Some people stand in darkness (FB Réa & Angele)

Un monstre ! Tu écoutes les rumeurs, enthousiaste. Un peu trop, d'ailleurs. Au vu des dégâts qu'est censé faire cette légende, tu vas certainement vite déjanter. Mais est-ce réel ? Il n'y qu'un moyen de le savoir. Et c'est ainsi que tu te rends sur les lieux indiqués. Tu as encore filé d'entre les mains de Nereus pour une petite escapade en solo, comme régulièrement. Et un jour, certainement, il t'arrivera des bricoles, tu verras ! L'Ecosse porte son lot de paysages fabuleux, mais cette fois, tu n'es pas ici pour les admirer. Tu te diriges vers ce fameux lac.

A peine arrivée, tu vois au loin ... une tête blanche, émergée de l'eau. Enfin, point pour longtemps. Elle disparaît subitement. Trop subitement. Tu plisses les yeux, tu as cette impression de tumulte. Ne tarde pas, Réa. Tu cours sur la rive, comme si ta vie en dépend. Non, c'est plutôt la vie de cette jeune femme qui est en danger. Tu détaches rapidement ta ceinture de cuir, là où est accrochée ta bourse pour lâcher du lest, sans renoncer à ta vitesse bien entendu. L'abandonnant dans l'herbe, tu plonges, telle une véritable sirène.

Sous l'eau, ta vision est brouillée par les bulles que tu as créées en t'y jetant. Tes sens sont entravés l'ombre de quelques secondes. Tu remontes à la surface, juste le temps d'attraper une bouffée d'air avant de replonger. Elle ne devrait pas être loin. Tu clignes des paupières, t'enfoncent rapidement dans les profondeurs des abysses. Il y a ce sillon carmin qui attire ton attention. Et tu la vois. Tu ne dois pas traîner. Elle manque sans doute d'air. Heureusement, tu es une nageuse hors pair. Tu te glisses vers elle, attrapes sa main inerte.

Merde. Elle ne bouge plus. Quelque chose la retient. Toujours en apnée, tu as encore quelques réserves, mais guère beaucoup. Tu analyses la situation, cette tentacule qui la retient. Vive, tu t'écartes d'elle, en appelles à ton cosmos qui illumine les abysses. Tu ne te formalises pas de la forme noire et imposante, non loin de vous. Dans ta main se matérialise un sabre de glace et d'un coup sec, avec force, tu tranches cette entrave. Un cri inhumain en découle. Tu n'as guère pour habitude de torturer les animaux, mais les monstres, c'est une autre histoire, surtout lorsque la vie d'autrui est en danger. Jamais, tu ne pourrais te résoudre à laisser mourir quelqu'un sous tes yeux.

Il est temps. Tu attrapes la demoiselle par la taille, nages, de toutes tes forces. La bête ne tardera pas à vous rejoindre, à réclamer sa proie. Tes méninges s'activent presque autant que tes bras. Tu ne peux user de ta foudre à cet instant, la victime ne le supporterait pas. Fichu conducteur d'électricité qu'est l'eau ! Une nouvelle fois, tu bénis ton captain et ses enseignements. Tu te stoppes une infime seconde pour matérialiser un bouclier de glace, petit obstacle sur le chemin de l'assaillant. Et sans réfléchir plus, tu colles tes lippes sur celles de la blanche, y insufflant le peu d'air qu'il te reste. Et tu reprends, tu nages. Tu nages. Tes poumons se vident peu à peu. A tel point que tu as l'impression d'avoir passé des heures sous l'heure. Ca te brûle. Mais tu dois tenir bon.

D'ailleurs pourquoi brille-t-elle à ce point ? Une armure ? Il est temps que tu t'en rendes compte ... Un dernier petit effort, la lueur est si proche. Tu émerges enfin, prenant une inspiration salvatrice, ramenant péniblement la Blanche sur la rive. Il ne vous a pas encore suivi, mais il ne va pas tarder.

"Allez ... Allez ... Meurs pas ! Meurs pas !"

Déjà, tu la positionnes sur le dos. Compliqué les gestes de secours avec cette armure sur la poitrine. Tu devras faire avec. Tu sers les dents. Compte dans ta tête, avant de venir lui insuffler une nouvelle fois de l'air. Ses lèvres sont azurées, par le froid, le manque d'air. Et tu recommences, encore et encore.

"Allez ! Meurs pas !"

Et déjà, le lac à l'accoutumé si paisible s'emplit de vaguelettes, de plus en plus tourmentées. Il est là. Il revient déjà.

Et BOUM, te voilà sur les fesses, repoussée par la demoiselle qui crache l'eau obstruant ses poumons. Mais tu ne lui en veux pas, tu es heureuse. Aujourd'hui, tu as sauvé une vie ! Véritablement ! Et pas n'importe laquelle. Celle d'une guerrière. Son armure le démontre. Elle prend un bol d'air, tu la laisses reprendre son souffle, silencieuse quand soudainement, un tentacule surgit de la surface agitée. Tes yeux s'écarquillent alors que, ridiculement, tu recules en position de l'araignée (oui, ridicule, n'est-ce pas ? Mais efficace !). Vous esquivez toutes deux le coup, un cri de douleur te ramène à la réalité. Elle est blessée, à la cheville. Mais elle réagit avant toi, s'envole de ses immenses ailes d'or. Ton regard s'illumine à cette simple vue, tandis qu'elle se saisit de toi, tel un rapace attrapant sa proie.

Mais elle ne faiat guère cela pour te dévorer, mais pour te sauver la vie, à son tour. Un tentacule tente de se saisir de ton pied, il aurait pu réussir à quelques centimètres près. La vivacité de l'ange doré est plutôt supérieure à celle du monstre qui souhaite votre peau. Mais bien vite, tu sens qu'elle s'épuise, comme si son énergie la quittait. Elle te relâche, tu as le temps de te réceptionner, mais celle-ci s'écroule, roule sur elle-même. Tu reprends ton souffle, un genou à terre, te soutenant de tes paumes sur le sol tout en observant ton acolyte avec attention.

Elle souffre, tes iris d'améthyste ne quittent plus sa cheville. Tu te dois de faire quelque chose. Elle te souffle un remerciement. Simple, mais efficace. Ce n'est pas le moment de se tomber dans les bras ou de se lancer dans un long discours après tout.

"Pas de quoi."

Déjà, tu la rejoins, t'agenouillant près de sa jambe meurtrie. Sans quitter la plaie des yeux, tu cherches ta pochette de cuir accrochée à ta ceinture ... en vain. Surprise, tu observes de plus près avant de te souvenir. Oui, tu t'es délaissée de celle-ci un peu plus tôt. Tu lâches un juron, serres les dents. Il te faudra faire sans. Tu la regardes souffrir, tenter d'ôter le bout de métal, toujours en vain. Tu poses délicatement une main sur son bras, t'adresses à elle d'une voix douce tout en la fixant d'un air sérieux.

"Laisse-moi m'en occuper, je suis en quelque sorte ... médecin sur mon navire."

Tu inspires, déchires sans ménagement un pan de ta chemise immaculée. Minutieusement, tu cherches une zone où l'armure ne couvre pas sa peau. Tu finis par trouver et enrouler le tissu autour de sa jambe, serrant celui-ci afin de faire office de garrot.

"Je vais faire mon possible pour que tu souffres le moins possible, mais ça risque de faire mal quand même, désolée ..."

Ton aura azurée t'entoure, l'atmosphère se refroidit. C'est ainsi que ton cosmos de glace fonctionne, elle est si similaire à celle de ton mentor. Tu poses tes mains autour de la plaie, te concentre afin la refroidir. Le froid la soulagera, l'apaisera. Loin d'une réelle anesthésie, mais tout de même un léger mieux. Tu inspires, expires de nouveau. Tu te sens déjà mal pour elle. La douleur sera inévitable. Tu attrapes le morceau de l'armure, fermement entre tes mains. Contrairement à elle, tu as toutes tes forces. Tu serres les dents et d'un coup sec, tu parviens à extraire le corps étranger. Le sang abonde, bien qu'un peu moins que prévu au vu des précautions prises. Tu lâches le fragment de métal et poses de nouveau tes mains sur la plaie, usant de nouveau de ton cosmos de glace pour arrêter l'hémorragie, y laisser une légère couche de givre. Avant que tu ne déchires, ton autre manche pour improviser un pansement de fortune. C'est là, que tu retires le garrot avant qu'une attelle de glace ne se matérialise afin de l'aider à supporter sa blessure.

"C'est tout ce que je peux faire pour le moment. Ca va ?"

La souffrance d'autrui te peine. Et cette fois, tu en es en partie responsable. Mais, c'est pour la bonne cause. Tu ne peux malheureusement pas réduire ces maux physiques à néant, même si tu es prête à les subir à sa place. Tu l'as fait tant de fois. T'interposer entre un enfant et un fouet, ou une arme blanche. Les images te reviennent l'ombre d'un instant. Oui, la souffrance est bien loin d'être inconnue. En réalité, c'est une vieille amie. Elle t'a aidée à parfois te sentir vivante, lors de ces instants où tu te pensais perdue. Mais cette fois, il n'existe aucune moyen, tu ne peux que faire en sorte de l'apaiser du mieux que tu le peux.

Tes iris d'améthystes scrutent parfois le visage déformé par les émotions de la blanche. Tu murmures des excuses à son attention, profondément blessée de la voir ainsi. Une parfaite inconnue. Mais une inconnue en détresse. Ton bon coeur te jouera très certainement des tours. Même Nereus t'a prévenue à ce sujet, mais tu ne peux t'en empêcher. Porter secours. C'est ce qui fait de toi ce que tu es. Et puis, à quoi bon vivre pour accomplir des rêves et désirs égoistes, si l'on ignore ceux qui ont besoin d'aide ?

Cette fois-ci, c'est différent. Tu ne lui offres pas du pain et de l'eau comme tu as pu le faire à certains mendiants. Non, tu tentes de lui sauver la vie, de la mettre en sécurité, de soulager ses maux. Tu sembles y parvenir,, le supplice prend fin et la belle t'attrape le bras. Ses jointures se crispent sur ta peau, la faisant blanchir à son contact. Tu lui adresses un sourire, chaleureux, rassurant, tes pupilles violines illuminées par ce bonheur de l'avoir aidée.

"Réa." Tu réponds simplement à la question que celle-ci t'a posée. Tes doigts s'aventurent près du visage de la jeune femme alors que tu lui écartes quelques mèches de cheveux collées à son front par la sueur. Avec douceur, délicatesse. "Et toi, qui es-tu ?"

Son accoutrement ne t'a pas échappé, bien entendu. Tu es curieuse, comme toujours, mais seul un nom te suffira, si elle ne souhaite pas t'en dire plus.

Dans la douleur, elle n’entend pas le murmure d’excuse de la jeune fille aux cheveux roses. Son geste doux, retirant les quelques mèches de cheveux collées sur le front de l’ange, elle n’a pas l’habitude de cela. Néanmoins, elle n’a pas la force d’avoir un geste de recul. Elle répond à la belle

Angèle, du sanctuaire, à quelle fraction tu appartiens ?

Elle n’arrive pas à avoir encore quelle divinité Réa sert, et elle évite d’émettre des hypothèses, elle a tellement été surprise par la passé, sur les préjugés. Pour l’instant, elle ne semble pas être en danger.

Que fais-tu dans la région ? As-tu entendu parler des disparitions ?

Alors que la douleur diminue grâce au froid, l’ange essaye de se remettre sur ses jambes, une première fois, d’un geste de la main, elle invite sa partenaire de fortune à ne pas l’aider. Question d’égo, pas vraiment, si l’ange n’est pas capable de se lever seule alors elle ne pourra pas mener sa mission à bien et elle devra faire demi-tour simplement. Et il n’en est pas question. Des vies étaient en jeu. Finalement la troisième tentative fut la bonne. Elles étaient encore dans une plaine à découvert, il était temps de se mettre à l’abri, le bosquet d’arbre sur le côté suffira amplement pour passer la nuit.

Elle n’invita pas forcement Réa à la suivre, même si celle-ci maitrisait le cosmos, la suite pouvait être dangereuse, et ne connaissant pas ses compétences aux combats, il était difficile de lui demander de l’accompagner. Elle ne l’a chassa pas non plus.
A l’abri sous les arbres, il lui fut simple d’allumer un feu pour se réchauffer, la glace commençait à fondre doucement et l’ange se prépare à cautériser la plaie, ensuite son cosmos devrait faire le reste.