I ♥ Achéron

Les jolies fesses de la Cardinal d'Arès heurtèrent violemment la surface rocheuse qui bordait le fleuve Achéron, passage obligé pour toutes personnes mortes. Son corps ne portait plus aucune trace des griffes ni du gel d'Arbhaal. C'était une bonne chose. Son armure par contre était dans un état lamentable. Brisée par endroit, fissurée à d'autres. Il lui manquait un bout de son casque et de son épaulette gauche. Charmant : elle devait avoir l'air d'une guerrière débraillée dans cet accoutrement. S'en prendre à son corps ne lui posait pas de problème mais toucher à sa précieuse protection, c'était une autre affaire. Elle était moins amusée par la situation que la fois précédente. Cela venait surtout du fait de s'être fait tué par un hypocrite au lieux d'un valeureux guerrier. Ce n'était pas la première fois que cela arrivait mais la pilule avait toujours eut plus de mal à passer. Ramassant une pierre elle la brisa entre ses mains tout en imaginant tenir la tête du guerrier divin entre ses doigts. D'un geste elle la broya et regarda d'un air hébété la poussière filer jusqu'au sol. Il fallait qu'elle regagne la surface, le monde des vivants pour pouvoir retourner dans sa Fosse et déterrer ses anciens outils. A l'aide de ceux-ci elle pourrait réparer sa protection offerte par Arès et serait en mesure de lui redonner un peu de son lustre d'antan. Elle avait souffert sous les coups de Shiyo et ceux du pleutre d'Asgard et il ne fallait plus grand chose pour qu'elle tombe en ruine ce qu'elle ne pouvait pas tolérer. La seule chose positive dans sa mort est qu'elle allait revoir Nefertis la séduisante ange noire et aussi Yade le juge des enfers. A moins que l'un des trois guerriers d'élite d'Arès ait reprit ses fonctions pour donner la sentence de la justice de son maître.

La seule chose qu'elle exécrait était cette foutue attente qui la rongeait. Le passeur pouvait se pointer dans quinze secondes comme dans deux heures. Il percerait la brume sur son embarcation tel un chevalier blanc. A cause de cette brume on ne pouvait le voir arriver de loin ce qui donnait à la fois une touche de surprise à son arrivée mais aussi de lassitude. La Cardinal posa prit ses aises et s'allongea sur un rocher en soupirant. Elle fit craquer son cou, ses doigts pour signifier qu'elle en avait marre d'attendre mais il n'y avait personne pour l'entendre. Elle fixa ses yeux sur l'horizon et les minutes passèrent aussi lentement que les coups porté par un être humain ne possédant pas de connaissance de sa cosmo énergie par rapport à celle d'un guerrier ouvert au septième sens. L'envie la prit à nouveau de traverser le fleuve à la nage mais elle tenait trop à son existence pour tenter le coup. Finalement de la brume émergea une forme indistincte. Cela ne pouvait être que le passeur et sa barque à moins bien sûr que ce ne soit carrément le maître des lieux mais il y avait très peu de chance que ce soit cette option sinon la Cardinal aurait déjà ressenti le cosmos écrasant et noir comme le charbon d'Hadès, le dieu des enfers.

- Allez dépêche toi l'ange noire. Je vais finir par m'enraciner au bord de ce maudit fleuve. Si je commence à perdre patience, je vais finir par donner une petite touche de "Calamity" à cette berge !

Ce ne fut pourtant pas la vue du passeur qui la sortit de son attente mais celle d'un homme. Un homme qui portait une urne noire sur le dos. Cet homme se permit de critiquer sa conduite et de lui faire la morale. Roooh encore un Saint ou un guerrier divin pensa t-elle avant de se rappeler que sa cloth box n'avait rien avoir avec celle des chevaliers d'Athéna à en juger par sa couleur aussi sombre que la nuit. Dommage, elle aurait aimé torturé l'âme d'un envoyé d'Odin ou du Sanctuaire. L'homme semblait se permettre d'émettre des idées que seul un Juge d'Hadès pouvait se permettre d'énoncer le tout couplé à une certain sens moral de respect propre aux gentils hypocrites qui servaient des dieux dans le monde des vivants. Il semblait cependant connaître les lieux. Il s'agissait donc d'un guerrier félon qui avait juré fidélité à Hadès ou de quelqu'un qui avait la fâcheuse tendance à mourir plus souvent qu'à son tour. Cependant à en juger par le cosmos qui se dégageait de son corps et d'autres petits signes, Kyrian du Phénix semblait plus que vivant ce qui amenait la Cardinale à penser que sa première théorie devait être la bonne. Se relevant de son rocher, elle éclata de rire en réponse aux propos de cet étranger.

"Je suis morte de la main d'un hypocrite et même dans la mort, on continue à m'ennuyer avec des discours qui n'ont pas leur places en ces lieux. Et moi qui espérait un peu de souffrance pour me remonter le moral. Le royaume d'Hadès à bien changer au cours des derniers siècles."

Passant une main devant sa bouche lorsque son rire cristallin retentit, Calamity rayonnait de bonheur. A croire que ce retour par la case Enfer, allait être une véritable cure de jouvence pour elle. Il n'y avait pas de plus belle mort qu'une mort au combat même si elle était entachée par les griffes d'un hypocrites d'Asgard. Ce qui la minait réellement c'était l'attente mais peut être que cet inconnu serait l'imprévu qui ferait passer le temps plus vite qu'une bonne petite baston ou destruction de ville. Elle frappa ses mains l'une contre l'autre pour applaudir le moralisateur puis elle reprit la parole sur un ton amusé et plus calme que de nature.

"Qui est tu toi ? Tu n'es pas un Juge d'Hadès ça j'en mettrai presque ma langue à couper. Pourtant les plus prétentieux d'entre les Spectres et les seuls ayant le pouvoir, hormis Hadès et ses deux compères, de me maintenir ici, sont ces trois juges. Tu n'es pas comme eux n'est ce pas ? Tu es différent. Je le sens rien qu'à ta façon de parler. Que vas tu me faire mon grand ? Me tuer ? Ah non, je suis déjà morte ! Me retenir ici ? En as tu les moyens ? A tes risques et périls mais ne pointe jamais le nez dehors car mon maître te ferai passé un sale quart d'heure et ta mort ne se ferait que dans d'atroces et horribles souffrances hi hi hi ! Quant à passer plusieurs siècles bloquée au même endroit, j'ai déjà donné et je ne m'en suis pas trop mal tiré."

Les choses étaient dîtes clairement. Elle n'avait pas besoin de tourner autour du pot. S'il souhaitait la retenir ici, qu'il en fasse à sa guise s'il possédait les capacités nécessaires pour le faire. Elle s'en contre fichait. Il en fallait plus pour briser ou réfréner Calamity. Elle l'avait déjà prouvé en cette époque en se jetant tête baissée dans un combat qu'elle savait perdu d'avance. Les Bersekers étaient déterminés et possédaient un moral d'acier. Les Cardinales étaient l'élite de cette armée et ils possédaient ses qualités en excès. Là était la force des combattants à la solde du seigneur Arès !

Kyrian du Phénix n'avait pas totalement tort. Priver Calamity de combat et la laisser entre 4 murs serait sans doute une des punitions les plus pénibles pour elle mais cela s'était déjà passé pendant plusieurs siècles et mis à part la rendre plus hargneuse et un petit plus folle qu'auparavant cela ne l'avait pas plus affectée que cela. Tout ce que Kyrian gagnerait avec un tel procédé, c'était de la rendre encore plus dangereuse, si cela était possible, qu'elle ne l'était actuellement. Un peu comme si Kyrian était un homme qui voulait mettre le feu au poudre. Libre à lui d'allumer la mèche mais il avait intérêt à filer vite avant que le tout ne lui explose à la figure le déchirant dans un torrent de chaires et de sang. Faisant craquer les jointures de ses doigts, la Cardinal tendit les mains jointes devant le porteur de l'amure du Phénix noire tout en éclatant de rire. Elle lui tira la langue puis se mit à glousser de plus belle avant de prendre une voix implorante, comme si elle voulait à tout prix recevoir sa pitié et sa clémence.

"Passez moi les fers marauds ! Enchainez moi et je deviendrai votre chose. S'il vous plait ne me faites pas de mal. Ne m'enfermez pas dans le noir. Envoyez moi quelques crânes à écrabouiller. Non non non, ne me laissez pas toute seule ici. Non ... Je suis une Lady ... une gentille fille. S'il vous plait gentil monsieur, ne me laissez pas croupir ici. Il fait froid ... non ! Je ne suis qu'une souillon juste bonne à vous servir de carpette. Laissez moi voir la lumière du jour une toute petite dernière fois."

Se mettant à genoux, elle tira sur le pantalon, puis le haut de Kyrian tout en faisant mine de pleurer. Ses performances d'actrices étaient admirables. Elle se roula ensuite sur le sol et dans la poussières, rampant comme une pauvres petites choses avant de se relever en hurlant de rire. Elle passa une main autour de son œil droit et une autre pour son œil gauche pour essuyer ses larmes de rires. Elle n'en pouvait plus tout en repensant aux derniers propos du Phénix noir qui avait le don de lui arracher de nouvelles vagues de fou rires. Après une dizaine de secondes elle reprit le contrôle tout comme la parole mais cette fois, l'amusement était bien présent dans sa voix.

"Ooooooooooh toi aussi tu as été un pantin du seigneur Arès ? C'est trop amusant. Tu es le deuxième que je rencontres. Shiyo était tout de même plus amusant que toi. Il m'a tué une fois. N'y a t-il plus belle déclarations de guerrier à guerrier ? Je te remercie d'avoir prêté sagement ton corps à mon maître. Un bon pantin ça lui fait toujours plaisir et ça m'enchante aussi. Le maître t'as utilisé et tu as été son petit toutou tout mignon et maintenant tu viens te terrer ici par crainte qu'ils ne te fracassent comme une vulgaire noix sous la force de la paume d'un géant. Tu vois gâce à tout tes efforts, tu m'as ramené dans le monde des vivants. Tu peux être heureux : ça aurait pût être pire. En contre partie, Arès t'as laissé en vie ce qui est chouette pour ta petite personne non ? Bien que les serviteurs d'Hadès ait la fâcheuse tendance de revenir vite à la vie mais je parle et je parle. J'ai un bateau à prendre bientôt ! Tu veux m'accompagner pendant la traversée et me raconter ta triste histoire ? Je suis une femme occupée, Phénix noir alors dépêche toi de prendre une décision !"

Elle leva le bras et un doigt à la manière d'une mère qui enguirlande son enfant puis éclata d'un rire profondément malsain et méchant. Elle remit ses cheveux en place et prit un air angélique et se mit à sautiller autour de Kyrian en chantant une vieille chanson dans une langue depuis longtemps oublié qui ressemblait à une ballade d'après ce que les oreilles du Phénix noir pouvait percevoir. La folie à l'état pure voilà ce qu'était la Cardinal de la Calamité. A elle seule, elle en était une ... une véritable et coriace calamité !

Nefertis avait été patiente. Après tout, elle avait bien l'immortalité devant elle, alors que sont quelques minutes ? Rien, même pas une poussière. Mais ce n'est pas parce qu'on est immortel qu'on aime attendre comme un larbin. Il était effectivement temps de se décoder. La créature aux traits généreusement féminins et aux cornes puissantes déploya grand ses larges ailes afin d'attirer les regards et d'imposer, même très momentanément, le silence.

- Kyrian, je peux te mener jusqu'à l'autre rive et te ramener ensuite si te le désires, mais je n'attendrais pas un instant de plus. Berzerker, cela ne fait que quelques jours, je vois que tu ne perds pas ton temps et profites intensément de ta... vie. Si donc tu ne veux pas perdre de ton précieux temps qui te servira à renaître et mourir à nouveau - ça je n'en doute pas - monte maintenant dans cette barque. Je vais te mener sur l'autre rive ! Et sinon, tu n'auras qu'à attendre mon prochain passage, durant lequel je transporterais de pauvres humains qui te tiendront compagnie.

Sans plus se concentrer sur la berzerker et le chevalier noir serviteur d'Hadès, Nefertis poussa sur la rive avec le bord de sa rame et s'écarta lentement, s'enfonçant davantage de seconde en seconde dans le Styx. Elle signifiait ainsi qu'il fallait partir, mais Calamity et Kyrian avaient encore largement le temps de sauter.


Quelques heures plus tard, la barque déposa sa passagère sur le bord menant au Juge.

Une ombre recouvra Kyrian et Calamity. Cette dernière tourna la tête pour en découvrir l'origine et se rappela que Nefertis était bel et bien présente. C'était un agréable spectacle à regarder qui rajoutait un côté encore plus délicieux à l'ange noir. Si la Cardinal avait du temps à perdre, elle serait bien restée à admirer sa beauté noire. Avoir des ailes devaient procurer une merveilleuse sensation lorsqu'on s'envolait et la guerrière d'Arès se demanda si elle n'irait pas plus vite en montant sur le dos du passeur au lieu de grimper dans sa barque. Sa voix était toujours aussi agréable à écouter et ses propos des plus charmants. Il était clair qu'elle ne souhaitait pas être embarrassée par l'âme de simple humain, tout juste bon à naitre, vivre et mourir. Des humains qui ne ressentiraient jamais leur potentiels cosmique et auraient une vie ennuyeuse, lamentable et parfois calme. Le moralisateur pouvait lui aussi monter. Tant qu'il ne lui servait pas un laïus rébarbatif sur le bien, le mal, Arès et tout un prêchi-prêcha sur les enfers, la Cardinal n'y voyait pas d'inconvénients majeurs. Avec un peu de chance, elle arriverait peut-être à le faire tomber discrètement dans l'Achéron, ni vu ni connu. La plupart des oiseaux ne savaient pas nager, alors un oiseau de feu devait encore être plus piètre nageur. Continuant de sautiller en rond autour de Kyrian, la Bersekers émit un rire léger et calme avant de parler sur un ton toute excitée par la perspective de pouvoir enfin se tirer de cette rive-ci du fleuve Achéron. Son temps était précieux et elle ne devait pas le gaspiller inutilement.

" Que fais tu petit oiseau ? Tu m'accompagnes jusqu'au tribunal des Morts ? Tu veux me servir d'aide pour convaincre le Juge de me renvoyer tout de suite dans le monde des vivants ? Tu pourras même revenir avec moi si tu veux. On ira semer le trouble, la mort et le chaos ! La mort, vous aimez ça chez Hadès non ? A moins que cela aussi ait changé ? Ce serait vraiment dommage. Tout votre intérêt résidait dans cette caractéristique. Bon c'est pas que tu m'embête petit oiseau mais j'ai un bateau à prendre alors peu importe ta décision mais j'embarque direction le Tribunal pour un nouveau jugement des mes brillants actes!"

Arrêtant de sautiller bêtement, la gardienne de la fosse de la calamité s'avança et bondit pour retomber dans l'embarcation. La barque remua un peu mais pas de quoi chavirer. Elle agita ses bras comme des ailes pour imiter Nefertis et ses deux membres remplit de plumes aussi noires que la nuit. La jeune femme s'installa au fond de la barque en rigolant. Ses fesses posées sur la parois inférieure, Elle sifflota gaiement attendant de voir si le Phénix noir allait monter ou non. Pendant ce temps, s'embêtant, la Cardinale frappa sur les côtés intérieures du bateau pour faire une petite musique.

"Pressons, pressons ! Je n'ai pas de temps à perdre. Comme ma chère Nefertis l'a déjà précisée, je suis une femme des plus active. Je reviendrai peut-être dans quelques jours ici même mais pour le moment mon unique désir est d'aller faire un tour chez les vivants histoire de servir mon maître à la perfection."

Elle s'avança alors vers la proue du bateau, y déposa un pieds et leva le bras en direction du côté opposé à la rive sur laquelle elle se trouvait encore il y avait quelques secondes de cela. Elle rigola calmement avant de prononcer d'une voix forte et déterminée quelques mots pour encourager le Passeur !

"En avant ! Souquez ferme matelot ! Nous devons toucher terre au plus vite !"

Tribunal des morts