Puisqu'il le faut [combat Elyn Vs Odin]

Les iris écarlates de la douce semblait le sonder. Oui, elle se demandait bien quel genre de personnage il était, au vu de ce qu’elle avait pu entendre de lui du Général du Kraken et de Kazuki lui-même. Cela importait peu, malgré tout, puisqu’elle devait l’affronter, bien qu’il était bien plus facile de combattre quelqu’un qu’elle pourrait haïr plutôt qu’un adversaire qu’elle aurait pu apprécier en d’autres circonstances.

La voix de la souveraine s’éleva une nouvelle fois dans son esprit, lui assurant qu’Abel était encore en vie. C’était en somme, tout ce qu’elle voulait savoir, tout ce qu’elle avait besoin d’entendre. Un léger sourire ourla ses lippes. Bien sûr, son cher borgne n’était pas homme à abandonner facilement, Perséphone semblait l’avoir compris, elle aussi. Même si elle ne pouvait tirer un trait sur l’intégralité de ses inquiétudes, elle pourrait donc accomplir son devoir sereinement en sachant cela.

La belle auburn eut un étrange sentiment. Comme si son nom avait eu un quelconque effet sur le Dieu nordique. Impossible, sans doute, puisqu’elle était pour le moment quasiment méconnue de tous. Et elle doutait fortement que son fils ait pu lui parler de leur petite entrevue. Enfin, le roi d’Asgard sembla prendre sa décision.

Aucun son ne sortit de la bouche de la jeune spectre qui observait toujours aussi calmement la scène se déroulant sous ses yeux. Un trône de glace, où l’entité prenait place. Un certain spectre hantant ses pensées avait également cette habitude un peu démesurée. Tout la rappelait à lui en ce jour qui marquerait son propre trépas. Car oui, elle ne faisait aucune illusion sur l’issue de ce combat.

Gagner du temps, l’affaiblir, telle était sa mission.

La voilà face à plusieurs guerrières qui lui rappelaient celle qui avait guidé l’âme d’Ashram vers le Valhalla. L’aura de la gracieuse demoiselle aux ailes sombres s’intensifia, sans être haineuse, ni chaotique. Bien au contraire, elle en était presque apaisante, sans agressivité. Durant cet affrontement, ses émotions ne prendraient guère le pas sur elle.  Elle se l’interdisait.

L’une des Valkyries à la crinière dorée s’éleva à quelques mètres du sol, bandant son arc afin de décocher une salve de traits vers la guerrière des Enfers. Quelques un lui sifflèrent aux oreilles alors qu’elle en para trois d’un revers de bras. Son surplis était bien plus résistant que la Chimère, elle le ressentait. Mais le dernier assaut lui semblait bien trop important pour être contré de cette manière.

Le lion de flamme ne put atteindre sa cible, seulement lui infliger quelques brûlures relativement superficielles. Et ses coups ... Elyn avait bien conscience que le Nordique les avait encaissé de son plein grè. Cela aurait pu être frustrant, pour n'importe qui. Mais la belle auburn ne comptait guère se laisser abattre pour cela. Elle continuerait à se battre bec et ongles et ce, dans le plus grand calme, sans se laisser polluer par de quelconques émotions comme elle avait pu le faire ces derniers temps. Après tout, elle avait toujours excellé dans ce domaine.

Reprenant son souffle suite à l'assaut acharné, l'ex-Chimère ne quittait pas Odin du regard. Un simple nom prononcé et la brune se prépara à subir l'assaut d'une autre Valkyrie, empoignant fermement sa lance à l'éclat sanguin. L'épéiste fonça sur elle, alors que le bruit du métal s'entrechoquant perturbait le silence du combat, contrant avec habilité chaque coup porté par la guerrière nordique.

Mais alors que celle-ci croisait le fer de ses armes, Elyn ne s'attendit pas à cette décharge qui  la fit grimacer, l'aveuglant au passage. Dieu ce que cela lui brûlait. Désarçonnée, elle tituba de quelques pas en arrière. A peine eut-elle repris ses esprits que la Valkyrie se jeta sur elle, telle une furie. Enflammant son cosmos, un mur de feu la protégea de quelques coups, bien qu'il ne supporta guère le furieux assaut.

Son cosmos avait atteint son paroxysme, pour la première fois depuis qu’elle le maîtrisait. Une sensation qu’elle n’oublierait sans doute jamais. Son attaque avait pu paraître dévastatrice, mais pourtant, Odin n’avait pas cillé. Il restait là, droit, fier, impassible. Que pouvait-on attendre d’autre d’un Dieu après tout ? Il avait ensuite encaissé chacun de ses coups, comme s’il ne souhaitait tout simplement pas répliquer. Pourquoi ? Un geste d’apaisement envers les Valkyries et la jeune spectre fut plongée dans l’incompréhension. La divinité reprit la parole, s’adressant directement à elle, comme si le moment et le lieu étaient à la conversation.

Si la belle auburn voulait s’écarter de toute émotion et garder la tête froide lors de cet affrontement, ce n’était sans doute pas du goût du Roi d’Asgard qui prononça ce prénom une fois de plus. Pourquoi s’acharnait-il ainsi, alors qu’elle venait de l’envoyer sur les roses ? De toute évidence, il souhaitait tout lui révéler. Les premières paroles la fit reculer d’un cas alors que la ténébreuse, jusqu’alors impassible, écarquiller les yeux de surprise.

Comment le grand Méphistophélès avait pu s’abaisser à une telle chose ? Demander de l’aide à ses ennemis … A un guerrier inconnu … A Thor, qu’il méprisait pourtant au plus haut point au vu de sa précédente visite aux Enfers. Son « maître » l’avait pourtant reniée. Elyn aurait pu accuser le Dieu nordique de mensonges, mais les mots de la Souveraine des Enfers faisaient écho. Abel avait des choses à lui dire et l’ex-Chimère comprit qu’elle les apprendrait finalement à travers les paroles de son adversaire.

De l’affection pour elle ? Sans doute. Bien que le borgne ne l’avait jamais clairement formulé, sa servante n’en avait jamais réellement douté. Et bien sûr, cette affection si étrange entre eux était réciproque. La demoiselle aux pupilles écarlates serrait si fort le manche de sa lance que ses phalanges blanchissaient à vue d’œil. Son visage était ancré de stupeur. Sa gorge était si serrée, qu’elle ne pouvait prononçait ce qu’elle pouvait ressentir à cet instant. Touchée en plein cœur. Dévastée.

La belle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle les retenait. Elle les retenait tellement. Il était hors de question qu’elle se mette à pleurer. Pas ici. Pas devant ses ennemis. Jamais. Détournant le regard, elle se mordit la lèvre, à sang, souhaitant de tout son être que cet homme ne se taise. Bon sang, faites qu’il se taise. Il lui offrait une porte de sortie, pour rejoindre celui qui souhaitait la sauver. Il lui offrait la vie alors que Dame Perséphone l’avait envoyée à la mort. D’ailleurs son regard se porta sur elle, qui affrontait l’un de leur assaillant.

Un instant de relâchement et du liquide coula sur ses joues. Des perles lacrymales aussi rouges que le sang. Elle avait pourtant voulu les retenir, commes si elles s’imposaient à elle. Des larmes de sang, une chose pour le moins étonnante. Un signe d’une certaine dualité au sein de la spectre à cet instant. Ces fines lignes carmines barraient ses joues alors que finalement, elle vint les essuyer d’un revers de bras nonchalant.

« Ça suffit ! »

L’aura de la guerrière ailée explosa sans crier gare. Elle que l’on croyait anéantie laissait échapper un cosmos débordant de rage. Comme jamais. Mais vers qui était dirigée cette rage ?

*Abel, tu me le paieras cher !*

Des mots rien que pour elle. Des songes. Des pensées. Comme pour évacuer ces multiples émotions qui tourbillonnaient en elle. Pour qui se prenait-il ? A vouloir choisir pour elle, encore une fois ? Pour qui se prenait-il donc pour mettre en doute ce serment qu’elle avait fait ? Quand comprendrait-il qu’elle n’était plus cette petite servante bien obéissante, mais désormais une guerrière ? Quand comprendrait-il qu’elle était désormais une Spectre, tout comme lui, un serviteur d’Hadès ! Elle n’avait nul besoin d’être sauvée ou épargnée. Elle n’était guère un petit animal fragile. Tout son corps tremblait, dû à ce trop-plein de sentiment.

Levant sa lance, semblable à un éclair rouge, elle planta celle-ci avec force … Dans sa propre cuisse.

Serrant les dents, Elyn retint un cri de douleur, levant un regard déterminé au Dieu Nordique. La douleur était telle qu’elle surpassait désormais cette incompréhension, ces sentiments. Arrachant la pointe de sa chair, elle posa sa main libre sur la plaie, la cautérisant grâce à son pouvoir de feu. Elle pouvait paraître, étrange, voire même folle ! Et c’était sans doute vrai.

« Tel père, tel fils, on dirait. Mais soyons clairs Odin, je n’ai pas besoin d’être épargnée. Je n’ai pas besoin d’être sauvée. Je me fiche de votre clémence ! Je suis une spectre au service d’Hadès ! Considérez-moi comme telle ! Considérez-moi comme votre ennemie ! J’ai prêté serment au Seigneur des Enfers et je compte bien l’honorer à jamais, quitte à y laisser mon humanité ? Est-ce assez clair pour vous ?!»

La belle auburn avait clamé tout ceci haut et fort, nul doute que la plupart des présents l’entendraient, mais pourtant, elle n’avait qu’un seul interlocuteur. Elle se fichait bien de qui l’ouïrait. Son aura brillant de mille feux, elle fondit de nouveau sur le Roi d’Asgard, déclenchant une salve de coups de lance sur sa personne. Cinq coups visant ses points vitaux. Replaçant sa lance dans dos, elle concentra son cosmos, ses dernières forces dans ces paumes de main tandis qu’elle fonçaient sur Odin, sans aucune crainte, pour le projeter plus loin.

« Goat Horns ! »

Ces fichues Valkyries … Elles ne la laissaient pas mener son affrontement en paix. Cela l’agaçait au plus haut point. Et cette rage qui bouillonnait en elle, elle ne demandait qu’à sortir. Ses coups se firent plus brutes, moins délicats. Oui elle pouvait être une guerrière redoutable et féroce lorsqu’elle le souhaitait. Et la situation l’agaçait profondément, désormais. La situation, ou elle-même ?

Le Roi d’Asgard poursuivait ses paroles. Sur elle. Sur Abel. Comment pouvait-il savoir si les deux étaient dotés d’un cœur ou non ? Elyn avait décidé d’ignorer le sien, de taire ses propres sentiments. Essoufflée, la belle auburn prit tout de même la peine de répondre à la divinité.

« Oui. Vous vous fourvoyez sur bien des choses. Notamment sur moi. Sur Abel. Sur la nature de nos sentiments. Ce n’est pas ce que vous pensez. Ce n’est qu’un jeu malsain. » Elle inspira quelques secondes pour pouvoir poursuivre. « Vous me tuerez. Car tant que vous ne m’aurez pas mise hors d’état de nuire, je continuerai à lutter ! »

Ses iris d’améthyste restaient plantés sur le visage de son adversaire, remarquant ce signe d’humanité qu’elle avait tenté elle-même de réfuter un peu plus tôt en vain. L’une des légendaires combattantes d’Asgard fondit sur elle, ne laissant guère à la spectre le temps de se défendre. La situation commençait à devenir critique pour la ténébreuse qui subissait les assauts de la petite cour d’Odin. Elle entendait bien distinctement les réclamations de celui-ci. Etait-il fou pour s’adresser à Dame Perséphone de la sorte ?

Bon sang, voilà la Valkyrie de nouveau dans les airs. Elle connaissait cette technique et pourtant, Elyn avait bien conscience que cette fois-ci, il lui serait bien plus difficile de la contrer. Concentrant son énergie, un faible mur de feu s’interposa entre elle, bloquant quelques coups de la rafale furieuse. Mais bien trop faible … Cette fois, la spectre du Basilic ne put retenir sa souffrance. Son surplis la protégeait au mieux mais les entailles, les brûlures qui meurtrissaient désormais son visage et ses membres n’étaient guère superficielles.

Humaine, oui elle l’était. Mais plus pour très longtemps. Non pas qu’elle tenait absolument à mourir en réalité, mais son devoir l’amenait à la mort. Pour l’accomplir jusqu’au bout, il n’y avait aucune autre solution. Odin ne semble pas comprendre la relation liant les deux spectres. Elyn savait bien qu’on ne pouvait guère – ni jamais – parler d’amour avec son ami de toujours. Tout simplement parce qu’aucun d’eux ne pourrait y croire. Ils étaient en quelque sorte bien trop « pourris de l’intérieur » pour ressentir un sentiment si pur. La luxure, la jalousie, étaient tout ce qu’ils partageaient au final.

S’il savait ce qu’elle avait pu faire durant toutes ces années passées aux côté de Méphistophélès, s’il savait avec quelle cruauté la belle auburn avait ôté la vie d’autrui. En masse. Des massacres sanglants. Hommes, femmes et enfants, bien que ces derniers trouvaient souvent grâce aux yeux de la meurtrière, sauf lorsque le borgne ne lui laissait pas le choix. Elle avait obéit docilement à tous ses ordres et caprices, quitte à ne plus pouvoir se regarder dans un miroir. Elle avait tué de la pire des façons, torturé en y prenant parfois un réel plaisir malsain, elle avait même parfois offert son corps dans le seul but de ruser. La ténébreuse était persuadée qu’aucune rédemption n’était permise pour la personne qu’elle était devenue au fil du temps. Elle avait franchi la ligne bien trop de fois. Pour elle, l’Enfer restait un doux traitement par rapport à tout ce qu’elle avait pu faire subir à autrui.

Mais elle ne s’épancherait guère. A quoi bon le faire, sur ce champ de bataille dont le sol sombre serait bientôt jonché de corps inertes et sanguinolents ? Elyn ne cherchait plus le pardon. Certes, elle pourrait sans doute remercier Thor, qui l’avait aidée à se considérer comme une véritable guerrière, mais concernant le Père de toute chose, elle ne voulait perdre son temps à lui prouver par A + B qu’il se trompait sur son compte.

Une nouvelle fois, le divin encaisse alors qu’il pourrait pourtant la contrer aisément. Pourquoi faire durer cet affrontement alors qu’il pourrait écraser la jeune spectre d’une main ? Et ce sourire qu’il arborait … L’ex-Chimère préférait l’ignorer. Il n’avait pas le droit, d’afficher cette expression de Papa Ours à son égard ! Une énième fois, la belle auburn l’entendit lui assurer qu’il n’irait pas jusqu’au meurtre. Si elle le poussait à bout, elle était persuadée d’y parvenir pourtant. Des éloges, elle ne comprenait pas cette manie qu’avaient les Asgardiens qu’elle avait pu rencontrer à regarder plus loin que le bout de leur nez. Dans le fond, elle ne pouvait considérer cela comme un défaut. En y repensant, Odin semblait loin d’être ce qu’elle pensait de lui de par les mots d’Alfengard et de Kazuki. D’ailleurs, en parlant du loup, elle put l’apercevoir, mais seul. Poséidon aurait-il renoncé ?

Un instant. Une simple petite seconde d’inattention et la brune subit l’assaut du divin. Un enchainement qui lui prouvait qu’il avait pris au sérieux ses paroles. Il ne se cachait plus derrière ses Valkyries. La spectre du Basilic était totalement malmenée, impuissante. Quelques craquements lui signifiaient que quelques os avaient pu se briser sous les coups du Roi d’Asgard. Elle se retrouva là, sur le ventre, toussant tout en éjectant quelques filets de sang. Sa main tremblante se referma sur la terre sombre alors que son corps entier n’était plus que souffrance.

« Alors … C’est ça … Un Dieu qui se bat … » Elle se redressa avec difficulté, retenant un gémissement de douleur. « C’est douloureux … mais pas assez. »

Elle n’avait pu s’empêcher de pousser la provocation alors qu’Odin suppliait de nouveau la Souveraine des Enfers d’agir. Certainement le présage de quelque chose de grand. De puissant. Un nom fut prononcé et toutes les Valkyries se jetèrent à l’unisson sur la demoiselle aux iris sanguines. Le cor sonnait certainement la mort de la jeune guerrière. Les furies s’abattirent sur elle. Frappant, tranchant, brûlant alors que ni son cosmos, ni son surplis ne furent vraiment en mesure de la protéger. Le coup de grâce viendrait de par cette lance qui fendit l’air. C’était la fin pour elle … Etrangement, la belle ferma les yeux pour ne pas visualiser la scène. Mais rien ne vint. Ouvrant les paupières, elle leva les yeux vers son sauveur qui n’était autre que son assaillant. La stupeur et la douleur la fit tomber à genoux au sol alors qu’elle murmurait.

« Pour-quoi ? »

Une aura étrange envahit le Dieu du Nord l’ombre de quelques instants. La ténébreuse elle, ne peut réprimer une nouvelle quinte de toux sanglante. Le combat touchait à sa fin, indéniablement. Malgré tout, serrant les dents, elle se redressa pour se poster sur ses deux jambes. Attrapant sa lance, elle la planta au sol pour s’en servir d’appui, se hissant au plus haut afin d’abattre ses deux jambes sur le poitrail de son adversaire. Elle ne parviendrait certainement pas à lui faire perdre son équilibre mais elle continuerait à se débattre telle une diablesse.

Se réceptionnant, elle attaqua de nouveau, moins vivement que précédemment puisque qu’elle forçait sur son corps meurtri. Un gracieux coup de pied retourné, puis un coup de genou vers l’abdomen, la garde de sa lance visa le haut du crâne du divin avant qu’elle ne lui décoche un crochet du gauche vers la mâchoire. S’éloignant habilement, elle concentra son énergie, balançant d’un revers de bras des serpents de feu vers son ennemi.

Si la belle avait appris quelque chose sur le Roi d’Asgard durant ce combat, c’était que celui-ci avait la langue relativement bien pendue, mais aussi, qu’il pourrait certainement gérer à la perfection le courrier du cœur. On ne sait jamais, à ses heures perdues, entre deux batailles. Trêve de plaisanterie, la fin est proche. Le cosmos du Spectre du Basilic fluctue, tendant presque à s’éteindre. En elle ne restait qu’une minuscule flammèche qui lui permettrait peut-être de se défendre au minimum une dernière fois avant de passer l’arme à gauche.

Odin s’approcha d’elle. La ténébreuse ne le quittait pas des yeux, ne cillait guère. Et pourtant, elle avait perdu beaucoup de sang. Chaque parcelle de son corps portait désormais les stigmates de ce combat épique pour elle, mais sans doute si insignifiant pour la divinité. Au moins, elle avait tout donné. Elle n’avait rien à regretter. Si Elyn était aux portes de la défaite, elle n’en oubliait pas les paroles de Löwin qui l’avait aidée à se relever. La victoire n’était guère pour aujourd’hui, elle espérait que son étoile la trouve encore digne après cela.

Il lui tendit la lance de Freyja. Si la jeune femme ne comprenait pas pourquoi un tel cadeau, elle finit tout de même par tendre la main pour s’en saisir. L’arme était si fine, si délicate. Silencieuse, son regard glissait sur celle-ci quelques instants avant de revenir vers son ennemi. Elle le soutint un instant, comme si elle le remerciait, sans un mot pourtant. Mais à l’évocation d’une nouvelle attaque, Elyn planta ce présent au sol, bien décidée à ne pas s’en servir dans cet affrontement.

Ses forces, son flux vital, la quittaient peu à peu alors qu’elle essuyait un nouvel assaut physique de Sigrund, puis les brûlures quelque peu minimisées par ses ailes protectrices qui cédèrent malheureusement bien vite.

L'heure est grave. La fin est proche. Elyn le savait bien. Mais elle avait également conscience de ce qu'il se passait un peu plus loin. Elle les avait entendus, ces mots de Thor. Alors, il voulait offrir sa vie contre celle d'Athéna. Toujours ce comportement de héros. Mais elle ne céderait pas, elle avait son choix. De ses dernières forces, elle barrait le chemin au Roi d'Asgard. Pour protéger Hadès, Perséphone, les Enfers. Il la suppliait, lui le divin. Et au bout de quelques secondes, elle ne put soutenir son regard. Elle ne pouvait nier avoir apprécié le Dieu du Tonnerre. Mais il était désormais son ennemi, dans cette guerre.

La vision de la belle auburn commence à se brouiller alors qu'une nouvelle Valkyrie obéit aux ordres de son Dieu, s'approchant d'elle avec cette lourde masse qui s'abat sur le sol, interférant avec lui par de multiples vibrations. Puis, des Golems de pierre. La spectre serra les dents, jurant quelque peu.

"Bon sang ..."

Se redressant, elle invoqua une énième fois son cosmos, levant le bras pour dresser un mur de flammes afin de limiter l'assaut. Lorsqu'elle se targuait de se battre jusqu'à son dernier souffle, elle ne mentait pas. SI seulement, Abel avait pu la voir ... Si seulement. Elle aurait tant aimé ... Dans le fond, peut-être qu'Odin avait décelé une part de la vérité.



Et soudain, un nouvel assaut. Et cette lame si froide qui transperce sa chair, frôle son aorte et son palpitant. Elle avait finalement eu ce qu'elle voulait. Ses iris écarlates restaient fixées sur le visage du Dieu qui semblait s'adresser à elle. Sa vision brouillée, son ouïe détraquée, le sang ruisselant désormais de la plaie et de la comissure de ses lippes.

Voilà sa fin. Transpercée d'une lame qui finit par la délaisser alors qu'elle s'écroule au sol. Dans un dernier espoir, elle lève son bras et saisit l'air, dans l'espoir de pouvoir le retenir. Mais il était trop tard. Sa main retomba mollement au sol, baignant dans son propre liquide de vie. C'était donc cela que l'on ressentait, quand la mort venait nous cueillir.

"A... bel ..."

Une larme roula sur sa joue, se mêlant aux tâches carmines baffouant son visage avant qu'elle ne perde connaissance.