Guerre ensoleillé

« Que se passe t-il ici ? » Posant pieds au sol, sur le parvis du palais, après cette distance parcourue depuis l'entrée du domaine, le démon aux origines allemandes tourne sa tête masquée en direction d'un garde, déjà bien dérangé par l'absence de nouvelles sur ce qui se passe dans le Sanctuaire principal du Palais. Quoi de plus normal pour eux... mais ce fait aussi simple, ajouté au flux d'énergie persistant qui semble agir dans le cœur du domaine... Levant son masque sans visage en direction des hautes portes du domaine de lumière de l'Unique, un frisson parcours son corps... Les souvenirs de sa rencontre avec Phobos reviennent en mémoire, cette histoire entre le Saint, Katharina et la Prêtresse Alia... La punition du Maître des Carnages sur la jeune femme, sa sentence ferme, implacable... Mais qu'importe. Maintenant qu'il est aussi proche de cette source d'énergie, il ne peut ignorer son hostilité, son agressivité. Une seule solution s'impose...
Mais seul un Berserker pourrait avoir l'idée folle de faire ceci, comme le prouve le garde du Palais, plus enclin à jouer le gardien du passage plutôt que d'intervenir dans une telle situation – situation, qu'il ne comprend à peine. Entendant d'ailleurs le cœur de ce dernier battre à un rythme irrégulier et effrayé depuis son arrivée – un effet qu'il faisait toujours à ces hommes et femmes –, le Héraut tend alors sa main vers lui, commençant à comprimer sa trachée par la simple présence de son cosmos sur cette dernière... Une action qui arrache un rire à Baptist, l'invisible ayant enfin détourné les yeux de ce bâtiment pour regarder la scène.

« Trouve Dame Siléa, sa présence est indispensable ! » Il abaisse alors sa main, tandis que l'homme s'écroule à genoux, respirant rapidement, difficilement... avant de prévenir que le Héraut d'Arès est déjà présent à l'intérieur. Serrant alors ses doigts gantés, l'allemand repose ses yeux sur les portes menant au palais, avant d'avancer d'un pas rapide. « Imbécile. » Une insulte plus en direction de l'homme, qui aurait dû lui dire ceci dès le début. Puis, alors qu'il s'éloigne, sa voix sifflante résonne à nouveau. « Tant que je ne l'ai pas ordonné, ou que Dame Siléa n'a pas donné de contre-ordre, cet accès est interdis à tout Berserker. Cet Ordre provient de la Voix de Son Altesse Phobos ! » Si quelque chose de grave se produit réellement, alors il faudrait éviter tout débordement... Chose qui malheureusement va de base arriver.

Avançant rapidement dans les couloirs du palais, le masque semble s'ouvrir, se rabaissant sur les côtés, libérant ainsi que son visage, quelques marques sombres accompagnant ses traits tandis qu'une lueur carmine anime son iris sombre. Approchant fatalement des hautes portes du Sanctuaire principal, de la salle du trône du Seigneur de Sparte, le Héraut de Phobos pousse ses dernières. Par cette simple action, calme, il interviens en plein milieu des mots de l'inconnu... Son visage, découvert par respect pour le lieu, est figé dans une attitude neutre... L'aura d'effroi qui l'accompagne est elle aussi contrôlée, pour ne pas plus blasphémer en ce lieu sacré... Il s'incline alors, respectueusement, avant de faire entendre sa voix, plus sombre, moins humaine, qu'à l'accoutumée, malgré son visage dévoilé. « Votre Majesté, je vous prie d'accepter telle déconvenue, j'accepterais chaque sentence que Vous déciderez pour mon acte... Mais par mon titre, par mon nom, par mon rang, je ne pouvais rester inactif... » Ludwig von Rosenthal, Serviteur et Voix de Phobos, héritier de la Noble et Ancienne Maison Von Rosenthal. Il existe dans la nature de cet homme, dans l'existence même de cette famille... un devoir impérissable, immémoriale, de devoir accepter de faire les actes parfois les moins sacrés... pour répondre à une situation.
Le démon tourne alors ses yeux vers l'homme, vers Siléa qui se trouve entre ses mains. « Vous êtes face à l'Unique... et vous osez faire briller votre aura ? Pire encore... En vous attaquant au Héraut de l'Unique, en vous attaquant à Dame Siléa, vous vous en prenez à Notre Seigneur, directement. » Un frisson parcours son corps... « En tant que Représentant de Son Altesse Phobos, je vous somme de relâcher cette femme, de mettre un genoux au sol devant le Maître des lieux... et d'attendre la sentence que Sa Majesté Arès vous fera connaître. » Ce qui ne devrait pas tarder. D'ailleurs, pour illustrer son propre propos, lui-même mais un genoux au sol, bien que prêt à réagir si besoin...

Par l'utilisation de son énergie en ces lieux, l'inconnu, quelque soit son identité, quelque soit sa nature, était devenu l'ennemi des Berserkers.... Mais en s'attaquant à Siléa, il venait de s'attaquer à Arès directement.
Ainsi sont les Hérauts : des représentants, des Voix... Des golems, animés par le pouvoir du dieu à qui ils obéissent. Ainsi, par ce geste, la situation s'était en effet aggravée.

Finalement, cette intervention aura été parfaitement inutile. Le personnage à l'aura divine n'aura même pas pris la peine de se tourner dans sa direction, de l'écouter. Oh, certains diraient qu'avoir une ou deux chaînes – ou plus que cela – ne doit pas aider à s'intéresser au reste de son environnement mais qu'importe. Mais il est vrai que le Belliqueux ne semble pas  faire grand cas de l'amour fraternel lorsque sa dignité, sa supériorité – sa virilité ? - sont à ce point bafoués. Car il s'avère qu'en effet l'être divin en question présente le maître des lieux comme « son frère ».
Ainsi, dans un coin de sa tête, le démon abyssal remercie la destiné de ne pas être l'un des membres de sa famille... Car malgré le fait que les dieux représentent une forme de perfection, il n'aurait sûrement pas apprécié un tel assaut s'il jouait le rôle de frère du divin... ou de son fils.

Mais cette fable restera à jamais fable. Ce qui n'est pas le cas de la disparition du frère – Hermès ? Apollon ? -, l'énergie utilisée par le dieu de la guerre ayant laissée une profonde marque dans l'atmosphère des lieux. Dans quel endroit est arrivé l'indigne ? Inutile de se poser la question... Si cela ne tenait qu'à certains – le héraut de Phobos, par exemple –, il aurait fini dans des profondeurs abyssales, là où des léviathans auraient déchirés sa chair. Mais au moins la Voix de la Guerre est maintenant libre

Car même s'il est un dieu – et Phobos sait à quel point Ludwig respecte cette engeance sacrée –, il se doit de respecter le Maître des lieux. C'est en tout cas un principe qu'Arès a tenté d'inculquer à cet « homme », à ce « frère ».

Décidant pourtant de rester un genoux au sol après ce phénomène cosmique, le héraut – qui avait obéis à l'ordre silencieux du Belliqueux – garde la tête baissée, ses paupières venant cacher un instant ses yeux. Pendant ce court moment, son esprit venant caresser celui des gardes, leur arrachant au passage un frisson d'effroi, ainsi qu'un mal-être profond. Vous pouvez laisser passer les Berserkers qui voudraient présenter leurs hommages à Sa Majesté. Le message télépathique envoyé, les portes du Palais seront maintenant ouvertes... Au moins le héraut peut-il maintenant se concentrer sur la scène, restant le plus silencieux possible.
Oui, il avait déjà assez fait entendre sa voix, lors de cet incident. Maintenant, la Voix de la Peur doit rester muette et patienter.

Il se permet pourtant de lever légèrement, discrètement, les yeux, pour poser un regard sur le héraut de la Guerre. Pendant qu'elle se trouvait entre les doigts du dieu, la jeune femme n'avait rien dit, elle s'était montrée forte... Elle est la preuve que certains humains peuvent apporter. Des élus.

Mais tous ne possèdent pas ce droit.

Il fallait plus de temps pour traverser les domaines des Berserkers que pour faire douze fois le tour de la Terre. Pourtant, le Cardinal était du genre rapide... Bon, tout dépend des sujets. Il faut, par moment, savoir être lent, et prendre son temps. On va dire que c'était pour ça qu'il mit autant de temps avant de débarquer dans le temple du souillé de sang. Il visitait, disons. Il n'était jamais allé plus loin que son domaine. En même temps, à quoi bon ? Déjà, une pure flemme, digne des plus grands fonctionnaires. Ensuite, il n'y avait aucune utilité à être près d'Arès. Non pas que l'Unique ne méritait pas d'être accompagné ou que sa compagnie puait le bousin, mais Eths était un Cardinal. Qui dit Cardinal, dit guerre. La religion et la guerre, même combat. Et qui dit guerre, dit... bah on a pas de temps à perdre en courbettes inutiles, en "oh grand Seigneur, que vous êtes joli, que vous me semblez beau, sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le phénix des hôtes de ces bois de Boulogne.". Eths n'avait clairement pas le temps, ni l'envie de faire toutes ces conneries dignes de lèche-boules.

Eths n'était pas un suceur. Ou du moins, pas dans ce sens-là. Et il n'aimait pas que quelqu'un le soit avec lui. D'ailleurs, dans ses souvenirs, sa seule subordonnée, Morrigan, ne faisait aucune pirouette acrobatique pour lui plaire. Elle restait naturelle, et il appréciait ça. Après, il s'agirait de ne pas être irrespectueux. L'insulter avec comme excuse "je suis authentique", c'est juste inadmissible. T'es pas authentique, t'es un connard, c'est différent. Après l'un n'empêche pas l'autre. Être authentiquement un con, ça pouvait être quelque chose de naturel. Surtout envers un Dieu. L'un avait beau être divin, un minimum de respect était de mise face à autre divin : dans ses actes, dans ses dires, dans ses écrits. N'est-ce pas.

Il s'approcha du Temple d'Arès. Enfin, il n'en pouvait plus de marcher. Déjà qu'il s'était tapé Asgard - Sparte, maintenant, même dans Sparte il devait encore marcher. A quand l'invention des escalators et des tapis roulants. Ah, je tiens une idée, là, non ? Oh non, encore un ennemi redoutable. Une porte. UNE PORTE. Comment Eths allait-il vaincre ce monstre sans saveur. Ouvrir la poignée ? Non, trop simple, et pas assez radical. La casser ? Pour la réparer ensuite ? Non plus... Il fallait quelque chose de plus spectaculaire. Peut-être qu'un des gardes pouvait utiliser ses os brisés pour ouvrir la porte ? En voilà une idée qu'elle est bonne. Le Cardinal de la Calamité s'approcha d'un des trois gardes. Ils avaient une expression apeurée sur le visage. Les trois. Soit ils faisaient un concours de grimaces, soit ils avaient eu la peur de leur vie. Tremblotants, un avait les larmes aux yeux, tandis que le coeur d'un autre battait si fort que les veines du Cardinal suivait le rythme irrégulier du sang circulant dans tout le corps.

Eths ne supportait pas ça. Peu importe qui, peu importe quoi, peu importe comment, il était inconcevable d'avoir peur. Surtout pour un guerrier. Un garde, peu importe son grade exact, était également un guerrier. Un guerrier apeuré ne vaut rien sur le champ de bataille. Ils étaient là pour protéger Sa Majesté Arès, et s'ils flippaient, ils ne pouvaient pas accomplir leur mission. Ils étaient donc inutiles. Déjà que l'être humain était inutile par nature, si en plus c'est un trouillard, il fallait l'éliminer définitivement.

"Chuuut... Maman est là..."


Le sourire du Chat de Cheshire se dessina sur le visage si bienveillant du Cardinal de la Calamité. Un sourire inquiétant, certes, mais ce n'était rien face à ce qu'il allait pouvoir leur faire. Les écarteler ? Les décapiter ? Les empaler ? Oh oui, ça faisait longtemps qu'il ne s'était pas adonné à ce plaisir orgasmique. Torturer les gens, il aimait ça. Mais il préférait s'occuper de ce qu'il y avait dans leurs têtes. Une blessure physique, on s'en accommode, on la soigne, on la répare. Mais une blessure ancrée bien au fond de l'esprit est irréparable, et qui sait ce que peut accomplir le fou ? Tuer sans vergogne toutes les putes de Londres, brûler la ville de Rome, organiser le massacre des protestants en France, assassiner Henri IV ou faire exécuter cinquante arquebusiers de Novgorod porteurs d’une pétition au sujet des vexations qu’ils subissent. Un fou avait bien plus d'imagination morbide qu'un bien portant.


Il s'approcha d'un premier garde qui avait réussi à reprendre doucement ses esprits mais restait fragile de toute autre intervention. Un mot de plus et il allait pleurer dans les jupons de sa mère. Soyons clément, ne l'accablons pas et tuons-le sans qu'il n'ait à souffrir. Le Cardinal posa sa main droite sur l'épaule gauche du garde, comme pour lui faire comprendre qu'il ne fallait plus avoir peur, qu'il allait s'occuper de tout. En l'espace d'une seconde, le videur de discothèque s'effondra sur le sol, la bouche grande ouverte, le teint très blanc, les joues creusées, et le haut de son front laissait apparaître des veines bleues. Quand le médecin effectuera l'autopsie, le verdict sera sans appel : mort foudroyante. Eths avait été gentil, il lui a juste insufflé une bonne dizaine de maladie à la fois. Le coeur n'a pas résisté et il est mort. En vrac, on pouvait noter la syphilis, la peste bubonique, la malaria, une leucémie, un cancer des poumons, des tumeurs métastasées au cerveau, une cirrhose du foie, une embolie pulmonaire, une pancréatite aiguë, une méningite, une septicémie et enfin un rhume, parce que c'était plus drôle. Et dire que certaines de ces maladies ont besoin d'un contact avec le sang pour exister... Qui a dit qu'Eths n'avait pas injecté quelques virus, par voie veineuse ?

Les deux autres gardes étaient bouche-bée. Ils n'en croyaient pas leurs yeux. Ce n'était pas de la peur mais de la stupéfaction et accoururent en direction de feu leur collègue. Quel personnage était capable de tuer sans arme, sans même utiliser d'énergie cosmique. Comme dirait un bon copain : "Ta gueule, c'est magique.". D'ailleurs, les deux n'allaient pas être épargnés par le courroux du Cardinal d'Arès. Cette fois-ci, il n'allait pas être aussi sympathique. Pendant qu'un se baissait pour voir l'état de son copain, qui commençait déjà à se décomposer, il attrapa le poing du deuxième et l'enfonça au plus profond des entrailles du premier, en passant par l'entrée des artistes. A tel point que toute la chair s'était déchirée sous l'impact. Le bras, puis l'épaule du deuxième garde avait atteint la glotte du premier. Et tout ça de l'intérieur. Il n'y avait nul doute qu'il était mort. Eths avait à peine exagéré. Il était allé trop vite. Il aurait voulu qu'il souffre un peu plus. Mais il n'avait pas le temps. Ou si, du temps, il en avait, mais faire ça à quelque mètres d'Arès, ça le faisait moyen. Heureusement que la porte cachait ce monstrueux spectacle. Sinon, à coup sûr, Eths se ferait éclater sa race. Sans vergogne.

Ah mais, le dernier était encore en vie... Que faire, que faire... Réfléchis, réfléchis.... Cerveau en éruption ! Eths lui brisa directement la colonne vertébrale d'un coup de talon. Heureusement, son pantalon n'avait eu aucune effusion de sang. Par contre, il ne pouvait pas en dire autant de son veston. Sa veste blanche, n'avait miraculeusement rien. Dieu est grand. Si le Cardinal se présente ainsi face à Arès, l'engueulade arrivera à coup sûr. Et s'il enlève sa veste, on pourrait le prendre pour un manager de chez Quick et ça, Eths se le refusait. Il laissa tout son bordel et repartit en direction de son domaine pour enfiler une autre veste. Il revint en un éclair. Il se dit que son homme de ménage allait encore gueuler. A chaque fois, Eths rapportait des fringues souillées par du sang ou autre déjection. (pas les siennes e, soyons précis). Il n'arrêtait pas de lui dire "Mais pourquoi vous vous habillez comme ça si c'est pour vous salir en vous battant ?". Eths lui répondait que la nudité était réprimée dans les rangs d'Arès. Sinon, il passerait sa vie à poil. Autant faire des heureux, n'est-ce pas ? Il n'y a aucun mal à se faire du bien. En passant par il ne sait plus quel domaine, il attrapa trois gardes et leur dit de prendre la place de leurs camarades.

Il s'apprêta à ouvrir la porte et se retint un court instant. Il arracha les yeux des trois gardes et les mit de part et d'autre de l'entrée du Temple. Il fallait qu'ils continuent leur boulot, même dans la mort, comme de bons surveillants qu'ils étaient. Ah, quelles pertes terribles.

Entrons en scène. Les pas du Cardinal étaient claquants, comme les pas des matons dans une prison de haute sécurité. Ca résonnait. Il y avait une ambiance de mort là-dedans. Soit les gens dormaient, soit ils étaient en méditation, soit... vous connaissez la suite. Il s'approcha des auras qu'il avait senties dès qu'il arriva dans la fosse. La fosse... A quand un concert ? Ils étaient trois. Deux bonshommes et une bonne femme. Y'avait un bonhomme qui était tout en haut de marches. C'est fou, les dieux aimaient trop s'élever au-dessus des autres alors que bon... N'épiloguons pas.

Donc Arès est blond. Presque roux. Quelle déception. Il n'avait donc pas d'âme. Dans quelle équipe, il s'était fourré encore, le Eths ? Être dirigé par un aspirant rouquin, c'était le pompon. Il avait limite envie de se retourner et de se barrer. Il ne fallait pas trop lui en demander non plus. Servir un dieu qui n'était pas le sien, déjà c'était beaucoup, mais en plus un blondinet... Oh please, God, no ! Bon allez... Maintenant qu'il était là... autant aller au bout des choses... Il posa sa main au niveau de son coeur et se baissa très légèrement. Eths n'était pas du genre à se mettre à genou. C'était un homme, pas un chien, fallait pas déconner. Même s'il remuait de la queue quand il était content, mais là n'est pas la question.

"Pardonnez mon entrée, Seigneur Arès, Fléau des hommes. Je suis Eths, Cardinal de la Calamité. Ma présence en ces lieux sera très brève, j'ai des batailles à mener. J'ai plusieurs informations à vous communiquer, ainsi qu'à vous autres".

Et par les autres, il entend celui qui était à genou par terre et la donzelle. Parce que bon, Arès... On ne l'a pas vu souvent sur les champs de bataille. En même temps, les autres dieux non plus. Ne soyons pas condescendants, ce n'était qu'une blague.

"Notamment à propos de votre oncle, Poséidon, l'ébranleur du sol."

Il sentait qu'il venait d'arriver au mauvais moment. Il y avait une ambiance pourrie, là-dedans. Mais que faire. C'est la vie. Il regarda à côté de lui et fit bien plus attention à celui qui était prosterné devant l'Unique. Eths n'avait qu'une envie : poser sa main sur sa tête et la lui tapoter. Tiens, il avait peut-être une friandise dans sa poche...

Silencieuse, calme, c'est ainsi que se présente le Héraut du Seigneur des Guerres et des Carnages. Un comportement digne de sa fonction, digne de son rang. Peu aurons été capable de faire preuve d'une telle assurance en étant aussi proche de l'un des assauts du maître des lieux, surtout lorsque cette arcane est utilisée face à une autre divinité, elle aussi enfant de l'Assembleur des Nuées. Est-ce ainsi que fonctionne le lien entre Arès et Siléa ? Une perte totale de contrôle de son existence de la part de la deuxième, acceptant sans mal de faire face aux manifestations, plus terribles les unes des autres, du premier ?
C'est ainsi que doit fonctionner un Héraut. Ceci pourrait être un conseil à donner à ceux qui brigueraient une telle place... bien que le monde ne fonctionne pas aussi simplement. Devient-on Héraut, ou ces derniers sont-ils décidés par le destin ? Dans le cas de Ludwig, c'est l'héritage – sous la forme de l'abysse qui coule dans son corps particulier, mais aussi de la mémoire génétique de son clan –, ainsi qu'une succession de mises à l'épreuve. Oh, bien sûr, il est déjà arrivé à un élu de ne pas comprendre, de ne pas accepter, de ne pas supporter. À cet instant, corps, esprit et âme ne deviennent qu'une entité obscure, une horreur indicible, animée d'une faible, fragile, vie. Elle rampe, incapable de faire plus, chose informe qu'elle est.

C'est la première vision qui arrive le plus souvent à l'esprit d'un élu, lorsqu'il entre en âge de comprendre ses rêves, d'assimiler une idée. C'est à ce moment que le phénomène commence, s'il supporte cet avertissement. C'est à ce moment que l'humanité avance sur un sentier, dans un voyage dont elle ne reviendra pas. La souillure doit disparaître. La souillure humaine.

Les pensées de l'abyssal sont rapidement parasitées par l'arrivée d'un nouvel acteur. Ainsi, il aura pris une bonne décision en ordonnant la cessation directe du blocus à l'entrée du Palais de l'Unique. Observant d'un coin de l'oeil le nouveau personnage, il hausse légèrement les sourcils en apprenant son identité. Ainsi, La Calamité bénie par Phobos, Zyss, avait lui aussi disparu. Qu'est-ce qui avait poussé ainsi cet homme à s'effacer dans les profondeurs ? Cette question restera, sûrement, à jamais sans réponse. Du moins pour le Héraut, qui semble maintenant plus concentré sur sa propre destiné. À nouveau, les éléments qui avaient plus ou moins attirés son attention, avant la disparition du Père de l'Effroi, reviennent peu à peu hanter son esprit, son âme. Un appel loin, au-delà des frontières de ce monde. Les coïncidences n'existent pas dans ce monde et il avait préparé les choses dans ce sens-là. Alors, avec tout le respect dû au rang du Seigneur des lieux, lorsque résonne son nom et la proposition de la Guerre, le démon aux origines allemandes se redresse.
Posant son poing contre sa poitrine, s'inclinant légèrement, il se redresse ensuite pour glisser ses mains dans son dos. « Votre Majesté, puisque vous me laissez le choix, j'aimerais admettre qu'il me sera impossible d'accompagner Dame Siléa dans votre quête de retrouver Son Altesse Harmonie. Depuis la disparition du Son Altesse Phobos, une force cherche à me ramener là où tous les miens retournent. » Difficile de dire si le Seigneur Phobos lui-même tente de le ramener auprès de lui, en son domaine, ou si les Abysses considèrent son voyage en ce monde terminé... Une réalité qu'il regardera de ses propres yeux. « Ainsi, je ferais face à cette force. Si c'est un ennemi qui essaye de corrompre l'unité des ombres, alors je le détruirais. Si c'est le destin qui me rappel à ma condition première... alors je l'accepterais. »

S'inclinant une nouvelle fois, face à ses mots lourds de sens, qui signifient tout bonnement sa disparition dans cette réalité, le Héraut se redresse, terminant d'une voix sombre, gutturale, déformée par sa propre nature qui s'éveille peu à peu. « J'ai été honoré d'avoir pu être votre envoyé dans les terres Irlandaises par votre Volonté. J'ai été honoré d'avoir apporté la Folie dans le cœur des ennemis que vous avez pointés du doigt. Enfin, j'ai été honoré d'avoir accompagné vos forces, Dame Siléa la première, sur les terres de Babylone. Son efficacité, sa puissance, est digne de Son Rang. Que vos armées avancent en votre nom et que la Terre, les Cieux, tremblent sur le passage de vos Cardinaux, dignes généraux de ces armées. Gloire à vous, Arès ! » Sa voix vient résonner sur les murs du sanctuaire central du domaine de la Guerre, alors qu'il présente une ultime fois ses respects et hommage au Dieu de la Guerre, ainsi qu'aux deux êtres présents en ces lieux. Reculant alors de quelques pas, de nouveaux mots résonnent, cette fois, dans son esprit.

Angst ! À ceux qui voient un déclin de la Peur, regardez derrière vous ! N'oubliez jamais nos mains, tirant vos cheveux, vous extirpant des rêves pour rappeler à vous l'effroi des cauchemars et de la réalité ! N'oubliez jamais le souffle de la peur, contre vos nuques ! N'oubliez pas les éternelles abysses, attrapant votre cœur, votre âme, se nourrissant de vos passions, de vos amours ! Oui ! N'oubliez pas le bruit de nos bottes, écrasant vos esprits ! Votre foi ! Votre volonté ! Angst ! À jamais la Peur restera dans vos cœurs, car elle est ce qui vous permet d'exister ! De survivre ! Alors... n'oubliez pas... Nous sommes là ! Wir sind hier !

Se retournant alors finalement, les pas du dernier Héraut Rosenthal se retire alors. Dernier, en effet. Car quelque soit la raison qui le poussera à rejoindre les Abysses, que ce soit un adversaire des ombres, ou un appel... revenir dans la réalité des humains sera difficile, quasiment... impossible. Alors, le voilà qu'il avance vers un rituel, un destin... une inconnue, cachée par une obscurité qu'il ne peut encore percé. Non. Pas sous cette forme. Quittant totalement le Palais, il observe sans une once de pitié le lieu du carnage. Un frémissement traverse l'atmosphère, une brise soufflant dans ses cheveux, alors que la silhouette famélique de Baptist apparaît au-dessus d'un corps, se penchant vers celui-ci et... dévore certains restes. Invisible créature, elle laissera pourtant une emprunte horrifique à ce corps. Une emprunte que certains ignoreront peut-être... Quelques marques sombres viennent d'ailleurs accompagner les restes touchées par les morsures.
Un phénomène que les nouveaux gardes ne comprennent pas... Un phénomène qui leur arrache un frisson. Un frisson qui arrache, quant à lui, un sourire au Héraut, ainsi qu'à la silhouette, qui l'accompagne pendant qu'il reprend sa marche, s'éloignant...

« Le savais-tu, Baptist... ? L’émotion la plus ancienne et la plus intense de l’humanité est la peur, et la plus ancienne et intense des peurs est la peur de l’inconnu. » Un petit rire malsain traverse alors les lèvres de Ludwig. Un rire gutturale, un rire que certains qualifieraient de maléfique... Mais, d'une certaine façon... Le rire d'un enfant, aussi, qui va retrouver sa maison, aux côtés de son meilleur ami. Le rire d'un amant, qui va pouvoir retrouver le seul humain qu'il a accepté à ses côtés, le dépossédant par la même occasion de son humanité, de son existence.

Le rire d'une personne... qui sait que qu'importe son état, qu'importe son avenir... il sera toujours aux côtés de son Maître, de son Créateur. Wir Sind Hier. Nous Sommes Là.
À jamais.

HRP : Par ce RP, je libère la Cuirasse du Héraut de Phobos. Merci à vous.

Il ne s'attendait à rien de particulier de la part d'Arès. Ni une tape amicale, ni même un geste de la main, encore moins un clin d'oeil, même s'il aurait pu vouloir une poignée de main avec une petite chatouille du bout du majeur, comme une invitation à... se faire visiter. La guerre est en chacun de nous, pourquoi ne pas vouloir voir à quoi elle ressemble chez les autres ? Dans tous les cas, si ce n'est les conventions habituelles du respect qu'exigent les divinités païennes, Eths n'avait rien fait de particulier... si ce n'est remarquer que le gars qui était à genou à côté de lui était bien chelou. Se lever, sortir des phrases bizarres, puis se barrer. Pourquoi pas après tout. Eths était étrange aussi, à sa manière...

« Complètement taré votre pote... Bref. Seigneur, d’après les informations dont je dispose, votre oncle, Poséidon est réveillé, l’ayant vu de mes propres yeux. Il y a quelques temps, plusieurs de vos guerriers, dont moi-même, avons été emportés dans un labyrinthe, impossible à quitter. Une voix nous annonça : Soyez les bienvenus dans ce domaine sacré, inviolé depuis les temps mythologiques. Au cœur du Dédale repose une relique sacrée ayant appartenu à une civilisation disparue. Au moment même où je vous parle, un envahisseur tente de s'en emparer pour la détruire, ce qui causerait un réel préjudice à notre réalité. Vous devez le stopper avant qu'il ne réalise son forfait ! J'use de mes forces pour maintenir une redoutable malédiction sur ce criminel, j'espère que cela vous aidera à le vaincre... »


Pour une fois qu'il parlait, il n'allait pas s'arrêter en si bon chemin. Arès devait connaître tous les détails. Après tout, c'était lui le chef... pour le moment.

« Un bracelet magique s’installa sur nos poignets, à Morrigan, Maître d’Arme du Fléau et Wagner, le Cavalier de la Guerre. Sur ce bracelet, il y avait une gravure d’une femme richement vêtue sur un trône. Lors de notre avancé, nous nous sommes battus contre des entités démoniaques : une réplique de Thanatos, l’Hydre de Lerne… Et des Centaures dont j’ai bouffé certains cœurs car j’avais le palais qui claquait. Soudain… Je ne sais comment, Wagner et moi avons été envoyés dans une autre pièce, dans laquelle était deux autres personnages… dont un qui ne m’annonça son nom que plus tard. Dès cet instant, le deuxième annonça qu’il était temps pour lui de récupérer son sceau, celui d’Endymion, Empereur des Mers. »

Eths ferma les yeux et essaya de se souvenir de toutes les informations qu'il a récoltées durant son voyage à travers le monde. A travers le monde, c'est vite dit. Il s'était tapé 300 bornes pour aller au Sanctuaire, puis quelques milliers pour aller chez les guerriers d'Odin. Niveau tour du monde, on avait vu plus impressionnant.

« Le labyrinthe dans lequel nous étions nous a éjectés. J’ai perdu la trace de mes camarades et me suis retrouvé au Cap Sounion, en compagnie du premier homme, qui annonça être Ashram, dont on me dit plus tard qu’il était le réceptacle de Thor. Mon frère Lucifer est celui qui détient le sceau d’Ouranos. Ashram confirma que Poséidon était de nouveau parmi nous. Hogo Ewen de la Vierge, chevalier que j’ai rencontré avant notre excursion, a très certainement conclu un pacte avec Lucifer pour récupérer le sceau d’Ouranos. Voulant les suivre au Sanctuaire, j’ai pu rejoindre d’autres guerriers, dont Ashram et Hogo Ewen. Ashram a affirmé qu’Endymion était bel et bien la réincarnation de votre oncle et que toute l’énergie que nous avions déployée dans le labyrinthe a servi à recharger un artefact que Poséidon possède désormais. Le sceau d’Ouranos détenu par Lucifer se situe au temple de la Balance. Toutefois, il n’est pas impossible qu’il ait été déplacé. Athéna, votre sœur, n’était pas dans le labyrinthe mais en Asgard, puis est rentrée au bercail, entre temps. »

Il esquissa un joli sourire. Il se doutait que ce qu'il allait annoncer allait peut-être déplaire au Dieu de la Guerre. Mais d'un côté, il s'en tapait. Mais d'une force.

« Pour être tout à fait honnête, le retour de Poséidon ne me regardant absolument pas, j’ai décidé de me perdre en Asgard et d’apprendre ainsi les bases de la métallurgie, et je puis, dès à présent, réparer les armures de mes camarades… Actuellement, les forces d’Asgard ne sont pas spécialement à craindre, mais ils ont établi une alliance avec les forces de votre sœur. J’ai su me faire apprécier par quelques guerriers, malgré mon combat contre un des leurs. C’est ainsi que j’appris l’existence de cette alliance, car je m’en étais pris à une petite chiasse de chevalier d’Athéna. »


Il avait fini son exposé. Ca manquait de Powerpoint, mais il a été le plus complet possible. Les petits détails... on s'en foutait un peu. Eths allait les garder pour lui. C'était bien suffisant. Il pourrait s'en servir à des fins personnelles... Oh oui.

« Je vous ai ainsi exposé toutes les informations dont je disposais, Seigneur Arès. Si vous n’en voyez pas d’inconvénient, je retourne à mon domaine. J’ai prévu une petite attaque surprise chez votre oncle, le maître des Enfers, celui qui enrichit, en compagnie de ma maîtresse d’arme, Morrigan, si elle arrive à temps. Et vous le savez mieux que personne, une bataille, ça se prépare. Il est hors de question que j’y aille tête baissée, même si l’appel du sang résonne dans mon âme. »

Il partirait aussi vite qu'il est venu. Il baissa sa tête en signe de respect pour Arès, laissa son armure entourer son corps, et partit, en direction de son domaine. Il allait niquer des mères, c'est certain. D'ailleurs, il commença par les nouveaux gardes. En fait il n'aimait pas les gardes. Face à un ennemi, ils ne valent rien. Du coup, un coup de tête à la Zidane sur un, il passa à travers les trois, directement. D'une pierre, trois coups.