Rhéa, Mère et Epouse[fini]

J'appartiens à la lignée des Titans, sur moi repose l'unité de notre fratrie, épouse de Cronos je suis la reine duCronos Labyrinthos. Ma mère Gaia a disparu de ce monde, elle repose ailleurs. Cela me rend triste. Mais je sais qu'elle est toujours présente, celle-ci est ancrée dans ce monde, elle en est la créatrice après tout. Cela me rassure de savoir que dans une simple fleur elle est belle et bien là. Je ne considère pas sa disparition comme un abandon, non, elle a toujours été la pour moi. Même si elle nous a trahi, mais je ne lui en veux pas. Cronos n'avait plus le sens des réalités. Lorsqu'il dévorait le fruit de mes entrailles, c'est vers Gaia que je m'en allais pour chercher du réconfort. Peut être qu'à l'époque si j'avais été plus forte et soutenue mon mari nous n'aurions pas connu la Titamonarchie et l'enfermement dans le Tartare. Cette guerre, où je fus déchirée entre deux, ma famille et mes enfants. Quel terrible dilemme, j'ai vécu à ce moment là. J'étais à la fois l'épouse aimante, la grande soeur tendre et la mère affectueuse. J'ai préféré ne faire aucun choix, je n'ai pas pus assumer mon double statut, celui de Titanide et mère des Olympiens.

Dans les bras de ma mère, j'ai pu trouver du réconfort, mais aucune solution. Et aujourd'hui, je n'en ai toujours pas trouvé. Pendant que mes enfants et mes frères se déchiraient, Gaia a eu le temps de me transmettre son savoir et sa sagesse. Je ne pouvais être qu'une élevée attentive devant la 1er déesse de ce monde. C'est ainsi que j'ai appris à manipuler l'eau, le feu, la terre, le vent et le métal. Gaia n'a pas fait cela par générosité, elle savait que son temps était fini. Elle a trouvé en moi, la parfaite héritière de son savoir et pouvoir. Surement parce que nous sommes similaires, mère et épouse à la fois, réunit dans le malheur incapable de faire face au déchirement d'une famille. C'est une situation misérable pour les êtres que nous sommes. Nous ne valons pas mieux que les humains finalement. La seule différence entre les dieux et les hommes, c'est que nos choix nous poursuivent pour l'éternité. Nous ne connaissons pas le sens du mot pardon. Les humains ont une vie bien courte et à leur mort, ils partent en enfers pour ensuite recommencer à nouveau. Je soupire de ne pas avoir cette chance. Oh, je ne cherche pas à attirer votre pitié, ni votre indulgence, évitez ce genre de sentiment avec moi, cela me dégoûte et m'insupporte au plus haut point.

J’ai adhéré aux principes de ma Mère et de sa loi suprême, celle de l’équilibre, celle que les dieux et les hommes ont mal comprise, mal interprété, ils l’appellent la loi du plus fort. Quelle misère !!! Pourtant je ne déteste pas l’humanité, au contraire, je souris devant la façon dont les hommes essayaient de survivre. Et quand aux dieux, mes enfants ou petits enfants, ils sont pathétiques dans leurs petites guerres pour imposer ce qu’ils croient être leur unique loi. Mais ils ont tous oublié l’unique loi, celle dont Gaia c’est servi pour construire cet univers et nous façonner.

Un bruit sourd me coupe dans mes pensées. Un bloc de verre vient de tomber. Ma prison se fracture de plus en plus. Enfermée dans un cercueil de verre, créé par Zeus, je suis au courant de ce qui se passe à l’extérieur grâce aux pouvoirs que j’ai acquis. L’information parcours ce monde dans les veines de la terre et viennent jusqu'à moi, il est très frustrant de voir le monde évoluer et de rester immobile, ne pouvant agir. Si je me concentre, je sens qu’elle va bientôt s’ouvrir totalement, Zeus n’est plus là. Les sceaux sont affaiblit et certains de mes frères et sœurs sont déjà de retour dans ce monde.

Lorsque les Titans ont perdu et se sont retrouvés ici, j’ai eu le choix. Zeus est venu me voir et a voulu me laisser ma liberté, car je n’avais pas participé au conflit. Je fus déçue par son attitude de vainqueur, arrogant et avare. De la façon dont il présentait les choses, on avait l’impression que j’étais sa débitrice, qu’il m’avait sauvé la vie et montrer la voix de la raison. C’est pour cela que je lui ai tenu tête et comme Gaia l’avait fait à Cronos, je l’ai maudit, un jour, lui aussi, sera détrôné de son royaume. Cela est arrivé.

Ainsi j’ai rejoint mes frères et sœurs, partageant leurs souffrances et leurs douleurs. Pour la première fois de ma vie de divinité, j’avais fait un choix et je l’assumais. J’avais serré les dents quand la prison se renfermait sur moi et lacerait ma chair. Un choix qui parait stupide pour certains, on disait que j’aurai dû rester en Haut et comploter pour sauver ma famille. Mais je ne suis pas ainsi, cela n’aurait pas été moi.

Je commence à intensifier ma force, faisant appeler aux pouvoirs de la terre. Le sol tremble, une tempête commence à se lever, le ciel gronde, et les éclairs déchirent les nuages. Du néant sort les créatures mythiques, que je peux appeler à moi. Je choisis l’Hydre de Lerne, se dressant devant ma prison, ces griffes commencent à lacérer les parois.

Alors qu’une aura rouge, violette entours mon corps, la prison se brise en mille morceaux, je reviens ici dans le chaos. L’hydre baisse ces multiples têtes devant moi, l’animal sait reconnaître son maitre. D’un geste de la main, tranchant l’air, l’harmonie revient aussi vite qu’elle avait disparu dans le Tartare, l’Hydre retourna dans le néant. Je respire à nouveau l’air, ah seigneur qu’il est bon de mouvoir son corps et sentir le vent dans ses cheveux. Je suis libre et belle et bien vivante. Je reviens pour imposer la Loi de Gaia, la seule et unique loi. Tremblez, mortel et dieux, durant ces siècles enfermés en moi à grandit une nouvelle force, qui peut enfin s’exprimer. Maintenant elle est prêtre à exploser et se répandre sur la terre. Tremblez, les années passées cloisonnées dans le Tartare m’ont permis d’apprendre des mes erreurs, finalement mon enchainement a été bénéfique.

Tremblez, car me voici, Rhéa, héritière du cosmos de Gaia, je suis à la fois mère et femme, la lumière et l’ombre, la puissance destructrice du chaos et le pouvoir créateur de la vie.
Je ne sais encore qu’elle sera exactement mon rôle. Mon unique chemin reste celui que ma mère m’a tracée. Retrouver l’équilibre de ce monde et le mien par la même occasion.