Les ambitions de la Chimère ? [FB PV Elyn]

« La Chimère donc… »

Qui aurait misé sur la petite Elyn pour devenir spectre au sein des armées d’Hades ? Pas beaucoup de monde et pourtant il connaissait très bien les qualités de guerrière de la belle auburn. N’avait-elle pas bénéficié du même entrainement que lui après tout ? Toutefois Abel, bien qu’il ne le montrerait pas, se posait des doutes quant au bienfondé de donner un surplis à sa servante. Elyn n’était là qu’uniquement parce qu’elle voulait le suivre, jamais elle n’avait parlé d’une quelconque motivation à servir les ténèbres. Le borgne avait donc décidé d’emmener la demoiselle à travers l’Europe, sur une petite île proche de la Grèce afin d’en discuter avec elle mais aussi et surtout pour collecter quelques renseignements sur un étrange culte voué à une ancienne divinité. Quelle divinité ? Quel culte ? Abel n’en savait strictement rien si ce n’est qu’elle avait été mentionnée dans un des vieux livres du manoir familial. Peut-être même que ce culte était éteint….

« Pourquoi un surplis ? Qui te l’a donné ? Dans quel but ? » Finissait-il par dire avant de se stopper soudainement et se retourner vers elle. Il n’y avait pas à dire, ce surplis lui allait magnifiquement bien et mettait parfaitement ses courbes en valeur et c’était sans mentionner cette chute au niveau du décolleté….

Derrière lui, Elyn pouvait voir un petit village qui devait contenir moins d’une centaine d’habitants, village très reculé d’une petite île rattachée officiellement à la Grèce. A la droite du village, le duo pouvait voir une immense forêt sombre où il était dit que les fleurs étaient les mêmes que celles qui poussaient aux enfers.

« Tu te rappelles du vieux grimoire de la famille ? Dans les environs il est censé y avoir un étrange culte à une divinité que l’on ne connait pas forcément très bien. » Il marqua une pause, son sourire s’étirant lui donnant des allures de démon. « Je veux en apprendre plus petit Chimère et tu vas m’y aider… Mais en attendant réponds à mes questions je te prie. »

Cette petite escapade hors des enfers allait permettre au duo de faire une petite mise au point de la situation. Abel voulait comprendre et Elyn allait devoir lui répondre.

Un premier voyage pour la belle Chimère affublée de son surplis sombre. Une nouvelle fois, elle découvrirait de nouvelles contrées aux côtés de son éternel maître, Abel. Elle sentait son œil unique posé sur elle, il ne la quittait plus du regard depuis qu’elle avait revêtu son armure. Elle l’observa du coin de l’œil, un léger sourire ourlant la commissure de ses lippes avant de lui offrir cette malice que lui seul lui connaissait jusque là. Sa curiosité l’emportait et pour être honnête, elle adorait cela. Elle aimait l’intriguer, être le centre de son attention. C’était comme si plus rien ne comptait autour d’eux. Elle était sa servante, son bras armé, et à cet instant, elle occupait toutes ses pensées. Elle le ferait miroiter quelques instants, pour s’en amuser secrètement. Elyn conservait son air mystérieux alors que le borgne lui offrait plus amples explications sur leur présence en ces lieux.

Un vieux grimoire ? La brune acquiesça d’un geste de la tête, attendant la suite avec impatience. Vivre de nouvelles aventures aux côtés de l’héritier n’était guère déplaisant. L’aider la rendait heureuse. Bien sûr, elle accepterait sans rechigner. Et vinrent de nouveau les interrogations dont elle ne pouvait plus contenir les réponses. Faisant un pas vers lui, ses doigts gantés de métal glissant sur la joue du beau brun, la Chimère planta ses iris sanguines dans son unique pupille d’ambre.

« Mon seul but est de te protéger et de mettre tout en œuvre pour te propulser au sommet, Abel. Je n’en ai aucun autre. Je me suis présentée aux Enfers en prêtant allégeance au Dieu de la Mort, mais nous savons tous les deux que je n’ai d’yeux que pour un seul maître. »

Un sourire, cette fois plus prononcée, teintée de malice et de satisfaction. Elle était heureuse de l’avoir surpris. Reculant d’un pas, sans le quitter des yeux, elle fit un tour gracieux sur elle-même avant d’effectuer une révérence légère. Elyn glissa ses doigts dans sa crinière auburn, venant bloquer une mèche grâce à son casque.

« Comment me trouves-tu avec ce surplis ? »

Elle aussi, était impatiente de recevoir cette réponse. Une réponse qui la ferait peut-être rayonner un peu plus qu’à ce moment-même ?

Abel ferma les yeux durant quelques secondes, s’imprégnant des paroles de la belle Elyn. Il adorait s réponse autant qu’il la redoutait. Que se passerait-il si jamais ces quelques mots étaient reportés aux enfers ? Elyn serait exécutée sur le champ et condamné à errer dans une des prisons infernales. Bien que d’apparence détachée, le borgne détestait cette option. Il se mordit la lèvre inférieure ne disant mot regardant la petite présentation de son bras armé. La demoiselle jouait clairement avec lui, voulant sans aucun doute être le centre de son attention.

« Je te trouve magnifique bien que je préfère ta tenue d’Eve à celle-ci. » Répondit-il avec une pointe d’ironie. Abel ne mentait pas sur ce sujet, aussi bien sur le surplis que sur les courbes absolument divines de son jouet préféré. Le surplis lui allait comme un gant c’est un fait cependant Mephistopheles devait aborder un sujet qui lui brulait les lèvres : l’allégeance à Hades.

« Ne dis plus jamais une telle chose Elyn, de telles paroles pourraient te couter plus que la vie elle-même. Que se passerait-il si jamais tu devais disparaitre ? Comment ferais-je pour que mon nom soit inscrit dans les mythes et légendes ? Nous sommes des Spectres avant tout ma belle, pour le moment. »

Il lui adressa un clin d’œil taquin, avant de soupirer et de reprendre : « J’espère avoir la chance de m’entretenir avec l’une de nos divinités en réalité. A cause de l’éducation de mon père j’ai toujours pensé que nous, humains, n’étions que des jouets, des pantins entre les mains des divinités. Des pions que l’on pouvait remplacer sans aucun état d’âme et pourtant alors que ça ne fait que quelques jours que nous sommes aux enfers… j’ai l’impression de m’être trompé, ne serait-ce que sur Perséphone. » Il marqua une courte pause avant que son cosmos sombre ne sorte de son surplis pour former une sorte de champ de bataille à petite échelle. Les personnages se battaient entre eux et on pouvait reconnaitre Athéna avec son bouclier ou encore Poséidon avec son trident. « Suivant cette potentielle rencontre il se pourrait que j’essaie de rencontrer les autres dieux de notre monde. Je voudrais voir jusqu’à quel point l’enseignement de père était faux ou s’il avait raison. Athéna, Poséidon, Ares et les autres…. Tout cela m’intrigue, tu connais ma nature curieuse non ? »

D’un revers de la main, la scène cosmique mettant en scène les dieux disparut laissant les deux jeunes gens seuls. Il effectua un pas, puis un second avant de venir se saisir des lippes de sa suivante pour lui donner un baiser enflammé. L’échange ne dura que quelques secondes mais assez tout de même pour que le besoin d’air lui fasse lâcher prise.

« J’ai besoin d’Elyn, pas du spectre de la Chimère. » Chuchota-t-il avant de se retourner vers le petit village. Maintenant il allait falloir choisir où enquêter, le village ou la forêt qui semblait un « poil » mystérieuse ? D’une impulsion cosmique il retira son surplis pour apparaître en chemise blanche, pantalon en toile qui lui donnait une certaine classe. Fouillant dans ses poches, le spectre céleste attrapa une paire de gant en cuir noir qu’il enfila avant d’attacher ses cheveux en arrière pour former un petit chignon.

« Village ou forêt, peu importe mais évitons d’attirer l’attention tu ne crois pas ? »

Elyn n’était que sincérité. Elle qui était prête à tout pour satisfaire l’héritier qu’elle servait depuis son plus jeune âge. Mais si sa disparition pourrait faire souffrir son maître ou sa réputation d’une quelconque manière, alors, elle tairait ces mots prononcés, les garderaient enfouis dans son esprit. Après tout, Abel connaissait désormais son but, son opinion, elle n’avait plus à le lui rappeler. C’était à son tour de l’écouter, d’entendre ce désir de s’entretenir avec la haute hiérarchie qu’étaient les Divinités, ce doute sur Dame Perséphone, l’épouse de leur Seigneur. La Chimère ouvrit la bouche. Elle aurait voulu lui demander pourquoi, mais une servante se devait de ne pas poser de question. Ses iris scrutèrent ce théâtre miniature improvisé avant qu’ils ne viennent contempler les traits de son interlocuteur lorsque sa voix brisa de nouveau le silence.

« Oui. Plus que quiconque, Maître. »

La belle le laissa s’approcher. Elle le savait, lorsqu’il avait ce regard … Paupières closes, elle se laissa guider dans ce ballet de langue exquis, prisonnière des lippes de son amant régulier, jusqu’à ce que leurs souffles se démêlent. Son regard croisant le sien, elle ne put que se réjouir d’une telle déclaration.

« Je serai toujours là … »

Ses pupilles se languirent d’une telle beauté. Abel avait le don de lui en mettre plein à la vue. Il était beau, en blanc, cette image immaculée qui contrastait avec sa crinière sombre. Il leur fallait être discret, ce devrait être son cas, à elle aussi. Une impulsion plus tard et le métal quitta son corps également, laissant apparaître une demoiselle toute vêtue de noir. Un haut à la vue subjective et un pantalon dessinant parfaitement ses courbes. Elle n’avait rien d’autre sur le dos. Remettant de l’ordre dans sa chevelure auburn qu’elle vint astucieusement placer sur sa poitrine, elle se présenta au niveau du borgne.

« Tu es très élégant, comme toujours. Nous devrions peut-être tenter d’interroger les habitants du village, qu’en penses-tu ? » Son bras glissa sous le sien alors qu’elle pencha taquinement la tête. « Je peux te servir de couverture, je serais celle que tu souhaites, Maître. »

« Tu avais envie de me demander pourquoi ? N’est-ce pas ? » Coupant court aux compliments de sa partenaire, Abel préférait ne pas rester sur un non-dit. Il reviendrait très certainement sur le reste plus tard mais il était important pour lui de prendre les devants. Il avait eu l’occasion de parler avec quelques gardes squelettes et avait appris quelques informations intéressantes comme le raid des juges en Asgard ou encore sur Perséphone qui semblait très protectrice avec les spectres.

« J’ai eu l’occasion de parler avec certains gardes des enfers, les soldats squelettes et ils m’ont donné quelques informations intéressantes comme le fait que nos juges se sont permis un petit tour en Asgard déformant le paysage au passage ou que Dame Perséphone est très protectrice avec les spectres. Apparemment elle ne nous prendrait pas pour de vulgaires pions et ça m’intrigue. »

Caressant la main de la belle auburn, il planta son unique œil dans son regard avant de lui adresser un sourire. Serait-elle jalouse ? Comme c’est mignon… pourtant elle était parfaitement au courant qu’il lui arrivait de partager sa couche avec d’autres femmes qu’elle….

« Jalouse ? » Disait-il simplement avant de reprendre rapidement « Je ne suis pas assez fou pour me compromettre dans les bras de la Reine des Enfers, imagines la réaction de notre seigneur Hades s’il venait à l’apprendre ? Aussi splendide soit-elle d’après les rumeurs je ne peux me permettre une telle incartade. »

Une fois cette petite parenthèse réglée, le spectre de Méphistophélès hocha la tête, revenant sur les toutes dernières paroles de son bras armé, son jouet préféré. Elle avait donc en tête d’interroger les habitants du village, très bien qu’il en soit ainsi. Profitant d’avoir la jeune femme près de lui, il commença donc à descendre la petite colline pour se rapprocher du village.

« Aujourd’hui nous serons un jeune couple venant faire du repérage pour leur futur voyage de noce. L’idée me plait assez que de te voir passer la nuit dans mon lit très chère. Cependant restons discret dans notre enquête, voyons déjà comment les villageois se comportent avant de les interroger. Bien que l’idée ne soit pas déplaisante, je me vois mal expliquer un futur bain de sang à nos supérieurs aux enfers. »

Après une dizaine de minutes, le faux couple arrivait à l’entrée du village, étonnamment calme. Il y avait bien des habitants mais ils semblaient tristes, vides à l’intérieur. On pourrait même aller plus loin en les qualifiants d’automates. Très peu de couleurs dans ce village où même les fleurs semblaient ternes…

« Et bien chérie, on va bien s’amuser pour notre voyage de noce ! » Clama-t-il ironiquement.

Un livre ouvert, voilà ce qu’elle était, mais uniquement avec lui. Il n’y avait que lui pour comprendre la moindre de ses émotions, les fragments de ses pensées à chaque instant. Elle n’était pourtant pas si expressive, si ce n’était pas du tout. Il était bien rare qu’Abel ne remette en question ses idées, et il était prêt à accorder le bénéfice du doute à l’épouse du Seigneur des Enfers. Elle était pourtant de cette opinion, elle aussi, le fait d’être un pion au sein des Enfers. Mais peu lui importait. Jalouse ? La Chimère leva des yeux ronds. Jalouse ? Elle ? Non, sûrement pas, pourquoi le serait-elle ? Disons simplement que l’idée qu’une autre femme ne l’intrigue l’agaçait de manière minime.

« Tu es libre de toute action, Abel, une servante n’a aucun avis à donner sur ce point de vue, ni sur aucun autre d’ailleurs. »

Son ton n’était pas froid, il ne s’agissait en aucun cas d’une remarque visant à le blâmer. Elle jouait simplement son rôle de parfaite petite servante, bien que dans le fond, elle ne pouvait dissimuler une certaine gêne. Certainement était-elle un poil possessive, bien loin du niveau de Méphistophélès envers elle.

Il était temps pour elle de se concentrer sur leur objectif du jour. Elyn descendit silencieusement la colline, bras dessus-dessous avec le bel héritier alors qu’elle l’écoutait toujours attentivement. Aujourd’hui, elle serait donc sa fiancée. Il leur était déjà arrivé de jouer de tels rôles, mais également beaucoup d’autres. Abel aimait tant la comédie. Elle acquiesça de nouveau à ses directives, loin de vouloir le contredire, elle était d’accord avec lui.

L’ambiance faisait peine à voir. Un village sans couleur, sans saveur, aussi terne qu’un vieux vêtement usé. Les yeux de l’auburn traînait partout, scrutant les visages. Bien que tous deux vêtus de noir et de blanc, ils paraissaient lumineux comparés au paysage qui les entouraient. Abel se voulait discret, mais il fallait tout de même qu’ils se mettent dans la peau du personnage. Rayonnant subitement, la douce devança son époux du jour pour lui attraper délicatement les mains. Oui, elle semblait heureuse, épanouie, comme une parfaite femme.

« Je suis sûre que quelqu’un pourrait nous indiquer l’auberge de ce village. Il a un certain charme, tu ne trouves pas ? »

« Bien sûr ma puce, je suis certain que cette vieille dame un peu plus loin sera capable de nous renseigner ! Les vieux ça sait toujours tout de toute façon.» Disait-il simplement sans pour autant lâcher la main de la jeune femme. Parfait comédien il mettait du cœur à l’ouvrage et avança gaiement jusqu’à la veille dame. Cette dernière n’était pas très grande, ses épaules semblaient affaissées sans doute à cause du poids des années. A ses côtés, trainait une grosse bassine en bois avec quelques linges humides. Sans doute étendait-elle sa lessive, oui Abel, avait toujours été très perspicace !

« Laissez-moi vous aider ma petite dame, c’est un dur labeur pour vous non ? » Attrapant un premier linge qui était en réalité une taie d’oreiller, Mephistopheles l’accrochait sur le fil à linge avec soin sous l’œil interrogateur de la dame. Pourquoi autant de méfiance face à un jeune homme qui se voulait prévenant ? Après quelques secondes la dame finissait par reculer pour s’assoir sur le banc juste à côté.

« C’est rare de voir de nouvelle tête ici… d’habitude les gens préfèrent éviter le village. Que venez-vous faire ici jeunes gens ? »

Abel qui était en train d’étendre une deuxième taie ne laissa pas le temps à Elyn de répondre, sautant sur l’occasion pour questionner la vieille.

« Nous sommes en voyage de noce et on nous a conseillé de séjourner chez vous enfin dans votre village. Mais dites-moi pourquoi on éviterait votre village ? Il est charmant, certes il manque un peu de couleur mais sinon le reste est agréable. »

Mephistopheles accrocha ensuite une serviette puis une seconde avant de constater qu’il n’y avait plus de linge à accrocher. Ouf, il n’aimait pas trop jouer les boniches et il se disait que cela aurait été un rôle parfait pour Elyn.

« Depuis aussi longtemps que je me souvienne, les gens n’aiment pas venir ici c’est tout. » Coupa sèchement la femme qui se releva et embarqua sa bassine avec une vitesse assez étonnant pour le spécimen. « Si vous cherchez un endroit pour dormir l’auberge se trouve au bout de la rue et n’oubliez pas de fermer votre porte à double tour, les rues ne sont pas sures la nuit. »

« Vous m’en direz tant… » Souffla Abel qui se retournait vers la belle auburn afin de savoir ce qu’elle en pensait.

Une comédie parfaite se jouait entre les amants de longue date. Ils se connaissaient si bien, par coeur même, tellement qu'ils pouvaient être des âmes soeurs sans l'ombre d'un doute. Main dans la main, l'esprit pourtant assombri et corrompu par les ténèbres, ils avaient l'air d'un couple heureux, on ne peut plus normal, brillant au sein de ce village terne et fade. Abel avait choisi de s'adresser à une dame assez âgée, décidant de mettre lui aussi la main à la patte à cette tâche qu'il - elle le savait - trouvait ingrate.

La vieille femme ne leur apprit guère grand chose, rien de plus que ce qu'il n'avait déjà remarqué au final. Elyn se retient de taquiner son "époux" bien trop susceptible pour laisser passer une remarque du genre "tu devrais faire ça aussi, au manoir". Elle se contenta de serrer un peu plus sa main, avant de s'éloigner pour lui murmurer quelques mots.

"C'est moi ou tout le monde semble jouer à l'autruche dans ce village ?"

Une balle certainement confectionnée main vint rouler au pied de la Chimère qui posa les yeux sur cette petite fille au visage couvert de suie. Elle lui rappelait Hannah lorsque celle-ci faisait les quatre cent coups à son plus jeune âge. Lâchant un instant la main de son présumé mari, la douce s'agenouilla peignant un sourire adorable sur ses lippes tout en ramassant e jouet qu'elle lui tendit.

"Tiens ma jolie. N'aie pas peur, je te la rends."

La fillette tendit la main pour récupérer son bien, observant la jeune femme avec plus d'intrigue qu'il n'en fallait.

"Vous êtes belle. Madame. Ma maman aussi, aimerait être belle comme vous ..."
"Je t'ai dit de ne pas parler aux inconnus !"

Celle qui semblait être sa mère attrapa la jeune fille à la volée pour l'amener le plus loin possible de la belle auburn qui cligna des yeux, quelque peu étonnée. Elle pensait avoir été correcte, ne rien avoir fait de mal, pourtant ... Soupirant, elle se redressa, prenant la main de son acolyte pour reprendre leur marche.

"Espérons que nous en apprenions plus à l'auberge ... C'est ici, regarde."

La belle auburn poussa le panneau de bois pour entrer de ce lieu quelque peu malsain et étouffant, se dirigeant vers le comptoir. Elle ne dit pas un mot, se disant qu'il était du rôle de l'homme d'organiser la nuit de noces, cela lui paraissait plus plausible.

N'aie pas peur ? Elyn pouvait être très convaincante si elle le souhaitait pensa Abel. Toutefois si le Spectre le jugeait utile il ordonnerait à sa servante la destruction entière de ce village. Ils y passeraient tous, Hommes, Femmes et bien évidemment enfants. La gamine devrait trembler de peur devant eux, des spectres capables de lui prendre la vie et de hanter ses cauchemars pour le restant de l'éternité. Cette fois le borgne resta en retrait laissant Elyn intérargir un peu avec l'enfant. Aurait-elle des envies d'enfanter ? Le couple avec un marmot, la bonne blague.

"Si t'en veux tu peux la prendre, il suffit juste de tuer la mère. Mais je te préviens je ne la sortirai pas." Disait-il, taquin à l'attention de sa servante qui revenait. Ils arrivèrent ensuite rapidement à l'auberge qui était tout aussi joyeuse que le reste du village. Mephistopheles soupira à son tour grommelant légèrement : "Venir en voyage de noces ici... ouais on n'est pas crédible pour un sous..."

Ni une, ni deux il pénétra dans l'auberge qui visiblement était vide de monde, il n'y avait qu'un standardiste qui était également le gérant si on se fiait aux tableaux accrochés sur un des murs. D'un pas décidé, il relâcha la main de sa fausse femme pour s'approcher.

"Bien le bonjour, c'est bien ici que des jeunes gens disparaissent ? Que les habitants vénèrent un dieu inconnu et pratiquent des rites bizarres ?"

Le gérant visiblement surpris ouvrit la bouche bégayant alors qu'Abel venait le saisir par le cou pour l'envoyer la tête la première sur le comptoir.

"Mauvaise réponse !" Enchaîna Abel alors qu'il était passé au dessus du comptoir pour redresser l'homme. Il avait le visage en sang, son nez avait éclaté lors du contact avec le meuble et semblait sonné.

"Chérie tu veux bien lui demander ? Peut-être qu'à une belle femme il voudrait bien répondre."

Abel avait raison, ils n'étaient guère crédibles. Qui serait assez fou, et aussi peu exigeant pour passer leurs noces dans un tel endroit. Il n'avait rien pour lui, ce village. Trop fade, trop calme, trop étrange, regorgeant de secrets certainement effrayants. Le jeu avait assez duré, à tel point que le borgne en avait assez lui aussi. Et pourtant, dieu savait qu'il aimait jouer la comédie. C'était ce qui s'appelait mettre les pieds dans le plat alors que le gérant de l'auberge en restait abasourdi. Il n'avait sans doute pas l'habitude de subir ce genre d'interrogatoire avec autant de touper que celui du spectre.

Elyn grimaça. Outch, ça devait faire mal. Le pauvre homme avait certainement le nez cassé, mais c'était ce qu'il en coûtait de faire trépigner le borgne. D'ailleurs, celui-ci se référait désormais à elle, certainement à cours de patience. La jeune femme s'avança vers le comptoir, sortant un mouchoir en tissu propre de sa poche pour le tendre à l'aubergiste. Peut-être que la douceur primerait sur la violence, cette fois-ci ?

"Mon époux a très peu de patience comme vous avez pu le voir. Aussi, je vous conseille de répondre à ses questions si vous savez quelque chose. Et je suis sûre que vous en savez bien plus que vous ne le laissez croire, mon cher."

Une menace ? Oui, bien que proprement dissimulée dans des politesses ronflantes. L'homme ne se saisit guère du tissu tendu par la demoiselle, préférant en sortir un des plus dégoûtants de sa poche. L'hygiène ne semblait pas être l'une de ses priorités. Alors qu'il appuyait celui-ci contre son nez, lançant un regard étrange vers Abel, il prit la parole.

"A minuit. Dans la forêt non loin. Vous trouverez ce que vous cherchez ..."
"Merci." Répondit-elle poliment, un sourire fin sur les lippes. "Nous allons vous prendre une chambre." Aussitôt, elle se pencha sur le comptoir pour attraper l'une des clés avec un culot infini. "C'est offert par la maison pour les jeunes mariés n'est-ce pas ?"

Il ne répondit guère, blasée par ces deux urluberlus qu'il avait devant lui alors qu'Elyn lui adressa un nouveau sourire, avant d'attraper la main de son acolyte et grimper à l'étage.

"Nous avons un enfant à concevoir, tâchez de ne pas nous déranger !"

Trouvant la chambre correspondant au numéro de la clé, elle ouvrit la porte, entraîna le spectre à l'intérieur avant de refermer à double tour.

"Je suis sûre qu'il nous tend un piège. Il était beaucoup trop calme. Un homme qui se respecte aurait cherché à te rendre la monnaie de sa pièce. Soit, il n'a rien dans le pantalon, soit il pense te le faire payer au centuple en t'envoyant dans la gueule du loup. Un avis sur la question ?"

Le bougre se mettait rapidement à table, trop rapidement au gout d’Abel. Elyn semblait l’avoir remarqué également mais jouait le jeu à la perfection. Mais qu’est-ce qu’elle était douée. Il le pensait vraiment et en toute franchise elle le surprenait jour après jour. Il relâcha alors son emprise sur le gérant dont le nez saignait toujours autant. Il ne l’avait pas loupé. Ils apprirent donc qu’il fallait se rendre dans la forêt à minuit… le cliché ! Et bientôt il allait dire que les habitants se ballaient la nuit tombée avec des toges immaculées façon secte interdite ? Les humains étaient exaspérant mais tellement !

Souriant, taquin, il haussa un sourcil lorsque sa belle Chimère parla de concevoir un enfant et qu’ils ne devaient être dérangés sous aucun prétexte. Pourquoi pas ! Après tout ils avaient un peu de temps à tuer avant de tomber dans un piège grossier. Il se demandait comment ils allaient procéder pour piéger deux utilisateurs de cosmos et des guerriers de l’empereur des ténèbres de surcroit. Il se laissa donc entrainé jusque dans la chambre et écouta sa petite servante.

« Hum quoi ? Désolé j’étais trop occupé à penser à la conception de notre enfant adoré. Je me demandais… la commode ou le lit, une préférence ? » Le spectre s’approcha alors de sa partenaire pour l’enlacer par la taille, posant ses lèvres sur les siennes avec fougue jusqu’à ce que le manque d’air ne le force à rompre le contact. « Ou alors les deux… » Finissait-il par dire tout en basculant sur le lit.

******************** (Ellipse) ******************

Bientôt minuit et Abel finissait de réajuster ses vêtements, scrutant avec gourmandise le magnifique corps d’Elyn qui pourrait concurrencer Aphrodite elle-même en terme de beauté. Ces quelques moments privilégiés avec la demoiselle, il les savourait bien qu’il ne l’avouerait à personne. Une fois prêt pour la suite de leur petite enquête Méphistophélès déclara :

« Prêtes ma petite Chimère ? Ah oui j’ai oublié, si c’est un garçon je veux qu’il se prénomme Abel en référence à la religion chrétienne, j’aime assez ce passage. » Il marqua une courte pause « Et si c’est une fille Elena, cherches pas pourquoi je ne le sais pas. »

Il faisait ensuite craquer sa nuque, posant sa main sur la poignée de porte avant de la retirer. Il recula d’un pas, puis d’un second avant de bifurquer vers la fenêtre.

« Effectivement ça sent le piège, on défonce la porte ou on passe subtilement par la fenêtre ? A toi de choisir ma belle Chimère. »

Joueur, il s’inclina respectueusement attendant les consignes de sa chère et tendre… esclave.

Ils n'étaient guère là pour cela, mais les deux amants avaient fini par consommer leur faux mariage au sein de cette auberge. Juste pour passer le temps. C'était tout de même un bon loisir. La nuit était bien vite tombée. Elyn le sentait, il la dévorait du regard durant sa séance rhabillage. Et elle prenait tout son temps, pour faire durer ce plaisir des yeux, un demi-sourire aux lèvres. Puis, elle passa ses mains dans sa longue crinière auburn pour y remettre un peu d'ordre avant de se retourner vers le borgne, l'air surpris. Lentement, elle s'avança vers lui, flattant délicatement sa joue.

"Tu prends goût à notre mariage factice, chéri ?"

Après tout, ils s'accordaient parfaitement bien lorsque les deux jeunes gens s'inventaient des rôles, toujours. Et à chaque fois, ils finissaient irrémédiablement attirés l'un par l'autre; Mais l'heure n'était plus à l'amusement, ni à la taquinerie, mais à leur mission. Le sérieux de la Chimère fut bien vite retrouvé alors qu'elle réfléchissait à ce dilemme : la porte ou la fenêtre.

"Tu sais bien que j'aime vivre dangereusement, Maître." dit-elle en s'avançant vers la fenêtre, roulant des hanches avant d'ouvrir le plus silencieusement possible celle-ci.

Jetant un dernier coup d'oeil à Abel, la belle se volatisa par l'encadrement, se réceptionnant gracieusement sur le sol, sans dommage, ni bruissement. Lentement, elle se redressa, scrutant l'obscurité. Personne pour le moment. Elle avança de quelques pas avant de se trouver nez à nez avec le gérant de la pension qui leva une torche enflammée près du visage de la douce.

"On se fait la malle, Madame ? Votre imbécile de mari ne vous convient déjà plus ?"

Ce regard qu'il lui jetait. Le regard d'un prédateur. Elle devinait de bien vilaines pensées dans cette petite tête difforme au nez fraîchement brisé. Elyn eut un sourire. Un large sourire avant de pencher la tête et de s'approcher de son oreille.

"Oh ça, je ne vous le conseille pas, mon cher. ~"

Quelle serait la punition de cet impuné, pour avoir porter un tel regard sur la Chimère et ce, sous les yeux de son éternel maître ?

Oui le borgne y prenait goût. Comment pourrait-il en être autrement avec une aussi délicieuse créature ? Sauf que comme à son habitude, Abel ne l'avouerait sans doute jamais. Elyn ouvrait alors la fenêtre jugeant l'option préférable en comparaison à celle de la porte. Sans doute trop prévisible puisque le gérant était en contre bas attendant tranquillement la Chimère. Une torche à la main il était des plus menaçants mais savait-il à qui il avait à faire ? Certainement que non et puis les deux guerriers des enfers auraient ressenti une cosmo-énergie.

Mephistopheles quant à lui avait opté pour le chemin principal, passant la porte de leur chambre puis les escaliers pour arriver dehors au contact du gérant et d'Elyn donc. Sauf qu'il ne venait pas les mains vides, dans la brume nocturne le démon apparaissait traînant deux corps inertes, celui d'une femme et d'un enfant.

"Quel dommage je les ai trouvé sur le chemin." Il passa une main dans sa crinière d'ébène, réajusta ainsi ses cheveux. "Il ne faut jamais jouer une partie si on n'est pas capable de la remporter malheureux. Cette nuit tu en as payé le prix fort." Il lança les deux cadavres frais aux pieds de l'homme pour ajouter : "Tu as encore la chance de sauver ta vie. Racontes ce que tu sais."

Le Spectre ne souriait plus et lorsqu'il était ainsi cela voulait dire qu'il était des plus sérieux. Les meurtres gratuits n'étaient par réellement sa spécialité bien que dernièrement cela se produisait de plus en plus fréquemment. Le gérant tombait à genoux, les larmes coulaient le long de ses joues pleurant sa famille enlevée trop tôt. Mephistopheles ne bronchait pas, cet infortuné humain n'aurait aucun signe de compassion de sa part, il ne le méritait pas. Comme il le lui avait dit quelques secondes plus tôt il était inconcevable de jouer une partie sachant qu'on allait la perdre. Quel en était l’intérêt ?

"Dagda..." Il étouffa un sanglot. "Nous servons le dieu Dagda. En échange de quelques sacrifices il nous accorde... une vie éternelle, prospère. C'est le Dieu du temps et de l'éternité. Il est bienveillant et il vous fera payer !"

Abel arqua un sourcil, c'était comme si le fait de parler de sa divinité avait requinquer cet homme au nez brisé. N'avait-il pas encore tiré les conséquences avec ces corps qui tronaient devant lui ? Il poussa un soupir, bougeant simplement la main.

"Elyn ma belle tu t'en occupes s'il te plait. Toi tu ne lui as rien promis non ?"

En effet, la promesse de lui laisser la vie sauve ne concernait que le spectre de l'étoile céleste du commandement et non la Chimère. Les deux jeunes gens progressaiet bien, ils avaient un nom, une piste sur cet étrange culte.

Il le regretterait bien vite. Et bien plus vite qu'il ne le songeait. Car déjà, Elyn le ressentait, l'odeur du sang, cet effluve métallique qu'elle reconnaîtrait entre mille. Et l'ombre s'approcha. La Chimère n'avait pas besoin d'éclairer celle-ci pour deviner que son maître était désormais parmi eux. Mephistophélès lui exposa le prix qu'il payait désormais et les iris sanguine de la belle se posèrent sur l'enfant. La petite fille à qui elle avait gentiment rendu sa balle. Elle détourna le regard, ne pouvant soutenir cette vision. Il était bien rare qu'elle ne puisse supporter les meurtres de son acolyte, les enfants étaient rarement comptés dans ses victimes.

La langue de l'homme se délia malgré son désespoir. A quoi cela lui avait-il servi, à part sacrifier sa propre famille au final ? Les humains étaient si cupides, les hommes en particulier. La jeune spectre commençait à ne plus se considérer comme humaine depuis qu'elle revêtait ce surplis. Et voilà, qu'ils en apprirent un peu plus sur cette Divinité. Dans le fond, elle ne pouvait pas réellement le juger, elle qui avait prêté allégeance au Seigneur des Enfers lui-même pour suivre les traces d'un seul homme.

Un ordre, un seul et la douce meurtrière attrapa sa proie par la gorge. Elle serra quelque peu pour appuyer sur la trachée du "malheureux" qui se débattait. Mais lorsqu'Elyn avait décidé de tuer, il était bien rare de lui échapper. Elle serra les dents.

"Alors, ça en valait la peine ? La vie éternelle ? Elle ne tient pourtant qu'à un fil." siffla-t-elle.

Avec force, elle projeta l'homme sur le mur de son auberge, la torche venant brûler la peau de celui-ci en tombant. Un peu sonné, il n'eut pas pour réflexe de s'échapper, préférant s’agripper aux pierres de la maisonnée. La Chimère attrapa un tisonnier qu'il avait certainement prévu pour s'attaquer aux deux spectres sans savoir à qui il avait affaire et le planta dans sa chair, cloua cette main à la pierre. Les cris alerteraient sans doute quelques habitants, quiconque leur barrerait le chemin finirait comme lui. La spectre fit brûler vivement son cosmos, alors que son cher lion de feu fit son apparition.

"Régale-toi. Et ne reviens que lorsque tu en auras fini avec lui."

Se détournant, Elyn passa aux cotés de son maître, pour se diriger vers la forêt.

"Allons rencontrer ce fameux Dieu ..."

Son geste ne serait pas apprécié par Elyn, c'était une certitude pour Abel. Il y a quelques heures encore elle lui avait rendu son précieux ballon et elle ne le duperait pas. La chimère avait été criante de gentillesse avec la gamine. Mais quoi qu'il en soit Abel ne pouvait pas laisser passer tout ça. Cet homme, en attendant la belle auburn en bas de la fenêtre, menaçant le jouet qu'il avait façonné durant des années, avait signé son arrêt de mort ainsi que celui de toute sa famille. Selon Abel il s'agissait là d'une punition divine, ni plus, ni moins.

Il assista sans sourciller à l'étranglement ainsi que la projection de ce pauvre homme contre sa propre auberge. Puis il regarda Elyn lui planter ce tisonnier dans sa main comme pour lui empêcher toute retraite. Oui, la demoiselle était en rogne c'était une évidence. Après tout il la connaissait par cœur après toutes ces années passées ensembles. Son Lion de feu apparut, technique que le borgne avait aidé à créer, s'inspira d'une des siennes et elle lui ordonna de le dévorer. Les flammes des enfers allaient se délecter d'une âme supplémentaire cette nuit. De toute façon, si effectivement les habitants faisaient tout cela pour prolonger leurs vies, ils auraient dû rejoindre les enfers depuis bien longtemps.

"Je ne suis pas certain que l'on va rencontre ce super Dieu... Tu te rappelles de la vieille de tout à l'heure ? Elle semblait plus proche de la fin qu'immortelle. A moins que quelque chose m'échappe. Quoi qu'il en soit les habitants restants ne sont plus dans le village sinon ils auraient déjà débarqué. Une chose est sûre, il se trame quelque chose."

Le borgne prenait la suite d'Elyn qui prenait déjà le chemin de la forêt. Pressant le pas, il lui attrapa le bras pour la forcer à se retourner. Si elle avait quelque chose à dire c'était maintenant... ou jamais ! Il n'accepterait pas que son jouet se rebelle ça non il ne l'accepterait pas. Elle était à lui, sa servante et elle avait interêt à se tenir comme il le voulait, sinon....

"Un problème mon jouet ? Serait-ce à cause de cette fillette ?" Il se retourna brièvement alors que la fin des cris signifiait que le lion avait terminé son office. "Dois-je te rappeler la place que tu occupes ? Et si ces histoires sont fondées, tous les habitants de ce village doivent rejoindre les enfers, ils auraient du mourir depuis longtemps."

Il attendait désormais une réponse.

Oui, de toute évidence, il se tramait quelque chose en ces lieux et la Chimère était bien décidé à découvrir ce qu'il en était. Etrangement, elle en faisait une affaire personnelle. Elle avait été impulsive dans ce meurtre qui n'était pourtant pas le premier. Mais celui-ci avait été teinté de colère. Mais envers qui ? Elle s'échappait, vers cette forêt alors qu'un geste la retint. La belle auburn se stoppa, sans broncher. Ce fut Abel qui la força à se tourner vers lui alors qu'elle évitait tant bien que mal son regard.

Dans le mille, comme toujours. Le visage d'Elyn se ferma à son écoute. Elle ne devait laisser paraître plus d'émotions qui n'émanaient déjà d'elle. Elle avait fait une erreur, l'erreur de se laisser emporter par ses sentiments comme jamais auparavant. Que lui arrivait-il donc. Son fauve de feu revenait désormais, effleurant sa main sans pour autant la brûler avant de disparaître, lui signalant que sa tâche était terminé.

"Non. Aucun problème. Pardonne-moi, Maître."

Là voilà, la guerrière impassible était de retour, offrant une révérence en guise de pardon. Les émotions n'étaient que poison, elle l'avait pourtant compris depuis bien longtemps. Reprenant ses esprits, son calme habituel.

"Et si ce Dieu n'en était pas réellement un ? Qu'il était un simple imposteur manipulant de sombres idiots ? J'aimerais le vérifier par moi-même. J'ai un peu de mal à croire en cette vie éternelle, tout comme tu l'as fait remarqué avec cette mégère. J'ai l'impression qu'il ne t'apportera pas grand chose ce Dieu de pacotille."

De nouveau, elle reprit la marche, alors que d'une impulsion cosmique, son surplis venait épouser ses formes. Elle mènerait un nouveau combat au nom d'Hadès. Elle ressentait une présence, l'odeur du sang. Et dans une petite clairière non loin, était mené à bien un rituel. Une boule de feu vint se loger entre un bourreau et le sacrifice humain tandis que la spectre s'avançait vers ce qui semblait être le village entier.

"Alors. Il est où votre fameux Dieu ?"

Abel n'appréciait pas cette petite rébellion de la part de sa servante. Quelle ingrate ! Après tout ce qu'il avait fait pour elle ! En plus il avait vraiment eut l'air cool surgissant dans la nuit avec ces deux cadavres au bras.... Enfin bref, pour cette fois il passerait l'éponge mais ne manquerait pas de se venger et de rappeler cette scène à son esclave. La torture psychologique, il n'y avait rien de mieux pour asseoir son ascendant sur quelqu'un.

Elyn en habile stratège afin que Mephistopheles change son fusil d'épaule reparla de la mission donnant des arguments qui méritaient d'être étudiés. En effet, l'hypothèse qu'il n'y ait pas de dieu était à prendre en considération. Un sourire se dessina sur ses lippes voyant qu'il était sur la même longueur d'onde que sa petite servante adorée. Il y avait très certainement quelqu'un derrière tout ça. Toutefois la mention de ce Dieu faisait tiquer Abel, il s'agissait d'un très anciens dieux celtiques ce qui posaient quelques interrogations. Connaître Dagda n'était pas à la portée du premier bouseux venu, de même que la situation géographique de ce village ne correspondait pas aux anciens territoires Celtes. S'il y avait quelqu'un derrière tout ça, cela devait être une personne très cultivée....

Le spectre céleste n'eut pas le temps de pousser plus en amont ses réflexions qu'Elyn prenait encore une fois les devants. Il claqua sa langue montrant ainsi clairement son agacement. Depuis quand prenait-elle autant d'initiative celle là ? Ils allaient devoir avoir une réelle conversation à leur retour aux enfers. Abel n'appela pas son surplis, même si c'était justifié il ne comptait pas impliquer Hades dans cette histoire, il était ici de son propre chef, pour en apprendre plus.

Emportée par sa fougue, la Chimère attaqua directement les habitant du village interrompant le rituel.

"Pauvre petite sotte !" Maugréa Abel qui serrait le poing. Mais qu'est-ce qu'elle avait pour agir ? Ils devaient en apprendre plus sur ce dieu et ce fameux rituel, en l'interrompant comme ça ils n'apprendraient rien. La boule de feu de la spectre eut l'effet de provoquer un vent de panique, les villageois se dispersaient aux quatre coins de la forêt et très très rapidement il ne restait plus que ce jeune couple qui était sur le point d'être sacrifié. L'homme avait déjà été poignardé en plein cœur et la femme était bien vivante, en pleurs et terrorisée.

"Bien et maintenant on fait quoi ? Vas-y éclaires ma lanterne, toi qui semble toujours savoir quoi faire ?"

Ils s'enfuyaient, tous autant qu'ils étaient. Ils n'avaient aucune vaillance, aucun courage. Ils étaient lâches. Ils n'hésitaient pas à livrer la vie de passants pour leur propre intérêt. Pourquoi Elyn se sentait aussi haineuse de tout cela ? Peut-être parce qu'elle-même servait un Dieu qui n'accordait que peu d'importance à la vie ? Peut-être parce qu'Abel semblait de plus en plus cruel ? Ca ne l'avait pourtant jamais dérangée jusque-là. L'Enfer devait les rapprocher, mais ce nouveau quotidien ne faisait que les éloigner. La Chimère observait cette jeune femme anéantie devant le corps désormais inerte de son bien aimé, baignant dans son propre sang. C'était injuste. Etre séparée de l'être qu'elle avait de plus cher.

C'était le moment pour Méphistophélès de demander des comptes à sa servante. Il avait raison. Dans son impulsion, elle avait tout gâché. Cette mission qui devait donner quelques clés à son maître pour qu'il puisse s'élever. La belle serra le poing avant de se retourner vers lui, pointant la jeune femme du doigt.

"Pourquoi veux-tu t'élever à leur rang ? Tu vaux bien mieux qu'eux ! Tu n'es pas comme eux !"

Entendant toujours les sanglots de la jeune femme, la Chimère matérialisa une boule de feu qu'elle garda au creux de sa paume, empreinte de doutes. Voulait-elle mourir pour ne plus souffrir, ou était-elle capable de vivre sans son âme soeur ? Secouant la tête, elle serra le poing, le feu s'évaporant lors de son geste. Elle avait désobéi au seul être qui comptait pour elle. Elle avait fait capoter ses plans dans son élan d'émotions.

"Abel ..." Déglutissant, la jeune spectre vint s'agenouiller devant son maître, gardant les yeux rivés au sol. "Je suis une gêne pour toi, désormais. Mes actes me valent d'être punie. Pardonne-moi. Maître."

Etait-ce bien le moment, de courber l'échine ? Etait-ce le bon choix, de lui faire part de ses doutes ?

Mephistopheles ne broncha pas devant les nouvelles interrogations d'Elyn. Il valait mieux que les dieux ? Certainement pas mais au moins en devenant supérieur aux divinités il pourrait mettre un terme à tout ceci. Ces guerres incessantes pour le pouvoir, la manipulation des humains... Si il n'y avait pas eu de divinité Abel aurait eu une enfance normale, des amis comme tout le monde et peut être une famille aimante mais au lieu de ça, il a eu des journées de malade, des entraînements, des larmes, du sang, une famille décimée et pourquoi ? Pourquoi ? Pour porter un surplis et se pavaner devant une divinité qu'il ne connaissait pas. Après tout qu'elles étaient les motivations du seigneur des ténèbres ? Il n'en savait rien, il ne savait pas pourquoi il devait se battre. Un pion au service des dieux, voilà ce qu'il était.

"C'est justement parce que je suis différent que je dois devenir leur égal Elyn." Répondit-il sobrement avant d'ajouter : "Ne crois-tu pas qu'il faille mettre un terme à toute cette folie ? Tuer au nom des dieux, se battre au nom des dieux, les divinités sont toujours au coeur des histoires et ce depuis les temps mythologiques. Même de vieilles divinités celtiques que l'on croyait disparu font parle d'elles."

Dagda... Abel n'avait d'ailleurs jamais entendu ce nom autre part que dans les vieux livres de son père. Une divinité celtique qui était d'ailleurs considérée comme "bonne", il était vrai que la frontière entre le mal et le bien était mince soit mais de là à sacrifier de jeunes couples. Il y avait quelque chose de pas très net dans cette affaire. Le problème était que le bourreau avait pris la poudre d'escampette ainsi que tout le village.

"T'en fais pas, ta sanction sera exemplaire Elyn. Ca tu peux me croire...." Glissa-t-il alors qu'il contournait la jeune femme pour examiner un peu plus en détail le lieu accueillant le sacrifice. Il n'y avait rien de bien transcendant que les habituels clichés lors de ce genre d'acte. Des aromates, un vieux calice, un poignard datant de deux cents ans au moins.... Il ramassa l'arme souillée par le sang du jeune homme.

"Il y a d'étranges inscriptions dessus, du celte sans doute si on part du principe que c'est un culte pour Dagda." Il lança le poignard à Elyn avant de partir de nouveau en direction des profondeurs de la forêt.

"Tu viens on va essayer de trouver le bourreau ou des villageois et gardes le poignard avec toi surtout."

Concernant la victime encore vivante, il n'en avait strictement rien à faire.

Alors finalement, ils étaient sur la même longueur d'ondes ? Elyn avait eu tout faux à cet instant, en doutant des motivations de son cher maître. Et de plus, elle l'avait certainement mis en rogne. Il allait lui passer un savon, à n'en point douter. La Chimère avait posé un genou à terre, pour faire pénitence, mais Abel la contourna tout en lui promettant une sanction digne de ce nom. Cela ne valait rien qui de bon. Elle se redressa désormais calme tout en observant le spectre examiner la scène du rituel. Elle avait pris beaucoup trop d'initiatives aujourd'hui et ne se risquerait plus à faire une erreur. Elle était pourtant réfléchie à l'accoutumée.

Seul le poignard ayant servi d'arme pour sacrifier le jeune homme retint l'attention du borgne qui marmonna quelques mots sur celui-ci avant de le jeter vers sa servante. Celle-ci le réceptionna avec habileté par le manche. N'importe qui aurait pu se sectionner un doigt par cette manoeuvre. Puis la Chimère emboîta le pas à son Maître, gardant entre les doigts l'arme maculée de sang qu'elle analysait à son tour.

Elle se stoppa un instant alors que son surplis la quittait déjà pour s'envoler vers un lieu sûr. Elle avait déjà assez attiré l'attention comme ça, et il était temps pour elle de se tenir à carreaux pour ne pas fâcher un peu plus l'héritier. Elle le suivit dans le silence, attrapant doucement le bras de celui-ci avant de lui indiquer une direction d'un mouvement de menton. Ils étaient là quelques villageois, et celui qui tenait le poignard quelques instants auparavant.

"Quel est l'abruti qui a envoyé cette femme ici !?"

Elyn se mordit la lèvre. Elle avait fichu une sacrée pagaille. Relâchant le bras du spectre, elle lui souffla à l'oreille pendant que le bourreau continuait à pester sur les quelques villageois terrorisés.

"Que fait-on, Maître ?"

Enfin cette petite pause semblait avoir eu l'effet escompté. A la bonne heure ça à ce rythme-là ils auraient mieux fait de passer la journée à se dorer la pilule sur une petite île du Pacifique plutôt que de venir dans ce bled pourri. Il avait donc repris sa route pour s'enfoncer encore plus dans cette forêt sombre. Si la chance était de leur côté, les villageois oublieraient d'éteindre les torches et seraient beaucoup plus visibles. Toutefois, Abel n'eut pas le temps de s'attarder sur ce "détail" qu'Elyn le attrapait le bras. Un simple signe et il comprenait que quelques villageois étaient rassemblés un peu plus loin. C’était une occasion à ne pas louper surtout qu’il semblait y avoir le type qui tenait le poignard.

Elyn quant à elle n’osait plus intervenir, ni prendre de décision. Le spectre n’avait pas réellement d’avis sur le sujet, au moins si la suite des évènements venait à foirer, ce serait entièrement de sa faute. Il analysa rapidement la situation. Le plus importait serait de capturer celui qui officiait la cérémonie histoire de gagner quelques informations qui seraient sans doute précieuses.

« Le plus urgent est de capturer l’homme qui tenait le poignard que tu as sur toi. Les autres villageois prendront la fuite… enfin je l’espère sinon il faudra les envoyer en enfer. » Abel matérialisa une sphère ténébreuse, comme à son habitude. « Je vais générer une masse brumeuse, on va la jouer infiltration. Pendant que je bloque toute visibilité, toi tu vas le capturer. Pas un bruit, il ne doit pas crier. Une fois cet idiot entre nos mains, on s’éloigne le plus possible pour pouvoir l’interroger. »

Lentement la petite sphère se mettait à grossir, prenant de l’ampleur jusqu’à éclater dans le plus grand des silences. Au début, il n’y avait qu’une légère brume semblable à de petits rejets de fumée avant que tout cela ne grossisse devenant rapidement une épaisse purée de pois. Elyn avait dorénavant une occasion en or de se rattraper, tâche à elle de ne pas laisser tomber cette occasion.

« Maintenant ma petite chimère, montre à ton maître de quoi tu es capable. »

Il n’y avait plus qu’à attendre.

Abel semblait calmé, elle avait bien fait de rester en retrait, de rester de marbre suite à cette petite altercation. La Chimère avait repris son sang-froid et c’était tant mieux. Elle avait ainsi pu avertir son maître de la présence de quelques villageois, mais surtout du bourreau, ce qui s’avérait des plus intéressants. Elle avait toujours le poignard en main et au vu du plan de Méphistophélès, il lui serait bien utile. Cette fois, elle ne gâcherait pas tout, cette fois, elle ferait tout pour que tout se déroule pour le mieux et que le borgne oublie ses faux pas précédents. Elle ne fait qu’acquiescer silencieusement, comme elle avait l’habitude de le faire, attendant donc ce signal qu’était la brume aveuglante.

La boule d’ombre commençait à faire son effet alors que les villageois commençaient à se questionner. Et lorsque que leur vue fut totalement obstruée, la Chimère entra en scène. Elle avait repéré le lieu exact où se trouvait le bourreau, avait analysé sa corpulence pour être sûre de ne pas se tromper. Une ombre dans l’ombre, la belle frappa telle une vipère, se contentant d’immobiliser les bras de sa proie dans le silence le plus totale, portant la lame du poignard contre sa gorge avant de lui souffler dans un murmure inaudible pour les autres qui finirent par s’échapper de peur d’être « maudit » selon eux.

« Un geste. Un cri. Le moindre bruit et je t’égorge comme un porc. »

Il avait semble-t-il compris, puisqu’il obéit sans forme de procès. Elle le sentait effrayé, crispé. Et pourtant il n’avait pas hésité à assassiner quelqu’un de sang-froid quelques minutes plus tôt. Encore un égoïste, un déchet de l’humanité. Gardant toujours l’arme blanche contre sa carotide, la douce meurtrière, l’incita à la suivre pour rejoindre son maître, lui apportant l’homme sur un plateau d’argent sans le relâcher pour autant.

« J’ai un présent pour vous, cher Maître. »

Elle espérait qu’il serait fier, qu’il en oublierait ses erreurs. Car s’il y avait une chose au monde qu’elle souhaitait éviter, c’était la rancœur du riche héritier. Elle n’avait que lui, dans sa vie, après tout. Que ferait-elle, sans lui ?

D’après ce qu’il pouvait apercevoir les villageois commençaient déjà à détaler comme des lapins, certains parlant de malédiction et d’autres choses totalement incompréhensible. Elyn s’était rapidement faufilée dans la brume pour attraper sa proie. Avec succès sinon la punition serait plus qu’exemplaire ! Abel faisait de son mieux pour tenter de distinguer ce qu’il se passait dans la brume, sans réel succès. Après un certain temps d’attente voilà que la Chimère revenait avec le malheureux qui faisait beaucoup moins le fier que précédemment lorsqu’il était prêt à poignarder cette jeune femme. Un sourire aux lèvres, Abel se contenta simplement de répondre :

« Tu as été bien longue Chimère…. »

Il ne lui ferait pas de compliment, pas après ce qu’elle avait fait un peu plus tôt. Ses états d’âmes allaient devenir problématique s’ils venaient à se poursuivre. Maintenant elle n’était plus qu’une servante mais aussi un guerrier au service d’Hades, la Chimère. Abel adressa un simple signe de la tête à sa comparse lui signifiait qu’ils devaient prendre un peu de distance histoire d’être vraiment tranquille pour l’interrogatoire, qui, il l’espérait, serait riche en enseignement.

« Assures toi qu’il ne crie pas sinon… »

La menace valait aussi bien pour le malheureux prisonnier que pour Elyn à cet instant. Mephistopheles commençait légèrement à être agacé de courir depuis tout à l’heure surtout à cause des erreurs de sa partenaire. Ils quittèrent un sentier pour un autre, plus sinueux, moins visible surtout à cette heure de la nuit ou du matin et après quelques mètres ils tombèrent sur une vielle cabane visiblement abandonnée. La végétation était dense en ces lieux et il semblait certain que personne n’était venu depuis quelques temps, la planque idéale.

« Et voilà le lieu parfait pour s’adonner à une grosse séance de torture. » Son regard se posa sur l’homme qui semblait apeuré. « J’espère pour toi que ton dieu celte t’aimes bien sinon tu vas vivre un véritable enfer. » Il posa ensuite son regard sur Elyn lui faisant comprendre que ce serait à elle de mener l’interrogatoire.

Un geste rapide et Abel ouvrait la porte de la cabane abandonnée, attendant qu’Elyn ne rentre avec son prisonnier.

Une menace à son encontre ? Ce n’était pas à prendre à la légère. Elyn détestait cela, Méphistophélès pouvait être parfois effrayant. Elle le fixa de son regard sanguin intense avant d’inciter son otage à avancer au plus profond de la forêt. L’homme tremblait de plus en plus, sa peau devenait moite, de toute évidence, il avait peur de ce qui pourrait lui arriver. La nature avait repris leurs droits autour de cette cabane délaissée de toute vie, les ronces déchirant les chairs, laissant de fines lignes carmines sur la peau. Mais ce n’était rien, comparé à ce que cet homme allait subir. Elle savait bien qu’il ne resterait pas sans dommage.

Le regard d’Abel en disait long. Ce serait elle, le bourreau, cette fois. Passant devant lui, tout en poussant un peu plus violemment son prisonnier, elle scruta l’habitat du regard jusqu’à ce que les torches accrochées au mur ne s’enflamment d’elle-même par la simple volonté de la Chimère. Relâchant un instant le villageois, elle attrapa une chaise de bois pour la poser au milieu de la pièce. Plutôt cliché, mais ce serait plus pratique et plus intimidant.

« Assis. » De nouveau, le fauve de feu fit son apparition aux côtés de la victime. « C’est comme je te l’ai dit. Un cri, un geste et cet adorable chaton que tu vois là se fera un plaisir de te déguster et t’enfermer ton âme à jamais au plus profond des Enfers. »

Le lion enflammé grogna en simple réponse, bien loin d’être réellement un adorable chaton comme l’indiquait sa créatrice. Tournant autour de la chaise, la belle auburn laissait glisser ses doigts sur les épaules de l’homme.

« Alors … Commençons. C’est un joli poignard que tu as là. Bien aiguisé … Montre-moi comment tu chantes et tu ne goûteras pas à ta propre lame. Ou alors … juste un petit peu … » souffla-t-elle alors que le métal commençait à entailler finement la chair sur son épaule à travers le tissu de son haut.

L’homme se mordit la lèvre pour ne pas crier, cherchant soit à rester en vie, soit à garder le peu de dignité qui lui restait. La demoiselle revint face à lui, se penchant vers son visage.

« Dis-moi tout ce que tu sais concernant cette fameuse divinité. Existe-elle vraiment ou est-ce une imposture ? »
« Je … je ne sais rien ! On doit juste … lui offrir des humains en sacrifice en échange … Il nous offre la vie éternelle ! C’est tout ce que je sais, je vous le jure ! »

L’interrogatoire n’était pour l’instant pas très concluant, au grand damn de la jeune spectre.

Elyn n’avait pas intérêt à se louper, pas cette fois. Le petit groupe était désormais dans la cabane abandonnée et la Chimère faisait de nouveau appel à son Lion de feu. Quel manque d’originalité ! Au moins on pouvait lui accorder le fait que cette petite technique était assez effrayante pour les humains. Et si cet idiot était effrayé… Il ne manquerait de dire tout ce qu’il savait. Méphistophélès restait toujours en retrait préférant écouter et réfléchir plutôt qu’agir. La séance de torture commença par de petits menaces puis quelques entailles au niveau de son épaule. L’homme était vraiment impressionné puisqu’il faisait de gros efforts pour ne pas hurler et garder le silence, conformément aux ordres d’Elyn.

Abel poussa un nouveau soupir d’agacement devant la réponse du bourreau. Il voulait être sûr de ce que représentait le poignard et en apprendre plus sur les inscriptions. Le borgne quitta alors son coin pour s’approcher du malheureux, sourire sur le visage il allait obtenir des réponses même si la dernière chose qui devait fonctionnait sur le corps du malheureux était sa langue ! Il posa une main sur le genou de l’homme avant de serrer et d’un coup sec lui briser le genou. Il était en miette. Le villageois hurla à la mort.

« Si tu tiens à l’autre je te conseille vivement de tout me dire. Tu vois la demoiselle et son chat ne sont pas les pires choses que tu devrais craindre. » Il se retourna vers Elyn. « J’en ai marre de courir et de la jouer soft. Si un de ces péquenauds se pointent, tu les brules, si une des feuilles de cette forêt bouge tu crames tout ! » Revenant au villageois il déclara : « L’aubergiste et sa famille sont morts, tu vas mourir alors si tu veux ne pas souffrir parles ! Qu’est-il écrit sur le poignard ? Où tirez-vous vos informations ? Comment savez-vous qu’il faut sacrifier des gens ? »

« Un livre… nous le gardons un peu plus loin à environ une dizaine de kilomètres à l’Est… dans une grotte… gardée. »
« Et le poignard ? »
« Il était avec le grimoire… dans un coffre taillé dans du bois. L’arbre monde. »

Il posa sa main sur le genou encore valide, son sourire ayant quitté son visage.

« Je ne sais rien de plus, c’est le chef du village qui élit un officiant avant chaque cérémonie… il est certainement à la grotte, oui c’est ça, à la grotte ! »

« Merci. » Finissait-il par dire avant de lui briser l’autre genou. Il se dirigeait en dehors de la cabane, se retournant vers Elyn.

« Régales ton chat et en route pour la grotte. »

La notion de pitié ne faisait pas partie de son vocabulaire.