Heureux qui comme Ulysse...

Sujet: Heureux qui comme Ulysse... Lun 22 Juil 2019 - 23:00

Spoiler:

Les portes de la guerre.

Je n’imaginais pas revenir ici de sitôt ni même réussir dans l’entreprise qu’avait pu me donner la déesse Harmonie. La monde était si vaste. Et il avant changé depuis. Quelque chose de perturbant, une discorde qui se mettait en place avait changé la donne. Je ressentais quelque chose de lointain, comme un présage qui se profilait et qui semblait me dire que les temps allaient changer.

Là, devant l’entrée du Royaume d’Arès, je reste un instant impassible. Combien de jours ai-je rêvé revenir jusqu’ici, ressentir l’odeur du champ de bataille, les clameurs de la guerre, des héros et des guerriers, les vibrations de chaque coup de la lame sur le bouclier. Mon cheval s’est avancé, en paix alors que le moindre de ses animaux n’aurait pas approché à moins d’un mile. Il connait sa maitresse, il sait jusqu’où il faudra aller. Et je ne le laisserai pas à l’entrée. Pour rien au monde.

Mon regard vient se porter sur une des colonnes de pierre. Celle-là même où je m’étais présentée au cardinal Alectryon il y a des années. Cette époque me manque et j’aimerai bien savoir où il se trouve et ce qu’il devient ;

Et Katharina ? Pourrais-je retrouver pareille sœur d’armes ? Je ne sais pas, je ne devrais même pas me demander ce genre de choses.

Car aujourd’hui, je suis aux portes de la Guerre, de retour chez moi. Et aujourd’hui je reviens plus armée et plus forte encore que celle que j’étais. Montée sur un magnifique destrier blanc, revêtue de mon armure de combat, de mon épée et d'un étendard flottant au vent sur lequel les armes d'Arès trônent fièrement, je n'aurai pas pu faire mieux comme arrivée triomphante.

Et personne n'est encore là pour m'accueillir ?

Mon regard vagabonde un peu, s'imprègne des lieux. Et il me vient une réflexion. Toujours la même : il n’y a pas de places pour les faibles dans ce monde. Pas vrai ? Et si vous n’êtes pas de mon avis… laissez-moi vous montrer à quel point vous avez tort.

Patience, Majesté Harmonie… J’arrive.

Palais d'Arès

Avant de s’en aller, Celestia avait perçu une aura cosmique qu’elle n’avait encore jamais ressenti. Certes elle avait des similitudes avec celles des protecteurs d’Arès, juste que Smaug ne la connaissait pas. Enfin, pas encore. Avant de se rendre dans le Sanctuaire des Océans de Poséidon, il était peut-être judicieux d’aller voir ce qu’il en retournait. Ainsi, la berseker fit un crochet par l’entrée du Royaume afin d’accueillir la nouvelle arrivante. Et quelle entrée ! Cheval blanc, cuirasse neuve, étendard portant les armoiries c’est ce qui amenait probablement quelqu’un d’important du royaume de la Guerre… Quelle chance avait Celestia en rencontrant Arès, son épouse et maintenant quelqu’un qui devait être aussi important que ces deux-là. Faisant face à la nouvelle venue, Smaug la jaugea du regard avant de prendre la parole pour s’adresser à cette dernière.

« - Bonjour, je me présente à vous comme étant Celestia, berseker de Smaug de la garde personnelle de Deimos. Dit l’intéressée en s’inclinant légèrement, Et vous ? Je ne me souviens pas vous avoir rencontré auparavant… »

Peut-être une ancienne qui était revenue d’une très longue mission ? Smaug restait toujours une petite Poucette dans les rangs d’Arès, elle n’avait pas rencontré beaucoup de monde. Quoique, elle avait rencontré deux cardinaux il y a quelques temps ainsi que la famille d’Arès il n’y avait pas plus de quelques secondes. Ce n’était pas grand-chose mais peut-être qu’il n’y avait pas tellement de monde dans le Royaume de la Guerre.

« - Faites-vous quelque chose, ma Dame ? demanda alors Celestia à l’inconnue. Je dois me rendre chez Poséidon afin de l’amener à notre Maître, peut-être pourriez-vous m’accompagner si ce n’est pas indécent de faire une telle demande? »

On ne sait jamais. D’habitude c’était elle qui exécutait les demandes de ses Supérieurs et pas l’inverse. Son interlocutrice, au vu de ses apparts, ne semblait pas vraiment être quelqu’un à recevoir des ordres mais bien les donner elle-même.

Elle se présente à moi, avec les formes, elle ignore encore qui je suis mais ma tenue ne lui a pas laissé l’ombre d’un doute. Et c’est sans doute la raison pour laquelle elle fait preuve d’une prudence légitime. Les règles n’ont pas changé à Sparte, pas autant depuis mon départ, ainsi, elle est assurée de mon importance sinon elle m’aurait déjà défiée ou demandée les raisons de ma venue avec plus de vivacité. Et j’aime que les choses se passent parfois avec la vivacité de l’esprit. Ca en dit long sur celui qui se trouve en face de nous la plupart du temps. Elle affichait l’armure d’une Guerrière. L’était-elle vraiment ? J’aurai du temps pour m’en rendre compte. Pour l’heure, alors qu’elle se présente, je regarde chaque pli, chaque détail de son armure. Au moins, elle est soignée et ne porte pas des hardes de paysan ou de guerrier à la traine. J’aime ça.

Je m’incline avec respect pour répondre silencieusement à ses présentations puis prend la parole dès qu’elle en a terminé, respectant un protocole des plus sérieux et calibré, militaire et spartiate.

- Je te salue Célestia. Je suis Alia Dorianthe, Voix de l’Unique, Prêtresse d’Arès.

Je laisse flotter un instant les mots que je viens de prononcer. Mon regard est sur elle, j’ai un léger sourire. Et avant qu’elle n’en perde ses moyens et se raidisse comme un piquet en se mettant au garde à vous, j’avance d’un pas vers elle décidée à lui faire oublier le protocole l’espace d’un instant. Autant qu’elle en profite, même sans le savoir, car d’ordinaire, je ne badine pas avec les formes protocolaires.

- Repos, Combattante de Smaug. Si tu peux me dire ce qu’il s’est passé depuis mon absence, en quelques mots, je te préserverai du protocole lié à mon rang. Après tout, j’arrive et j’ai besoin de de savoir.

Il est bon de rentrer chez soi et d’être accueilli par quelqu’un qui porte sur elle une certaine forme de bravoure. J’aurai aimé quelque chose d’un peu plus fort en propos mais elle avait très bien joué son rôle avec moi, sans trop savoir si j’étais vraiment d’importance ou non. L’habit fait-il la prêtresse ? J’aimais imaginer de quoi nos troupes étaient capables. Etait-elle capable de dire en peu de mots ?

- Et j’ai peut-être aussi besoin de distractions.

Quelque part plus haut dans le royaume, je peux ressentir des présences cosmiques. On foule nos terres ou bien nos guerriers sont quelque part en train de combattre ou de s’entrainer. Quoi d’autre sinon ? Aussi, alors que la guerrière de Smaug m’avait demandé bien innocemment si je souhaitais l’accompagner, question que j’avais laissé en suspens, forcément, mon intérêt qui était de prime abord de rester au pays n’en est que plus exacerbé.

- Chez Poséidon dis-tu ? Il serait donc revenu… Cet ordre t’a-t-il été donné par sa Majesté Arès ou un de ses altesses Deimos ou Phobos ?

Je ne pouvais pas imaginer nos troupes se promener sans une réelle raison de le faire ou de vouloir en découdre. L’Unique était présent au Palais, je pouvais sentir sa présence. Et il n’était pas dans mes projets de quitter le royaume sitôt arrivée.

- Parce que dans le cas contraire, c’est toi qui pourrait m’accompagner. Je viens d’arriver ; je n’ai pas particulièrement envie de repartir. Il semblerait qu’il y ait beaucoup à faire, à moins que je ne me trompe.

D’un geste, allant chercher les rênes de ma monture, je finissais par les tendre à la guerrière de Smaug. Libre à elle de les prendre ou non. Un Ordre d’Arès ne méritait aucun refus. Elle savait donc ce qu’elle avait à faire si l’ordre venait bien de l’Unique. Qui sait si je n’étais pas en train de la tester.

L’autre se présenta à son tour sous l’appellation d’Alia Dorienthe. Comme la plus jeune l’avait deviné, elle était très importante au sein du Royaume de la Guerre puisque la dame s’avérait être la prêtresse d’Arès. Au vu de l’accoutrement et des attraits de cette dernière, ce n’était pas difficile à deviner mais mieux valait tout de même demander pour en être certain. Alia semblait être partie depuis pas mal de temps car la première chose fut de demander à la berseker ce qu’il s’était passé depuis son départ. Alors là… Celestia ne savait pas trop quoi répondre dans un premier temps, après tout elle n’était pas au courant du moment où son interlocutrice était partie, autant décrire les évènements récent, à savoir le labyrinthe sous-marin même si les informations n’étaient pas nombreuses.

« - Un labyrinthe est sorti de nulle-part du côté du Cap Sounion. Répondit Celestia en essayant de se remémorer son bref passage dedans. Je n’ai pas plus d’informations mais d’après mes compagnons qui y ont été envoyés, un artéfact appartenant à Poséidon a été dérobés et les gens essaient de le trouver pour leur compte. »

C’était là tout ce que la demoiselle savait de cet évènement. Elle avait suivi Eths jusqu’au Sanctuaire d’Athéna mais avait préféré rentrer plutôt au Royaume de la Guerre. Peut-être que le cardinal aurait plus d’informations, après tout c’était le seul soldat d’Arès qui voyageait beaucoup contrairement à ses pairs. Aller au Sanctuaire Sous-marin était là une bonne occasion de voir le monde pour Smaug qui hormis le labyrinthe, n’était jamais allé au-delà de l’entrée du Royaume. La prêtresse avait besoin de distraction, demandant par la suite l’identité de celui qui lui avait donné l’ordre de se rendre chez Poséidon.

- Il s’agit d’Arès en personne ! répondit simplement Celestia dans un demi-sourire. Vous comprenez, je ne peux pas le décevoir en n’y allant pas, il me couperait la tête… »

Arès était connu pour ne pas apprécier les désobéissances, tout comme ses fils. Nombre de fois qu’il avait puni les isolants et les faibles, Celestia ne voulait pas tellement faire partie de cette liste noire. Cependant, comme elle était en présence de la Voix d’Arès, peut-être que cette dernière pourrait peut-être la protéger en expliquant à Arès qu’elle avait réquisitionner… Qui sait ? Cela ne devait sûrement pas être quelque chose que faisait la prêtresse… Cette dernière reprit d’ailleurs la parole, expliquant à Célestia qu’elle ne souhaitait pas repartir et que la guerrière pouvait l’accompagner elle plutôt que partir pour le Sanctuaire de Poséidon.

« - Où allons-nous alors ? demanda Smaug d’un air interrogatif, deux des Cardinaux reçoivent en ce moment des invités et Arès se trouve être avec Styx et son épouse. »

A part se promener autre part, il n’y avait pas grand-chose à faire actuellement dans le domaine de la Guerre, sauf si Alia avait une idée derrière la tête. Auquel cas Celestia serait bien obligé de la suivre puisque c’était la représentant d’Arès qui lui proposait une telle chose.

Un labyrinthe, le retour de Poséidon, un vol, tout avait la tournure des meilleures histoires, celles où il est nécessaire d’avoir un vainqueur. Je l’écoute me raconter, me répondre avec clarté et rapidité. En voilà une qui n’en fait pas trop, et tout en hochant la tête lentement et silencieusement, je lui montre l’intérêt que j’ai pour chacune de ses paroles. Et ainsi donc, elle doit se rendre sans tarder au royaume de Poséidon. Si loin que j’ai du mal à me souvenir du lieu où il se trouvait.

- Vos ordres vous ont donc été remis par l’Unique.

Je réagissais encore à ses propos. Car il s’agissait bien d’une mission confiée par Arès. Les choses étaient claires. Sa majesté était toujours là, présente à Sparte. En dépit de mon départ, les choses avaient suivi leur cours. Une chose m’interpelle alors, dans ses propos. J’ai toujours les rênes de mon destrier dans les mains et sans bouger d’un cil, mon regard vient plonger dans le sien. Lorsque je daigne plisser un peu le regard, ayant sondé un peu sa volonté, c’est pour ne pas la rassurer.

- Vous couper la tête dites-vous. Il peut faire bien pire. Tout comme moi.

Un regard très posé, une expression de marbre, j’esquissais finalement un sourire à l’attention de la guerrière de Smaug. Etait-il nécessaire de la traumatiser dès mon arrivée ?

- Rassurez-vous. Je n’ai pas pour habitude de persécuter les Berserkers qui me font bonne impression. Je laisse à tout le monde le temps de faire ses preuves, ou de me décevoir.

Je l’observe d’autant plus. Mes propos déstabiliseraient pas mal de monde, du moins les feraient rire jaune. Il était inutile d’avoir un discours ambigu. Je voulais donner tout de suite le ton. Elle paraissait jeune, elle semblait directe. Si une armure l’avait choisie, ce n’était pas pour rien. Alors, au gré de la discussion, essayer de la percer à jour pour savoir si elle pourrait être une suivante convenable n’était pas de trop.

Elle parait cependant bien hésitante. Et je me demande même si les préceptes de l’ordre sont toujours les mêmes. On peut lui donner le bénéfice du doute. Mais pour l’heure, si mission a été donnée par Arès, c’est celle-là qui devrait primer sur le reste. J’abaisse ma main et les rênes de ma monture. D’un mouvement ample, je viens caresser le museau du destrier pour y chercher un peu de réconfort et de calme.

- Ainsi, tu penses qu’il est plus avisé de me suivre que de répondre à un ordre direct de sa Majesté Arès ? Parce que si tu ne vas pas chez Poséidon pour lui offrir l’invitation, qui le fera ?

Mon regard plongé dans les yeux de la monture, c’est le plus calmement que je prononce ces quelques mots avant de tourner le regard vers elle.

- Les commandements de l’Unique auraient à ce point changé depuis mon départ ? Pouvez-vous me les rappeler que je puisse être rassurée, et vous avec moi ?

Les ordres avaient bien été donné par l’Unique et il ne fallait pas s’en soustraire. C’était l’une des règles fondamentales au royaume d’Arès. Celestia avait pensé que comme elle était en présence de la Représentante de ce dernier, elle pourrait être amenée à devoir le mettre en suspens pour une autre tâche. Mais non, ce n’était pas le cas. Alia voulait rester ici et ne pas repartir directement. Elle avait fait un long voyage, Smaug comprenait très bien que ce n’était pas dans ses envies de se promener autre part que dans le royaume de la Guerre. Tant pis alors, la jeune guerrière devra remplir sa mission comme on lui a demandé, seule.

Quoi qu’il en soit, la prêtresse avait repris la parole à son adresse. Cette dernière dit à la plus jeune que ce n’était pas la peine de stresser, que la demoiselle avait du temps pour faire ses preuves ou non auprès de l’armée de l’Unique. Malheureusement, ce ne fut pas ces dires qui rassurèrent Celestia, même loin de là. Non, la jeune femme prenait plutôt cela comme une nouvelle raison de faire son mieux. La Représentante d’Arès posa son regard sur son animal, reprenant également la parole pour demander à son interlocutrice si elle jugeait bon de passer outre l’ordre de l’Unique pour la suivre.

Selon Alia, Poséidon risquait fort de ne pas être invité si personne n’allait à son domaine. C’était tout à fait juste mais Celestia n’avait pas l’intention de ne pas se rendre à destination. Disons que son départ aurait été légèrement retardé en fonction de ce qu’il se passait avant ce dernier. Toujours d’une voix dangereusement calme, la prêtresse demanda à la dragonne de lui réciter les Lois qui régissent le Royaume d’Arès. Il n’y en avait pas beaucoup mais c’était toujours important de ne pas les oublier. Cette question surpris quelque peu Celestia mais elle se reprit bien vite, préparant ses doigts pour les compter et les décrire.

« - Les règles sont : Toujours obéir à Arès et ses fils. Commença Celestia en levant un doigt, les berseker peuvent taper sur la gueule des gens mais en prétextant toujours que ce sont eux qui ont décidé de taper et non Arès. »

Cela faisait tout de même déjà un commandement qu’elle avait outrepassé même si dans sa tête elle comptait obéir à Arès. Certes un peu en retard mais elle accomplirait la tâche que l’Unique avait donnée. Concernant les autres règles, Celestia en avait entendu parler mais comme elle n’avait jamais eu à les appliquer, elle ne s’en souvenait pas tellement.

« - Les autres règles sont qu’on est seul. On ne copine pas avec les gens des autres camps et on tue tout ce qui s’enfonce dans le Royaume sans escorte, du moins c’est ce dont je me souviens. »

Le regard lavande de Celestia se posa sur Alia tandis qu’elle fit une pause pour y réfléchir. Après quelques secondes de réflexion, elle baissa la tête pour prendre la parole.

« - Je… Vais devoir m’en aller au Sanctuaire sous-marin, du coup. Elle avait dit cela dans un petit murmure mais il était tout à fait audible pour la Représentante d’Arès. Mais je peux toujours le retarder si vous avez besoin de moi non ? Je vais de toutes façons aller voir Poséidon comme l’Unique me l’a demandé. »

Le regard interrogateur, Celestia attendit la réponse d’Alia. On ne savait jamais qu’elle avait une autre interprétation du règlement des Bersekers.

Une à une, la jeune guerrière m’énuméra les règles les plus importantes du royaume. Il y en avait d’autres mais c’était bien là les plus importantes. Remettant les mords de ma monture en place, j’écoutais tout en prenant garde de ne pas laisser passer une émotion. Ce n’est que lorsqu’elle eut fini que je me retournais une nouvelle fois encore vers elle. Elle semblait satisfaite mais en attente, un peu comme la minute avant la ruée vers les résultats d’un examen.

- C’est exact, Celestia de Smaug. Même si tu habilles ces commandements avec tes propres mots, il suffit que tu ne les oublies pas.

Elle avait sans doute compris ce que j’attendais d’elle en répondant à cette question. Qu’elle y réponde en se rendant compte que peu importait mon rang, elle n’était pas là pour me faire plaisir mais bien pour accomplir la volonté de l’Unique.

- Lorsque tu me dis qu’on ne copine pas avec des étrangers, c’est particulièrement exact. Et il est même préférable que ce soit le cas jusque dans l’intimité, si tu as du temps pour cela bien entendu.

Devais-je lui dire que chez les amazones, on tuait les amants et amantes, de quelque nation ou contrée qu’ils aient pu être ? De toute manière, ce n’était bien souvent qu’une perte de temps, néfaste pour l’esprit et le cœur, un poids qui n’a pas sa place chez un guerrier, ou bien s’il est associé à une forme de récompense, en ultime possibilité. Mais plus important que tout, c’était celui sur les étrangers en libre vadrouille dans le royaume qui semblait différent de celui que je connaissais.

- L’an dernier encore, il était convenu que quiconque arrive sur nos terres ait à se battre contre l’un d’entre nous pour prouver sa valeur. Ce n’est qu’ensuite que les raisons de sa venue sont… demandées. Plus ou moins.

C’était à peu près ça, oui, et il était même possible de rompre un combat sans qu’il ne mène à la mort de l’un des deux belligérants. Pratique essentielle dans un royaume voué au combat. Puisque les places en Arène étaient compliquées à obtenir avec des Berserkers disponibles, il était plus simple de se mesurer aux autres royaumes en toute circonstance.

Elle est toujours hésitante, je la ressens avec une profonde envie de ne pas me décevoir, de me servir au mieux avant qu’elle n’aille en mission. C’est honorable. Et j’ai peut-être quelque chose à lui proposer d’ailleurs. Aussi lorsqu’elle insiste encore sur le simple fait de se rendre seule à sa destination, je décide de m’approcher d’elle, relâchant les rênes de mon destrier pour ne me retrouver finalement qu’à quelques mètres d’elle.

- Seule, oui, c’est probablement ce qu’il va se passer. Je dois t’encourager pour que tu te rendes au royaume de Poséidon mais j’aimerai avant que tu ne me présentes à un des Cardinaux, si tu sais où ils peuvent se trouver…

Peut-être que nous allions nous mettre en route et qu'elle accepterai un légère déviation. Je me voulais rassurante, pour une fois. Elle avait vraiment cette crainte d’avoir oublié quelque chose et peut-être livrée encore à elle-même, elle n’osait pas franchir les devants. Le protocole lui imposait certaines choses mais lui donnait d’un autre coté bon nombre de libertés. Elle était jeune et probablement promise à quelque chose d’intéressant. A condition qu’on l’aide à s’améliorer qui sait. Et je ne voulais présumer de rien. Elle avait probablement déjà pas mal de talents que je ne tarderai pas à découvrir.

- D’ailleurs, Célestia de Smaug, j’aimerai savoir une chose : à part Arès, es-tu sous l’autorité de quelqu’un d’autre dans le royaume ?

Tant que l’on retenait les commandements, cela suffisait. Pourtant, cela ne servait à rien de les connaître si on ne les appliquait pas en vrai. Néanmoins, cela voulait également dire que si c’était l’Unique qui lui donne des ordres, même si Alia était sa Représentante cela n’était pas suffisant pour lui faire plaisir elle au lieu que Lui. Quant au fait de copiner avec les ennemis, Alia déclara simplement que c’était tout de même possible, à condition d’être discret pour ne pas que les autres bersekers soient au courant. Car si la règle stipulait que c’était interdit, il ne fallait pas être idiot pour comprendre qu’il y aurait des représailles à ce genre de ‘’trahison’’.

« - Cela ne risque pas d’arriver dans mon cas… avoua Celestia dans un sourire sans joie. Vous savez, j’ai déjà été mariée mais en temps que spartiate, il m’est impossible de trouver l’amour une seconde fois. »

Les spartiates se mariaient comme tout le monde, ils pouvaient se séparer de leur conjoint sans problèmes ou même se remarier. Cependant la jeune femme n’était clairement pas encline à essayer de retrouver l’amour un jour. Ce dernier avait déjà croisé sa route, même en étant arrangé Celestia avait fini par aimer son époux. Un amour vrai et authentique même si au commencement leur relation avait été particulièrement électrique. Ils avaient fini par se rendre compte qu’ils étaient complémentaires et rien n’avait pu se dresser entre eux, sauf peut-être la mort qui prit l’homme sur un champ de bataille.

Alia, elle, reprit la parole après un petit moment de silence pour lui expliquer que le Royaume d’Arès avait une coutume, celle de faire combattre les nouveaux venus ou inconnus pour jauger la valeur du visiteur qui osait fouler le sol du Royaume d’Arès. La Prêtresse avoua ensuite qu’elle devrait insister pour que Smaug remplisse sa mission, cependant elle demanda à voir l’un des Cardinaux et si la guerrière savait où ils se trouvaient. Oh oui, elle le savait, puisqu’elle les avait quittés pour conduire Styx à Arès et Aphrodite.

« - J’ai croisé Morrigan il y a quelques heures. Répondit Celestia en regardant son interlocutrice de ses yeux violets. Elle a dû amener un marina dans son territoire. Lowïn, autre berseker aux ordres de Deimos l’a accompagnée. Oh, et j’oublie le Cardinal Eths que j’avais suivi au Sanctuaire après le vol de l’artéfact de Poséidon. »

Il y avait donc au moins un Cardinal dans le Royaume, si l’on comptait bien évidemment Eths qui avait pris une asgardienne. Malheureusement, Eths était venu lorsque la guerrière était partie avec la titanide, aussi elle n’avait aucunes idées de l’endroit où il était en ce moment. La logique voudrait qu’il soit dans son domaine avec l’Ase puisque chaque Cardinaux avaient un domaine qui leur était propre. La Prêtresse d’Arès, après avoir regardé une énième fois sa monture, se tourna à nouveau vers la jeune fille à ses côtés. Celle-ci demanda alors si Celestia était sous l’autorité d’une autres entité au sein du Roayume autre qu’Arès.

« - Oui, je suis une des bersekers de la garde personnelle de Deimos, pourquoi ? »

Elle se dévoile un peu plus. Lorsque nous parlons d’alliance, de frivolités, de moments privilégiés, elle me précise sans tourner autour des choses qu’elle fut mariée. Pourquoi pas après tout. Si ça se trouve, il y a un intérêt à l'être, même lorsqu'on est une guerrière. De là à ne plus pouvoir le refaire, il n'y avait que des raisons très personnelles qui auraient pu la pousser à dire ceci. Un mariage, lorsqu'il était en de pareils termes, et surtout concernant au moins un guerrier, aurait pu être remis en cause facilement ; les aléas de la vie. Mais rien n'empêchait de trouver meilleur homme ou meilleur parti. Et je n'avais pas envie de parler de cela pour le moment.

Une à une, chacune de mes questions trouve une réponse. Les Cardinaux, pour leur part sont quelque part dans le royaume et elle sait précisément où pour l’un d’entre eux. Parfait, je serai bientôt en mesure d’en savoir bien plus.

Et concernant ma dernière demande, j’ignorais qu’elle était une des Berserkers de la garde personnelle de Deimos. Mais elle ne m’avait pas parlé de sa présence. 2 Cardinaux, nos Altesses Arès et Aphrodite, des guerriers mais pas de trace de l’incarnation de la Terreur. Il était toujours possible de la transférer sous mon commandement le temps qu’il revienne. J’avais vraiment besoin de quelqu’un pour m’aider à comprendre les enjeux actuels et la situation politique. Et puis, il fallait aussi montrer que le royaume d’Arès aimait protéger ses représentants, aussi fragiles puissent-ils être en apparence. Et leur laisser croire que c’était le cas. Ma proposition allait être simple. Sitôt arrivée au royaume, je ne comptais pas attendre longtemps.

- Et bien… pour l’instant, je n’ai personne à mon service et il me parait judicieux de te proposer de devenir ma garde du corps personnelle.

Judicieux. Elle présentait bien, semblait animée des meilleures intentions. Il serait bien assez tôt pour savoir si elle n’hésiterait pas à mourir pour Sparte, à espérer qu’elle y arrive avec une prêtresse en soutien.

- Je suis juste, équitable et plutôt intransigeante. Mais si tu as déjà survécu à Sparte depuis ton arrivée, tu devrais pouvoir convenir et y gagner en… prestance et expérience.

C’était la moindre des choses qui pouvait lui arriver. Bien souvent, nous étions au bas de la chaine alimentaire pour faire nos preuves. Là, je ne savais pas qu’elles étaient les siennes mais j’avais bon espoir de ne pas me tromper à son sujet.

- Je n’ai que ça à t’offrir, si tu es intéressée bien entendu.

Mon regard se porte vers l’intérieur du royaume. En espérant que nous puissions en parler le long du chemin, je préférais me mettre en route en la suivant vers le Cardinal dont il était question.

- Nous y allons ?

Les yeux lilas de Smaug se levèrent lorsque la prêtresse déclara ne pas avoir quelqu’un attaché à ses ordres et elle fit une proposition surprenante à sa cadette. En effet, cette dernière avait demandé si cela intéressait Celestia de devenir sa garde personnelle. Perplexe, l’intéressée resta muette, se demandant si cela était une blague ou non. Pourquoi ? était le mot qui germait dans son esprit. Elle qui avait été princesse d’une riche famille spartiate, cela lui semblait étrange de s’imaginer au service d’une autre. Quoique, Smaug n’avait plus le choix que de se soustraire à la volonté de l’autre femme puisqu’elle n’était plus ce qu’elle était avant.

« - Je ne sais pas si je serais à la hauteur mais pourquoi pas. »

Cela était quelque chose qui avait le mérite d’être curieux. Une chose est sûre, c’est que cela n’allait pas être de tout repos, Alia le lui ayant annoncé depuis quelques minutes déjà. Mais bon, en étant native de Sparte, ce n’était pas la difficulté qui allait faire reculer Smaug. Non, c’était une dragonne et il était temps de se le mettre dans la tête. D’ailleurs, la Prêtresse ne manqua pas de l’épingler, demeurer à ses côtés pourrait l’aider à s’affirmer. Perspective qui ne manqua pas d’intéresser Celestia qui hocha la tête d’un air affirmatif.

« - Il me tarde de vous montrer mes talents. »

Fut ce qu’elle répondit, son regard décidé posé sur Alia. Elle n’était pas certaine d’en avoir mais cela était plus de l’appréhension que du manque de confiance en sa personne… Elle avait quant même mené une grande bataille sur le champ de Guerre, Celestia pouvait le refaire mais avec un autre genre de soldats… Qui sait ? Sa décision étant prise, la confiance revint chez la guerrière. Mettre en place les éléments qui lui permettrait de devenir quelqu’un dans l’armée lui plaisait bien et elle aurait l’occasion de faire ses preuves.

La Représentante d’Arès avait le regard perdu dans les profondeurs lorsqu’elle fit sa proposition. Néanmoins cette dernière reporta bien vite son attention sur la dragonne, lui demandant si elles se mettaient en marche où pas vers le domaine de Morrigan. Ce fut au tour de la demoiselle de regarder le Royaume d’Arès avant de prendre la parole.

« - Bien entendu. »

Et c’est ainsi qu’Alia et elle prirent le chemin du domaine de la Terreur afin de rejoindre Morrigan, Lowïn et leur invitée.

Domaine de la terreur

Spoiler:

Il était temps de se mettre en route. Oui, contre toute attente, j’avais besoin d’une guerrière pour m’amener au-delà de la porte de la guerre. Protocolaire, je n’imaginais pas franchir certains domaines sans informer nos troupes de mon retour et qu’importe si on me connaissait ou pas. On apprendrait à savoir qui je suis. En bien, forcément. J’espérais être au-dessus de toute attente.

- Tu seras forcément à la hauteur, tu es une spartiate. N’est-ce pas Dragonne ?

J’avais compris ce qu’elle était avec quelques-unes de ses phrases. Il n’y avait aucun doute. La plupart du temps les éveillés qui arrivaient comme troupes fraiches étaient promis à une armure ou une fonction particulière. C’était son cas, elle avait l’attention des divinités, elle portait en elle la marque distinctive des guerrières de Sparte. Sa timidité pourrait se résorber comme neige au soleil.

Et pour ce qui était de ses Talents, nous serions fixés bien assez tôt. Se battre, c’était une seconde nature pour tous ceux qui étaient ici, dans le royaume d’Arès. J’allais entrer en scène sous peu, demandant certaines choses, vérifiant certains impératifs. Qui savait se battre assez pour enseigner aux autres ? Comment les choses avaient-elles évolué depuis mon absence ? Je n’allais pas les épargner si les choses étaient restées au ‘’calme’’. Arès avait d’autres adversaires à fouetter. Il était important de faire ce qui était nécessaire pour garantir l’excellence de tous en toute occasion.

Mais ce n’était pas le moment de parler de tout ça. Les rênes de mon destrier en main, j’avance finalement vers lui pour reprendre ma place et me hisser sur la selle aussi confortablement que je le peux. Ce n’est que lorsque Célestia commence à se mettre en route que je me mets à sa suite pour quitter les lieux et me diriger vers notre destination.

--> Avec Celestia.

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