire de malice.

« Très bien ! Mais ne venez pas vous plaindre si je viens à vous faire mal, Captain ! »

Un trait d’humour pour lui prouver que tu n’es pas du genre à te démonter pour si peu. Pirate ou pas, tu es certaine qu’il ne te fera aucun mal. Et puis, quoi de pire qu’une multitude de coups de fouets et de tortures en tout genre … Tu observes un instant son bâton de glace avant de baisser les yeux à la recherche d’une arme. Ton dévolu se pose sur un bar de fer abandonnée au sol, l’une de celle qui t’a brisé quelques côtes … Tu te mets en garde, faisant de ton mieux pour ne pas paraître ridicule.

Tu sais bien que tu n’as aucune chance de le vaincre. Ton but est tout simplement de le toucher au moins une fois. De lui prouver ta force et ta détermination. Tu grimaces un peu en ressentant cette douleur flagrante dans le bas de ton dos mais ne t’en formalises pas plus que cela. Enfin, tu t’élances, avec assez d’agilité pour arriver à son niveau. Bon, tu as encore des choses à apprendre, mais c’est plutôt pas mal pour une gamine. Tu enchaînes plusieurs coups de barre, plutôt peu maîtrisés, admettons-le. Tu n’es pas une pro des arts martiaux, tu sais juste … te défendre.

Tu finis par tenter d’abattre ton arme sur le torse de ton adversaire. Et c’est à cet instant que le choix de ton arme prend tout son sens. Te concentrant un maximum, une étincelle s’extirpe de tes doigts pour traverser l’arme de part en part. Tu aurais pu choisir un morceau de bois ou autre, mais non, tu as choisi le métal, conducteur d’électricité. Et si le capitaine vient à se négliger à cet instant, les fameux petits crépitements lui déferleront une petite joute bien sentie.

« Je veux apprendre ! Je ne veux plus être une simple esclave ! Je suis Réa et je veux aider les gens ! »

Plutôt simplet comme discours, mais au moins ça a le mérite d’être clair. Va-t-il te prendre au sérieux, ou te rire au nez ?

Cette gamine à la chevelure rose avait piqué ma curiosité. Si elle voulait sortir du lot elle n’avait qu’à le vouloir, me le prouver. Ils étaient tous jolis avec leurs beaux discours mais seuls les actes comptent. J’esquissais un sourire lorsque Réa accepta mon duel en déclarant que je ne devrais pas me plaindre si jamais d’aventure elle venait à me faire mal. Elle avait du cran la petite ! Certains de mes hommes s’étaient rassemblés pour assister au spectacle car il était rare que j’accepte un duel de ce genre et encore plus rare avec une gamine !

« Un tuyau ? Tu n’es pas capable de créer une arme donc ? Tu es faible. »

Je faisais exprès d’être particulièrement froid et désagréable avec la gamine car forcément à son âge créer une arme à partir de son cosmos demeurerait un véritable miracle ! Réa attaqua bien vite, ses gestes étaient approximatifs et on voyait bien qu’elle ne s’était véritablement jamais battue. Je ne contre pas toutes ses attaques seulement certaines dont le contre pourrait mettre Réa en difficultés. Elle frappe mon torse et je ressens cette petite fluctuation cosmique et je comprends où elle voulait en venir. Une petite attaque électrique grâce à ce tuyau, ingénieux mais trop faible.

« Et c’est avec des caresses que tu comptes m’électrifier ? Tu n’as pas le niveau abandonne. »

Je frappe son bâton avec force amenant la gamine à le lâcher. Ce n’était pas parce qu’elle avait eu une bonne idée que j’allais la prendre sous mon aile de cette façon. Mon bâton frappe le sol libérant une mini-onde de choc givrée alors que l’atmosphère de la pièce redevient froide. Je frappe sa jambe assez pour lui faire mettre un genou au sol alors que des murmures proviennent de mes hommes. Ils me trouvent dures avec la gamine sauf qu’elle devait comprendre tout ce que cela impliquait. Certains d’ailleurs encourageaient l’enfant qui était toujours devant moi.

« Alors Madame je veux aider les autres. Tu vas faire comment en étant si faiblarde ? »

Je frappais une nouvelle fois le sol, ma glace commençant à attaquer le pied de Réa, le givre commençant très lentement à l’emprisonner.

Faible. Non tu ne l'es pas. Tu ne l'es pas ... Tu ne laisseras pas ces mots t'atteindre, jamais. Abandonner ? Hors de question. Un choc te fait lâcher prise. Tu parviens de justesse à éviter l'onde de choc, d'un bond en arrière. A force de t'interposer pour protéger autrui, tu as acquis une certaine agilité. Tes réflexes sont sans doute bien meilleurs qu'une personne normale. Pas assez, puisque tu ne vois pas venir ce coup qui te fait courber l'échine, ton genou s'écrasant durement au sol.

Tu entends ses hommes t'encourager. Tu les observes avec perplexité avant de relever le regard vers leur capitaine. Il s'adresse de nouveau à toi, tu serres les dents. Le froid envahit l'un de tes membres, tu tentes de te redresser, bien trop tard. Tu es désormais prisonnière de sa glace. Toute tentative de force serait inutile. Sans que tu ne t'en rendes compte, une aura t'entoure, s'intensifiant légèrement alors que tu reportes ton regard vers l'homme à la tignasse d'émeraude.

"Et vous ? Vous n'avez jamais été faible ? Vous voulez me faire croire que vous étiez déjà un super guerrier dans votre berceau ? Je n'abandonnerai jamais. Jamais !"

Tu ressens un élan d'énergie et alors, ton poing crépitant fond sur la glace qui t'emprisonne. Les émotions mènent au pouvoir. Le givre se fissure avant d'éclater, te permettant de reculer de quelques pas. Le froid a engourdi ton pied mais tu l'ignores, soutenant le regard de ton adversaire. Des perles de sang roulent sur tes doigts. Le bris de la glace ne fut pas sans dommage pour toi. Tu serres ton poing endolori.

"J'ai toujours mis un point d'honneur à protéger les plus faibles que moi ici. A prendre les coups pour les autres. Et avec ou sans votre aide, je continuerai ! Mais j'ai bien conscience d'avoir bien plus de chance de m'en sortir en vous suivant..."

A-t-il déjà pu déceler une détermination aussi prononcé chez une gamine comme toi ? Le regard sérieux, sans crainte.

"Tu crois vraiment que j'ai eu la chance d'avoir un berceau fillette ?"

Volontairement j'étais en train de la narguer, d'essayer de la mettre en colère uniquement pour voir son potentiel. Elle me répondait sans voir cette aura autour d'elle. Aura qui provoqua l'apparition d'un sourire chez moi. Cette gamine était pleine de ressources et elle avait déjà réussi mon test bien avant qu'elle ne se libère de mon emprise de glace. Mes yeux se posent sur sa main blessée et mon aura baissa aussitôt. Je ne répondais pas à ses dernières paroles préférant avancer vers elle.

Je l'attrape par le bras avant de la porter sous le mien. Peu importe les éventuelles protestations de sa part elle ne pouvait rien faire pour m'en empêcher. Sous les rires de mes Hommes nous quittons tous cette grotte pour le bateau. Toujours avec Réa sous le bras j'entrais dans ma cabine pour la déposer sur le bureau proche de mon lit. Il y avait un vieux livre à la reliure de cuir bien usé, quelques effets personnels, des créations de glace mais rien d'extravagant.

"A coté de ma cabine il y a un vieux débarras. Ce sera ta chambre, libre à toi de la débarrasser ou non."

Dans la même temps j'avais attrapé ma trousse de secours pour nettoyer la blessure à la main de Réa. Elle n'avait pas hésité à se blesser pour que je la prenne sous mon aile. Elle avait prouvé avoir les capacités pour devenir en quelque sorte mon apprentie même si je n'aimais pas ce terme.

"Aussi il y a une règle importante à observer. Tu fais ce que je dis et tu ne contestes pas mes décisions. C'est bien clair ?"

Berceau ou pas, nul ne peut naître guerrier. Tu n'as pas l'intention d'abandonner. Tu campes fermement sur ta position. Il ne peut que déceler cette détermination en toi s'il y fait un minimum attention. Son aura baisse, il s'avance vers toi. Tu t'attends à une feinte, quelque chose comme ça. Tu restes attentive. Tu tentes de lui porter un coup, lamentablement raté et contré d'un simple revers de main. Il t'emprisonne de ses bras, avec assez de délicatesse avant de t'emporter sous son bras, comme si ... tu n'étais qu'une plume.

"Hé ! J'suis pas un sac à patates !"

Tu te débats quelques instants avant de gonfler les joues, rougissante. Tu te calmes, te laissant porter vers le navire. Tu supposes que tu as réussi le test, au moment où tu franchis une porte qui semble être l'accès à ses quartiers privés. Tu te retrouves assise sur un bureau, tes iris d'améthyste scrutant curieusement la décoration relativement simple et les quelques objets trônant à tes côtés. Tu finis par relever le regard, surprise.

"M-ma chambre ? Ca veut dire que ..."

Ton sourire illumine ton visage alors que tu retiens des larmes de joie. Après tout, il ne doit pas te croire faible et émotive. Bien qu'émotive, tu l'es. Non, tu garderas le sourire, comme toujours et à jamais. Tu le laisses s'occuper de ta blessure. Tes pupilles violines ne le lâchent pas alors que tu souris toujours. De la reconnaissance, de l'admiration. De ton autre main, tu le salues.

"Oui, Captain ! J'obéirai à vos ordres ! Vous verrez ! Vous ne le regretterez pas !"

Une boule de nerfs pleine de vie, malgré les épreuves que tu as endurées. Mais soudainement, tu poses tes yeux sur le bureau puis tu t'agites, quelque peu perturbée.

"Mon loup de glace ! Je .. Je l'ai perdu dans la grotte ! Il faut qu'on aille le rechercher !"

Tu te redresses avant même qu'il n'ait terminé de te soigner. Une douleur lancinante agresse ton dos, te faisant perdre l'équilibre et tomber à genoux au sol. Tu grimaces, fermant les yeux pour ne pas voir l'expression du capitaine du navire. Qu'allait-il penser de ta réaction, de la faiblesse de tes membres ... et de toutes ces cicatrices, ce large hématome qui parcourent ton dos, s'il décide d'y jeter un œil de plus près. Tu déglutis.

"C'est ... la première fois ... que l'on m'offre quelque chose ... que l'on me tend la main ..."

Un sac à patate comme elle le disait aussi familièrement n’aurait pas été aussi encombrant. Enfin bref ce détail passé j’avais déjà l’impression que la demoiselle sera parfaitement à son aise ici. Son comportement ne me laissait que peu de doutes. Avoir autant d’énergie, être capable de sourire ainsi après ce qu’elle avait vécu relevait d’une véritable force de caractère… ou alors elle était complètement siphonnée. Une Tiha bis peut être, le coté morose en moins. Et voilà qu’elle s’agite encore, cette fois à cause du loup que je lui avais offert quelques minutes plus tôt.

« Tu te trompes déjà Réa. Avant ce loup je t’ai offert la possibilité de gagner ta liberté, après ce loup je t’ai offert ta liberté, puis une chambre, une place. Ce n’est pas la première chose que je t’ai offerte et ce ne sera sans doute pas la dernière puisque maintenant tu es mon élève et une pirate sous mes ordres. » Je marquais une pause avant de reprendre : « Il y a déjà quelque chose d’assez sympa avec le cosmos. » Je reformais un loup exactement similaire à celui que j’avais formé plus tôt. « C’est que les possibilités sont infinies. Il s’appelle Celian, c’est un vieux copain. »

J’invitais la demoiselle à s’assoir de nouveau sur mon bureau tandis que j’en faisais le tour pour m’installer sur mon fauteuil. Le fameux jeu des questions réponses allait bientôt commencer.

« Tu veux bien m’en dire plus sur toi ? Pas de parent, famille j’imagine ? Depuis combien de temps tu es là ? Tu sais lire ? Ecrire ? »

Réa serait peut-être mal à l’aise d’aborder autant de sujet aussi rapidement mais je ne comptais pas perdre une seule journée. Elle semblait déjà bien âgée pour une apprentie ce qui voulait dire qu’elle allait devoir apprendre à un rythme assez élevé surtout qu’elle avait l’air d’avoir un caractère bien à elle qui allait promettre pas mal de situation cocasse à l’avenir. De plus, malgré ses airs de mascotte certains membres d’équipage verraient d’un mauvais œil d’avoir une femme à bord à cause de superstition vieille comme le monde. Nimue n’avait jamais joué de malchance en étant pirate enfin à quelques détails prêts bien sûr.

Te voilà déjà prostrée au sol, profondément blessée psychologiquement. Il ne peut en être autrement. Car à cet instant, comme jamais, tu te sens en sécurité. Ta carapace s’effrite, en présence de ton sauveur. Tes maux te font souffrir de plus belle, physiquement. Comme si, ton corps avait décidé de se relâcher. Tu lèves tes iris larmoyants vers lui, alors que ses mots te touchent. Quelques perles lacrymales roulent malgré toi sur tes joues. Alors que tu ne peux prononcer ce mot, qu’à demi-voix.

« M-merci … »

Il te semble si simple, bien trop simple, face à ce que ce capitaine vient de réaliser pour toi. Ce grand homme à la chevelure d’émeraude. Tu sembles déceler une pointe de malice dans ses iris pourtant froids jusqu’à maintenant. Voir ce loup se matérialiser au creux de sa paume est un immense soulagement pour toi. Tu le saisis avec la plus grande délicatesse, de peur de le briser.

« Célian … Un bien joli nom. » Tu clignes des paupières, intriguée. « Tu es ami avec des loups ? »

Oh … Il semble que tu curiosité ait pris le pas sur ta politesse. Sans même t’en rendre compte, tu deviens déjà plus familière envers ton interlocuteur. Mais pourrait-il t’en vouloir face à un regard si innocent que le tien ? A son geste, tu te relèves tant bien que mal, ne voulant pas lui dévoiler plus que cela tes faiblesses. Tu reprends place sur le bureau, silencieusement, sans le lâcher des yeux. Tu attends, patiemment, un signe ou un mot de sa part. Et voilà, la question fatidique. Tu hésites, un peu mal à l’aise.

« Et bien … Je … ne me souviens de rien, avant cette vie … » Tu te mords la lèvre inférieure, un peu gênée. « Je suis incapable de savoir d’où je viens. Quant au temps, ça doit faire … six ou sept ans que … » Tu baisses la tête. Plus ou moins, tu n’en sais trop rien en réalité. Puis tu te souviens de sa dernière interrogation avant de relever fièrement la tête. « Oui ! Je sais lire … et écrire ! Ca aussi … je le sais d’avant, mais rien de plus. »

Tu arbores une moue boudeuse. Tu détestes cette mémoire qui te fait défaut depuis bien longtemps. Tu aimerais pouvoir en savoir plus sur toi-même. Sur ton passé. Tu baisses la tête, tes doigts caressant avec délicatesse le lupin de glace. Et sans relever le regard, tu t’adresses de nouveau au capitaine.

« Je n’arrive pas à me souvenir. C’est comme … une barrière qui m’empêche d’accéder à une partie de moi. Je suppose que c’était une manière de renoncer à ma liberté. J’étais sûre qu’un jour … leur « correction » me serait fatale. Je n’espérais plus rien. »

Tu déglutis. C’est difficile, finalement, d’en parler. Tu te mords la lèvre pour ravaler de nouvelles larmes naissantes. Cette fois, elle ne coule pas. Tu te redresses sur tes deux jambes, pour contourner le bureau qui te sert cependant d’appui. Arrivée à la hauteur de Nereus, tu attrapes ses mains, après avoir soigneusement posé ton petit trésor de glace. Puis, tes genoux rejoignent doucement le sol, ton front se pose sur ses mains.

« Merci … Captain. Je ferai tout … Tout … pour payer ma dette. Pour être la meilleure élève qui soit. La plus ambitieuse, la plus courageuse. Jamais, je ne baisserai les bras. Jamais, je ne cesserai de sourire. »

Pour honorer cette seconde chance qu’il t’offre ce jour.

"Peut-être vas savoir." Répondis-je à sa question sur les loups. Il s'agissait là d'un très vieux chapitre de mon passé sur lequel je ne souhaitais pas m'étendre. Ce brave Celian avait du me maudire jusqu'à son dernier souffle d'ailleurs.... Avec Réa à mes cotés il était certain que j'allais être amené à réouvrir certaines blessures malheureusement. Pourtant j'avais aussi cette certitude que le jeu en valait la chandelle surtout si cela pouvait aider d'autre personne comme cette gamine. Nous arrivames enfin au fameux jeu des questions réponses là où j'espérais gagner des informations au sujet du désormais plus jeune membre de mon équipage.

"Six ou sept ans... et tu sais encore lire et écrire... Très bien on révisera alors les bases. Ne crois pas que je vais me contenter de t'inculter uniquement les arts du combats et le maniement du cosmos. Tu devras lire un livre par semaine et m'en faire un résumé."

Ce n'était pas une demande mais un ordre et Réa devait très bien s'en douter. Ce n'était pas parce qu'elle se trouvait dorénavant sur un bateau pirate que l'on allait négliger son éducation. En tout cas moi je ne comptais pas la négliger.

J'écoutais donc la suite de ses paroles avec le plus grand soin et j'observais ses mouvements jusqu'à cette déclaration finale. Elle me faisait sourire bien malgré moi cette gamine, une originale dans son genre. Quittant presque mon siège à regrets, je m'asseyais en tailleur en face de Réa. Un peu par hasard elle allait avoir droit à sa première leçon. Une technique de méditation que j'avais acquise auprès de quelques moines en Chine.


"Connais-tu la méditation ? Je pense que tu en as besoin, ça ou une bonne nuit de sommeil." Je lui adressai un clin d'oeil avant de fermer les yeux, contrôlant ma respiration. "Fermes les yeux et penses à quelque chose d'apaisant comme un animal ou la mer par exemple. Le but est de te détendre. Tu feras cet exercice tous les matins avant de commencer tes corvées."

Car oui la demoiselle aurait comme tout le monde sur ce bateau le droit à quelques corvées histoire de participer pleinement à la vie du Phoenix des mers.

Aucune réponse claire au sujet des loups. Peut-être l’a-t-il évoqué dans le simple fait de t’impressionner un peu ? Va savoir, comme il dit ! Tu ne sembles pas au bout de tes surprises avec ton mentor. Il est attaché à ton éducation. C’est comme s’il te connaissait depuis des mois déjà, comme s’il développait déjà une forme d’attachement envers toi. Mais toi aussi, tu es surprenante, à ta manière. Tu ajoutes un élément à ses interrogations.

« Ils se servaient parfois de moi pour des échanges de services. Il m’arrivait parfois d’être serveuse en échange du gîte et du couvert pour eux … J’écrivais donc les commandes des clients sur une ardoise. Ca me semblait plutôt naturel, en fait. »

Oui plutôt étrange que tu aies pu oublier autant de passages de ta vie par que tu aies gardé ce savoir. Le cerveau humain est parfois trop complexe pour le comprendre. Tu te souviens également avoir aimé les livres à un moment. Quelques images ou histoires te reviennent à l’esprit, parfois, mais de manière floue, éparpillée. Tu ne parviens pas à lever le voile sur cette amnésie qui t’assaille. C’est tellement frustrant. Malgré ton jeune âge, Nereus ne peut que constater une certaine maturité chez toi, s’étant développé par la force des choses.

« Je lirais. Avec grand plaisir. J’aurais peut-être besoin de ton aide pour certains mots … »

Loin d’être illettrée, tu n’es pas à l’abri de méconnaître quelques termes notamment d’un langage plus soutenu que celui que tu utilises ou que tu entends à l’accoutumé. Tu ne peux t’empêcher de lui montrer cette reconnaissance, cette émotion, à travers ce contact physique qui peut paraître si insignifiant. Et lui, finit par s’installer face à toi, en tailleur. Tu relèves les yeux, l’observant avec intrigue. Tu secoues la tête en guise de réponse. Jamais tu n’as encore pratiqué cet art qu’est la méditation.

Tu te positionnes à l’identique de lui, sans le lâcher des yeux, jusqu’à ce que tes paupières ne se closent. Tu écoutes ses indications, sa voix, que tu trouves rassurante, apaisante. Tu tentes de faire le vide dans ton esprit. Tes sourcils se froncent légèrement. A quoi peux-tu bien penser ? Quelque chose d’apaisant … Tu réfléchis encore et encore. Qu’est-ce qui t’apaise, à l’accoutumé ? Le calme … Le bruit des vagues qui s’écrasent sur la roche. La respiration de tes protégés autour de toi lorsqu’ils dorment pendant que toi, tu ne faisais que dormir sur une seule oreille. Elle te vient de là, toute cette fatigue accumulée, trop pour une jeune fille. Trop pour une humaine. Enfin, tu fais le vide. Les battements de ton cœur se régularise. Tu te sens … bien. Tu souris, si sincèrement, sans pourtant ouvrir les yeux.

« C’est génial … » murmures-tu.

Tu ouvres un œil, de manière taquine afin d’observer ton mentor. Tu hésites un instant avant d’ouvrir les yeux. Que tu peux être dissipée …

« Moi aussi, je pourrais créer des objets de glace bientôt ? »

L’espoir fait vivre petite Rose. Tu n’as pas idée de la difficulté de l’entrainement qu’il te réserve. Mais tu restes avant tout de chose une enfant, avide de découverte, friande de croquer la vie à pleine dent, pour la première fois.

Je n’avais que peu de doutes quant au fait que cette jeune demoiselle allait donner un peu d’air fais au sein de mon équipage. D’ailleurs, comme pour illustrer mes pensées, Réa ne resta pas calme bien longtemps. La gamine étant déjà à vouloir créer des sculptures de glace, élément qu’elle ne connaissait pas. Je secouais négativement la tête malgré un sourire. Si elle voulait maitriser la glace, elle le pourrait sans doute mais elle allait devoir s’occuper de son propre élément avant tout, la foudre.

« Toi tu cherches à courir avant de savoir marcher jeune fille. Déjà si tu n’es pas capable de te concentrer un minimum de temps tu n’y arriveras pas. Ensuite avant de maitriser l’élément de la glace je te conseillerai plutôt de maitriser ta foudre. » Je marquais une pause avant d’ajouter : « Tu pourrais très bien matérialiser un petit loup de foudre également. Bien sûr il ne serait pas solide puisque ce n’est pas le cas de la foudre mais ça pourrait être impressionnant et le signe d’une bonne progression. »

Suite à ces quelques premiers conseils je quittais ma position pour me lever, faisant face à mon élève. Elle n’avait pas réussi son tout premier exercice, qu’elle allait être la sanction ? Réfléchissant je me plaçais devant une énorme bibliothèque contenant pas mal de bouquins et dis à voix haute :

« Alors quel châtiment devrais-je te réserver pour avoir échoué à ton premier exercice… »

Je me stoppais feintant l’exercice avant de me retourner vers Réa.

« Alors ta première punition sera de nettoyer la pièce qui te servira de cabine. Allez zou ! »

D’un geste je l’incitais à quitter ma cabine pour rejoindre la sienne. L’aventure débutait pour nous deux !

Le Captain calme déjà tes ardeurs. Il a raison, il n’est pas bon de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tuée. Enfin, façon de parler. Tout le monde sait que tu serais bien incapable te faire du mal à un ours, ou à quelque animal qu’il soit ! Maîtriser ta foudre. Dans le fond, cet élément te fait un peu peur. Il est si imprévisible, si abstrait. Mais soit, tu as promis de ne pas discuter ses ordres et puis, il est tout à fait logique de développer quelque chose que tu possèdes déjà en toi. Un loup de foudre sera donc ton premier objectif dans ton entraînement.

Il se redresse. Toi, tu lèves le nez, sans broncher. Reposer un peu tes jambes n’est guère de refus. Tu l’écoutes. Il est vrai que la méditation est déjà un échec, mais tu as certainement été trop secouée pour rester en place. Il va falloir apprendre à te canaliser, toi et ton trop plein d’émotions et d’énergie. Un châtiment ? Tu clignes des paupières. Un petit éclair d’effroi passe dans tes pupilles innocentes. Tu n’aimes guère ce mot et pourtant, tu te doutes bien que de sa bouche, il a une autre signification. Pourquoi retiens-tu ton souffle ? Gamine sans peur, ni reproche !

Il se retourne, fait tomber la sentence et à cet instant tu expires l’air que tu contenais depuis quelques secondes dans tes poumons. Tu te redresses, adressant un chaleureux sourire à Nereus alors que tu t’inclines bien bas devant lui.

« A vos ordres Captain ! Vous verrez, elle sera tellement confortable que vous me supplierez de refaire votre déco ! »

Tu pouffes de rire. La peur a bien vite fait place à la joie de vivre. Tu te diriges vers ce débarras qui deviendra bientôt tes quartiers privés, remontant tes manches pour t’atteler à la tâche.