~ Un Nouvel Avénement ~

Un pied devant l’autre et avec la lenteur de celui qui profite de la sensation exquise des retrouvailles avec son foyer, Perséphone sourit en ressentant la froideur du marbre sous ses pas. Il lui était terriblement agréable de sentir à nouveau les odeurs enveloppantes du palais et d’entendre ces silences, les soupirs à la fois discrets et intenses des esprits ayant prêté allégeance à l’Empereur. Le portail sombre emmêlé de roses ébène se referma derrière la dernière amazone qui parvint dans la salle du trône, sans un bruit. Seul le froissement de leurs capes sur les dalles annonça leur présence, bien que rapidement elles aient été congédiées… Disparaissant à nouveau dans les détours des couloirs pour finalement se poster en sentinelle devant les différentes portes d’accès à cette salle, les guerrières ne contestèrent pas l’ordre, pas plus qu’elles ne dirent un seul mot. Nul besoin d’en rajouter ni même de se plier en mille courbettes, elles étaient les premières à avoir témoigné de la légitimité de la place qu’occupait Belhys, et elles n’avaient pour l’instant aucune raison de la mettre en doute. Il n’était pas dans leur nature de se révolter, mais plutôt de s’unir sous une même bannière pour peu qu’elle en soit jugée digne… Et cette question avait déjà été traitée sur le Mont Olympe.

Perséphone prit une grande inspiration et regarda alentours, constatant que la Guidecca n’était pas plus fréquentée que le reste des Enfers en ce moment. A part les défunts qui allaient en venaient en leurs supplices éternels aucun cosmos n’avait été détecté… du moins aucun parmi ceux qui s’étaient engagés dans cette campagne contre Poséidon. D’étranges pensées envahirent l’esprit de la suzeraine pendant un instant, mais rapidement elle les balaya. Il n’était pas bon d’envisager le pire, quand bien même cette idée était ridicule. Elle n’avait aucun doute, absolument aucun doute sur l’issue de la bataille. Les plus puissants parmi leurs rangs avaient pris le chemin du sanctuaire sous marin, et même Thanatos et les juges y participaient. Il n’y avait strictement aucune raison de s’inquiéter, et le faire constituerait une offense impardonnable envers le Sombre Monarque et ses capacités de jugement. Et pourtant… Et pourtant elle ne pouvait s’empêcher d’y penser encore et encore, corrodée par les fantômes sournois de l’appréhension et de l’angoisse. Ô comme elle comprenait les harassantes souffrances d’Andromaque attendant le retour de son époux parti au combat… Oui, elle ne pouvait que ressentir dans ses veines la même peur misérable et espérer sans cesse que jamais il ne rencontre son Achille. Déglutissant avec peine, Cora avança et foula de ses pieds nus la pierre froide, un frisson lui parcourant l’échine.

- Il vaut mieux ne pas remporter une victoire déshonorante que d'employer la haine et la force à faire chanceler la justice. – marmonna-t-elle sans presque sans rendre compte.

Ses yeux carmin se posèrent sur les lueurs pâles des torches, seule lumière fade à éclairer sa solitude. Le doppelganger semblait avoir à faire avec sa quête, et les autres spectres devaient vaquer à leurs occupations ça et là, aux quatre coins des Enfers ou du monde. Nul doute qu’ils n’avaient que faire de sa présence dans cette salle, d’autant plus que son cosmos quand bien même il avait changé depuis ses temps de veuve noire, n’était pas encore totalement celui de Perséphone. Il lui faudrait revoir Hadès pour cela, d’autant plus que malgré sa conscience d’être qui elle était, sa coexistence avec son hôte promettait d’être quelque peu… conflictuelle. Comment convaincre un être tel que cette guerrière maintes fois centenaire que nécessité faisait loi, et qu’en présence des deux athéniens elle avait du prendre le dessus sans prendre la peine de lui demander son avis ? Si la majorité des dieux pêchait pour son arrogance, la Chtonienne voulait qu’il en soit autrement dans son cas. Forcer la main à Belhys ne reviendrait qu’à une seule chose : être implantée dans un avatar fort physiquement mais bien trop fragile psychologiquement. Elle ne pouvait pas se permettre une telle faiblesse, surtout par les temps qui couraient, où les dieux risquaient à tout moment de sombrer dans la déchéance sans retour.

Approchant du trône de Pluton et effleurant son accoudoir du bout de ses doigts, elle ferma les yeux un instant, interdite de son propre acte. Ce même trône qu’elle avait déjà défendu pendant la bataille contre le Fléau était brûlant sous son toucher, et les glyphes qui parcouraient la pierre s’illuminèrent d’une pâle lueur violacée. Etait-ce une manière détournée pour cette partie de lui de la reconnaître, était-ce une façon qu’il avait de lui envoyer un signe ? Elle ne saurait le dire, elle ne l’oserait pas. Se détournant légèrement, elle jeta un bref coup d’œil à « son » propre trône, sans pour autant s’en approcher. Le temps n’était pas encore venu, et elle ne risquerait pas de se faire surprendre et accuser d’usurpation. Bientôt… Bientôt, se promit-elle.
Proserpine s’apprêtait déjà à faire demi-tour, lorsque finalement elle s’arrêta net. Une présence approchait du palais, et ce n’était visiblement pas quelqu’un qu’elle avait déjà rencontré. Cependant cette fois-ci il n’y avait nul doute possible, il s’agissait bien d’un de leurs enfants… Un nouveau spectre, probablement. Un sourire mélancolique mais sincère se dessina sur ses lèvres. Si le sapindus avait à nouveau fleuri, alors de nouveaux fruits venaient d’en découler. Ravie que son arbre sacré ait à nouveau donné naissance à des soldats méritants, elle se retourna pour regarder en direction des énormes portes. Qui que cela puisse bien être devrait passer par là… et cela n’allait sûrement pas tarder.

Theandras poussa les portes du château, les yeux pleins de curiosité. Elle sentait le marina tenter de l'en dissuader: il avit peur. Mais quelle pouille mouillée! Elle était un spectre, c'était chez elle, les Enfers, maintenant! Elle entra dans la grande salle sombre et entendit la porte se refermer derrière elle. Au bout de la salle, il y avait encore des marches, et en haut des marches, entre deux trônes, il y avait une femme qui regardait dans sa direction. Sans aucun doute, c'était bien celle qu'elle avait recherché pour faire connaissance. Les lèvres de la fillette affichèrent un grand sourire et elle s'approcha en commençant, toujours sans tenir compte de l'avi du marina, à parler avec entrain:

"Bonjour! Moi c'est Théandras! Theandras du Démon, de l'étoile Céleste de la Damnation! Et toi, c'est comment? Ils sont encore chez les frères du marina, les autres? Ils vont bientôt revenir? Pourquoi il y a personne ici? Ils sont vraiment tous là-bas?"

Le marina en question sursauta. Mais qu'est-ce qu'il pouvait être suceptible! Et puis elle était curieuse, elle avait envie de connaître les réponses à ses questions.
Ayant fini de gravir les marches qui l'avaient séparées de l'autre spectre, elle fixa sur elle ses yeux emplis de curiosité et de joie d'avoir trouvé quelqu'un à qui parler. Une légère crainte lui tordit alors un peu le ventre: et si elle n'était pas acceptée? si ça se passait comme à la surface? Elle n'avait pas envie qu'on recommence à lui jetter des pierres ou qu'on la poursuive parce qu'elle avait fait une bêtise. Après tout, tout le mond edevait savoir maîtriser le feu noir, ce "cosmos", ici, non? Alors il n'y avait pas de raison.

Si la demoiselle s’était effectivement attendue à voir quelqu’un passer ces portes, elle n’aurait tout de même pas imaginé que ce serait une fillette haute comme trois pommes qui le ferait. Ses prunelles écarlates la dévisagèrent de haut en bas sans hostilité, essayant de comprendre ce qui se passait là. Il fallait dire que depuis qu’elle avait remarqué la présence de personnalités insolites parmi leurs rangs, elle était devenue encore plus prudente concernant les jugements qui pouvaient être portés sur des inconnus. Rico et Kyrian n’étaient-ils pas la preuve que même les êtres à l’apparence la plus infantile pouvaient avoir un rôle prépondérant chez les spectres ? Et bien soit… Si Hadès avait choisi cette dénommée Théandras, cela signifiait qu’il y avait des raisons précises, quand bien même pour l’instant ces dernières lui demeuraient obscures. Souriant en se penchant légèrement en avant, l’Assassine lui sourit doucement. Sa voix douce retentit sur les dalles de pierre.

- Cela fait beaucoup de questions en bien peu de temps. Mais je vais te répondre… Disons pour faire simple que je suis Perséphone, fille de Déméter et épouse de notre sombre monarque, Hadès-sama.

Il était inutile de lui expliquer les tenants et aboutissants concernant sa complexe identité, cela ne ferait que l’embrouiller. De plus il n’était pas avantageux qu’elle soit au courant de tout cela étant donné que cela ne la regardait en rien. Pour son propre bien être il valait mieux qu’elle ne soit pas mêlée aux affaires des hautes sphères. Belhys soupira et descendit les quelques marches qui séparaient les trônes du reste de la salle, en contrebas et regarda vers la petite fille aux cheveux roses.

- La plupart des nôtres sont effectivement au royaume sous marin et j’ignore quand ils rentreront précisément. Cependant cela ne devrait plus tarder… Cela fait un moment qu’ils se sont absentés, et les Marinas ne sont pas de taille à nous tenir tête. Notre victoire n’est qu’une question de temps.

Belhys avait parlé d’une voix neutre et calme, où perçait presque un peu de douceur. Elle devait certainement être la seule personne, la seule divinité qui exhale un semblant de chaleur… Une chaleur prenante et enveloppante capable d’apaiser jusqu’aux âmes les plus meurtries. Le bruissement léger du tissu violacé de sa robe frôlant les marches se fit entendre, et ensuite elle s’approcha. Seule une légère tiare illuminait son interminable chevelure corbeau et signifiait son rang, car nulle autre parure luxueuse n’ornait sa tenue. C’était une reine dans sa simplicité, mais ce qui n’enlevait rien à sa dignité première.

- Et toi… Tu viens de t’éveiller n’est-ce pas ? Cela fait maintenant des siècles que je sers l’armée infernale et jamais je n’ai vu ton visage... Par conséquent j'en déduis que tu es une nouvelle arrivante. Hum... je suis intriguée par cette apparence si jeune. Ce n'est pas commun du tout quand bien même cela peut être un atout. Oh et puis j’aimerais savoir… pourquoi as-tu décidé de servir l’Empereur Hadès ?

La dame en haut des marches répondit calmement à Theandras, qui se sentit ses craintes s'éloigner immédiatement. Elle n'avait pas l'air agressive, on ne lui jetterait pas de pierres, ici, elle était bien là où elle aurait du être depuis sa naissance, aucun doute là-dessus.
Si elle ignorait parfaitement qui était Déméter, elle avait beaucoup entendu parler d'Hadès, celui à qui elle devait certainement d'avoir quitté le monde des humains pour pouvoir venir trouver sa place ici, parmi les spectres. Persephone devait tenir une place très importante, si elle était son épouse.
La déesse se rapprocha d'elle et prononça une autre phrase en réponse de laquelle le marina frissonna. Theandras l'ignora et afficha plutôt un grand sourire: peut être n'avait-elle rien fait pour, mais ceux qu'elle considerait déjà comme les siens sans jamais les avoir vu allaient bientôt revenir, vainqueurs.
Les paroles suivantes lui firent ouvrir des yeux ronds:

"Des siècles? Wow! Tu n'as pas l'air vieille, pourtant!"

Puis, ses sourcils se plissèrent, douteux:

"Je suis peut être jeune, mais pas petite, hein? Je suis une grande!"

Elle voulait que ce soit bien clair, dès le départ. Reprenant aussitôt son air enjoué, elle répondit aux question qu'on lui avait posées:

"Oui, j'suis toute nouvelle! C'est super, ici!Pas comme là haut! Euh… pouquoi j'ai décidé de servir l'Empereur Hadès? Ben… euh‹…"

Ça, pour une bonne question… Elle y reflechi quelques secondes avant de trouver la réponse, qu'elle connaissiat bien sûr depuis le début. Son visage s'éclaira à nouveau d'un éclatant sourire.

"C'est parce que c'est là qu'est ma place! Je veux dire… que j'ai sentit que c'était ici qu'il fallait que je sois, et pas ailleur. C'est vrai… j'ai toujours su que j'était différente des autres humains et quand le marina m'est tombé dessus et m'a raconté son histoire, j'ai tout de suite su ce que j'étais, ce que je devais devenir. Et puis c'est super, ici!… Et toi? C'est aussi pour ça que tu es ici? Pourquoi t'es pas allé avec les autres?"

Si la jeunesse apparente de la nouvelle arrivée la prédestinait logiquement à un tempérament aussi turbulent et imprévisible que Rico et Kyrian, au moins elle avait la décence de ne pas lui manquer de respect. Une bonne chose qu’au moins elle n’ignore pas les principes basiques de politesse… car il est vrai que si Perséphone était d’une nature placide, il était également avéré qu’elle ne supportait pas l’impertinence. Quoi qu’il en soit ici la question ne se posait pas encore, et c’était très bien comme cela.
Faisant face à cette petite, elle fut forcée de regarder en plongée afin de la fixer dans les yeux. Elle semblait heu… avoir quelques difficultés à trouver ses repères (ce qui en soit était plutôt normal), et puis elle avait un comportement plutôt conforme à son apparence. Une certaine naïveté se dégageait de ses paroles, et il semblerait qu’elle soit également à la recherche d’une certaine approbation. Il vaudrait mieux par conséquent qu’elle sache tout de suite se mettre sous les bonnes ailes si elle ne voulait pas écoper de la dure réalité des enfers… car la cruauté et la discipline imposée par les juges lui paraissait assez inadéquate à une enfant. Se gardant bien de l’appeler ainsi pour ne pas blesser son amour propre, elle lui répondit sans pour autant faire preuve de susceptibilité :

- Les apparences sont trompeuses surtout ici au Royaume souterrain. Il est vrai que la plupart des spectres est là depuis plusieurs années voir quelques décennies… cependant les plus forts d’entre nous sont des vétérans, des hommes et femmes qui ont joint notre cause il y a si longtemps que leurs époques sont désormais révolues. Je suis née à l’époque ou le monde était morcelé en royaumes gouvernés par rois et reines, à l’ère des chevaliers et des immenses forteresses qu’ils défendaient.

Elle lui parla en mots simples sans pour autant la prendre pour une idiote. Elle était jeune mais semblait futée… ce serait offensant de la traiter comme une moins que rien, et surtout ce serait le meilleur moyen de créer des tensions dont elle ne voulait pas. Perséphone avait jadis été une enfant… une jeune femme vibrante et pleine de vie qui profitait avant tout de la nature et de ce qu’elle avait à offrir. En conséquence elle avait vécu une bonne partie de sa vie divine en compagnie des nymphes, des satyres et autres esprits primordiaux, souvent d’une nature enfantine. Il ne devrait pas être trop complexe de trouver les mots et les attitudes qui lui permettraient d’instaurer un contact durable et sain…Elle sourit amusée à la remarque de Théandras, puis parla.

- Non tu n’es pas petite. Tu es seulement jeune et as besoin d’apprendre une série de choses. Mais tu as le temps… tu as l’éternité devant toi, aussi longtemps que tu demeures au service de sa majesté. Si tu sais choisir avec discernement, tu trouveras certainement un ancien disposé à devenir ton mentor.

C’était de l’ordre du possible, cependant il faudrait voir qui était disponible pour cette tâche. Kyrian était trop immature et encore en apprentissage si l’on peut dire… Kazuki n’était pas de confiance selon elle, et Alessio passait déjà une bonne partie de son temps à courir après Samaël. Cela laissait Belgarath comme option viable. Enfin… « viable ». Il n’accepterait jamais de prendre un débutant à charge, cela avait déjà été suffisamment difficile de le faire arrêter de mettre des coups de cane au Phoenix noir… Enfin on ne pouvait pas dire qu’ils étaient toujours gratuits mais qu’importe. Ce sujet serait certainement à traiter plus tard.
Lorsque Théandras tenta de répondre à sa dernière question, Perséphone posa sur elle ses prunelles perçantes. Elle avait quelque chose de doux mais d’une façon inexplicable elle dégageait aussi quelque chose de dangereux. Elle était comme l’eau qui dort… calme et sans vagues en temps normal… mais pouvant tout dévaster sur son passage en cas de tempête. Son cosmos était conséquent et encore ce dernier n’avait pas encore totalement acquis sa puissance réelle étant donnée sa toute récente prise de conscience. La Veuve Noire prenait un essor inespéré en devenant l’hôte de Perséphone, Dame des Enfers.

- Bien… Je suis ravie que tu aies enfin trouvé ta place. Sois la bienvenue parmi nous… J’espère que apprendras à ne faire qu’un avec ton surplis, et surtout que tu seras fière de défendre notre cause.

La déesse sourit puis réfléchit à ce que disait la jeune fille. Quelle était cette histoire de Marina ? Etait-il possible qu’elle ait rencontré un des guerriers de Poséidon avant d’arriver au palais ? C’était bien étrange et cela méritait quelques explications. Seulement il n’était pas question pour elle de sortir et se mettre à chasser les marinas parvenus en enfers… surtout qu’ils devaient être nombreux suite à la guerre sainte.

- Quel est ce marina dont tu sembles avoir fait la connaissance, peux-tu m’en dire davantage ? Viens… nous allons nous installer dans une autre salle où nous serons plus confortables. C’est bien trop solennel ici, et de plus cet endroit est réservé pour les grandes occasions et les réunions…

Perséphone sourit doucement et se dirigea vers de grandes portes de pierre, semblables à celles qu’avait traversées la jeune spectre mais menant à une autre aile du palais. Saluant à nouveau les amazones qui montaient la garde, elle prit les devants pour montrer le chemin. Après avoir traversé un long couloir elles arrivèrent enfin à une salle plus modeste et plus petite, bien qu’elle demeure relativement spacieuse. Une table semblait avoir été dressée pour elles, et de nombreux mets froids les y attendaient. Il y avait surtout des sucreries, dont des petits gâteaux secs de plusieurs origines, des desserts dont Belhys n’avait même jamais soupçonné l’existence, et bien sûr les talons d’Achille de l’ancienne veuve noire… du chocolat.
Prenant un siège parmi les différents disponibles, elle s’assit et piqua un carré de sa friandise préférée avec un petit air de quelqu’un qui s’adonne à un plaisir coupable. Invitant Théandras à prendre place, elle continua de discuter, espérant également que ce milieu propice à la confidence l’aiderait à comprendre ce qui se cachait dans la tête de la benjamine des 108 cauchemars humains.

- C’est un peu compliqué… Disons que j’ai il y a fort longtemps passé un marché avec Hadès. Il m’a aidé à accomplir mes projets, alors en échange je tiens ma part du contrat en le soutenant dans tout ce qu’il entreprend. Cependant tout comme toi je sais que les Enfers son ma seule demeure, hier, aujourd’hui et à jamais. Ils sont un royaume à part entière et ce n’est pas parce qu’il est moins lumineux et facile d’accès que les autres qu’il en est moins intéressant et profond. C’est une terre sous la terre, un monde à part que l’on doit défendre et préserver des intrus. C’est d’ailleurs pour cette raison que je suis restée, contrairement à la majorité des nôtres. J’ai la responsabilité de garder les lieux pour m’assurer que personne ne pourra profiter de leur absence pour nous prendre à revers. Je suis la seule apte à donner des ordres en l’absence de mon époux.

Elle prit une grande respiration puis jeta un regard vers le plafond. Un plafond magique en verre d’où l’on pouvait observer de multiples étoiles dans le ciel… 108 points brillants pour chacun des serviteurs qui avaient prêté allégeance à Pluton. Son regard se perdit sur deux d’entre elles qui brillant respectivement d’une lueur rougeâtre et pourpre semblaient tournoyer dans une valse silencieuse. Cet imbécile était toujours en vie. Tant mieux…

À l'aire des chevaliers et des immences forteresses qu'ils défendaient? Pour Theandras, cela faisait vraiment loin.

"Wow…" laissa-t-elle échapper.

Elle était rassurée de savoir que Persephone ne la prenait pas pour une petite. Elle acquiessa en écarquillant très légèrement les yeux: l'éternité… cela faisait vraiment très long! Sinon, elle voulait bien avoir un mentor. Ce serait toujours mieux que le marina! Elle était contente que ce dernier ne puisse pas lire dans ses pensées, elle ne voulait pas encore le sentir se tendre. C'était un peu crispant, des fois.
"Bienvenue"… Theandras afficha un grand sourire. On ne lui avait jamais dit cela, avant. Elle se sentait vraiment de mieux en mieux, ici.
Tout en suivant la déesse, la fillette parla du marina, qui se tendit (encore?).

"Ben le marina… je marchait dans les rues de la ville, après avoir fuit mon village, quand… ben… il m'est tombé dessus. Et il est encore là, d'ailleur! Il se tend tout le temps! C'est un vrai rabat-joie! C'est lui qui m'a dit que le feu noir, ça s'appelle le cosmos et qui m'a parlé des dieux. Il m'a dit qu'il était mort dans la guerre où les autres sont encore. Quand il m'a parlé des différents camps, je me suis tout de suite sentie proche des Enfers, mais lui, il voulait pas m'y emmener. Alors je lui ai dit que s'il m'y emmenait pas, je sauterai de la falaise, et il a accepté. Mais là, j'ai trouvé mon surplis. Il diffusait une jolie mélodie dans ma tête. Je l'ai suivie et je l'ai trouvé. Après, j'ai redemandé au marina de m'emmener ici. Il voulait toujours pas, mais comme il avait promis… et puis c'est lui qui m'a montré comment on trouvait les personnes avec leur cosmo-ennergie. Il semblait pas content — de toute façon il est jamais content — de m'avoir montré ça mais s'il voulait pas me montrer il n'avait qu'à pas le faire!"

Ayant fini son récit, la petite fille tourna la tête vers Persephone avant de se rendr ecompte qu'elles étaient arrivées. Elle regarda à l'interrieur de la salle et ses yeux s'agrandirent: une table bien garnie s'y trouvait. Mais parmis tous les mets qui s'y étalaient, un seul retint particulièrement son attention: du chocolat. Son visage se décomposa avant d'afficher un sourire particulièrement éblouissant: elle avait cru qu'elle ne pourrait pas en re-manger de si tôt. Poussant un petit cri de joie, elle se rua dessus, puis s'arrêta pile, à deux millimètre du met qui la faisait saliver: est-ce qu'elle avait le droit? Elle tourna un regard suppliant vers la déesse, ou plutôt vers l'endroit où elle s'était tenu un peu plus tôt: Persephone était déjà assise, en train de manger un bout de chocolat, l'invitant à s'asseoir. La petite ne se fit pas prier et, à peine assise, pris plusieur carrés de chocolat en même temps.

"Mmm… Ch'est bon!…"

Puis, se rendant compte qu'elle avait peut être oublié quelque chose:

"Merchi!"

Et elle se resservit, avant d'écouter l'explication de la déesse. Explication qui piqua encore sa curiosité.

"Mais à qui tu donnes des ordres s'il n'y a plus personne?"

On ne pouvait pas dire qu’ainsi assise - devant une table de banquet qui rendrait fou Tantale à cause de sa variété de succulentes sucreries – Perséphone ait vraiment l’air solennel. Rien n’y faisait, malgré son sérieux et la posture droite et respectueuse des règles de bienséance, en ce moment elle avait surtout l’air d’une femme tout ce qu’il y a de plus humaine… et un brin chaleureuse. Un adjectif qui d’ailleurs aurait tout bonnement horripilé Belhys, son hôte. Cette dernière était en effet plus connue pour son profond sadisme et son caractère glacial que pour sa sociabilité, bien qu’en fait elle ait été courtisane lors de sa vie passée. Enfin… pour le coup les deux âmes partageant cette enveloppe corporelle avaient le même faible pour les bonnes choses. Particulièrement celles mangeables. Souriant à l’onomatopée qui servait de commentaire, elle l’observa convoiter la nourriture du regard.

- Sers-toi, je ne t’ai pas emmenée ici pour t’imposer le jeun !

Quoi qu’il en soit le plaisir discret avec lequel elle savourait le chocolat ne l’empêchait pas d’écouter attentivement les paroles de la benjamine des spectres. Il était intéressant d’entendre son explication pour enfin comprendre ce qu’il s’était vraiment passé. Il était courant que les nouveaux éveillés soient perturbés par des visions causées par la confusion d’une nouvelle vie… Mais cela ne semblait pas être le cas ici. Théandras était certainement trop jeune pour s’adonner au mensonge, surtout que dans les circonstances actuelles elle n’avait pas de raison d’essayer de la berner. Sans même compter le fait qu’il était très dangereux d’essayer de lui mentir. Réfléchissant quelques instants, elle finit par dire :

- Encore là ? Tu veux dire que vous partagez le même corps ? Hum c’est bien qu’il ait au moins servi à t’apprendre certaines choses basiques, mais il serait plus prudent de faire confiance à l’un des nôtres pour cela. On ne sait jamais qu’il essaye de te convaincre de faire quelque chose contre ton gré. Tu devras être forte pour ne pas le laisser prendre le contrôle. Tu es prête à ça pour garder ton surplis ? Il y a certaines choses que tu dois savoir, alors si tu as des questions n’hésite pas. Tu peux également venir me trouver en ce sens plus tard, si tu veux. Si tu ne me vois pas, demande à l’une des amazones… tu sais une de ces treize grandes dames en armure qui gardent le palais. Elles sauront te dire où me trouver.

Perséphone était maintenant sérieuse, bien que son ton de voix soit toujours aussi calme. De fait elle n’était pas du tout rassurée par cette nouvelle, d’autant plus que cela comprenait certains risques. Avoir un Marina infiltré parmi leurs rangs, même sous cette forme où il était fort peu probable qu’il soit dangereux était problématique. Elle était assez bien placée pour savoir au combien la réincarnation et le partage d’un corps pouvaient être… conflictuels. D’ailleurs lorsqu’elle posa à nouveau ses yeux sur le visage quelque peu barbouillé de la jeune fille, elle eut du mal à garder son sérieux… Le Démon était plutôt drôle.

- De rien, tu peux manger autant que tu veux… C’est là pour ça après tout. – elle prit une pause, sourire aux lèvres. Puis elle fronça les sourcils, réfléchissant à la triste pertinence de ses paroles. Malgré le fait que nos effectifs soient grandement diminués en ce moment il y a un certain nombre de spectres sillonnant l’ombre, vérifiant que tout se passe bien dans les différentes prisons et bien sûr pas mal d’entre eux sont en mission à travers le monde, bien qu’ils ne participent pas nécessairement à la Guerre Sainte. Par ailleurs je suis étonnée que tu n’aies pas croisé Aak’ab du Doppelganger aux portes. Il en est peut être parti, ou bien il s’est encore exilé afin d’être seul… Il a une mission à accomplir.

Perséphone soupira puis elle se pencha vers Théandras et baissa le ton, comme pour lui faire une confidence.

- Tu sais j’ai besoin que tu gardes un secret, tu crois que tu peux faire ça pour moi ? En fait moi aussi je partage ce corps avec quelqu’un qui me parle. Son nom est Belhys, spectre de la Veuve Noire de l’étoile céleste du meurtre… Hum… et personne ne sait encore qu’elle abrite également mon esprit, celle de la déesse Perséphone, reine des enfers et tout comme ma mère, déesse de la fertilité et des récoltes. Alors s’il te plait ne le dis à personne… Fais comme si je n’étais qu’une spectre comme une autre, et surtout ignore les questions potentielles de nos semblables. J’ai besoin de me mettre d’accord avec Belhys avant que les autres ne sachent qui je suis.

C'était la première fois que Theandras demandait la permission avant de faire quelque chose — surtout s'il s'agissait de manger du chocolat — et elle s'en étonna légèrement. Tout en continuant de manger sa gourmandise préférée, elle hocha la tête: oui, le marina et elle étaient bien dans le même corps. Et, bien sûr, elle préférait demander à quelqu'un de moins rabat-joie que lui si elle avait des questions. Avec lui, c'était toujours les grognements et les tentions… c'était un peu crispant, pas drôle du tout. Toutefois, en entendant la suite, elle arrêta immédiatement sa mastication et regarda Perséphone avec des yeux ronds. Le marina? La forcer à faire quelque chose? C'était possible, ça? Elle attendit que la déesse ait terminé, puis lui rapporta son étonnement a^rès avoir avalé son morceau de chocolat:

"Pourquoi le marina il m'imposerait de faire quelque chose? Il est peut être ici, mais pour le moment, c'est moi qui ait le total contrôle de mon corps… tu crois vraiment que ça peut changer? Moi je pense pas. Il est un peu ennervant, c'est vrai, mais il serait absolument incapable de faire du mal à une mouche, ça c'est sûr… et vu comment il est futé, j'aurait déjà le même âge que toi quand il saura comment il pourrait prendre le contrôle de mon corps, et moi je pourrait largement l'en empêcher! En tout cas, c'est sûr que je peux garder mon surplis parce que c'est sûr que je suis plus forte que lui, en tout cas mentalement, et c'est de ça qu'il s'agit, non? Comment je pourrais être moins forte que quelqu'un qui a peur de l'endroit où il se trouve? Et puis, bien sûr, pour les question, je préfère que ce soit toi qui répondes plutôt que lui!"

Elle sentit le marina se renfrogner. Mais qu'est-ce qu'il pouvait être succeptible!
C'était vrai? Elle pouvait vraiment manger autant qu'elle voulait? Son sourire revint immédiatement et elle se resservit encore de chocolats et de biscuits (mais plus du premier met, quand même). Réagissant à ce que venait de dira Perséphone, un biscuit dans une main, un chocolat dans l'autre, et la bouche pleine, elle s'exclama:

"Wow! Y'en a encore ichi, y'en a chez le marina et y'en a dans le rechte du monde! Y'a vraiment beaucoup de chpectres alors! On est combien? Et non, j'ai pas croijé… euh… comment il ch'appelle déjà? Aka de euh… D'openger?"

La petite fille trouvait ce nom variment étrange. Elle fini d'avaller ce qu'elle avait dans la bouche.

"Tout le monde a une mission? J'en aurais une, aussi? Ce sera quoi, comme mission?"

Après avoir avalé le chocolat, elle en repris d'autres et ouvrit bien grand ses oreilles: un secret? Chouette, on lui avait jamais dit de secret! Celui-là la rendit toutefois un peu confuse: elle avait bien compris que Perséphone partageait son corps avec cette Belhys comme elle partageait son propre corps avec le marina, elle avait bien compris que la déesse ne voulait pas qu'elle le dise, mais alors le reste…

"Mais alors… si tu veux pas qu'on le sache, je dois t'appeller Belhys ou Perséphone? Et pourquoi tu dois te mettre d'accord avec elle? C'est pas de toi qu'il s'agit? Enfin… je veux bien ne pas répondre aux questions des autres si tu veux mais ça m'étonnerait qu'ils m'en posent puisque je viens d'arriver c'est plutôt moi qui vais leur en poser, j'ai envie envie de connaître tout le monde!"

Miam… plutôt bons ses petits biscuits… elle en repris encore.

Macaria était dans sa chambre en train de regarder le plafond lorsqu'elle se rendit compte qu'elle ne faisait pas vraiment quelque chose. Elle avait envie de se rendre utile une fois dans sa vie mais à vrai dire, elle ne trouvait pas d'occupations. C'est là que le cosmos de spectres assez puissants se firent sentir au loin. D'après l'intensité ils devaient se trouver dans le palais de son père. Peut-être pourrait-elle aller saluer leurs émetteurs ? Au moins elle se serait baladée un peu et elle aurait vu du monde. La déesse de la mort heureuse, sous le physique de Maquia se leva de son lit et sortit dans le somptueux paysage qu'offrait les Jardins d'Elysion. Il y avait une immense étendue d'herbe verte où poussaient sereinement des parterres de fleurs colorées. Leur parfum se diffusait dans l'espace grâce à une brise légère tandis que les oiseaux de temps à autre, laissant entendre leur chants majestueux à la demoiselle. C'était vraiment magnifique et Macaria était contente que seuls les Dieux pouvaient jouir du paradis dans le sombre royaume d'hadès...

Mais le paradis des Enfers allait bientôt laisser place a la véritable nature des lieux. Macaria avait produit un espace dimensionnel afin de pouvoir traverser le chemin qui séparait Elysion du Royaume de son Père. Elle arriva ainsi devant le tristement célèbre Mur des Lamentations. Un escaliers descendait vers la salle dédiée à la prêtresse de son géniteur. Macaria les emprunta donc avant de déboucher dans la plus grande salle du lieu. Il y avait trois énormes trône, sans doute là afin de recevoir Hadès, sa femme et sa représentante. En parlant de cela, la déesse de la mort heureuse venait de se rendre compte qu'elle n'avait plus vraiment aperçut Pandore aux Enfers. Peut-être était-elle en mission où quelque chose qui expliquerait son absence. Bah, de toute façon Hadès était là lui aussi, ainsi que Perséphone pour veiller sur les Enfers. Pas besoin d'une prêtresse, même si avoir de plus en plus de sujets était une bonne chose.

Dans le palais se trouvait les appartements de certaines entités. Perséphone y vivait quelques fois, au même titre que sa fille. Lorsqu'elle entra dans celui qui abritait une sorte de salon, elle y trouva une bien étrange femme attablée avec une gamine. La femme portait une robe assez belle. Macaria leva un sourcil de surprise. Elle ne s'attendait pas vraiment à trouver Perséphone hôte d'un autre corps. M'enfin, la jeune fille ne dit rien étant donné qu'elle était dans le même cas. Ben oui, après toutes ces années la déesse de la mort avait gardé le coeur de son hôte, gardant ainsi son âme en elle également. C'était une sorte de fusion non complétée qui liait l'âme de Macaria au coeur de la douce et gentille Maquia. La gamine aux côté de Mère se trouvait être une sacrée gourmande. La bouche à moitié pleine de biscuits et de chocolat elle répondait à la femme d'Hadès.


"Mais alors… si tu veux pas qu'on le sache, je dois t'appeler Belhys ou Perséphone? Et pourquoi tu dois te mettre d'accord avec elle? C'est pas de toi qu'il s'agit? Enfin… je veux bien ne pas répondre aux questions des autres si tu veux mais ça m'étonnerait qu'ils m'en posent puisque je viens d'arriver c'est plutôt moi qui vais leur en poser, j'ai envie envie de connaître tout le monde!"

Plutôt bavarde, la petite. Et d'après ce qu'elle répondait l'âme de la mère de Macaria se trouvait être dans cette femme. Sans le savoir la jeune fille avait répondu à l'une des question que se posait la déesse de la mort. Nommer son interlocutrice par Belhys où Perséphone ? Si cette dernière voulait rester discrète, peut-être pouvait-elle garder l'identité du spectre dans lequel elle restait. Peut-être était-il temps pour la demoiselle de se faire voir. Après tout cela faisait pas mal de temps qu'elle n'était plus venue ici...

"- Salutation, jeunes spectres..."

commença Macaria en sortant de l'ombre. Comme elle venait en ces lieux avec son cosmos caché, personne ne l'avait sentie pénétrer en ces lieux. La jeune déesse était comme la mort, son attribut. Elle venait silencieusement, attendait avant de venir prendre une âme et s'en aller...

"..."

Le regard de Macaria était neutre, tandis qu'elle s'approchait de la table pour prendre elle-même un carré de chocolat. Heureusement qu'elle était venue à ce moment là, il n'y en avait presque plus. Ensuite elle tira une des chaises et s'y assit d'un air nonchalant. Reportant ensuite son attention sur les deux femmes, elle reprit la parole.

"- Et moi, dois-je te considérer comme ma mère où dois-je te prendre comme un protecteur d'Hadès ?"

Ce n'était vraiment une demande sarcastique, seulement le fait que Macaria trouvait cela bizarre que Perséphone ne ceuille se dévoiler Mais bon, elle faisait ce qu'elle voulait mais l'impression que la petite fille laissait à la déesse de la mort n'était pas très bonne. Il faudrait qu'elle apprenne à parler moins fort et beaucoup moins... C'est à ce moment là qu'un nouveau cosmos se fit sentir depuis un obscur endroit.

La réponse de Théandras ne l’étonna pas plus que ça, mais elle ne s’avérait pas terriblement rassurante non plus. Il fallait qu’elle lui fasse prendre conscience de la menace, parce que contrairement à la petite fille, elle n’était pas satisfaite par des affirmations concernant les « bonnes intentions » de celui qui partageait son corps. Elle fronça donc les sourcils pensivement, essayant de trouver les bons mots pour lui expliquer la raison des précautions qu’elle désirait lui inculquer.

- Contrairement à toi j’ignore ce dont il est question, j’ignore à quoi il ressemble et de quelle nature il est fait. Par conséquent oui j’aimerais que tu restes sur tes gardes, n’oublie pas qu’il a tout de même été un ennemi que l’un des nôtres a vaincu. Il se peut très bien qu’il essaye de profiter de toi pour s’immiscer ici et gagner la confiance, finissant par te montrer ses vraies intentions une fois qu’il sera trop tard. Tu sais… Même les âmes les plus pures peuvent être dévorées par la rancune… J’ignore lequel de vous deux est le plus fort, cependant garder les yeux bien ouverts ne peut t’être que bénéfique.

L’expression de Proserpine se referma progressivement, malgré le fait que voir une enfant à sa table en train de prendre plaisir à se goinfrer puisse être une vision cocasse. Une certaine mélancolie se lisait dans ses yeux, bien plus forte que précédemment… profonde et inextricable, autant qu’il était difficile d’y trouver une seule explication claire. Son regard se perdit temporairement dans le vide, tandis que les paroles de la jeune spectre lui parvenaient sans forcément obtenir de réponse immédiate. Elle avait senti une énergie nouvelle faire irruption aux enfers… une présence à la fois familière et étrangère. Se pouvait-il que… Qu’elle soit revenue ? Sa seule éternelle amie, la seule qui ne l’avait jamais abandonnée… Morrigan.
Revenant soudainement à la réalité par une énième question qui lui fut posée, elle répondit calmement et sans perdre patience, toujours aussi bas afin qu’elle seule l’entende :

- Oui tu en auras certainement le moment venu, mais pour l’instant j’ai juste besoin que tu saches garder ce secret. Je n’ai pas besoin que cela s’ébruite pour l’instant. Le moment viendra bien assez tôt. Appelle-moi Belhys… Belhys de la Veuve Noire. Tu me traiteras comme ton égale bien que tu ne doives pas oublier que je suis ton aînée. Si jamais elle revient à la surface elle sera certainement bien plus silencieuse et susceptible, il ne faut pas s’en offusquer… Elle est dangereuse mais juste.

Cora se tint désormais plus droite et cessa de manger, ne touchant plus du tout aux divers mets qui comme par magie réapparaissaient au fur et à mesure qu’ils étaient engloutis par la fillette. Il fallait dire que le doute corrodait désormais les veines empoisonnées de la demoiselle, lui coupant net l’appétit pourtant réputé vorace. Entre la potentielle présence de ce qui semblait être un fantôme revenant du passé et une douce odeur qui indiquait une autre personne dans la pièce, elle ne savait pas quel bout prendre ce problème. Les sens aiguisés de ce corps avaient en effet annoncé ce que l’absence de bruit avait dissimulé… mais serait-ce assez pour sauver la tranquillité qui était fragilement maintenue par l’ignorance générale à son sujet ? Elle en doutait maintenant.
Lorsqu’une douce voix s’éleva en une salutation, comme pour confirmer ses soupçons, son sang se glaça. Encore une fois les Parques semblaient s’acharner. Pourquoi avait-il fallu que quelqu’un vienne en cet instant, et qui plus est… Macaria… ? Même Belhys qui commençait doucement à s’éveiller de la torpeur dans laquelle l’avait subitement plongée Perséphone avait juré en son for intérieur. Son regard se fit triste mais se dressa dans sa direction, dénué de lâcheté. Elle ne devait pas montrer de honte… Non il ne fallait pas. A prix d’un grand effort elle parvint à se l’interdire pour l’instant.

- Macaria…

Sa voix n’était qu’un murmure douloureux, un soupir presque éteint. Elle avait depuis longtemps perdu l’espoir de retrouver sa fille unique… Car jamais depuis que ses incarnations ne s’étaient succédées elle n’avait pu connaître ce bonheur. Pourtant en écoutant les paroles simples mais lui paraissant acides de sa progéniture, elle posa ses prunelles sanguines sur son faciès délicat et lui répondit d’un ton tout aussi neutre.

- Mon secret n’a rien d’honteux. Il est seulement préférable de ne pas l’éventer à des oreilles malveillantes tant que le moment ne sera pas venu… Et puis toi qui devrais avoir hérité du sens de la justice de ton père tu ne devrais pas juger une âme selon son enveloppe charnelle… ni même selon son âge. Après tout tu es encore jeune toi aussi et aussi loin que je me souvienne tu n’aimes pas non plus que l’on te sous-estime.

Perséphone avait un air à la fois grave et détendu, bien que de fait elle soit peu à l’aise dans le rôle qui était légitimement le sien. Cela ne lui plaisait clairement pas de devoir assumer les lourdes responsabilités reliées à son règne, quand bien même elle était largement apte à le faire. De fait le problème ne résidait absolument pas dans les capacités à diriger, mais bien dans la possibilité d’être accusée d’usurpation. Elle était bien la dernière à vouloir commettre un tel sacrilège, que ce soit volontaire ou non. Et à vrai dire depuis qu’elle avait du protéger les Enfers des yeux et oreilles indiscrets des athéniens en prenant les devants, elle ne faisait qu’espérer que son ép… Qu’Hadès saurait lui pardonner.
Respirant profondément comme pour calmer ses battements cardiaques, elle regarda quelques instants vers la porte, se demandant si cette présence qu’elle avait décelée compter les rejoindre également. Si c’était le cas elle serait à nouveau dans un pétrin sans nom… Coincée entre cette surprenante jeune fille aux cheveux roses et les remarques perçantes de Macaria. Le moins que l’on puisse dire c’était qu’elle n’avait pas un seul instant de répit depuis le début de la Guerre sainte. « Je parie qu’ils s’ennuient largement plus que nous… » Ce fut le commentaire mordant et cynique de la Veuve Noire qui résonna dans son esprit… Ce qui n’était pas bon signe. Si elle était capable de reprendre sa verve habituelle, alors il était probable qu’elle n’arriverait pas à la refouler bien longtemps… Pas avec ses pouvoirs amoindris comme ils l’étaient en tout cas.
S’adressant à la Mort Heureuse avec un brin d’empressement, elle essaya de lui dire ce qui lui semblait urgent avant qu’elle n’en ait plus l’occasion. Elle lui parla donc par télépathie, tenant à garder un minimum d’intimité :

~Je... Ne te forcerai pas à m'appeler Mère si tel n'est pas ton désir, cependant oui... Je suis bien celle que tu crois. J'ai seulement besoin d'un peu de temps avant de le faire savoir aux spectres qui ont combattu à mes côtés depuis tant de temps. Ils ne seront pas prêts à l'accepter d'entrée de jeu, et je pense que l'un d'eux essayera d'attenter à ma vie si jamais il suspecte la vérité.~

Son ton n'était pas inquiet mais plutôt froid quand elle avait mentionné ce danger. A ses yeux elle énonçait des faits et non simplement des vagues suppositions... Cependant et sans même qu'elle s'en rende compte sa voix se fit berçante et réconfortante lorsqu'elle changea de sujet pour en venir à ce qui lui importait vraiment.

~Je suis contente de voir que tu as enfin réussi à trouver un hôte digne de ce nom. Cela fait des siècles que je t’attendais… Des siècles que je n’ai pas connu la satisfaction de pouvoir contempler les traits du fruit de mes entrailles. Je te serrerais bien contre mon cœur, mais je crains que tu n’en veuilles pas… alors je t’épargnerai de ces élans affectifs que tu jugeras sans nul doute superflus et absurdes.~

Retenant sa respiration elle ne bougea pas un muscle. Elle se sentait un peu comme un condamné qui sait qu’il ne lui reste plus longtemps à vivre. Et quand bien même cette métaphore était un peu exagérée, on ne pouvait pas vraiment dire qu’elle soit fausse. Si Belhys prenait le dessus et se rendait compte que son corps avait été emprunté sans aucun préavis ni autorisation, elle ne le lui pardonnerait pas, ce qui rendrait son équilibre mental très instable. Elle avait bafoué ce que la Veuve Noire avait de plus cher, à savoir sa liberté… et elle devrait en payer le prix elle en était consciente. Il ne restait plus qu’à découvrir quel était ce lourd tribut…

Perséphone ne connaissait pas le marina. Theandras acquiessa toutefois à toutes ses recommandations, au grand dépis de l'autre esprit: elle le surveillerait, cela ne voulait pas dire qu'elle ferait plus attention à lui ou à ce qu'il disait.
Pour le moment, sa mission, c'était de garder le secret? Très bien, cela lui convenait parfaitement. Elle ferait bien attention de ne pas le trahir. Cependant, il faudrait la déesse Belhys… comme depuis e début, ça avait été "Perséphone", ça allait être dûr de changer… concentrée, elle se répéta plusieur fois le nouveau nom dans sa tête. Pas question qu'elle l'oublie! Ainsi, l'autre esprit pouvait remonter à la surface? Elle espéra que ce ne serait pas vraiment le cas avec le marina parce que sinon elle allait vraiment beaucoup s'ennuyer. Et puis Perséphone… euh… Belhys lui avait demandé de faire en sorte que le marina ne prenne pas le contrôle, alors il fallait pas que ça arrive. "Dangereuse mais juste"… qu'est-ce que ça pouvait bien vouloir dire? Elle n'eut pas le loisir de poser la question car à ce moment-là une autre personne fit son apparition. Aussitôt, la petite se concentra pour sentir son cosmos… et fronça les sourcils en se rendant compte qu'elle ne le sentait pas. Par contre, en regardant un peu plus loin, elle en sentit un autre. Peut être que le cosmos ne vous suivait pas partout… enfin pas frocément…

"Bonjour! Moi, c'est Theandras! Theandras du Démon de l'étoile Céleste de la damnation! Et toi comment tu t'appelles? Et pourquoi ton cosmos il est là-bas et pas ici? Comment tu fais?"

Soudain, elle ouvrit de grands yeux, se tournant tour à tour vers Belhys et la nouvelle arrivante… comment elle l'avait appellée, Belhys? Marcaria? Mère et fille… cela lui rappella ses propres relations avec sa mère… elle espérait que ça se passait un peu mieux que ça entre les deux personnes présentes.
Suivant la conversation, elle soupsonna qu'on parlait d'elle et ajouta timidement:

"J'ai dix ans… je suis une grande…"

La timidité… c'était un nouveau sentiment, ça. Jamais ressentie auparavent. La petite fille trouvait que l'ambiance était tombée un peu bas, c'était… tendu. Et elle ne se l'expliquait pas. Un peu comme quand elle écoutait le marina, d'ailleur. Elle aimait pas ça. Regardant un instant les chocolats dans le plats, elle renonça à contrecoeur à les dévorrer et préféra tenter quelque chose pour détendre l'athmosphère… mais que faire? Elle s'amusait beaucoup toute seule ou au dépend des autres mais ignorait totalement comment on faisait rire les autres.
Bon, tant pis. Ça ne les ferait pas rire, c'était pas drôle, mais peut être que cela rendrait l'ambiance un peu plus supportable… même si les deux autres personnes présentes avaient tout ce qu'elles voulaient à porté de la main, elle devait tenter quelque chose. Après tout, qui pouvait résister au pouvoir des chocolats? Après en avoir pris un, elle tendit le plat vers Marcaria avec un grand sourire:

"Tiens… si tu en veux encore…"

Ensuite, elle se tourna vers Belhys avec la même proposition.

"Bonjour! Moi, c'est Theandras! Theandras du Démon de l'étoile Céleste de la damnation! Et toi comment tu t'appelles? Et pourquoi ton cosmos il est là-bas et pas ici? Comment tu fais?"

Macaria resta interdite devant l'entrain de la jeune fille. Une étoile céleste... Elle devait avoir du potentiel pour être reconnue comme spectre de deuxième rang. Remarque que ce n'est pas plus mal d'avoir de bon éléments, et surtout si jeunes. Elle pourrait faire de grande choses, lorsqu'elle aura gagner de l'expérience en tant que serviteurs d'Hadès. Cette dernière avait alors poser plusieurs questions à la fois, ce qui déstabilisa quelque peu la déesse de la mort. Heureusement pour elle la gamine avait marqué un temps d'arrêt, sans doute pour reprendre son souffle.

"- Holà, moins vite, moins vite !"

La demande était pour ne pas être déroutée par le débit fort rapide de l'étoile de la damnation. Une fois que cette dernière eut comprit, Maquia se vit donc dans l'obligation de continuer. "j'te laisse répondre..." avait dit Macaria en laissant son hôte complètement démunie...

"- Je... Je suis Macaria. Ravie de te connaître."

La réponse était courte, mais elle avait répondu, c'était déjà bien. Macaria s'était assise avec les deux femmes avant de prendre un carré de chocolat. Elle le fit tourner entre les doigts avant de croquer un bout. Elle se souvint alors qu'elle n'avait pas vraiment répondu aux dernières questions de la petite aux cheveux rosés.

"- Comment je fais quoi?"

Elle ouvrit de grands yeux. Macaria n'avait pas vraiment comprit où voulait en venir son interlocutrice. Son cosmos se trouverait en deux endroits ? Absurde. Son énergie venait simplement de se manifester maintenant. Théandras devait sans doutes vouloir parler de cet étrange cosmos que l'on sentait pas très loin. Macaria venait de parler à sa mère, et celle-ci prit la parole par télépathie. Sa fille fut légèrement surprise mais elle n'en laissa rien transparaître. Etre la déesse de la mort avait ses bons côtés, comme elle ne montrait rien de ce qu'elle ressentait, il était difficile de savoir ses émotions.

~ Je... Ne te forcerai pas à m'appeler Mère si tel n'est pas ton désir, cependant oui... Je suis bien celle que tu crois. J'ai seulement besoin d'un peu de temps avant de le faire savoir aux spectres qui ont combattu à mes côtés depuis tant de temps. Ils ne seront pas prêts à l'accepter d'entrée de jeu, et je pense que l'un d'eux essayera d'attenter à ma vie si jamais il suspecte la vérité.~

Le ton suppliant de Perséphone conforma sa fille à la comprendre. Elle n'était pas vraiment prête à l'avouer aux anciens amis de son corps d'emprunt. Cela dit, la vérité se fera sans doutes savoir un jours et peut-être cela serait pire. Quant à la possibilité de se faire attaquer, elle n'est pas exclure bien que Macaria serait prête à l'aider en cas de besoin contre les agresseurs. La déesse de la mort comprenait parfaitement la position de sa mère actuellement, aussi elle se contenta de laisser un blanc, histoire que Perséphone sache qu'elle avait parfaitement comprit.

~ T'inquiète. Je saurais comment je devrais t'appeler le moment venu.~

La réponse se voulait réconfortante. Ben oui, pour que sa "mère" sache que sa chère fille attendra le temps qu'il faut afin qu'elle dévoile son identité aux autres spectres. De toute façon, il n'y avait que cela à faire. Perséphone reprit alors la conversation mentale.

~Je suis contente de voir que tu as enfin réussi à trouver un hôte digne de ce nom. Cela fait des siècles que je t’attendais… Des siècles que je n’ai pas connu la satisfaction de pouvoir contempler les traits du fruit de mes entrailles. Je te serrerais bien contre mon cœur, mais je crains que tu n’en veuilles pas… alors je t’épargnerai de ces élans affectifs que tu jugeras sans nul doute superflus et absurdes.~

Macaria sourit intérieurement. C'est vrai que son hôte était assez utile, sauf lorsqu'elle voulait absolument prendre le contrôle des opérations. Mais la déesse ne laissait pas faire le coeur de son enveloppe charnelle. Si c'était le cas, bientôt elle deviendrait folle. Ce n'est jamais une bonne chose d'abriter deux entités dans un même corps. Regardez donc les trois filles...

~Ce serait mal venu de montrer des signes maternel avec moi, surtout que tu as peur pour ta vie... Mais je suis prête à t'aider si jamais tu es dans la merde. Après tout, tu es celle qui m'a mise au monde, je te dois bien cela. ~

Macaria finit son morceaux de chocolat avant de regarder dans la direction de la porte. Elle n'aimait pas vraiment ce cosmos solitaire et craignait qu'il ne se passe quelque chose. "Il n'y a rien" disait Maquia dans son coeur. Mais la déesse n'était pas vraiment de cet avis. Il faudrait peut-être aller chercher le propriétaire de cette énergie...

"J'ai dix ans… je suis une grande…"

Silence. Non pas un blanc pour signifier que l'on s'en foutait, juste un long silence de surprise. Macaria, perdue dans ses pensées, avait complètement oublié la présence de la petite fille. Elle avait dix ans... Et était déjà une grande ? Cette phrase fit sourire la jeune femme. A vrai dire, à son âge elle était pareille. On se croit toujours grand mais en fait on est bien petit dans ce monde... Même dans les Enfers. Le spectre de la damnation se perdit elle aussi dans ses pensées, fixant le bol de chocolats d'un regard songeur. Macaria ne s'en occupa pas vraiment, jusqu'au moment où...

"Tiens… si tu en veux encore…"

Nouvelle surprise pour Macaria. Cette dernière ne s'attendait pas vraiment à ce qu'on lui propose quelque chose, et encore moins le propre plateau de chocolat. C'était si gentil que la demoiselle sourit à Theandras. C'était un joli sourire, digne de Maquia. "Elle te propose gentiment du chocolat, tu ne va pas refuser ?" avait-elle dit avant de prendre le contrôle. La déesse de la mort heureuse l'avait laissée faire. Après tout c'était elle qui était la plus forte, elle pourrait aisément reprendre le contrôle du corps quand bon lui semblera.

"- Ha ? Heu, merci..."

Les yeux de la demoiselle qui étaient devenu bleus-gris redevinrent noir comme l'encre. Cela prouvait aisément que la déesse venait de prendre le contrôle. Macaria soupira alors en fixant son bout de chocolat. Elle le mordit tandis que le spectre de la damnation reformulait sa proposition mais à Belhys - ou Perséphone - cette fois. Quant au cosmos inconnu... Peyt-être allait-il enfin entrer dans le palais d'Hadès...

Pour la deuxième fois en peu de temps, Aak'ab se retrouvait aux portes du palais d'Hadès. Il ne comptait pas se perdre cette fois-ci car il connaissait maintenant les lieux et savait précisément ce qu'il recherchait ou tout du moins, qui il recherchait.

La proposition que lui avait faite Belhys tombait à point nommé. Il fallait absolument qu'il se rende en Elysion afin de boire une goutte de la fontaine de jouvence. Selon l'ancienne prêtresse, cela devait lui permettre de reprendre totalement controle de son corps et de son esprit et pouvoir enfin servir Hadès comme il se devait.

Aak'ab poussa l'énorme porte et pénétra dans le hall. Immédiatement, les amazones, farouches gardiennes du palais de sa Seigneurie, apparurent, armées, prêt à se battre. Elles baissèrent immédiatement les armes lorsqu'elles reconnurent Aak'ab, ou tout du moins la cape qu'il portait afin de protéger son visage et son corps de la vue d'autrui.

La première d'entre elles lui indiqua d'un signe de tête la salle se trouvant au bout du hall. Seule la lueur des yeux du spectre bougea afin de remercier l'amazone. Elles disparurent ensuite, retournant à leurs occupations et prêt à surgir à nouveau à la prochaine incursion dans le palais.

Aak'ab marcha d'un pas rapide en direction de la salle précédemment indiqué et pénétra dans celle-ci sans ralentir. Il n'observa même pas la décoration des lieux, ni les personnes présentes dans les lieux. Il s'avança droit en direction d'une table où se trouvait un calice.

Après l'avoir récupéré, il s'avança vers Belhys et arrivé à sa hauteur, il mit un genou à terre et posa le calice devant elle. Les personnes dans la salle allait pouvoir voir un étrange rituel qu'aucun d'entre eux ne pouvait comprendre pour l'instant hormis l'instigatrice première, Belhys.

De sous sa cape, le doppelgänger sortit un couteau aiguisé comme un rasoir qu'il apposa sur sa main, lame contre sa peau. D'un mouvement sec, il s'ouvrit la paume de la main afin de laisser couler un peu de sang dans le calice.

Aak'ab nettoya le couteau contre la cape et le rangea là où il l'avait pris. Se souvenant des techniques de Kyrian et de comment il maitrisait le feu, Aak'ab concentra son cosmos dans un doigt de sa main non blessée et fit apparaitre une petite flamme. Il passa son doigt enflammé le long de l'entaille qu'il s'était faite afin de cautériser la plaie.

Ceci fait, il prit le calice de ses deux mains et le leva en direction de Belhys, attendant sa réaction.

[HRP : pour ceux que je n'ai encore jamais rencontré, je vous tiens au courant car je ne l'ai pas forcément marqué, mais mon armure, mon visage etc... tout est caché par la cape que Kyrian m'a prêté. La seule chose visible est la lueure rouge là où se trouve les yeux d'Aak'ab. fin HRP]

Pénétrant le palais au côté de mon loup, je dépasse les énormes portes de l'entrée, je me laisse surprendre à m'attarder sur le décor autour de moi, laissant mon regard évasif se poser du sol au plafond, mes yeux bleus azur s'adaptant petit à petit à la pénombre du lieu. Seul quelques torches allumées ornent le hall indiquant le chemin à prendre vers la prochaine salle, mon loup enjambant le pas, je me laisse guider par son flaire.

M'avouant être perdue et n'avoir nul par où aller, je ne sais pas où je me trouve ni ce qui m'attend plus loin mais mon intuition me laisse à penser que je ne me suis pas réveillée avec cette créature merveilleuse pour une quelconque raison, je sais qu'une sorte de lien nous lie, je ne saurais l'expliquer mais je ressentais son pou en moi, son énergie et même allant jusqu'à son humeur. Je sentais en cet animal un ami fidèle qui me suivrait partout, me réconfortant lors des moments incertains mais pour l'heure un guide dans cette adversité que je ne connaissais pas.

Je parcouru la pièce dans toute sa largueur et arriva dans un lieu qui semblait être une salle du trône comme j'en avais vu jadis dans les plus grands châteaux au cours de mes longs et périlleux voyages. Trois sièges m'attendaient surélevés en haut d'un escalier, mon loup se dirigea vers celui du milieu et s'assit à côté me regardant de ses yeux nobles attendant une quelconque réaction de ma part. Je leva un sourcil me demandant ce qu'il attendait de moi, il ressortait de cette pièce une atmosphère solennel. Je monta alors lentement les marchent me demandant qui pouvait bien siéger ici et quels étaient les résidents de cette demeure.

Arrivé devant le siège, je le regarda longuement, mon loup leva la tête vers mon visage, je semblait perdue dans mes pensés, il poussa un léger gémir, je supposais qu'il s'inquiétait pour moi. Je lui sourie alors pour le rassurer et posa ma main sur sa tête et commença à lui frotter la tête entre ses deux oreilles ce qu'il sembla apprécier au vue de ses gémissements enthousiastes. Puis mes yeux se posèrent à nouveau sur le trône et une fâcheuse envie de m'y asseoir s'empara de moi, cédant alors à cette tentation, ce caprice devrais-je dire, je me posa donc à l'intérieur sans me soucier à qui pouvait bien appartenir ce siège et m'imagina à la place des souverains que j'avais pu côtoyer dans ma vie passée.

Ces grands hommes à qui on avait confié la responsabilités d'un royaumes ainsi que d'un peuple, quelles lourdes tâches de mener à bien cette mission jusqu'à son terme avec réussite. Je posa l'ongle de mon pouce contre mes lèvres et regarda au devant, le regard concentré, focalisée sur mes réflexions. Restant un petit moment seul dans le silence, je fus perturbée par des bruits de pas au loin qui me firent sortir de sa bulle.

Mon loup se leva alors soudainement et changea d'aptitude passant sur la défensive, je sentis son rythme cardiaque accélérer prêt à passer à l'attaque pour défendre sa maîtresse, il grogna fortement montrant ses dents et toute son hostilité à l'encontre des personne qui pénétrèrent la pièce. Armées de lance et de toute sorte d'arme, je me fis bientôt entourer par des amazones, je n'étais finalement pas seule dans cette immense sanctuaire où baignait la mort ce qui ne me dérangeait absolument pas pour avoir vécu des années sur des champs de batailles.

Je sentis mon sang bouillonner et ne faire qu'un tour, l'excitation du combat me gagnait, mon esprit combatif me permettait de garder mon calme en tout état de cause et dévaluer sereinement la situation, je savais au fond de moi que même sans arme je pourrais retourner la situation à mon avantage, qui plus est j'avais un allié en plus à mes côtés ce qui ne laissait aucun doute sur l'issue de ce combat s'il était engagé.

Je me leva lentement, marchant à la rencontre de mes hôtes, mes pupilles se dilatèrent animées d'une ardente confiance en moi. Je me plaça au centre de ces guerrières braquant leurs armes vers moi, cela m'amusait, que comptaient-elle faire avec ces cure dents contre moi? Restant diplomate, j'ose engager la première la conversation pour leur donner une chance de s'en sortir en un seul morceau, même si l'idée d'un peu d'exercice ne me déplairait pas pour remettre d'aplomb et voir les capacités que me procurait ce nouveau corps.

"Seriez-vous me dire où ce que je me trouve actuellement ?"

Quelque peu troublée à la fois par le caractère incongru de cette situation et d’un autre côté par le silence pesant qui planait sur leurs têtes, Perséphone essayait de se contenir pour trouver en elle les réponses dont elle avait besoin. Il était nécessaire qu’elle garde un minimum le contrôle si elle ne voulait pas se retrouver débordée par la situation, et à vrai dire ce n’était pas vraiment une vision rassurante. Les problèmes ne faisaient que commencer on dirait…
Il lui était évident que Macaria ne pourrait ni la comprendre ni se garder de la juger… elle était bien trop habituée à tout peser dans une balance de mérite. Qui méritait une mort « douce » et qui méritait d’être abandonné à son sort, voilà une question qu’elle devait se poser souvent, ce qui avait certainement une influence sur son caractère général. Et il y avait fort à parier qu’en ce moment même elle tentait vainement de comprendre ce que sa « mère » pouvait traverser. Mère… quel mot étrange sur les lèvres, à la fois plein d’une réalisation intérieure et d’une amertume insondable, le fruit d’une gratitude jamais totale. Souriant avec une triste douceur, Perséphone regarda les traits jeunes et délicats de la jeune fille. Elles étaient si différentes…

Cora n’apprécia pas du tout le tutoiement et encore moins les tonalités insolentes de sa voix, mais elle laissa passer pour cette fois. Il ne convenait pas de traiter de ce genre de sujets en public, et il lui faudrait certainement du temps avant de parvenir à trouver l’équilibre dans leur relation. Elle était touchée de cette distance froide que Macaria tenait à maintenir, mais la vérité était qu’elle ne se sentait pas dans une position suffisamment stable pour s’attaquer à pareille problématique. Pas encore, mais cela viendrait assurément. Cependant ses bonnes résolutions ne pouvaient cautionner ce genre d’attitudes. Il était bon que la Mort Heureuse n’oublie pas à qui elle s’adressait, et surtout qu’elle remarque rapidement les frontières à ne pas dépasser. Son ton de voix bien que résonnant par télépathie faisait voir qu’elle était capable d’une froideur bien plus profonde et impitoyable que les Ténèbres elles-mêmes, le tout sans hausser le ton.

~Tu as tort de croire que parce je suis heureuse de te retrouver je vais te laisser faire tout ce dont tu as envie, ou te laisser penser ce genre d’inepties. Je n’ai pas peur pour ma vie… J’ai affronté la Mort trop de fois pour continuer d’en être effrayée. Et non… je ne parle évidemment pas de ce soulagement ultime que tu peux offrir, ce serait bien trop facile. Après tout tu ne m’as jamais fait de cadeaux, il n’y a pas de raisons pour que cela change maintenant n’est-ce pas ? Oh et je ne veux pas de ton aide. Je n’ai jamais accepté la pitié ni la charité de quiconque et je ne vais pas commencer maintenant, encore moins de la part de ma propre chair. Si c’est m’humilier qui te tente tant, tu devras guetter une autre occasion.
Quant aux distances que tu as choisies, je n’en attendais pas moins de ta part… disons simplement que je saurai m’en souvenir.~

L’ironie acerbe pesait dans ses paroles, car en plus de meurtrie elle se sentait offensée par les paroles de l’Impertinente. Elle traitait avec légèreté et insouciance de sujets dont elle ne connaissait absolument rien… elle se contentait de se protéger derrière une armure d’indifférence qui n’avait pas sa place avec un des seuls êtres qui voyait en elle bien plus qu’un éventuel dernier salut. Qui plus est son besoin de reconnaissance et de rébellion tombait très mal. Cela tombait à un moment ou la patience de Proserpine touchait à sa fin, car oui... même les divinités ont leurs limites.
Son pas en avant avait reçu un accueil hostile, c’était un fait sur lequel elle ne comptait pas revenir. Tant pis… pour l’instant elle n’avait ni l’envie ni la possibilité d’en faire autrement. Cela devrait attendre une autre fois et une chose était sûre… Elle ne risquait pas de recommencer de si tôt. Que Macaria pense donc ce qu’il lui plaisait, elle n’était plus à cela près étant donné son comportement. Perséphone avait bien d’autres soucis en tête, bien plus graves et urgents que celui de corriger l’ingratitude de sa fille. Elle apprendrait à vivre avec, voilà tout.

Se tournant à la place vers Théandras qui essayait désespérément de tuer le lourd silence, elle sourit légèrement, plutôt reconnaissante de sa tentative, aussi infructueuse soit-elle. C’était tout de même assez paradoxal et triste que même cette petite fille semble bien plus chaleureuse à son encontre que le fruit de ses entrailles. Acquiesçant de la tête comme pour lui donner raison, elle sourit lorsque cette dernière leur proposa du chocolat. Cependant elle refusa poliment son offre, ne se sentant soudainement plus du tout en appétit. Il fallait dire que les derniers événements étaient plutôt propices à ramener n’importe qui sur terre… avec un dur atterrissage.
Se levant lentement mais avec résolution de sa chaise, Perséphone avait à nouveau une expression neutre et dure, bien que ses traits n’en demeurent pas moins fins et calmes. Il n’était pas question de se laisser désorienter, de perdre de vue la raison première de sa réincarnation dans le corps de Belhys de la Veuve Noire… Alors lorsqu’elle posa ses yeux absents sur la table de ce banquet improvisé tout en s’écartant de plusieurs pas, elle ressentit aisément deux présences se dirigeant vers cette salle, bien qu’une seule d’entre elles lui soit familière... Le cosmos ambigu et mystérieux d’Aak’ab du Doppelganger.

Aucun mot ne fut prononcé, aucune explication ne fut donnée tandis qu’il s’approcha d’un air presque solennel… Un échange rituel et singulier allait avoir lieu en ces lieux même, pour ce qui elle l’espérait serait plus tard une autre vie pour le spectre. Il était en train de payer le tribut qui lui avait été demandé en échange d’un privilège à nul autre pareil… et à vrai dire on pouvait estimer assez justement qu’il était chanceux. L’accès à des terres que nul mortel ni spectre n’avait jamais foulé… Et plus que cela, une chance de tout recommencer sur des meilleures bases. Prenant une profonde inspiration, elle se prit un instant à espérer qu’elle n’était pas en train de commettre une erreur. Néanmoins le moment n’était pas aux hésitations, il n’était pas non plus au doute. Ceci n’était que son premier pas, une première décision avec de lourdes conséquences parmi d’autres qui viendraient tôt ou tard. Fixant Aak’ab tout le long afin d’observer d’un œil critique la sincérité de sa démarche, elle prit finalement le calice entre ses mains pâles.

- Que ce tribut de sang soit la preuve de ton engagement éternel et sans failles auprès d’Hadès, notre Empereur à tous. Que désormais dans tes veines coule le désir à la fois ardent et pacificateur de le servir par la Mort et pour la Mort.

Paupières closes tandis qu’elle parlait, la jeune femme semblait concentrée à sa tâche, choisissant de tenir parole en faisant exactement ce qu’elle avait proposé au Doppelganger il n’y a pas si longtemps. Se tenant très droite face à lui, elle entoura le calice et son précieux contenu dans une bulle de cosmos pourpre. Celle-ci se mit alors à léviter légèrement et sans un bruit, jusqu’à ce qu’à nouveau elle tende la main. L’enveloppe circulaire se déposa alors lentement au creux de sa dextre tandis qu’elle disparut subitement, laissant apparaître une dague en argent à sa place. Utilisant de ses quelques pouvoirs en télékinésie, la Souveraine amena un autre calice jusqu’à elle et trancha alors vivement dans la chair de sa main, tout comme Aak’ab l’avait fait précédemment. Son expression était sereine et sérieuse lorsqu’elle serra le poing pour faire jaillir les goutes vermeilles dans la coupe, puis elle parla de nouveau, tenant le tout de sa main valide.

- Relève-toi, spectre du Doppelganger… Et reçois ce pourquoi tu es venu. Puisse ce sang t’offrir ce que tu cherches depuis si longtemps, puisse-t-il être la clé te donnant l’accès à l’utopie mais aussi à la renaissance ! Va maintenant, mais surtout ne touche ce liquide pour rien au monde… Le sang de la Veuve Noire est plus corrosif que n’importe quel poison.

Ses yeux sondèrent l’espace sombre à l’intérieur de ce capuchon sans peur… et sans effets secondaires. Non cela ne voulait pas dire qu’Aak’ab était déjà délivré de son fardeau, cependant désormais qu’elle possédait son sang elle n’avait plus rien à craindre de lui. Avoir ce qui était au final un bout de son essence l’aidait à comprendre pourquoi ses pouvoirs lui jouaient des tours, tout comme à contrecarrer ses derniers au moins pour une courte durée. Assez pour lui permettre d’enfin la regarder dans les yeux sans rien craindre. Cependant elle ne pourrait l’aider si il essayait la même facétie avec quelqu’un d’autre… Enfin quoi qu’il en soit cela n’avait pas d’importance, bientôt il serait libre !
Respirant profondément, elle fit disparaître la dague et laissa sa main blessée le long du corps, poing serré. Quelques larmes écarlates s’en écoulèrent et tombèrent sur le sol de marbre, bien qu’elle ne semble pas du tout s’en soucier. Que lui importait une si superficielle coupure lorsque tant d’autres vieilles marques subsistaient encore ? Cela lui était bien indifférent. Sentant l’esprit de Belhys se réveiller de plus en plus, Perséphone fut très fortement tentée par l’idée de sortir de là pour s’isoler loin de tous les regards. Sa solitude lui manquait un peu, et surtout la tranquillité et le silence apaisant de sa demeure, non pas le palais… mais l’antre obscure de la Veuve Noire.

Finalement la suzeraine dodelina pensivement de la tête, sentant le besoin se faire de plus en plus fort. Quelque chose la poussait hors d’ici pour au moins quelques minutes, alors c’est ce qu’elle fit… s’écartant après avoir salué les présents d’un rapide signe de tête. Quelque chose n’allait pas, et elle n’aimait pas non le fait qu’un cosmos spectre demeure seul dans la salle du trône. Elle avait déjà vu une fois ce que la folie des grandeurs et l’ambition démesurée pouvait faire comme dégâts et elle ne tenait pas à ce que cela se reproduise en l’absence d’Hadès. Comme quoi il semblerait que les esprits s’échauffent toujours du feu de l’envie lorsque le Suzerain n’était pas là. Se dirigeant donc vers la salle du trône, elle marcha sans autre bruit que celui du frottement de sa robe sur les dalles. Ses pieds toujours nus la menèrent bien assez vite auprès de ses sœurs les amazones, et ce qu’elle vit ne la ravit pas.
Les treize guerrières dressaient leurs armes à l’encontre d’une jeune femme étrange accompagnée d’un loup… une jeune femme qui était sans nul doute l’une des leurs, aussi paradoxal que cela puisse paraître. Fronçant les sourcils de scepticisme tout comme d’appréhension, elle s’approcha et se posta aux côtés de celle qui était la meneuse… Myrina, son ancienne rivale. Elles se regardèrent pendant plusieurs secondes sans dire un mot, comme si elles s’entretenaient par la voie de l’esprit, ce qui était fort possible. Le lien que Belhys avait développé avec elles était à peu près de la même nature que celui qui unissait Ange et son compagnon à poils… C’était quelque chose d’inexplicable et terriblement fort qui les unissait comme si elles étaient les différentes parties d’un seul et même tout. Quoi qu’il en soit ce fut Belhys qui prit la parole, faisant signe à ses compagnes de baisser les armes. Ce qu’elles firent non sans de nombreuses réticences. Le cosmos de la Veuve Noire se mit à brûler d’un feu si intense que même les amazones en eurent froid dans le dos. La puissance qu’elle dégageait était sombre et profonde, fort présente bien qu’elle ne soit pas agressive à proprement parler… pas encore. Ce n’était qu’un avertissement.

- Nous nous trouvons dans la salle des trônes du palais du Sombre Monarque, Hadès le seigneur des Enfers. Et il vaudrait mieux pour toi que tu ne t’approches plus de ces sièges si tu ne veux pas être exécutée sur le champ pour usurpation et trahison. Si tu ne sembles pas craindre la garde qui pourtant aurait suffi à te renvoyer dans les limbes… c’est ton choix et je ne le contesterai pas. Cependant ce trône sacré a d’autres protecteurs qui sauront faire taire ton arrogance si tu récidives.
Ecartez-vous donc de là tous les deux. Je n’aimerais pas devoir mettre fin à ta deuxième existence alors qu’elle vient de commencer. A qui ai-je l’honneur, au fait ?

Si les mots pouvaient paraître prétentieux et méprisants en fait ce n’était encore qu’un accueil relativement compréhensif. Après tout le dernier qui avait osé faire une pareille chose avait fini par ruminer une défaite bien méritée… après un combat épique en ces lieux même. Quoi qu’il en soit Belhys avait fini par reprendre le dessus, ce qui arrangeait également Perséphone qui avait besoin de digérer les derniers événements en solitaire. Cependant la Veuve Noire n’était pas commode et Ange allait sans doute le constater bien assez vite… Saurait-elle changer son fusil d’épaule et rebondir après ce mauvais départ ? Même l’Assassine se mit à l’espérer, car la journée s’annonçait mauvaise… bien trop mauvaise.

Comment cela, "comment je fais quoi"?

"Ben… comment tu fais pour que ta cosmo-ennergie elle soit là-bas et pas ici…?"

Sur le coup, la petite n'était pas très sûre d'elle.

Theandras fut contente de voir que Macaria acceptait le chocolat en lui souriant, cela la détendit d'un coup et elle ne se souvint plus qu'elle avait eu cette vague sensation de malaise quelques secondes auparavant. Belhys, elle, refusa. Sans se départir de son sourire, la petite fille reposa l'assiette sur la table et en profité pour se resservir encore un peu. Même si à force d'en manger tant en même temps, le chocolat n'avait plus la même saveur qu'avant, ce n'était pas une raison pour arrêter! Après tout, c'était toujours bon…

C'est alors qu'un nouveu venu fit son apparition. Theandras se leva à son entrée en le regardant avec curiosité. Une cape recouvrait entièrement le spectre qui ne semblait ne prêter attention qu'à une seule personne: Belhys. Euh… Perséphonne… enfin… euh… mince… c'était comment qu'elle devait l'appeler déjà? Theandras se mordit la lèvre. Si elle oubliait le seul secret qu'elle avait à garder, ça n'allait pas… ah si, c'est bon, elle se souvenait: c'était Belhys.
Entre temps, le spectre était arrivé devant Belhys. La petite sursauta de surprise lorsqu'il s'entailla la main, puis se rapprocha avec curiosité. Elle avait toujours été fascinée par le liquide vital et était curieuse de savoir pourquoi l'autre spectre avait fait ça. Normalement, on se faisait pas mal exprès, si? Elle remarqua que le sang s'était répandu dans une coupe très belle. Quand elle regardait dans sa direction, ce n'était toutefois pas la coupe qui attirait l'attention de Theandras, mais son contenu. Cela l'intrigua. L'excitation commençait à monter en elle, elle avait envie de savoir se qui allait se passer, elle était impatiente et commençait à s'agiter alors que Belhys parlait.
Elle s'immobilisa lorsque la coupe se mit à flotter dans les airs.

"Wow…"

Les yeux grands ouverts, elle regarda la suite avec attention, sans bouger d'un pouce pendant tout le temps que durait la scène. Elle sursauta à la fin, en entendant le nom du spectre. Ainsi c'était lui le fameux Doppelganger… elle le regarda sans mot dire avant de se tourner vers le petit *ploc* qu'elle venait d'entendre. Une goute de sang venait de tomber de la main de Belhys.

"Oh!" fit-elle.

Elle était surprise: Belhys ne semblait pas souffrir. Mais quand on saignait, surtout comme ça, on était censé avoir mal, non? Elle, elle aurait sûrement eu mal en tout cas…
Tout à coup, elle partit. Theandras utilisa de nouveau le truc du marina pour repérer les cosmos ennergie et se rendit compte que celle de Macaria était bien là où se trouvait la fille de Belhys. L'autre cosmos se trouvait toujours là, à la même place qu'avant et Belhys se dirigeait vers lui. Elle courut alors vers l'entrée de la salle, derrière Belhys et sautilla sur place en se retournant vers Macaria.

"C'est un autre spectre! On vas lui dire bonjour? Tu viens?"

La souveraine des enfers accepta l'offrande du Doppelgänger. Elle lui pris le calice des mains et lui rappela son attachement à Hadès.

Une bulle de cosmos entoura le calice qui se mit à flotter dans les airs entre le spectre et la déesse. Cela perdura jusqu'au moment où le calice disparut pour laisser la place à une dague en argent. La déesse attira un autre calice à elle par sa volonté.

Elle fit le même rituel qu'Aak'ab tout en s'adressant à lui.

Relève-toi, spectre du Doppelganger… Et reçois ce pourquoi tu es venu. Puisse ce sang t’offrir ce que tu cherches depuis si longtemps, puisse-t-il être la clé te donnant l’accès à l’utopie mais aussi à la renaissance ! Va maintenant, mais surtout ne touche ce liquide pour rien au monde… Le sang de la Veuve Noire est plus corrosif que n’importe quel poison.

Le spectre s'exécuta, se relevant doucement et récupérant délicatement le calice. Il plongea son regard dans celui de la suzeraine, n'éprouvant pas les colères et autres sentiments qu'il pouvait avoir en regardant quelqu'un d'autre. Il ne sentait que bonté et générosité. Tels étaient les mots qu'Aak'ab utiliserait pour décrire la déesse même s'il savait bien que cela n'était pas totalement le cas car les Dieux aussi ressentaient toutes les émotions et par conséquent, pouvaient être colère et méchanceté.

Si la déesse avait pu lire en Aak'ab, elle aurait pu lire toute la reconnaissance de ce dernier pour ce geste exceptionnel. Ils n'étaient que quelques rares élus à pouvoir détenir du sang divin et pouvoir ainsi accéder à l'Elysion.

Le rituel était déjà terminé, la déesse sortant de la déesse pour se diriger dans une autre partie du palais. Aak'ab avait obtenu ce qu'il désirait et ne comptait pas rester ici lui non plus. Il sortit de la salle et se dirigea à la sortie du palais sans mot dire.

Alors qu'il allait enfin quitter le palais, Aak'ab sentit le puissant cosmos de la déesse augmenter. Le sentiment qu'Aak'ab put lire dans ce cosmos était la colère. Devait-il la rejoindre à nouveau? Il était censé veiller sur elle. Mais en y réfléchissant bien, la déesse ne craignait rien dans son domaine. Premièrement, elle pouvait balayer n'importe lequel de ces subordonnés d'un seul geste de la main. Deuxièmement, elle avait les amazones pour la protéger. Et dernièrement, Aak'ab avait pu se contrôler à la porte des enfers mais il ne savait pas si il pourrait ici. Si jamais il déraillait à nouveau, il pourrait s'en prendre à un autre spectre sans même que la déesse lui en ait donné l'ordre.

Non, il devait partir et régler son soucis au plus tôt. Hadès lui avait demandé de protéger les enfers mais il pouvait s'absenter. Avec le nombre de spectre réunit au palais, le domaine de sa Majesté ne craignait rien.

le mur des lamentations

~Tu as tort de croire que parce je suis heureuse de te retrouver je vais te laisser faire tout ce dont tu as envie, ou te laisser penser ce genre d’inepties. Je n’ai pas peur pour ma vie… J’ai affronté la Mort trop de fois pour continuer d’en être effrayée. Et non… je ne parle évidemment pas de ce soulagement ultime que tu peux offrir, ce serait bien trop facile. Après tout tu ne m’as jamais fait de cadeaux, il n’y a pas de raisons pour que cela change maintenant n’est-ce pas ? Oh et je ne veux pas de ton aide. Je n’ai jamais accepté la pitié ni la charité de quiconque et je ne vais pas commencer maintenant, encore moins de la part de ma propre chair. Si c’est m’humilier qui te tente tant, tu devras guetter une autre occasion. Quant aux distances que tu as choisies, je n’en attendais pas moins de ta part… disons simplement que je saurai m’en souvenir.~

Un fin sourire se dessina sur les lèvres de Macaria. C'est vrai qu'elle y allait un peu fort question paroles mais pour une fois, elles n'auraient pas du être prise comme une remarque acide. Il était vrai que la jeune fille ne faisaient pas de cartier lorsque ce c'était pour peser le coeur des hommes et leur offrir ou non une fin heureuse. C'était ça qui donnait cet air un peu distant et moqueur à Macaria. Mais là, il s'agissait de sa mère et elle-même. Disons qu'elle pouvait faire des efforts, et c'est ce que cette dernière avait pensé en s'adressant par deux fois à la déesse des Ténèbres. Sentant la mauvaise ambiance pointer le bout du nez, Theandras proposa du chocolat que Maquia, ayant reprit le contrôle, accepta avec joie. La petite gamine qui lui avait proposé le met reprit alors la parole.

"Ben… comment tu fais pour que ta cosmo-ennergie elle soit là-bas et pas ici…?"

La jeune déesse allait répondre que ce n'était pas le sien que l'on sentait avant qu'une nouvelle personne entre dans la pièce. Au vu de ce qu'il portait, Macaria se demanda si il était vraiment dans les spectres de son père. C'est vrai, ce n'est pas tout les jours qu'un serviteurs d'Hadès arrive comme une fleur, et s'approche à grand pas d'une personne en oubliant - ou pas - de saluer les autres présente. A la surprise de Macaria et de Theandras le nouveau venu s'entailla la main et fit couler son liquide vermeil dans une sorte de calice avant de l'offrir à Perséphone. Sa fille resta un moment perplexe, tandis que sa mère s'entretenait avec le spectre, comme si ils faisaient une sorte de rituel.

"Wow…"

C'était le spectre de la damnation qui avait laissé échapper un petit mot sous la surprise. En effet, le calice remplit de sang s'était mit à flotter dans les airs avant que Perséhone le prenne et fasse la même chose que l'autre, toujours à genoux.

- Relève-toi, spectre du Doppelganger… Et reçois ce pourquoi tu es venu. Puisse ce sang t’offrir ce que tu cherches depuis si longtemps, puisse-t-il être la clé te donnant l’accès à l’utopie mais aussi à la renaissance ! Va maintenant, mais surtout ne touche ce liquide pour rien au monde… Le sang de la Veuve Noire est plus corrosif que n’importe quel poison.

Le spectre fit ce qu'on lui avait ordonné avant de repartir, toujours aussi muet. Perséphone sembla perdue dans sans pensées tandis que sa fille la sondait d'un regard méfiant. Théandras émit un petit cri de surprise et la jeune déesse regarda sa mère. Quelques gouttes de sang s'écoulaient de sa paume fermé tandis qu'elles tombaient dans un petit plop inaudible. Pas de quoi en faire tout une histoire et encore moins être surpris de cela... Mais bon. L'âge du spectre de la damnation pouvait expliquer cette surprise. Macaraa était cependant dérangée. Elle tourna la tête vers la porte, sentant toujours le cosmos inconnu dans la salle d'à côté. Depuis le petit rituel, il aurait du partir et non rester au même endroit. D'accord le rituel n'avait pas durer des heures, mais lassé d'attendre le propriétaire de l'énergie aurait pu abandonner l'idée de rester dans les lieux sacrés du père de Macaria. Perséphone aussi avait sans doutes eu la même impression. D'un autre côtés elle est la mère de la déesse de la mort, aussi il était normal qu'elle ait eu la même idée. La souveraine des Enfers s'était donc tournée vers la porte et d'un pas assez rapide elle se rendit dans la pièce d'à côté. Macaria échangea un regard étonné avec la spectre aux cheveux rose avant de décider de bouger elle aussi pour voir ce qu'il se passait. Une étrangère était bel et bien présente. Et au vu de l'amure qu'elle portait il s'agissait d'un spectre d'Hadès. La femme se trouvait devant les trônes dédidés à Hadès, sa femme et sa représentante... Ce détail fit réfléchir sérieusement la demoiselle. Pourquoi est-ce qu'un spectre comme celle d'en face se trouvait-elle devant alors que cet espace lui était interdit ?

"C'est un autre spectre! On vas lui dire bonjour? Tu viens?"

Macaria sortit brusquement de ses pensées. Le serviteur d'Hadès devant les sièges sacrés ne lui disait rien qui vaille. La déesse se rendit compte que la petite s'était tournée vers elle, un grand sourire aux lèvres. Aussitôt Macaria lui attrapa fermement le poignet afin d'éviter qu'elle ne s'approche trop de l'autre. Après tout personne ne savait encore ce qu'elle mijotait.

"-Reste tranquille ! Cette situation ne me dis rien qui vaille."

La demoiselle reta un moment perplexe, regardant sa main qui entourait le frêle poignet de la petite fille. Normalement elle n'aurait pas dû agir ainsi puisque c'était le spectre de la damnation qui était sensé protéger son "supérieur". Hors là c'était Macaria qui l'avait empêchée d'aller plus loin. A croire que même si Théandras était un serviteur d'Hadès, sa condition de petite fille jouait quelque chose dans la réaction qu'avait eut la fille d'Hadès.

- Nous nous trouvons dans la salle des trônes du palais du Sombre Monarque, Hadès le seigneur des Enfers. Et il vaudrait mieux pour toi que tu ne t’approches plus de ces sièges si tu ne veux pas être exécutée sur le champ pour usurpation et trahison. Si tu ne sembles pas craindre la garde qui pourtant aurait suffi à te renvoyer dans les limbes… c’est ton choix et je ne le contesterai pas. Cependant ce trône sacré a d’autres protecteurs qui sauront faire taire ton arrogance si tu récidives. Écartez-vous donc de là tous les deux. Je n’aimerais pas devoir mettre fin à ta deuxième existence alors qu’elle vient de commencer. A qui ai-je l’honneur, au fait ?

Macaria fronça les sourcils en entendant les paroles du spectre de la veuve noire. Il était clair que ce discours n'était plus vraiment celui que tiendrait Perséphone. Cette dernière aurait demander gentiment de débarasser le plancher alors que l'autre l'avait fait, certes, mais avec des pointes de menaces dans la voix. Macaria, prit le spectre de la damnation par les épaules et s'écarta de quelques pas, craignant un affrontement. A vrai dire, il ne restait qu'une toute petite marge avant ce genre de chose. Macaria jeta un coup d'oeil sur la nouvelle. Sa bête poilue semblait vouloir se battre, elle aussi. Où était-ce une impression. Dans tout les cas le palais d'Hadès n'allait plus être ce qu'il était.

Celle qui était encore la Veuve Noire était animée par une colère comme elle en avait rarement connue, dans une rage contenue par on ne sait trop quelle force. Même l’innocente candeur de Théandras et la reconnaissance sincère d’Aak’ab, seuls éléments relativement pacificateurs n’y pouvaient rien… Trop d’instabilité émotionnelle avait été accumulée, sans même parler des divers événements troublants qui ne contribuaient en rien à calmer les tensions. Et bien soit, qu’ils périssent tous au fin fond du Cocyte, qu’ils brûlent tous comme des misérables dans les profondeurs de leur bêtise, qu’ils croupissent donc lamentablement dans l’une des diverses prisons pour se tenir occupés ! Fermant les poings pour ne pas commettre d’acte inconsidéré, la demoiselle ignora passablement les nombreuses gouttes qui tombèrent encore suite à son geste.
La douleur n’était rien, et il lui en faudrait bien plus pour qu’elle puisse se détourner de son ire. Ou mieux encore, il lui faudrait trouver un exutoire… Mais pas quelque chose d’aussi fugitif et incomplet que la punition que méritait cette spectre. Belhys en voulait davantage, plus… tellement plus. Sa soif de sang se faisait de plus en plus urgente et sa violence ne pourrait être réprimée, c’était certain. Jetant un bref coup d’œil vers l’entrée de la pièce, elle remarqua que Macaria avait en quelques sortes protégé Théandras en lui évitant d’arriver en plein milieu de ce qui était déjà un nœud de vipères. Ce n’était pas plus mal… elle ne désirait pas non plus les avoir dans les pattes, surtout que cette affaire ne les regardait pas. Libre à elles cependant d’assister à ce qui serait une… chaleureuse mise au point avec cette étrange usurpatrice.

Elle attendait encore une réponse à sa question pourtant simple lorsqu’un autre cosmos, d’une puissance presque semblable à la sienne se fit ressentir. Il semblait lui aussi perturbé par des émotions conflictuelles et particulièrement intenses, dont elle ne parvenait totalement à saisir la nature. Il semblait autant en colère qu’elle ne l’était et pourtant quelque chose lui faisait douter que la seule raison soit l’inconscience d’Ange. Il était quelqu’un de trop mesuré, une personne à la personnalité bien trop complexe et retorse pour s’offusquer autant de l’arrogance d’une spectre à peine éveillée à sa nouvelle existence. Elle se souvenait encore de ses airs de dandy lorsqu’ils s’étaient croisés au lac de sang, lorsqu’ils s’étaient vus pour la première fois. Il n’avait pas tant changé depuis remarque, en tout cas pas dans l’esprit. Le surplis du Djinn et sa légèreté innommable, l’aérienne présence dont il bénéficiait était toujours la même ; bien qu’il ait certes gagné en puissance de manière considérable et que la noirceur de son aura n’en soit que plus profonde. Ce n’était pas plus mal… Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas vu un Juge digne de ce nom trouver sa place dans les hautes sphères ! De plus s’il était sûrement déplacé de lui faire aveuglément confiance, il n’en demeurait pas moins un atout certain et un général crédible.
La preuve en était l’assurance dont il faisait preuve en faisant ce qu’elle n’avait pas encore fait… à savoir prendre des mesures concernant l’intruse. Certes il y allait avec un peu de brusquerie, celle là même qu’elle avait essayé d’éviter, mais après tout cela lui évitait de se salir les mains. Haussant les épaules d’un air indifférent concernant le destin de la malheureuse, elle se tourna vers lui lentement lorsqu’elle sentit un carcan étrange se dresser autour de la blessure de sa dextre. Fronçant les sourcils un instant tout en se rendant compte qu’il avait recouvert sa blessure d’un délicat amas de fils soyeux, elle sourit légèrement. Ce n’était pas la première fois qu’il avait un ou plusieurs gestes à la douce ambiguïté, bien que chaque fois ces attentions s’avèrent assez agréables. Amusée par son commentaire elle décida de tirer un trait virtuel sur Ange et de remettre la résolution de ce « problème » à plus tard. Répondant plutôt au Griffon d’une voix basse, elle lui dit :

- Le plaisir est partagé… Je regrette seulement qu’une fois de plus les circonstances ne soient pas plus propices. Oh et puis désoccupez vous donc les mains, ce serait bien dommage de gâcher les rares moments dont l’on dispose avec de pareilles… affaires. Je m’occuperai personnellement de son cas plus tard, c’est mon devoir puisque j’ai été la gardienne du Royaume Souterrain en l’absence d’Hadès et de ses Juges.

Elle posa alors sa main valide sur l’épaule du Romain, essayant de le dissuader de succomber à la tentation de tirer d’un coup sec sur ses fils de marionnettiste. C’est vrai que c’était terriblement appétissant que d’imaginer la tête de cette impie rouler sur le sol, mais il serait malvenu de faire à nouveau couler le sang dans cette pièce. Et puis il y avait une myriade d’âmes qui pourraient servir de défouloir dans le royaume… inutile de se concentrer sur une seule. A vrai dire quelque chose lui disait qu’elle ne saurait pas faire long feu face à sa fureur de toute façon, alors autant parier sur les valeurs sûres en prenant pour cibles des êtres qui sauraient souffrir pleinement, corrodés par leurs peines et leurs regrets. Ce fut donc sans trop y réfléchir à deux fois qu’elle s’adressa à nouveau à l’étoile de la Valeur d’une voix rauque.

- Que diriez-vous d’une petite expédition punitive à travers les enfers… ? Je ne sais pas pour vous, mais moi j’ai… comme une envie de sang.

Inconsciemment elle s’humecta les lèvres, ses prunelles carmin semblant charrier en elles toute la nécessité d’évasion et l’appétit dévorant qui l’habitait. La vérité c’est qu’elle s’en irait d’ici de toute façon, avec ou sans lui. Maintenant si en plus du reste elle pouvait trouver quelqu’un pour lui tenir compagnie, cela ne pourrait lui être que profitable. De plus il fallait voir en cette invitation ce qui était en définitive une marque de considération, puisqu’habituellement Belhys partait toujours en solitaire pour ce genre de… « Réjouissances ». Posant son regard intense sur le faciès serpentin, elle attendit d’avoir son avis sur la question… pour savoir si oui ou non elle allait déroger à l’une de ses règles de base : celle qui lui interdisait de s’approcher un tant soit peu de la Trinité Infernale.

--> Lac de sang.

En réponse à la question de la petite fille enjouée, Macaria lui saisit fermement le poignet. Theandras eut bien du mal à réprimer son cri de surprise… à moins qu'elle ne fut trop surprise pour réagir, tout simplement.

"-Reste tranquille ! Cette situation ne me dis rien qui vaille."

La fillette la regarda avec l'air de quelqu'un de complètement perdu, puis regarda tour à tour le spectre qui se trouvait près des sièges et Macaria. Elle ne savait absolument pas ce qui se passait. Une foule de questions lui vinrent tout d'un coup à la tête et, alors qu'elle ouvrait la bouche pour les formuler, Belhys pris la parole et la petite fille ouvrit de grand yeux impressionés: ils étaient si importants que ça, ses sièges? Elle ne comprenait pas les réactions des deux seules personnes présentes qu'elle connaissait. Peut être que l'autre ne savait pas… elle non plus elle savait pas qu'il fallait pas s'approcher des sièges… Enfin c'était bien que quelqu'un ait fait la bêtise à sa place, comme ça elle était au courant.

Soudain, un autre spectre fit son apparission. La petite tourna immediatement la tête vers lui. Elle ne l'avait pas vu arriver.
Lui aussi il avait l'air de trouver que c'était grave de s'être approché de ses sièges. Bon, d'accord, ça pouvait être une bêtise… mais à ce point-là? On aurait dit que c'était un sacrilège! Sa curiosité parfaitement touchée, la petite fit bien attention à tout ce qui se disait… pas grand chose en fait. Ses yeux restaient finallement fixés sur la fautive. C'était bizarre… on aurait dit qu'elle ne contrôlait pas ses mouvements.
Après un bref échange entre Belhys et le spectre qui était apparu en dernier, Theandras se rendit compte qu'ils n'étaient plus là.

"Oh! Ben ça alors…" laissa-t-elle échapper.

Puis, elle leva la tête vers Macaria:

"Ils sont allé où?"

Après un bref temps de silence, elle ajouta, l'air véxé:

"Il s'est même pas présenté… tu sais qui c'est?"

Dans un silence mortel, je faisais toujours face aux femmes armés et prête à en découdre. Je ne savais pas ce que je faisais ici, qui étaient ces personnes et encore moins ce qui m'avait attiré ici, j'avais juste ressenti le besoin de m'y rendre dans l'optique d'y trouver des réponses. Il n'était pas bon de demeurer sans but dans la vie et ce vide en moins, loin de m'effrayer pour l'avoir tant partagé lors de ma vie humaine,m'était insupportable. La femme que j'étais avait besoin de chose concrète et de quelques éclaircissement.

Voyant qu'aucune de ses dames au devant moi ne voulaient engager la conversation et m'expliquer de quoi j'étais accusée pour me recevoir ainsi, je commençais à trouver ce silence bien pesant et irritable, j'étais comme une bête de foire et être au centre de toutes les attentions, comme un enfant prit en porte à faux, commença à me déranger. C'est alors qu'une femme rentra dans la pièce, elle se détachait de toutes les autres, elle avait des aires plus noble et malgré la délicatesse de ses traites et la pureté de ses courbes, elle me semblait de loin la plus dangereuse de toutes, tout mon corps m'incitait à une plus grande vigilance. Je ressentie alors derrière moi mon loup s'apaiser, son regard noble observer cette femme au cheveux noirs de jet avec une grandeur d'âme et respect, j'en déduis que j'avais peut être trouvé là celle pour qui j'étais venue.

Elle sembla partager avec gravité une conversation avec une des femmes qui m'avaient accueilli avec tant d'hostilité, pourtant elles ne s'échangeaient aucun mot entre elles. J'observais sans oser dire un mot, et au bout du compte, comme d'un seul homme, elles abaissèrent toutes leur armes, cela était un choix plutôt judicieux car je ne me serais pas laissé faire si les choses avaient dérapé et été allé plus loin. Puis soudain je sentis en air glacial me parcourir, aucun doute, il venait de cette femme, elle n'avait pourtant rien fait mais sa présence était plus palpable que jamais, je sentais une tension à mon encontre et elle ne tarda pas à m'expliquer le pourquoi de la chose.

Apparemment javais peut être fait une bourde de m'être permis de m'asseoir sur ce siège, si la situation me l'avait permis, j'aurai rit de mon erreur, narquoise et des plus sarcastiques envers moi-même, je me reteint de sourire et de m'autocritiquer dans cette fâcheuse situation due à mon ignorance. A peine étais-je arrivée que déjà j'étais accusée du plus haut crime. Je trouvais ma boulette comique, quelle entrée fracassante dira-t-on. J'avais le don de me mettre dans des situations délicates, même de mon vivant je n'avais pu y échapper, je portais peut être une malédiction que même la mort ne pouvait retirer l'envoutement. Toutefois, il n'était pas l'heure de plaisanter, j'avais pris conscience que ce n'était pas un jeu et que je risquais gros. Je me gratta la tête et feins un profond malaise, que dire, j'avais offensé des personnes avec ma maladresse légendaire. En prenant connaissance de ce qu'on m'accusais, je ne pouvais me leurrer. J'étais fautive. Il ne me restais plus qu'à essayer de réparer ce quiproquo.

"Je ne voulais offenser personne, loin de moi l'idée d'usurper quelconque identité ou de m'imposer, je pensais ce domaine vide. J'errais à la recherche de personne pouvant m'apporter des réponses et vous m'en avez donné quelques unes. Pour mon nom, je peux vous le décliner, je me nomme Ange et pour tout vous dire je suis un peu désorientée, je ne sais pas vraiment ce que je fais ici... Je me suis réveillée avec mon ami et j'erre depuis. Et pour ce qui est de s'éloigner des sièges, je ne vois pas de raison de refuser."

Le simple fait d'avoir cité mon ami à quatre pattes que celui-ci s'approcha de moi et s'installa à mes pieds, couché tranquillement tel un gardien se reposant et serein. J'avais remarqué les deux jeunes filles dans l'entre de la porte également, elles semblaient se méfier de moi, ce qui pouvait être compréhensible. C'est alors que je sentis une sensation d'agression, une gène se rouler autour de mon coup, c'était fort désagréable étant donné que je m'étais ouverte à toute proposition pour me racheter. Je poussa un soupire entre l'étonnement et l'hilarité, je savais que le moindre faux mouvements me couterait cher. L'émetteur de ce message très explicite ne se fit pas attendre pour se désigner. Je lui répondit d'une façon qui se voulait très décontracté pour lui montrer l'impossibilité pour moi d'exécuter l'ordre et que ce n'était point contre ma volonté.

"Je le voudrais bien, croyez-le, mais comme vous le voyez, si je ne faisais même qu'avancer d'un pas, je ne suis pas sûre d'avoir encore la tête sur les épaules pour pouvoir m'adresser à vous... Si vous aviez la délicatesse de retirer ce fil pour que je puisse m'exécuter. Je vous en serais fort aise."

Malgré la situation dans laquelle je me trouvais, j'avais n malin plaisir à jouer sur les mots, il n'étais pas question de courber l'échine, certes, n'avais-je pas respectée les règles mise en vigueur, mais ne les connaissant pas avant, la gravité de ma faute ne leur permettait pas de m'humilier. Mon assurance et mon honneur ne pouvaient être bafoué ainsi.

Pour simple réponse de la part de l'homme qui était apparu dans l'assistance, je senti tout mon corps se faire encercler par ses fils, impossible de me dégager, j'entendis alors la femme aux cheveux de jet vouloir partir et inviter celui qui m'emprisonnait à la suivre. Il daigna alors me libérer de mes chaines mais sans avant me tirer de force pour que je touche le sol. Mon loup vint à moi et dans sa compassion me lécha le visage crispé par une frustration telle que la colère montait en moi. Je saurais me rappeler de cet homme et lui rendre la pareil un jour. A demi allongé sur le sol, je m'appuyait sur mes coudes pour les voir s'éloigner tous deux, une fois leur ombre disparue, je me releva doucement et me frotta mes vêtements pour retirer la saleté bien que ce lieu était extraordinairement propre. Je relevais la tête en direction des deux jeunes filles restés en retrait, les amazones quant à elles avaient disparu à l'arrivé de cet étrange personnage. J'entendis alors la plus petite et aussi la plus jeune des deux poser une question qui m'attira sur l'identité de ce manipulateur de fil.

"Oui, moi aussi cela m'intéresserait de le savoir. Je ne veux pas en rester là avec cet énergumène!"

Mes yeux étaient devenu d'un rouge vif intensif, je ne tolérais pas un tel traitement de sa part. Moi aussi j'étais une forte tête, et s'il fallait que je sois le clou qui dépasse, je le serais.