Le Retour du Roi!

Simbad, dépourvu de son écaille d'or, avançait doucement au sein du Domaine sous marin. Doucement certes, mais avec une majesté impériale qui empêchait quiconque de rester sur son chemin ou de tenter de le rattraper. L'aura qui se dégageait désormais de lui imposait le respect et le silence tout autour de lui.Mais cela n'était pas la seule incidence sur son entourage. Au fur et à mesure qu'il avançait, le Sanctuaire sous marin semblait reprendre vie avec magie. Avant son passage, tout semblait en comparaison terne et sombre, et tout ceux qui le suivaient étaient comme éblouis par le changement radical des lieux. Les roches étaient plus claires, le sol devenait plus lumineux, les poissons plus colorés et plus vifs, l'atmosphère plus claire.... l'endroit devenait plus magnifique et plus vivant qu'il ne l'avait jamais été. Le Général des Lyumnades le suivait, ainsi que le capitaine de Glaucos, et ce sans rien dire, se contentant de suivre leur 'camarade'. Et tout ceux dont ils croisaient le chemin se joignait à eux. Plus encore, tout les gardes, tout les serviteurs, et autres êtres au service du royaume se rajoutèrent, et à la fin, ce fut une gigantesque assemblée qui suivait le jeune homme. Ce dernier avait toujours les yeux clos et ne témoignait pas le moindre signe envers ces hommes, ces femmes, et ces esprits aquatiques qui étaient là, à le suivre. Ils finirent par arriver au domaine le plus sacré du Sanctuaire sous marin, ce lieu pour qui tout ceux qui étaient présents ici même maintenant se sacrifieraient sans hésiter pour le protéger. Il s'agissait du Temple sacré du maître des mers et des océans. Et Simbad commença à arpenter, uniquement accompagné des marinas cette fois ci, les marches qui allaient le mener jusqu'à la fameuse salle du trône.

Arrivé en haut, Flipper, le fidèle compagnon de Simbad, était là. Le jeune homme, toujours les yeux fermés, s'en approcha, et, tout en passant à côté de lui, le caressa. Tandis qu'il continuait son avancé, Flipper eut un hoquet de surprise, et se mit à changer .... son aura devint plus forte, plus subtile, tout en grandissant et scintillant. En un instant, l'animal semblait en être un tout autre...Et pourtant, il était toujours le même. La seule différence était qu'il était désormais celui qu'il devait être. En un instant, Delphinos le dauphin, le messager de Poséidon, l'Oracle de l'Empire, le Premier Conseiller du Royaume se joignit aux marinas qui suivaient toujours Simbad, mais à distance.

Avançant dans le Grand Temple, le jeune homme s'avança et 'redécouvrit' une salle majestueuse et superbe. Le sol était fait de marbre, mais d'un marbre qui semblait nacré et à chaque pas de Simbad, des lueurs irissés passaient fugacement avec la vivacité d'un banc de poissons. Il avait toujours les yeux clos, mais pourtant, il appréciait la splendeur de la pièce. Tout autour, se trouvaient des stèles faites d'un granit magnifique et poli. Et sur certaines d'entre elles reposait des écailles dorées, semblable ou presque à celle de Scylla. Il s'agissait de celles des généraux encore absents. Mais peut être que dans un proche avenir, elles seront portées par de fiers marinas méritants. Mais si les écailles d'or était majestueuses, que dire de celle qui se tenait derrière le trône de nacre situé au centre. Dominante de sa hauteur toute les autres, l'écaille représentait le Roi des océans armé de son Trident. S'avançant plus avant encore, jusqu'à pouvoir toucher le trône, Simbad s'arrêta finalement. Levant le visage vers l'écaille, ses yeux étaient toujours clos.

Tandis que les marinas et Delphinos s'étaient arrêtés à l'entrée de la pièce, et même de respirer qui sait, le jeune homme commença à lever son bras. Lentement, très lentement. Puis, une lumière intense et dorée se mit à briller et à aveugler les témoins de la scène. Ce qui aurait pu être un courant marin passa dans la pièce en bousculant avec forces Delphinos et les humains présents dans la pièce, avant de s'enrouler autour de Simbad dans ce tourbillon d'or. Lorsque la lueur s'éclaircie, Simbad avait irrémédiablement changé. Simbad n'était plus. Maintenant, en face des marinas, un jeune homme impérial, à la longue chevelure bleu océan et aux yeux couleur lapis-lazulis se tenait face à eux, arborant fièrement l'écaille de leur maître, ainsi que du Trident dont émanait une lumière divine aussi légère et brillante que du cristal.



Tandis que les océans et les mers hurlèrent avec force et puissance, tout le monde savait que Poséidon , l'Empereur des Mers et des Océans, était là. Qu'en ce jour, était venu le Retour du Roi!

Tout au long de la montée des marches, la conscience du jeune Simbad, enfant de Chalcidique et Elu d'Atlantide, ancien passeur des océanes, jeune général du pilier du Pacifique sud, héritier de la civilisation perdue et leader naturel des Marinas, s'était effacé petit à petit. Comme dans un rêve il avançait au milieu de centaines d'ombres. Son cosmos nouvellement éveillé et radicalement métamorphosé attirait de lui-même les civils, les capitaines et les généraux incarnés. Tous se pressaient pour former des rangs parfaits, du plus petit enfant au plus noble guerrier.


*Que se passe-t-il... ? Je sombre...
-Non, Simbad, tu ne sombres pas.
-Cette voix c'est...
-Je suis le seigneur Poséidon, ton maître et ton protecteur. Ton corps a atteint le seuil de résistance que je désirais, et la querelle de Scylla et Glaucos ont achevé de me décider à me réincarner en toi.
-Vous réincarner... en moi ?
-Oui. Depuis les temps mythologiques, j'ai choisi pour hôtes des humains sans saveur ni réelle sagesse. Mais parmi eux se dressait une lignée pure et noble remontant aux Atlantes. Lors de la première Guerre Sainte qui m'a opposé à Athéna, l'un de tes ancêtres atlantes a montré une remarquable aptitude à la direction, à la stratégie, à la réflexion tout en conservant la force guerrière et le savoir-faire qui formaient l'image de ce premier peuple. J'ai tout de suite choisi cet homme et sa descendance si elle était de la même qualité comme corps véritables. Et pendant que j'usais des hôtes dépourvus de votre valeur au fil des siècles, je vous ai observés. J'ai vu en vous les personnes qui pourraient peut-être restaurer la splendeur de mon empire. Aujourd'hui, nos esprits vont fonctionner, et plutôt que d'être une vie parmi toutes celles que tu auras vécues en tant qu'âme, tu vas devenir une part de mon être divin, le plus grand honneur que je puisse décerner à un mortel. Pendant que notre corps gravit les marches des différents piliers, ta conscience se fond en moi, et tu comprendras bientôt toute l'étendue de la destinée que je t'ai choisie. Ton dernier ami t'accompagnera dans ce voyage, héritiers de la mythologie.
-Flipper...*


Poséidon se hâta de terminer son explication tandis qu'il parvenait en haut des marches de son propre temple. Les cheveux flamboyants de Flipper avaient pris une teinte bleu ciel d'une pureté extraordinaire tandis que l'antique Delphinos se réincarnait en lui. Le dauphin qui avait permis à Poséidon d'épouser Amphitrite et de connaître l'amour le plus sincère de ses temps anciens, celui qui avait été représenté sous forme de constellation dans la nuit étoilée, retrouvait à présent son maître comme jadis.
La cérémonie d'intronisation fut brève mais pleine de signification. Revêtant son écaille souveraine, portant son trident, Poséidon était maintenant officiellement revenu parmi les éveillés. Il fit rouler les eaux avec fermeté. Les autres dieux purent sentir dans le monde entier que l'un des trois grands souverains du monde était de retour, le maître des eaux ! Tous s'inclinèrent.

"Peuple égéen, atlante et d'ailleurs ! Ton maître est de retour. Il est temps pour nous de montrer au monde qui nous sommes. Il est temps pour nous de reconquérir nos colonies ! Atlantide sera de nouveau mienne prochainement ! Vous, mes généraux et mes capitaines, serez récompensés pour les services que vous avez rendus à mon pays. Dès demain je vous offrirai mes faveurs méritées. Pour l'heure, que tout le monde fasse savoir que Poséidon est de retour !"

D'un geste bienveillant, le dieu posa tour à tour la main sur l'épaule de Delphinos, de Glaucos et de Gastone. L'écaille de Scylla fendit d'un rayon lumineux la salle pour reprendre sa place sur sa stèle en attendant un nouveau porteur.

Poséidon était entier, de nouveau. Fort de cette vie et de toutes les autres avant elle, il comptait enfin mettre ses erreurs à profit et relever ses troupes. Cette longue attente avait enfin été récompensée, cette longue attente pendant laquelle ses guerriers avaient perdu la vie, l'espoir parfois, la volonté, cette longue attente qui avait vu du sang couler et plus d'un désastre.

Ce jour, Simbad avait 18 ans.

Les civils se dispersèrent rapidement sur l'ordre de leur seigneur, mais celui-ci fit signe aux guerriers de rester près de lui, et Delphinos en prit également la liberté. D'un pas lent et calme le maître des océans se dirigea vers les écailles générales non portées et les effleura d'un doigt serein. Elles retrouveraient leurs élus petit à petit, il avait confiance. Il se tourna vers les trois soldats restés à genoux et sourit.

"Mes fidèles compagnons. Je tiens à vous féliciter de vive voix pour être présents aujourd'hui devant moi. Particulièrement toi Gastone, pour avoir pris en charge l'entraînement et le moral de mon corps mortel, parfois très indécis. Je vais avoir beaucoup à faire pour reprendre en main la santé de l'Empire, je compte sur vous pour me transmettre tous les rapports qui vous parviendront en temps et en heure, par messager ou de vive voix. Dans l'immédiat, mes priorités seront celles énoncées plus tôt par Simbad : l'alliance avec les Ases est déjà en progression, j'irai la valider en personne lorsque Kartar et Mégara seront de retour. Atlantide reprendra nos couleurs prochainement, et les berserkers feront l'objet d'une surveillance poussée. En tant que dieu, une nouvelle tâche m'incombe que je ne puis vous confier : celle d'aller en Olympe me faire connaître par les dieux incarnés. J'attendrai le retour de nos ambassadeurs pour cela. Pendant que la paix est à nos portes, posez-moi toutes les questions que vous souhaitez, sur tous les sujets qui vous semblent importants, même les plus banals. Je ne serai pas toujours d'humeur aussi ouverte. Relevez-vous à présent, enfants d'Eges."

Le souverain des mers donna un léger coup du manche de son trident au sol et se retourna afin de prendre place dans son trône depuis si longtemps inoccupé. Il s'y installa avec décontraction et Delphinos en silence vint s'agenouiller à côté de lui, les mains disposées sur l'un des accoudoirs sans gêner son seigneur. Poséidon les lui prit alors avec douceur.

"Mon bon ami... Comme moi tu dois ressentir les forces te manquer après une si longue immobilité. Grâce aux marques de mon cosmos en toi, tu peux prendre forme humaine ou dauphine selon ton souhait... Va donc annoncer ta réincarnation à tes confrères cétacés et reprends des forces dans la pureté de notre vaste Empire.
-Bien mon seigneur. Je serai là aussitôt que vous m'appellerai."

L'anthropomorphe se leva et se dirigea vers le pilier central, puis disparut derrière par des chemins dissimulés pour rejoindre le courant le plus proche. S'habituer à un nouveau corps, à une nouvelle existence, qui n'était pas celle d'un hôte mais bien désormais d'un bout de soi était comme recharger une pile électrique. Il faudrait du temps pour que toute l'énergie d'antan leur revienne, à Poséidon et son dauphin. C'est pourquoi il se tiendrait tranquille une première journée et irait se reposer dans le pilier central, sa chambre de méditation privilégiée. Dès qu'il en aurait terminé avec ses guerriers. Zeus ne tarderait pas à se souvenir de son grand frère, et l'Olympe non plus.
Malgré son cosmos surpuissant et son regard d'une profondeur à couper le souffle, imposant et charismatique, Poséidon n'avait pas encore montré lé sale caractère dont le dotait la mythologie. Ses subalternes n'avaient pas à pâtir de ses échecs passés et de ses mauvaises humeurs s'ils en avaient. Cette fois, il s'efforcerait de les traiter avec moins de dédain que tout dieu pouvait posséder à l'égard de ses hommes... Il s'appliquait donc à se montrer sous un bon jour, d'autant qu'il n'avait aucunement à simuler en l'instant présent : il était réellement ravi de s'être incarné dans un corps de qualité, dont l'esprit lui avait apporté une nouvelle vision du monde et une sagesse qu'il espérait décisive dans la conservation de son empire. La situation était plutôt bonne si l'on jugeait les derniers mois agités et maigres en recrues.

Le dieu regarda Kaius s'approcher et sourit en entendant sa question. Il avait conscience de sa puissance, voilà qui était une bonne chose. Poséidon répondit alors :

"Capitaine de Glaucos, réincarnation de mon fils. Je pensais que tu aurais expliqué la base des choses subtiles à ton hôte, mais tu n'en as sans doute pas eu le temps. Eh bien, écoute jeune mortel. Simbad a été choisi par mes soins pour ses qualités diverses et pour devenir une part de moi authentique. Il est ce que je suis et je suis ce qu'il est à plus grande échelle. Nos souvenirs nous sont communs, j'ai la connaissance de mes vies antérieures et de la sienne. Appelle-moi donc comme il te plaira dans l'Empire mais seulement Poséidon en présence d'autres personnes. Que chacun me reconnaisse tel que je suis : de nouveau bien éveillé. Concernant ta demande, ton humilité t'honore. Nous sommes encore fragiles dans notre effectif, aussi je vais faire en sorte que la maigre poignée que nous sommes soit une poignée solide. Je t'enseignerai moi-même comment maîtriser les flots si tel est ton désir. Cependant reste lucide, tu n'atteindras pas ma puissance. Lorsque mes généraux se seront présentés à moi, je me retirerai dans mes quartiers afin de récupérer les forces qu'il me manque. Et demain, alors, je prendrai en main le début de ton entraînement. Il faudra t'adresser à ton supérieur pour le parfaire. En attendant, reste dans les parages avec tes compagnons d'armes."

Ainsi parla le dieu des océans et il ponctua ses mots d'un léger sourire devant l'expression ébahie du capitaine. La faveur qu'il lui accordait était grande et improbable dans d'autres circonstances. D'autres élus arriveraient progressivement, Poséidon n'aurait pas le loisir de s'occuper de tous, mais pourquoi pas en profiter maintenant ? Une fois qu'il aurait pris une nuit complète de repos, formé ses chevaliers, il pourrait se diriger en toute confiance vers l'Olympe et laisser glisser les railleries des autres sans se sentir offensé ni oppressé par le temps. Il ne connaissait la règle de non intervention des dieux sur Terre, mais Zeus ni aucun autre n'avaient manifesté de signe d'impatience quant à son retour dans les cieux, il ne sortirait pas des limites de son royaume et à bien y réfléchir, il n'était pas sur Terre, mais en-dessous, à l'abri des flots et des reproches. Qui pourrait lui reprocher de prendre soin de ses fidèles si longtemps laissés abandonnés à eux-mêmes ? A moins que les Olympiens ne soient tous devenus aussi fourbes qu'Hadès, personne. Et connaissant Zeus, cela ne risquait pas d'arriver. Il était trop attacher à sa mansuétude et au respect de son si précieux équilibre pour s'en départir, surtout avoir laissé sacrifier tout un peuple comme les bons Atlantes. De plus, sa réincarnation vue par Simbad était une personne douce et, lui semblait-il mesurée dans ses choix. Cela devait faire son affaire.

"Une dernière chose capitaine. Ta cosmo-énergie n'est pas encore très développée mais tu la maîtrises suffisamment pour la masquer je crois. J'envisage donc de t'envoyer dans l'équipe de Marinas qui sera chargée de recueillir des informations au sujet des berserkers d'Arès. Cela demande une certaine prudence et de la discrétion, mais je tiens à vous donner à tous une chance de faire vos preuves. Si tu t'y opposes, alors tu resteras en Eges pour garder les lieux contre d'éventuels envahisseurs. Que choisis-tu ?"

"Bien, bien, bien… Nous voilà bientôt au grand complet. Bienvenue à vous mes fidèles guerriers des profondeurs. Votre promptitude à venir renouveler votre allégeance à mon égard est tout à votre honneur. Et pour vous permettre de dépenser votre fougue, je vais sur-le-champ vous donner vos premiers ordres de missions ! Gastone, tu es le plus ancien et le plus au courant de notre histoire. Tu resteras donc garder ton pilier et te reposer. Si je viens à m’absenter, je compte sur toi pour orienter tes jeunes camarades dans la bonne voie.* Capitaine Kaius et général Liam, vous partirez dans le domaine d’Arès et collecterez un maximum d’informations sur leurs troupes : leur nombre, leur force, leur grade, les lieux qu’ils ont éventuellement eu le temps de ravager… N’ayez crainte de revenir bredouilles si cela peut vous éviter la mort, mais soyez aussi discrets et subtils que possible pour malgré tout récupérer autant de connaissances que possible. De vous dépendra peut-être une future victoire ou une future défaite contre les berserkers ! Et enfin Fuhin. Je dois te mettre au courant de certains événements récents. Comme tu viens de t’éveiller, tu ignores que ton pilier a été détruit puis reconstruit, et qu’entre-temps un raz-de-marée s’est abattu sur les côtes correspondant à l’océan que tu gardes. En tant que protecteur de l’Atlantique nord, je veux que tu ailles sur ces côtes réparer les dégâts et venir en aide aux civils. Je t’associerai à l’un de nos ambassadeurs lorsque ceux-ci reviendront nous donner des nouvelles du traité ou de la neutralité qui nous liera aux Asgardiens. Maintenant, si personne n’a de questions par rapport au rôle qu’il doit tenir, que ceux qui peuvent partir dans l’instant le fassent ! Nous reparlerons de vos entraînements à votre retour, j’ai d’autres choses à mettre au clair avant."


Rapidité, force et vivacité d'action. Les trois éléments indispensables à la réintroduction de l’Empire sur l’échiquier géant des nations de pouvoirs et d’influences. Poséidon comptait bien remettre ces valeurs à l’ordre du jour. Nul ne pouvait ignorer le retour du dieu des océans parmi les Olympiens, puisque sans modestie, il était impossible pour un dieu contrôlant les trois quarts de la planète de passer inaperçu pour des divinités aussi importantes que celles qui occupaient les douze sièges du mont sacré d’Olympie. Ainsi donc, personne n’avait démontré son empressement de revoir le déclencheur du Déluge. Personne n’avait non plus manifesté de haine envers lui. On le marquait simplement au fer blanc du sceau de l’indifférence, mais il n’était pas dans le caractère du divin monarque de se laisser ainsi oublier. A lui seul il avait plongé la Terre dans plusieurs mois d’inondations et il avait englouti, faute de vouloir le voir souillé davantage par les misérables protégés de Zeus et d’Athéna, son continent perdu mythologique, Atlantide. Il allait remettre son écrasante stature dans la course au règne, ou alors il ne s’appelait plus Poséidon, seigneur des mers, des océans et des eaux en tous genres, protecteur des chevaux et des dauphins, Ébranleur de terre et Créateur de civilisations florissantes.

Liam songea à ce que Poséidon venait de dire : le pilier de l'Atlantique avait été détruit, donc l'ordre océanique avait été bouleversé et il y avait fort à prévoir que l'Europe et l'Amérique avait subit des dommages tels que des ras-de-marées. Le Général se releva sur le champ, car bien que ce ne fut pas son pilier, son ancien lien avec Siam avait laissé des traces sur sa manière de penser : il se souciait d'avantage des simples mortels. Le Prince Arctique formula alors sa requête au seigneur des océans :

" Maître, je vous demande la permission de faire un détour par l'Atlantique afin de voir les séquelles de la destruction du pilier Atlantique sur les populations environnantes. Je suis conscient du fait que ça n'est pas mon Pilier, donc pas mes affaires, mais je me doit, en tant que gardien d'un Océan Voisin, de me soucier un minimum de ce qui se passe non loin. De plus, je veux voir si je n'ai pas de changement au niveau de mon océan. Peut-être que tout les Krakens avant moi ont été sanguinaires et bestiaux, en ce cas je serai le premier. "

Le Guerrier des Glaces se reprocha immédiatement ces derniers mots, il s'inclina, espérant que ces derniers mots ne fâche pas son Maître, car il savait que, cas échéant, ça lui reviendrait, tôt ou tard, très cher. Il pria pour que son maître accepte sa requête tandis que ses pensées volait déjà au travers des océans, naviguant dans l'infinité azurée afin de se prouver que tout était comme avant. Liam savait que ça ne serai pas le cas, et il comptait bien aider d'une quelconque façon, les habitants. Le Général fixa le marbre lorsqu'un assaut mental de Kraken chercha à soumettre son esprit, tandis que la fureur mentale détruisait son esprit, mais Liam ne se laissa pas faire : certes il avait fait preuve d'un peu d'insouciance et d'impertinence à l'égard de tout les précédents possesseurs de son Ecaille, mais une force lui soufflait qu'il avait bien fait. Peut-être paraissait-il trop sensible à l'égard des mortels, trop faible parmi l'élite sous-marine, mais il s'en fichait. En ce monde comme en Tamriel, seuls vos actes compte, seule votre volonté domine : vous pouvez passer pour un faible alors que vous avez bien des talents, tandis qu'on vous fera passer pour fort si vous jouez le jeu. En ce point, Liam avait déjà vécu cela, et il savait à quel point il était désagréable d'être surestimer. Le Général savait que le mieux était de rester naturel, et n'est-ce pas ce qu'il fit ?

(Hrp : Puisque Kaius veut finir son entraînement avant de partir en mission, je passe son tour, j'ai des choses à faire moi aussi.)

Poséidon vit avec satisfaction sa dernière recrue obéir sans discussion et quitter le domaine pour aller prendre possession de ses quartiers. Il n’y avait qu’une direction pour le pilier atlantique nord, et il l’empruntait déjà comme un habitué des lieux. Parfait. Et tandis qu’il s’éloignait, Liam prit la parole pour exprimer une double requête : aller en atlantique nord également et dans son océan. N’avait-il pas entendu l’ordre du maître des océans ? Le dieu fronça les sourcils, réfléchit un instant puis son visage se détendit de nouveau.

"Tu te préoccupes en effet de choses qui ne te regardent pas entièrement, général de Kraken, mais ta sollicitude envers les habitants de ce monde est cependant louable. Tu dis être le premier parmi les Krakens sanguinaires et bestiaux ? Cela n’est pas une qualité dont je me vanterais à ta place, mais elle peut être utile lorsque l’ennemi ne mérite pas la pitié. Tâche de bien définir tes ennemis alors. Concernant ta demande, comme tu l’as entendu plus tôt, c’est à la charge de Fuhin et d’un émissaire comparu à Asgard de s’en charger. En aucun cas je ne t’ai demandé d’interférer dans mes décisions. Toutefois, j’ai prononcé les mots « démocratie » et « liberté » dans cette existence, et je vais m’y tenir. Tu es libre d’aller où bon te semble général, tant que tu accomplis la mission que je t’ai confiée tôt ou tard, de préférence tôt afin d’en faire profiter tous tes camarades. Je veux un rapport ici, de ta main ou celle du capitaine de Glaucos, lorsque j’aurais rempli mes obligations divines. Gère ton temps comme tu le voudras mais cet ordre doit être exécuté."

D’un regard sévère, Poséidon avait un peu haussé la voix afin de bien faire comprendre ses volontés à son soldat. Il était impensable d’accorder des faveurs si vite après sa résurrection. Il prit son trident, se leva de son trône et se dirigea vers les autels des écailles sans porteurs. Il passa la main sur celui du Kraken, vide puisque l’écaille ornait les épaules du général présent dans la pièce, et se tourna vers lui avec un air si charismatique qu’il en était presque menaçant.

"Kraken, esprit mythologique, écoute-moi bien. Ces derniers temps tu as choisi tes porteurs de manière tout à fait scandaleuse. Roxane, puis Héléadès… Ces humains étaient faibles et leurs vices compensés par aucune qualité vraiment notable. J’attends de toi que Liam Layan, héritier de deux mondes et deux volontés soit digne de ma protection. Sur ce, messieurs, je m’en vais à la rencontre des Ases et de leur peuple. Je dois valider le traité en cours et j’affecterai un partenaire à Fuhin directement là-bas. Il est temps de faire avancer les choses de manière énergique. Je compte sur vous pour me ramener les informations que j’ai demandées."

Les Olympiens attendraient bien. Depuis de nombreuses années, les habitants des neiges scandinaves étaient réputés pour être sous domination poséidonienne. Si aujourd'hui on ne pouvait plus parler de domination directe, on pouvait au moins conforter l'alliance de deux nations très liées par l'Histoire. L'arrivée du dieu des océans en personne face aux dieux Ases en personne, la famille d'Odin, ne pouvait qu'aller en ce sens. C'était ce que pensait Poséidon et ce qu'il se ferait un devoir de réaliser. Il était temps de reprendre du service. Il siffla brièvement, un rythme enchanteur et d'une sonorité très particulière. Delphinos en entendant ce son saurait qu'on l'appelait et il attendrait à l'entrée du domaine. Pour cette fois, le dieu des mers et océans voyagerait un peu comme ses guerriers : en nageant à sa vitesse divine, caressant les ailerons de son fidèle compagnon cétacé. L'entrée en Olympe allait être bien plus fracassante lorsqu'il se permettrait de renouer avec certains de ses hobbys...


Asgard

Palais d'Odin

Quittant le Palais du Seigneur d'Asgard avec Mégara, suivant les pas de Poséidon, traité d'alliance glissé sous mon écaille, je quitte l'Ordonnateur des tremblements de terres à sa propre demande et me dirige vers le territoire sous-marin de Eges. Après plusieurs téléportations, j'arrive en haut d'une falaise donnant sur l'eau glacée. Sautant dans le vide, je fends la masse liquide et pénètre entre les vagues, glissant et voguant entre les courants marins et me dirige vers le fond des océans, vers le socle secret qui permet de soutenir les océans: Eges. Lorsque j'arrive en territoire de la Sirène aquatique, je sors le parchemin et constate qu'il est parfaitement sec tandis que mon armure, elle, ne l'est pas. Miracle discret de la bénédiction divine offerte par Poséidon. Je prends le temps de traverser tous les territoires au pas de course, profitant de ce domaine qui m'est cher, celui de ma naissance, de mon enfance, et que j'ai vu si peu depuis si longtemps. En traversant le domaine du pilier du Pacifique Sud, je ressentis encore dans l'air l'imprégnation de la cosmo-énergie de Simbad de Scylla... je continuais. Arrivé au niveau du pilier de l'Atlantique Nord je ressentis la présence du nouveau général du Dragon des mers, Fuhin, l'avait nommé Poséidon. C'est avec lui que je me rendrais sur les côtes de l'Europe de l'Ouest. J'étais tenté d'aller le voir de suite, mais ma mission première était de placer le traité en évidence dans le temple de Poséidon.

Enfin, j'y arrivais. Dans la première salle je constatais l'absence du porte armure de l'écaille du Dragon des mers, mais aussi celle du Kraken. Notre cap s'éveillait en même temps que notre dieu. Voilà qui était de bon augure. Je m'enfonçais plus avant dans le repaire divin et dans la salle du trône, sur l'un des murs latéraux, là où se trouvait déjà un petit mobilier, j'installais tout le nécessaire pour placer le traité en évidence, comme il se doit. Protégé du Seigneur des Eaux, le papier ne serait jamais atteint par l'humidité, ne pourrait être brûlé ni déchiré. Rien ne saurait entraver cette alliance, à part le comportement des hommes eux-mêmes. Nous pouvions créer beaucoup, et notre camp pourrait beaucoup gagner de ces échanges. Mais cela se ferait sur le long terme. Voilà, ma première mission au service de l'Empereur est achevée. Je me dois maintenant de retrouver Fuhin et... maintenant ? Non. Je ferme les yeux, inspire, écoute mon corps et mon état mental. Je suis épuisé. Il serait normal de prendre un peu de repos. Ai-je des descendants, des parents, quelque part ? Il faudrait voir cela plus tard. Pour l'heure, je vais me rendre dans les appartements officiels du général du Pilier central. Prendre un peu de repos, puis j'irai voir Fuhin.

Je me recule et me place au beau milieu de la vaste salle. D'ici, je fais face au Trône, et derrière lui, l'absence de mur me laisse apercevoir un ciel d'eau et le majestueux pilier central du royaume sous-marin. Ce pilier invincible tant qu'un seul pilier océanique est encore debout. Ce pilier qui peut supporter à lui tout seul le poids des sept océans et conserver malgré tout une résistance supérieure à celle d'un pilier classique. Ce pilier, c'était moi qui en était le protecteur. Je l'avais délaissé et pourtant, 400 ans après, il n'était jamais tombé, n'avait jamais été même attaqué, et son écaille m'avait attendu. Aujourd'hui, me revoilà. Je repris ma marche et me dirigeais maintenant vers le Main Breadwinner, dont l'habitation du général était non loin. J'imaginais déjà les nombreux souvenirs qui m’assailliraient en arrivant, et surtout le sommeil...

>>> Europe

Je rentrais enfin.
Avec Fuhin, nous avions parcouru les côtes de l'Europe de l'Ouest, prodiguant aide, soutien, mais aussi conseils, savoirs, et récoltant les textes affichant leur respect, remerciements et sympathie. Au total c'était plusieurs milliers d'émergés qui savaient dorénavant que Poséidon était un dieu vivant sur Terre. Avec nous, un papier recensant les noms des dirigeants de chaque ville prêts à jurer fidélité au Seigneur des mers afin de bénéficier de sa reconnaissance et de sa protection. Cette religion étrange qu'est le christianisme serait peut-être partiellement contré grâce à nos actes, au dragon des mers et à moi-même.

Ensemble, nous nous étions aussi entrainé, nous avions travailler ses pouvoirs mentaux et son élément cosmique principal. Et à présent, nous étions de retour en Eges. Arrivant dans le temple dédié à mon Seigneur Dieu, je constate ce que mon cosmos m'a déjà appris : Poséidon est absent. Tout comme Gastone, Liam, et Kaius, mon commandant de Glaucos. Dommage, j'aurai aimé le former. Ce sera pour une autre fois, dès son retour du domaine d'Arès où il avait été envoyé avec le Kraken. Les informations que j'avais à transmettre étaient trop importantes pour être partagées avec un serviteur lambda. Je me résignais donc à écrire un rapport à celui qui fut Simbad afin de l'informer des fruits de notre voyage.


A présent, et puisque notre mission, bien remplie, certes, avait été somme toute plutôt calme, je me décidais à ne pas attendre. Je proposais à Fuhin de 'accompagner en Atlantide afin de participer à la récupération de ce territoire, sans le forcer pour autant. La proposition était lancée, mais en-dehors d'une mission officielle exigée par Poséidon, rien ne nous forçait à agir en quoi que ce soit. Mon devoir me portait en Atlantide, cette terre sacrée qui représentait en notre temps actuel l'apogée passé de notre peuple. Je voulais la voir, le découvrir, et qui sait, peut-être trouverais-je des survivants ? Peut-être pourrons-nous à nouveau bénéficier d'un territoire terrestre bien à nous ? Si tél pouvait être le cas, nous serions assurément dans la phase montante. Après une longue lutte pour une survie précaire, le peuple égéen et atlante se retrouveraient, plus forts que jamais. Nous rencontrerions de nouvelles écailles.... Oui, je devais partir, et le plus tôt serait le mieux !

- Fuhin, je pars immédiatement pour l'Atlantide. Je te laisse agir à ta guise. M'accompagner maintenant, me rejoindre plus tard, ou bien partir pour une toute autre quête, suivre un entraînement solitaire... Aucune tâche n'est inutile, aussi, je comprendrais tout à fait que tu ne m'accompagnes pas. Disant cela, je tournais un instant mon regard vers le pilier central. Je souhaitais m'y rendre, m'y reposer, même quelques simples instants... mais non. Mon âme n'avait retrouvé sa vigueur que tout récemment. Ma sortie des enfers était récente. Il ne fallait donc pas que je me relâche. Je devais actuellement fuir l'inactivité, courir, aider, secourir. Tout, pourvu que je me sente utile ! Je pars de suite, frère d'écaille. Retrouvons-nous là-bas, ou plus tard, en Eges ! Et après avoir écouté sa réponse, je partis et courus jusqu'au mur d'eau divin qui protégeait Eges des flots, et je le franchis, direction l'Atlantide !

>>> Guerre des Dieux > Atlantide